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QU’APPREND-ON À L’ÉCOLE MATERNELLE? LES NOUVEAUX PROGRAMMES

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  • QUAPPREND-ON LCOLE MATERNELLE?

    LES NOUVEAUX PROGRAMMES

  • Illustrations : Serge Bloch

    ISBN d. CNDP : 2-240-00-801-6ISBN d. XO ditions : 2-84563-103-0 CNDP / XO ditions, 2002

  • PRFACE

    Cest dans les premires annes que se joue en partielavenir dun enfant et que simpriment les ingalits.Nous savons qu lge de lcole primaire, lenfant estdans la plnitude de ses capacits dapprentissage et dedcouverte. Nous savons aussi qu lentre au coursprparatoire, le vocabulaire des uns est trs pauvre,tandis que dautres disposent dune langue riche demots et de tournures. Telles sont les deux ralits quiont inspir ces nouveaux programmes.

    Il fallait revisiter le systme ducatif, et commencerpar le dbut, lcole primaire. Cest l en effet que seforge et se construit lesprit des enfants. Cest l quilsprennent leur lan et que sinstalle cette volont derussir qui les accompagnera tout au long de leur scola-rit et les aidera rebondir tout ge de la vie. Lgalitdes chances est le premier pari, quil nous faut gagneren permanence et ds le dbut.

    Lautre pari se nomme excellence : lgalit des chancesse construit par le haut. Elle signifie lexcellence pourtous, cest--dire donner le meilleur chaque enfant.

    Lun des plus importants programmes de lcole datede 1923. Il dveloppait les fortes ides de Jules Ferry etreste surprenant par ses propos modernes et prmoni-toires. Au fil du sicle, les intentions se sont en quelquesorte appauvries : elles se sont transformes parfois enune simple mcanique dacquisition des savoirs. Les pro-grammes de lcole maternelle sont une proccupationnouvelle mais particulirement importante, nousdevons pleinement reconnatre lcole des petits sonrle essentiel de propdeutique de lcole lmentaire.

    7Prface

  • Je prfrerais dailleurs parler dcole premire pluttque dcole primaire, comme on parle dapprentissagespremiers. De mme, je regrette que lcole lmentaire,quautrefois on appelait aussi la grande cole, nait pasgard ce nom courant, qui marquait sa dignit.

    Les programmes de lcole apportent du neuf sur lefond comme sur la forme.

    Avant tout, lattention porte la matrise de lalangue franaise. Je le rpterai toujours : la languenationale nous construit et nous runit. Chaque enfantdoit pouvoir entrer dans cette maison commune, sysentir laise, chez lui. Un enfant qui ne peut y accder,ou qui y accde imparfaitement, est un enfant vinc,bless, humili, et par consquent exclu. Ce sentimentdexclusion porte en germe les ractions agressives ouviolentes de certains jeunes.

    Ces programmes accordent une place beaucoup plusgrande lapprentissage de la langue. lcole mater-nelle denseigner dabord lexpression orale, puis, engrande section, de prparer la lecture et lcriture. Ilfaut ds le dpart donner le got des belles pages etveiller le sens du style. Cest ce que font les matresquand ils lisent haute voix de grands textes, des contespar exemple, dont leurs lves sont si friands : contes dePerrault ou dAndersen, bien entendu, mais dautrescontes encore, venus de tous les horizons. La lecture voix haute incite la lecture tout court. Les enfants doi-vent aussi apprendre par cur un grand nombre detextes de posie ou de prose, et les rciter. Dans la mmelogique, le chant comme le jeu thtral sont au service dela comprhension, par lintrieur, des textes littraires.

    Lingalit sociale, nous le savons, est dabord uneingalit culturelle : cest lcole quil appartient de

    8 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • rduire cette distance par rapport au savoir et laculture. La publication prochaine dune liste duvresde rfrence pour une initiation la culture littraire etartistique sera une aide considrable pour les matres,mais galement pour les parents.

    Du cours prparatoire lentre en sixime, les pro-grammes consacrent au moins deux heures par jour lalecture et lcriture : un minimum de dix heures parsemaine, auxquelles sajoutent les activits orales. Lanouveaut du propos va plus loin encore : les pro-grammes sont conus pour que toutes les disciplinesconcourent lapprentissage de la langue franaise, quiles conforte en mme temps, en rendant leur enseigne-ment possible. Sans une bonne matrise du franais, com-ment comprendre les mathmatiques, suivre en histoire,prparer une exprience ? En retour, ces disciplines doi-vent manifester, elles aussi, lobsession des mots et delcriture : elles sont autant daffluents qui mnent aufleuve principal, celui de la langue nationale.

    En sciences, les nouveaux programmes prvoient quelenfant ralise lui-mme ses expriences et tienne uncahier dobservations. Acteur et responsable de la mani-pulation quil accomplit, il rend compte par crit delexprimentation. Cest loccasion par excellence dap-prendre argumenter, dcrire, prsenter des hypo-thses, en peser la valeur.

    La lecture et lcriture sont le fondement de lcole.Rien nest plus mouvant et mystrieux que lapparitiondes mots dans la bouche dun enfant, puis la construc-tion de ses premires phrases. Nous devons cultivercette merveille, la faire progresser, donner chacun, auxenfants comme aux matres, la passion de la languefranaise.

    9Prface

  • La graphie sest relche avec les stylos bille desannes soixante, puis avec les marqueurs des annesquatre-vingt, enfin avec lusage sans doute excessif de laphotocopie, qui dispensait les lves dcrire. Il fautrhabiliter pleinement lcriture cursive et faire de labelle criture une relle obligation. Lenfant doit dcou-vrir le plaisir dcrire : cest une faon pour lui de ma-triser son geste, dexprimer sa personnalit et sonidentit. Exercice indispensable, comme les gammespour le musicien, lcriture cursive est un moyen dcrirevite et bien. Malheureusement, trop denfants criventlentement et mal. Une fois parvenus au collge, ils neparviennent pas prendre des notes et perdent pied.

    Lpanouissement dun enfant forme un tout : lcole apour objectif de dvelopper ses aptitudes et ses talents.Les programmes prennent en compte le fait quun lvenest pas seulement un cerveau rationnel, mais quil estaussi un cerveau sensible. Apprendre compter, rsoudre un problme, raisonner en mathmatiques, argumenter en sciences comme en ducation civique estabsolument essentiel. Mais jai aussi attach une grandeimportance ce que les programmes favorisent lveilaux arts, quil sagisse darts plastiques, de musique, dethtre, de cinma ou dautres formes de dcouverteartistique. Lcole doit susciter le plaisir de contempler labeaut. Elle doit donner les repres culturels ncessaires.Il est prvu que chaque cole ait une chorale : sourcedquilibre de lesprit et du corps, la chorale exprime unediscipline collective faite du respect de chacun pour lef-fort commun. Elle est un excellent remde contre les pul-sions agressives. Un lve qui spanouit dans chacunede ses facults se sent mieux avec lui-mme comme avecles autres.

    10 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • Dans cet esprit, lpanouissement du corps est unobjectif majeur de lenseignement primaire. Lducationphysique trouve dans ces nouveaux programmes lanoble place quelle aurait d occuper depuis toujours.

    Il faut rendre lcole aimable et le travail attrayant .Ce conseil de Jules Ferry est toujours dactualit : faireaimer lcole, cest aussi donner le got de leffort et dutravail bien fait, cest apprendre respecter son matreet les rgles de la vie en commun.

    Lducation civique est une proccupation de tous lesinstants. Apprendre vivre ensemble implique ncessai-rement une pratique qui favorise, outre lacquisition deconnaissances simples, ladoption de comportementsrespectueux des autres et la prise de conscience desvaleurs civiques.

    Lapprentissage dune langue vivante fait dornavantpartie du programme obligatoire. Lobligation seraeffective selon un calendrier progressif : au CM2 la ren-tre 2000, au CM1 en 2001 puis au CE2 et ainsi de suite.Notre objectif est que tout enfant apprenne lavenirdeux langues vivantes lge o son oreille musicale est son sommet. Lenseignement de la deuxime languecommencera en 6e. Dans un avenir plus lointain, je sou-haiterais que lon puisse enseigner une troisime langueau collge ou au dbut du lyce. Chaque enfant de cepays est un enfant de lEurope et un citoyen du monde.Jespre que lexemple franais sera repris par les autrespays dEurope. Ils commencent y tre sensibles. Silsadoptaient un plan de dveloppement des langues com-parable au ntre, la langue franaise y puiserait enretour une nouvelle force au-del de nos frontires.

    Les nouveaux programmes font par ailleurs des nou-velles technologies de linformation et de la communi-

    11Prface

  • cation un outil au service de tous les apprentissages.Toutes les coles seront progressivement quipes dor-dinateurs, avec un accs Internet. Le Brevet informa-tique et internet deviendra obligatoire. Il est prvu decontinuer former et prparer les matres.

    La mthode qui a prsid llaboration des pro-grammes de lcole primaire fait souffler un esprit nou-veau. Jusquici, les programmes se bornaient lnoncde notions et de connaissances. Les nouveaux pro-grammes insistent sur les dmarches mettre en uvre.Des annes dexprience ont montr ce qui est efficaceet ce qui ne lest pas en matire de pdagogie. On saitpar exemple depuis longtemps que la fameuse mthodeglobale dapprentissage de la lecture a eu des cons-quences catastrophiques. Mme si elle tait trs rare-ment utilise, personne ne lavait pour autant interdite.Les nouveaux programmes lcartent rsolument.

    Par ailleurs, pour la premire fois, les programmesdfinissent ce quon attend dun lve aux diffrentsrendez-vous qui lui sont proposs la fin de chaquecycle. Que doit-il matriser en termes de savoirs et desavoir-faire ? Quelles comptences ? Nous en donnons leniveau, pour qu chaque tape le matre puisse appr-cier les connaissances de ses lves, sappuyer sur lesrussites, reprer les ventuelles dfaillances et cher-cher les solutions les mieux adaptes chacun. On abeaucoup parl de lvaluation ces dernires annes.Mais quvaluait-on ? On le saura mieux maintenantgrce ces nouveaux textes, qui disent explicitement lescomptences acqurir.

    Disons-le haut et fort : ces programmes reposent sur laqualit des hommes et des femmes qui auront les

    12 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • appliquer. Le matre nest pas un simple excutant. travers la relation pdagogique et affective quil tablitavec llve, toujours originale, toujours singulire, lematre est sa manire un crateur. Ces programmes nevivront que sil est encore mieux form, aid, soutenu.

    Nous devons renforcer la prparation des enseignantsde lcole maternelle comme de ceux de la grandecole. Les futurs professeurs des coles seront encadrsdans les Instituts universitaires de formation par desmatres qui possdent une vraie exprience, des matres en service partag , qui, pour une part deleur temps, continueront denseigner lcole. Il estprvu des dominantes que le futur matre pourra choisiret qui concerneront les arts, la langue vivante et ldu-cation physique. Le principe des matres polyvalents estmaintenu, mais ils pourront dvelopper une comp-tence particulire au sein de lcole.

    Ces nouveaux textes ne sont pas ns dune administra-tion mais, pour la premire fois, du travail dun groupedexperts ouvert aux comptences les plus diverses(matres et professeurs expriments venus de la base,inspecteurs, universitaires). Ils sont conus dans la pers-pective du collge. Une consultation nationale de tousles matres de France a permis dclairer certains points,de dissiper des malentendus, dapporter des rectifica-tions. cette occasion, les matres ont commenc sap-proprier les programmes. Ils ont t associs leurlaboration. Ils en seront une seconde fois les crateursquand ils leur donneront vie, dans loriginalit de leurenseignement.

    Ces programmes sont exigeants. Ils rclament de la partdes matres un engagement la hauteur de lenjeu. Jefais entirement confiance leur sentiment de respon-

    13Prface

  • sabilit, qui est le vritable agent de toutes les grandes etbonnes choses qui se font dans le monde (Jules Ferry).La phase de mise en uvre qui souvre prsent leurappartient. Je sais que les parents, mieux informs, seront leurs cts pour aider tous les lves russir.

    Jack Lang,ministre de lducation nationale

    14 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • RSUM DES PROGRAMMESDE LCOLE PRIMAIRE

  • LCOLE MATERNELLE

    Lcole maternelle a pour mission daider chaqueenfant grandir, conqurir son autonomie et acqurir des attitudes et des comptences qui permet-tront de construire les apprentissages fondamentaux.Elle sappuie sur la capacit dimitation et dinventionde lenfant, si vive cet ge, et sur le plaisir de lactionet du jeu. Elle multiplie les occasions de stimuler sondsir dapprendre, de diversifier ses expriences et den-richir sa comprhension. Elle est attentive son rythmede dveloppement et sa croissance.

    Le programme de lcole maternelle nest pas encadrpar un horaire contraignant. Il prsente les grandsdomaines dactivits aborder sur les trois ou quatreannes de la scolarit. Il fixe les objectifs atteindre etdcrit les comptences construire avant le passage lcole lmentaire.

    LE LANGAGE AU CUR DES APPRENTISSAGES

    Lapprentissage du langage est le cur des activits delcole maternelle.

    Lcole est un univers nouveau et quelquefois drou-tant pour le tout-petit. Il faut lui donner confiance, luiapprendre communiquer de manire de plus en plusriche, lui permettre de dcouvrir quil peut comprendrece que disent les adultes quand ils sadressent lui ou tout le groupe et, en mme temps, quil peut se faireentendre, y compris de ses camarades. Au fur et mesure quil grandit, on lui donne loccasion de sinsrerdans des dialogues plus longs et plus complexes, puisdans de vritables discussions. la fin de lcole mater-

    16 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • nelle, il doit tre prt accepter les rgles dun changeorganis.

    Dans un premier temps, il sagit simplement de crerautour de chaque enfant un contexte favorable, de len-courager dans ses essais et de permettre les relationsavec les autres. Lenseignant accompagne laction : ilparle avec chaque enfant, tous les jours, dans des situa-tions claires et explicites. Il reprend patiemment, dansun langage plus labor, les tentatives dexpressionincompltes ou maladroites.

    Ds trois ans, lenfant peut sessayer un usage du lan-gage plus complexe. Le matre va laider construire lelangage de lvocation, qui va lui permettre de fairerevivre par la parole les vnements passs ou de dcrireun projet. Savoir parler pour voquer des vnementspasss ou venir, pour communiquer des connaissancesabstraites, pour sexpliquer et pour argumenter marqueun palier dans lapprentissage. Cest un travail delongue haleine qui se poursuit tout au long de lcolematernelle. Il conditionne la russite des apprentissagesultrieurs. Il est important que les activits soient pro-grammes des moments spcifiques, qui structurent letemps de lenfant. L encore, chaque prise de parole estreprise par lenseignant.

    Le point de dpart de cet apprentissage est le rappelverbal des vnements de la vie collective. Les diversincidents qui maillent la vie scolaire, les activits sco-laires et les situations exceptionnelles de lenvironne-ment de lcole sont autant de supports dexpression.Du rappel de ce qui sest pass, on passe facilement auprojet, cest--dire lvocation dvnements venir.Ce va-et-vient implique un travail sur tout ce qui, dansla langue franaise, permet de situer ce dont on parledans le temps et dans lespace.

    17Rsum des programmes de lcole primaire

  • Le plus vite possible, lenfant est mis en situation dedcouvrir le plaisir du conte. Les grands thmes de la lit-trature orale, les grands mythes sont abords rguli-rement ds lge de trois ans. Cest loccasion denrichirles changes et le langage dvocation, douvrir lesjeunes esprits la culture des contes et des lgendes,dont les significations sont universelles.

    Mme si lapprentissage de la lecture et de lcriturenest pas au programme, lcole maternelle doit donnerloccasion tous les lves dune imprgnation orale desmots et des structures de la langue crite, pralableindispensable tout acte de lecture.

    Cette imprgnation se fait dabord par un rendez-vousquotidien avec les albums de littrature de jeunesse.Leur lecture est loccasion dengager le dialogue, deredire lhistoire qui a t entendue et de construire pro-gressivement des reprsentations vraisemblables etcommunicables par des mots et des images. Des par-cours de lecture permettent des rapprochements depersonnages et de thmes et dinstaller une premireculture littraire.

    Cette imprgnation se fait aussi travers ce quon apris lhabitude dappeler la dicte ladulte , quioffre lenfant qui ne sait pas encore crire la possibi-lit de bnficier de laide dun secrtaire (lematre) pour construire des messages ou des textes.Cest loccasion pour lui de parler les textes crits etde mesurer la diffrence entre langage de loral et lan-gage de lcrit.

    Paralllement, lenfant dcouvre les multiples fonc-tions de la langue crite dans la vie quotidienne, ilessaie den deviner les significations et de sen appro-prier les formes les plus apparentes. Il se cre, ce faisant,un premier rpertoire de mots dont il fait trs vite usage

    18 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • pour dcouvrir comment fonctionne le code alphab-tique du franais.

    Ds trois ou quatre ans, lenfant sintresse aux diff-rentes critures qui lentourent et la manire dont lesmots crits expriment le langage. En stimulant sa curio-sit, on accompagne et on structure cette dcouverte. Ilest ncessaire, cette tape, quil prenne conscience desralits sonores de la langue. La meilleure manire estde lui permettre de dire ou de chanter souvent descomptines, des chansons, des posies, des jeux dedoigts. Son attention aux rythmes et aux rimes lui faitdcouvrir que les paroles sont composes de sons. Ilpeut alors comprendre comment les lettres de lal-phabet reprsentent ces sons dans des mots familiers ettenter de trouver (avec laide du matre) comment onpourrait crire un mot simple. Pour cela, il doit avoirdvelopp ses comptences graphiques (graphisme,criture) et ses capacits de dessin.

    La petite enfance est le moment privilgi pour lespremiers contacts avec les langues vivantes, languestrangres ou langues rgionales. Plus lenfant estjeune, plus son oreille peut apprivoiser dautres sono-rits. Lui faire mmoriser des noncs simples, des chan-sons, le familiariser avec la diversit des langues, ouvrirson esprit la diversit des cultures auxquelles ceslangues sont relies sont les diffrents aspects de cettepremire rencontre.

    Lapprentissage dune langue vivante commence engrande section.

    VIVRE ENSEMBLE

    En entrant lcole maternelle, lenfant dcouvre la vieen collectivit dans toute sa complexit. Il apprend y

    19Rsum des programmes de lcole primaire

  • trouver ses repres et sa place. Il est confront des rglesquil faut respecter. Il constate que lon peut saider,cooprer en vue dun mme objectif. Cette situation luipermet de construire sa personnalit. La communication yjoue un rle dcisif, en particulier lorsque, avec laide dumatre, le langage se substitue laction immdiate.

    Lquipe pdagogique doit chaque enfant un accueilappropri et sans cesse renouvel, dans lesprit dunerelle coducation avec les familles.

    AGIR ET SEXPRIMER AVEC SON CORPS

    Lcole maternelle est loccasion de construire lesactions motrices essentielles : se dplacer, assurer sonquilibre et manipuler des objets, les projeter ou lesrecevoir. Les jeux des tout-petits en sont les premiresmanifestations. Le matre conduit lenfant passer dusimple plaisir dagir des actions voulues et organises,graduellement plus labores et articules entre elles.

    Encourag par ladulte, lenfant explore des milieuxmoins familiers, moins accessibles, qui supposent denouvelles adaptations. Il utilise des objets quil pousseou tire, des engins qui roulent ou glissent. Il occupe desespaces plus vastes, combine ses dplacements avec despercussions ou de la musique Accompagn par lematre, il apprend mesurer les risques quil prend. Il estencourag chercher des solutions. Il imite, invente,explique oralement ce quil a fait. Il utilise le dessin pourreprsenter ces situations.

    Lenseignant veille ce que les comptences acquisesdans ces activits trs varies sorganisent en relationavec de grands types dactivits physiques, dj appa-rentes ce que seront les activits physiques et spor-tives de lcole lmentaire :

    20 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • mesurer son action (dure, longueur, hauteur) lors-quon se dplace, lorsquon lance ;

    adapter ses actions des milieux spcifiques (sol dur,sable, eau, paroi verticale), en remettant en cause sonquilibre, en conduisant des engins (une bicyclette),en sorientant, etc. ;

    cooprer ou sopposer dans des jeux ; utiliser son activit pour sexprimer (rondes, jeux

    danss, danse, mime, activits de cirque, etc.).En agissant et en sexprimant, lenfant apprend struc-

    turer son besoin dactivit. Il dcouvre son corps danslaction et comprend quil doit le respecter comme il res-pecte celui dautrui, quil peut le conserver en bonnesant. Il matrise mieux ses relations autrui. Il apprend construire avec ses camarades un projet daction.

    DCOUVRIR LE MONDE

    Lcole maternelle offre lenfant la possibilit dedpasser son exprience immdiate. Elle le conduit stonner et questionner. Le matre lui fait prendreconscience quil peut manipuler les objets qui lentou-rent et les transformer, quil peut les ordonner, lesclasser et, cette occasion, distinguer leurs qualits. Ildcouvre que le monde ne se borne pas aux objets quo-tidiens et que les livres, les documents audiovisuels ounumriss lui ouvrent les portes dunivers plus lointainsou lui permettent de se plonger dans le pass. Tout enagissant et en exprimentant, il constate, dcrit, tentedexpliquer avec ses mots, il dessine. Bref, avec laide dumatre, il labore ses premires connaissances.

    Cest par ses cinq sens que lenfant aborde le mondequi lentoure. Lcole lui permet daffiner son exp-rience. Au-del des objets, le matre le conduit perce-

    21Rsum des programmes de lcole primaire

  • voir les substances qui les constituent et certaines deleurs proprits. Cest une premire approche de lanotion de matire.

    Les tres vivants attirent spontanment lattention delenfant. Il apprend en dcouvrir lextrme diversit.Lobservation des levages ou des cultures auxquels il selivre lui permet de dgager quelques-unes des caract-ristiques communes ou spcifiques aux vgtaux, auxanimaux et lui-mme (croissance, nutrition, reproduc-tion, locomotion). Il comprend ainsi les recommanda-tions qui lui sont quotidiennement faites propos delhygine et de la sant. Il est mieux arm pour voir lesparticularits des milieux qui lentourent ou quildcouvre loccasion de visites. Il apprend y lire latrace des activits humaines. Cest loccasion dune du-cation lenvironnement et la responsabilit. En mani-pulant quelques objets techniques, en les dcrivant, il sefamiliarise avec des fonctionnements, des rgles simplesdont beaucoup contribuent sa scurit. Des ateliers deconstruction lui permettent de mettre en jeu ses pre-mires connaissances et de les enrichir.

    Lenfant parvient ainsi sapproprier des caractris-tiques plus abstraites du monde dans lequel il vit : il se situe et situe les objets qui lentourent dans les-

    pace et dans le temps ; il dcouvre les distances qui le sparent de mondes

    plus lointains, lloignement des vnements passs ; il distingue les formes et les grandeurs (tailles, masses,

    contenances) ; il distingue mieux les quantits, mmorise la comptine

    numrique, commence dnombrer les objets avec plusde sret; il apprend comparer des collections dob-jets du point de vue de leur quantit ; il srie et classe.

    22 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • Ainsi, ds lcole maternelle, chaque enfant construitdes connaissances et mmorise des savoirs qui constituentles bases assures dune premire culture scientifique ettechnique. Sa vision du monde en est transforme.

    LA SENSIBILIT, LIMAGINATION, LA CRATION

    La sensibilit et limagination sont les instrumentsdune relation au monde extrieur et intrieur. Ellesjouent un rle majeur dans le dveloppement de la pre-mire enfance. Lcole maternelle aide chaque enfant enrichir son exprience sensible et son pouvoir crateuren multipliant les occasions de se confronter des mat-riaux et des actions. Elle lui permet ainsi de mieuxexprimer ce quil peroit et ce quil ressent.

    Le dessin et les compositions plastiques sont lesmoyens dexpression privilgis. Ils sont enrichis et struc-turs par la dcouverte et lutilisation des images et desobjets les plus varis. Les collections dobjets, de docu-ments forte valeur esthtique et affective sappuientsur le plaisir de rassembler et de conserver. Elles sontencourages. Dans ce contexte, lenfant est conduit nonseulement raliser des productions, mais aussi vo-quer ses projets et ses ralisations.

    Les activits qui mettent en jeu la voix rpondent auxmmes objectifs : en jouant avec les sons, en chantant,en bougeant, lenfant explore des moyens dexpressionnouveaux. Un rpertoire de comptines et de chansonslui donne des repres dans le monde sonore. Il apprend chanter en chur. Il dcouvre des instruments et enri-chit ses capacits dcoute. Activits vocales et activitsmotrices lui permettent de matriser petit petit lerythme et le tempo. Il occupe, avec son corps en mou-

    23Rsum des programmes de lcole primaire

  • vement, des espaces toujours plus larges et dcouvre leplaisir de la danse.

    LCOLE LMENTAIRE

    Lcole lmentaire comporte deux tapes, le cycle desapprentissages fondamentaux, ou cycle 2 (grande sectionde maternelle, pour faire le lien avec cette premirecole, cours prparatoire, cours lmentaire premireanne) et le cycle des approfondissements ou cycle 3(cours lmentaire deuxime anne, cours moyen pre-mire anne et cours moyen deuxime anne).

    Le cycle des apprentissages fondamentaux est lemoment o se construisent ces savoirs lmentaires quesont parler, lire, crire et compter, le socle de la russitescolaire.

    Le cycle des approfondissements transforme cessavoirs en instruments intellectuels qui permettent desinformer, de construire des connaissances solides, de secultiver : llve nest plus dpendant de laccompagne-ment permanent de lenseignant. Il acquiert une pre-mire autonomie.

    Chacun de ces cycles se termine par une valuationnationale qui permet aux enseignants, mais aussi auxfamilles, de faire le point sur les acquis, de sappuyer surles russites et de remdier ce qui ne va pas.

    LE CYCLE DES APPRENTISSAGES FONDAMENTAUX (CYCLE 2)

    Le cycle des apprentissages fondamentaux commence la grande section de lcole maternelle, ds que lesenfants entrent dans le chemin qui les conduit savoir

    24 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • lire et crire. Toutefois, cest seulement en premireanne de lcole lmentaire que lapprentissage du lan-gage crit et oral devient systmatique. Il en va de mmedes mathmatiques, dont lenseignement prend cettetape toute sa dimension. Des horaires flexibles laissentla possibilit de rpondre directement aux besoins deslves, tout en garantissant quun temps suffisant estrserv chaque domaine. Au cycle 2, les lves doiventlire et crire au moins 2 h 30 par jour.

    Matrise du langage et de la langue franaise La matrise du langage oral reste un objectif fonda-

    mental. Le matre invite chaque lve participer auxdbats qui rythment la vie de la classe, ainsi quauxchanges qui construisent les apprentissages. Lenfantacquiert ainsi un vocabulaire plus riche et plus prcis,gage dune meilleure comprhension de ce quil entendou de ce quil lit.

    Apprendre lire et crire est la grande affaire de cecycle. Cest un cheminement complexe qui sappuie surle travail fait lcole maternelle. En mme temps quellve comprend le principe qui gouverne le fonction-nement du code alphabtique, il commence pouvoirdcouper les noncs quil entend, comme les phrasesquil voit. Paralllement, il mmorise la structure ortho-graphique dun nombre de plus en plus important demots, quil peut alors reconnatre de manire quasiautomatique. Il se libre progressivement du travail dudchiffrage et accde de plus en plus aisment et sansaide la comprhension de ce quil lit.

    Lapprentissage de la lecture oriente lattention delenfant vers les sons qui composent les mots. Mme siles exercices de lecture ont toujours pour support destextes qui stimulent son intrt, cette tape, il ne peut

    25Rsum des programmes de lcole primaire

  • encore, en lisant, comprendre des crits complexes.Leffort de familiarisation avec la littrature de jeunesse,commenc oralement lcole maternelle, est pour-suivi, avec les mmes mthodes et la mme dtermina-tion. La lecture de textes documentaires vient soutenirles connaissances. Les uvres littraires qui ont retenulintrt des lves et qui ont t comprises et discutespeuvent tre lobjet dun travail dinterprtation : miseen voix, rcitation, diction, jeu thtral Ce sont autantdoccasions de donner sens et consistance au texte crit,quil sagisse de posie ou de prose, avec un travail surle souffle et le corps qui renforce la confiance en soi.

    Lire et crire sont indissociables et se renforcentmutuellement. Traiter pas pas les problmes que poselcriture des lettres, des mots, des phrases et des textespermet de construire des comptences efficaces etdurables. Lactivit graphique doit tre encoreentrane avec patience. Pour lorthographe, il sagitdliminer toutes les erreurs phontiques et deconduire llve savoir se faire aider face des motsirrguliers ou rares. De mme, on le rend plus attentifaux exigences des accords grammaticaux. La productiondun texte, encore difficile cet ge, sappuie sur lesactivits orales ou sur les lectures. Tous les aspects de lardaction proprement dite sont rgulirement tra-vaills tout au long du cycle et ventuellement rassem-bls dans un projet collectif dcriture.

    Vivre ensemble Le cycle des apprentissages fondamentaux poursuit les

    mmes objectifs que lcole maternelle. Laisance acquisedans le domaine de la communication et du langagepermet dtre plus exigeant. Les rgles de la vie collectivesont mieux comprises. Ds que possible, elles sont labo-

    26 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • res par les lves. Les projets sont plus nombreux et pr-pars avec un souci plus grand de coopration. Chacunapprend se situer dans un horizon plus large que celuide lcole : celui du quartier, de la commune, de la France.

    Les lves commencent prendre conscience de la res-ponsabilit de chacun dans la socit. Ils dcouvrentlarticulation entre leur libert et les contraintes de lavie en commun, les valeurs relatives la personne et lerespect quils doivent aux adultes et leurs camarades.Lapprentissage des principes de la scurit routire etdes gestes des premiers secours leur permet de pr-server leur propre scurit et de dvelopper un vritableesprit de solidarit.

    Mathmatiques Au cycle des apprentissages fondamentaux, on entre

    vritablement dans lunivers des mathmatiques. Lacomprhension des nombres et de leur criture et lap-prentissage du calcul mental sont les pivots de cette pre-mire rencontre.

    Le fait davoir rsoudre un problme permet llve dutiliser ses acquis, dlaborer des procduresoriginales et de construire de nouvelles notions en rai-sonnant et en agissant sur des quantits, des grandeursou des positions.

    La connaissance des nombres entiers naturels estrenforce par ltude du fonctionnement de la numra-tion dcimale et de la comparaison des nombres. Lecalcul mental est dautant plus important que se dve-loppe lusage des calculettes. Le travail de mmorisationest ici essentiel : tables daddition, complment ladizaine suprieure dun nombre, premire partie destables de multiplication. Laddition, la soustraction et lamultiplication sont abordes par le biais du calcul

    27Rsum des programmes de lcole primaire

  • mental ou du calcul aid par lcrit. La technique deladdition est matrise.

    En identifiant diffrentes catgories de grandeurs (lon-gueur, masse, contenance, dure), llve sinitie auxtechniques de mesure correspondantes et se familiariseavec lusage des units comme le mtre et le centimtre,le gramme et le kilogramme, le litre, lheure et la minute.Par ailleurs, leuro est utilis dans diffrents domaines.

    Lespace, qui a dj t activement explor lcolematernelle, est maintenant tudi de faon structure :position des objets par rapport soi, autrui ou entreeux, description des dplacements, usage des qua-drillages. Le matre dgage quelques proprits gom-triques : alignement, angle droit, axe de symtrie,galit des longueurs. Il prsente certains instrumentscomme les gabarits et les rgles, et des techniquescomme le pliage, le calque, le papier quadrill. Leslves reconnaissent, produisent et dcrivent des solides(le cube, le pav droit) et des figures planes (triangle,carr, rectangle, cercle).

    Dcouvrir le mondeAu cycle des apprentissages fondamentaux, lenfant

    acquiert de nouvelles possibilits de raisonnement. Ilpeut les appliquer des ralits plus complexes et plusloignes de son exprience personnelle.

    Cest loccasion pour lui dexplorer des espaces plusdiversifis et plus lointains, dapprendre les dcrire et les comparer. Cest aussi loccasion dapprendre mieux se servir des repres temporels et daborder lesinstruments qui structurent le temps des hommes, hor-loges et calendriers. Des vnements du pass sontabords par la mmoire des hommes ou retrouvs surles monuments du patrimoine. Dans tous les cas, le

    28 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • matre insre ces activits dans un projet concret quidbouche sur des ralisations mlant textes et images.

    La conservation de la matire sous ses diffrents tatsest dcouverte dans ses manifestations moins directe-ment visibles comme les tats gazeux. Lobservation desphnomnes sappuie sur des instruments comme lethermomtre.

    Les manifestations de la vie peuvent faire lobjet dob-servations plus systmatiques, sur lenfant lui-mmecomme sur les animaux et les vgtaux. Petits levageset essais de cultures sont des moyens dillustrer la diver-sit du vivant. Llve peut poser les premiers represdune classification scientifique. Il prend conscience dela fragilit des quilibres naturels.

    En utilisant des objets et des matriaux varis, en lesobservant ou en les construisant, llve se familiarise unpeu plus avec le monde technique. Il apprend identi-fier quelques pannes simples des systmes mcaniquesou lectriques, et y remdier. Il construit des petits cir-cuits lectriques et adopte des attitudes rflchies faceaux dangers.

    Les outils informatiques et les technologies de linforma-tion et de la communication font partie du quotidien delcole, dans toutes les disciplines. Un certain nombre decomptences du premier niveau du brevet informatique etinternet dit familirement le B2i peuvent tre vali-des ds le cycle des apprentissages fondamentaux.

    Langue trangre ou rgionale Lapprentissage dune langue trangre ou rgionale

    commence au cycle des apprentissages fondamentaux. cet ge, lducation de loreille est lenjeu principal.

    La familiarisation avec les noncs de la langueconcerne se fait par lapprentissage de jeux, de chants,

    29Rsum des programmes de lcole primaire

  • de comptines, de brefs rcits. Leur reconnaissance,objectif prioritaire, peut porter sur des lments varis :une sonorit, un rythme, des mots, une expression, etc.

    Le matre stabilise les noncs utiles la vie de la classeet les utilise aussi souvent que possible de faon ceque leur emploi devienne spontan.

    En liaison avec les autres domaines dactivit, leslves dcouvrent les ralits et la culture des pays oude la rgion o cette langue est parle.

    ducation artistique lcole lmentaire, lducation artistique est princi-

    palement oriente vers lexploration de deux grandsdomaines culturels : les arts visuels et la musique. Ladmarche est identique dans lun et lautre cas. Elle visele dveloppement de la sensibilit et des capacits dex-pression. Elle sappuie essentiellement sur la pratique.

    Lenseignement des arts visuels se fonde sur le plaisirde dessiner que manifestent spontanment les enfants.Il le prolonge et lenrichit en leur faisant dcouvrir lesmatriaux, les instruments et les techniques qui permet-tent de mieux traduire ce quon veut exprimer.

    Les constructions plastiques deux ou trois dimensionssont une autre facette du travail de cration. En dtour-nant les objets quotidiens de leurs fonctions habituelles,llve en fait des matriaux suggestifs pour ses pro-jetset apprend regarder dune autre manire. Il en estde mme des images qui sont tour tour matriaux utiliser et uvres observer.

    Le muse de classe ou dcole, le muse personnelprennent plus dampleur et sorganisent. Les uvresdart sont prsentes dans la vie de la classe et contri-buent la formation artistique de lenfant.

    30 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • Lducation musicale fait place gale la culture vocaleet au dveloppement de lcoute. Llve apprend contrler sa voix. Il se donne les moyens dune couteactive, adapte aux uvres quil dcouvre. Il enrichit sonrpertoire. La dizaine de chants tudis chaque annepermet dexplorer le patrimoine europen et mondial etla cration contemporaine. La chanson de varits y atoute sa place. Llve commence tre initi la poly-phonie. Toutes les coles ont une chorale, qui est un plefort de leur projet artistique et culturel.

    Lcoute duvres permet de construire des rfrencesculturelles et esthtiques. Llve est exerc isoler deslments musicaux et les mmoriser. Il commence justifier ses prfrences et exprimer ce quil ressent.

    Comme lcole maternelle, la danse a une place privi-lgie. Elle renforce la dcouverte des rythmes et de lapulsation. Elle articule activit motrice et activit musicale.

    La prsentation des ralisations des lves (chorale,danse, productions plastiques) rythme la vie de lcole.

    Bien entendu, dautres domaines artistiques sontabords : le jeu thtral, le cinma, la vido, larchitec-ture, etc. Des classes parcours artistique et culturel sontorganises.

    ducation physique et sportive Les principes qui prvalaient lcole maternelle

    continuent structurer les activits physiques et spor-tives de lcole lmentaire. Le matre propose dessituations plus complexes, exigeant des adaptations plusdlicates. Il utilise pour cela le rpertoire moteur fonda-mental : dplacements, quilibres, manipulation, pro-jection et rception dobjets Les activits sportives derfrence (athltisme, natation, orientation, escalade,jeux de raquettes, jeux collectifs, activits gymniques,

    31Rsum des programmes de lcole primaire

  • danse, mime, activits de cirque, etc.) apparaissent demanire plus explicite. Les comptences vises se distri-buent selon les mmes ples : raliser des performancesmesures, adapter ses dplacements diffrents typesdenvironnement, sopposer individuellement ou collec-tivement, concevoir et raliser des actions vise artis-tique, esthtique ou expressive.

    partir du cycle 2, la programmation des activitspermet doffrir aux lves une activit physique et spor-tive complte et quilibre. Les quatre types de comp-tences doivent tre abords chaque anne. Ce sontmaintenant des apprentissages vritables qui sont viss.

    Les jeux collectifs (traditionnels ou non) font partie duprogramme. La natation occupe un module dau moinsdouze sances chaque anne, chaque fois que les qui-pements le permettent.

    LE CYCLE DES APPROFONDISSEMENTS (CYCLE 3)

    Le programme du cycle des approfondissements faitapparatre des champs disciplinaires (le franais, lhis-toire, les mathmatiques, etc.) regroups en grandsdomaines ( Langue franaise, ducation littraire ethumaine , par exemple), qui prennent une identitplus forte et prparent les lves aux disciplines densei-gnement du collge.

    Il dfinit aussi des domaines transversaux ( Matrise dulangage , ducation civique ) qui touchent tous leschamps disciplinaires, et qui font lobjet dexercices fr-quents et sont valus dune faon rgulire et attentive.

    Les horaires restent flexibles, pour que le travail puissetre adapt aux besoins des lves dans chaque champ

    32 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • disciplinaire, mais ils sont fixs de manire assez rigou-reuse pour quaucun domaine ne puisse tre nglig.

    Les lves doivent lire et crire au moins 2 heures parjour.

    DOMAINES TRANSVERSAUX

    La matrise du langage et de la langue franaise, ldu-cation civique sont des domaines transversaux, quiconcernent tous les champs disciplinaires et toutes lesactivits scolaires.

    Matrise du langage et de la langue franaiseLe cycle des approfondissements a pour objectif cen-

    tral dassurer la matrise du langage, loral comme lcrit. Chaque activit pdagogique, chaque situationscolaire sont autant doccasions dun travail sur lexpres-sion, qui constitue la moiti de lhoraire. Des ateliers delecture sont par ailleurs systmatiquement organiss.

    ducation civiqueAu moment o saffirme son caractre, lenfant doit

    apprendre contrler ses ractions et rflchir sur lesraisons des contraintes qui lui paraissent brider salibert. Lexercice du dbat rgl est la condition decette ducation. La demi-heure hebdomadaire qui luiest consacre doit tre considre comme un momentfort de la vie de la classe et de lcole. Elle est aussi loc-casion de rflchir aux ncessaires solidarits qui sim-posent aux enfants comme aux adultes.

    Dans les diffrents champs disciplinaires, llvedcouvre, par ailleurs, ce quest la citoyennet dans unpays dmocratique et quelles sont les valeurs essen-tielles de la Rpublique. Face aux vnements prochesou lointains dont il est le tmoin, il assure son jugement

    33Rsum des programmes de lcole primaire

  • en se rfrant de grands textes fondateurs comme laDclaration des droits de lhomme et du citoyen ou laConvention internationale des droits de lenfant.

    DOMAINES DISCIPLINAIRES

    Langue franaise. ducation littraire et humaineLa langue franaise fait lobjet dun enseignement

    spcifique, mais son apprentissage concerne aussi tousles champs disciplinaires.

    Littrature (dire, lire, crire) La littrature est lunivers dans lequel chaque lve

    exprimente intellectuellement et personnellement lalangue franaise. Elle donne des rfrences communeset constitue la base dune culture partage.

    Lcole multiplie les occasions o llve peut fairecette exprience de la littrature : elle facilite le pluspossible laccs aux textes littraires, en combinant parexemple lecture haute voix de ladulte et lecture per-sonnelle de llve, en reformulant sans cesse le textequi vient dtre lu ou entendu, en faisant suivre la ren-contre de chaque uvre dun dbat.

    Au moins dix uvres diffrentes sont abordes enclasse chaque anne, pour varier les genres, stimuler lacuriosit et constituer un riche univers de rfrences. Lematre ne laisse pas smousser le plaisir de lire : ilalterne lecture cursive et rsum de certains passages.

    Les textes sont de genres divers : posie, roman,thtre. Une liste douvrages proposant des parcours delecture est publie par le ministre de lducation natio-nale et rgulirement mise jour.

    La dcouverte des uvres se prolonge par des activitsdinterprtation qui permettent llve de sapproprierencore davantage le texte crit : mise en voix de certains

    34 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • passages, esquisses de mise en scne, rcitation par cursont des moments prcieux de la formation la littra-ture, rendue prsente par le dplacement du corps, parles exercices de diction, par leffort de mmorisation.

    Elle sert par ailleurs de support des activits de pro-duction de texte, notamment par le biais du dtourne-ment ou du pastiche. Le travail de rdaction met laccentsur lcriture narrative qui peut trouver son inspirationdans les thmes du programme de littrature.

    Observation rflchie de la langue franaise (grammaire,conjugaison, orthographe, vocabulaire)Au cycle des approfondissements, llve devient

    capable dune premire rflexion sur la langue fran-aise, qui lui donne les moyens de mieux contrler soncriture. Lobjectif est dobtenir une syntaxe plusassure, une vritable agilit verbale, un vocabulaireplus prcis, une orthographe mieux arme (notammentpour les accords en genre et en nombre, les relationsentre le sujet et le verbe), un usage des temps verbauxadquat aux projets dcriture.

    Les deux points darticulation de la syntaxe dela phrase que sont le verbe et le nom doivent fairelobjet dun travail soutenu. Dans tous les cas, ce sontles manipulations des noncs qui servent de support lobservation des phnomnes produits et larflexion. Le vocabulaire peut dans ce cycle, tre lobjetdune tude raisonne. Quelques phnomnes gram-maticaux portant sur le texte compltent le pro-gramme : pronoms, mots de liaison, ponctuation,temps verbaux.

    Langue trangre ou rgionaleLapprentissage dune langue trangre ou rgionale

    se dveloppe pleinement au cycle des approfondisse-

    35Rsum des programmes de lcole primaire

  • ments. Lobjectif est de conduire chaque lve au niveauA1 du Cadre europen commun de rfrence pour leslangues.

    Il sagit pour le matre de familiariser les lves avecdes situations de communication lmentaires :engager un petit dialogue, lire des informations sur uneaffiche ou dans un catalogue, crire un message, en par-ticulier un message lectronique. Lentranement rgu-lier et mthodique de lcoute et de la comprhensiondoit les conduire, au-del de simples rptitions, devritables prises de parole.

    On attend aussi de lapprentissage dune languetrangre ou rgionale quil renforce la matrise dufranais en attirant lattention sur les ressemblances etles diffrences entre les langues, et quil largisse lho-rizon culturel des lves.

    Histoire et gographieLhistoire et la gographie donnent chaque lve les

    repres qui lui permettent de se situer dans le temps etdans lespace, de comprendre les informations qui circu-lent autour de lui et de stabiliser une culture commune.

    Lenseignement de lhistoire repose sur la dcouvertedu document adapt lge des enfants (textes, images,monuments). Llve commence comprendre le rledes femmes et des hommes et des groupes humainsanonymes, dans le surgissement des vnements, etdans lvolution politique, sociale et culturelle. Lesgrandes priodes sont travailles en continuit depuis laprhistoire jusquau monde actuel. Une large place estfaite lhistoire nationale, avec des ouvertures cons-quentes sur lEurope ou sur le monde. La chronologieest respecte, les dates importantes sont apprises, despersonnages sont tudis.

    36 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • Lhistoire impose le dbat. Elle implique des lecturesdun type nouveau et une autre approche du rcit. Ellepermet dentraner llve faire des synthses.

    cette tape de la scolarit, la gographie commencepar une sensibilisation la diversit des espaces, pourarriver une lecture des paysages et des reprsentationscartographiques qui en rendent compte. Le parcours vadu cadre le plus large, le monde, pour recentrer latten-tion sur la France, en passant par lEurope. Descriptionset comparaisons permettent de mettre en lumirequelques-unes des manires dont lhomme transformelespace quil habite.

    La gographie facilite un rapport concret et actif lespace et ses reprsentations. Elle sappuie sur destextes, mais privilgie les mthodes actives : analyse etproduction dimages, dessins, cartes, etc.

    ducation scientifiqueLducation scientifique permet darticuler un ensei-

    gnement des mathmatiques exigeant avec la dcou-verte du champ disciplinaire des sciences exprimentaleset de la technologie. Lobjectif est damener les lves comprendre ce quest une attitude scientifique et exercer leur pense rationnelle

    MathmatiquesInscrit dans le cadre dune ducation scientifique

    large, lenseignement des mathmatiques est tout natu-rellement centr sur la rsolution de problmes. Lesactivits dlucidation, qui se dveloppent dans le cadredes sciences exprimentales, donnent toute leur signifi-cation aux notions abordes.

    Le matre fait une large place lexploitation de don-nes numriques mettant en jeu les nombres naturels etdcimaux, les oprations, la proportionnalit et lorga-

    37Rsum des programmes de lcole primaire

  • nisation des donnes en listes, tableaux, diagrammes ougraphiques.

    Les nombres entiers naturels sont le domaine privi-lgi de lcole primaire. En se familiarisant avec leurusage et leur structuration (numration dcimale, com-paraison et rangement, relations arithmtiques du typedoubles, moitis, quadruples, quarts, etc.), les lvesacquirent les connaissances de base ncessaires la pra-tique du calcul, en particulier du calcul mental.

    Les fractions simples et les nombres dcimaux consti-tuent lautre volet de cette exploration de lunivers desnombres. L encore, on attend des lves quils en com-prennent lcriture en mme temps que lusage, et quilspuissent comparer, ranger, intercaler, encadrer, placersur une droite gradue.

    Le calcul sur les nombres entiers et dcimaux se dve-loppe sous diffrents aspects : mmorisation des rsul-tats, techniques opratoires (addition, soustraction,multiplication, division euclidienne), calcul rflchiexact ou approch, ordres de grandeur, utilisation descalculatrices. Priorit est donne au calcul mental.

    En gomtrie, llve continue amliorer sa vision delespace. Il apprend reprer des cases ou des points surdes quadrillages, utiliser des cartes et des plans pouracqurir la notion dchelle. Il identifie des relations etdes proprits : alignement, perpendicularit, parall-lisme, galit des longueurs, axes de symtrie axiale,milieu dun segment. Il utilise des instruments (rgle,querre, compas) et des techniques (pliage, calque,papier quadrill). Il travaille sur des figures planes (tri-angle, carr, rectangle, losange, cercle), sur des solides(cube, paralllpipde rectangle), et sinitie aux tech-niques de lagrandissement et de la rduction.

    38 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • Enfin, il poursuit son exploration des notions de gran-deur : longueur, masse, contenance, dure, aire, angle.Il commence rsoudre des problmes concrets en utili-sant des mesures. Il se sert des units usuelles et devientcapable dtablir les quivalences entre certainesdentre elles.

    Sciences exprimentales et technologie

    La mthode de travail est ici essentielle. Il sagit pourle matre de crer les conditions dune activit quiaiguillonne la curiosit des lves, les incite laborerune dmarche dinvestigation donnant accs desconnaissances contrlables dans des documents de rf-rence. Lexprimentation, la recherche de solutionstechniques, lobservation directe ou assiste, larecherche documentaire, les enqutes et les visites ensont des dimensions obliges.

    Le programme permet de rpondre de nombreusesquestions que se posent les lves de cet ge et perce-voir, au-del, de nouveaux champs de la connaissance : lamatire, tudie y compris dans ses manifestationsmoins immdiates comme lair ; le vivant (dveloppe-ment, reproduction, traces de lvolution) complt parune information sur les grandes tapes de lhistoire de laTerre ; lenvironnement ; la sant ; les circuits lec-triques simples ; les leviers et les balances, la transmissiondes mouvements mcaniques.

    Llve tient un cahier dexpriences.Les technologies de la communication et de linforma-

    tion sont de mieux en mieux matrises. Tous les lvesdoivent pouvoir postuler au niveau 1 du brevet infor-matique et internet (B2i).

    39Rsum des programmes de lcole primaire

  • ducation artistiqueLducation artistique implique trois types dactivits :

    la pratique crative, la rencontre duvres, le travail surles techniques. Son objectif est denrichir les capacitsdexpression et la sensibilit. Le projet est lune de sesmodalits privilgies. Une liste duvres de rfrenceconstitue les bases dune culture commune.

    Les arts visuels et lducation musicale sont au cur delducation artistique, mais dautres domaines artis-tiques comme le jeu thtral, la danse, le cinma, lar-chitecture sont galement abords. Toutes les coles ontune chorale. Des classes parcours artistique et culturelpeuvent tre organises.

    Arts visuelsLenseignement des arts visuels sappuie sur le dessin,

    qui devient une pratique rgulire et personnelle.Llve dcouvre des supports, des instruments, destechniques et des gestes qui lui permettent denrichirses capacits dexpression. La mise en uvre de compo-sitions personnelles ou collectives lui fait dcouvrirquelques principes dorganisation. La manipulation dematriaux et dobjets divers ayant des qualits plas-tiques et expressives le conduit des ralisations en troisdimensions. Ses travaux sont valoriss dans le cadredexpositions.

    Llve explore lunivers des images. Il sinitie la prisede vue. Il utilise les clichs obtenus dans des construc-tions plastiques plus larges. Il affine ainsi sa perceptionde lenvironnement (paysage, architecture). La ren-contre avec des uvres dart alimente le muse dela classe, permet chacun de construire son muse per-sonnel et dlaborer de vritables connaissances, basesdune culture partage.

    40 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • ducation musicaleComme dans le cycle prcdent, lducation musicale

    se partage entre culture de la voix et culture de loreille.Elle sappuie sur les jeux vocaux, sur lapprentissage dechants, en canon ou deux voix, en petits groupes ouen formation chorale. Le reprage et la comparaison demotifs, de formes musicales et de genres diffrentsdevient possible : linterprtation sen trouve enrichie.

    Le rpertoire est largi. Il intgre des chants en languetrangre ou rgionale ainsi que des uvres lies auprogramme dhistoire. Les lves sont amens sortirde lunivers musical qui leur est familier pour dcouvrirdautres musiques. Chaque fois que cest possible, le tra-vail effectu est rinvesti dans la chorale.

    Les pratiques instrumentales portent le plus souventsur des instruments rythmiques. Elles sinscrivent toutnaturellement dans un projet artistique large. La pers-pective dune prsentation publique de leur travail estun puissant stimulant pour les lves.

    ducation physique et sportiveLducation physique et sportive se poursuit selon la

    mme organisation que dans le cycle des apprentissagesfondamentaux. Avec des lves plus gs, il devient pos-sible pour le matre daller plus loin dans le dveloppe-ment des capacits et des ressources ncessaires auxgrandes conduites motrices : locomotion, quilibre,manipulation, lancer, rception dobjets. Ils ont djquelques repres dans les activits physiques et spor-tives de rfrence. Par ailleurs, lacquisition de comp-tences plus complexes leur permet de mieux connatreleur corps et, par l, de comprendre pourquoi il doit trerespect et gard en forme.

    41Rsum des programmes de lcole primaire

  • Au-del du besoin de bouger et du plaisir dagir,llve dcouvre le sens de leffort et de la persvrance.Il comprend comment sarticulent antagonisme etcoopration. Il peroit les contraintes de la rgle et lamanire dont sengage sa responsabilit.

    Comme lors du cycle prcdent, plusieurs des grandesactivits physiques et sportives sont travailles chaqueanne de manire construire des apprentissages solides.

    Selon les moyens humains et techniques disponibles,on peut les mettre en uvre : pour la ralisation de performances chronomtres :

    activits athltiques, natation pour ladaptation diffrents environnements : orien-

    tation, escalade, roule et glisse, quitation, activitsnautiques

    pour les activits daffrontement individuel ou col-lectif : jeux de lutte, de raquettes, jeux collectifs (tra-ditionnels ou sportifs)

    pour les activits vise artistique, esthtique ouexpressive : gymnastique artistique ou rythmique, acti-vits de cirque, natation synchroniseChacun des modules abords est loccasion de

    construire des connaissances nouvelles, tant sur lactivitcorporelle elle-mme que sur la place des pratiques phy-siques et sportives dans nos cultures.

    42 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • LES PROGRAMMESDE LCOLE MATERNELLE(CYCLE 1 CYCLE DES APPRENTISSAGES PREMIERS)

  • PRAMBULE *

    UNE COLE EXIGEANTE

    En ce dbut de XXIe sicle, lcole primaire doit rester fidle la grande inspiration de lcole rpublicaine : offrir tousles enfants des chances gales et une intgration russie dansla socit franaise. Elle ne peut en mme temps ignorer lesgrandes mutations de son histoire rcente, et la plus positivedentre elles, la prolongation de la scolarit. Il est loin letemps o lcole primaire se suffisait elle-mme, dvelop-pant un systme parallle au lyce, sans lien avec celui-ci. Elleest aujourdhui la premire tape dun long parcours qui sepoursuit obligatoirement jusqu seize ans et, pour la plusgrande partie des lves, jusqu vingt et un ou vingt-deuxans. Ds lors, elle doit devenir le socle sur lequel se construitune formation complexe et de longue dure menant chacun une qualification, pour la plupart dun niveau lev et, pourtous, devant tre mise jour tout au long de la vie.Enseignement de base ne signifie donc pas sommaire. Le mot lmentaire nest plus appropri sil est synonyme de sim-pliste. Pour bien prendre en compte ces finalits, lcole pri-maire ne peut quavoir des exigences leves qui mettent enjeu la fois mmoire et facult dinvention, rigueur et imagi-nation, attention et apprentissage de lautonomie.

    Les dfis que notre enseignement affronte sont de plus enplus complexes. Ils contraignent largir sans cesse lhorizondes objectifs tout en sassurant, de manire chaque fois plusvigilante, quaucun lve nest laiss lcart. Cest le cas delapprentissage des langues vivantes qui doit permettre laFrance de satisfaire des exigences partages par la plupartde ses partenaires dans le monde. Pour tre efficace, il doittre entrepris ds le plus jeune ge et ne peut se limiter unesimple sensibilisation. Il suppose donc un vritable enseigne-

    46 Quapprend-on lcole maternelle ?

    * NdE : ce prambule est commun aux trois cycles de lcole primaire.

  • ment se prolongeant au collge. Toutefois, pour viter toutesurcharge gnratrice dchec, il doit tre articul avec tousles autres domaines de lcole primaire et, plus particulire-ment, avec la matrise du langage et de la langue franaise,priorit absolue.

    Face un public de plus en plus divers et qui, plus tard, doitchoisir parmi des voies diffrentes de formation, lcole doit,trs tt, prendre en compte et dvelopper la pluralit et ladiversit des aptitudes chez chaque lve, lui permettantdatteindre les objectifs communs fixs par les programmes. ct du raisonnement et de la rflexion intellectuelle dontlimportance ne peut tre minimise, le sens de lobservation,le got de lexprimentation, la sensibilit et limaginationcratrice doivent tre dvelopps. Lducation artistique,lducation physique, lducation scientifique et techniquesont ainsi des aspects irremplaables de la formation scolaire.

    Faire place ces ncessaires avances sans rien perdre desexigences permanentes de lcole rpublicaine en faveur de larussite de tous les lves suppose la fois de nouveaux pro-grammes et une certaine rorganisation des enseignements.

    UNE CULTURE SCOLAIRE PARTAGE

    Deux grands axes structurent lenseignement primaire, lamatrise du langage et de la langue franaise, lducationcivique. Transmettre la langue nationale est lobjectif fonda-mental. Se sentir chez soi dans la langue franaise est indis-pensable pour accder tous les savoirs. Tout au long delcole primaire, cet impratif doit tre la proccupation per-manente des enseignants. lcole maternelle, ils donnent lapriorit lexpression orale et prparent laccs lcrit.Savoir lire et aimer lire sont les objectifs majeurs des pre-mires classes de lcole lmentaire. Ds la fin du cycle 2,llve doit pouvoir lire avec aisance et comprendre un textesimple. Cet apprentissage de la lecture se poursuit tout aulong du cycle 3. Les lves y rencontrent des textes de plus enplus longs, divers et complexes. Ils apprennent donc liredans toutes les disciplines et travers des crits de nature

    47Prambule

  • diffrente : uvres de fiction, rcits et documents historiques,descriptions gographiques, comptes rendus dexpriencesscientifiques. Voil pourquoi les ateliers de lecture, si profi-tables dans ce cycle, doivent se distribuer dans les diffrentsdomaines : ateliers de lecture littraire, les plus nombreux etles plus rguliers ; ateliers de lectures historiques, gogra-phiques et scientifiques, ponctuellement, pour chaque grandthme abord. Lapprentissage de lcriture est une longueconqute qui se prpare ds lcole maternelle. la fin ducycle 2, les lves doivent pouvoir rdiger cinq dix lignes, enmatrisant les problmes du vocabulaire, de la syntaxe et delorthographe. Ce travail est prolong au cycle 3 par la pro-duction de textes spcifiques des diffrentes disciplines : rcitsou pomes en littrature, courtes synthses en histoire ou engographie, carnets dexpriences en sciences exprimen-tales, projets, petits scnarios en arts visuels

    Lducation civique implique, outre des connaissancessimples et prcises, des comportements et des attitudes. Pourtre solide et efficace, elle doit se construire, jusqu la fin ducycle 2, partir du respect de soi et de lautre, dans la dcou-verte progressive des contraintes du vivre ensemble .Lapprentissage de la communication rgle en est lun desmeilleurs instruments. La tenue de dbats o chacun doitsavoir rfrner sa parole, laisser la place celle de lautre etcomprendre son point de vue mme quand on ne le partagepas , chercher le convaincre en argumentant, est la pre-mire forme dducation la dmocratie. Ce nest quaucycle 3 que llve commence prendre conscience de lexis-tence de valeurs civiques et acquiert, partir des diffrentesdisciplines, les premiers savoirs susceptibles de nourrir sarflexion et de mieux le prparer tre citoyen.

    Les divers champs disciplinaires nmergent que progressi-vement tout au long de lcole primaire. Ils nexistent pas lcole maternelle dont les programmes ne contiennent pasde liste de connaissances retenir ni mme de rpartitionhoraire. Cela ne signifie pas, bien au contraire, que lesenfants ny apprennent rien. La programmation des appren-tissages doit y tre aussi rigoureuse et exigeante que dans les

    48 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • cycles de lcole lmentaire. Ds le cycle 2 apparaissent leslangues trangres ou rgionales, au dbut de lcole l-mentaire les mathmatiques, lducation artistique et ldu-cation physique et sportive. Au cycle 3 se dgagent la littra-ture, lhistoire et la gographie, les sciences exprimentales etla technologie. Les technologies de linformation et de lacommunication ne sorganisent pas en une discipline auto-nome. Ce sont des outils au service des diverses activits sco-laires, dont lappropriation active conduit au premier niveaudu Brevet informatique et internet (B2i). Elles facilitent lesapproches interdisciplinaires et louverture au monde. Il enest de mme des images, fixes ou mobiles, qui sont utilisesdans la plupart des domaines disciplinaires et apprhendesde manire plus approfondie dans le cadre des arts visuels.

    Lorganisation progressive des enseignements en champs dis-ciplinaires ne signifie pas, pour autant, que lintgration desdiffrents apprentissages de lcole primaire doive seffacer.Lenseignant met profit sa polyvalence pour multiplier les liai-sons et les renvois dun domaine lautre. Il vite ainsi lempi-lement dsordonn des exercices tout en maintenant unniveau dexigence lev, gage de la construction de connais-sances solides. Cest ce prix que lcole permet chaque lvedacqurir le socle culturel sans lequel les connaissances djrencontres ou venir ne seraient que des savoirs clats.

    La matrise du langage et de la langue franaise est, eneffet, insparable de lacquisition des multiples facettes duneculture : littraires, historiques et gographiques, scientifiqueset techniques, corporelles et artistiques. Il ny a pas oppositionentre les objectifs fondamentaux de lcole parler, lire, crire,compter et des savoirs solides et diffrencis. Cest dans unemme dynamique quils se construisent et se consolident rci-proquement. Ainsi de la lecture : pass le temps des premiersapprentissages, ce sont les connaissances acquises travers lesleons dhistoire, de gographie ou de sciences, ou encoregrce la frquentation de la littrature et des arts, qui fon-dent la comprhension dun texte et, donc, rendent le lecteurefficace. Quelques-uns de ces liens sont suggrs, les ensei-gnants sauront en tablir beaucoup dautres.

    49Prambule

  • Ces programmes sinscrivent dans la perspective de la loidorientation de 1989 et confortent une volution dj per-ceptible dans les textes antrieurs. La continuit est parfois plusancienne encore. Lampleur des ambitions, le recours linitia-tive de llve, par exemple, ne sont pas des attentes nouvelleset leur ritration est la preuve tangible des difficults quim-plique leur mise en uvre. Dj, les instructions de 1882, arr-tes par Jules Ferry, prcisaient que la mthode suivre nepeut consister ni dans une suite de procds mcaniques, nidans le seul apprentissage de ces premiers instruments de com-munication : la lecture, lcriture, le calcul, ni dans une froidesuccession de leons exposant aux lves les diffrents cha-pitres dun cours . Et elles ajoutaient : La seule mthode quiconvienne lenseignement primaire est celle qui fait interve-nir tour tour le matre et les lves, qui entretient pour ainsidire entre eux et lui un continuel change dides sous desformes varies, souples et ingnieusement gradues. Les ins-tructions de 1923, bases de notre cole jusqu la dcennie1970, vont plus loin encore dans des propos qui anticipent lesconseils donns quatre-vingts ans plus tard : lobservationqui laisse encore lcolier passif, nous prfrons, dans la mesureo elle peut tre pratique lcole primaire, lexprimenta-tion qui lui assigne un rle actif. Dans certaines coles, lesenfants du cours prparatoire eux-mmes psent les liquides etse rendent compte de la diffrence des densits. Et il faut voiravec quelle joie ils enregistrent les rsultats. Nous souhaitonsque de telles pratiques se gnralisent, que partout les lvescollaborent la prparation des leons, la rcolte des mat-riaux et des documents (quil sagisse de cartes postales illus-tres, de plantes ou dinsectes)

    Pour faciliter le travail des matres et assurer une liaison plusefficace entre cole primaire et collge, chaque partie du pro-gramme est suivie de la liste des comptences exigibles la finde lcole maternelle, du cycle des apprentissages fondamen-taux et du cycle des approfondissements. Chaque fois sont dis-tingus dun ct les comportements et les savoir-faire (trecapable de), de lautre les connaissances (avoir compris et

    50 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • retenu). Ainsi se dfinit ce que lon est en droit dattendre delcole primaire, premier niveau dune culture commune.

    LA RUSSITE DE TOUS

    Ce recensement systmatique des comptences fournit labase des valuations chaque fin de squence ou lors desgrands rendez-vous qui rythment le droulement de lensei-gnement comme lors de lvaluation des apprentissages decycle 2 (en dbut de CE2). Ce renforcement des valuations nedoit pas conduire stigmatiser, classer prmaturment, enfermer les lves dans des catgories qui deviennent desdestins ou, pire, faire revivre des structures de relgationdun autre temps. Ce sont des instruments qui aideront lesmatres assurer la russite de tous leurs lves. Si elles enfer-maient les plus fragiles dans leur chec, elles nauraient pasrempli leur objectif. Il en est ainsi galement des outils pourmesurer le progrs en langage des lves la fin de lcolematernelle et au dbut de lcole lmentaire. Plus quejamais, la seule rgle est le regard positif port sur lenfant,mme en extrme difficult. Les matres doivent donc veiller mettre en valeur les rsultats dj atteints plutt que lesmanques, mesurer des volutions plutt que des niveaux, endduire des stratgies pour assurer la russite de chacun deslves.

    Il ny a pas, en effet, de traitement global des obstacles larussite scolaire : chaque cas est particulier et relve duneanalyse, dun traitement spcifique sur la longue dure,comme le prvoient entre autres les programmes personnali-ss daide et de progrs (PPAP). Cest loccasion de rappeler lancessaire diffrenciation de tout enseignement.

    Si le regard port sur chaque lve est individualis, il nedoit pas tre unique. Laccompagnement des lves fragilessuppose le travail en rseau, avec lcole maternelle voisinecomme avec le collge. Cette prise en charge est de la res-ponsabilit des quipes dcole ou de cycle, mme lorsquunappui est demand aux membres du rseau daides spciali-ses aux lves en difficults (RASED). Les matres sauront

    51Prambule

  • utiliser la diversit des moyens mis leur disposition (tudesdiriges, technologie de linformation et de la communica-tion, projets artistiques et culturels, activits physiques etsportives), tant il est vrai que le dtour pdagogique peuttre plus efficace que la multiplication dexercices pour per-mettre llve de reprendre confiance en lui-mme.

    Des liens rgulirement entretenus et une collaborationtroite avec les parents permettent de rsoudre bien des pro-blmes. Sans cette relation confiante et continue qui conduitles parents comprendre et soutenir le travail fait lcole etles matres expliquer les raisons de leurs exigences et accepter dcouter la famille, lchec menace et, pour cer-tains, la dscolarisation.

    HORAIRES ET PROGRAMMATION

    Les horaires de lcole lmentaire indiqus en fin dou-vrage sont donns sur la base dune semaine de quatre jourset demi dont il faudra soustraire une rcration de quinzeminutes chaque demi-journe. Compte tenu de la disparitdes organisations de la semaine dune cole lautre, ils doi-vent tre traduits en une rpartition annuelle susceptible demieux intgrer les formes de scolarit exceptionnelles commeles classes transplantes ou les projets thmatiques (en parti-culier les projets artistiques et culturels). Dans plusieurs cas, ilest indiqu une fourchette horaire qui laisse aux enseignantsune plage de libert importante pour programmer leurs acti-vits. De mme, la suppression dun horaire spcifiqueaccord aux tudes diriges ne signifie pas la disparition decelles-ci, mais une autonomie supplmentaire laisse auxmatres pour utiliser cette pratique en fonction des besoinsparticuliers dune classe tout au long de lanne ou pendantune priode dtermine.

    Cette souplesse permet lquipe de cycle dajuster lesenseignements au plus prs des besoins et aux matresdadopter chaque tape le rythme qui leur convient. Il peutarriver dailleurs que le conseil de cycle dcide daccorder telle activit une importance plus grande, en fonction dune

    52 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • actualit ou de tout autre motif. Il en est ainsi de la demi-heure de dbat consacre la vie de classe qui, en cas de criseou lors de llaboration dun projet exceptionnel, doit pou-voir tre augmente. Dailleurs, la rpartition horaire ne peutpas tre interprte la lettre, dans la mesure o chaquedomaine nest jamais ferm sur lui-mme. Tous participent dela matrise du langage et une part de leur temps y est nces-sairement consacre. En dehors de cette organisation trans-versale de la programmation, clairement affirme en cycle 3mais dj prsente au cycle 2, il est bien dautres recoupe-ments. Quand, en arts visuels, le matre initie la lecture delimage, il facilite le travail de toutes les disciplines qui lutili-sent. Lorsque, en gographie, il fait tudier ses lves despaysages, il contribue duquer leur regard et donc satisfait lun des objectifs des arts visuels.

    Cette indispensable libert ne doit pas mettre en pril lqui-libre gnral de lanne et la programmation des activits toutau long du cycle. Une organisation rigoureuse du cycle, de lan-ne et de chaque priode dapprentissage est indispensable.Elle doit tre affiche dans la classe. Elle est complte par uncontrle a posteriori du travail fait, grce aux indications por-tes sur le cahier-journal. Il est utile, priodiquement, de fairele bilan des actions entreprises et, grce aux valuations, denmesurer les effets. Cet examen, quil est bon de conduire enquipe de cycle, permet de reconsidrer la programmation desapprentissages et ventuellement de la corriger.

    Quelles que soient les formes dorganisation retenues dela journe et de la semaine, un impratif simpose tous :faire lire et crire chaque lve quotidiennement, traversles diffrents domaines dactivit, pendant un temps suffi-sant, et ainsi le conduire lautonomie qui lui permettra deprofiter pleinement des enseignements du collge. Un enca-dr spcifique le rappelle clairement dans les horaires descycles 2 et 3.

    Les projets dcole, centrs sur des objectifs pdagogiques,sont les instruments dont disposent les quipes de matrespour organiser la programmation la mieux adapte leurslves dans le respect des objectifs atteindre. Ils doivent assu-

    53Prambule

  • rer les continuits ncessaires et aider aux ruptures indispen-sables. La progression des lves implique en effet les unes etles autres. La collaboration rgulire entre enseignants dcolematernelle et enseignants dcole lmentaire, comme entreenseignants dcole lmentaire et enseignants de collge, estseule susceptible de donner leur cohsion aux apprentissagesdes lves jusqu la fin de la scolarit obligatoire.

    LES INSTRUMENTS DE TRAVAIL

    Les prsents programmes renouent avec la tradition quiconsistait expliciter de manire dtaille non seulement lescontenus denseignement arrts, mais aussi les mthodes etlorganisation des activits susceptibles de les appliquer demanire efficace et cohrente. Cest en particulier le cas pour lamatrise du langage lcole maternelle et au cycle 2.Nanmoins, sur plusieurs points, ils mritent dtre encore plusexplicits, quil sagisse de disciplines comme lhistoire aucycle 3 ou de thmes transversaux comme la russite des lvesen difficult. Ils sont donc complts par des documents dap-plication qui donnent toutes les prcisions ncessaires leurmise en uvre. Des fiches de connaissances contenant desexemples de programmations dactivit et des squences dap-prentissage seront rgulirement publies et mises la disposi-tion de chacun sur le serveur informatique du ministre.

    Les manuels doivent redevenir les instruments de travailquils nauraient jamais d cesser dtre. Ils offrent aux lvesde multiples occasions de lectures et de recherches auto-nomes que ne permet pas la multiplication de photocopies,expression du savoir fragment. ct deux, les encyclop-dies, les dictionnaires, les produits multimdias constituentdes ouvrages de rfrence que les lves prennent lhabitudede consulter avec laide du matre. Partout o cela est pos-sible, le dveloppement des bibliothques-centres documen-taires (BCD), mises en rseau avec le centre de documentationet dinformation (CDI) du collge du secteur et dautresbibliothques locales, est un appui indispensable la mise enapplication de ces programmes.

    54 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • La volont de dvelopper une culture littraire et artistiqueforte, ds lcole primaire, conduit proposer un nouvel ins-trument de travail : une liste de rfrences duvres regrou-pes dans un document dapplication qui puisse aider et gui-der les matres. Il existe en effet des textes qui ont nourri desgnrations et qui gardent encore toute leur force dmo-tion, de rflexion ou de rve. Ils sont, de plus, le socle des lit-tratures daujourdhui, qui ne cessent de dialoguer avec eux.Ils doivent tre partags par tous. De mme, chacun saccordesur lexistence dun patrimoine architectural, musical ou pic-tural qui fait aujourdhui partie dune culture commune. Lartnest-il pas, par ailleurs, le moyen le plus efficace de com-prendre dautres civilisations loignes dans le temps ou danslespace ? Il nest pas trop tt, lcole primaire, pour arrterles enfants sur ces uvres. Si lcole ne le fait pas, qui le fera ?Toutefois, il ne faut pas brler les tapes. La rencontre avecun grand texte ou une uvre dart est dabord, pour chaquelve, un moment unique qui requiert simplement le silence,le regard et lcoute, et laisse toute sa place lmotion par-tage. Mme si lanalyse peut tre esquisse durant cette pre-mire tape de la scolarit, cest au collge quelle seramene plus avant. Les lves, en effet, pourront y appliquerune rflexion plus assure et des instruments plus complexes.Lexplication et linterprtation des textes ou des uvres dartsupposent une culture solide qui, on le sait, ne se construitque dans la frquentation prcoce et assidue de productionslittraires ou artistiques nombreuses et varies. Dans cedomaine, lcole primaire joue un rle irremplaable.

    Ces programmes sont exigeants. Ils sont la mesure de lat-tente de notre pays et des ncessits dune socit duXXIe sicle fonde sur lintelligence. Ils tmoignent de laconfiance accorde aux matres qui sauront les mettre enuvre, avec la collaboration de tous les autres adultes delcole et lappui des parents.

    55Prambule

  • INTRODUCTION

    Permettre chaque enfant une premire exprience sco-laire russie est lobjectif majeur de lcole maternelle. Dotedune identit originale et dune culture adapte lge et audveloppement des enfants quelle accueille, cette cole deplein exercice se distingue de lcole lmentaire par la pda-gogie quelle met en uvre.

    Les enseignants1 y ont le souci doffrir chaque enfant uncadre de vie et une organisation des activits qui favorisent sonautonomie et lui laissent le temps de vivre ses premires ex-priences tout en lengageant de nouvelles acquisitions. Ilsidentifient avec prcision les besoins de chacun, ils crent lesconditions des dcouvertes fortuites et suscitent les exprimen-tations spontanes. Ils encouragent lactivit organise etmaintiennent un niveau dexigence suffisant pour que, dansses jeux, lenfant construise de nouvelles manires dagir sur laralit qui lentoure. Lcole maternelle constitue le socle du-catif et pdagogique sur lequel sappuient et se dveloppentles apprentissages qui seront systmatiss lcole lmentaire.Cest par le jeu, laction, la recherche autonome, lexpriencesensible que lenfant, selon un cheminement qui lui est propre,y construit ses acquisitions fondamentales.

    La loi dorientation de 1989 a rappel les places respectivesde lcole maternelle et de lcole lmentaire dans lensei-gnement primaire. Le dcret du 6 septembre 1990 2 en a pr-cis lorganisation en trois cycles pdagogiques : le cycle des

    56 Quapprend-on lcole maternelle ?

    1. Lenseignant de lcole primaire est le plus souvent une enseignante. La gram-maire du franais conduit toutefois utiliser le seul masculin lorsquil est fait rf-rence des fonctions abstraites. Lenseignant , le matre comme les lves ou lenfant renvoient donc ici lusage gnrique de chacun de ces termes sansdistinction de sexe. Dans les autres emplois des termes dsignant des professions, ilest au contraire recommand de distinguer par le masculin et le fminin les fonctionsquexercent des personnes relles.2. Dcret n 90788 du 6 septembre 1990 relatif lorganisation et au fonctionne-ment des coles maternelles et lmentaires, Journal officiel n 208 du 8 septembre1990.

  • apprentissages premiers, qui se droule lcole mater-nelle ; le cycle des apprentissages fondamentaux, qui com-mence la grande section dans lcole maternelle et qui sepoursuit pendant les deux premires annes de lcole l-mentaire ; le cycle des approfondissements, qui corres-pond aux trois dernires annes de lcole lmentaire etdbouche sur le collge . La responsabilit de lcole mater-nelle est donc double. Il lui appartient dabord de mener bien les apprentissages premiers. Il lui appartient aussi den-gager tous ses lves, sans exception, dans cette premiretape des apprentissages fondamentaux, sans laquelle len-tre dans lcrit ne saurait tre russie.

    Les apprentissages premiers ne sont pas dnomms telsparce quils sont chronologiquement les premiers auxquelssoient confronts les tout jeunes lves. Ils sont premiersparce quils permettent lenfant de dcouvrir que lappren-tissage est dornavant un horizon naturel de sa vie. Ils lui per-mettent dentrer dans cette articulation entre jeux et activitspar laquelle il deviendra progressivement un colier qui aimeapprendre, qui a pris conscience quil existe des chemins quimnent des savoir-faire indits, des connaissances tou-jours neuves. La premire tape des apprentissages fonda-mentaux suppose, pour tre mene bien, le cadre spci-fique de la pdagogie de lcole maternelle. Cest cettedynamique qui donne cette cole sa ncessaire unit, sonidentit et son intgrit.

    Dans cet esprit, les prsents programmes concernent la tota-lit de lcole maternelle, et les comptences qui y sontdtailles sont celles de fin de grande section.

    UNE COLE ORGANISE POUR LES JEUNES ENFANTS Lenfant qui entre pour la premire fois lcole maternelle

    sest dj donn de nombreux savoir-faire et habitudes quirglent sa vie quotidienne dans son milieu familial ou chezlassistante maternelle, mais aussi, de plus en plus souvent,dans des lieux de vie collective comme la crche ou la halte-

    57Introduction

  • garderie. Lcole, par ses dimensions, le nombre dadultes etdenfants qui la frquentent, ses quipements, constituecependant un environnement inattendu qui met en dfautses repres et auquel il va devoir sadapter.

    Les enseignants, en apportant un soin tout particulier lorganisation du milieu scolaire, facilitent ce passage tout enrpondant aux exigences et besoins des ges successifs de lapetite enfance. Ils permettent que la participation aux mul-tiples formes de la vie collective se combine sans heurts avecles moments de retrait et disolement. Il incombe tous lesadultes prsents, sous la responsabilit de lenseignant, decrer pour chaque enfant les conditions dun dveloppementharmonieux, respectueux de ses rythmes de croissance et desa personnalit.

    Lamnagement de lcole, des salles de classe, des sallesspcialises doit offrir de multiples occasions dexpriencessensorielles et motrices. Il permet dprouver des motions,de crer et de faire voluer des relations avec ses camaradesou avec les adultes. Il garantit chaque enfant de grandirdans un univers culturel qui aiguise sa curiosit et le conduit des connaissances sans cesse renouveles en totale scurit.

    Lorganisation du temps respecte les besoins et les rythmesbiologiques des enfants tout en permettant le bon droule-ment des activits et en facilitant leur articulation. La duredes squences est adapte la difficult des situations pro-poses autant qu lge des enfants concerns. Les momentsexigeant une attention soutenue alternent avec dautres pluslibres, les ateliers avec les regroupements, les travaux indivi-duels avec les activits ncessitant changes ou coopration.Laccueil, les rcrations, les temps de repos et de sieste, degoter ou de restauration scolaire sont des temps dduca-tion. Ils sont organiss et exploits dans cette perspective parceux qui en ont la responsabilit.

    Toutefois, le vcu quotidien des enfants ne se rduit pas autemps scolaire. Il y a bien sr la vie familiale, mais aussi desmoments durant lesquels lenfant est pris en charge dansdautres modes daccueil. Tout en gardant sa libert dactionet ses spcificits, lcole maternelle joue un rle pivot dans le

    58 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • rseau des institutions de la petite enfance pour mettre enplace les synergies possibles et viter les incompatibilits et lessurcharges.

    Les enseignants partagent avec les parents lducation desenfants qui leur sont confis. Cette situation imposeconfiance et information rciproques. Il est important quelcole explique, fasse comprendre et justifie ses choix, quelledonne voir et comprendre ses faons de faire. Elle doitprendre le temps dcouter chaque famille et lui rendrecompte fidlement des progrs ou des problmes passagersrencontrs par son enfant. La qualit de cette relation est lesocle de la ncessaire co-ducation qucole et famille ne doi-vent cesser de construire.

    ACCOMPAGNER LES RUPTURES ET ORGANISER LES CONTINUITS La scolarisation denfants de plus en plus jeunes a confront

    lcole maternelle aux difficults dune htrognit accruede ses lves. Les tout-petits qui ont peine deux ans yctoient des grands qui en ont dj presque six. Organisertrois ou quatre annes de vie scolaire exige de dfinir desprincipes de progressivit.

    Laccueil des tout-petits impose des exigences particulires. deux ans, les enfants restent fragiles. Ils ne doivent pas tre pri-vs des temps o ils sisolent et qui sont ncessaires leur matu-ration, mais ils doivent aussi sengager dans une vie collectivequi suppose acceptation dautrui et coopration. Souvent laprsence des plus grands leur est une aide prcieuse. Seul unprojet exigeant permet darticuler ces contraintes. Il doit impli-quer lensemble de lquipe pdagogique.

    Entre trois et cinq ans se font jour de nombreuses possibili-ts daction et de cration. Les enfants manifestent une curio-sit insatiable et le plaisir renouvel de sengager dans desexpriences neuves. Il faut pouvoir rpondre de manireordonne toutes ces attentes, satisfaire le dsir dapprendrede tous sans dcevoir les uns ni dcourager les autres.

    59Introduction

  • Lorsquils arrivent en dernire anne dcole maternelle(grande section), la plupart des enfants prcisent et structu-rent leurs acquis tout en poursuivant la dcouverte active dumonde. Cest ce qui se produit en particulier dans le domainedu langage, o les multiples questionnements sur lcrit quistaient manifests les annes prcdentes commencent trouver des solutions plus cohrentes et mieux structures.Pour dautres enfants, lanne des cinq ans est souvent nces-saire pour renforcer des comptences encore fragiles. Cela estvrai pour ceux qui sont confronts un environnement diffi-cile, pour ceux dont la scolarisation a t trop rduite fautedune frquentation rgulire ou encore pour certainsenfants ns en fin danne et qui se retrouvent ainsi les plusjeunes de leur classe.

    Cette attention aux phases successives du dveloppementnimpose pas, pour autant, que lorganisation de lcolematernelle en classes dge homogne soit le seul et lemeilleur moyen daccompagner chaque enfant au rythme quiest le sien. Chacun sait le rle dcisif que la fratrie joue dansle dveloppement. Elle permet aux plus jeunes de multiplierles occasions dinteractions avec les plus gs et ces derniersdprouver dans leur relation aux plus petits les savoir-faire etles savoirs nouvellement acquis. Les uns et les autres en tirentbnfice. Selon les moyens dont dispose lcole et les besoinsdes enfants qui la frquentent, il est possible de structurer lesclasses en mlangeant les ges sans pour autant se priver demoments o lon revient des groupes plus homognes.

    Lenseignant est particulirement attentif aux ractions desenfants mais ninterprte pas trop htivement leurs produc-tions. Lenjeu est de comprendre les cheminements et dva-luer les progrs pour adapter les exigences et ajuster les pro-positions de manire ce que chaque enfant dcouvre, toutau long de sa scolarit, des activits sans cesse renouveles etinscrites dans des progressions dapprentissage cohrentes.

    Lvaluation est une dimension centrale de lactivit desenseignants, lcole maternelle comme dans les autresniveaux de la scolarit primaire. Elle facilite ladaptation desactivits aux besoins de la classe comme de chacun des lves.

    60 Quapprend-on lcole maternelle ?

  • Des outils varis ont t produits par les matres ou leur ontt proposs. Ils permettent de faire le point au moment ochacun des enfants commence mettre ses premiers acquis auservice des exigences dune nouvelle tape dapprentissages.

    Lcole maternelle entretient des liens troits avec lcolelmentaire. Cette articulation, qui ne concerne pas que lesenseignants de la grande section et du cours prparatoire, eststructure par le projet de chacune des deux coles. Elle per-met une vritable programmation des activits du cycle desapprentissages fondamentaux et un suivi individualis de cha-cun des lves au moment de la rupture dlicate mais nces-saire entre cole maternelle et cole lmentaire.

    Les enseignants de maternelle jouent souvent un rle impor-tant dans la dtection prcoce et dans la prvention des han-dicaps. Lenjeu est de reprer les difficults potentielles, de sus-citer la coopration des autres services de la petite enfance etde se donner ainsi toutes les chances de les rsoudre.

    Il sagit dans tous les cas, et tout au long de la scolaritmaternelle, dassurer un accompagnement de lenfant, quirespecte son identit, son rythme, ses besoins en lui donnantles conditions dune scolarit heureuse et russie.

    CINQ DOMAINES DACTIVITS POUR STRUCTURER LES APPRENTISSAGES Pour donner chaque enfant loccasion dune premire

    exprience scolaire russie, dune part lcole maternelle luipermet de former sa personnalit et de conqurir son auto-nomie au sein dune communaut qui nest plus celle de safamille, dautre part elle laide grandir et lui offre lesmoyens de constituer le socle des comptences ncessairespour construire les apprentissages fondamentaux.

    Le jeu est lactivit normale de lenfant. Il conduit u