1
Technique #EAVPHR I Vendredi 20 mai 2016 17 Les élèves de 1 re bac pro du lycée agricole d’Obernai avaient une séance de travaux pratiques en prévention des risques au travail sur l’exploitation de Gérard Lorber à Scherwiller. « C’est un enseignement optionnel que nous avons rendu obligatoire », explique Gilles Cadieu, directeur adjoint du lycée agricole d’Obernai. Le 10 mai dernier, les élèves de 1 re bac pro avaient rendez-vous sur l’ex- ploitation de polyculture-élevage de Gérard Lorber à Scherwiller, avec les conseillers prévention de la Caisse d’assurance-accidents agricoles (CAAA), pour un exercice d’analyse des risques au travail et de réalisation du « Document unique d’évaluation des risques sur l’exploitation ». Une opération menée en partenariat avec Groupama. La prévention des risques ne doit pas être prise à la légère : « Il est inconce- vable d’envoyer les élèves en stage sans les sensibiliser à ces aspects du danger au travail. Très souvent, on recherche la faille dans l’accident pour faire porter la responsabilité juridique et financière à celui qui est responsable dans la chaîne de l’évé- nement qui a conduit à l’accident. Prudence, vigilance et observation sont donc requises », ajoute Gilles Cadieu. Des accidents moins nombreux, mais plus graves Accompagnés de leur professeure Marie-Laure Couvet, de Sébastien Rohmer et Denis Litt, conseillers prévention à la CAAA, les élèves ont donc passé en revue toute l’exploitation : les bâtiments, l’ate- lier, le stockage et le matériel, les machines, les tracteurs, le maté- riel d’affouragement, la herse lourde et l’atelier lait. « L’objectif est de les faire réfléchir et trou- ver par eux-mêmes des solutions techniquement réalisables pour prévenir les risques, soulager la pénibilité, en intégrant le rapport bénéfice/contrainte de sécurité (gain de temps, moins de pénibi- lité/contrainte sécurité) », explique Sébastien Rohmer. Un rapport pas toujours bien évalué dans les exploitations, si l’on en juge les propos de Thomas Blum, pré- sident de la commission prévention de la CAAA : « Les accidents sont moins nombreux, mais plus graves, et parfois liés à des choses anodines. Sur les quatre derniers mois, six accidents ont donné lieu à des sec- tionnements de membre. Le plus souvent à cause d’intervention sur des engins en rotation. Ça ne coûte rien d’arrêter et de redémarrer… » La formation de 40 heures de ces élèves de bac pro touchait éga- lement à des thématiques telles que les troubles musculo-sque- lettiques, les maladies à zoonoses (brucellose, Lyme, teigne). Les élèves ont dû, dans ce cadre, rédi- ger le Document unique d’évalua- tion des risques sur l’exploitation de Gérard Lorber. Globalement, si le groupe d’élèves n’était pas tout à fait au point pour la partie rédactionnelle, il a en revanche fait preuve de compétence sur le ter- rain, a résumé Marie-Laure Couvet. DL Prévention des risques Avoir l’esprit critique Des 1 re bac pro à l’esprit bien critique sur l’évaluation des risques au travail. © Germain Schmitt La séance pratique se déroulait sur l’exploitation de Gérard Lorber à Scherwiller. Etudiants en deuxième année de BTSA Gemeau au lycée agricole d’Obernai, Antoine Meyer et Grégory Laurella ont réussi le concours d’entrée à l’École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg. Ils peuvent ainsi poursuivre leurs études en tant qu’élèves-ingénieurs par la voie de l’apprentissage. Après un bac S obtenu au lycée Frep- pel d’Obernai, le choix de la filière Eau pour ses études supérieures ne s’est pas imposé tout de suite pour Grégory Laurella. C’est seulement après trois années passées en fac qu’il décide de s’orienter vers une formation plus professionnalisante et en rapport avec ses motivations pour l’environnement. Il entre alors en BTSA Gestion et maîtrise de l’eau (Gemeau) à Obernai. « Dans le cadre du BTS, grâce au partena- riat tissé entre le Legta d’Obernai et l’École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg, nous avons mené des projets de communication avec cette école et nous avons pu nous documen- ter sur ses formations d’ingénieurs, précise-t-il. Je suis particulièrement motivé pour les options Hydrau- lique urbaine ou Hydroélectricité. » Antoine Meyer, quant à lui, diplômé d’un bac S obtenu au lycée Marc Bloch de Bischheim, a fait une année en IUT de Génie biologique, avant de se réorienter vers le BTS Gemeau pour une formation plus pratique en rapport avec l’eau. « Le domaine de l’eau offre un panel de métiers variés et dans nos études en BTS : la thématique environnemen- tale est transversale dans toutes les disciplines, confie-t-il. J’apprécie le caractère concret de cette forma- tion. Ainsi dans le cadre d’un projet de communication, j’ai pu présenter au conseil municipal de Stotzheim l’intérêt patrimonial et touristique du canal du Mulhbach ». Antoine aimerait approfondir à l’Engees l’étude des hydrosystèmes ou l’hy- draulique urbaine. Un concours d’entrée adapté aux étudiants de BTS Grégory Laurella et Antoine Meyer ont tous deux ont bénéficié de la possibilité offerte d’intégrer l’Engees en réussissant le concours d’entrée réservé aux étudiants de BTS, IUT ou licence. 20 places sont offertes pour le cursus par apprentissage et 7 pour la voie normale. Pour cela il faut passer avec succès une épreuve écrite de mathématiques et phy- sique et un entretien de motivation. « Nous avons pu suivre grâce à nos professeurs une préparation spéci- fique en mathématiques et en phy- sique, ce qui a été déterminant pour la réussite de l’épreuve écrite. Mais il n’y a pas de secret, pour réussir il faut travailler dur… », souligne Antoine Meyer. Gilles Cadieu, proviseur adjoint du Legta, le confirme : « Depuis plusieurs années, certains de nos étudiants intègrent l’Engees de Strasbourg. Ce concours constitue pour eux une réelle opportunité de poursuivre des études passionnantes au niveau ingénieur. Notre partenariat a été renforcé avec la mise en service, sur le site du lycée, de cet outil de forma- tion exceptionnel qu’est le Pôle d’ex- cellence éducative sur l’eau (P3E). » Après leur admission à l’Engees en septembre, Grégory et Antoine devront d’ici novembre trouver une entreprise pour établir un contrat d’apprentissage portant sur les trois ans de leur formation. Grégory songe à EDF, en rapport avec la gestion des barrages hydrauliques, ou à l’Eurométropole, pour la ges- tion des réseaux urbains. Antoine envisage plutôt le Syndicat des eaux et de l’assainissement (SDEA) en relation avec l’hydraulique urbaine. Ils seront alors en alternance 15 jours en formation à Strasbourg et 15 jours en entreprise. « Cela nous permettra d’avoir déjà un pied dans le monde de l’entreprise et de pou- voir y appliquer nos connaissances théoriques. C’est une bonne formule pour des étudiants issus d’un BTS », concluent-ils. Filière Gestion et maîtrise de l’eau (Gemeau) Devenir ingénieur par la voie de l’apprentissage Grégory Laurella (à g.) et Antoine Meyer, heureux d’intégrer l’Engees pour poursuivre leurs études dans le domaine de l’eau. © DR

Prévention des risques Avoir l’esprit critique · conseillers prévention de la Caisse d’assurance-accidents agricoles (CAAA), pour un exercice d’analyse des risques au travail

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Prévention des risques Avoir l’esprit critique · conseillers prévention de la Caisse d’assurance-accidents agricoles (CAAA), pour un exercice d’analyse des risques au travail

Technique #EAVPHR I Vendredi 20 mai 2016 17

Les élèves de 1re bac pro du lycée agricole d’Obernai avaient une séance de travaux pratiques en prévention des risques au travail sur l’exploitation de Gérard Lorber à Scherwiller.

« C’est un enseignement optionnel que nous avons rendu obligatoire », explique Gilles Cadieu, directeur adjoint du lycée agricole d’Obernai. Le 10 mai dernier, les élèves de 1re bac pro avaient rendez-vous sur l’ex-ploitation de polyculture-élevage de Gérard Lorber à Scherwiller, avec les conseillers prévention de la Caisse d’assurance-accidents agricoles (CAAA), pour un exercice d’analyse des risques au travail et de réalisation du « Document unique d’évaluation des risques sur l’exploitation ». Une opération menée en partenariat avec Groupama.La prévention des risques ne doit pas être prise à la légère : « Il est inconce-

vable d’envoyer les élèves en stage sans les sensibiliser à ces aspects du danger au travail. Très souvent, on recherche la faille dans l’accident pour faire porter la responsabilité juridique et financière à celui qui est responsable dans la chaîne de l’évé-nement qui a conduit à l’accident. Prudence, vigilance et observation sont donc requises », ajoute Gilles Cadieu.

Des accidents moins nombreux, mais plus gravesAccompagnés de leur professeure Marie-Laure Couvet, de Sébastien Rohmer et Denis Litt, conseillers prévention à la CAAA, les élèves

ont donc passé en revue toute l’exploitation : les bâtiments, l’ate-lier, le stockage et le matériel, les machines, les tracteurs, le maté-riel d’affouragement, la herse lourde et l’atelier lait. « L’objectif est de les faire réfléchir et trou-ver par eux-mêmes des solutions techniquement réalisables pour prévenir les risques, soulager la pénibilité, en intégrant le rapport bénéfice/contrainte de sécurité (gain de temps, moins de pénibi-lité/contrainte sécurité) », explique Sébastien Rohmer.

Un rapport pas toujours bien évalué dans les exploitations, si l’on en juge les propos de Thomas Blum, pré-sident de la commission prévention de la CAAA : « Les accidents sont moins nombreux, mais plus graves, et parfois liés à des choses anodines. Sur les quatre derniers mois, six accidents ont donné lieu à des sec-tionnements de membre. Le plus souvent à cause d’intervention sur des engins en rotation. Ça ne coûte rien d’arrêter et de redémarrer… »La formation de 40 heures de ces élèves de bac pro touchait éga-

lement à des thématiques telles que les troubles musculo-sque-lettiques, les maladies à zoonoses (brucellose, Lyme, teigne). Les élèves ont dû, dans ce cadre, rédi-ger le Document unique d’évalua-tion des risques sur l’exploitation de Gérard Lorber. Globalement, si le groupe d’élèves n’était pas tout à fait au point pour la partie rédactionnelle, il a en revanche fait preuve de compétence sur le ter-rain, a résumé Marie-Laure Couvet.

DL

Prévention des risques

Avoir l’esprit critique

Des 1re bac pro à l’esprit bien critique sur l’évaluation des risques au travail. © Germain Schmitt

La séance pratique se déroulait sur l’exploitation de Gérard Lorber à Scherwiller.

Etudiants en deuxième année de BTSA Gemeau au lycée agricole d’Obernai, Antoine Meyer et Grégory Laurella ont réussi le concours d’entrée à l’École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg. Ils peuvent ainsi poursuivre leurs études en tant qu’élèves-ingénieurs par la voie de l’apprentissage.

Après un bac S obtenu au lycée Frep-pel d’Obernai, le choix de la filière Eau pour ses études supérieures ne s’est pas imposé tout de suite pour Grégory Laurella. C’est seulement après trois années passées en fac qu’il décide de s’orienter vers une formation plus professionnalisante et en rapport avec ses motivations pour l’environnement. Il entre alors en BTSA Gestion et maîtrise de l’eau (Gemeau) à Obernai. « Dans le cadre du BTS, grâce au partena-riat tissé entre le Legta d’Obernai et l’École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg, nous avons mené des projets de communication avec cette école et nous avons pu nous documen-ter sur ses formations d’ingénieurs, précise-t-il. Je suis particulièrement motivé pour les options Hydrau-lique urbaine ou Hydroélectricité. »Antoine Meyer, quant à lui, diplômé d’un bac S obtenu au lycée Marc Bloch de Bischheim, a fait une année en IUT de Génie biologique, avant de se réorienter vers le BTS Gemeau pour une formation plus pratique en rapport avec l’eau. « Le domaine de l’eau offre un panel de métiers variés et dans nos études en

BTS : la thématique environnemen-tale est transversale dans toutes les disciplines, confie-t-il. J’apprécie le caractère concret de cette forma-tion. Ainsi dans le cadre d’un projet de communication, j’ai pu présenter au conseil municipal de Stotzheim l’intérêt patrimonial et touristique du canal du Mulhbach ». Antoine aimerait approfondir à l’Engees l’étude des hydrosystèmes ou l’hy-draulique urbaine.

Un concours d’entrée adapté aux étudiants de BTSGrégory Laurella et Antoine Meyer ont tous deux ont bénéficié de la possibilité offerte d’intégrer l’Engees en réussissant le concours d’entrée réservé aux étudiants de BTS, IUT ou licence. 20 places sont offertes pour le cursus par apprentissage et 7 pour la voie normale. Pour cela il faut passer avec succès une épreuve écrite de mathématiques et phy-sique et un entretien de motivation. « Nous avons pu suivre grâce à nos professeurs une préparation spéci-fique en mathématiques et en phy-sique, ce qui a été déterminant pour la réussite de l’épreuve écrite. Mais il n’y a pas de secret, pour réussir il faut

travailler dur… », souligne Antoine Meyer.Gilles Cadieu, proviseur adjoint du Legta, le confirme : « Depuis plusieurs années, certains de nos étudiants intègrent l’Engees de Strasbourg. Ce concours constitue pour eux une réelle opportunité de poursuivre des études passionnantes au niveau ingénieur. Notre partenariat a été renforcé avec la mise en service, sur le site du lycée, de cet outil de forma-

tion exceptionnel qu’est le Pôle d’ex-cellence éducative sur l’eau (P3E). »Après leur admission à l’Engees en septembre, Grégory et Antoine devront d’ici novembre trouver une entreprise pour établir un contrat d’apprentissage portant sur les trois ans de leur formation. Grégory songe à EDF, en rapport avec la gestion des barrages hydrauliques, ou à l’Eurométropole, pour la ges-tion des réseaux urbains. Antoine

envisage plutôt le Syndicat des eaux et de l’assainissement (SDEA) en relation avec l’hydraulique urbaine. Ils seront alors en alternance 15 jours en formation à Strasbourg et 15 jours en entreprise. « Cela nous permettra d’avoir déjà un pied dans le monde de l’entreprise et de pou-voir y appliquer nos connaissances théoriques. C’est une bonne formule pour des étudiants issus d’un BTS », concluent-ils.

Filière Gestion et maîtrise de l’eau (Gemeau)

Devenir ingénieur par la voie de l’apprentissage

Grégory Laurella (à g.) et Antoine Meyer, heureux d’intégrer l’Engees pour poursuivre leurs études dans le domaine de l’eau. © DR