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Punta del Este Aujourd’hui, la journée sera chargée: de découvertes et d’émotions. Levée 5h15. J’ai un bus à prendre, le trajet est d’une durée de deux heures et demie. Comme je fais un aller/retour, pas question de dormir sur place, les prix étant exorbitants. Je vous amène à l’est de Montevideo dans une des stations balnéaires les plus en vogues : Punta del Este. Destination fréquentée par la classe riche du Brésil et de l’Argentine, je trouve une ville bien entretenue avec des maisons en bordure de l’océan à faire envie. Ville à l’aise, les prix sauront faire sursauter. Je parle du double de Montevideo. Le terminal du bus se trouvant bien situé, je me retrouve tout de suite sur le bord de la mer, au centre. A l’information touristique du terminal, je me

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Punta del Este

Aujourd’hui, la journée sera chargée: de découvertes et d’émotions. Levée 5h15. J’ai un bus à prendre, le trajet est d’une durée de deux heures et demie. Comme je fais un aller/retour, pas question de dormir sur place, les prix étant exorbitants. Je vous amène à l’est de Montevideo dans une des stations balnéaires les plus en vogues : Punta del Este. Destination fréquentée par la classe riche du Brésil et de l’Argentine, je trouve une ville bien entretenue avec des maisons en bordure de l’océan à faire envie. Ville à l’aise, les prix sauront faire sursauter. Je parle du double de Montevideo. Le terminal du bus se trouvant bien situé, je me retrouve tout de suite sur le bord de la mer, au centre. A l’information touristique du terminal, je me

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procure un plan. Punta (pointe) del Este, est une pointe de terre s’avançant dans l’océan. Prenez la pointe d’un couteau et placez-y de l’eau tout autour. Vous aurez la mer à droite de la lame ainsi qu’à gauche. Et comme la pointe de terre n’est pas très large, une brise permanente souffle d’un côté à l’autre. La promenade « la rambla » fait également le tour. Cette rambla compte environ 5 km.

Mais quelle surprise, dès l’arrivée, de voir le monument emblème de Punta del Este. Vous le connaissez? Cette sculpture ancrée sur la plage attire mon attention. Je l’avais vue sur les photos…. Wow!! Maintenant ça y est. La main, on dit que ce serait la main d’un naufragé, d’un noyé. C’est un artiste chilien, Mario Irarrazábal qui en serait l’initiateur. On dit qu’il aurait sculpté d’autres mains, des doigts, des bras, des jambes ailleurs dans le monde dont entre autres à Venise, dans le désert d’Atacamam au Chili, à Madrid, au Mexique (Juarez), en Corée du Sud, aux États-Unis, en Irlande etc. L’œuvre date de 1982. C’est un artiste que je viens de découvrir. En allant sur internet, pour voir ses œuvres, c’est fascinant, hallucinant ce qu’il fait. Que

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de talent! Il a vraiment une tête de Chilien. Pour en revenir à cette main de Punta del Este, elle est toute blanche, faite de bronze. Les gens tournent autour comme une fourmilière. Dans ses œuvres, il utilise également l’aluminium, le plastique, le bois et la pierre. C’est l’arrêt photo incontournable de la ville. Je profite du passage d’un gentil Brésilien pour en faire autant. Puis, comme la plage est large, au sable fin de couleur beige, je décide d’enlever mes chaussures et de tourner dans tous les sens autour de la main. Cette main vue de devant, de derrière. Ses doigts avec les ongles. Je reste là, plantée en me disant que je ne reviendrai probablement jamais. Je tente d’imprégner ce moment à jamais dans ma mémoire. Je réfléchis à l’artiste qui laisse un message dans toutes ses réalisations, dans ce cas-ci celui du désespoir de la personne qui se noie. L’idée provoque un serrement de cœur. Cette plage n’a rien à voir avec celle de Piriapolis. C’est ample, c’est large comme les aiment les gens du Québec. Il est 9h30 du matin et déjà plusieurs personnes sont installées au bord de l’eau, pour la journée sans doute. Je suis témoin du langage de la plage : école de surf dont certains adeptes sont déjà à l’œuvre, cabines pour se changer, les enfants faisant des châteaux de sable, les vendeurs accrochant leurs vêtements sur une tige de bambou, les restos en bordure servant pâtisseries et le café matinal. Revenue sur la rambla afin de nettoyer mes pieds et de continuer mon chemin, je remets mes chaussures. Les gens ici, se tiennent en forme. On fait du jogging, on marche le long de la large rambla. Il y a de la place pour tout le monde. Le vent souffle ses odeurs du large. Je m’assois sur le parapet en regardant de tous côtés. Je suis libre face à un magnifique paysage de la mer. De l’autre côté de la rue, une enfilade de beaux appartements cossus me porte à rêver et à jouer à celui que je choisirais si la chance m’était donnée. Reprenant mon chemin, j’aperçois un sanctuaire à la Vierge construit directement sur la plage, dans un secteur plus rocailleux et dont le sol est fait de mini coquillages. Je m’approche, car je ne veux rien manquer. Il y a des visiteurs, priant et faisant des offrandes à la Vierge Santa Marie de Candelaria. Le rituel quoi : images, bougies, fleurs, lettres de remerciement. Plus loin, au bord de l’eau, dans un amoncellement de roches, deux sculptures de coquillages et de béton s’exhibent sur un fond de mer. M’approchant, il

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s’agit de divinités d’origine fluviale, deux sirènes à l’air hautain juchées sur un rocher. L’effet est pour tout le moins original et cadre bien dans ce contexte du large et d’immensité. Une dame de l’Argentine m’offre de prendre une photo.

Après m’être arrêtée pour manger une pomme et des noix, tout en admirant le paysage, les bateaux passant au loin, j’aboutis dans le port. Alors là, il y a de l’action. La pêche a été bonne; on rit et on parle fort. Sur les quais, on répare les filets, on les nettoie, on les enroule. Des tables en abondance échelonnées le long des péniches amarrées, permettent aux pêcheurs de nettoyer leurs prises : on gratte, on arrache, on lave, on dépèce les poissons, les mollusques. Je m’arrête pour parler avec eux. Doux moments pittoresques. Tout au fond, en retournant vers les bâtiments, des kiosques vendent le poisson frais proprement placé en étalage. Dommage qu’ils ne le fassent pas cuire directement sur place. Ils auraient beaucoup de succès.

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Miam, miam. Oméga 3, oméga 6 = santé. Que dire de mieux que de manger du bon poisson pêché le jour même? Faites votre choix.

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En poursuivant encore plus loin, auprès de pêcheurs préparant leurs filets de poisson, je me joins au spectacle des otaries qui rugissent et aux mouettes qui raillent se régalant généreusement de quelques résidus. Ils n’ont pas à travailler très fort car on leur lance carrément la nourriture à l’eau. Quelques oiseaux impatients préfèrent venir voler en vitesse les morceaux accumulés aux pieds des hommes. C’est la fête. Quel vacarme! Mouettes et otaries font bon ménage. Mais l’une de ces dernières me paraissant plus mature, fait sourire. Elle attend tout près du quai, la tête hors de l’eau, que le morceau entre directement dans sa gueule. Si le morceau tombe à côté de sa tête, elle ne bouge pas. C’est trop fatigant. Grosse paresseuse….

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Changement de thème, j’entre dans une galerie d’art dont les tableaux sont dédiés au grand peintre uruguayen, né à Montevideo : Carlos Paez Vilaro, décédé à l’âge respectable de 91 ans il y a à peine un an, en février 2014. Son style figuratif, de couleurs vives reflète la plupart du temps les gens qu’il a rencontrés au cours de ses nombreux voyages. Homme de plusieurs talents, il a également touché à la sculpture, la céramique, le cinéma ainsi que la littérature. Il a connu Picasso, Dali, De Chirico et Calder. Il avait une magnifique maison à 10 km de Punta del Este nommée « Casapueblo » où il vivait lorsque décédé. Des tours sont organisés le soir afin de voir du même coup le coucher du soleil mais comme je devais revenir sur Montevideo, je n’ai pu en profiter. Sa mort a été soulignée par le gouvernement uruguayen avec grand honneur et les gens ont participé à la célébration par milliers. Je vous encourage à aller voir sur internet : images correspondant à Casapueblo de Vilaro. C’est impressionnant ce qu’on y trouve. J’ai manqué quelque chose de très bien malheureusement. Zut!! Le temps est venu d’aller me régaler et de quoi vous pensez….. de poisson. Il serait inimaginable de manger autre chose dans un tel endroit. Dans un petit café, sur la terrasse extérieure, je commande la table d’hôte du jour : entrée

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de bouchées de poisson cuit servies sur de la laitue, le plat principal d’un poisson blanc grillé avec légumes cuits à la vapeur. Ce n’est pas santé ça? Et un sorbet pour me sucrer le bec. A boire? Une eau minérale sans gaz. Repas exquis. Je n’ai rien à redire. Le tout pour un prix raisonnable considérant que je suis à Punta del Este. Avant de reprendre le chemin du terminal, ayant un peu de temps à tuer, je prends quelques photos ici et là en traversant des rues plus résidentielles. A bord du bus, je songe à cette belle journée qui m’a fait découvrir un très joli coin de l’Uruguay. Après la marche, le soleil, la chaleur et le vent, rapidement je m’assoupis. J’entre chez moi vers 22h00.

Volet histoire

Cet endroit fut découvert dès le 14e siècle et les siècles suivants par de grands découvreurs dont les plus familiers seraient : Magellan, Vespucci, Solis. Chacun y alla de sa version d’analyse des lieux en donnant à Punta del Este différents noms. Plus près de nous, au cours de la 2e guerre mondiale, les Anglais patrouillaient les environs navigables afin de circuler à leur gré. Une grande bataille a eu lieu alors qu’un destroyer allemand voguait impunément dans les parages. Trois flottes anglaises se lancèrent à sa poursuite. Coincé dans un étau, après avoir consulté Hitler, le capitaine fit sauter son bateau et prit la poudre d’escampette vers l’Argentine où il se suicida quelques jours plus tard.

Ceci est ma dernière chronique sur l’Uruguay. Je poursuivrai, dans mon prochain envoi, en Argentine. Merci de me lire et j’aimerais obtenir vos commentaires. Amicalement, Christiane Dorval