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Le magazine socialiste du tournant énergétique Fin de l’an passé, le conseiller fédéral Moritz Leuenberger* s’est rendu en train spécial au sommet sur le climat à Copenhague. Les pays participants n’ont pas réussi à s’entendre sur des mesures efficaces pour une réduction des émissions de CO 2 . Il nous explique pourquoi «Copenhague» n’a pas été en vain: Et pourtant, Copenhague représente l’espoir! «Copenhague». Un mot qui fin de l’année dernière est devenu l’incar- nation de l’espoir. L’espoir d’une entente entre tous les pays, d’une solidarité entre riches et pauvres, l’espoir d’engagements contrai- gnants aptes à lutter contre le chan- gement climatique et à implémen- ter et financer des mesures contre ses dommages actuels. Des attentes qui ont été déçues lorsque – fin 2009 – la communauté internatio- nale n’a pas réussi à se mettre d’ac- cord. «Copenhague», ce mot rempli d’espoir, est du jour au lendemain devenu synonyme d’échec. Les or- ganisations non gouvernementa- les, les journalistes et bien des poli- ticiens se sont montrés scandalisés par ce fiasco. Mais tous n’étaient pas de bonne foi. Je ne voulais alors pas rejoindre le chœur des pessi- mistes. Car il était prévisible – et cela s’est entre-temps confirmé – que les adversaires de toute poli- tique climatique utiliseraient l’at- mosphère négative pour saboter toute tentative de politique de CO2 efficace. Ainsi, la commission du Conseil national n’a guère perdu de temps pour débarrasser le projet de loi du Conseil fédéral de la taxe sur le CO2 pour les carburants et diminuer les exigences de réduc- Photo: Keystone © UVEK/Béatrice Devènes par conseiller fédéral Moritz Leuenberger * en compagnie d’Andreas Meyer, (à gauche) CEO des CFF, et d’Ulrich Gygi, (à droite) président du conseil d’adminis- tration des CFF. 3, juin 2010

«PS & énergie» - N°3, juin 2010

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Le magazine socialiste du tournant énergétique

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Page 1: «PS & énergie» - N°3, juin 2010

La centrale nucléaire de Mühleberg montre des signes de vieillissement. Pourtant elle a reçu une autorisation d’exploitation illimitée. Les riverains font opposition.

Pas d’autorisation pour Mühleberg

Le 17 décembre 2009, le DETEC1 aaccordé à la centrale de Mühleberg– pourtant âgée de 40 ans – une au-torisation d’exploitation illimitée.L’histoire de cette centrale estpourtant truffée de pannes et demanques en matière de sécurité:l’année même de sa mise en exploi-tation, en 1971, un incendie s’est dé-claré dans le bâtiment des machi-nes. En 1986, l’année Tchernobyl,Mühleberg a contaminé toute la ré-gion suite à une panne de filtre.Quatre ans plus tard, des fissuressont constatées dans l’enveloppedu cœur du réacteur.

Rapports secrets et négligences hasardeusesDébut 2008, le magazine «Beob-achter» montre que l’inspection fé-dérale de la sécurité nucléaireIFSN2 avait enjolivé la probléma-tique des fissures de la centrale nu-cléaire de Mühleberg. Par euphé-misme, un rapport annuel secretsur Mühleberg ne mentionnaitqu’un «accroissement de fissureslinéaire». Pourtant, sur la base deschiffres de ce même rapport, legroupe anti-nucléaire Fokus Anti-Atom a démontré que l’accroisse-ment des fissures était tout sauf li-néaire. Aujourd’hui, ces fissurescontinuent de s’étendre.

Et lorsque, milieu des années1980, il s’est avéré que le refroidis-sement de Mühleberg était insuffi-sant lors de situations d’urgence, laseule réaction a été la passivité: ona tranquillement poursuivi l’exploi-tation de la centrale. La mise en

conformité pouvait bien attendrequelques années! Aujourd’hui en-core, tout fonctionne selon labonne vieille devise: «Tant que lacentrale est rentable, elle restera enactivité.»

Les riverains résistentMais le Conseil fédéral, le DETEC etl’IFSN cachent leur jeu et font écranavec des formulations telles que «lacentrale serait mise hors service sielle représentait un quelconquerisque». Chose qui n’a jamais étéfaite.

Les riverains ne veulent désor-mais plus accepter le danger que re-présente la centrale de Mühleberget ils combattent son autorisation

d’exploitation! Raison pour la-quelle, avec 108 autres riverains, j’aifait opposition devant le Tribunaladministratif fédéral contre l’autori-sation d’exploitation illimitée.

Entre 2001 et 2008, j’ai été pré-sidente de commune de Bolligen,localité située en zone 2 (voir enca-dré). Ma plus grande crainte a tou-jours été le danger que représen-tait une panne de la toute prochecentrale de Mühleberg. Et je n’ou-blierai jamais l’angoisse qui meprenait lorsque j’allaitais mondeuxième enfant: les mères quin’allaitaient pas cherchaient déses-pérément du lait emballé avantl’accident de Tchernobyl. Je veux affranchir nos enfants et nos petits-enfants du joug sécuritaire que représente Mühleberg. Quoi quel’on fasse, l’avenir est aux énergiesrenouvelables!

Mühleberg est une des plus anciennes centrales nucléaires au monde encore enexploitation. Elle n’est ni protégée contre les tremblements de terre ni contre la chuted’un avion. Le risque est encore augmentépar les fissures évoluant dans l’enveloppedu cœur du réacteur.

par Margret Kiener Nellen,conseillère nationale

Recours contre lacentrale nucléairede MühlebergSeules les personnes vivantdans les zones 1 et 2 – à savoirun rayon de 20 kilomètres au-tour de Mühleberg – et qui enjuin 2008 se sont déjà opposéesà la demande d’autorisationd’exploitation illimitée sont autorisées à faire aujourd’huiopposition contre l’autorisation.Les personnes vivant en dehorsde ces zones et ne pouvant doncfaire opposition ainsi que les or-ganisations, partis et communespeuvent se joindre au comité «Mühleberg – illimité –non». Informations: www.muhleberg-illimite-non.chet www.fokusantiatom.ch

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Je tiens à mon environnement

Si vous voulez apporter votre soutien aux projets de politiqueenvironnementale du PS Suisse et recevoir quatre fois par an «PS & énergie», envoyez votre adresse par e-mail à[email protected]

Impressum PS & énergie Editeur: PS Suisse, case postale, 3011 Berne, [email protected]. Rédaction: Pierre Bonhôte, ancien conseiller aux Etats; Thomas Christen,secrétaire général; Chantal Gahlinger, secrétaire politique; Reto Gamma, chef de projet recherche de fonds; Barbara Marty Kälin, ancienne conseillère nationale; Roger Nordmann, conseiller national; Eric Nussbaumer, conseiller national; Gisèle Ory, conseillère d’Etat; Rudolf Rechsteiner, conseiller national; Doris Stump, conseillère nationale; Ursula Wyss, conseillère nationale. Traitement rédactionnel et production: Gallati Kommunikation, Zurich. Maquette: Purpur AG für Publishing und Communication, Zurich. Impression: Abächerli Druck AG, Sarnen. PS & énergie paraît quatre fois par an en français et en allemand. Compte CP: 30-665681-6, PS & énergie, 3001 Berne

Imprimé sur papiercertifié FSCSQS-COC-2086 «FSC Trademark 1996,Forest StewardshipCouncil A. C.»

1 DETEC Département fédéral de l’envi-ronnement, des transports, de l’énergie etde la communication2 IFSN Inspection fédérale de la sécuriténucléaire

Le magazine socialiste du tournant énergétique

Fin de l’an passé, le conseiller fédéral Moritz Leuenberger* s’est rendu en train spécial au sommetsur le climat à Copenhague. Les pays participants n’ont pas réussi à s’entendre sur des mesures efficaces pour une réduction des émissions de CO2. Il nous explique pourquoi «Copenhague» n’a pasété en vain:

Et pourtant, Copenhague représente l’espoir!

«Copenhague». Un mot qui fin del’année dernière est devenu l’incar-nation de l’espoir. L’espoir d’uneentente entre tous les pays, d’unesolidarité entre riches et pauvres,l’espoir d’engagements contrai-gnants aptes à lutter contre le chan-gement climatique et à implémen-ter et financer des mesures contreses dommages actuels. Des attentesqui ont été déçues lorsque – fin2009 – la communauté internatio-nale n’a pas réussi à se mettre d’ac-

cord. «Copenhague», ce mot remplid’espoir, est du jour au lendemaindevenu synonyme d’échec. Les or-ganisations non gouvernementa-les, les journalistes et bien des poli-ticiens se sont montrés scandaliséspar ce fiasco. Mais tous n’étaientpas de bonne foi. Je ne voulais alorspas rejoindre le chœur des pessi-mistes. Car il était prévisible – etcela s’est entre-temps confirmé –que les adversaires de toute poli-tique climatique utiliseraient l’at-

mosphère négative pour sabotertoute tentative de politique de CO2 efficace. Ainsi, la commissiondu Conseil national n’a guère perdude temps pour débarrasser le projetde loi du Conseil fédéral de la taxesur le CO2 pour les carburants et diminuer les exigences de réduc-

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par conseiller fédéralMoritz Leuenberger

* en compagnie d’Andreas Meyer, (à gauche) CEO des CFF, et d’Ulrich Gygi,(à droite) président du conseil d’adminis-tration des CFF.

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N° 3, juin 2010

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Avec le départ de Rudolf Rechsteiner du Conseil national, Berneperd un de ses membres les plus engagés et les plus clairvoyants.Après presque 15 ans de travail au Parlement, il a choisi de s’engager sur d’autres voies. Soyez assurés qu’il continuera denous soumettre des propositions visionnaires et intelligentespour une conception écologique de l’avenir. «PS & énergie» s’estentretenu avec lui.

Ruedi Rechsteiner retire

tion des émissions des nouvelles voitures. Il n’est donc pas inutile d’examinerde plus près ce que Copenhague a apporté, ou provoqué. Copenhague n’est deloin pas qu’un échec, c’est aussi et surtout un renouveau plein d’espoir:• A Copenhague, les représentants de tous les pays industriels, émergents eten développement ont reconnu que le climat change en raison du réchauffe-ment provoqué par l’homme. • L’«accord de Copenhague» – accepté par la presque totalité des Etats – for-mule pour la première fois l’objectif largement soutenu par les politiques dene pas laisser la température mondiale augmenter au-delà de deux degréspar rapport à l’ère pré-industrielle. • Les pays qui, à eux seuls, émettent plus de 90% des émissions mondiales deCO2, se sont engagés à d’importantes réductions. Certes, ces promesses ontété prononcées de façon unilatérale et ne représentent pas – comme chacunl’espérait – un engagement juridiquement contraignant.

En février, le Conseil fédéral a confirmé la ratification de l’«accord de Copen-hague». Nous avons donc informé l’ONU de vouloir réduire nos émissions deCO2 d’au moins 20% d’ici 2020. Si les pays comparables réduisent eux aussileurs émissions de façon importante, notre objectif sera même de réduire nosgaz à effet de serre – comme l’UE – de 30%.Certes, les milieux scientifiques ont calculé – et il n’y a aucune raison de dou-ter de ces chiffres – qu’une réduction de 40% serait en fait nécessaire pour at-teindre l’objectif de stabilisation visé. Les Etats insulaires comme les Maldivesexhortent la communauté internationale à un réchauffement maximal de 1,5degré, craignant pour l’existence même de leur pays. Quand bien même cesconsidérations sont correctes, il s’agit pour nous de ne pas nous perdre dansune discussion sur les objectifs. Toute la question d’une politique climatiquecrédible se révèle dans les mesures adoptées, et non pas dans les objectifsproclamés. Il ne fait aucun sens de définir vaillamment un objectif de réduc-tion de 40% pour ensuite rejeter des mesures concrètes telles que la limita-tion des émissions de CO2 des automobiles importées, ou la taxe sur le CO2pour les combustibles. Ces deux mesures sont débattues au Parlement et lamajorité ne semble – pas encore – les trouver à son goût. J’espère que celachangera. D’un autre côté le programme d’assainissement des bâtiments metà disposition deux milliards de francs pour la rénovation des bâtiments, en-courageant ainsi le recours aux énergies renouvelables. Ce programme est unpilier essentiel de la politique climatique suisse puisque dans notre pays leschauffages contribuent pour plus de 40% aux émissions de CO2.Aujourd’hui, avec pour perspective la prochaine Conférence des Parties (CdP16) à Mexico à l’automne, il s’agit de relancer les négociations internationalessur le climat. Ce processus a déjà commencé: la Suisse, avec une cinquantained’autres pays, travaille aux préparatifs de la CdP 16. La Suisse peut assumer son rôle, et pas uniquement dans son propre intérêt,mais aussi et surtout parce que nous jouissons d’une bonne réputation inter-nationale dans le domaine du climat, réputation que nous voulons bien sûrconserver. Mais ne perdons pas de vue un point crucial: commençons par ba-layer devant notre porte. Un geste payant, à tous égards. Abandonner les com-bustibles fossiles tels que le pétrole et le gaz nous rend indépendants vis-à-vis de l’étranger. Les nouvelles technologies renforcent l’ingénierie et l’indus-trie en Suisse, elles représentent une opportunité pour notre économie etcréent de nombreux emplois durables. Et surtout nous restons ainsi autono-mes en ce qui concerne la mise en place de notre politique climatique. Copenhague a certes été un échec, mais aussi un espoir. D’autres avancent surla base de cet espoir et nous devons veiller à ne pas un jour à nouveau nousretrouver seuls. Cet échec ne doit pas devenir une excuse pour ne rien faire,au contraire, nous devons avancer en nous référant à ce nouvel espoir.

Le groupe de travail «PS & énergie»Le groupe de travail «PS & énergie» veut faire connaître et mettre en œuvre la politique éner-gétique et environnementale duPS Suisse. Il est composé de spécialistes des domaines del’énergie et de l’environnement dugroupe socialiste de l’Assembléefédérale et d’autres spécialistesintéressés.Les dons reçus par «PS & énergie»sont affectés à des campagnes poli-tiques et à des projets de politiqueénergétique et environnementale.Jusqu’ici, le groupe de travail asoutenu financièrement les pro-jets et organisations suivants: ➜ Opposition à la demande d’ex-ploitation illimitée de la centrale nucléaire de Mühleberg 2009➜ Contribution à l’initiative pourle climat lancée notamment par le PS (www.oui-initiativeclimat.ch)➜ Alliance «Non au nucléaire» et association «Initiative pour leclimat»➜ Sommet de l’énergie du PS«Des dangers du nucléaire au potentiel des énergies renouvela-bles» du 22 septembre 2007 ➜ Contribution à l’élaboration dupapier de perspective du PSSuisse «Sortir du nucléaire, c’estfaisable et c’est l’avenir – vers un approvisionnement basé surles énergies renouvelables»➜ Contribution à «KLAR!Schweiz» pour le soutien de l’expertise de John Large sur la«démonstration de la faisabilité»de la Nagra➜ Financement de l’expertise juridique «Consultation lors de la construction de nouvellescentrales nucléaires»

Tu t’engages depuis 1995 auConseil national pour l’abandonde l’énergie nucléaire. Pourquoit’es-tu si tôt opposé au nucléaire? Durant ma scolarité, l’énergie étaitau centre de toutes les préoccupa-tions: ainsi la crise du pétrole en1973, les dimanches sans voituresen 1975 ou l’occupation de Kaiser-augst. A nos yeux, l’énergie nu-cléaire a toujours été une technolo-gie démente. Et aujourd’hui encore,l’establishment continue de consi-dérer le peuple comme un ramassisd’ignares.

Quel a été l’événement déclen-cheur?Au lycée – j’étais au Humanisti-sches Gymnasium, un établisse-ment assez en vue – nous voulionsfaire une exposition sur les risquesdu nucléaire. Cela nous a été inter-dit. Malgré les 500 signatures re-cueillies, le directeur est resté inflexible. Alors au lieu d’une expo-sition, nous avons publié une bro-chure. C’était ma toute premièrepublication anti-nucléaire.

En 1991 tu es devenu président de la groupe contre atome NWA.De quoi parlait-on alors?En 1991, le peuple a approuvé le moratoire nucléaire. Le Parlementavait déjà enterré la centrale de Kai-seraugst en 1988. Dès ce moment-là,nous nous sommes concentrés surla politique énergétique cantonale.A Bâle, j’ai lancé l’initiative popu-laire «Canton énergétique 2000»qui a permis d’introduire une taxed’incitation liée à un rembourse-ment. Une première en Suisse.

Savoir s’arrêter au top!Il faut savoir s’arrêter quand on est au top. C’est ce que dit Ruedi Rechsteiner dans la dernière édition de «links», le mensuel en langue allemande du PS Suisse en parlant de son propre départ.Mais pour Ruedi, les prochaines années seraient également «au top». En effet, durant les années àvenir, il s’agit de lutter pour mettre en place l’orientation de politique énergétique du futur: la Suissedoit opter soit pour l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, soit pour le maintien dunucléaire. Durant ses 14 ans au Conseil national, Ruedi s’est investi avec grand succès pour que nouspuissions aujourd’hui faire ce choix, en plus d’autres sujets essentiels comme la prévoyance des retraites et la politique étrangère. C’est grâce à Ruedi que la Suisse connaît aujourd’hui la rétributionà prix coûtant du courant issu d’énergies renouvelables, et c’est aussi grâce à lui que nous bénéfi-cions aujourd’hui de contributions fédérales pour les assainissements énergétiques des bâtiments.Et heureusement qu’en termes de politique énergétique, Ruedi peut non seulement compter sur sescollègues du PS mais aussi et surtout sur son successeur Beat Jans. Beat apporte au Conseil nationalses longues années d’expérience auprès de pro natura. Nous nous réjouissons de sa venue.

Ursula Wyss, conseillère nationale

Parle-nous de ton meilleur souvenir.Les manifestations à Kaiseraugst,sans hésitation. On parlait, onécoutait, les voix de la base avaientun impact important. La taxe d’inci-tation à Bâle a un peu été mon tra-vail de maturité politique, la taxesur le CO2 et le programme d’assai-nissement des bâtiments, qui de-vient aujourd’hui réalité, sont unesorte de copie au niveau fédéral desrecettes appliquées avec succès àBâle. La Confédération les a intro-duits avec 25 ans de retard. Un re-tard dû à l’âpre résistance d’écono-miesuisse et du lobby nucléaire.

Comment l’environnement énergétique a-t-il changé durantta carrière politique?Aujourd’hui, l’influence de l’Unioneuropéenne est prépondérante. Laconcurrence dans le secteur del’électricité met à mal l’énergie nu-cléaire partout en Europe: il n’estsimplement plus possible de trans-férer aux consommateurs les coûtssupplémentaires de nouvelles cen-trales nucléaires. L’UE dictera aussisa conduite à la Suisse en matièrede politique climatique, si la Suisseveut continuer de faire du négoceénergétique avec l’UE. Et le rachatprix coûtant baisse le prix du cou-rant éolien et solaire. Le monde entier se trouve dans un boom sansprécédent qui atteint enfin laSuisse, malgré les bâtons mis dansles roues par le lobby nucléaire.

Tu es convaincu que les besoins enénergie de la Suisse peuvent êtrecouverts à 100% par les énergiesrenouvelables. Depuis quand enes-tu si sûr?En gros depuis 2000. L’Allemagneest l’exemple à suivre. Ce pays amontré à quelle vitesse les chosespeuvent bouger si les incitationsagissent dans le bon sens. Des éner-gies renouvelables et propres, ducourant propre, voilà la base du fu-tur approvisionnement énergétique.Les décisions populaires à Zurich et

Manifestation «Sortons du nucléaire»lundi de Pentecôte24 mai 2010

Les revendications: stop au nu-cléaire, pas de nouvelles centralesnucléaires, promotion des énergiesrenouvelables. Le PS Suisse soutientces revendications.

ProgrammeDépart «sportifs» Aarau («Graben»,10 h) ou départ «promeneurs» Garede Däniken SO (11.12/11.46 h) viaMülidorf avec manifestation initialeet pique-nique («Gösgen»; 12.30 h)marche vers Olten (13.30 h), manifestation finale (16 h).

Information: www.sortonsdunucleaire.ch

à Winterthour – par deux fois unOUI spectaculaire en faveur de laparticipation dans des parcs éo-liens – montrent bien que ces tech-niques convainquent la majorité.

Quelle grande décision n’as-tu pas réussi à faire passer durantces 18 ans?Nous n’avons jamais réussi à fer-mer les centrales nucléaires enfonctionnement. Les initiatives po-pulaires ont toutes échoué.

Et pourquoi la majorité de la poli-tique suisse mise-t-elle encore surle nucléaire?Mais parce que le lobby nucléairecontribue aux caisses des troisgrands partis bourgeois! Ils se sontfait acheter par le lobby nucléaire!Leur loyalisme est entièrement pécuniaire. Sans oublier que leConseil fédéral a totalement ignorél’effet de la rétribution de l’injec-tion et du développement techno-logique dans ses «Perspectivesénergétiques». En termes de désin-formation, économiesuisse et lesgroupes nucléaires ont accompli làun véritable petit chef-d’œuvre.

Et quels sont tes prochains plans?Je termine encore mes dernierschantiers à Berne. Ensuite je cher-che des mandats pour mon bureaude conseil – j’ai déjà quelques de-mandes – et j’assume divers postesd’enseignement pour des hautesécoles. Au sein du Conseil d’admi-nistration des Industrielle WerkeBasel (IWB), je préside la commis-sion «Stratégie énergétique». Nousen sommes actuellement à 85% decourant issu d’énergies renouvela-bles et visons le plus rapidementpossible 100%, au moyen d’instal-lations solaires ou éoliennes, enSuisse et à l’étranger! Mon souhaitest que les IWB fournissent du cou-rant de sources renouvelables à descommunes et des consommateursdans toute la Suisse. On a donc dupain sur la planche.

Ruedi Rechsteiner avec ses fils Jan et Till.

Sommet de Copen-hague 2009 sur le climat: partici-pantes manifestantcontre l’inactiondes Etats.Photo: Keystone

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Page 3: «PS & énergie» - N°3, juin 2010

Avec le départ de Rudolf Rechsteiner du Conseil national, Berneperd un de ses membres les plus engagés et les plus clairvoyants.Après presque 15 ans de travail au Parlement, il a choisi de s’engager sur d’autres voies. Soyez assurés qu’il continuera denous soumettre des propositions visionnaires et intelligentespour une conception écologique de l’avenir. «PS & énergie» s’estentretenu avec lui.

Ruedi Rechsteiner retire

tion des émissions des nouvelles voitures. Il n’est donc pas inutile d’examinerde plus près ce que Copenhague a apporté, ou provoqué. Copenhague n’est deloin pas qu’un échec, c’est aussi et surtout un renouveau plein d’espoir:• A Copenhague, les représentants de tous les pays industriels, émergents eten développement ont reconnu que le climat change en raison du réchauffe-ment provoqué par l’homme. • L’«accord de Copenhague» – accepté par la presque totalité des Etats – for-mule pour la première fois l’objectif largement soutenu par les politiques dene pas laisser la température mondiale augmenter au-delà de deux degréspar rapport à l’ère pré-industrielle. • Les pays qui, à eux seuls, émettent plus de 90% des émissions mondiales deCO2, se sont engagés à d’importantes réductions. Certes, ces promesses ontété prononcées de façon unilatérale et ne représentent pas – comme chacunl’espérait – un engagement juridiquement contraignant.

En février, le Conseil fédéral a confirmé la ratification de l’«accord de Copen-hague». Nous avons donc informé l’ONU de vouloir réduire nos émissions deCO2 d’au moins 20% d’ici 2020. Si les pays comparables réduisent eux aussileurs émissions de façon importante, notre objectif sera même de réduire nosgaz à effet de serre – comme l’UE – de 30%.Certes, les milieux scientifiques ont calculé – et il n’y a aucune raison de dou-ter de ces chiffres – qu’une réduction de 40% serait en fait nécessaire pour at-teindre l’objectif de stabilisation visé. Les Etats insulaires comme les Maldivesexhortent la communauté internationale à un réchauffement maximal de 1,5degré, craignant pour l’existence même de leur pays. Quand bien même cesconsidérations sont correctes, il s’agit pour nous de ne pas nous perdre dansune discussion sur les objectifs. Toute la question d’une politique climatiquecrédible se révèle dans les mesures adoptées, et non pas dans les objectifsproclamés. Il ne fait aucun sens de définir vaillamment un objectif de réduc-tion de 40% pour ensuite rejeter des mesures concrètes telles que la limita-tion des émissions de CO2 des automobiles importées, ou la taxe sur le CO2pour les combustibles. Ces deux mesures sont débattues au Parlement et lamajorité ne semble – pas encore – les trouver à son goût. J’espère que celachangera. D’un autre côté le programme d’assainissement des bâtiments metà disposition deux milliards de francs pour la rénovation des bâtiments, en-courageant ainsi le recours aux énergies renouvelables. Ce programme est unpilier essentiel de la politique climatique suisse puisque dans notre pays leschauffages contribuent pour plus de 40% aux émissions de CO2.Aujourd’hui, avec pour perspective la prochaine Conférence des Parties (CdP16) à Mexico à l’automne, il s’agit de relancer les négociations internationalessur le climat. Ce processus a déjà commencé: la Suisse, avec une cinquantained’autres pays, travaille aux préparatifs de la CdP 16. La Suisse peut assumer son rôle, et pas uniquement dans son propre intérêt,mais aussi et surtout parce que nous jouissons d’une bonne réputation inter-nationale dans le domaine du climat, réputation que nous voulons bien sûrconserver. Mais ne perdons pas de vue un point crucial: commençons par ba-layer devant notre porte. Un geste payant, à tous égards. Abandonner les com-bustibles fossiles tels que le pétrole et le gaz nous rend indépendants vis-à-vis de l’étranger. Les nouvelles technologies renforcent l’ingénierie et l’indus-trie en Suisse, elles représentent une opportunité pour notre économie etcréent de nombreux emplois durables. Et surtout nous restons ainsi autono-mes en ce qui concerne la mise en place de notre politique climatique. Copenhague a certes été un échec, mais aussi un espoir. D’autres avancent surla base de cet espoir et nous devons veiller à ne pas un jour à nouveau nousretrouver seuls. Cet échec ne doit pas devenir une excuse pour ne rien faire,au contraire, nous devons avancer en nous référant à ce nouvel espoir.

Le groupe de travail «PS & énergie»Le groupe de travail «PS & énergie» veut faire connaître et mettre en œuvre la politique éner-gétique et environnementale duPS Suisse. Il est composé de spécialistes des domaines del’énergie et de l’environnement dugroupe socialiste de l’Assembléefédérale et d’autres spécialistesintéressés.Les dons reçus par «PS & énergie»sont affectés à des campagnes poli-tiques et à des projets de politiqueénergétique et environnementale.Jusqu’ici, le groupe de travail asoutenu financièrement les pro-jets et organisations suivants: ➜ Opposition à la demande d’ex-ploitation illimitée de la centrale nucléaire de Mühleberg 2009➜ Contribution à l’initiative pourle climat lancée notamment par le PS (www.oui-initiativeclimat.ch)➜ Alliance «Non au nucléaire» et association «Initiative pour leclimat»➜ Sommet de l’énergie du PS«Des dangers du nucléaire au potentiel des énergies renouvela-bles» du 22 septembre 2007 ➜ Contribution à l’élaboration dupapier de perspective du PSSuisse «Sortir du nucléaire, c’estfaisable et c’est l’avenir – vers un approvisionnement basé surles énergies renouvelables»➜ Contribution à «KLAR!Schweiz» pour le soutien de l’expertise de John Large sur la«démonstration de la faisabilité»de la Nagra➜ Financement de l’expertise juridique «Consultation lors de la construction de nouvellescentrales nucléaires»

Tu t’engages depuis 1995 auConseil national pour l’abandonde l’énergie nucléaire. Pourquoit’es-tu si tôt opposé au nucléaire? Durant ma scolarité, l’énergie étaitau centre de toutes les préoccupa-tions: ainsi la crise du pétrole en1973, les dimanches sans voituresen 1975 ou l’occupation de Kaiser-augst. A nos yeux, l’énergie nu-cléaire a toujours été une technolo-gie démente. Et aujourd’hui encore,l’establishment continue de consi-dérer le peuple comme un ramassisd’ignares.

Quel a été l’événement déclen-cheur?Au lycée – j’étais au Humanisti-sches Gymnasium, un établisse-ment assez en vue – nous voulionsfaire une exposition sur les risquesdu nucléaire. Cela nous a été inter-dit. Malgré les 500 signatures re-cueillies, le directeur est resté inflexible. Alors au lieu d’une expo-sition, nous avons publié une bro-chure. C’était ma toute premièrepublication anti-nucléaire.

En 1991 tu es devenu président de la groupe contre atome NWA.De quoi parlait-on alors?En 1991, le peuple a approuvé le moratoire nucléaire. Le Parlementavait déjà enterré la centrale de Kai-seraugst en 1988. Dès ce moment-là,nous nous sommes concentrés surla politique énergétique cantonale.A Bâle, j’ai lancé l’initiative popu-laire «Canton énergétique 2000»qui a permis d’introduire une taxed’incitation liée à un rembourse-ment. Une première en Suisse.

Savoir s’arrêter au top!Il faut savoir s’arrêter quand on est au top. C’est ce que dit Ruedi Rechsteiner dans la dernière édition de «links», le mensuel en langue allemande du PS Suisse en parlant de son propre départ.Mais pour Ruedi, les prochaines années seraient également «au top». En effet, durant les années àvenir, il s’agit de lutter pour mettre en place l’orientation de politique énergétique du futur: la Suissedoit opter soit pour l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, soit pour le maintien dunucléaire. Durant ses 14 ans au Conseil national, Ruedi s’est investi avec grand succès pour que nouspuissions aujourd’hui faire ce choix, en plus d’autres sujets essentiels comme la prévoyance des retraites et la politique étrangère. C’est grâce à Ruedi que la Suisse connaît aujourd’hui la rétributionà prix coûtant du courant issu d’énergies renouvelables, et c’est aussi grâce à lui que nous bénéfi-cions aujourd’hui de contributions fédérales pour les assainissements énergétiques des bâtiments.Et heureusement qu’en termes de politique énergétique, Ruedi peut non seulement compter sur sescollègues du PS mais aussi et surtout sur son successeur Beat Jans. Beat apporte au Conseil nationalses longues années d’expérience auprès de pro natura. Nous nous réjouissons de sa venue.

Ursula Wyss, conseillère nationale

Parle-nous de ton meilleur souvenir.Les manifestations à Kaiseraugst,sans hésitation. On parlait, onécoutait, les voix de la base avaientun impact important. La taxe d’inci-tation à Bâle a un peu été mon tra-vail de maturité politique, la taxesur le CO2 et le programme d’assai-nissement des bâtiments, qui de-vient aujourd’hui réalité, sont unesorte de copie au niveau fédéral desrecettes appliquées avec succès àBâle. La Confédération les a intro-duits avec 25 ans de retard. Un re-tard dû à l’âpre résistance d’écono-miesuisse et du lobby nucléaire.

Comment l’environnement énergétique a-t-il changé durantta carrière politique?Aujourd’hui, l’influence de l’Unioneuropéenne est prépondérante. Laconcurrence dans le secteur del’électricité met à mal l’énergie nu-cléaire partout en Europe: il n’estsimplement plus possible de trans-férer aux consommateurs les coûtssupplémentaires de nouvelles cen-trales nucléaires. L’UE dictera aussisa conduite à la Suisse en matièrede politique climatique, si la Suisseveut continuer de faire du négoceénergétique avec l’UE. Et le rachatprix coûtant baisse le prix du cou-rant éolien et solaire. Le monde entier se trouve dans un boom sansprécédent qui atteint enfin laSuisse, malgré les bâtons mis dansles roues par le lobby nucléaire.

Tu es convaincu que les besoins enénergie de la Suisse peuvent êtrecouverts à 100% par les énergiesrenouvelables. Depuis quand enes-tu si sûr?En gros depuis 2000. L’Allemagneest l’exemple à suivre. Ce pays amontré à quelle vitesse les chosespeuvent bouger si les incitationsagissent dans le bon sens. Des éner-gies renouvelables et propres, ducourant propre, voilà la base du fu-tur approvisionnement énergétique.Les décisions populaires à Zurich et

Manifestation «Sortons du nucléaire»lundi de Pentecôte24 mai 2010

Les revendications: stop au nu-cléaire, pas de nouvelles centralesnucléaires, promotion des énergiesrenouvelables. Le PS Suisse soutientces revendications.

ProgrammeDépart «sportifs» Aarau («Graben»,10 h) ou départ «promeneurs» Garede Däniken SO (11.12/11.46 h) viaMülidorf avec manifestation initialeet pique-nique («Gösgen»; 12.30 h)marche vers Olten (13.30 h), manifestation finale (16 h).

Information: www.sortonsdunucleaire.ch

à Winterthour – par deux fois unOUI spectaculaire en faveur de laparticipation dans des parcs éo-liens – montrent bien que ces tech-niques convainquent la majorité.

Quelle grande décision n’as-tu pas réussi à faire passer durantces 18 ans?Nous n’avons jamais réussi à fer-mer les centrales nucléaires enfonctionnement. Les initiatives po-pulaires ont toutes échoué.

Et pourquoi la majorité de la poli-tique suisse mise-t-elle encore surle nucléaire?Mais parce que le lobby nucléairecontribue aux caisses des troisgrands partis bourgeois! Ils se sontfait acheter par le lobby nucléaire!Leur loyalisme est entièrement pécuniaire. Sans oublier que leConseil fédéral a totalement ignorél’effet de la rétribution de l’injec-tion et du développement techno-logique dans ses «Perspectivesénergétiques». En termes de désin-formation, économiesuisse et lesgroupes nucléaires ont accompli làun véritable petit chef-d’œuvre.

Et quels sont tes prochains plans?Je termine encore mes dernierschantiers à Berne. Ensuite je cher-che des mandats pour mon bureaude conseil – j’ai déjà quelques de-mandes – et j’assume divers postesd’enseignement pour des hautesécoles. Au sein du Conseil d’admi-nistration des Industrielle WerkeBasel (IWB), je préside la commis-sion «Stratégie énergétique». Nousen sommes actuellement à 85% decourant issu d’énergies renouvela-bles et visons le plus rapidementpossible 100%, au moyen d’instal-lations solaires ou éoliennes, enSuisse et à l’étranger! Mon souhaitest que les IWB fournissent du cou-rant de sources renouvelables à descommunes et des consommateursdans toute la Suisse. On a donc dupain sur la planche.

Ruedi Rechsteiner avec ses fils Jan et Till.

Sommet de Copen-hague 2009 sur le climat: partici-pantes manifestantcontre l’inactiondes Etats.Photo: Keystone

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Page 4: «PS & énergie» - N°3, juin 2010

La centrale nucléaire de Mühleberg montre des signes de vieillissement. Pourtant elle a reçu une autorisation d’exploitation illimitée. Les riverains font opposition.

Pas d’autorisation pour Mühleberg

Le 17 décembre 2009, le DETEC1 aaccordé à la centrale de Mühleberg– pourtant âgée de 40 ans – une au-torisation d’exploitation illimitée.L’histoire de cette centrale estpourtant truffée de pannes et demanques en matière de sécurité:l’année même de sa mise en exploi-tation, en 1971, un incendie s’est dé-claré dans le bâtiment des machi-nes. En 1986, l’année Tchernobyl,Mühleberg a contaminé toute la ré-gion suite à une panne de filtre.Quatre ans plus tard, des fissuressont constatées dans l’enveloppedu cœur du réacteur.

Rapports secrets et négligences hasardeusesDébut 2008, le magazine «Beob-achter» montre que l’inspection fé-dérale de la sécurité nucléaireIFSN2 avait enjolivé la probléma-tique des fissures de la centrale nu-cléaire de Mühleberg. Par euphé-misme, un rapport annuel secretsur Mühleberg ne mentionnaitqu’un «accroissement de fissureslinéaire». Pourtant, sur la base deschiffres de ce même rapport, legroupe anti-nucléaire Fokus Anti-Atom a démontré que l’accroisse-ment des fissures était tout sauf li-néaire. Aujourd’hui, ces fissurescontinuent de s’étendre.

Et lorsque, milieu des années1980, il s’est avéré que le refroidis-sement de Mühleberg était insuffi-sant lors de situations d’urgence, laseule réaction a été la passivité: ona tranquillement poursuivi l’exploi-tation de la centrale. La mise en

conformité pouvait bien attendrequelques années! Aujourd’hui en-core, tout fonctionne selon labonne vieille devise: «Tant que lacentrale est rentable, elle restera enactivité.»

Les riverains résistentMais le Conseil fédéral, le DETEC etl’IFSN cachent leur jeu et font écranavec des formulations telles que «lacentrale serait mise hors service sielle représentait un quelconquerisque». Chose qui n’a jamais étéfaite.

Les riverains ne veulent désor-mais plus accepter le danger que re-présente la centrale de Mühleberget ils combattent son autorisation

d’exploitation! Raison pour la-quelle, avec 108 autres riverains, j’aifait opposition devant le Tribunaladministratif fédéral contre l’autori-sation d’exploitation illimitée.

Entre 2001 et 2008, j’ai été pré-sidente de commune de Bolligen,localité située en zone 2 (voir enca-dré). Ma plus grande crainte a tou-jours été le danger que représen-tait une panne de la toute prochecentrale de Mühleberg. Et je n’ou-blierai jamais l’angoisse qui meprenait lorsque j’allaitais mondeuxième enfant: les mères quin’allaitaient pas cherchaient déses-pérément du lait emballé avantl’accident de Tchernobyl. Je veux affranchir nos enfants et nos petits-enfants du joug sécuritaire que représente Mühleberg. Quoi quel’on fasse, l’avenir est aux énergiesrenouvelables!

Mühleberg est une des plus anciennes centrales nucléaires au monde encore enexploitation. Elle n’est ni protégée contre les tremblements de terre ni contre la chuted’un avion. Le risque est encore augmentépar les fissures évoluant dans l’enveloppedu cœur du réacteur.

par Margret Kiener Nellen,conseillère nationale

Recours contre lacentrale nucléairede MühlebergSeules les personnes vivantdans les zones 1 et 2 – à savoirun rayon de 20 kilomètres au-tour de Mühleberg – et qui enjuin 2008 se sont déjà opposéesà la demande d’autorisationd’exploitation illimitée sont autorisées à faire aujourd’huiopposition contre l’autorisation.Les personnes vivant en dehorsde ces zones et ne pouvant doncfaire opposition ainsi que les or-ganisations, partis et communespeuvent se joindre au comité «Mühleberg – illimité –non». Informations: www.muhleberg-illimite-non.chet www.fokusantiatom.ch

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Je tiens à mon environnement

Si vous voulez apporter votre soutien aux projets de politiqueenvironnementale du PS Suisse et recevoir quatre fois par an «PS & énergie», envoyez votre adresse par e-mail à[email protected]

Impressum PS & énergie Editeur: PS Suisse, case postale, 3011 Berne, [email protected]. Rédaction: Pierre Bonhôte, ancien conseiller aux Etats; Thomas Christen,secrétaire général; Chantal Gahlinger, secrétaire politique; Reto Gamma, chef de projet recherche de fonds; Barbara Marty Kälin, ancienne conseillère nationale; Roger Nordmann, conseiller national; Eric Nussbaumer, conseiller national; Gisèle Ory, conseillère d’Etat; Rudolf Rechsteiner, conseiller national; Doris Stump, conseillère nationale; Ursula Wyss, conseillère nationale. Traitement rédactionnel et production: Gallati Kommunikation, Zurich. Maquette: Purpur AG für Publishing und Communication, Zurich. Impression: Abächerli Druck AG, Sarnen. PS & énergie paraît quatre fois par an en français et en allemand. Compte CP: 30-665681-6, PS & énergie, 3001 Berne

Imprimé sur papiercertifié FSCSQS-COC-2086 «FSC Trademark 1996,Forest StewardshipCouncil A. C.»

1 DETEC Département fédéral de l’envi-ronnement, des transports, de l’énergie etde la communication2 IFSN Inspection fédérale de la sécuriténucléaire

Le magazine socialiste du tournant énergétique

Fin de l’an passé, le conseiller fédéral Moritz Leuenberger* s’est rendu en train spécial au sommetsur le climat à Copenhague. Les pays participants n’ont pas réussi à s’entendre sur des mesures efficaces pour une réduction des émissions de CO2. Il nous explique pourquoi «Copenhague» n’a pasété en vain:

Et pourtant, Copenhague représente l’espoir!

«Copenhague». Un mot qui fin del’année dernière est devenu l’incar-nation de l’espoir. L’espoir d’uneentente entre tous les pays, d’unesolidarité entre riches et pauvres,l’espoir d’engagements contrai-gnants aptes à lutter contre le chan-gement climatique et à implémen-ter et financer des mesures contreses dommages actuels. Des attentesqui ont été déçues lorsque – fin2009 – la communauté internatio-nale n’a pas réussi à se mettre d’ac-

cord. «Copenhague», ce mot remplid’espoir, est du jour au lendemaindevenu synonyme d’échec. Les or-ganisations non gouvernementa-les, les journalistes et bien des poli-ticiens se sont montrés scandaliséspar ce fiasco. Mais tous n’étaientpas de bonne foi. Je ne voulais alorspas rejoindre le chœur des pessi-mistes. Car il était prévisible – etcela s’est entre-temps confirmé –que les adversaires de toute poli-tique climatique utiliseraient l’at-

mosphère négative pour sabotertoute tentative de politique de CO2 efficace. Ainsi, la commissiondu Conseil national n’a guère perdude temps pour débarrasser le projetde loi du Conseil fédéral de la taxesur le CO2 pour les carburants et diminuer les exigences de réduc-

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par conseiller fédéralMoritz Leuenberger

* en compagnie d’Andreas Meyer, (à gauche) CEO des CFF, et d’Ulrich Gygi,(à droite) président du conseil d’adminis-tration des CFF.

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N° 3, juin 2010