Quelle stratégie pour quel audiovisuel

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Institut Suprieur de Commerce et dAdministration des Entreprises

Cycle Suprieur de Gestion

Quelle stratgie pour quel audiovisuel ?Mmoire prsent pour lobtention du diplme du Cycle Suprieur de Gestion par Bouchra DERRAJI Mohammed BELHAJ

MEMBRES DU JURY : Prsident : Fadel DRISSI, Professeur lISCAE

Suffragants : Saddeq MAANINOU, Secrtaire Gnral

Ministre de la Communication: Ouaffaa ZAIM, Professeur l'ISCAE : Mohamed BENMOUSSA, Professeur lISCAE : Abdenbi LOUITRI, Directeur Gnral de LMS Marketing

Dcembre 2001

Linstitut Suprieur de Commerce et dAdministration des Entreprises nentend donner ni approbation, ni improbation aux opinions mises dans le cadre de ce travail. Ces opinions doivent tre considres comme propres leurs auteurs

La seule ressource qui senrichit lorsquelle se partage cest linformation

" Le dveloppement rapide que connaissent les nouvelles technologies, particulirement dans le secteur de la communication est galement de nature permettre notre jeunesse de donner la mesure de ses capacits cratrices" SM Le Roi Mohammed VI (extrait du discours du Trne du 30 juillet 2000)

Nous allons rformer laudiovisuel, vous imaginez limportance du chantier dans un pays comme le Maroc. Elle doit permettre lacclration de linformation, de la formation, de laide au dveloppement. Dclaration de Monsieur Abderrahmane YOUSSOUFI Premier ministre

REMERCIEMENTS A LAILA et FOUAD qui nous ont soutenus durant les deux annes du Cycle Suprieur de Gestion. A Monsieur Fadel DRISSI pour sa disponibilit, ses conseils et pour les amliorations quil a apportes. A nos parents et nos enfants A nos familles et nos amis A tous nos professeurs de l'I.S.C.A.E A la 25me promotion du CSG A tous ceux qui ont contribu ce travail, qu'ils trouvent ici lexpression de notre sincre gratitude.

Quand il nous a t demand de rflchir un sujet de mmoire, ma premire pense fut de choisir un thme en rapport avec la dmarche qualit dans les entreprises marocaines tant mon domaine professionnel. Au fil des jours, jai senti le besoin de prparer mon sujet avec un des collgues de l'ISCAE. M. Belhaj faisait partie du mme groupe de formation et le mme sous-groupe pour l'intervention en entreprise. Nous tions tous les deux les seuls nous prsenter aux rendez-vous, manifester de l'intrt pour le diagnostic de cette entreprise et surtout, nous nous entendions bien. Mon choix s'est alors port sur Belhaj, je lui ai propos de se joindre moi pour la prparation de ce sujet. Belhaj de par son exprience professionnelle ne sentit aucune motivation pour le sujet. Il me proposa un thme traitant le paysage audiovisuel marocain. Il me remit quatre ouvrages et me demanda de les lire et de rflchir avant de dcider. Aprs lecture du premier ouvrage, jai trouv le sujet sduisant et dactualit. Ctait nouveau pour moi, la tlvision vue dune autre manire, dcortique. Pntrer les coulisses de cette boite magique mattirait, jai donc choisi dapprocher de prs ce monde de laudiovisuel. C'est ainsi qu'a commenc notre sujet de mmoire que nous avons intitul dans un premier temps "le paysage audiovisuel marocain face la concurrence"

Bouchra DERRAJI SAHER

SommairePages Introduction Mthodologie Plan 1. Tlvision 1.1 Evolution de la tlvision marocaine 1.2 Enjeux pourquoi un tel intrt pour la tlvision ? 2. Environnement du secteur de la tlvision au Maroc 2.1 Systme politico-lgal -contrle profondment ancr2.2 Concurrence de la pnurie l abondance 2.3 Audience -pour une tude plus fiable2.4 Tlspectateur marocain -tendances et spcificit8 10 13 15 17 21 25 27 31 36 40

3. Diagnostic de TVM 54 3.1 Evolution -lenteur force56 3.2 Attribution et personnel -entre fonctionnariat et cration57 3.3 Moyens techniques -obsolescence et renouvellement- 61 3.4 Grille des programmes -dcalage avec le temps63 3.5 Systme financier et budgtaire -rosion et dispersion- 65 4. Diagnostic de 2M 4.1 Evolution - pas comme les autres 4.2 Politique gnrale et personnel -vision obscure4.3 Production et rdaction -assises de la proximite4.4 Grille des programmes -un format particulier4.5 Systme de financement -vecteur de changement5. Dveloppement stratgique 5.1 Dmarche 5.2 Organiser et Dvelopper lenvironnement audiovisuel 5.3 Consolider la grille 5.4 Dvelopper les ressources humaines 5.5 Dvelopper la tlvision publique Conclusion Gnrale 70 71 74 77 86 97 105 106 121 129 136 141

Introduction- Objectifs de la recherche

- Mthodologie - Plan de mmoire

Objectifs de la recherche Le paysage audiovisuel marocain est envahi par une multitude de chanes trangres. Ce phnomne constitue une menace srieuse pour les deux chanes de tlvision marocaines que sont TVM et 2M. Lcart qui se creuse chaque jour entre la production trangre et la production nationale, que ce soit au niveau conceptuel et cratif ou au niveau technologique et savoir-faire, est de plus en plus important. Ceci nous incite rechercher, avec les principaux acteurs de laudiovisuel marocain, un mode de gestion et par del une stratgie qui permettrait aux deux chanes tlvises marocaines de faire face la concurrence,

damliorer leur produit et de gagner en audience. En effet, le taux daudimat des chanes au Maroc laisse perplexe. Il faut donc se pencher sur les raisons de cet audimat, de lintrt des chanes trangres qui ciblent le tlspectateur marocain. Pour quel produit faut-il opter ? Quel public cibler ? Quelle stratgie mener ? Faut-il opter pour le progrs technologique, les exigences sociales et culturelles ? Faut-il internationaliser la production et les changes ? Dans ce contexte quelle est la stratgie ou les stratgies de dveloppement pour les deux tlvisions nationales ? De prime bord, il nous est apparu que pour grer ces deux entits, il faut anticiper, se projeter dans lavenir, sinformer sur lenvironnement, faire un diagnostic sectoriel des deux entits, ensuite faire une synthse et des propositions soit en terme de stratgie globale soit en terme de stratgie pour chacune des entits. Cette problmatique a suscit notre intrt, nous nous sommes donc proposs de traiter dans le cadre de la prparation dun mmoire de fin de dtude dun cycle s suprieur de gestion de lISCAE, le sujet suivant: Quelle strategie, pour quel audiovisuel ?

Cette problmatique si elle a suscit notre intrt, cest d'une part par limportance de la tlvision comme moyen de dveloppement dun pays, alors quon assistait, par ailleurs, la prolifration des chanes trangres. Cest d'autre part, notre volont denrichir nos expriences professionnelles par les techniques de management acquises au Cycle Suprieur de Gestion. Mthodologie Aprs approbation du thme par le directeur de recherche et par le groupe de recherche, dans lequel nous voluions, nous avons limit le champ de

notre intervention au systme tlvisuel et avons ensuite entam notre analyse en partant de la problmatique suivante: "Quelle stratgie pour les deux chanes de tlvision marocaines?". Pour rpondre cette question, nous avons bas notre mthodologie de recherche sur les recommandations de M. DRISSI et de lintervention du groupe de recherche, cette mthodologie est reprise schmatiquement en annexe (annexe n 4). Si elle nous est apparue assez riche, elle fut cependant assez longue pour ne pas dire fastidieuse. Nous lui avons consacr pas moins de deux annes de travail. Le domaine de l'audiovisuel tant trs changeant, nous devions chaque fois actualiser nos recherches. Les principales phases de la dite mthodologie sont les suivantes: - Recueil d'information ; Travail sur le terrain ; entretiens, sondages et visites des familles ; Analyse de la bibliographie, des entretiens et des sondages ; Dveloppement de la stratgie ; Rdaction du mmoire. La phase de recueil dinformation est la plus importante ; que ce soit en bibliographie ou en recherche sur le terrain. Cest ainsi que nous avons eu des entretiens non directifs avec 15 personnes de l'audiovisuel marocain (voir annexe N 8 personnes interviewes), fait une tude quantitative auprs de 200 tlspectateurs et une tude qualitative auprs de 50 familles marocaines. On retrouvera en annexe les supports (guide dentretien et questionnaire) utiliss pour le recueil de linformation. Sagissant des entretiens non directifs, lentretien se droulait autour de 4 axes. Dans notre mthodologie de recherche il fallait, comme il a t dj dit, mener des entretiens avec diffrents intervenants. Lors des interviews, nous avons choisi de mener des entretiens directs, non directifs, avec des questions ouvertes. Cette option nous a permis daller la dcouverte, en laissant linterview la libert de son point de vue. Notre guide d'entretien a t labor de la manire la plus neutre afin dviter tout biais faussant la spontanit des propos recueillis. Il tourne autours de quatre axes ou quatre grandes questions allant dans le sens de notre thmatique (voir annexe 3), de notre mthodologie de travail (voir annexe 4) et du plan de mmoire (voir plan dtaill en annexe) que nous

avons suivi. Tout entretien tait introduit par une prsentation expliquant notre problmatique, notre objectif et le cadre dans lequel nous prparions ce mmoire. Ci dessous la manire dont nous introduisions notre sujet chaque rencontre : Dans le cadre du Cycle Suprieur de Gestion lI.S.C.A.E., nous menons un travail de recherche sur la stratgie adopter pour amliorer les deux entits que sont TVM et 2M. Nous vous avons choisi parmi un chantillon de personnes de par votre exprience professionnelle et lintrt que vous portez ce sujet. Nous serons amens prendre des notes afin davoir une vue synoptique de notre entretien, par ailleurs, nous souhaiterions enregistrer cet entretien. Il est bien entendu que vous avez la libert darrter l'enregistrement quand vous voulez, nous mtrons votre disposition une copie de lenregistrement, si vous le dsirez, aprs son exploitation. Nous serions heureux que vous puissiez assister cette soutenance. Comme nous vous lavons dit au dpart, lobjet de notre recherche est la stratgie adopter pour TVM et 2M. Notre thme de recherche tant la stratgie adopter pour TVM et 2M, notre guide dentretien a suivi la logique de notre thmatique qui se prsente comme suit: L'objectif du premier thme tait d'laborer le diagnostic des deux tlvisions marocaines TVM et 2M; diagnostic interne : forces et faiblesses, ainsi que tous les aspects en rapport avec le management et la structure des deux chanes. Pour cela la question pose tait la suivante : Q.1/ Quelle analyse faites-vous de lvolution des deux tlvisions marocaines TVM et 2M? Les questions de relance pour cette question taient les suivantes : - Quelles sont votre avis les fonctions stratgiques de TVM et de 2M ? - Quelle valuation faites-vous de la politique organisationnelle, de

la programmation, de la production, de la diffusion, du mode de financement et du systme de gestion de TVM et 2M ? Le deuxime thme a pour objectif l'analyse de l'environnement des chanes, l'analyse du secteur de la tlvision au Maroc ou un diagnostic externe que l'on trouve dans le chapitre 2. La question pose tait la suivante : Q.2/ Quelle analyse faites-vous de lenvironnement gnral de la tlvision ? Quant aux points de relance concernant cette question: - Quel constat faites-vous du systme politico-lgal relatif la tlvision ? - Quelle est lvolution de la publicit au Maroc et quelles en sont les retombes sur la tlvision ? - Quel est limpact de lvolution technologique sur la tlvision ? - Quelle analyse faites-vous de la concurrence trangre ? Le consommateur ou tlspectateur, tant un lment important dans l'analyse, nous lui avons rserv un thme part. Ainsi, afin de connatre son comportement, une question tait pose savoir : Q.3/ Quelle est votre perception de lvolution de laudience au Maroc ? Avec des points de relance tels que ; - Quel est le taux des mnages quips par un poste de tlvision ? - Quel est le taux daudience pour les diffrentes missions ? - Quelle est la spcificit de laudience marocaine ? - Quels sont les outils de mesure de laudience au Maroc et quelle en est la fiabilit ? - Quels sont les crneaux porteurs ? Enfin, pour dvelopper une stratgie et imaginer les scnarios possibles, nous avons demand aux interviews de nous proposer une stratgie de dveloppement. Nous avons pos, pour ce faire, la question suivante: Q.4/ Daprs vous quelle est la stratgie de dveloppement la mieux adapte pour les deux chanes marocaines ? Il est vident que des questions de relances taient formules en utilisant,

autant que faire ce peut les propres termes de linterview. Lors des analyses, le recours des articles de revues et de journaux ou lutilisation de travaux provenant de stages ou de recherches effectues au sein des chanes s'est avr complmentaire et fort intressant Cependant, et avant d'entamer notre analyse, nous avons aussi jug intressant de donner un aperu gnral sur l'volution de TVM et 2M. Lobjet de cette tape consiste comprendre le rle de la tlvision et son importance dans la socit. Cette information nous est apparue comme importante, pour savoir, dune part comment les dirigeants ont ragi face aux multiples situations, et dautre part, comment les structures ont volu avec le temps Un point noter ce niveau; lhistoire des deux chanes nest pas formalise, ni archive. Par consquent, le travail dcriture et de mise en ordre qui en rsulte nous sont apparus, l encore comme incontournable. Dautant plus que le manque de transparence qui caractrise les deux chanes et en particulier TVM. Plan de mmoire Sagissant du plan de mmoire nous avons repris dans celui-ci la structure de notre thmatique et partant de notre guide dentretien : Cest ainsi, quaprs une introduction sur le rle et l'importance de la tlvision en tant que lien social, objet du chapitre 1. Nous retraons dans celui-ci l'historique des deux chanes marocaines, leur volution et les enjeux de la tlvision. Dans le chapitre 2, l'environnement du secteur de la tlvision au Maroc, son systme politico-lgal, la concurrence, laudience et le tlspectateur marocain sont examins. Dans le chapitre 3 est fait le diagnostic de TVM, ses attributions, ses moyens techniques, son personnel, son systme budgtaire et sa grille de programme. Alors que le chapitre 4 traite 2M, en tant que systme, ses moyens techniques, son personnel, son systme budgtaire et sa grille de programme. C'est dans le chapitre 5 que nous dveloppons une stratgie. Aprs l'annonce de la dmarche suivie, nous proposons une stratgie d'organisation et de dveloppement de l'environnement audiovisuel, une nouvelle vision de l'information, une rflexion sur le dveloppement des

ressources humaines et l'ventualit de la privatisation de 2M. Nous terminons, bien entendu le prsent mmoire, par une conclusion gnrale

Chapitre 1 : LA TELEVISION1.1 Evolution de la tlvision marocaine 1.2 Enjeux pourquoi un tel intrt pour la tlvision

Tony Schwartz *, publiciste la tlvision soutient que: Les mdias ont comme une sorte de pouvoir divin qui les autorisent, semble-t-il, modifier le droulement dune guerre, faire abdiquer un roi ou un chef dtat, lever les humbles et humilier les orgueilleux, en dirigeant lattention de millions dindividus vers un mme vnement et dune mme manire La tlvision a un rle jouer en tant que messagre de la socit contemporaine. En dlivrant des messages, celle-ci enrichi la vie sociale dun pays. C'est un support qui est constamment cheval entre une culture industrielle et une culture artistique. Culture industrielle, parce que la tlvision est une industrie qui mobilise beaucoup de moyens. Cest une industrie qui repose sur une grande capacit de raction et dadaptation. Ce qui fait la singularit de cette situation, cest que les industriels se mfient de la tlvision. Cest un univers leurs yeux insaisissable parce quon est dans lunivers de linformation, dans lunivers de limage et dans lunivers de limmatriel, qui est rebelle la logique industrielle. Il y a aussi la logique artistique qui fonctionne sous un certain nombre de lois, de normes et de rgles mais lartiste lui va voir dans largent de la tlvision un fond, une sorte dargent rducteur parce quil met en arrt des considrations de rentabilit et doptimisation que lartiste va juger luimme incompatible avec son devoir dinnovation et son devoir de cration. * Prsident de Publicis en 1954, dans son ouvrage intitul Mdia The Second God Il y a donc, une sorte de va-et-vient constant et permanent entre deux logiques. Pour les industriels, la tlvision est un art. Pour les artistes, cest une industrie. Et entre le discours du gomtre, qui calcule, qui planifie et le discours de certains langages qui innovent et qui crent, il y a quelque chose qui sappelle la tlvision. Cependant, la tlvision est un lment essentiel de communication entre les lments de la socit. Elle illustre et interprte lvolution permanente des relations sociales et favorise la rencontre du public et des missions. C'est un instrument qui permet aux promoteurs de changement de dfendre leur cause. Il lui arrive parfois dtre elle-mme partie prenante, dans les diffrentes campagnes. La tlvision reste, donc une partie intgrante de la socit, non une force spare, et sa vision de

lvolution sociale est influence et limite par dautres portions du tissu social. En effet, il y a l une notion de contrat qui met laccent sur les conditions de construction du lien qui unit dans le temps un mdia ses consommateurs. Comme dans le cas dune marque commerciale, un mdia doit grer ce lien dans le temps, lentretenir et le faire voluer au sein dun march de discours de plus en plus encombr. Lobjectif de ce contrat est de construire et de prserver lhabitude de consommation. Avec lintroduction de la tlmatique comme outil privilgi de gestion de la relation entre la tlvision et les tlspectateurs, se sont dvelopps de nouveaux procds de reprsentation de lopinion publique. La tlvision dans ces cas, offrirait le lieu de reprsentation de cet arbitrage dlicat que constitue lopinion publique : elle devient un espace autonome, o se dveloppent des tentatives de reprsentation du public. Comment a volu la tlvision au Maroc ? 1-1. Evolution de la tlvision au Maroc cheminement particulierSi la tlvision est arrive tardivement dans les pays du monde arabe, cest au Maghreb, et en particulier au Maroc, quelle a fait assez tt ses premiers pas. Dabord avant lindpendance; de 1954 1956, Tlma (Tlvision Marocaine) fait figure de pionnire sur le continent africain, elle diffuse localement, quelques heures par jour. Elle runit des capitaux franais et marocains et bnficie de lappui de certaines personnalits du monde de la communication comme Marcel BLEUSTEIN-BLANCHET. Mais trs rapidement, avec lappel au boycottage de tout ce qui vient de France, Tlma est appel disparatre. Lui succdera en 1962 TELERAMA, la Radio Tlvision Marocaine baptise par la suite RTM qui affichera, ds ses premires heures de diffusion, sa position de relais du discours officiel. Le 3 mars 1962, la RTM inaugure, en effet, sa grille de programmes en retransmettant en direct la fte du trne et le discours du Roi Hassan II. Un symbole de labsence totale dautonomie politique mais aussi conomique qui a rgi, depuis, lexistence de la RTM. Depuis lanctre Tlma, la tlvision publique a toujours t entre les mains des pouvoirs publiques. Conue pour vhiculer son message, elle sest construite autour de quelques missions centrales qui nont gure

vari avec le temps. Unique chane nationale de tlvision, la RTM dpendait en droite ligne du ministre de lInformation, lui-mme "sous tutelle" du ministre de lintrieur. En 1987, le gouvernement marocain, pour rpondre aux trs vives attaques lances par les intellectuels comme par les couches les plus jeunes de la population lencontre de la Radio Tlvision Marocaine (RTM), met fin au monopole de diffusion par voie hertzienne dont bnficiait lunique chane nationale. En mars 1989, 2M International, une chane crypte commerciale fait son apparition sur les petits crans. Les pouvoirs publics, conscients de limportance douvrir le secteur tlvisuel des investisseurs privs et tant dans lincapacit financire de faire face aux besoins de la RTM ou de participer la cration dune nouvelle chane de tlvision, ont, en effet, sign un contrat de concession avec lONA (l'Omnium-Nord Africain) lautorisant programmer et diffuser des missions de tlvision sur lensemble du territoire national. Cest ainsi que 2M est ne, le 4 mars 1989. Cest un cheminement tout fait classique. En effet, le chemin que le Maroc a emprunt, est tout fait comparable ce quont vcu un certain nombre de pays europens, dont la France est un cas trs intressant. Dabord, le monopole public qua vcu le Maroc pendant une trentaine dannes a permis dinstaller loutil tlvisuel, de lintroduire dans un grand nombre de foyers, de donner la tlvision publique une certaine lgitimit et dinstaller les premires normes de consommation de tlvision. Linconvnient, une seule source dimage, pas dmulation, pas de dynamique de march et pas de rfrence ou pas de chane de comparaison. Puis 2M est venue en 1989. Cest un acte politique important pour le Maroc parce que cest le Maroc et pas un autre pays arabo-africain qui a pris l'initiative (Afrique du sud except) de crer une chane de tlvision prive. 2M a vu le jour grce un contrat de concession qui a t sign entre ltat marocain et la socit SOREAD pour une dure de 20 ans avec un cahier des charges trs prcis. Ce qui est important ce stade cest le fait que cette initiative ait permis dinstaller et dofficialiser la notion de pluralisme audiovisuel dune manire dfinitive. Cela a permis aussi dintroduire une norme commerciale puisque la chane tait payante.

2M International a ainsi, opt pour une stratgie de commercialisation de ses abonnements plutt litiste : le tarif mensuel s'levait 180 Dirhams. Ce qui nest pas la porte de tous les foyers. Cette politique de prix devait amener 2M trouver son quilibre aprs trois ans dexercice, avec 180 000 abonns. Quelques mois aprs le lancement de la chane, le profil type de labonn de 2M international se dessinait clairement : urbain les dcodeurs ne sont en vente que dans cinq grandes villes -, appartenant une catgorie socioprofessionnelle leve et se situant dans une tranche dge entre 30 et 45 ans. La cration de 2M, premire chane de tlvision page au Maroc et dans le monde arabe, a t donc un vnement national denvergure. Au dbut de sa cration, cette nouvelle chane, fruit dune alliance entre lONA, et de chanes de tlvision de renomme internationale ainsi que des investisseurs nationaux, sest inspir du modle de la chane franaise Canal +. Celle-ci propose deux produits dappels par excellence, le cinma et le sport. La naissance de 2M a t, de lavis d'un grand nombre de marocains, un vnement national majeur sur le plan de la communication reconnu l'unanimit par la presse crite marocaine. En effet, 2M a permis de remplir un vide tlvisuel en crant un nouvel espace dexpression et en permettant des potentialits marocaines de matriser les technologies audiovisuelles les plus sophistiques. Surtout, elle a t un vecteur important de transformations au Maroc sur les plans politique et social. Aprs le lancement de 2M, le paysage tlvisuel national sest enrichi, partir de 1990, de nouvelles chanes de tlvision trangres mises par satellite. Certes, lhistoire de la diffusion des missions de tlvision remonte au dbut des annes 70, mais cette diffusion ncessitait des moyens techniques et financiers trs importants ce qui na pas permis de gnraliser ce mode de transmission. Il fallait attendre la fin des annes quatre-vingt et surtout le dbut des annes quatre-vingt-dix pour assister une vritable rvolution du mode de diffusion des tlvisions par satellite. Cette nouvelle rvolution technologique a incit, dans un premier temps, les chanes des pays dvelopps, encourages par leurs Etats, monter massivement sur les satellites pour aller la rencontre de publics lointains.

Lobjectif essentiel tait la recherche dune nouvelle audience. Cest ainsi qu'on a assist partir de 1991, une floraison des paraboles au Maroc. Cet engouement pour la bote image a t tel quil devenait difficile de passer dans une des villes sans remarquer ces milliers de paraboles qui ont pouss comme des champignons sur les balcons et les toits des habitations. Cette parabolisation de la socit marocaine a t favorise par un circuit de contrebande efficace et organise qui a inond le march de rcepteurs satellitaires bon march. Mais, lenrichissement du paysage audiovisuel a surpris les pouvoirs publics qui, de 1990 1995, ont simplement assist la mtamorphose du Paysage Audiovisuel Marocain (PAM). La seule dcision qui a t prise durant cette priode a t de taxer linstallation des paraboles 5000 dh. Cette dcision, juge arbitraire par la quasi-totalit des marocains, a t annule en 1992. Cette parabolisation a particip la faillite du systme de page de 2M. En effet, fin 1995 et dbut 1996, il y a eu des ngociations avec ltat pour essayer de sacheminer vers une solution afin de permettre le maintien de la chane 2M en quilibre financier. Plusieurs scnarios ont t discuts : Premier scnario : le maintien de lentit prive en passant entirement une diffusion claire avec un oprateur priv et un financement qui vivrait de la publicit. Car en passant au claire, 2M allait avoir plus de publicit et une contribution de lEtat qui viendrait, le temps que cette publicit se dveloppe davantage, soit par redevance soit par une enveloppe budgtaire prvue dans la loi de finances. Deuxime scnario : la chane reste crypte et trouve un autre moyen de commercialisation; soit par un systme dabonnement annuel soit avec un changement de technologie tel que mettre en place un autre dcodeur difficile pirater ou de commercialiser un bouquet Troisime scnario : l'entre de lEtat dans le capital directement en tant minoritaire tout en laissant la gestion loprateur priv et moyennant un apport au capital et peut tre une subvention qui viendrait prendre en compte la contribution de 2M aux services publics. Donc la rmunration dun service public qui est rendu par la suite. Quatrime scnario : lEtat rentre dans le capital mais en tant que partenaire majoritaire. Cest ce dernier scnario qui a t retenu en 1996. En effet, en juin 1996, ltat devient majoritaire 70 % et prend le contrle de la gestion de 2M. Ce changement de statut de 2M, de tlvision prive une tlvision

publique, a constitu une premire dans les annales de la tlvision internationale. En effet, des tlvisions publiques ont souvent t rachetes par le priv mais cest pour quasiment la premire fois dans les annales de la tlvision dans le monde quune chane prive passe sous le contrle des pouvoirs publics. Aprs avoir pass en revue l'volution de la tlvision au Maroc, voyons qu'elles sont les enjeux que peut avoir une tlvision ? 1. 2. Enjeux de la tlvision pourquoi un tel intrt pour la tlvisionLes anciennes barrires du temps et de lespace sont tombes. Balayes par le progrs de la communication lectronique, elles ne font dsormais plus obstacle la diffusion massive dinformation et de programme rcratif jusque dans les rgions les plus isoles du globe. Un bulletin dinformation ou un tlfilm peuvent tre projets en lespace de quelques secondes travers le monde. La retransmission des faits dactualit ne se pratique plus par fil la surface du globe, mais par lintermdiaire dun satellite qui rpercute au sol pour les diffuser par le canal dun rcepteur sur les crans de tlvision. Leur circulation ne peut tre entrave ni par des barrires naturelles comme les montagnes, ni par les barrires artificielles, comme les frontires nationales. La vie sacclre. Les ides politiques et sociales serpentent plus vite. Davantage dinformations sont la disposition de ceux qui ont prendre des dcisions tant personnelles que gouvernementales. Dautre part, il se manifeste un dsir de comprhension accru de la vie, des besoins et des droits des autres individus et des autres pays. Le caractre immdiat de la tlvision cest quelle influencerait toutes les couches sociales. La notion de village plantaire o tous les habitants de la terre se rassemblent pour partager leurs connaissances et leurs besoins, est devenue une ralit. Cependant, la dmocratie pourrait se trouver renforce lorsque le peuple peut connatre le fonctionnement de son gouvernement grce une libre circulation de linformation. Cest ce que cherche priori accomplir la tlvision. La tlvision jouerait un double rle dans le mcanisme dmocratique. Les dirigeants politiques l'utilisent pour expliquer leur action et dfendre leur cause. Mais, elle sert galement savoir ce que pensent les lecteurs, ce quoi aspirent les politiciens et comment ils peuvent russir faire cadrer leurs objectifs politiques avec les

comportements des lecteurs. Le monde connat de nos jours une formidable rvolution au niveau de la communication et des moyens dinformation. Inutile de rappeler la bataille que se livrent les diffrentes puissances par mdias interposs pour saccaparer les parts importantes daudience dans le but tout simplement de vendre leurs produits, leurs politiques, leurs modles socio-conomiques et leur culture, en un mot leur idologie. Cest dire que dans le monde daujourdhui, les mdias et particulirement la tlvision jouent un rle trs important. Dans ce contexte mondial qui tend chaque jour vers plus de perfectionnisme au niveau de la communication, on est en droit de se demander de ce qu'est la place de la tlvision et son rle dans notre socit : Quelle tlvision ? Avec quel programme ? Par quel moyen de financement ? Pour quelle audience et avec quel degr de satisfaction ? Ce sont l des questions qui restent toujours poses et qui, paradoxalement, sont la fois invoques par ceux qui critiquent les deux chanes de tlvision au Maroc et ceux qui prennent leur dfense et qui prtendent quen labsence dune vritable tude scientifique sur le terrain, personne nest en droit de juger si les deux chanes de tlvision au Maroc font correctement leur travail, et quelle est la part daudience de chacune delles. Une audience qui a tendance se rtrcir au profit des chanes trangres que les Marocains peuvent capter laide des antennes paraboliques avec tout ce que cela comporte comme risque pour la prservation de la culture et de lidentit marocaines. Conclusion du chapitre 1 Le Maroc a connu, en matire d'audiovisuel, une volution lente. Trente ans environ de monopole public. Un peu moins de douze ans d'ouverture; avec une chane prive qui au bout de sept ans est devenue publique et un envahissement du ciel marocain par des chanes trangres. En effet, TVM a toujours t publique entre les mains des pouvoirs publics. 2 M est ne en 1989 grce un contrat de concession entre la socit Soread et l'tat. Elle a commenc par tre payante. A partir de 1990, le ciel marocain s'est enrichi de nouvelles chanes trangres mises par satellite. Ceci a prcipit la faillite du systme de page de 2M. En 1996, 2M devient publique. Nanmoins, l'impact de la tlvision est indniablement important tant au niveau social, conomique que politique. Il apparat donc comme

important d'organiser lunivers de la tlvision, de le rglementer du moins sur le plan national, de manire ce que la tlvision puisse remplir son rle de formation, d'information et de divertissement. Mme si la rglementation est devenue difficile avec la mondialisation et les nouvelles technologies pour lesquelles, un systme de contrle n'est pas encore cr. La tlvision publique devrait tre pour les tlspectateurs de ce pays dabords. Une tlvision qui sintresse, non seulement, l'action gouvernementale, mais qui soit une vritable mmoire de la socit, un reflet de sa culture et de son identit. Cependant, lenvironnement audiovisuel marocain est-il mme de sadapter aux nouvelles donnes et les intgrer pour une nouvelle organisation du secteur audiovisuel ? Cest ce que nous allons analyser dans le chapitre deux.

Chapitre 2 Environnement de la tlvision

2.1 Systme politico-lgal contrle profondment ancr-

2.2 Concurrence pnurie et abondance2.3 Audience pour une tude plus fiable2.4 Tlspectateur marocain tendances et spcificit-

La mutation fondamentalement la plus importante depuis le lendemain de la seconde guerre mondiale en matire d'information serait sans doute la convergence de l'informatique, des tlcommunications et de l'audiovisuel dans un contexte d'internationalisation de tous les secteurs de la communication. Devant cette volution rapide des technologies de parabolisation, le Maroc se trouve dpass au niveau lgislatif. Il n'y a de cadre juridique adapt qui pourrait grer et organiser le paysage audiovisuel. La loi datant de 1920 sur le monopole des ondes est rvolue. L'absence d'une forme moderne de lintervention de lEtat dans l'audiovisuel, a empche le Maroc de se doter d'un vrai systme librale pluraliste. Ce systme devrait permettre la mise en place des textes et lois de manire encourager le dveloppement des investissements dans le secteur de l'audiovisuel. Ce cadre dfinirait les grands objectifs et principes d'organisation d'un secteur audiovisuel libralis. Il prciserait galement le nouveau rgime juridique de l'audiovisuel, et introduirait les diffrents modes d'exercice des activits dans le secteur suivant plusieurs rgimes : licences, autorisations, dclarations, rseaux et installations libres. Dans un espace caractris par l'ouverture des ondes et la multiplication des technologies de l'information, l'Etat garde toujours sa mainmise sur l'audiovisuel. Le gouvernement n'a pas encore une vision prcise sur les actions entreprendre en priorit. Une prise de conscience, de la part des pouvoirs publics, sur l'importance d'une modernisation et restructuration du Paysage Audiovisuel Marocain est entrain de s'tablir. Il y'a une sorte de revendication nationale pour

rduire le foss qui se creuse entre L'volution de l'environnement et les lois appropries. Mais, un projet concret et ralisable n'arrive pas encore trouver son chemin.

2.1. Systme politico-lgal contrle profondment ancrDans le champ des liberts d'expression, la tlvision a, depuis toujours, attir les dtenteurs du pouvoir politique. D'Adolphe Hitler Mussolini, et des rgimes totalitaires de l'ex-bloc de l'Est aux apprentis dictateurs du tiers-monde, la bote magique a surtout servi de vecteur des ides dominantes. Un moyen de pression idologique et politique infaillible, mais qui peut galement avoir des effets pervers sur ses dtenteurs. Elle demeure nanmoins incontournable. Etant le moyen de communication le plus rapide, le plus fiable, capable d'atteindre le maximum de gens dans un laps de temps record, la tlvision serait aujourd'hui un mdium part entire. En effet, le gouvernement tait jusque-l critiqu pour son manque de vision sur le dossier de la rforme de l'audiovisuel. Son approche semble aujourd'hui se prciser. Les grandes lignes du projet portent sur la libralisation du secteur, la consolidation du ple audiovisuel public et la promotion de la production nationale. Monsieur MESSARI ministre de la communication dans les annes 90 a tent de prparer une loi-cadre sur l'audiovisuel et la cration d'une instance de rgulation relevant du pouvoir excutif. Cette instance devrait avoir pour tche, le suivi de prs de l'volution du march et la dcision des mcanismes de contrle et de sanction. Il tait galement prvu la cration d'un conseil consultatif de l'information et de la communication dont la mission serait d'accompagner ces transformations. Le projet de rforme, qui a t labor, tait inspir du model franais. Mais, au lieu que les reformes soient concentres sur l'audiovisuel, le gouvernement, voulait gnraliser ces reformes pour tous les autres domaines de l'information. Voici les grandes lignes de ces reformes: Le conseil suprieur de linformation devait tre compos de 23 membres justifiant du moins pour le 1/3 dentre eux dune exprience suprieure 20 ans dans le domaine de linformation et de la communication. Nomms par dahir, 9 membres sont dsigner par le roi (dont le

prsident), 4 par le Premier ministre, 4 par le prsident de la chambre des reprsentants, 4 par celui des conseillers et les deux membres restants par le SNPM (socit nationale de la presse marocaine), dsigns pour un mandat de 5 ans non renouvelable sauf pour le prsident qui peut briguer un second mandat. La fonction du membre du CSI est non cumulable avec une autre activit dans les secteurs privs ou publics, ainsi quavec des fonctions gouvernementales, politiques ou syndicales lectives. Est considr comme dmissionnaire tout membre stant absent pour une dure non raisonnable ou qui aurait failli aux principes dindpendance et de neutralit. Cette dcision est vote par le 1/3 des membres dont le prsident. Dot de la personnalit morale, de lautonomie financire et soustrait toute influence gouvernementale, partisane ou syndicale le CSI aura pour mission de garantir lexercice du pluralisme et de la libert dexpression par les mdias audiovisuels, veiller sur lquilibre des programmes prsents et en viter tout monopole par un pouvoir politique ou financier, le tout dans le respect total des intrts suprme de la nation. Le CSI est habilit proposer lautorit gouvernementale en charge du secteur un programme de rforme pour laudiovisuel et les modalits pour une libralisation progressive. Il contrle le respect des lois relatives la presse par les mdias nationaux ou trangers diffuss ou dits au Maroc. Il veille sur le respect de la dontologie et peut prendre des mesures lencontre des mdias qui en auraient failli, y compris lencontre des mdias publics au cas ou ceux-ci ne respecteraient pas les dispositions de leurs cahiers de charges. Ces mmes cahiers de charges sont proposs par le CSI lautorit gouvernementale de tutelle. Cet organisme peut statuer sur la base de plainte dpose par le gouvernement, le parlement, organisations politiques, de socit civile ou de citoyens contre un mdia public. Les mesures du CSI sont excutoires 48 heures aprs transmission Le tout aprs avoir cout toutes les parties en conflit. A lgard des mdias privs, le CSI peut adresser des avertissements publiables par les mdias ou en cas de refus par dautres choisir par lorgane de supervision. Le CSI en dernier recours peut sadresser au SNPM ou la commission de la carte professionnelle pour dautres mesures. Toutes ces dcisions doivent tre motives. Concernant une ventuelle libralisation de laudiovisuel, le CSI donne son avis sur toute cration dune nouvelle chane tl ou radio, se penche

sur les conditions dattribution dondes hertziennes des privs et sur les modalits dautorisation de diffusion par cble ou satellite. Son avis est galement obligatoire en cas de privatisation dun mdia public. Son pouvoir de consultation stend galement tout investissement tranger en la matire et peut mettre des avis propos de capitaux trangers qui ne respecteraient pas la souverainet nationale et lintgrit territoriale du Maroc. Le CSI se charge, galement, de la prparation, tous les deux ans, dune confrence nationale sur linformation et la communication en collaboration avec lautorit de tutelle. Le CSI peut aussi procder la formation des commissions occasionnelles ou permanentes dont les travaux sont fixer pour un rglement intrieur labor par le CSI. Les activits de cet organisme font lobjet de rapport trimestriel adress au Premier ministre et aux prsidents des deux chambres du parlement. Un rapport annuel est soumis au roi et qui nest publi au BO quaprs accord du Roi. Le CSI doit galement soumettre des rapports concernant nimporte quel aspect du gouvernement ou au parlement si ces derniers le demandent. Ce projet de rforme a t dprogramm maintes reprises du Conseil de Gouvernement. L'analyse du contenu de cette reforme pose le problme de la mise en oeuvre de ce projet. En effet, la nature du mtier de la tlvision n'est pas semblable aux autres mtiers de l'information, et les professionnels, qui peuvent grer et organiser le P.A.M, ne doivent pas forcement porter le titre de journaliste. Ils sont des managers ou hommes de communication qui disposent d'outils de gestion, et connaissent les paramtres de conception d'une entreprise tlvisuelle comme pour le CSA en France. La rforme de l'audiovisuel n'est donc pas aussi facile qu'on puisse le croire. C'est un travail de longue haleine, qui doit se faire sur la base d'tudes spcifiques et de diagnostic, et non sur la base de discours politiques. La rorganisation du secteur de l'audiovisuel au Maroc ne trouve pas encore, son chemin. Hommes politiques, journalistes et professionnels de la tlvision

rclament une organisation juridique quils investissent dune triple mission. Tout dabord, le statut doit trancher la question du monopole pour autoriser la cration de chanes prives. Ensuite, il sagit dorganiser les chanes publiques en rpartissant les responsabilits entre les chanes et leur ministre de tutelle, les PTT. Enfin, se pose le problme du financement de la tlvision, par la publicit, les subventions ou la redevance. Il est bien clair, enfin, que dans un pays dmocratique, la tldiffusion ne devrait exercer aucun monopole dans le domaine de la pense. Il est bien videmment naturel que le gouvernement puisse, par son intermdiaire, faire connatre son point de vue au pays. Mais il faudrait que toutes les tendances de lopinion, que toutes les formes de la pense scientifique, artistique ou littraire, que toutes les coles puissent galement sexprimer. Il nest plus de mise de parler de la tutelle omniprsente du pouvoir sur les mdias, mais de ladaptation politique lvolution et la matrise des technologies de linformation, du signal et de limage qui voluent de plus en plus dans des espaces sans frontires. Il faudrait donc passer une volution juridique dun rgime de monopole un rgime de libert et que les institutions dinformation devraient agir dornavant comme des entreprises de communication dans un cadre rglementaire adquat afin de rguler les chanes nationales, prives et trangres dans un esprit concurrentiel saint. 2. 2. Concurrence de la pnurie et l'abondance Au Maroc, le paysage tlvisuel a connu pendant une trentaine dannes le monopole de la tlvision unique, la TVM. Durant toute cette poque, les tlspectateurs marocains avaient affaire une seule source d'image. Lavnement de 2M page en 1989 et des chanes satellitaires partir de 1991 allait marquer le dbut du bouleversement du PAM. Aujourdhui, lenvironnement du PAM est compltement transform avec lavnement, dans le paysage tlvisuel national, des centaines de chanes satellitaires gratuites, et des bouquets numriques. Nous assistons une forte concurrence entre les chanes nationales et les chanes satellitaires trangres. Les dizaines de chanes de tlvision visibles au Maroc apportent, entre autres, information, divertissement, culture, loisir, films, missions pour enfants. En effet, le nombre de chanes satellitaires reues au Maroc par le biais

dune parabole de 1.10m de diamtre dpasse les 200 chanes. Ces chanes sont reues via les satellites suivants : Sur Astra 19.2 Est. 60 chanes analogiques. 12 chanes numriques. 15 bouquets numriques. Sur Eutelsat 2 (F3) 16 Est : - 11 chanes analogiques. - 9 chanes numriques. Sur Eutelsat 13 (2 F1), hot BIRD 1, hot BIRD 2 : - 30 chanes analogiques. - 19 chanes numriques. - 12 bouquets numriques : AB, TPS, ART, etc. Sur Eutelsat 2 (F2) 10 EST : - 8 chanes analogiques. - 5 chanes numriques. - 1 bouquet. Sur Eutelsat 2 (F4) 7 Est : - 1 chane analogique. - 7 chanes numriques. - 1 bouquet. Daprs notre enqute (en juin 2001) sur un chantillon 200 personnes, les chanes satellitaires les plus regardes par les Marocains sont TV5, Euronews, la cinq et le bouquet TPS pour les chanes francophones et ALJAZIRA, ART, MBC, ABU DHABI TV pour les chanes arabophones. Les missions regardes habituellement sur ces chanes prfres, telles quelles ressortent de notre enqute, sont, respectivement, les informations, les documentaires, les jeux, le sport et les films. Les journaux tlviss sont apprcis pour leurs reportages rcents et dactualit, leurs envoys spciaux et la qualit de la prsentation du journal. 2. 2. 1. Chanes satellitaires page Les difficults de commercialisation de 2M (1989 1996) nautorisaient pas la prsence dautres chanes page au Maroc, malgr la convoitise du march marocain par un ensemble de tlvisions page. La chane franaise Canal + Horizons tait la premire tenter de

s'installer au Maroc en 1990 en partenariat avec 2M. Mais, ce nest quaprs le passage de 2M en clair, en 1996, que le march marocain a t partiellement ouvert aux chanes trangres page. Canal + Horizons et le bouquet numrique d'ART. Cas de Canal plus horizon En novembre 1996, aprs de multiples ngociations, un accord de partenariat a t trouv entre SOREAD et Canal + horizons. Cet accord autorise SOREAD commercialiser, via son rseau commercial, les dcodeurs et les cls de C+H. Longtemps avant la conclusion de cette convention, ces mmes dcodeurs et cls taient commercialiss, sans autorisation des pouvoirs publics, par un rseau organis de distribution appartenant des notables de Casablanca. Depuis plusieurs exercices, cette chane page tente de sortir de sa crise en mettant l'accent sur les compagnes de promotion, mais en vain. L'expansion du piratage ou encore le dveloppement du march illgal du bouquet numrique TPS en ont dcid autrement. En 2001 Canal+Horizons quitte le Maroc. Bouquet numrique ART Aprs C + H, le paysage tlvisuel marocain a accueilli, en mars 1998, le premier bouquet numrique page : ART. Ce bouquet est constitu de huit chanes de tlvision arabophones et dautres chanes de tlvision francophones. Il est commercialis au Maroc par la SOREAD. Le bouquet ART est destin une clientle privilgie ayant un pouvoir dachat suffisant. Son offre ne propose pas, par ailleurs, de produit cinma international, vritable produit dappel des autres bouquets numriques comme SHOWTIME et TPS. Le choix de SOREAD sest port sur ART puisque les oprateurs des bouquets franais TPS, AB-SAT et Canal Satellite nont pas encore dtermin de stratgie de pntration du march africain et sont toujours dans la phase de consolidation de leurs positions sur leur march local. Le bouquet numrique ART, de par son propritaire Cheikh Saleh Kamal, possde une forte puissance financire. En effet, ART a investit des centaines de millions de dollars dans des studios de production Rome, Tunis, Damas, au Caire et Paris. Bouquet Showtime

Le signal d'mission de l'ensemble des chanes proposes par Nilesat tant de qualit digitale, le tlspectateur bnficie d'une qualit d'image et de son. Deux formules d'abonnements sont possibles: pour l'option achat, le prix du dcodeur muni d'une carte puce (3, 6 ou 12 mois selon le besoin) est de 4.750 dh. L'installation revient 999 dhs En rgime de location, le tlspectateur paie en plus de l'installation un abonnement de 598 dh par mois pour une priode minimale d'un an. Il existe l aussi deux possibilits: soit prendre les 12 chanes, soit faire une slection la carte. Les abonns ont la possibilit d'opter pour un minibouquet rduit. Une caution de 1.500 dh est exige toute personne qui rgle en espces, chque ou virement bancaire. En effet, l'autorisation pralable pour l'importation de dcodeurs des chanes de tlvisions trangres vient d'tre leve. Une circulaire de l'Administration des Douanes et Impts Indirects, n4596/312, date du 4 aot 2001, dispense les particuliers d'une demande d'autorisation. Ces oprations restent subordonnes au paiement des droits et taxes exigibles. Selon les responsables de ce dpartement, cette autorisation se justifie par la nature mme de cette activit audiovisuelle. En fait, il faut distinguer deux lments dans l'abonnement aux chanes de tlvision trangres. L'lment matriel qu'est le dcodeur reste facilement contrlable et la liquidation des droits et taxes qui lui sont rattachs est relativement simple. Quant l'lment immatriel qu'est le service audiovisuel offert en contrepartie de l'abonnement, il reste trs difficile de percevoir les droits et taxes. Comment alors valuer vis--vis du Fisc la valeur ajoute produite sur le territoire national par la diffusion de ces chanes ? D'autres bouquets numriques, comme TPS, n'ont pour l'heure pas t officiellement reprsents au Maroc. Pourtant, la possibilit d'avoir ces chanes-l existe, bel et bien, en dehors de tout contrle tatique. A Derb Ghallef (march parallle) Casablanca, par exemple, le dcodeur numrique tait dj propos dans des formules de package incluant la cl TPS de dcodage annuelle des prix variant entre 4000 et 8000 dhs avec cl pirate. 2.2. 2. Chanes gratuites : ALJAZIRA Parmi les chanes gratuites, il y a les chanes arabes qui tentent de rester neutres pour crer une culture standard qui rpond tous les gots. Pour vhiculer cette culture, ces chanes utilisent la langue arabe

classique. Les accents s'estompent tel point qu'il est difficile de reconnatre la nationalit des journalistes. Et qui dit culture et langue, dit identit. Ces chanes renforceraient l'identit arabe de manire souple et sans heurt de faon ce que un grand nombre d'arabes s'y reconnaissent. Elles crent un espace moyen qui concilie rgionalisation et mondialisation, constituant ainsi une aire de ralliement pour les communauts isoles de leur culture mre. Aprs MBC, la chane de Qatar ALJAZIRA a russi conqurir le paysage audiovisuel arabe, notamment celui du Maroc. Cinq ans d'existence ont fait d'elle un vritable pouvoir. Cre le 1er novembre 1996, Al Jazeera, la chane arabe d'information en continu, n'a rien envier CNN ou BBC. Mieux encore, durant la guerre en Afghanistan et plus particulirement aprs le 11 novembre 2001, Al Jazeera est devenu un fournisseur d'images toutes les tlvisions du monde, y compris les tlvisions amricaines et anglaises. La chane est devenue une rfrence mondiale. Comme pour les autres pays, au Maroc, Al Jazeera compte des milliers de fidles et sduit les diffrentes couches sociales. Pour en arriver l, la chane de Qatar a d faire du chemin grce une volont politique, des ressources financires importantes et un staff constitu de professionnel de la tlvision. Elle commence en novembre 1998 diffuser 24h/24. Elle lance alors des talk-show et missions polmistes en donnant une dimension communautaire aux affaires internes de chaque pays arabe. En retour, elle profite du revers de la mdaille, l'unit, valeur perdue et recherche par les peuples. Pour renforcer son succs, la chane brise les tabous et donne la parole tout le monde: aux opposants comme aux courtisans, aux civils comme aux militaires, aux religieux modrs comme aux intgristes. Al Jazeera est alors montre du doigt par certains intellectuels arabes. On lui reproche d'accentuer les problmes inter arabes et parfois d'tre le porte-parole des intgristes et des terroristes. A partir d'aot 1999, Al Jazeera assure une prsence plus forte dans les affaires du Maroc, avec plus de professionnalisme. Comme dans toutes les grandes capitales du monde, elle ouvre un bureau Rabat et assure des couvertures de pointe d'vnements importants du pays: limogeage de Driss Basri (ministre de l'intrieur jusqu'en l'an 2000) libration de Yassine (chef religieux marocain), dossier du Sahara et la problmatique de la troisime voie. Durant l't 2001, son audience se renforce considrablement grce l'affaire Boukhari, (un ancien agent secret du CAB 2 auteur de rvlations sur la disparition de feu Ben Barka). La

chane atteint son apoge avec l'affaire BenLaden. La chane reconquit alors les Marocains et se fait un bon capital de sympathie et de confiance. Ses promoteurs comptent passer la vitesse suprieure: en 2002, il est prvu de lancer deux chanes qui s'intressent l'conomie et aux documentaires. Nombre de personnes expliquent la russite d'Al Jazeera par l'abondance des moyens. Or, Ce n'est pas l'argent qui fait le bon mdia. La chane d'Abu Dhabi ou de l'Arabie saoudite ont plus de moyens, rtorque Talha Jibril, rdacteur en chef d'Assabah et ancien collaborateur d'AL JAZIRA. Selon lui, le succs est d un groupe de professionnels qui venaient de la BBC ( British Brodcaste corporation). Pour certaines chanes satellitaires gratuites, le march marocain, comme les autres marchs, ne constitue pas un enjeu sur le plan conomique. Que nous soyons 100.000, 500.000 ou 1.000.000 regarder telle ou telle chane satellitaire, cela ne change rien leur sant financire. Loin de l, elles vont solliciter chez le tlspectateur marocain une aptitude intgrer leur systme culturel. Ces chanes satellitaires ne sont pas soumises une sanction du march, ni une obligation des rsultats, elles sinscrivent davantage dans une logique dinfluencer dans une optique culturelle. Aujourdhui, plus de trois millions de mnages marocains, soit environ la moiti des mnages, disposent d'antennes paraboliques de rception directe satellitaire et peuvent ainsi accder une multiplicit de chanes audiovisuelles. Quand l'offre nationale ne rpond pas leurs attentes, ils "zappent" faisant chuter laudience des chanes nationales. L'environnement audiovisuel est ainsi de plus en plus comptitif avec la prsence de grands groupes mdiatiques disposant d'importants moyens et pouvant pntrer facilement l'espace audiovisuel et influencer l'audience et par consquent les pratiques et habitudes de toute une nation. Quen est il de laudience ?

2. 3. Audience pour une tude plus fiableDans la plupart des marchs de biens ou de services, les entreprises sont capables d'valuer le nombre de leurs consommateurs ou au moins les quantits consomms. Mme dans l'univers de la culture, on sait comptabiliser les entres dans les muses ou au cinma et dans l'univers des medias, on connat le nombre d'exemplaires vendus pour un magazine ou un quotidien.

Pour la tlvision, l'entreprise met a disposition du public des programmes, mais ne peut, par le dnombrement, valuer le nombre d'individus qui ont consomm tout ou une partie des programmes. C'est partir de ce constat qu'on parle de la notion d'audience. 2.3.1. Notion d'audience Laudience est devenue lune des notions clefs de notre socit de communication de masse. Ce mot est lun de ceux que les journalistes emploient frquemment et avec le moins de critique, jusqu crire le vocable avec une majuscule, comme ici, dans un article de lexpress: L'Audience. Ainsi se nomme la force qui empche les six plantes de sombrer dans le nant. Avec laudience, on obtient la publicit, carburant extraordinairement convoit. Avec la publicit, on rcupre les sous et grce aux sous, on achte de quoi piger lAudience. Prennit du cycle! Dans lconomie actuelle du systme tlvisuel, le produit nest plus le programme mais laudience elle mme que lon tente doptimiser, de fidliser; cest elle quon vend, cest elle quachtent les annonceurs. Cest le produit que lon mesure pour tablir le prix du passage d'une publicit dans telle ou telle chane. En effet, la mesure daudience permet de connatre le temps consacr par les mnages et les individus regarder la tlvision, de savoir quels sont les programmes regards et par qui ; elle value, certes, la raction loffre mais ne saurait tre analyse comme lexpression de la demande du public. Laudience, rfrence commune aux vendeurs despaces et leurs clients, est la base de ltablissement des tarifs de diffusion des spots. La loi de loffre et de la demande prvaut ici comme ailleurs. Ce que les annonceurs acceptent de payer trs cher, ce sont les grosses audiences du prime time et non laddition de petites audiences. Du ct des acheteurs, la mise au point doutils sophistiqus de gestion, de prvision et de contrle des audiences doit apporter une meilleure adquation entre la cible vise et lcran choisi. A la diffrence de la presse, qui connat le nombre dexemplaires vendus, Les enqutes daudience prsentent un intrt vital pour la tlvision. Ce media ne dispose pas de mesure physique de sa diffusion puisque la consommation des programmes par le public ne laisse aucune trace. Les sondages sont

donc lunique moyen pour la tlvision de connatre son auditoire. Au Maroc deux mthodes sont utilises pour les sondages : lenqute par interview et le panel des journaux dcoute. Ce sont des tudes faible cot mais leurs rsultats restent subjectifs et ne font pas l'unanimit. L'absence doutils fiables et efficaces de mesure daudience est une question qui proccupe le GAM (le groupement des annonceurs au Maroc). Pour eux, Les chanes de tlvision nationales se permettent des augmentations tarifaires, alors que leur audience baisse de plus en plus au profit des stations paraboliques. Les annonceurs ont reu les deux chanes de tlvision, les agences et les rgies pour initier le projet de l'audimat au Maroc. L'ide est de crer une entreprise interprofessionnelle pour servir comme c'est le cas de la socit Mdiametrie en France, et de mettre en service un appareil susceptible de justifier les emplacements et la taille des investissements publicitaires pour les deux chanes. Lors de cette rencontre, les dbats se sont focaliss sur les modes de financement de cette entreprise. 2.3.2 Cot de l'audiomtrie A en juger par les estimations prliminaires d'un cabinet spcialis de la place, les investissements s'lveraient 12 millions de dh. Cette enveloppe comprend l'quipement des foyers et l'installation informatique. En ce qui concerne les charges annuelles, elles se situeront plus de 14 millions de dh et comprendront la marge de 30% verse l'entreprise qui supervisera le systme audiomtrique. En effet, les chanes de tlvision nationales se disent prtes financer 70% des prestations annuelles de cet outil de mesure daudience. Il sagit dune grande avance dans la mesure o les chanes ntaient pas trs enthousiastes au dpart pour participer au projet, vu leur manque de moyens. Constitu au dbut de lanne 2001, un groupe de travail compos dannonceurs, de rgies et de chanes nationales a entam des contacts avec les principaux organismes daudimtrie dans le monde. Ces derniers ont manifest leur intrt pour sassocier au lancement de ce projet au Maroc. Un expert international devra dans un premier temps valuer le Tvscan, seul outil de mesure daudience de la tlvision mis en place par le Cabinet Crargie. Cest partir de cette valuation que le cahier des charges pour le lancement de laudimat sera labor. Un organisme reprsentant les annonceurs, les agences conseil, les chanes nationales et

les rgies devraient ensuite initier lappel doffres et assurer le suivi. Laudimtrie marque, pour les publicitaires, une tape dcisive et positive dans la mesure et la connaissance des phnomnes daudience en audiovisuel. Mais cela ne va pas sans leur poser de multiples problmes. D'une part laudimtrie est un outil coteux qui peut grever encore la rentabilit des agences de publicit, dautre part, les techniciens de lachat "despace tlvision" au sein des agences vont tre confronts trois obstacles de taille. Un premier obstacle provient de limpressionnante masse de donnes qui sort hebdomadairement de lordinateur et quil faut pouvoir organiser, trier et digrer. Le second obstacle est trs directement li au premier. Laudimtrie, en effet, doit tre utilise non seulement pour suivre lvolution actuelle des audiences, mais aussi pour formuler des prvisions sur leur volution future afin dorienter les choix des annonceurs vers les blocs qui seront les plus performants un moment donn. Il sagit l dun domaine vaste, nouveau et haut risque en publicit. De trs rares initiatives ont t prises en vue de coupler la mesure audiomtrique des panels de prvision daudience, dont le moins quon puisse dire, est que leurs auteurs restent trs discrets quant lefficacit relle de la mthode. Le troisime obstacle provient de la faon dont est organise la vente despace publicitaire ; A cet effet, l'introduction de l'audimat au Maroc risquerait de se heurter des difficults lies aux attitudes des comportements des mnages et la nature de l'audience et aux quipements de rception. C'est du moins ce qui ressort des premires tudes de faisabilit d'un cabinet spcialis. Les responsables de ce dernier partent du principe que si la moyenne des mnages marocains est de six personnes, cet effectif est trop nombreux pour utiliser la technique gnralement utilise de boutons pressoirs. Ainsi, il faudra selon la mme source, mettre en place un systme avec plusieurs boutons pressoirs. Et d'ajouter qu' part les moments de forte attention, il sera difficile de suivre le comportement des tlspectateurs (entre conversations et zapping) par les boutons pressoirs. En d'autres termes, l'attitude de l'ensemble des membres du mnage ne sera pas une tache facile. Cependant, pour assurer le fonctionnement de cette mesure, les instruments audiomtriques sont connects un ordinateur central travers le tlphone. Un autre handicap se pose, donc, ce niveau du fait que l'quipement des foyers en tlphone fixe reste faible (1,5 millions de

lignes). Cet handicap peut tre dpass par la connexion des foyers ou l'utilisation des quipements GSM pour une partie des mnages. La cration d'un organisme qui aura pour rle de mesurer quotidiennement l'audience de la tlvision est un investissement coteux. Dans les pays europens, ce sont les chanes qui achtent les prestations de la mdiamtrie. L'objectif tant d'valuer le succs de leurs programmes. Au Maroc, avec le peu de moyens dont disposent les deux chanes nationales, il serait difficile de les convaincre pour payer les services de l'audiomtrie. Pour instaurer ce systme (chantillon de 3.000 4.000 personnes), l'investissement de dpart se situe entre 5 et 10 millions de dh. Le capital de cette entreprise peut tre partag entre les annonceurs et les chanes. Reste savoir qui va payer les services de l'audimat. Cependant tout cela tourne autours d'un lment important qui est le tlspectateur marocain. Qui est ce tlspectateur marocain?

2. 4. Tlspectateur marocain tendances et spcificitLes producteurs des mdias se sont toujours intresss leurs consommateurs. La prise en compte du profil socio-dmographique de ces derniers a depuis longtemps t essentielle pour mieux cibler les produits mdiatiques. Des enqutes sophistiques, comme celles portant sur les styles de vie ou sur les courants socioculturels ont t progressivement incorpores la panoplie marketing des medias. Au Maroc le parc de tlviseurs national a connu, depuis 1962, un dveloppement remarquable. En effet, de 5000 units en 1962, ce parc est estim ( dcembre 2001) 3.5 millions dunits, soit une croissance annuelle moyenne sur toute cette priode denviron 100.000 tlviseurs (source Crargie). Par ailleurs, le parc de rcepteurs paraboliques a atteint, en 1998 ( dfaut de statistiques jusquen 2001), 1,5 millions dunits. Il a connu, entre 1992 et 1998, une croissance annuelle moyenne de 250.000 units. Ceci dmontre lengouement des marocains pour les images de tlvision. En effet, le dveloppement des parcs de tlviseurs et de rcepteurs paraboliques, au Maroc, a t largement favoris par la cration de 2M en 1989 et surtout par le dferlement des rcepteurs paraboliques, depuis 1992. Cette croissance soutenue par la prolifration des moyens de rception de la tlvision a induit une consommation massive des images tlvises. Comme le fait ressortir notre enqute, le tlspectateur

marocain consomme, en moyenne, 4 heures de tlvision par jour. Soit lquivalent, pour lensemble des tlspectateurs marocains, de 160 millions heures par mois, ce qui est considrable. Aujourd'hui, le public marocain est, si l'on peut dire, devenu matre de son destin. Son nouveau statut implique une certaine libert, celle de choisir les missions quil veut regarder. On ne lui impose plus un choix de programmes, mais on le lui propose. Toutefois, les responsables des programmes subissent une double pression. Dune part, ils doivent fournir leur public un produit fignol, respectant les lois de la morale et de la biensance qui rpond leurs nouvelles exigences et dautre part, ils obissent aux lois du march mais aussi la diversit des profils existants dans les pays. Afin de mieux comprendre cette relation entre mdia et tlspectateur, nous avons men une tude quantitative. 2. 4. 1. Etude quantitative Malgr la difficult dobtenir un panel reprsentatif de toute la population marocaine, vu le peu de moyens dont nous disposions. Nous avons prfr limiter notre enqute la ville de Casablanca. Nous avons interrog 200 personnes, qui peuvent constituer un chantillon reprsentatif des diverses couches sociales. Nous avons labor un questionnaire, sous forme de feuille dcoute, que nos avons remis notre cible. Le rsultat nous a permis de reconstituer le suivi des diffrentes chanes et ventuellement leurs apprciations des diffrents programmes. Cette mthode prsente linconvnient de faire appel la mmoire puisque les rponses fournies risquent dtre perturbes par des erreurs ou des oublis. Nous avons ralis notre premire enqute en mai 1999 que nous avons actualis en juin 2001. Entre ces deux dates les deux chanes ont connu des changements importants, notamment au niveau de la grille des programmes. Le passage de TVM 17 heures de programmes par jour, ainsi que la diffusion continue de 2M, nous a incit laborer un questionnaire en adquation avec ces changements. Les rsultants enregistrs sont les suivants:

Graphe n 1 : Frquence de suivi des missions de la tlvisionRarement 7%

Souvent 60%

Trs souvent 33%

Source : sondage ralis sur le terrain juin 2001M oins de 1H00 3% P de 4H00 lus 21% De 1H00 3H00 12%

De 3H00 4H00 64%

Graphe n 2 : Niveau de consommation de la tlvision Source : sondage ralis sur le terrain en juin 2001 Tableau n 1 : Les chanes satellitaires prises Chanes Score daudience TV5 41% ALJAZIRA* 40% ABU DHABI 37% EURONEWS 29% NILE TV 28% ESC 28% ART 25% ANN 19% Source : sondage juin 2001 10 Al Jazeera a chang de satellite en octobre 2001, elle nest capte que par dcodeur numrique sur NILE 7 ou HOTBIRD.

E issions prfres surles chanes satellitaires m

56 60 50 40 30 20 10 0 Info D oc/M Source: Sondage juin 2001Graphe n3 : missions satellitaires prfres Pour TVM Les taux de satisfaction et dinsatisfaction par rapport la grille actuelle de programmes de TVM. sont les suivants : Tableau n 2 : taux de satisfaction des programmes TVM Trs satisfait Plutt satisfait Plutt insatisfait Trs insatisfait 10 % 25 % 35 % 30 %

47 38 21 17

Jeux

S port

F s ilm

Le produit de TVM ne jouit pas dune bonne notorit auprs des personnes sondes. Le taux dinsatisfaction vis--vis de la grille atteint 65% de lchantillon. Les missions prfres sur TVM, ainsi que le

nombre de personnes interroges sur 200 qui ont voqu ces missions sont les suivantes : Tableau n 3 : missions prfres sur TVM 80 Le sport Les documentaires et magazines 56 Les missions religieuses 32 Les journaux tlviss 16 Les sries et feuilletons 10 Les missions pour enfants 4 Le cinma 2

Le sport reste le produit dappel par excellence sur TVM, surtout le football national et les retransmissions de matchs internationaux (cit par les hommes de tous les ges : 92%). Les documentaires et les missions religieuses quant elles sont le 2me et 3me genre prfr, hommes et femmes confondus de + de 50 ans. Le cinma arabe, cit surtout par les femmes de plus de 35 ans, est le dernier produit par ordre de prfrence sur TVM. Les aspects qui dplaisent sur TVM. Ainsi que le nombre de personnes interroges sur 200 qui ont voqu ces aspects sont : Tableau n4 : les aspects qui dplaisent sur TVM 32 % Chane routinire et monotone Longueurs des Journaux tlviss 27 % Manque d'originalit dans les productions 26 % Mauvaise qualit des programmes 25 % Programmes anciens 20 % Non-respect des horaires de diffusion 20 % Trop de films arabes 14 % Manque dinnovation dans les missions religieuses 14% Mauvaise qualit technique de la 12 % production interne Chane qui nvolue presque pas 9%

Sondage sur le terrain juin 2001 La routine, la monotonie, la longueur des journaux tlviss, ainsi que le conformisme sont les principaux points dinsatisfaction vis--vis de TVM. Voyons, prsent, quel rapport a le tlspectateur avec 2M ?

Pour 2M Graphe n 4 : Satisfaction vis--vis des programmes de 2MSans opinion 3% Trs insatisfait 5% Plutt insatisfait 10 %

Trs satisfait 14%

Plutt satisfait 68%

Source: sondage juin 2001 68% des personnes interroges sont plutt satisfaites des programmes de 2M. Graphe n 5 : Frquence de suivi des programmes de 2M

Une fois par jour 38%

Plusieurs fois par jour 62%

Source: sondage juin 2001 Tableau n 4 : Attentes en terme de programmes Attentes des personnes sondes Part dans lchantillon Produits de proximit 35 % Feuilletons et sries 30 % Jeux 27 % Sport 25 % Musique 21 % Documentaires 19 % Emissions pour jeunes 17 % Source : enqute personnelle ralise en juin 2001

Le constat que fait le tlspectateur marocain quant au traitement de l'information, c'est que la ractivit des deux chanes vis vis des grands vnements reste lente. (Exemple d'une enqute auprs de 50 personnes en dcembre 2001); lors de leffondrement du World Trade Center, les deux chanes marocaines nont pas ragi, le tlspectateur marocain sest alors rabattu sur les chanes trangres pour avoir des nouvelles fraches (ALJARIRA, TV5, CNN, ANN) TVM a pass lvnement en flash lors des informations de 20h30, 2M par contre a consacr une table ronde tard dans la soire en sinspirant et en puisant dans les images des chanes trangres. Cependant, en ce qui concerne 2M, Pour les tlspectateurs, le passage la diffusion non-stop nest pas une rvolution, estimant que la nouvelle grille manque danimation et de convivialit. Pour eux, lcran se trouve submerg par les feuilletons mexicains et brsiliens (traduits en arabe) ainsi que de vieux documentaires. Nous avons essay de savoir, travers notre enqute, si les tlspectateurs suivent le rendez-vous avec linformation matinale. Les rponses ont t les suivantes : Tableau n5 : suivi de linformation matinale sur 2M Trs souvent 01 % Souvent 20 % Parfois 25 % Jamais 55 % Source : sondage personnel ralis en juin 2001 Le nouveau journal programm par 2M en dbut de matine ne retient donc pas l'attention des tlspectateurs. Nous avons pos la question pour savoir laquelle des deux chanes nationales 2M ou TVM tait la plus proche des tlspectateurs par la qualit et le contenu de ses programmes. Les rponses ont t : 2M : 64%. TVM. : 26%. Aucune : 10%. Ces chiffres rvlent que 2M serait la chane plus proche des tlspectateurs. Les tlspectateurs interrogs estiment que la qualit des programmes de 2M, son professionnalisme ainsi que sa libert relative du ton, font delle une chane de qualit.

Lenqute a essay de dduire si les deux chanes nationales T.V.M et 2M sont complmentaires ou diffrentes. Les rponses ont t : Tableau n6 : complmentarit des deux chanes 58 % Diffrentes Complmentaires 30 % Plus ou moins semblables 10 % Ne se prononce pas 2% Source : enqute personnelle ralise en juin 2001 58% des personnes interroges trouvent que 2M et TVM. sont diffrentes dans leurs styles et dans leurs grilles de programmes et 30% pensent quelles sont complmentaires. En rsum, les sondages relvent que la chane 2M plat plus que dautre mais il y a une forte attente de productions marocaines. Les gens veulent non seulement des produits modernes et de nouveaux produits cinma mais surtout des missions de proximit. Ils veulent que la chane sengage dans la socit marocaine, quelle prenne position par rapport au paysage politique et conomique du Maroc. Afin davoir une analyse complte du tlspectateur marocain, nous avons men une tude qualitative. 2. 4. 2. Etude qualitative Pour complter notre enqute et pour mieux connatre le comportement du tlspectateur marocain, nous avons men une tude Audible (tude daudience utile) pendant une dure de trois mois (avril, mai et juin 2001). Ltude a permis dobserver le comportement de 156 tlspectateurs dans 50 foyers pendant 150 heures. Nous nous sommes intresss des familles que nous connaissons, de niveaux socioculturels diffrents dans les villes de Casablanca, Rabat, Marrakech et Oujda. Ce genre denqute est dj utilis en France et sa mthodologie a permis de crer un instrument fiable sur la ralit et la qualit de lcoute. Comment avons nous procd ? Nous avons commenc par nous installer dans les foyers, ensuite, nous avons laiss une phase dimmersion pour nous faire oublier, ensuite nous avons not tous les comportements sans poser de questions. A noter que lorsque lon pose des questions pour connatre ce que font les tlspectateurs, on recueille des rponses sur leurs attitudes et non sur

leurs comportements et que ceux-ci diffrent considrablement de cellesl. Les deux grands principaux enseignements de cette tude vont lencontre de certaines ides reues : Les tlspectateurs ont pris lhabitude de vivre avec la tlvision. Il en rsulte que la tlvision a t progressivement domestique, quelle est devenue un mdia daccompagnement et, comme tlvision, elle ne suscite plus ni fascination excessive, ni rejet systmatique. Nous avons remarqu une proportion presque constante dabsents, 20% pendant les missions, 22 % pendant la publicit. La grande diffrence est observe sur la qualit de lattention porte aux missions et aux crans publicitaires. 62% des tlspectateurs sont trs attentifs pendant les missions contre 45 % trs attentifs pendant la publicit. Dix-sept points de diffrence dattention, cest un chiffre important si lon considre les enjeux conomiques. Les autres tlspectateurs, qui ne sont ni absents, ni attentifs, parlent, reprennent le cours du dner en parlant ou vont et viennent dans la pice. Quant aux absents, on imagine aisment ce quils font : selon lhoraire, ils prparent le dner (surtout les femmes), couchent les enfants, dbarrassent la table, tlphonent, dorment, etc. Lune des principales originalits de ltude est dy rpondre avec un instrument de mesure fiable : le coefficient de qualit dattention. Le principe en est simple : le tlspectateur trs attentif a t crdit dun coefficient 1,00, le tlspectateur assez attentif de 0,75, le peu attentif de 0,50 etc., les coefficients sont attribus selon une grille de comportements. Sur cette base, ltude a permis de constater que le coefficient moyen de qualit dattention pour les missions est de 0,72. Quand la publicit arrive, il tombe 0,63. La qualit relative dcoute de la publicit nest donc pas mauvaise, mme si ce coefficient connat selon les horaires de fortes disparits. Par exemple, pour un cran insr dans une mission, lcart peut aller de 0,45 0,74, selon les catgories de tlspectateurs. Il faut savoir que, dans labsolu, un coefficient moyen de 0,63% reprsente pour les crans publicitaires une perte daudience de 47 % par rapport au type denqute actuelle quutilise Crargie. Voici quelques donnes et chiffres :

La qualit de lattention des hommes pour les crans publicitaires est meilleure avant 21 heures alors quelle est meilleure partir de 22 heures chez les femmes. Lattention faiblit considrablement lorsque la dure de lcran dpasse une minute. Le coefficient dattention de la publicit est aussi bon que celui des dessins anims ou des missions sportives (0,63 %) et trs proches de celui des sries trangres (0,66%) ; Les sries marocaines, quant elles, bnficient dun meilleur coefficient dcoute (0,78%) que les sries trangres (0,66%). Les deux meilleurs types dmissions en qualit dcoute sont les grands reportages (0,91%) et les films (0,80%). Globalement, on ne zappe que dans 5,3 % des foyers mme si le zapping est plus intense vers 22 heures (11,4%) que vers 20 heures (2%). Plus lcran de publicit est court et moins on zappe. Nous avons constat, aussi, quil y' a un phnomne de plus en plus contest par les tlspectateurs concernant la dprogrammation alatoire sans motif srieux en prime time. En France, lorsquune mission ou un film est dprogramm en moins de deux semaine et demie (cest dire aprs lannonce des avants programmes). Le CSA (conseil suprieur de laudiovisuel) a le droit de sanctionner les chanes qui se livrent ce genre de comportement. Or, au Maroc dans une semaine type, il y a environ 5% de programmes qui sont dprogramms, ce qui reprsente environ un soir par semaine. Les annonceurs dnoncent cette pratique, notamment parce que les compensations sont difficiles obtenir. Nous avons recens quatre types de dprogrammation; les dprogrammations vnementielles, souvent lies lactualit (lections, dcs), qui ont lieu dans des dlais trs courts et reprsentent un contexte programme peu porteur en termes daudience. Les dprogrammations lies au sport, qui interviennent moyen terme (deux semaines) et restent plus ou moins prvisibles en termes de priode. Les dprogrammations en raction directe aux programmes de la concurrence, qui se produisent cours ou moyen terme et concernent essentiellement des films et tlfilms. Ce cas reste moins frquent. Cette prsence au foyer plus ou moins importante du public permet de dterminer un dcoupage de la journe; le matin et laprs-midi de la semaine, ce sont les femmes au foyer, les retraits, les malades, les chmeurs. Le midi, le plus souvent, loccasion dun repas en famille, cest ce public qui sera vis.

La soire se dcompose en trois parties principales : dabord l'avantsoire de 17h30 19h30, moment de la monte de lcoute avec larrive successive de nouveaux publics ; les enfants et les personnes rentrant de leur travail. Puis en soire; le fameux prime time de 19h30 22h30, la priode la plus forte en coute. Enfin la deuxime partie de la soire avec des publics moins familiaux et plus aventureux. A partir de cette tude on peut retenir quil na pas un public de la tlvision mais des publics. Une des grandes difficults des programmateurs cest quils ont combiner entre des demandes grands publics et les demandes spcifiques et minoritaires. Il ny a pas dun cot les gens qui aiment les films et les feuilletons, et, de lautre, des gens qui veulent sinformer et comprendre le monde et les hommes. A des degrs divers, et selon les moments, chacun est la fois des deux cots. Mme si les messages reus sont souvent les mmes, ils ne sont pas reus de la mme manire; chacun est faonn par une histoire personnelle, marqu par un rseau de relations et dappartenance sociales. Cependant, les grands clivages sont lge et le milieu socioculturel (repr par la profession ou le niveau dinstruction). Le croisement des variables donne des carts plus importants encore : les hommes ou les femmes actives, cadres suprieurs, de 35 49 ans et habitant Casablanca, ont une consommation tlvisuelle trs faible en moyenne. Les catgories dlimites selon les critres socio-dmographiques (mme croiss) ne sont pas homognes : lorsquon examine les carts la moyenne dans chaque catgorie, on dcouvre quils sont importants. Compte tenu de ce qui vient dtre dit, le meilleur classement est encore celui qui part de la tlvision elle-mme et de la dure dcoute; il y a ceux qui ne regardent pas du tout, ceux qui regardent peu, moyennement ou beaucoup. Il y a, des gens qui ont un grand nombre de moyens dinformation, de distractions spectaculaires ou de pratiques culturelles, et qui donc se passent fort bien de la tlvision ou du moins lutilisent peu. Leur situation culturelle et sociale les rapproche des salles de cinma, de thtre, de salles de sports, de la lecture ou Internet etc. Leur situation culturelle en fait des familiers des livres, des revues ou des disques. Leur situation conomique leur donne les moyens de sortir en ville aussi bien que de voyager ltranger De lautre ct de la barrire, il y a tous ceux qui ne disposent pas des mme moyens conomiques ou culturels et des mmes quipements de

loisirs : pour eux, la tlvision est le grand, sinon lunique moyen, de loisirs et de distractions, dinformation et de culture. Au-del des indices daudience ou de satisfaction, les tudes qualitatives peuvent clairer la relation qui stablit entre tlspectateur et programme, il est difficile dtablir des constantes : chaque mission a un public naturel et un auditoire rel. Le public naturel est celui qui correspond un type dmission, lauditoire est celui qui, de fait, regarde lmission. Lindice de satisfaction est la traduction de ce dcalage qui existe entre ces deux populations.

Conclusion du chapitre 2L'environnement de la tlvision marocaine n'a pas encore trouv sa voie, avec toutes les rflexions qui ont t menes, aucune n'a encore aboutit rguler le systme audiovisuel. Au-del, de cette situation l'espace marocain reoit chaque jour des chanes nouvelles, des cultures diffrentes, et le tlspectateur ou les tlspectateurs marocains sont au centre de l'invasion. Ce qui constitue une menace srieuse pour nos chanes Marocaines. En effet, dans un espace caractris par louverture des ondes et la multiplication des technologies de linformation, ltat garde toujours sa mainmise sur laudiovisuel. Le gouvernement na pas encore une vision prcise sur les actions entreprendre en priorit. Nanmoins, il y a un consensus sur la modernisation du cadre institutionnel et des lois. Cependant le projet de cration dun organisme qui devrait rgir laudiovisuel a t dprogramm maintes reprises. Le cadre rglementaire pour rguler les chanes nationales, prives et trangres na toujours pas vu le jour alors que le paysage audiovisuel est envahi par des centaines de chanes satellitaires gratuites et bouquets numriques. En effet, le nombre de chanes satellitaires reues au Maroc dpasse les 200 chanes. Il arrose plus de trois millions de mnages marocains, soit la moiti des mnages. Lenvironnement audiovisuel est ainsi de plus en plus comptitif avec des grands groupes mdiatiques disposant de grands moyens et en parallle deux chanes nationales qui voient leur audience chuter et qui disposent de trs peu de moyens. Cependant il nexiste pas

au Maroc un systme de mesure daudience fiable et prcis. Les mthodes utilises pour les sondages sont les enqutes par interview et le panel. Ces mthodes sont loin dtablir des constantes entre un public naturel et un auditoire. Le tlspectateur marocain ainsi que son indice de satisfaction restent donc inconnus. Mais ce quon peut retenir de notre enqute, cest que, dune part, les tlspectateurs ont pris lhabitude de vivre avec la tlvision. Et dautre part, malgr une forte demande des programmes de proximit, il est difficile de mettre en place une grille de programme adapte tous les gots. Chaque mission a un public naturel et un auditoire rel. Le taux de satisfaction est le moyen qui peut, servir pour les programmateurs, combiner entre la demande grand public et la demande spcifique et minoritaire. Cependant, afin de mieux cerner le paysage audiovisuel marocain, il est ncessaire d'analyser les deux chanes en interne; leurs forces et faiblesses afin de les croiser avec les opportunits et menaces de l'environnement que nous venant de voir.

Chapitre 3 La Tlvision Marocaine TVM

3.1 Evolution lenteur force3.2 Attribution et personnel entre fonctionnariat et cration3.3 Moyens techniques obsolescence et renouvellement3.4 Grille de programme dcalage avec le temps3.5 Systme budgtaire et financier rosion et dispersion

Depuis lavnement du petit cran au Maroc, les pouvoirs publics ont saisi limpact que pouvait gnrer cet outil de communication au profit du renforcement des assises du pouvoir et de sa lgitimit. La russite de tout dirigeant politique allait dsormais dpendre de lusage quil ferait du contrle des images. Le pouvoir allait dsormais communiquer au gr des messages quil souhaitait faire parvenir aux citoyens mais aussi ses opposants. En effet, le discours tlvis a un impact plus considrable quun article de presse crite, notamment auprs dune population o lanalphabtisme reste trs dvelopp. Lutilisation de lArabe dialectal dans un discours ou dans une campagne de sensibilisation institutionnelle confre au texte une valeur smantiquement forte. Il est vrai que les Marocains ont pris l'habitude de suivre quotidiennement les activits royales et gouvernementales et prennent un rendez-vous direct avec le Roi loccasion des discours quil prononce priodiquement. La position des divers mouvements dopposition qui ont jalonn lhistoire du Maroc au sein du petit cran, a longtemps t sujette un black out gnralis. Aucune image ou opinion des partis politiques ne pouvait tre diffuse. Aussi, et afin de mieux analyser TVM en tant qu'entreprise, un diagnostic interne s'impose. Nous allons donc retracer comment a volu la chane,

administrativement par ses attributions, techniquement par ses moyens techniques, ses ressources humaines et financires et enfin son produit. Comment a donc volu TVM ?

3.1. Evolution lenteur forceDs sa naissance en 1962, TELERAMA (Tlvision Radio Maroc) baptise par la suite RTM (Radio Tlvision Marocaine) a souffert de graves problmes de financement et ne diffusait qu raison de 4 heures de programmes par jour. Depuis, la politique dinvestissement de RTM est reste timide. Il fallait attendre les prparatifs de la marche verte en 1975 et lavnement des jeux mditerranens au Maroc pour assister un effort dinvestissement en matriel. Cette politique dinvestissement navait pas fait lobjet dun plan de dveloppement moyen et long terme, mais tait tout simplement la consquence dvnements ayant suscit lintrt mdiatique du gouvernement, selon le responsable dune agence de publicit : Consciente de son immobilisme chronique, la tlvision marocaine tente de ragir de temps autre par des oprations ponctuelles. Ces dernires dcrtes par une conjoncture politique donne, durent le temps de la dite conjoncture. La dernire en date est lopration coup de poing de lanne 1986-1987, qui a dur trois mois Cependant, RTM couvre, fin 2001, 88% du territoire national et emploi 3.000 personnes. Elle a diffus, en l'an 2000, un total de 4.527 heures de programmes, dont 74% en langue arabe (les dialectes y compris) et 26% en langue franaise. La production nationale reprsente 60% et les programmes imports (arabe et franais) reprsentent 40%. RTM fait aussi partie des multiples rouages de lEtat. Elle ne bnficie pas dune autonomie financire susceptible de lui permettre de faire face ses exigences en matire de tlvision et son personnel est soumis au statut de la fonction publique. En 1996, RTM change de tutelle. Elle passe de la tutelle du ministre de lintrieur, la tutelle du ministre de la communication. Ce changement de tutelle a favoris le dveloppement dune politique

dacquisition de programmes trangers, en particulier les films. Une importance particulire a t accorde la production de magazines dinformation touchant des domaines longtemps abandonns au profit de 2M. En 1999, Le Roi Mohammed VI nomme un nouveau directeur gnral la tte de la tlvision marocaine, Fayal Larachi. Laurat d'un diplme d'ingnieur en travaux public et un master en management, il tait directeur gnral de Sigma technologie, une entreprise spcialise dans la production audiovisuelle. Lourde tche lorsqu'on sait que l'homme a jusque-l gr une quipe relativement rduite et qu'il avait affaire seulement des responsables des agences de publicit. Depuis sa nomination, il est affront un large public, mais aussi, appel grer les 800 fonctionnaires de TVM. Il hrite d'un budget annuel de 830 millions de DH (500 millions pour le fonctionnement et 330 millions pour l'investissement) et d'une entreprise nationale dont il faut optimiser les ressources et amliorer l'image. A son arrive, il ne fait que constater: "Depuis mon arrive, j'ai t oblig de passer par une phase de diagnostic, d'ordre gnral, pour prendre contact avec le personnel, les structures et sous structures." Il dit activer ce qu'il appelle la revalorisation des ressources humaines travers la formation, en menant en parallle une migration progressive de l'quipement analogique vers le numrique. Nous allons prsent voir de prs la structure organisationnelle de RTM et la pluralit des statuts rgissant son personnel

3.2. Attributions et personnel de la RTM -entre fonctionnariat et crationRTM est administre par un directeur gnral, diffrent du directeur gnral de TVM. En effet, elle comprend outre la Direction de la tlvision, la Direction de la radio, la Direction des ressources humaines et des affaires gnrales et la Direction de la tldiffusion. La Radiodiffusion Tlvision Marocaine est une administration publique place sous la tutelle du Ministre de la Communication. Elle a pour mission dassurer le service public de radiodiffusion dans le cadre du monopole de ltat en matire de tlcommunications, conformment aux dispositions lgislatives et rglementaires en vigueur. A cet effet, elle est charge : de raliser la couverture des activits politiques, conomiques et sociales ; dlaborer et de mettre en uvre tout programme daction et

toute production audiovisuelle en matire de tlvision ; de mener toute tude ou sondage visant lamlioration qualitative de la tlvision lchelle rgionale, nationale et internationale ; dassurer lorientation et la coordination de laction des services extrieurs de TVM ; dencourager la production nationale de programmes artistiques et ducatifs ; de contribuer la promotion des arts et de la culture par les programmes de la radio et de la tlvision ; de produire et de co-produire des uvres et des documents audiovisuels, de les commercialiser et de les diffuser sur les antennes et par tout autre moyen audiovisuel, tant au Maroc qu ltranger, pour contribuer au rayonnement de la culture et de la civilisation marocaines ; de conclure toute convention pour la production ou lchange des programmes avec des administrations ou organismes intresss, aux fins de les diffuser par tout moyen audiovisuel lintrieur ou lextrieur du royaume ; de diffuser ses programmes par tout procd de tlcommunications, en vue de satisfaire les besoins dducation, dinformation, de culture et de divertissement du public ; de diffuser des annonces ou des programmes de publicit sous toute forme ; dorganiser, constituer ou faire constituer, entretenir, modifier et exploiter le rseau national de diffusion de la tlvision ; dlaborer les plans de dveloppeme