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Brèves Assemblée générale Formation des élus P. 3 Opération Siège social Sogal à La Jumellière P. 10 P1 N°60 Avril 2013 Quand la ville pousse… La publication trimestrielle du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Maine-et-Loire (CAUE) et de la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage (MATP)

Quand la ville pousse…

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Imago n°60 - Avril 2013 Publication trimestrielle du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Maine-et-Loire (CAUE) et de la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage (MATP)

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Page 1: Quand la ville pousse…

BrèvesAssemblée générale

Formation des élusP. 3

OpérationSiège social Sogal

à La JumellièreP. 10

P1

N°60Avril2013

Quand la ville pousse…

La publication trimestrielle du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Maine-et-Loire (CAUE) et de la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage (MATP)

Page 2: Quand la ville pousse…

QUAND LA VILLE POUSSEL’exposition explore le rôle et les différents usages du végétal dans la ville à travers quatre thè-mes : le végétal comme élément de composition urbaine, le végé-tal comme lien social, le végétal comme outil de régulation et le végétal comme vecteur d’écolo-gie urbaine. De la ville à l’immeu-ble, les différentes échelles du projet urbain sont illustrées par des réalisations locales, nationa-les et internationales récentes.Du 21 mars au 2 juin 2013

“O” PhOtOgrAPhIES DE SImON JOUrDANLe photographe Simon Jourdan vit et travaille en Maine-et-Loire. Dans ce docu-artistique, sa quête est double : sensibiliser aux ques-tions environnementales liées à l’eau et montrer la diversité des paysages de l’eau de notre dépar-tement. Il sillonne ainsi durant six mois les bords des rivières et leurs petits et grands affluents, de la Sarthe, en passant par la Mayen-ne, l’Oudon, la Maine, le Layon, la Loire… Il recourt à une technique précise, l’anaglyphe. Seules les lunettes 3D rouge et bleu permet-tent ensuite au visiteur de recons-tituer une image en relief. Du 12 juin au 30 août 2013

Conférence inauguraleLe paysage dans la photographie contemporaine par Paul Vancas-sel, photographe, président de « Photo à l’Ouest » et chercheur associé au PREFICS (Université Rennes 2)mercredi 12 juin 2013 à 18 h

312 avenue rené gasnier - 49100 ANgErStél. 02 41 22 99 99 / courriel : [email protected]

Lieu d’exposition ouvert du lundi au vendredi de 9 h à 12 h 30et de 14 h à 18 h, le dimanche de 14 h à 18 h.

AGENDA

Il semble que dans l’esprit du plus grand nombre, ville et végétal ne fassent pas bon ménage. On assimile la ville au minéral, béton et bitume. On comprend la croissance de la ville comme l’inexorable prédation de l’espace agri-cole, champ de maisons grignotant inlassablement le ca-

dre bucolique de la campagne environnante dans un combat déséquilibré et d’avance perdu. La ville s’étale et étend l’imper-méabilisation de ses sols comme une marée noire souillant le littoral. Son image est celle de la dureté, de la violence et du gris que l’on compare dans la nostalgie avec celle d’un éden originel fait de douceur, de calme et de clarté. La tour contre la pomme, l’asphalte routier contre la verdure ondulante de prai-ries, les gaz d’échappement contre le parfum des fleurs ou de la rosée matinale.Mais la réalité est bien différente ! De toute éternité, l’implanta-tion regroupée des hommes et la constitution des villes se sont faites en relation avec la nature et ont composé avec elle. La relation à l’eau est sans doute la première assimilation en ce qu’elle est vitale pour l’homme et ses troupeaux et que le gué reste l’un des moteurs principaux de l’implantation de la cité. Par ailleurs, le végétal, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, par-ticipe du vocabulaire urbain et organise le paysage de la ville. Les jardins de Nabuchodonosor inaugurent l’idée même de la civilisation urbaine et constituent l’attractivité de Babylone, septième Merveille du monde antique. La ville compose depuis toujours avec le végétal.Alors que l’exigence écologique et l’économie générale de la gestion de l’espace nécessitent une autre façon de faire la ville du xxie siècle, la place du végétal est aujourd’hui reconsidérée. La Renaissance puis la période classique avaient introduit le végétal comme un matériau de composition et d’ordonnance-ment de la ville, le xxie siècle en avait fait l’avant-garde de sa lutte contre l’insalubrité et pour la santé publique, les prochai-nes décennies pourraient consacrer le végétal dans sa fonction d’harmonisation sociale et de régulation climatique et inviter à la réconciliation définitive entre la ville et la nature. L’arbre, le jardin ou le parc ne seraient plus seulement des repères, ils contribueraient aussi à la qualité du vivre ensemble, dans la ville dense.Dans le cadre de ce « Printemps de l’Architecture » qui s’ouvre en Pays de la Loire, le CAUE de Maine-et-Loire a souhaité s’at-tacher à cette relation forte que le végétal entretient avec la ville dans un département largement tourné vers son économie de production, de gestion et de recherche. L’exposition « Quand la ville pousse… » qu’il a produit et propose jusqu’au 2 juin, en est une expression que j’invite le plus grand nombre à visiter.

ProGrAmmE mATP

FEStIVAL DES JArDINS DE ChAUmONt-SUr-LOIrE22e Festival International des Jardins sur le thème « Jardins des sensations » Chaumont-sur-Loire

www.domaine-chaumont.frDu 24 avril au 20 oct. 2013

JPPm - JOUrNÉES DU PAtrImOINE DE PAYS Et DES mOULINS16e édition sur le thème « Le Patrimoine rond »Le patrimoine de pays est la trace du travail et du goût de bien-faire de ceux qui nous ont précédés. Paysages marqués par l’homme, bâtiments, et à l’intérieur de ceux-ci, marques de la vie des hommes et de leur industrie : on ne les aime qu’à condition de les connaître et de les comprendre.

www.patrimoine-environnement.fr Les 15 et 16 juin 2013

rAYmOND hUArDSCULPtEUrEntre figuration et abstraction, Raymond Huard propose un regard sur l’ensemble de sa carrière de sculpteur. Ses portraits d’une grande sensibilité ainsi que les sculptures abstraites révèlent son amour de la matière et l’attention toute particulière qu’il porte à ses modèles. Une découverte surprenante… musée Jules-Desbois à Parçay-les-Pins (49)Du 6 avril au 15 sept. 2013

EXPOSITIONS

Wang Shu « le jardin des nuées qui s’attardent »

Gilles LEROYConseiller général de BeaupréauPrésident du CAUE de Maine-et-Loire

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ÉDITo

SOmmAIrE

AgENDA / En Maine-et-Loire et ailleurs.................................................................P.2PrOgrAmmE mAtP / Avril-juin 2013 .................................................................. P.2BrèVES / Assemblée générale / Film « Mr. Foster » / Formation des élus ........ P.3DOSSIEr / La ville dense avec le végétal ............................................................. P.4OPÉrAtION / Siège social Sogal à La Jumellière................. ............................... P.10DÉCOUVErtE / M’Gombani dé wasi !.................................................................. P.12

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CArLO SCArPAArchitecte, auteur d’édifices au-jourd’hui mythiques comme la tombe Brion, il fut aussi un maî-tre dans l’art d’exposer...Philippe Duboÿ, architecte et historien d’art Jeudi 11 avril 2013 à 18h30

L’hÔPItAL : UNE ArChItEC-tUrE DANS LA VILLESéquence 2 - le CESAME à Sainte-Gemmes-sur-LoireMichel Savoire, ingénieur du CESAME et Philippe Bodinier, architecte de l’agence Édifices architectesJeudi 18 avril 2013 à 18h30

DEVENIr DES LIEUx DE CULtESéquence 1 - Conservation et reconversion : deux exemples de chapelle en Maine-et-LoireDominique Latron, architecte des bâtiments de France, Valérie Legrand, architecte du patrimoine,

Sophie Seigneurin, architecte et Laurent GendreJeudi 16 mai 2013 à 18h30

DEVENIr DES LIEUx DE CULtESéquence 2 - Déconstruction-reconstruction, l’exemple de Sainte-Gemmes-d’AndignéBénédicte Flamand, adjointe à l’urbanisme de Sainte-Gemmes-d’Andigné, Bernard Hamon, re-présentant du diocèse et Bernard Penneron, architecte du patrimoineJeudi 20 juin 2013 à 18h30

trÉLAzÉLE grAND BELLEVUEConçu dans les années 1960, le quartier du Grand Bellevue est l’un des premiers projets de réno-vation urbaine engagé en France. Rendez-vous place Picasso à Trélazé. Renseignements auprès du CAUE 49 au 02 41 22 99 99 / [email protected] 15 mai 2013 de 14 h 30 à 17h

ANgErS / LE NOUVEAU CAmPUS ESEOSurplombant la Maine et les bas-ses vallées, le nouvel établisse-ment angevin du groupe ESEO constitue un élément signal du quartier des Capucins en cours d’urbanisation.Rendez-vous à l’ESEO, 10 bd Jean Jeanneteau à Angers. Ren-seignements auprès du CAUE 49 au 02 41 22 99 99 / [email protected] 25 mai à 10h

DUrtAL / ENtrE LOIr Et Ar gANCEDu quartier médiéval Saint-Léonard à son réseau de canaux, le parcours longera le Loir pour dé couvrir les nouveaux équipements puis les aménagements paysagers du quartier du Val d’Argance pour se terminer par les projets du cœur historique.Rendez-vous place des Terrasses à Durtal. Renseignements auprès du CAUE 49 au 02 41 22 99 99 / [email protected] 1er juin de 14 h 30 à 17 h

VISITES

312 avenue rené gasnier - 49100 ANgErStél. 02 41 22 99 99 / courriel : [email protected]

Lieu d’exposition ouvert du lundi au vendredi de 9 h à 12 h 30et de 14 h à 18 h, le dimanche de 14 h à 18 h.

ProGrAmmE mATP

COUrS d’ArChITECTUrEà l’Institut municipal à Angers

rENCONTrESActualités départementales

INtErNEt

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FOrmAtION DES ÉLUSAVRIL À JUIN 2013

BrèvEs

Dans le cadre de sa mission de formation le CAUE propose chaque année, en partenariatavec l’Association des maires de maine-et-Loire,un programme de formations destiné aux élus.

Renseignements et inscriptions auprès de Véronique LEBOUVIER / Tél. 02 41 22 99 94 - Mail : [email protected] / Programme consultable sur le site : www.caue49.com

hOw mUCh DOES YOUr BUILD IND wEIgh, mr. FOStEr ?JEUDI 4 AVRIL À 20 H 15Film de Norberto Lopez Amado et Carlos Cascas, 2010 - Royaume-Uni / Espagne / 78 min.À travers un voyage dans de nombreux pays, ce documen taire suit l’ascension de Nor man Foster, né dans une famille populaire de Manchester et reconnu aujourd’hui comme l’un des architectes les plus brillants de son époque.La séance sera ouverte par une intervention de Laurent

Rossez, ingénieur, président du Pôle éco-construction Novabuild et vice-président de AIA Associés. Cinéma les 400 Coups - 12 rue Claveau à Angers

ASSEmBLÉE gÉNÉrALE 2013PAS SI ORDINAIRE !

Le 24 mai à 17 h 30 se réunira l’Assem-blée générale annuelle du CAUE de Maine-et-Loire. Cette rencontre aura lieu à la Maison de l’Architecture, des territoires et du Paysage à Angers.Dans un contexte législatif et institu-tionnel en pleine ébullition (lois sur la décentralisation, le logement et l’urbanisme, le patrimoine, l’égalité des territoires, la biodiversité, etc.), les CAUE sont au cœur de bien des débats. Leur atypicité interroge, leur bilan surprend (le plus souvent très positive-ment), leur indépendance questionne, on convoite leur financement. L’Assemblée générale sera le temps du débat et de l’évaluation de l’action.À l’heure où l’orientation peut être décisive, votre présence, nombreuse, nous est indispensable… BL

ExtrAIt DU PrOgrAmmE 2013Finances communales : mettre en place une comptabilité analytique adaptée à sa commune

12/04/2013

réduire la facture d’énergie de la commune 17/04/2013

Construire un équipement public > rôle et responsabilités de la maîtrise d’ouvrage

20/04/2013

restauration scolaire : comment élaborer le règlement intérieur ? 27/04/2013

Conférence > La communication en période pré-électorale 15/05/2013

Valoriser le patrimoine historique de sa commune 17/05/2013

Introduire des produits locaux en restauration collective… 23/05/2013

Construire un équipement public > maîtriser les coûts d’investissement 25/05/2013

Nouvelles formes de coopération : une chance pour le milieu rural ? 29/05/2013

Le PLUi 01/06/2013

rénover thermiquement ses bâtiments communaux 05/06/2013

Fleurissement 1 : Stratégie de fleurissement durable 13/06/2013

Les rendez-vous de l’actualité > Point sur la réforme territoriale 15/06/2013

mieux connaître, accompagner et communiquer avec les entreprises de son territoire

21/06/2013

Fleurissement 2 : Aménager les différents espaces de sa commune 27/06/2013

CINÉmA

Val d’Argance, Durtal, 2010, Egis Aménagement

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Cette croissance a priori inéluctable de la ville, pose bien évidemment la ques-tion de la capacité d’une agglomération humaine à offrir la qualité et l’apaise-ment du vivre ensemble. La violence ur-baine qu’accompagne le développement non maîtrisé de la ville, de Lagos à Sao Paulo et dans bien d’autres mégalopoles, comme la marque encore bien vivante de la révolte des banlieues françaises, mon-trent assez que cet enjeu pourrait être au cœur des problématiques de la ville du xxie siècle.

En quoi est-ce que le végétal peut ap-porter une réponse à ces immenses ques-tions ? N’est-ce pas d’abord lui qui subit la croissance urbaine par la consommation d’espace agricole ou rural qu’elle suppose ?

En 2011, pour la première fois depuis la guerre, l’espace forestier français a ré-gressé du fait de l’extension des villes et des infrastructures. Près de trois exploi-tations agricoles cessent leurs activités chaque jour en France, sans repreneur. Le végétal et la biodiversité dont on sait par ailleurs le rôle vital, sont les premières victimes de cette accélération.

Mais le végétal est aussi une compo-sante essentielle et traditionnelle de l’or-ganisation urbaine et de son esthétique. On sait d’autre part aujourd’hui qu’il est aussi un facteur de cohésion sociale com-me l’attestent nombre d’études réalisées en Europe ou aux États-Unis. Le végétal est encore compris comme un élément de la gestion durable de la ville et d’une cer-

taine forme de biodiversité. Des recher-ches récentes montrent enfin qu’il est un facteur de régulation climatique et l’un des outils urbains de la lutte contre les effets du réchauffement.Ces quatre vertus montrent assez que la ville du xxie siècle sera végétale et que le rêve d’une réconciliation entre nature et cité n’est pas inaccessible.

Le végétal, un vocabulaire traditionnel de la composition urbaine

Depuis l’origine de l’humanité, le végé-tal est un élément fondateur du regrou-pement humain et de la constitution de la cité. Il s’agit d’abord du végétal nourricier, celui de l’oasis qui suppose le rassem-blement, l’agglomération, le commerce et l’échange. Il s’agit aussi de l’eau, autre élément vital, qui fixe les populations et qu’accompagne une végétation spécifi-que le plus souvent utile à la construction de l’abri puis de l’habitat et enfin support de l’écriture donc de l’échange et du déve-loppement culturel. Il s’agit enfin de la va-

DossIEr

réalisation de 25 logements, zAC du Seque, Bayonne (64), 2012, Agence Patrick Arotcharen

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La ville dense

Depuis 2007, plus de la moitié de la population mondiale est urbaine et la dynamique démographique actuelle suppose que les trois quarts d’entre nous vivront en ville à

l’échéance de 2050. Le Service d’Observation et de Statistiques environnementales constatait en 2006 que l’équivalent de la surface d’un département français a été artificialisée tous les 10 ans depuis les années 80 du fait de l’avancement de l’urbanisation et de l’étalement urbain.

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leur symbolique du végétal, arbre source de vie, repère social voir mystique partici-pant à l’organisation de la cité et à la hié-rarchie de ses valeurs. Arbre à palabres, chêne des druides ou de Saint-Louis, lieu d’échanges ou de justice, le végétal est alors une marque d’appropriation collec-tive et de sacré.

Au-delà de ces fonctions originelles et dans le cadre de l’épanouissement pro-gressif de la civilisation urbaine, le vé-gétal participe à la représentation de la ville et à l’épanouissement de son usage. Le végétal est un outil au service de l’or-donnancement et, notamment, de cette composition si particulière de l’école fran-çaise. Après que se soient exprimées les œuvres urbaines associant le monumen-tal aux grandes perspectives, la « prome-nade », le « cours » où le « boulevard » seront ainsi, dès l’époque classique (l’al-lée Jeanne d’Arc à Angers est créée en 1617, les Champs-Élysées à Paris datent de 1670) et jusqu’à la libération spatiale que représentera au xixe siècle l’arase-ment des enceintes médiévales, le lieu de

la rencontre et de la vie urbaine, un espa-ce de civilités. Le végétal y constitue l’élé-ment structurant d’une interface stratégi-que entre cœur de ville dense, faubourgs et campagne. Ces lieux nouveaux sont aussi espaces d’innovation et de loisirs où l’on fait jouer l’orphéon municipal et où les marchands ambulants expérimentent de nouveaux plaisirs comme la vente de glaces à l’italienne. Cette fonction associe plantations d’alignement, mails et jardins publics ; elle est essentiellement publique et végétale.

Le végétal, une contribution à la cohésion et à la paix sociales

Des études menées à Zürich, Sheffield ou Chicago montrent que les « espaces verts ont une faculté d’apaisement des tensions sociales » et que « la biodiver-sité ne fait pas que nous apporter une ré-gulation de notre environnement physique - air, eau, température, bruit - mais qu’elle agit aussi sur notre psychisme. L’accès à un espace végétal varié, voire simplement sa vue, diminue le stress, réduit la fatigue nerveuse et psychologique, contribue à prévenir l’obésité chez les enfants, faci-lite la concentration, favorise la rémission d’une maladie, apaise ». Cette relation entre santé publique, cohésion sociale et présence végétale n’est pas nouvelle et le xixe siècle fait à ce niveau référence par la contribution à l’hygiène que constituait la création des grands parcs urbains à Lon-

dres ou à Paris où l’idée de cités-jardins promue par Howard en réponse au mal lo-gement des populations ouvrières et aux désordres sociaux induits par la misère des « suburbs » (banlieues anglaises).

Aujourd’hui, ce contexte est complété par une nouvelle dimension donnée aux espaces partagés, ceux d’une agriculture urbaine que certaines grandes mégalopo-les imposent de plus en plus comme vec-teurs d’une nouvelle approche collective de la gestion urbaine autant que comme palliatifs à l’artificialisation des sols. Le toit-terrasse cultivé produit de la nourritu-re mais participe aussi, par l’organisation de sa gestion collective, d’une commu-nauté urbaine apaisée. La résidentialisa-tion des immeubles à occupation sociale participe de cette même dynamique en ce qu’elle se traduit par la disponibilité de jar-dins familiaux qui sont autant de facteur d’appropriation d’espaces anciennement compris comme délaissés inhospitaliers et, de ce fait, rejetés. Il en est de même avec le concept de trames verte et bleue promu par les Grenelles de l’Environne-ment et dont la mise en œuvre dans les documents d’urbanisme devra nécessai-rement être complétée par l’invention de modes de gestion et d’appropriation impli-quant les habitants. L’espace végétalisé dans la ville n’est ainsi pas seulement un élément de représentation, il est aussi un mode d’occuper l’espace public en ren-dant l’habitant actif, c’est-à-dire citoyen.

DossIEr : LA vILLE DENsE AvEC LE vÉGÉTAL

« La ville a rendez-vous avec la nature, comme la lune avec le soleil,

mais elle ne le sait pas ! » Thierry PAQUOT (2004)

réalisation de 25 logements, zAC du Seque, Bayonne (64), 2012, Agence Patrick Arotcharen

La ville dense avec le végétal

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Le végétal, un facteur d’écologie urbaine

La végétalisation, l’utilisation rationnelle des ressources ou encore la régulation du microclimat ne sont pas des questions nouvelles pour les villes. Mais c’est véritablement dans les années 2000 que l’urbanisme place le végétal et avec lui les autres composantes de la nature (l’air, l’eau…) au même niveau que les aspirations d’harmonie sociale et d’économie du projet. La « ville durable », « l’éco-quartier », le « parc urbain naturel »… s’inscrivent en concept régénérateur du tissu urbain dans ses dimensions environnementales, sociaux-économiques et culturelles.

L’urbanisme de l’entre-deux-guerres avait pourtant trop souvent réduit à « l’es-pace vert », fonctionnel et aseptisé, une discipline qui avait porté ses premiers fruits dans les concepts de « cité-jardin » d’Howard ou des grands parcs urbains d’Olmsted.

Les lois Grenelle auront contribué plus récemment à inscrire et donner forme au végétal dans les documents d’urbanisme, notamment à travers les concepts de tra-mes verte et bleue. La nature et ses com-posantes, dont le végétal, sont fondement du projet urbain, et outil de planification à toutes les échelles. Les projets d’éco-quartiers fleurissent, les composantes de nature des villes sont plus que jamais des atouts à revaloriser, comme autant de lieux d’épanouissement de l’homme et des richesses biologiques enfin réconciliés.

Pourtant, dans les esprits, ville et na-ture s’opposent et, à juste titre, car le développement urbain est véritablement une cause d’érosion de la biodiversité. On comprend parfaitement l’hostilité urbaine quant au développement d’une vie « sau-vage » : faible disponibilité de « sol nu », fragmentation des habitats naturels (zo-nes humides, bocage…), nuisances so-nores, éclairage continu, infrastructures comme autant de barrières physiques à l’expansion de la vie sous toutes ses for-mes. Pourtant, au cas par cas, on consta-te que les zones urbaines sont souvent bien plus riches en biodiversité que leurs environs. Et pour cause, la pollution at-mosphérique concentre l’azote (principal élément nutritif des plantes) 160 à 350 % plus qu’à la campagne, la chaleur est omniprésente, hommes, animaux domes-tiques et véhicules en tous genres parti-cipent à la dissémination des graines… La ville s’avère être un terrain fertile plus qu’une terre inhospitalière. Ce qui ravive une vision optimiste et dynamique d’un urbanisme contemporain dont l’écologie fonderait les principes.

C’est ce que le programme de recher-che ECORURB (pour ECOlogie à l’inter-face Rural/URBain) a cherché à révéler, par l’observation attentive des processus de colonisation et d’adaptation du végétal dans les trois grandes agglomérations de l’Ouest, Rennes, Nantes et Angers, entre 2003 et 2012.

Les résultats sont surprenants ; d’abord, la biodiversité croît avec la densité urbai-ne : « À Angers, sur l’ensemble des espa-

ces boisés analysés, nous avons observé une plus grande richesse et diversité vé-gétale dans les boisements proches de la ville que dans les boisements ruraux, avec une variation importante de la composition floristique ». Par ailleurs, l’étude montre l’importance de « la forme » des espaces de nature ; dans la ville, il serait préférable de préserver plusieurs petits bois, disper-sés, qui contribuent davantage au déve-loppement d’une flore diversifiée, plutôt qu’un ou quelques grands bois. De quoi alimenter les politiques de planification urbaine écologique, aujourd’hui fortement convaincues par les concepts de trames et de corridors. La vérité est « qu’on ne dispose pas aujourd’hui d’assez de recul sur la pertinence de ces concepts en mi-lieux urbains » ; au contraire, ils pourraient favoriser l’invasion d’espèces indésirables dans la ville et à l’inverse des espèces exotiques urbaines pourraient perturber la végétation locale avoisinante.

Une chose est sûre, les politiques de gestion du végétal en ville sont en pleine mutation et font appel de façon crois-sante à une responsabilité collective. Le Muséum national d’Histoire naturelle propose d’aller plus loin dans l’engage-ment citoyen à travers la mise en place d’un observatoire de sciences participa-tives baptisées « sauvages de ma rue ». Ainsi chacun participe à l’identification des plantes spontanées qui conquièrent progressivement nos trottoirs et aide les collectivités à identifier la richesse floris-tique de leur territoire.

DossIEr : LA vILLE DENsE AvEC LE vÉGÉTAL

high Line Park, New-York, 2009/2012, James Corner Field Operations, avec les architectes Diller Scofidio pour la section 1 (2009) et renfro pour la section 2 (2011), Piet Oudolf, paysagiste

LA CASE à CAzALS

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Les volontaires se rendent sur le site web dédié où il est possible de signaler et de repérer la plante sur une carte et de lais-ser photographies et commentaires sur l’espèce identifiée.Une démarche qui permettra de savoir si « les interstices urbains peuvent être utiles à la dissémination de certaines plantes, en servant de relais entre des populations plus grandes qui habitent par exemple dans les parcs ». Et à plus long terme, évaluer l’impact des politiques de gestion des espaces verts sur cette flore identifiée.

Le végétal, un moyen de régulation et de confort urbain

Le xxie siècle verra des bouleverse-ments climatiques majeurs et sans pré-cédent. Le 4e rapport du GIEC en 2007 est alarmant : la production de gaz à effet de serre, principale cause du réchauffe-

ment climatique, ne cesse de croître. En 2100, la température moyenne à la sur-face du globe devrait osciller entre 1,4 et 6 degrés de plus qu’à l’heure actuelle. Conséquence : des étés plus chauds,

plus secs, caniculaires (l’été 2003 aurait fait 70 000 victimes en Europe), et à l’in-verse, des hivers marqués par de fortes pluviométries, dépassant de loin les va-leurs de référence actuelles. La douceur

Imago : Vous êtes à la fois concepteur et enseignant, quelles sont les interactions entre ces deux champs d’activité ?

xF : Je conçois l’enseignement ou l’acti-vité de l’agence comme de la recherche appliquée où théorie et projet s’articulent assez naturellement. Les projets sont des questionnements, pas seulement des réponses à un programme. Le travail de projet consiste à s’informer et explorer dif-férentes hypothèses pour trouver des for-mes adaptées aux situations. Le rôle du concepteur s’est déplacé. Le concepteur « moderne » avait une mission de contrôle par le spatial, par une finalité construite. Aujourd’hui, le concepteur accompagne les transformations, il est dans la sugges-tion. La société va plus vite, l’enjeu n’est plus le spatial, mais la transformation des modes de vie.

I : Pouvez-vous préciser le concept « écologiser » sur lequel s’appuient vos projets ?

xF : Mon travail est marqué par une cultu-re anthropologique. Il s’agit d’un emprunt au texte « Moderniser et écologiser » de Bruno Latour qui prône un changement de culture. Moderniser renvoie à notre his-toire des derniers siècles fondée sur une production et une consommation sans res-triction. Écologiser suppose un nouveau mode de fabrication intégrant des limites et la prise en compte des futurs. C’est une nouvelle “modernité“ qui propose de nou-veaux attachements, des intérêts com-muns, entre humains, natures et objets.Ainsi dans le projet de Villevêque, nous avons proposé d’organiser le devenir du centre de la commune à partir d’éléments naturels, de qualités d’usages, d’incita-tions participatives dans la possibilité d’entretenir des espaces publics, et d’in-troduire les animaux dans le quotidien, par exemple avec le ramassage des déchets avec des chevaux. Il y a un attachement affectif au vivant qui n’est pas de même valeur qu’avec l’objet technique.

I : Vos propositions urbaines question-nent les modes de vie et accordent un grand rôle à la nature. Comment le pro-jet urbain peut-il influer sur les évolu-tions sociales ?

xF : Je vois dans l’émergence du be-soin de nature l’apparition d’une nouvelle conception animiste qui change nos mo-des de vie, notre relation à l’autre.Nos propositions consistent à suggérer de nouvelles expériences, l’un des leviers pédagogiques étant ce qui dans les situa-tions à ménager est non maîtrisé. C’est souvent un objet de débats.Les formes des paysages s’articulent avec les paysages politiques. Le paysage pas-toral anglais est lié au système des enclo-sures, le paysage naturaliste allemand au fédéralisme, le paysage de la réduction chinois au pouvoir centralisé, le paysage maîtrisé français exprime un centralisme hérité de Versailles.La nouveauté consiste à proposer une pri-se en charge de l’espace public partagée, décentralisée, potentiellement moins or-donnée mais réalisée ou évoluant avec les citoyens. Cela pose clairement la question de la gouvernance. L’aménagement expri-me un projet politique ou démocratique. Aujourd’hui, les habitants sont nombreux à s’impliquer et à vouloir s’impliquer dans la vie politique, ils veulent participer de la construction de leur cadre de vie. Le par-tage du vivant en est un levier.

I : Comment imaginer-vous la place de la nature dans la ville dans 30 ans ?

xF : Sa présence ne fera que s’intensifier pour deux raisons au moins. La première est liée au temps libre croissant. Ce temps en plus, qui est un imaginaire des vacan-ces, structure notre société dans son rap-port à l’espace, au temps, à l’environne-ment… Il est pour une large part associée à une pratique de nature, aux loisirs, d’où la demande d’aménités. La seconde est associée au développement d’une écono-mie verte qui n’en est qu’à ses débuts.

Xavier FOUQUET, architecte et urbaniste de l’agence Fau livre sa démarche de projet fondée sur l’expé-rimentation, un rapport privilégié à la nature et la participa-tion citoyenne. Autant d’éléments mis en œuvre dans les deux projets lauréats de concours d’urbanisme à Saint-Georges-sur-Layon et Villevêque.

« Écologiser suppose un nouveau mode de fabrication intégrant des limites et la prise en compte des futurs. »

DossIEr : LA vILLE DENsE AvEC LE vÉGÉTAL

high Line Park, New-York, 2009/2012, James Corner Field Operations, avec les architectes Diller Scofidio pour la section 1 (2009) et renfro pour la section 2 (2011), Piet Oudolf, paysagiste

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angevine de Joachim du Bellay ne se-rait alors plus qu’un lointain souvenir…Le végétal prend dans ce contexte une dimension nouvelle et universelle, portée par les enjeux globaux du réchauffement climatique. Demain plus que jamais, il se révélera être une composante précieuse dans l’aménagement de l’espace public.Il a d’ailleurs toujours été utilisé comme outil de confort et de régulation des am-biances urbaines, particulièrement dans les villes méridionales. Réduisant la vitesse du vent, canalisant les écoulements, créant des zones d’ac-calmies, protégeant du rayonnement so-laire, filtrant les poussières… Il sera sans doute demain le moyen efficace de lutter contre l’îlot de chaleur urbain, à l’origine d’une température nettement plus impor-tante au cœur de la ville que dans les campagnes alentours...

On peut aussi en craindre les dérives. Si le début du xxie siècle est marqué par les objectifs de densification urbaine im-posée dans les documents de planifica-tion, la fin du siècle pourrait voir la den-sité végétale imposée à outrance, avec autant d’hectares de forêts de stockage plantées comme puits de carbone. L’idée n’est pas nouvelle, puisqu’en 2009, Nicolas Sarkozy alors Président de la République proposait la plantation d’un million d’arbres dans la plaine de Roissy (Projet présenté par l’équipe du Néerlan-dais Winy Maas) non sans rappeler les grands chantiers de Colbert sous Louis XIV, dont les forêts de bois d’œuvre pre-naient racine à deux pas de la capitale. Une réponse quantitative qui ne peut se suffire à elle-même, car les enjeux dé-passent la question climatique et ques-tionnent étroitement ceux des modes de vie, de la mobilité et de l’adaptation ur-baine à ces changements.

D’autres concepts se sont déjà construits autour de l’idée de fabrication de la ville par le végétal, régulateur et pro-tecteur.

Il y a 40 ans, l’architecture bioclimatique expérimentait avec intelligence la place du végétal dans la conception des bâti-ments et apportait, au-delà des réponses techniques de la régulation hygrothermi-que et de l’assainissement de l’air inté-rieur, un véritable confort de vie pour les habitants.L’utopie initiée par l’architecte Schuiten avait permis d’imaginer la cité pensée à travers le végétal, comme élément struc-turant, de lien social, unifiant et protecteur. Mais la mise en œuvre d’un urbanisme climatique en est encore à ses prémices.

Récemment les étudiants paysagistes d’Agrocampus Ouest participaient à une réflexion prospective sur la ville de Nan-tes, en partenariat avec l’IRStV (Institut de Recherche en Sciences et techniques de la ville) de l’école nationale supérieu-re d’architecture de Nantes et Plante & Cité.

A quoi ressemblera la ville de demain et comment le végétal pourra-t-il parti-ciper à l’amélioration du confort de ses

habitants ? Au-delà de réponses tech-niques associant murs et toitures végé-tales à d’autres matériaux respirants ou poreux, les étudiants ont questionné la densification de la ville, la valorisation de transports collectifs, la place de l’agricul-ture urbaine, ou encore mis en évidence l’urgence quant aux changements de mo-dalités de gestion du patrimoine végétal en ville pour en améliorer les chances de survie.

L’impact qu’aura le réchauffement climatique sur nos modes de vie est in-certain. Ce champ nécessitera toute l’in-ventivité des concepteurs, urbanistes, architectes et paysagistes qui devront composer dans une collaboration en-core plus étroite le paysage de demain, pour ne pas faire du végétal une réponse quantitative de l’aménagement ou de la conception architecturale, mais bien un élément de composition culturel et sensi-ble de la ville durable.

BL / BW

rÉFÉrENCES

Les maisons de memphis, Vern-sur-Seiche (35), 2007Maryvonne Rigourd, architecteIsabelle Hiault, architecte

groupe scolaire Aimé Césaire, Nantes (44), 2010-2012Bruno Mader, architectePhytolab, paysagiste

Cours des Arts, Nantes (44), 2010-2011In Situ Architecture & EnvironnementPhytolab, paysagiste

Jardin botanique de la Bastide, Bordeaux (33), 2002-2006, Catherine mosbach, paysagiste et Françoise-hélène Jourda, architecte

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Elisabeth Poulain, membre du Conseil Consul-tatif du quartier doutre-Saint-Jacques à Angers, témoigne de son action de jardinage sur l’espace public.

Imago : Dans quel contexte ces jardins de rue ont-ils été créés ?

Elisabeth Poulain : J’ai proposé, avec le soutien d’autres habitantes, la création de mini-jardins de rue pour embellir des pe-tits espaces le long des murs et surtout de favoriser les échanges entre les gens. Cette démarche répond aussi aux sou-haits de personnes ne disposant pas de jardins privatifs et pour lesquelles la mise à disposition d’une parcelle de jardins fa-miliaux n’est pas possible. Ce projet a une forte dimension urbaine et humaine sans oublier évidemment la dimension végétale et la protection de la biodiversité.

Les services techniques ont accepté no-tre proposition très rapidement et des emplacements favorables sélectionnés. Puis des plates-bandes avec quelques plantes mises en terre ont été créées, à charge pour les volontaires de s’en occu-per. C’est dans ce cadre que j’interviens au titre de l’entretien et de l’arrosage avec trois autres personnes, chacune faisant à sa manière, librement dans le cadre de la charte de la ville.

I : Quelles sont les contraintes de la pratique urbaine du jardinage ?

EP : Ce sont surtout les contraintes phy-siques, les espaces à jardiner sont petits, le sol pauvre avec peu de terre, le bitume proche chaud l’été, dans des contextes peu favorables à l’épanouissement des plantes. Il y a aussi les contraintes du site, les voitures qui se garent sur les trottoirs, des passants pressés, les chiens… Il faut savoir s’adapter en toutes circonstances et faire avec les moyens du bord. Outre les plantations faites par la ville au départ, nous apportons des plantes pour regar-nir les plates-bandes. Au fil du temps, des passants nous en offrent aussi. Ces échanges sont l’une des raisons fondatri-ces du projet.

Par ailleurs, les petits désagréments di-vers et variés, des gens qui marchent des-sus, des manquants qu’on peut constater le matin… font partie du jeu. Pour limiter ces dégâts, il convient de préserver un ni-veau d’entretien moyen visible. Les jardins

sont vivants mais ne doivent jamais paraî-tre abandonnés, tout en sachant évoluer. L’espace public change, ses usages se diversifient, les cas de mixité public-privé se multiplient. C’est pourquoi, nous cher-chons à avoir une intervention la plus lé-gère sur l’espace public.

I : Comment les riverains ont-ils perçu vos pratiques de jardinage ?

EP : Parmi les passants sur ce trottoir, il y a trois catégories de personnes, celles qui comprennent tout de suite ce que nous faisons. Ce sont celles à qui la démarche plaît. D’autres au contraire sont agacées, avec cette idée que ce n’est pas aux ha-bitants de faire cela. La 3e catégorie re-groupe les indifférents.

Quant aux professionnels du Service des Parcs et Jardins, que nous sommes ame-nées à voir, le fait de venir régulièrement, de faire le boulot, sans avoir de demande particulière jouent beaucoup dans l’ac-ceptation de cette pratique. Ceux avec lesquels il y a eu au cours des années des petites tensions sont curieusement des automobilistes qui passent. Là aussi il faut expliquer avant que le feu repasse au vert. En sens inverse, vous avez de belles sur-prises. Comme ces voisins qui pour cer-tains au départ ont trouvé l’idée bizarre et qui ensuite arrivent avec des plantes, cer-tains avec des plateaux entiers pour que vous les mettiez en terre. Pendant mes absences, d’autres personnes viennent arroser les plantes.

I : Votre action a-t-elle créé des émules dans le quartier ou ailleurs ?

EP : À la suite de cette démarche, les servi-ces techniques d’Angers ont étendu la pra-tique à l’ensemble de la ville. Désormais, ceux qui sont intéressés peuvent planter et entretenir leur mini-jardin de rue devant chez eux en respectant des règles légères de bon sens. On est actuellement dans la phase d’expérimentation, sachant que la meilleure façon de susciter l’envie de jardi-ner, c’est de parler avec les gens.

Programme ECORURB / Hervé Daniel, écologue, Agrocampus Ouest, co-animateur scientifique.

Programme « sauvages de ma rue » projet pédagogi-que animé par l’association Tela Botanica, et un pro-jet scientifique du laboratoire CERSP du MNHN.

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IBN - Institute for forestry and nature research, wageningen, Pays-Bas, 1998,Behnisch architekten

Jardin botanique de la Bastide, Bordeaux (33), 2002-2006, Catherine mosbach, paysagiste et Françoise-hélène Jourda, architecte

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« Ce projet a une forte dimension urbaine et humaine sans oublier évidemment la dimension végétale et la protection de la biodiversité. »

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oPÉrATIoN / ArCHITECTUrE

LIEU La JumellièrePopulation : 1 383 Jumellinois

mAItrE D’OUVrAgE SOFACO

mAItrE D’ŒUVrE Labatut architectes associés

SUrFACE 3110 m2 (SHON)

CALENDrIEr Année de réalisation : 2011

Ce nouveau bâtiment de bureaux, siège de l’entreprise SOGAL est un faire-valoir représentatif de l’image et du dynamisme de cette société. Sa mise en scène surplom-

bant l’étang donne à l’ensemble une dimension singulière et confère une ambiance dont la quiétude semble très favorable à la fonction tertiaire. Le bâtiment est aussi une vitrine en ce qu’il dispose des technologies thermiques les plus performantes. Les bureaux sont très majoritairement implantés au sud alors que circulations et salles de réunion sont disposées au nord sous la protection de triple vitrage. L’une des ailes, au rez de l’eau, se confond avec la berge grâce à sa façade plantée. Le végétal participe ainsi pleinement de l’architecture mais aussi de la quiétude d’un lieu de travail où il confirme ses vertus apai-santes. Ce siège social d’une entreprise implantée en milieu rural atteste en lui-même d’une tradition de modernité attachée à ce Pays des Mauges, celui de l’usine à la campagne.

Plan masse

La toiture végétalisée du bâtiment participe assez peu de son esthétique mais plutôt de son efficacité énergétique. Elle assure une isolation thermique efficace et contribue à la rétention des eaux pluviales dont le rejet est ainsi tempéré. Enfin, dans la continuité des espaces naturels environnants, la végétalisation de la toiture s’inscrit dans une certaine continuité naturelle. Une vraie démarche de développement durable.

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Siège social Sogal à La Jumellière

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Plan rez-de-chaussée

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DÉCoUvErTE

En 1993, au sud de Mamoudzou chef-lieu de Mayotte, la mangrove et ses djinns ont laissé place aux

prémices du quartier M’Gombani. M’Gombani, littéralement « la banane-raie », s’est peu à peu construit arrivant aujourd’hui au stade d’un véritable quar-tier.

Venant de la Réunion, on a l’impres-sion d’arriver ici comme un cheveu sur la soupe, au milieu des nombreux habitants vivant modestement dans les « cases toc-toc » abîmées (cases en briques de terre). Pourtant personne ne paraît nous remar-quer plus que ça. On se perd facilement dans ce dédale de ruelles. Le chef de pro-jet ANRU, lui, se déplace habilement. En le suivant, on a plusieurs fois l’impression de rentrer chez des gens. Mais non, c’est toujours la rue. Un urbaniste dirait peut-être de M’Gombani que c’est une médina labyrinthique en contact avec le quadrilla-ge régulier des îlots de l’avenue Baobab.

Ce n’est pas Fribourg, c’est sûr, mais pourtant… Quasiment pas de voitures, des enfants qui courent partout, des fem-mes devant leur case qui préparent les « brochettis » qui attireront une centaine de personnes pour le dîner, des « arbres de paix » (fruit à pain) nourriciers et pro-tecteurs, des gens cordiaux.

Le projet de rénovation envisage la construction d’un espace public central. Mais en fait c’est quoi un espace public à M’Gombani ? Les routes cabossées où les « wanazazas » (enfants) jouent, les « fa-rés » (abris) où se retrouvent les hommes pour jouer aux dominos, les arbres sous lesquels les femmes vendent le manioc et les bananes, les délaissés poussiéreux où les petits garçons s’affrontent non sans rappeler les Ben-Hur et les Spartacus des péplums ? Difficile de répondre. La parole a donc été donnée aux habitants à l’occa-sion d’ateliers de concertation animés par le CAUE de la Réunion.

En discutant, on prend connaissance des modes de vie. On apprend que les ma-mans ne veulent plus voir leurs enfants traîner n’importe où, il faut des aires de jeux. Quand on leur répond qu’à la Réu-nion on regrette de ne plus voir les mar-mailles jouer dans la nature, elles nous ré-pondent : « Pourquoi nous n’on aurait pas le droit à des aires des jeux ? ». Les idées fusent puis se structurent. Petit à petit un programme qui conviendrait au style de vie des habitants se dessine. Plus tard une maquette est construite par des col-légiens pour présenter la vision des habi-tants à la commune.

« M’Gombani dé wasi ! » - M’Gombani c’est nous ! On comprend alors mieux le slogan de l’ANRU.

M’Gombani dé wasi !des ateliers de concertationanimés par le CAUE de la réunion

Clément Aquilina, ingénieur paysagisteCAUE de la Réunion

CAUE. de la Réunion

«Pourquoi nous on n’aurait pas le droit à des aires des jeux ?»

Directeur de la publication : Bruno Letellier - rédaction : Clément Aquilina, Clarisse Bodinier, Bruno Letellier, Benoît Wojcik - Entretiens : Sandrine Prouteau - maquette : Mickaël Bouglé, Manuela tertrin - Crédit photos : CAUE de Maine-et-Loire, sauf mention contraire - Photo de Une : Grand Bellevue à trélazé © Jacky Charrier - Papier recyclé : Symbol freelife, 130 g/m2 - Dépôt légal : Avril 2013 - Impression : ABELIA Imprimerie - N° ISSN : 1282-5204

ImAgO n°60 / Avril 2013 / Publication trimestrielle du CAUE de maine-et-Loire et de la maison de l’Architecture, des territoires et du Paysage312 avenue René Gasnier - 49 100 ANGERStél. 02 41 22 99 99 / Fax 02 41 22 99 [email protected] / www.caue49.com

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