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EHESS Protestants et catholiques en Allemagne. Identités et pluralisme. Augsbourg, 1648-1806 by Étienne Francois Review by: Danièle Hervieu-Léger Archives de sciences sociales des religions, 39e Année, No. 88 (Oct. - Dec., 1994), pp. 70-72 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30116271 . Accessed: 17/06/2014 12:54 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.2.32.110 on Tue, 17 Jun 2014 12:54:43 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Protestants et catholiques en Allemagne. Identités et pluralisme. Augsbourg, 1648-1806by Étienne Francois

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Protestants et catholiques en Allemagne. Identités et pluralisme. Augsbourg, 1648-1806 byÉtienne FrancoisReview by: Danièle Hervieu-LégerArchives de sciences sociales des religions, 39e Année, No. 88 (Oct. - Dec., 1994), pp. 70-72Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30116271 .

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

lisation complete de l'homme-juif, la seconde ne congoit cette r6alisation que dans le cadre de soci6t6s 6mancip6es, i.e. ouvertes aux indi- vidus-juifs - mais elle pr6serve alors une cer- taine dichotomie entre respect de la loi religieuse (halakha) et participation i la vie ci- vile, meme si celle-ci se voit attribuer une va- leur religieuse que l'ancien ghetto juif ne lui reconnaissait pas.

Les chapitres suivants s'attachent i d6crire la constitution du mouvement kibboutzique religieux - ses pr6mices allemande et est-eu- rop6enne, la fondation des premieres commu- naut6s agricoles A la fin des ann6es 1920, et la cr6ation de la f6d6ration en 1935 - puis ana- lysent la confrontation thdorique et pratique entre les deux systdmes de valeurs auxquels se r6fdre le mouvement: celui de l'orthodoxie d'une part (centr6 sur la loi religieuse), celui du pionnidrisme sioniste s6culier d'autre part (valeurs socialistes et celles lides aux exi- gences de la survie 6conomique). Or la hala- kha, nous dit l'A., est certes h6t6ronome en tant que systdme de lois impos6 a l'individu et a la communaut6, mais elle inclut 6galement un 6thos de renouveau qui trouve son expres- sion dans deux types d'activit6s autonomes : 1) la cr6ation de faits nouveaux dans la r6alit6 empirique; 2) l'interpr6tation de la loi par l'esprit humain rationnel. C'est notamment par la cr6ation de situations nouvelles que les pion- niers sionistes religieux vont tenter de stimuler sa dynamique interne.

Deux types de problmes se sont pos6s i

eux : 1) ceux li6s au respect du chabbat et des fates (par ex. la collecte des oeufs peut-elle s'arr~ter un jour sans mettre en p6ril cette ac- tivit6?); 2) ceux lids aux lois religieuses concernant I'agriculture (par ex. I'obligation de cesser toute exploitation de la terre tous les sept ans). A travers de nombreux exemples, l'A. montre comment les r6ponses ont 6t6 61la- bordes, parfois de manidre difficile et longue. Elles ont 6td en tout cas facilitdes i partir des ann6es 1960 par le d6veloppement techno- logique - que le questionnement religieux a pu lui-mime stimuler- mais elles ont fait appa- raitre aussi des d6saccords entre le mouvement kibboutzique et le rabbinat isral61ien : dans cer- tains cas en effet, la FKR s'est contentde d'ob- tenir l'avis d'un rabbin isold, contre celui du reste du rabbinat (proc6dure admise par la ha- lakha). Pour l'A., un processus de rationalisa- tion de la loi religieuse a bien 6td mis en oeuvre dans les cas oii les exigences religieuses et sd- culidres ont pu 8tre satisfaites, soit par r6f6- rence i une norme <halakhique>> supdrieure suspendant une obligation rituelle (ce sont des principes am6tahalakhiques >, comme par

exemple la n6cessit6 de pr6server la survie d'un individu ou d'une communautd), soit par l'adoption d'une rdgle selon a<l'avis d'un seul [maitre] > - anticipation d'un 6ventuel consen- sus ult6rieur. Mais cette rationalisation est ineffective dans les cas de duplicit6 , oii le commandement probl6matique est <neutrali- s6 > par la cr6ation d'une situation artificielle ad hoc (par ex. vente de la terre a un non-juif tous les sept ans pour 6viter l'obligation de res- pect de l'ann6e sabbatique).

Ces avanc6es du processus de modernisation au sein de l'orthodoxie restent cependant limi- t6es: par sa faiblesse numdrique, la FKR n'a jamais eu le poids ou le r81e d'une l61ite au sein du judai'sme orthodoxe, ni n'a pu vraiment r6aliser son objectif d'&tre un pont entre Juifs religieux et la'ques. D'autant que depuis les ann6es 1970, un certain conservatisme reli- gieux s'est renforc6 en son sein et que le foss6 entre ces deux secteurs de la population juive isradlienne s'est agrandi. Malgr6 ce constat, les problmes thdoriques et pratiques pos6s et rd- solus dans les kibboutz religieux restent exem- plaires et ont fait avancer la jurisprudence religieuse.

Martine Cohen.

Protestants et catholiques en Allemagne. Identitis et pluralisme. Augsbourg, 1648- 1806.

88.34 FRANCOIS (Etienne).

Paris, Albin Michel, 1994, 303 p. (An- nexes, Giraphiques, Carte, Index).

Issu d'une thdse de doctorat d'Etat pr6sent6 en Juin 86 a l'Universit6 de Strasbourg II, ce livre savant porte toute la richesse du gigan- tesque travail historiographique dont il est le fruit. Et il touche, en meme temps, aux pro- blmes les plus contemporains et les plus ur- gents d'une sociologie des religions: la formation des identit6s socio-religieuses, la persistance dans la longue dur6e des identit6s confessionnelles alors m~me que les soubasse- ments thdologiques de la diff6renciation d6no- minationnelle s'effacent, le pluralisme religieux et ses implications sociales et politi- ques. Peut-on mieux dire l'impression d'achd- vement intellectuel qu'on retire de la lecture de cet ouvrage, dans lequel l'ampleur de la do- cumentation pr6sent6e n'6crase jamais la clart6 de la probl6matique, et qui allie en permanence la minutie de la description et la nuance des interpr6tations ? Il est probable que le souci du pr6sent qui traverse le travail mend par l'his- torien sur les modalit6s de la coexistence et de la confrontation des communaut6s protes- tantes et catholiques dans la ville d'Augsbourg

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BULLETIN DES OUVRAGES

a l'6poque moderne, sa <sensibilit6 a la comparaison entre la frontibre interallemande du present et la frontibre confessionnelle du pass6 (p. 10) sont pour beaucoup dans cette r6ussite.

Du milieu du XVIIe au d6but du XIXe, Augsbourg est un cas exemplaire de abi- confessionnalit6 paritaire >, dans laquelle la co- habitation des populations catholique et protestante correspond aux principes 6gali- taires r6gissant les rapports entre les deux communaut6s i l'6chelle de l'Empire. La ville, siage d'une activit6 6conomique et culturelle importante, constitue done un v6ritable labora- toire, permettant d'6tudier concratement dans la dur6e les processus de constitution, de pr6- servation et de transformation de cultures confessionnelles diff6renci6es. Le contraste es- sentiel entre les deux communaut6s se d6cou- vre d'abord sur le terrain d6mographique, dans l'enracinement urbain des luthdriens, dans la mobilit6 rurale des catholiques: au cours du XVIIIe siacle, les comportements migratoires des protestants tendent B se rapprocher de ceux des catholiques, sans que l'irr6ductibilit6 de l'opposition soit jamais r6ellement remise en cause. L'analyse des effectifs d6mographiques, des taux de croissance, des structures migra- toires, des origines des immigrants et des taux de natalit6 d6montre amplement que catholi- ques et protestants forment deux peuples b la sp6cificit6 indiscutable. Mais cette diff6ren- ciation n'est pas posse une fois pour toutes, elle est en fait continuellement reddfinie i tra- vers la relation dynamique - faite a la fois, et ins6parablement, d'antagonisme et de solidari- t - qui lie les deux communaut6s. C'est cette dynamique relationnelle entre deux soci6t6s formellement diff~rentes qu'E. E s'emploie cerner. I1 n'6tait pas possible de rendre compte de la diffqrenciation s partir des seuls indica- teurs d~mographiques; il n'est pas davantage possible de restituer le jeu complexe des rela- tions entre communaut6s i partir des indi- cateurs et des cat6gories analytiques de l'approche 6conomique et sociale: les critares de la profession, de la fortune ou de la loca- lisation rdvalent rapidement leur insuffisance, ou plutat, ils montrent davantage l'enchevitre- ment structurel des deux groupes qu'une v6ri- table disjonction entre deux soci6t6s. E. F. ophre alors un <renversement de perspective >> dont la port~e m6thodologique et th~orique d&- borde largement l'6tude du cas d'Augsbourg l'6poque moderne : au lieu de partir des diff6- rences pour 6valuer les limites de la cohabita- tion, il part au contraire de la r6alit6 de la cohabitation, afin d'6tablir comment, dans la r6alit6 v6cue de cette confrontation solidaire

permanente des deux communaut6s, se consti- tuent les identit6s respectives donnant a cha- cune d'elles sa logique et sa coh6rence. L'enquite prend, en ce point, un cours nou- veau: aComment les situations de cohabita- tion, de voisinage et d'imbrication, jusqu'ici pergues statistiquement et de l'ext6rieur, 6taient-elles v6cues, pergues, ressenties ? L'ap- partenance aux mimes m6tiers, le partage de conditions 6conomiques similaires, l'habitation dans les m~mes rues et la fr6quentation de cha- que jour se r6duisaient-elles a une simple co- habitation, ou donnaient-elles naissance h des formes de solidarit6 sp6cifiques ? Et si tel 6tait le cas, quels rapports concrets ces solidarit6s professionnelles et quotidiennes entretenaient- elles avec les solidarit6s confessionnelles ? Entre les d6terminations sociales et profession- nelles d'un c6td, et les d6terminations cultu- relies et confessionnelles de l'autre, lesquelles, en fin de compte, I'emportaient ? (p. 114). Pour r6pondre, a ces questions, il faut se porter au plus prbs du terrain, se rendre chez le bou- cher, le boulanger, l'aubergiste que fr6quente chaque habitant d'Augsbourg... Il en ressort que la frontiare s6pare moins les m6tiers, les fortunes ou les quartiers, que les solidarit6s fa- miliales, les repr6sentations mentales et les sensibilit6s collectives : elle est une r6alit6 im- matdrielle, culturelle, constitutive pourtant d'i- dentit6s individuelles et collectives, et de pratiques sociales diff6rencides.

La troisiame partie de l'ouvrage cible de fa- ton de plus en plus precise la r6alitd de cette frontiare invisible, et surtout la profondeur de son intnriorisation par les acteurs sociaux, allant des manifestations ostentatoires de la s6- paration (les rituels d'auto-c616lbration identi- taire a travers lesquels chacune des deux communaut~s met en scane sa diff6rence) aux pratiques individuelles minuscules de la dis- tinction (choix des prdnoms, pratiques de d6- votion dans lesquelles ale signe distinctif en soi devient a la limite plus important que la diff6rence religieuse dont il 6tait au d6part l'expression> p. 194). Mais c'est dans le res- pect scrupuleux des deux interdits majeurs que sont les mariages mixtes et les conversions (en m~me temps qu'a travers les risques sociaux et personnels pris par ceux qui les transgres- sent) que se dit, de la fagon la plus claire, la profondeur de l'int6riorisation individuelle et collective de cette frontiare symbolique dont le caract~re des lors indiscutable rend para- doxalement possible la cohabitation paisible et tol6rante des deux communaut6s.

La richesse des hypotheses autant que la ri- gueur exemplaire de la d6marche mise en oeuvre dans ce livre majeur ne manqueront pas

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d'inspirer tous ceux qui s'intrressent g la dy- namique du pluralisme dans les soci6trs mul- ticulturelles et multiconfessionnelles du pr6sent.

Danible Hervieu-LMger.

Et pourtant elle tourne! Le mouvement de la terre.

88.35 GAPAILLARD (Jacques).

Paris, Ed. du Seuil, 1994, 354 p. (ill.).

Un titre i deux pointes: la terre en mouve- ment autour du Soleil, c'6tait ce dont il fallait convaincre les hommes d'Eglise, mais aussi (et d'abord ?) ce dont il fallait apporter la demons- tration scientifique et qui fut encore plus dif- ficile. Ceux qui ont suivi le travail accompli autour du cardinal Poupard (Cf., Arch., infra, no 66) depuis 1981, quand Jean-Paul II d6cida de rouvrir le dossier Galil6e, auraient profit B doubler leur information par la lecture de ce large expose, dfi un professeur de math~ma- tiques i l'Universit6 de Nantes. Ils y appren- dront plusieurs choses: que les prrd6cesseurs ou les contemporains de Galile n'6taient ni des simples, ni des ignares; qu'ils n'avaient pas le nez seulement coll6 sur la Bible; que la solution de leurs besoins pratiques (naviga- tion au premier chef) passait par le respect des apparences (<< sauver les phrnomines >>); que nul ne doutait plus au XVIe sidcle de la sph&- ricit6 de la Terre; que son double mouvement - diurne et annuel, axial et orbital - soulevait une masse de problbmes dont on ne viendra pas i bout avant Einstein; que leur solution 6tait li6e t la lente formation d'un esprit scien- tifique; qu'a la limite, se demander si c'est la Terre qui tourne autour du Soleil ou l'inverse, n'a gubre de sens. Et pourtant, c'est bien po- tentiellement Copernic et Galilee qui avaient raison.

On r6clame de l'1Eglise catholique la rdha- bilitation de Galilee. Ce n'est pas son affaire, et elle ne peut que regretter de l'avoir cru, mime si elle revendique les circonstances at- tinuantes. C'est le ressort des scientifiques. En leur nom, J.G. s'y est employd, avec toutes les nuances et sans rien simplifier. II a fallu nous d6faire, non sans mal, de deux idres : celle de viritd absolue et celle d'espace absolu, pour apprendre de Poincar6 que <<la seule rralit6 ob- jective, ce sont les rapports entre les choses >>. On se rappellera que Poincar6 6tait le contem- porain de Saussure: il n'y a pas de sens ab- solu, toute langue est un systhme de rapports entre les signes. Les thdories se diffdrencient d'abord par leur puissance.

Ce serait done une mauvaise apologrtique d'objecter au gdocentrisme galil6en notre thdo-

rie de l'univers en expansion. En revanche, < il n'est plus possible d'ignorer que le mouvement de la Terre pose un vrai problime et qu'il n'est pas aussi facile qu'on le croit de se tirer d'af- faire en invoquant la mrcanique >> (p. 324). La seule rrhabilitation religieuse pensable de Ga- lilre passe par une exacte mesure de ce nou- veau monde scientifique et de ses problbmes qui ne sont pas religieux.

Emile Poulat.

The Electronic Golden Calf. Images, Reli- gion and the Making of Meaning. Cambridge

88.36 GOETHALS (Gregor T.).

(Mass.), Cowley Publications, 1990, 225 p. Cet essai historico-thdologique traite de

l'image dans les religions chrrtiennes, de l'IE- glise mrdirvale i la t6l1vision d'aujourd'hui. L'auteur montre l'opposition de Bernard de Clairvaux i leur pr6sence dans les monastbres, oi les clercs n'ont nul besoin d'elles pour nourrir leur foi; elle rappelle que Luther n'a pas l'extrrmisme iconoclaste de Calvin et de Zwingli, ce qui aura des consequences heu- reuses quant g la sauvegarde des oeuvres d'art sacr6 en Allemagne.

A l'6poque moderne il y a un renouveau ico- nographique de la spiritualit6, avec les oeuvres de grands peintres abstraits tels Piet Mondrian et Vassily Kandinsky, ou Mark Rothko aux Etats-Unis: une peinture, un vitrail abstrait dans un lieu religieux supposent, bien plus que l'iconographie figurative, une cr6ativit6 spiri- tuelle, une responsabilit6 de ceux qui les re- gardent. Cependant, les artistes ont d6sormais nrglig6 la symbolique s'adressant aux foules. Aux Etats-Unis les images l61ectroniques ont pris le relais : transmission de grandes comp&- titions sportives, fundrailles de personnages importants, rituel du journal t6lvis6, pro- grammes <<religieux>> des t6lvang6listes. Comme l'iconographie religieuse d'antan, les images t6l6visres ont des fonctions sacries : le spectateur participe & des c6lbrations et il est endoctrin6. Les pr6dicateurs de la t6lvision - Falwell, Robertson et d'autres - ont eux l'ob-

jectif sprcifique de propager des valeurs et une iddologie <religieuse . Leurs appels au salut s'apparentent au spot publicitaire, summum de I'entreprise de a conversion >> tel ou tel pro- duit.

L'essayisme trop rapide de ce livre me laisse insatisfait; il offre cependant des pistes stimu- lantes pour des recherches plus sprcifiques notamment dans le domaine aujourd'hui si pregnant de l'audiovisuel.

Jacques Gutwirth.

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