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39 Jean-Pierre Geslin, professeur. 39 Que faire en cas de brûlure(s) ? Définition : Les brûlures sont des lésions de la peau ou des voies aériennes ou des voies digestives provoquées par la chaleur (liquide bouillant, flamme, vapeur ou objet chaud …), le frottement, diverses substances chimiques, l’électricité ou les radiations (du soleil ou ionisantes). Statistiques : 200 000 à 400 000 personnes sont victimes de brûlures en France chaque année dont les 2/3 à la maison, 10 000 à 15 000 sont hospitalisées et 3 500 sont soignées dans des centres pour grands brûlés. 500 à 700 morts. Les enfants de la naissance à 4 ans sont les plus touchés : 100 décèdent en France par an dans l’incendie d’une habitation. Causes : Les installations électriques défectueuses, les cheminées, les appareils ménagers défectueux alimentés au gaz, l’inflammation des aérosols ou leur explosion lorsqu’ils sont proches d’une source de chaleur, les briquets et les allumettes manipulés par des enfants en l’absence d’adultes, les portes de fours, les plaques vitro-céramiques et les queues - tournées vers l’extérieur - de casseroles contenant des produits chauds. Les fours micro-ondes sont indirectement cause de brûlures intra buccales : le biberon peut avoir ses parois tièdes mais le lait situé à l’intérieur est bouillant... surtout ne pas examiner la cavité buccale en employant un abaisse-langue Degré de la brûlure : Une brûlure du 1 er degré est une atteinte de la couche la plus superficielle de la peau : l’épiderme. Symptômes : peau rouge, chaude, douloureuse au moindre contact. Pas de cloque. Guérison en 2 à 3 j. Une brûlure du 2 ème degré est une destruction de la totalité de l’épiderme et d’une partie plus ou moins importante du derme. Des cloques ou phlyctènes sont présentes. Cicatrisation en 1 à 3 semaines. Dans une brûlure du 3 ème degré, toute la peau est détruite et la brûlure atteint le tissu sous-cutané. Il n’existe pas de cloques et la lésion apparaît de façon caractéristique cartonnée et de couleur blanche, brune ou noire. Elle est totalement insensible et son aspect quasi-normal pourrait conduire à méconnaître sa gravité. La cicatrisation spontanée est impossible au delà de 3 cm de largeur et il est nécessaire de faire appel à un traitement chirurgical avec ablation des tissus lésés et une greffe. Il peut exister une atteinte respiratoire associée résultant d’une brûlure de la face ou de l’inhalation de fumées ou encore de brûlures provoquées par des vapeurs. La règle des 9 est un moyen rapide d’évaluation de l’étendue des lésions : La tête = 9 % ; 1 membre supérieur = 9 %, une face du tronc = 9 % X 2, 1 membre inférieur = 9 % X 2. La paume de la main correspond à 1 % de la surface corporelle. Une brûlure nécessite une hospitalisation quand la surface brûlée est supérieure à 10 % de la surface corporelle. Photographie Le Stum/Goiveaux extraite d’un article d’ « Impact Médecin » n° 110 du 28 juin 1991 : « les brûlures ». Les Principales causes de brûlure Radiation 1% Produits caustiques 2% Electricité 3% Objets chauds 5% Explosions 10% Les incendies 14% Liquides inflammables 20% Liquides chauds 45% Pour éteindre une bassine d’huile enflammée, on étouffe le feu avec une serpillière humide.

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Que faire en cas de brûlure(s) ? Définition : Les brûlures sont des lésions de la peau ou des voies aériennes ou des voies digestives provoquées par la chaleur (liquide bouillant, flamme, vapeur ou objet chaud …), le frottement, diverses substances chimiques, l’électricité ou les radiations (du soleil ou ionisantes).

Statistiques : 200 000 à 400 000 personnes sont victimes de brûlures en France chaque année dont les 2/3 à la maison, 10 000 à 15 000 sont hospitalisées et 3 500 sont soignées dans des centres pour grands brûlés. 500 à 700 morts. Les enfants de la naissance à 4 ans sont les plus touchés : 100 décèdent en France par an dans l’incendie d’une habitation.

Causes : Les installations électriques défectueuses, les cheminées, les appareils ménagers défectueux alimentés au gaz, l’inflammation des aérosols ou leur explosion lorsqu’ils sont proches d’une source de chaleur, les briquets et les allumettes manipulés par des enfants en l’absence d’adultes, les portes de fours, les plaques vitro-céramiques et les queues - tournées vers l’extérieur - de casseroles contenant des produits chauds. Les fours micro-ondes sont indirectement cause de brûlures intra buccales : le biberon peut avoir ses parois tièdes mais le lait situé à l’intérieur est bouillant... surtout ne pas examiner la cavité buccale en employant un abaisse-langue …

Degré de la brûlure : Une brûlure du 1er degré est une atteinte de la couche la plus superficielle de la peau : l’épiderme. Symptômes : peau rouge, chaude, douloureuse au moindre contact. Pas de cloque. Guérison en 2 à 3 j. Une brûlure du 2 ème degré est une destruction de la totalité de l’épiderme et d’une partie plus ou moins importante du derme. Des cloques ou phlyctènes sont présentes. Cicatrisation en 1 à 3 semaines. Dans une brûlure du 3 ème degré, toute la peau est détruite et la brûlure atteint le tissu sous-cutané. Il n’existe pas de cloques et la lésion apparaît de façon caractéristique cartonnée et de couleur blanche, brune ou noire. Elle est totalement insensible et son aspect quasi-normal pourrait conduire à méconnaître sa gravité. La cicatrisation spontanée est impossible au delà de 3 cm de largeur et il est nécessaire de faire appel à un traitement chirurgical avec ablation des tissus lésés et une greffe. Il peut exister une atteinte respiratoire associée résultant d’une brûlure de la face ou de l’inhalation de fumées ou encore de brûlures provoquées par des vapeurs.

La règle des 9 est un moyen rapide d’évaluation de l’étendue des lésions :

La tête = 9 % ; 1 membre supérieur = 9 %, une face du tronc = 9 % X 2, 1 membre inférieur = 9 % X 2. La paume de la main correspond à 1 % de la surface corporelle. Une brûlure nécessite une hospitalisation quand la surface brûlée est supérieure à 10 % de la surface corporelle.

Photographie Le Stum/Goiveaux extraite d’un article d’ « Impact

Médecin » n° 110 du 28 juin 1991 : « les brûlures ».

Les Principales causes de brûlure

Radiation 1% Produits caustiques 2%

Electricité 3% Objets chauds 5%

Explosions 10% Les incendies 14%

Liquides inflammables 20% Liquides chauds

45%

Pour éteindre une bassine d’huile enflammée, on étouffe le feu avec une

serpillière humide.

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Que faire en cas de brûlure(s) ? (suite)

1) Si la brûlure est simple, on observe une rougeur peu étendue et éventuellement une cloque unique (dont la surface est inférieure à la moitié de la paume de la main du brûlé). a) On supprime la cause ou on soustrait la victime à la cause. b) On refroidit la brûlure (afin de limiter son évolution) selon la règle dite des « 10 –15 » : - eau à 10-15 °C (10 à 25°C pour l’AFPS 2001, en fait 8 à 25° C) appliquée durant au moins 5 à 10 minutes d’après la plupart des manuels de secourisme (le Dr Mathonnet et beaucoup d’autres spécialistes disent « 20 minutes »)… Les fiches de l’AFPS 2001 se contentent de signaler que « l’arrosage peut être poursuivi pour limiter la douleur ». - jet à une distance de 10 – 15 cm en prenant soin de ne pas diriger le jet directement sur la brûlure mais au-dessus de façon à faire ruisseler l’eau sur la partie lésée. - Brûlure survenue il y a 10 - 15 mn (l’action est optimale dans les 3 premières minutes) au maximum d’après les manuels de secourisme. Le Dr Mathonnet du centre des brûlés de Freyming-Merlebach considère que la méthode conserve « une certaine efficacité au moins 1 heure après l’accident » (« Le quotidien du médecin » n° 5201 du 2 juin 1993).

Attention : Le ruissellement peut être remplacé par une immersion.

c) Surveiller comme une plaie simple. Il faut en particulier demander à la victime si elle est vaccinée contre le tétanos… Il ne faut pas percer la (ou les) cloque(s) mais se contenter de la (ou les) protéger par un simple pansement. Si la cloque est déjà percée, elle sera soignée comme une petite plaie. Ne pas appliquer de crème ou de pommade. Les crème grasses n’ont aucune vertu thérapeutique, elles empêchent seulement que le pansement adhère à la partie brûlée mais elles présentent l’inconvénient de masquer la zone atteinte à la vue du médecin. Ne pas utiliser de colorants type éosine car ils masquent les lésions et, employés plusieurs jours, deviennent pro-inflammatoires. « Les pommades antibiotiques sont également à déconseiller » (1). Contentez-vous de protéger avec un linge de coton propre.

« Des pansements biosyn-thétiques sont maintenant à la disposition du corps médical. Ces pansements ont le mérite de supprimer la douleur. Ils sont occlusifs et doivent être laissés en place jusqu’à cicatrisation … Ils nécessitent une surveillance régulière pour dépister une éventuelle surinfection » (1). De nombreuses spécialités existent : « Inerpan, Beschitine, Lumiderm, Duoderm, Comfeel … ». Dr Wasserman, chef de service des grands brûlés de l’hôpital Cochin.

Le Dr Wasserman conseille un sulfamide local en cas de surinfection : FLAMMAZINE ® = sulfadiazine argentique sous forme de crème stérile en tube de 50 g et pot de 500 g.

d) Chez l’enfant et à fortiori chez le nourrisson, il faut toujours prendre l’avis d’un médecin.

Surface de la brûlure

inférieure à la moitié de la paume de la main du blessé.

Dans « La gazette médicale » n° 3, le Dr B. Karcenty testait ainsi ses collègues :

Quels gestes d’urgence pratiquez-vous au cours d’une brûlure thermique de la main ?

A) Vous la badigeonnez d’un corps gras. B) Vous l’immergez plusieurs minutes dans l’eau froide. C) Vous pratiquez rapidement un pansement au tulle gras

simple. D) Vous pratiquez rapidement un pansement au corticotulle. La bonne réponse était la B.

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2) Si la brûlure est grave :

- Surface de la ou des cloques supérieure(s) à la moitié de la paume du brûlé. - Destruction plus profonde (aspect noirâtre) associée à des cloques ou à une rougeur ± étendue. - Localisations « particulières » de la brûlure : à la face (bouche et nez)… risque de détresse respiratoire ou aux mains… risque de séquelles fonctionnelles ou près d’un orifice naturel (y compris narines et bouche). - Brûlure d’origine électrique. - Rougeurs étendues de la peau chez l’enfant.

Que faire en cas de brûlure grave ? On supprime la cause ou on soustrait la victime à la cause.

a) La brûlure est due à la chaleur : * Si les vêtements sont enflammés, empêcher la victime de courir, la rouler ou la faire se rouler par terre et étouffer les flammes avec des vêtements ou une couverture. * Arroser immédiatement à l’eau froide (voir précédemment), par ruissellement, pendant au moins 5 à 10 mn (si possible plus si l’eau utilisée n’est pas trop froide… sinon risque de refroidissement de la victime) afin de refroidir la plaie, de limiter son évolution et de calmer la douleur et le stress. * Retirer les vêtements durant l’arrosage sauf s’ils adhèrent à la peau. * Faire alerter les secours. * En attendant, allonger la victime sur une région non brûlée ou la placer en position ½ assise si elle présente des difficultés respiratoires. * Surveiller la victime, lui parler et signaler toute aggravation en rappelant les secours.

b) Si la brûlure est liée à un acide (ou à un autre produit chimique) : - Enlever le plus tôt possible, sous l’eau, les vêtements imbibés d’acide. Alerter et arroser jusqu’à l’arrivée des secours. - « Projection de liquide chimique dans l’œil : rincer l’œil abondamment à l'eau le plus tôt possible, en prenant soin que l'eau de lavage ne coule pas sur l'autre œil » (AFPS).

c) Si la brûlure est liée à une brûlure interne par inhalation :

- Placer la personne en position ½ assise si elle a du mal à respirer et appeler les secours. - Lui parler régulièrement.

D) Si la brûlure est liée à une ingestion :

Faire : Ne pas faire : Faire hospitaliser en urgence en emportant le

produit responsable restant et son emballage. En attendant, surveiller la victime.

Ne pas faire vomir, le caustique pourrait, en remontant par l’œsophage produire une nouvelle brûlure.

Ne pas donner à boire

E) Si la brûlure est de nature électrique :

Prévention : protéger les prises de courant par des caches prises et ne laisser jamais traîner une rallonge qui soit branchée. Ne pas manipuler d’appareils électriques au voisinage de l’eau. Une brûlure électrique est toujours grave même si le point d’impact cutané apparaît minime car elle brûle les tissus en profondeur. Des troubles du rythme cardiaque sont en outre possibles. Ne toucher à rien temps que le courant n’est pas coupé. Après avoir supprimé la cause, allonger puis desserrer col, cravate, ceinture. Alerter. Surveiller la ventilation et le pouls. Parler régulièrement à la victime. Il faudra mettre le patient sous monitoring cardiaque.

Surface de la brûlure

supérieure à la moitié de la paume de la main du blessé.

Le refroidissement immédiat des brûlures ou « cooling » réalise

une extraction de chaleur bénéfique au plan local (ce qui

diminue la profondeur de la lésion) et général, présente une

action antalgique rapide et diminue l’œdème.

Après la cicatrisation, le soleil sera à proscrire pendant au moins une année.

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Que faire en cas de gelures ?

Attention : un froid de 0°C avec un vent de 120 km / heure correspond à un froid de - 19 °C !

Les extrémités (pieds le plus souvent) sont d’abord le siège de fourmillements puis s’engourdissent progressivement (perte de sensibilité). Les gelures du visage sont plus rares et plus superficielles.

* Si la phase de réchauffement est douloureuse, ce n'est pas une "gelure" mais une simple "onglée" qui guérit toujours sans séquelles. * Les gelures du 1er degré (pâleur lors du froid, cyanose de quelques heures lors du réchauffement, œdème modéré, pas de cloques) évoluent également sans complications. * Dans les gelures du "second degré superficiel", il y a apparition de cloques dans les 6 heures à 2 jours ou plus après le réchauffement. Ces "phlyctènes" peuvent être beaucoup plus importantes que sur la photographie. Paradoxalement, le fait qu'elles soient volumineuses, claires et d'apparition rapide évoque une évolution favorable. Elles persisteront environ 8 jours. * Dans le "second degré profond" les "phlyctènes" sont hémorragiques (= séro-hématiques). * Dans les gelures du 3ème degré (pas de phlyctènes), la nécrose aboutit toujours à l'amputation.

Pendant 15 ans, il a été recommandé de réchauffer le patient lentement. Les travaux sur l'animal et la comparaison des pratiques ont montré qu'un réchauffement rapide était préférable : voir l'article du "Généraliste" du 12/3/1999 : "Gelures : il faut agir vite" et "Le Quotidien du Médecin" n°6394 du 7/12/41998 : Gelures : réchauffer d'urgence dans l'eau chaude à 38-40 °C et éviter le regel" :

"LA PRISE EN CHARGÉ DES GELURES A CHANGE. ON SAIT MAINTENANT QUE LE RECHAUFFEMENT LENT AGGRAVE LES LESIONS CRYOGENIQUES…" en favorisant les phénomènes de nécrose en profondeur… "UN RECHAUD, UNE CASSEROLE ET DE LA NEIGE PERMETTRONT DE RECHAUFFER VITE DANS DE L'EAU À 38 °C, A CONDITION D'ETRE SUR QUE LA PERSONNE NE VA PAS REGELER SES LESIONS". "Généraliste" du 12/3/1999

Faire : Réchauffer le sujet en l’enveloppant dans une couverture (ne pas réchauffer par frottement). Desserrer ses vêtements (tout en le maintenant sous la couverture). Lui faire boire des boissons chaudes et sucrées mais pas de l'alcool. Aidez-le à rejoindre un lieu protégé et alerter les secours. Faire bouger les membres jusqu’à l’arrivée des secours. Si c’est possible, réchauffer les extrémités dans un récipient contenant de l'eau à 38-40 °C durant au moins une 1/2 heure pour permettre le dégel (il faut être certain que le sujet ne regèlera pas ensuite). Ne pas donner de bain, laissons ce soin aux services d’urgence ou aux services spécialisés qui ajoutent à l’eau une solution antiseptique iodée ou de la liqueur de Dakin. La prise d'aspirine (250 mg) à une action anti-inflammatoire (elle empêche la formation d'acide arachidonique permettant ainsi de s'opposer à l'adhésion des plaquettes à l'endothélium et à leur agrégation).

Plus le traitement hospitalier sera débuté vite, plus il se révélera efficace. Il fait appel à des bains à remous avec antiseptiques et à divers médicaments dont l'aspirine. Dans les cas extrêmes, on emploie un puissant vasodilatateur : l'iloprost puis quelques jours plus tard les héparines.

Gelure du second degré superficiel. Photographie Dr Bernard Marsigny.

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Remarques : Les français ne percent pas les phlyctènes car ils les considèrent qu'elles constituent une barrière s'opposant à l'infection. Les américains les percent car ils pensent qu'elles contiennent des médiateurs chimiques de l'inflammation néfastes. L'antisepsie des lésions est essentielle (ce sont les gangrènes consécutives et non pas les gelures elles-mêmes qui ont décimé les armées de Napoléon).

Les BOSSES et les PLAIES superficielles :

- Le meilleur produit à appliquer sur une bosse est encore la GLACE ... - Une plaie dite « simple » est une lésion de la peau par coupure, éraflure ou piqûre avec atteinte éventuelle des tissus sous-jacents mais ne contenant ni souillure ni corps étranger, ne saignant pas ou peu et de surface peu étendue (inférieure à la moitié de la paume de la main de la victime).

Les plaies par morsure et les piqûres d’origine animale ont été traitées dans un autre chapitre. * Le secouriste commence par se laver les mains avec application à l’eau et au savon… * puis il assure le nettoyage de la plaie au savon de Marseille . Il est également possible d’employer un antiseptique non coloré (un antiseptique coloré masquerait la plaie). Le Mercryl présente l'inconvénient de contenir un dérivé mercuriel, or, on ne peut pas mettre d'iode sur un dérivé mercuriel et l'iode, sous forme de Bétadine, est très souvent utilisé dans les services d'urgence. * Sécher en tam-ponnant avec une compresse. * Protéger par un pansement. Ne jamais utiliser du coton ! Les fibres se prennent dans le caillot et ceci pour le plus grand déplaisir du patient et du médecin lors de l'enlèvement des dites fibres... Prendre des compresses sté-riles (fixées sur leurs 4 côtés par du tissu adhésif en rouleau ou par une bande de gaze) ou encore un pansement adhésif . * Si la plaie devient rouge, gonflée, chaude et douloureuse, il s’agit d’un début d’infection imposant une visite médicale. * Toute plaie, même minime peut être une porte d’entrée pour la bactérie du tétanos. Si la vaccination est ancienne (plus de 5 ans) : consulter un médecin.

« Les premiers secours » par Didier Gateau. Éditions Nathan, 1997.

Bientôt (2002) des pansements qui arrêtent les hémorragies graves - même artérielles - en 15 secondes.

Ces pansements sont constitués d'une trame de fil résorbable sur laquelle est pulvérisée une couche de fibrinogène congelée puis

une couche de thrombine congelée. Testés chez l'animal, ils arrêtent les hémorragies artérielles en 15 secondes.

En préparation également : une "mousse expansive" de même nature (injectable dans des plaies par armes blanches ou par

balles) et une "poudre à vaporiser" utilisable en cas de brûlures étendues. Cf. "Le Quotidien du Médecin " du 28/03/1999.

« Des maladies peuvent être transmises par le sang en cas de plaie même minime des mains du

sauveteur. Dans ce cas, il convient : 1. de se protéger par le port de

gants, 2. de toujours se laver les mains et les désinfecter (eau de javel, dakin)

le plus tôt possible ». Fiche AFPS.

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LES HEMORRAGIES EXTERIORISEES On distingue parmi les hémorragies : les hémorragies externes lorsque le sang sort par une plaie, les hémorragies

extériorisées lorsque le sang sort par un orifice naturel (en dehors des règles) et les hémorragies internes. Les saignements de nez sont des hémorragies extériorisées.

� LE SAIGNEMENT DE NEZ OU EPISTAXIS

Il peut être spontané ou survenir à la suite d’un coup (dans ce 2ème cas, il faudra surveiller la conscience et alerter les services spécialisés).

1 - Qui peut être touché ?

- L'ENFANT : le saignement est alors généralement antérieur et provient de ce que l'on nomme la "tache vasculaire" de la cloison nasale (à 1 cm en arrière du bord de la narine et donc facilement accessible à l’examen). Il s'observe en particulier en cas de rhinite (= inflammation de la muqueuse nasale).

- L'ADULTE : (de plus de 50 ans et la personne âgée) Le saignement est alors le plus souvent postérieur et plus abondant. Il correspond à une rupture de l'artère sphéno-palatine en rapport (le plus souvent) avec une hypertension. - TOUS LES AGES : en cas de traumatisme bénin de la face ou en cas d’hémophilie.

2 - Que faire ?

Les gestes à pratiquer sont différents selon qu'il s'agit d'un saignement antérieur ou postérieur. 3 règles générales : NE PAS METTRE LA TETE EN ARRIERE, NE PAS ALLONGER. NE PAS EMPLOYER DE COTON HYDROPHILE. * afin que le patient ne s'étouffe pas avec son propre sang. * pour permettre d'évaluer la quantité de sang perdue (en particulier chez le sujet âgé sensible à l'anoxie = déficience en oxygène). * afin de ne pas redéclencher le saignement lors de l’enlèvement du coton.

- Saignement antérieur (enfant) :

* Mouchage soigneux pour évacuer les caillots localisés dans la cavité nasale à distance de la zone lésée et donc incapables d’assurer l’hémostase. "Le mouchage permet en général de voir l'origine du saignement et peut parfois arrêter l'hémorragie". ("Le généraliste n° 11230, 29/01/91 ). * Personne assise penchée vers l’AVANT (et non pas vers l’arrière comme l’affirment les personnes mal informées). * Compression avec un seul doigt (ou bidigitale) des narines contre la cloison médiane pendant 10 mn sans relâchement (le sujet restant penché vers l'avant) selon les recommandations de l’AFPS. L'application de glace sur la surface externe du nez du côté qui saigne peut aussi être utilisée. * Le méchage antérieur (ou méchage vestibulaire) consiste en l’introduction d’un tampon hémostatique type Coalgan qu’il vaut mieux recouvrir d’une pommade grasse type HEC afin que le tampon ne colle pas à la muqueuse. * Si le saignement se renouvelle fréquemment, un spécialiste ORL pourra pratiquer une cautérisation (éventuellement renouvelable) à l'acide chromique à 10% ou au nitrate d'argent.

- Saignement postérieur : Le méchage (= pose de mèches) bilatéral relève du médecin.

� AUTRES HEMORRAGIES EXTERIORISEES : Il est inutile d’appuyer au niveau de l’hémorragie, le sauveteur doit se contenter : 1. D’allonger la victime (cas général) ou de la maintenir en position assise ou ½ assise (en cas de vomissements ou de crachements de sang ou si elle ne supporte pas la position allongée). 2. D’appeler les secours et 3. De réaliser une surveillance (parler régulièrement à la victime).

Attention : ne pas mettre de coton dans les narines

(l’hémorragie reprendrait à l’enlèvement des fibres).

Si les épistaxis sont très fréquentes, si l’enfant se fait facilement des

ecchymoses, s’il y a des antécédents familiaux de maladie hémorragique, le médecin demandera une prise de

sang pour bilan d’hémostase (numération des plaquettes, temps de

saignement ou TS, taux de prothrombine ou TP et temps de

céphaline activée ou TCA).

Extrait de « 1ers secours » de

Cassan et Gérin, éditions

Marabout.

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En cas de blessure avec Saignement important …

on pratique très généralement une compression locale manuelle...

1. On appuie sur la plaie avec la paume de la main (après avoir écarté les vêtements si nécessaire) et quasi simultanément… 2. On allonge la victime. 3. Si le sauveteur doit se libérer, il remplace la compression manuelle par un pansement compressif réalisé avec un mouchoir ou un linge propre plaqué sur la plaie, suffisamment large pour recouvrir la totalité de celle-ci, et maintenu à l’aide d’un lie n large (suffisamment long pour faire au moins 2 tours). Cette opération est effectuée en relâchant la compression locale le moins de temps possible. 4. On alerte (15 ou 18). 5. On surveille conscience, ventilation et pouls. 6. On couvre et on réconforte. 7. En cas de saignement important, surélever les jambes (ce point n’est pas au programme de l’AFPS 2001 mais il est écrit que « Lorsque le saignement siège à une extrémité de membre, élever cette extrémité au-dessus du niveau du cœur contribue à mieux arrêter le saignement »). 8. Dans tous les cas, la compression de la plaie qui saigne « doit être maintenue jusqu'à l'arrivée des secours, si nécessaire en recherchant la coopération d'une autre personne ou de la victime ».

Quand la compression locale

manuelle est impossible car :

1. La plaie renferme un corps étranger (verre, métal, flèche...) qui ne doit pas être enlevé… 2. Il existe un os apparent (la compression est tro p douloureuse). 3. Lorsque la compression locale manuelle peut étou ffer la victime (blessure au cou). 4. Lorsque la plaie est inaccessible… 5. ou la compression locale inefficace. 6. Lorsque le secourisme présente une plaie aux mai ns (et est dépourvu de moyen de protection).

Dans ces 6 cas ���� compression à distance (voir page suivante)

Les 3 schémas du haut sont extraits du « Guide des premiers secours » de la « Fédération Française de

Sauvetage et de Secourisme ». Siège national : 28, rue Lacroix – 75017 Paris.

Positions d’attente en cas de saignement important : il faut surélever les jambes. Schéma extrait du « Guide des premiers secours » de la

« Fédération Française de Sauvetage et de Secourisme ».

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Points de compression :Points de compression :Points de compression :Points de compression :

2 types d’hémorragies :

Hémorragie en jets saccadés qui correspond à la rupture d’une artère. Hémorragie en nappe qui correspond à la rupture d’une veine.

Qu’est ce que la compression indirecte ?

La compression indirecte = com-pression à distance consiste à aplatir un vaisseau qui saigne contre un os sous-jacent en 1 point précis (appelé point de compression) localisé loin de la blessure. Il s’ensuit un arrêt de circulation en aval qui devra ensuite être maintenu jusqu’à l’arrivée des secours.

Où comprimer ? Théoriquement entre la plaie et le cœur dans le cas d’une artère et entre la plaie et l’extrémité du membre dans le cas d’une veine. En fait la « compression locale manuelle » étudiée précédemment suffit dans le cas d’une veine et seuls seront donc abordés les points de compression correspondant aux artères. 5 points de compression étaient autrefois enseignés. Actuellement on n’en aborde en général que 3 mais nous présenterons pour notre part les 5 points.

Comment comprimer ? 1. On se place du côté où le sujet saigne. 2. On utilise de préférence le bras droit pour comprimer quand le sujet saigne à gauche et

réciproquement… mais l’important est d’être dans une position commode et vous verrez que cette règle est parfois prise en défaut sur les schémas des pages suivantes. 3. C’est le pouce qui est employé pour les points de compression situés au dessus de la ceinture et le poing pour ceux sous la ceinture.

Les principales artères et les 5 points de compression artériels sont représentés sur le schéma ci-dessus : • Cou : artère carotide. • Derrière la clavicule : artère sous-clavière. • Bras : artère humérale. • Aine et cuisse : artère fémorale.

Schéma (remanié) extrait comme ceux des 2 pages suivantes du « Manuel pratique de secourisme ». Éditions France-Sélection.1982.

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Points de compression (page 2) :Points de compression (page 2) :Points de compression (page 2) :Points de compression (page 2) :

Point de compression au cou : Le point de compression au cou doit être exclusivement réservé pour des hémorragies siégeant au cou. Il ne faut pas l’employer pour une hémorragie localisée au cuir chevelu ou au niveau de la face. Le sauveteur est sur le côté, au niveau de la tête. Il comprime l’artère carotide irriguant la tête en appuyant avec le pouce d’avant en arrière contre la colonne vertébrale entre le cœur et la blessure. Il n’appuie pas sur la trachée. Il utilise le pouce droit pour le côté gauche et le pouce gauche pour le côté droit. Ce point de compression est à connaître pour l’AFPS. A noter qu’il amène une perte de conscience du fait du ralentissement de la

circulation cérébrale dans le cerveau.

Point de compression derrière la clavicule : On l’emploie dans le cas d’une hémorragie du membre supérieur non contrôlée par compression locale.

Le sauveteur se positionne à la tête dans l’axe du corps. Il enfonce son pouce dans la salière, derrière la clavicule, en direction des pieds afin de comprimer l’artère sous-clavière

contre la première côte. Les autres doigts prennent appui derrière l’épaule. Ce point n’est pas demandé à l’AFPS.

Point de compression au bras : On l’emploie afin d’arrêter une hémorragie du coude, de l’avant-bras ou de la main non contenue par une compression locale. On comprime, avec le pouce, l’artère humérale contre l’humérus, à mi-chemin du coude et de l’aisselle et en arrière du biceps. Ce point est à connaître pour l’AFPS.

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Points de compression (page 3) :Points de compression (page 3) :Points de compression (page 3) :Points de compression (page 3) :

Points de compression à l’aine et à la cuisse :

On les utilise pour une hémorragie du membre inférieur non contrôlée par compression locale. Le sauveteur se place sur le côté qui saigne et comprime l’artère fémorale avec le poing (gauche pour plaie à droite et inversement) de tout son poids, bras tendu à la verticale, en direction du sol : - Au niveau de l’aine, contre l’os du bassin (ce point est enseigné pour l’AFPS). - Au niveau de la face interne de la cuisse aux 2/5 de sa longueur (en partant de la hanche), contre le fémur. Ce point n’est pas abordé à l’AFPS.

Comme dans les cas précédents, une fois le point effectué, il ne doit plus être relâché.

Mise en place d’un garrot :

On ne place un garrot que : - Si un point de compression au bras ou au pli de l’aine se révèle impossible ou inefficace. Connaître le point derrière la clavicule peut l’éviter pour le mb supérieur.

- Si le sauveteur est isolé et doit donner l’alerte.

Il faut utiliser un lien large (cravate, foulard, écharpe)… jamais une ficelle, un fil de fer ou un

élastique. Il est nécessaire de le serrer forte-ment, selon la blessure, au niveau de la cuisse ou au niveau du

bras. Noter l’heure de la pose de façon visible en indiquant les heures (de 0 à 23 h) et les minutes (par exemple 10 h 40 mn). Ne pas recouvrir le garrot et ses indi-cations (les lésions sont irréversibles après 45 mn pour le membre supérieur et 60 mn pour le membre inférieur). Néanmoins, ne jamais ensuite desserrer le garrot… Seul un médecin est habilité à le faire. Allonger la victime puis la couvrir.

Mise en place d’un garrot (à placer en amont de l’hémorragie).

Ici, il vaut mieux uti-liser le poing gauche.

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PositionPositionPositionPositions d’attente en cass d’attente en cass d’attente en cass d’attente en cas de plaies graves :de plaies graves :de plaies graves :de plaies graves : Position d’attente dans le cas d’une plaie au thorax

On installe le sujet en position demi-assise parce que les plaies au niveau du thorax s'accompagnent de difficultés ventilatoires. Le choix de la position sur le dos ou sur le côté sera déterminé par le blessé (position où il se sent le moins mal).

Position d’attente dans le cas d’une plaie à l’abdomen.

On place le sujet dans la position des victimes ayant subi une grosse hémorragie car les plaies à l’abdomen sont susceptibles d’entraîner des lésions internes avec des pertes importantes de sang non repérables.

Position d’attente dans le cas d’une plaie à l’œil (à gauche) et à la face (à droite)

Plaie à l’œil :

Le blessé est installé sur le dos. La tête est calée avec 2 linges roulés car il faut éviter que le sujet ne bouge (risque de sortie du contenu du globe

oculaire par la plaie). On lui recommande de fermer les yeux et de rester immobile. Ne surtout pas chercher à enlever un corp s étranger … même de très faible taille. Ne pas couvrir les yeux.

Plaie à la face, au nez, à l’oreille :

Ce type de plaie saigne abondamment. La mise en position latérale de sécurité permet un éventuel écoulement du saignement par la bouche sans provoquer d’étouffement et évite l’asphyxie s’il y a perte de conscience.

Dans ces 4 cas : alerter et surveiller.

Schémas extraits du livre de Didier Gateau : « les

premiers secours ». Éditions Nathan 1997.