QUALQUES INSTRUMENTS QUALQUES INSTRUMENTS DEL BAL OCCITANDEL BAL OCCITAN

CYCLE 3

Alain Floutard, conselhièr pedagogic d’occitan IA31

DES INTRUMENTS TRÈS ANCIENS

Les cornemuses, hautbois, flûtes, percussions et d’autres instruments comme le luth, la vielle à roue ou le rebec (ancêtre du violon) sont très anciens et font partie du patrimoine collectif.

Dans les musées, sur les monuments, dans les églises, on peut notamment admirer de nombreuses peintures, des sculptures, des bas-reliefs, des vitraux, datant du Moyen-âge, représentant des musiciens.

Cornemuse et tambourinDétail d'un chapiteau polychrome de l'église

de Villardonnel (Aude).

Roi Tamborinaire.(origine non identifiée)

Joueur de rebec,Porte Miègeville de la

Basilique St SerninToulouse

Joueur de bodega (XVe s)Plafond du château de Capestang.

(Hérault)

Hautbois et cornemuse,Église de Cazeaux de Larboust.

(Haute-Garonne)

LA BODEGA / LA CRABA

Jouée en Languedoc, dans la Montagne noire et le Sidobre (à cheval sur le Tarn, l'Aude, l'Hérault et la Haute-Garonne), la « bodega » est la plus grosse cornemuse que l'on puisse trouver en France.

Son nom occitan désigne une outre à vin, ce qui témoigne de sa taille importante. La poche de cette cornemuse est, en effet, faite d'une peau entière de chèvre adulte et peut contenir entre 80 et 100 litres d'air: c'est pour cela qu'on appelle également cet instrument la « craba », mot qui signifie chèvre en occitan.

Comme pour la plupart des cornemuses, le bois utilisé dans la fabrication d'une « bodega » est dur et résistant. Il provient d'un arbuste que l'on trouve dans les taillis: le buis. Certaines pièces, plus décoratives, sont fabriquées dans de la corne de vache.

Le musicien qui joue de la « bodega » est désigné par le terme de « bodegaire » ou de « crabaire ». Sa cornemuse, au son puissant, est souvent richement décorée de pompons, de guirlandes, de franges de laine. Pour jouer sa musique, le « bodegaire » souffle dans un petit tuyau en bois appelé « bufet ». Il presse ensuite la « pèl » (la poche) avec son avant bras pour comprimer l'air qu'elle contient.

L'air s'échappe par un morceau de bois cylindrique percé de trous, le « graile », sur lequel le musicien joue la mélodie. L'air s'échappe également par un long et gros tuyau en buis terminé par un pavillon, la « bonda », constitué de deux pièces de buis qui s'emboîtent l'une dans l'autre et que le « bodegaire » pose sur son épaule.

Comme dans toutes les cornemuses, le son est produit par un petit ustensile invisible à l'oeil nu que la pression de l'air fait vibrer: une anche (voir explication en fin de dossier).

Si le « graile » permet de jouer les notes de la mélodie, la « bonda » produit une seule note grave, en continu, désignée par le terme de bourdon du fait de sa ressemblance avec le bruit des ailes de cet insecte.

L'aire d'origine de cette cornemuse ancienne est très limitée, comprise entre Castres (Tarn), Revel (Haute garonne), Castelnaudary (Aude), Saint Pons (Hérault).

LA BOHA

« Bohar » signifie souffler en occitan gascon. Également désignée par le terme plus commun de landaise, la « boha » est une petite cornemuse jouée traditionnellement dans le nord des Landes, dans le sud de la Gironde et à l'est du Lot et Garonne.

La poche de l'instrument est faite d'une peau de chevreau ou de chevrette, les différentes pièces de bois sont fabriquées dans du buis et décorées avec des bagues en corne, des incrustations d'étain ainsi que des motifs gravés au couteau.

Le musicien qui joue de la « boha » s'appelle un « bohaire ». Pour faire chanter son instrument, le « bohaire » souffle dans le « bohet ». En pressant la poche, l'air passe dans une pièce de buis appelée: lo « pivet ».

Le « pivet » est constitué de deux conduits parallèles. Le premier conduit, percé de plusieurs trous, permet de jouer la mélodie. Le second joue un bourdon, en continu. Nous remarquerons que le tuyau de ce bourdon est percé d'un trou, ce qui permet d'obtenir deux notes d'accompagnement selon que celui-ci est bouché ou ouvert.

Aire de jeu de la boha.

L'AUBOÈS – LO GRAILE – LO CLARIN

Populairement dénommés « trompettes en bois », les hautbois rustiques (« auboès », en occitan) ont un son puissant et nasillard. Comme les cornemuses, ils sont généralement fabriqués en buis et sont décorés de bagues en corne de vache. Le son provient d'une anche que le musicien place dans sa bouche et pince entre ses lèvres.

Il existe plusieurs formes de hautbois que l'on trouve en Languedoc, dans les Cévennes et dans les Pyrénées. Parmi tous ces différents instruments, le « graile » accompagne traditionnellement la « bodega » avec laquelle il aime jouer en duo. Le « clarin » est un petit hautbois, au son très aigu, originaire des Pyrénées (Béarn et Bigorre). Accompagné du tambour, le hautbois de Sète, fabriqué en olivier, anime traditionnellement les joutes nautiques de cette ville.

Hautbois de Sète et joutes nautiques.

Lo clariHautbois d'AriègeLo graile

LA FLAÜTA / LO TON-TON / LO PIFRE

La particularité de la flûte gasconne, appelée « flaüta », est que cet instrument n'a que trois trous et qu'il se joue avec une seule main. Le musicien doit souffler plus ou moins fort dans son instrument pour jouer toutes les notes, ce qui n'est pas facile ! En même temps qu'il joue de la flûte, le « flaütaire » frappe, de son autre main libre, avec une mailloche, sur un tambourin à cordes appelé « ton-ton ». Il rythme ainsi la mélodie de la danse.

À chaque percussion, les cordes de l'instrument résonnent en produisant un son qui ressemble à quelque chose comme « toun-toun !». De là vient le nom de ce tambourin un peu particulier.

Vieille « flaüta » de collection : deux trous au dessus de l'instrument, le troisième est situé de l'autre côté.Avec le temps, le bois s'est légèrement courbé.

Lo « pifre » est le nom occitan du fifre. Fabriqué en buis, en ébène ou en roseau, cet instrument est une petite flûte traversière simple, au son plutôt aigu, que l'on joue traditionnellement en Gascogne, en Languedoc et en Provence. Le joueur de fifre s'appelle, en occitan, un « pifraire ».

L'ACORDEON

Les flûtes, hautbois et cornemuses, percussions, sont des instruments très anciens dont l'on peut trouver des représentations datant du moyen-âge et bien avant. L'accordéon est un instrument plus récent, inventé vers le milieu du XIXème siècle, qui s'est popularisé par la suite dans le monde entier.

Les musiciens des villes et des campagnes ont vite adopté l'accordéon. S'il était difficile, en effet, de se procurer une cornemuse ou un hautbois, on pouvait facilement trouver ces instruments (fabriqués en usine) sur les premiers catalogues de vente par correspondance de la fin du XIXème et du début du XXème siècle, comme le montrent les deux images ci-dessous.

Constitués de deux caisses en bois reliées par un soufflet, certains accordéons sont richement décorés de marqueteries: les motifs de décoration sont découpés dans des bois de différentes couleurs, ajustés et emboîtés les uns dans les autres.

Les caisses sont munies de claviers avec des boutons. Le clavier de la main droite joue la mélodie, le clavier de la main gauche joue un accompagnement. Chaque bouton active un mécanisme de ressorts et de soupapes qui bouchent des trous percés sur le côté de la caisse. À l'intérieur de celle-ci, invisibles à l'oeil nu, des anches sont fixées sur des sommiers, en face de chaque trou.

Pour jouer de l'accordéon, le musicien tire ou pousse sur le soufflet et actionne les boutons des claviers. Lorsqu'il appuie sur un bouton, une soupape se soulève et l'air s'échappe par le trou correspondant en faisant vibrer une anche, au passage.

LO BRAMA-TOPIN / BRAU

Parmi les très nombreuses percussions utilisées dans la musique occitane, le « brama-topin » est un instrument plutôt original.

Il s'agit d'un vieux pot en grés (un « topin » en occitan) dont on a enlevé le fond et sur lequel est tendue une peau tannée ou une vessie de porc séchée. Cette peau est percée d'un trou en son centre renforcé par une pièce de cuir dur collée.

En raclant cette pièce de cuir avec un bâton lisse, on obtient un son amusant qui n'est pas sans rappeler le bruit d'un gros pet.

Le musicien tient le « topin » sous un bras et, de la main opposée, fait coulisser le bâton dans le trou de l'instrument pour rythmer la danse ou le chant. On dit qu'il fait « bramer » le pot: d'où le nom de « brama-topin » donné à cet instrument. Le son obtenu rappelle parfois le meuglement du boeuf, « brau » en occitan.

PRONONCIATION DES TERMES OCCITANS :

L'acordeon (la-cour-dé-oun)L’auboès (laou-bouès)La bodega (la bou-dé go)Lo bodegaire (lou boudé-gaï-ré)La boha (la bou-ho) Lo bohaire (lou bou-haï-ré) Bohar (bou-ha)Lo bohet (lou bou-hét)La bonda (la boun-do)Lo brama-topin (lou bra-mo tou-pi)Lo brau (lou braou)Lo bufet (lou bu-fét)Lo clarin (lou cla-ri)La craba (la cra-bo)Lo crabaire (lou cra-baï-ré)La flaüta gascona (la fla-ü-to gas-cou-no)Lo flaütaire (lou fla-ü-taï-ré)Lo graile (lou graï-lé)La pèl (la pèl)Lo pifre (lou pi-fre)Lo pifraire (lou pi-fraï-ré)Lo pivet (lou pi-wét)Lo ton-ton (lou toun-toun)

NB: La syllabe accentuée est notée en caractère gras.

COMMENT ÇA MARCHE ? Le point commun entre les cornemuses, les hautbois et l'accordéon est que ce sont tous des instruments à vent dont le son est produit par une anche.

Une anche est une languette que l'air fait vibrer et dont les vibrations produisent des sons. Ces languettes sont de matériaux différents: en roseau ou en plastique pour les hautbois et cornemuses, en acier pour les accordéons.

Les musiciens utilisent deux sortes d'anches appelées: anche simple et anche double.

Les anches « simples » sont des petits cylindres de roseau, de paille, de plume d'oie ou d'aigle dans lesquels on taille une fine lamelle. Les vibrations de cette lamelle sur leur socle provoquent des sons. Les anches « doubles » sont constituées de deux lamelles de roseau, attachées ensemble sur un petit tuyau de cuivre, qui produisent un son en vibrant l'une contre l'autre.

Le problème du roseau et des autres matériaux traditionnels, c'est qu'ils sont très sensibles à l'humidité, aux écarts de température. C'est pourquoi, de nos jours, les musiciens utilisent souvent des anches en matière plastique qui sont beaucoup plus stables et moins fragiles.

Sur un accordéon les anches sont en acier et rivetées sur un sommier (socle) en aluminium.

Dossier conçu et réalisé par

ALAIN FLOUTARDCPD OCCITAN

Photos glanées sur Internet.Clichés page 2 site de Catherine et Jean Luc Matte (iconographie de la cornemuse en France).

Anche simple Anche double