12
Quelques d~veloppements r~cents sur le probl~me de Dirichlet D~di~ au prof. HELMUT HASSE ~ l'occasion de son 60ieme anniversaire Par M. BRELOT, Paris Vorgetragen im Mathematischen Seminar der Universitat Hamburg am 29. Januar 1958 1. Les diverses mdthodes donn~es au si~cle dernier pour rdsoudre le probl~me classique de Dirichlet faisaient routes des hypotheses restric- rives sur la fronti~re. I1 y a 50 ans, on remarqua que ces restrictions ~taient en partie n~cessaires; ZAREMBA et LEBESGUE donn~rent des exemples off le probl~me (avec donn~e-fronti~re continue) n'a pas de solution. Aussi songea-t-on ~ introduire pour ce probl~me une solution gdndralis~e qui existerait toujours, ce que WIENER explicita clairement vers 1924 de deux mani~res dquivalentes [12]. I1 fallait naturellement ensuite ~tudier cette solution ~ la fronti~re. Le probl~me ~tait ainsi d~compos~. L'une des ddfinitions de Wiener ~tait inspir~e de la solution que PERRON [9] venait justement de donner du probl~me classique et qui d'ailleurs, d'apr~s les travaux ultdrieurs, traite le cas le plus g~n~ral c'est-g-dire n'introduit que des restrictions n~cessaires et suffisantes. L'id~e de cette rdsolution est, depuis 35 ans, la base de nombreuses recherches, d'extensions relatives g des donn~es-fronti~res discontinues, diverses fronti~res ~abstraites~, ou ~id~ales(, ou ~ des conditions aux limites analogues sans fronti~re. I1 y a d'autres m~thodes comme celle des projections d~rivant des travaux de GAuss, DIRICHLET,RIEMANN, HILBERT et fort g~n~ralisde aujourd'hui, mais le champ des applications n'est pas le m~me. L'id~e de PERRoN-WIENER convient peut-~tre mieux aux donn~es-fronti~re gdndrales. Je rappellerai d'abord les premiers r~sultats maintenant classiques de cette m~thode. Puis nous verrons comment ce point de vue, cette structure de raisonnement peuvent ~tre conserves dans des cas bien plus g~n~raux. On arrivera ainsi consid~rer des fonctions dont des cas particuliers sont les solutions d'dquations de type elliptique et des conditions-fronti~re pour des espaces topologiques tr~s g~ndraux. 2. Cas classique euclidien On sait (voir [10]) que, dans un ouvert w de l'espaee euclidien R ", une fonction r~elle vest dite surharmonique au sens large si 1 ~ vest semi-continue infdrieurement

Quelques développements récents sur le problème de Dirichlet

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Quelques développements récents sur le problème de Dirichlet

Quelques d~veloppements r~cents sur le probl~me de Dirichlet

D~di~ au prof. HELMUT HASSE ~ l'occasion de son 60ieme anniversaire

Par M. BRELOT, Paris

Vorgetragen im Mathematischen Seminar der Universitat Hamburg am 29. Januar 1958

1. Les diverses mdthodes donn~es au si~cle dernier pour rdsoudre le probl~me classique de Dirichlet faisaient routes des hypotheses restric- rives sur la fronti~re. I1 y a 50 ans, on remarqua que ces restrictions ~taient en partie n~cessaires; ZAREMBA et LEBESGUE donn~rent des exemples off le probl~me (avec donn~e-fronti~re continue) n'a pas de solution. Aussi songea-t-on ~ introduire pour ce probl~me une solution gdndralis~e qui existerait toujours, ce que WIENER explicita clairement vers 1924 de deux mani~res dquivalentes [12]. I1 fallait naturellement ensuite ~tudier cette solution ~ la fronti~re. Le probl~me ~tait ainsi d~compos~.

L'une des ddfinitions de Wiener ~tait inspir~e de la solution que PERRON [9] venait justement de donner du probl~me classique et qui d'ailleurs, d'apr~s les t ravaux ultdrieurs, traite le cas le plus g~n~ral c'est-g-dire n'introduit que des restrictions n~cessaires et suffisantes. L'id~e de cette rdsolution est, depuis 35 ans, la base de nombreuses recherches, d'extensions relatives g des donn~es-fronti~res discontinues,

diverses fronti~res ~ abstraites~, ou ~id~ales(, ou ~ des conditions aux limites analogues sans fronti~re. I1 y a d'autres m~thodes comme celle des projections d~rivant des travaux de GAuss, DIRICHLET, RIEMANN, HILBERT et fort g~n~ralisde aujourd'hui, mais le champ des applications n'est pas le m~me. L'id~e de PERRoN-WIENER convient peut-~tre mieux aux donn~es-fronti~re gdndrales. J e rappellerai d 'abord les premiers r~sultats maintenant classiques de cette m~thode. Puis nous verrons comment ce point de vue, cette structure de raisonnement peuvent ~tre conserves dans des cas bien plus g~n~raux. On arrivera ainsi consid~rer des fonctions dont des cas particuliers sont les solutions d'dquations de type elliptique et des conditions-fronti~re pour des espaces topologiques tr~s g~ndraux.

2. Cas classique euclidien

On sait (voir [10]) que, dans un ouvert w de l'espaee euclidien R ", une fonction r~elle v e s t dite surharmonique au sens large si

1 ~ v e s t semi-continue infdrieurement

Page 2: Quelques développements récents sur le problème de Dirichlet

Quelques ddveloppements r6cents sur le probl~me de Dirichlet 49

2 ~ co

3 ~ dans tout domaine sph~rique (boule ouverte) 0 r ~ C oJ, v majore l'int6grale de Poisson pour la donn6e-fronti6re v.

La d6finition est de caract~re local et v ne peut admettre un minimum relatif en un point sans 6tre eonstante au voisinage, d'o~z l'on d6dnit le ~ principe du minimum,:

v _> In/ (lim.-in/. aux points-fronti~re dans R" augment6 d 'un point l'infmi).

On d~finit de m6me u sousharmonique au sens large, ou par la condition que - - u est surharmonique (au sens large).

On montre que, dans un domaine, v e s t partout + ~o ou presque partout finie et l 'on dit dans ce dernier e a sque v e s t surharmonique.

Rappelons enfin le th6or~me de F. RiEsz selon lequel v surharmonique vaut localement la somme d 'un potentiel (newtonien ou logarithmique) d'une mesure > 0 et d'une fonction harmonique. Cet te , mesure associ6e, (on dit aussi les masses associ6es) est unique. Ce th6or~me, banal lorsque v a des d6riv6es secondes continues, se d6montre tout aussi bri6vement aujourd'hni grs aux distributions de Schwartz.

3. Consid6rons dans R' , pour simplifier, un domaine born6 Q. Soit sur la fronti~re ~2" une fonction r6elle [. Consid6rons dans ~2 ~ peu pr6s comme PERRON les fonctions surharmoniques (au sens large) v saris faisant aux conditions:

(~) lim. i n f v ~ / ( x ) (x~Q*) et lim. i n f v > - - oo. y s ~ , y--~ X y'--~ x

L'enveloppe in/drieure ( in/des v) H! (y) est + 0% - - oo ou harmonique. Cela rdsulte aussit6t des remarques suivantes:

a) Si dans une boule ouverte 0 C ~ C L2, on remplace v par son int6- grale de Poisson, on obtient une fonction dans ~2, surharmonique au sens large et satisfaisant aux conditions (~).

b) S i v 1 et v 2 sont deux fonctions du type v, de m~me in/ (v v v=).

c) Un ordonn6 filtrant croissant de fonctions harmoniques dans converge vers + oo ou une fonction harmonique. (C'est-~-dire que l'enveloppe sup6rieure est + oo ou harmonique.)

Dans le cas de suites croissantes, c'est un th6or~me classique de Harnack qui r6sulte d 'un passage ~ la limite sur l'int6grale de Poisson; la m6me d6monstration s'applique au cas g6n6ral.

Avec WIENER, on d6finira de m6me une enveloppe _H 1 gr~.ce aux fonctions sousharmoniques ou comme la fonction 6gale ~ - - H_ I" D'apr~s le principe du minimum: H_/ ~ H 1 .

4 ~4s4 ~bg. ruth. Abh., Bd. xxm

Page 3: Quelques développements récents sur le problème de Dirichlet

50 M. Brelot

4. Lorsque ] est finie continue, on sait d'apr~s WIENER que H! -- HI" Cette enveloppe commune, harmonique est not6e H 1 et dite solution g~n6ralisge, ~videmment ~gale ~ la solution classique lorsque celle-ci existe.

Comme H 1 (y) en chaque y est une fonetionnelle lin~aire croissante de /, elle se repr6sente selon

H! (y) = f/(x) diuy (x)(De la Vall6e PoussIN [6]),

off d/~y est une mesure de Radon _> 0 sur D*, qui peut ~tre earactdris4e de diverses mani~res en th4orie du potentiel.

Alors se pose la question: comment cette solution se comporte-t-elle en g4n4ral ~ la fronti~re ?

Un point-fronti~re est (lit r4gulier si pour toute / finie continue:

H! (y) , / (x). y "--*" X y ~ D

On en montre aisdment le caractbre local. Je laisse de c6td l'6tude approfondie de la r6gularit~ qui requiert la thdorie fine du potentiel. L' important i c i e s t de savoir le degrd de raretd des points irr6guliers. La rdponse ne fur donn6e qu'en 1933 par G. C. EVANS [5]: leur ensemble est de mesure h a r m o n i q u e - d/~ nulle (ce qui est indgpendant de y e $2). Ce r~sultat, consider6 pour tous les [2, ~quivaut s la forme plus precise que cet ensemble est (~polaire~), c'est-s contenu dans l'en- semb]e des infinis d'une fonction surharmonique (ou un potentiel de masses ~ 0) convenable. C'est l~ aujourd'hui une cons6quence imm6diate des thdor~mes de convergence en thdorie du potentiel.

Retenons que nous avons partagd la fronti~re en deux parties: sur l 'une ]a solution g6n~ralis~e se comporte de la mani~re continue que le probl~me classique demandait partout; quant ~ l 'autre partie elle est (~n~gligeable~) au sens de la mesure harmonique.

5. I1 dtait naturel de consid6rer aussi pour des donn~es / quelconques, le cas d'dgalit~ des enveloppes _HI, H I. Lorsqu'elles sont 6gales et finies en un point, elles sont partout dgales ~ une fonction//1 harmonique et on dit alors que f e s t rdsolutive. W I E ~ a ne put approfondir la question

cause d 'un exemple dont, longtemps apr~s, j'ai remarqud l'inexactitude, ce qui m'amena (1939) [1, a], ~ montrer que la rdsolutivit~ ~quivaut la sommabilitd - - d # ~ (inddpendante de y) et que

/ /! (Y) = t / (x) d / ~ (x)

Plus g~n~ralement les deux enveloppcs HI, H l valent les int~grales infdrieure et supdrieure de Radon.

Page 4: Quelques développements récents sur le problème de Dirichlet

Quelques ddveloppements rdcents sur le problbme de Dirichlet 51

I1 restait naturellement ~ dtudier ees enveloppes ~ la frontibre. In- diquons par exemple que, en tout point rdgulier x:

lira sup H--1 (y) < lira sup de / en x, y --~ a:

lorsque ] e s t bornde supdrieurement.

Telles sont les bases d'une thdorie qui a dtd trbs foufllde, d'ailleurs, sans que je puisse m'y dtendre, en liaison dtroite avee la thdorie du potentiel (voir [1] b). Arrivons aux extensions.

6. Fronti~res et espaces plus gdndraux

La nature des enveloppes 6tant de caractbre local, on songera, au lieu de l'espace ordinaire, ~ quelque espace localement euclidien. De faqon prdcise appelons espace - - E [2] un espace connexe sdpard tel qu'~ tout point y soient associds Un voisinage ouvert Vy et une homdo- morphie de Vy sur un ouvert de R', sous la condition suivante: la corres- pondance dvidente des images de Vy, ~ V~, dolt ~tre isomdtrique (ou encore dans le cas de n = 2 seulement conforme, non ndeessairement directe). Comme on sait ddfinir l 'harmonicit6 et les notions connexes au voisinage du point ~ l'infini de R n, on adjoindra ce point ~ R ~ d'ofi un espace sur lequel on fera l'application de Vy, en 61argissant ainsi un peu la notion d'espace -- E.

Toute thdorie dans un espace entier E serait triviale s'il n 'y existait au moins une fonction surharmonique > 0 non constante. Or cette existence 6quivaut ~ celle d'une fonction de Green G~ (y) ddfinie comme suit:

C'est la fonction surharmonique > 0 dont les masses assocides de Riesz continennent la masse -k 1 en x et qui est la plus petite sous ces conditions. Elle est symdtrique en x et y e t se note aussi G (x, y). On n 'a pas eu besoin de frontibre. On dit alors que notre espace E est un espace de Green [2]; tel est le eas d 'un domaine bornd euclidien, d 'un domaine quelconque de R ~ (n > 3), d'une surface de Riemann elassique ~)hyperbolique~). C'est une extension assez banale des domaines euelidiens bornds. Examinons au contraire des gdndralisations plus intdressantes de la frontibre. Au lieu de eonsiddrer comme espace de Green une partie d'espace -- E et sa frontibre naturelle dans E, on ehoisit darts un espace de Green ~2 quelconque une mdtrique compatible avec la topologie; la compldtion fournit des points qui constituent la fronti~re de T2 dans l'espace compldtd. C'est ainsi que dans un domaine euclidien on peut prendre comme nouvelle distance (xl, x2) (au lieu de la distance eucli- dienne qui par eompldtion fournit la frontibre euclidienne) la borne infdrieure des diambtres des ensembles connexes contenant x 1, x2 situds

4*

Page 5: Quelques développements récents sur le problème de Dirichlet

52 M. Brelot

dans D (id6e de WHYBURN et MAZURKI~WlCZ), OU encore la borne in- f~rieure des longueurs des arcs joignant x~ et xa sur ~. Cette id6e g6n6rale contient quelques cas particuliers effectivement approfondis et les tentatives initiales de d~composer un point-fronti~re euelidien selon des classes d'6quivalence de chemins d'aec~s (voir des indications dans [2]).

7. Le probl$me de Dirichlet avecla ]rontihre de Martin On a done 6t6 amend k adapter s une telle fronti~re g6n6rale la th~orie

pr6e6dente euelidienne du probl~me de Diriehlet, en introduisant des axiomes restrictifs indispensables (voir [2] et [1, e.).

Mais je ne veux examiner qu'une fronti~re de ee type, partieuli~rement importante, la fronti~re de R. S. MARTIN qui se pr6sente au mieux de la mani~re suivante un peu diff6rente:

Soit ~ un espaee de Green. I1 existe un espaee compact Q unique a (x, y)

(~ une hom6omorphie pros) off ~ est partout dense, tel q u e - - (7 (x, Yo)

not6 K (x, y) (Yo ~ ~ , fix6) converge vers une fonction finie K (X, y) (n~cessairement harmonique en y) quand x tend vers X e ~ 2 - - 9 (fronti~re A de D darts D) et que K (X, y) corresponde biunivoquement

X e A. Alors D est m~trisable, ind6pendant de Y0, et K (x, y) est continue dans ~ • Q (x et y r Y0). C'est cet espace que eonstruisit en f a r R. S. MARTIN [7] (1941) ~. l'aide d'une m6trique convenable pour g6n6raliser la repr6sentation int~grale de Poisson-Stieltj6s. Pour un domaine euelidien s fronti~re assez r6guli~re, le nouvel espace est hom6o- morphe ~ l'adh6renee euclidienne de D et A est la fronti~re euclidienne. Pour un domaine plan simplement connexe (diffdrent de R ") A n'est autre que la fronti~re des bouts premiers de Caratheodory.

Une fonction harmonique > 0 dans ~ est dite minimale si toute fonction harmonique > 0 plus petite lni est proportionnelle. Elle est n~cessairement du type K (X, y) et les X (uniques) correspondants sont dits minimaux. Ils forment une partie A 1 de A. Voici alors le r6sultat fondamental de MARTIN [7] : route fonetion harmonique > 0 u (y) dans Q poss~de la repr6sentation

u (y) ---- I g (X, y) dju (X)

off d/~ est une mesure > 0 de Radon sur A, unique si# (A - -A1) ---- 0. Gr&ee k l'interpr6tation, remarqu6e par H. CARTAN, de ces fonctions minimales comme terrains 616ments extr6maux, ee rdsultat difficile de MARTIN est maintenant cons6quence imm6diate des r6cents th6or~mes de CHoquET [3] sur les 616ments extr6maux, prolongeant et pr6cisant le th~or~me de Krein et Milman.

Page 6: Quelques développements récents sur le problème de Dirichlet

Quelques d~veloppements r6conts sur lo probl%mo do DiricMe~ 53

D'autre part, en n'utilisant que quelques points des raisonnements de MARTIN, j'ai trait6 ind6pendamment, il y a quelques ann6es [1, d.] le probl~me de Dirichlet pour la fronti~re A, sous une forme qui contient, comme on va voir, la repr6sentation int6grale de Martin.

Soit h une fonction harmonique > 0 fix4e dans ~9. On se donne sur A une fonction r6elle/. On consid~re les fonotions v

surharmoniques au sens large telles que, en tout point X de A, la lim. inf v

de ~ majore / (X), et s t r i c t e m e n t - oo.

Premier Th6or~me. - - L'enveloppe inf6rieure des v est une fonction 9i, h valant + ~, - - co ou harmonique. M~me d6monstration que dans le cas classique.

On d4finit de m~me _Dr, ~ = - - i)_l, he t on voit encore que D t, h < Dt, h . Lorsque ces enveloppes sont 4gales et finies en uu point donc partout et harmoniques, on dit que / est h-r6solutive et l 'enveloppe commune est dire solution Dr, h .

Deuxi%me Th6or~me. - - Toute fonction / finie continue est h-r6so- lutive, d'ofi l'expression de la fonctionnelle Dr, h:

D~, h (y) = I ! (x) d ~,~ (X)

La <(h-mesure harmonique)) d#~ satisfait de plus aux propri4t4s

~(~ -~1)=0 ~(x)=K(X,v) ~ . (X). C'est de lk qu'on d6duit si /---- 1,

Dr, h = h (y) = i K (X, y) d#~, ( X ) .

C'est la repr6sentation int~grale de Martin pour h.

Troisi~me Th6or~me. - - Pour ] quelconque

~, h (y) = I 1 (x) d ~ (X)

_Dr. h (y) = I ! (X) g ~ (X) .

De sorte que ] est h-r6solutive si et seulement si / est sommable-d/~ (ou d ~ . ) et

D~. h (V) = f ! (Z) d ~ (X) 8. I1 reste k 6tudier la solution ~ la fronti~re, surtout pour I continue

et aux points minimaux. On pout naturellement d6finir un point r6gulier X e A par la condition

/)i, h (y) * ! (X) quelle que soit ! finie continue.

h (y) y_.~

M~is on ignore la rarer6 des points non r6guliers. Cependant, une ~l~ve, Mile hT~t~ qui a beaucoup approfondi [8] l'usage de la fronti~re

Page 7: Quelques développements récents sur le problème de Dirichlet

54: M. Brelot

de Martin a pu prolonger ~ peu pros la structure de la th6orie classique. Je simplifie au maximum en perdant quelque pr6cision. Elle remplace sur A1, la r6gularit6 par une pseudo-r6gularit6 un peu plus faible; alors les points non pseudo-r6guliers forment un ensemble de h-mesure har- monique nulle.

Mais qu'est-ce que cette pseudo-r6gularit6 ? Un point minimal X o est dit pseudo-r~gulier si dans la condition de r4gularit6 on prend la limite au sens d'une certaine autre topologie, ou encore si on remplace la limite par une dertaine ((pseudo-limited) que voici:

La pseudo-limite en X 0 (unique si elle existe) d'une fonetion sur est la limite selon la topologie de ~ lorsqu'on supprime de I2 un ensemble convenable satisfaisant ~ la condition d'etre (~effil6~) en X 0.

Qu'est-ce enfin que cette notion, inspir6e de la notion de m~me nom en th6orie classique du potentiel ?

Un ensemble E ( Q est dit efffl6 en x e A s'il existe une mesure m > 0 sur ~ telle que le (~potentiel-K,) f K (x, y) d m (y) d6fini sur ~ - Y 0 air en X une valeur diff6rente de sa lim.inf, quand x e E tend vers X (ou bien si X n'est pas adh6rent ~ E).

I1 est d'ailleurs remarquable que l'effilement de Q en X caract6rise X comme point non minimal; de sorte que la notion de pseudo-limite n 'a de sens qu'aux points minimaux. Je ne puis aborder l'utilisation tr~s d61icate et tr~s fiche de ces notions par Mlle NA~ qui a dtudi6 tr~s avant l'allure ~ la fronti~re de la solution /)i. h e t m6me des fonctions surharmoniques en g~n6ral. R6cement DOOR [4, b] a ~t6 plus loin encore e t a 6tabH, grs ~ la th~orie des probabflit~s et plus sp~cialement du mouvement brownien que, pour toute fonction surharmonique v > 0, v

admet une pseudo-limite, en tout point minimal, sauf peut 6tre sur

sensemble de h-mesure harmonique nulle.

La ffonti~re de Martin n'est d'ailleurs pas seulement commode pour ces 6tudes d'allure ~ la fronti~re. Elle apparMt aussi comme une ffonti~re de r6f6rence parmi routes celles des espaces de Green qui se pr~tent aux ~tudes axiomatiques du probl~me de Dirichlet, avee enveloppes et th6or~me de r6solutivit6. Mile NA~ a pu montrer en effet qu'une telle solution pour une donn6e sur une fronti~re quelconque F vaut une solution pour une donn6e convenable sur la fronti~re de Martin A. I1 suffit d'Ster des ensembles (~n6gligeables)) sur les deux fronti~res et d'appliquer convenablement la fronti~re de Martin restante dans /1 pour ddduire d'une donn6e sur/1 une donn6e sur Ae t ramener le probl~mo

celui que nous venons d'approfondir.

Page 8: Quelques développements récents sur le problème de Dirichlet

Quelques d6veloppements r~cents sur le probl~me de Dirich]et 55

9. Une axiomatique gdndrale en espace localement compact

I1 y avait lieu d'examiner routes les recherches pr~c~dentes pour les adapter ~ des varidt~s plus g~n~rales et s des fonctions plus gdndrales aussi que les fonctions harmoniques, comme les solutions de certaines ~quations de type elliptique. Cette seconde idde a d~j~ dr6 ~tudi~e il y a 20 ans avec la fronti~re euclidienne. Passons plutSt d 'un coup ~ une g~n~ralitd beaucoup plus grande en nous contentant des premiers pus. TAUTZ [11] rut ainsi conduit f l y a dix ans ~ des reeherches axiomatiques pour un espace m~trique complet localement compact et un op~rateur rempla~ant l'intggrale de Poisson mais il ne ddveloppe s6rieusement que le cas de l'espace et de la fronti~re euclidiens. DooR reprit rdcemment [4, a] l'id~e d'une axiomatique analogue qu'il approfondit en faisant jouer un rSle essentiel aux suites ou lignes d 'un mouvement brownien gdn~ralisd mais sans interpreter la r~solutivit~ comme une eertaine sommabilit~.

Je voudrais presenter une axiomatique plus ou moins analogue [1, d., e.] aussi voisine que possible de la thdorie classique et comportant essentiellement cette interpr6tation de la rdsolutivitd. Pour DooB les constantes sont des foncti0ns harmoniques g~n~ralis~es, ce que je ne supposerai pas, tout comme TAUTZ. Par eontre DooB a l 'avantage d'in- clure les solutions de l'~quation de la chaleur. Peut-~tre est-il possible d'allier ces divers avantages, mais sans doute d'une fa~on moins simple que dans la thdorie que je vais esquisser:

Espace fondamental ~ : il est localement compact, non compact et connexe. Un axiome ult~rieur le rend localement connexe.

I1 est commode pour le langage d'adjoindre un point d'Alexandoff d'ofi un espace compact ~ dont on prendra la topologie.

Fonctions harmoniques g~n~ralis~es ou fonctions principales (Haupt- funktionen) :

Dans chaque ouvert co C Q, ce sont des fonctions rdelles finies continues formant un espace vectoriel rdel satisfaisant aux conditions suivantes, qui sont de caract~re local:

Axiome I. Si u est principale dans co, dans des o~i, elle est principale dans tout co' C o~, dans ~ ~o 1.

Axiome II. Appelons r~gulier tout ouvert ~o C ~ C D ayant la propri~t4 suivante: route fonction rdelle finie continue I sur la fronti~re ~o* de admet de fa~on unique un prolongement continu dans o~, qui soit une fonction principale dans w e t ce prolongement est en chaque point y une fonetionelle eroissante de 1.

Page 9: Quelques développements récents sur le problème de Dirichlet

56 M. Brelot

Ce prolongement est donc de la forme

I l d off d ~ est une mesure de Radon >_ 0 sur co*.

Alors le deuxi~me axiome s'~nonce: il existe dans f2 une base d 'ouverts r~guliers connexes. Autrement dit, dans tout voisinage d'un point quelconque, il y a un domaine r~gulier contenout ce point.

Axiome III. Tout ordonn6 filtrant croissant de fonctions principales dans un domaine converge vers ~- oo ou une fonction principale.

Voici unc forme ~quivalentc: pour les domaines r~guliers (ou seulement ceux d'une base), d ~ d~fiuit une sommabilit~ ind~pendante de y e t pour route fonction / sommable-dQv , I /day est continue en y dans co.

Noter que si ~ poss~de une base d~nombrable, l 'axiome I I I est ~qui- valent ~ l'~nonc~ analogue pour des suites. Remarquer aussi que cette seule propri~t~ des suites entralne pour une fonction principale l'im- possibilit~ d 'un minimum nul sans constance au voisinage.

E x e m p l e s - - Dans l'espace euclidien, les fonctions harmoniques ou les solutions de l'~quation de type elliptique avec coefficients assez rSguliers:

a~u ~ b au ai~ axia----~k~- ,/ ~ j ~ v j - ~ c u : O c ( x l . . . x , )~_0.

Fonctions h-principales. Lorsqu'fl existe une fonction principale h > O, u

les fonctions ~ oh u est principale sastifont aux axiomes et sont dites

fonctions h-principMes. Les constantes sont h-principales, ce qui est avantageux comme on verra plus loin, et sugg~re de traiter les probl~mes, si possible, avec des fonctions h-principales.

Fonctions hyper et hypoprincipales (Ober- und Unterfunktionen).

Dans un ouvert coo C co, on appelle hyperprincipales les fonctions r~elles v satisfaisant aux conditions

l ~ oo 2 ~ v est semi-continue infdrieurement 3 ~ pour chaque domaine r~guiier co C ~o C coo,

v (y) >_ I v (x) d e~ (x).

L'6tude ult~rieure montre que cette in~galit6 suffit pour des domaines r~guliers formant une base; autrement dit la ddfinition est de earact~re local.

On d~finit u hypoprincipale par la condition q u e - u est hyper- principale. On voit ais~ment que les quotients par h > 0 (s'il existe) des fonctions hyperprincipales sont les fonctions hyper-h-principales.

Page 10: Quelques développements récents sur le problème de Dirichlet

Qaelques d6veloppements r6cents sur le probl~me de Dirichlet 57

Quelques propridtds des fonct ions hyperprincipales v:

1 ~ Si v 1, v~ sont de telles fonctions, de m~me inf (vl, v~.) e t 2v 1 -}-/~v 2

> o) 2 ~ Un ordonn6 f i l t ran t croissant de v converge vers une telle fonct ion 3 ~ S iv v a u t % oo au voisinage de Y0, elle v a u t % r dans t o u t domaine

con tenan t Y0 4 ~ Soit dans eo o une fonct ion principale h > e > 0 (cequi a lieu si

o~ o est rdgulier) ; alors v hyperpr incipale dans o~ C o~0 est >_ 0 si la lim.inf v e n t ou t poin t fronti~re de co est _> 0.

Lorsque les constantes sont principales, on a m~me dans co quel- conque, un principe de minimum.

5 ~ Soit v hyperpr incipale dans o~ o et co r~gulier te lque ~ C COo. Si l 'on remplace dans ~o, v pa r ! vd~, on obt ien t ne fonct ion hyperpr incipale

dans ~0. 10. Nous pouvons ma in t enan t aborder le probl~me de Dirichlet dans

en lui donnan t une forme qui ne ndcessite pas de fronti~re. Mais on in t rodui ra ~ la place essentiellement.

(a) un ensemble V de fonct ions hyperpr incipales v con tenan t :

~) tou te fonct ion hyperpr ineipale ma jo r an t une fonct ion de V fl) tou te combinaison lin~aire ~ coefficients > 0 de fonct ions de V 7) l 'enveloppe inf~rieure de deux v e V

0) la fonet ion ddduite d 'une v en rempla~ant dans ~o rdgulier v pa r

Ivan; (b) un ensemble L de filtres F sur D sans poin t adheren t dans ~2.

On suppose essentiel lement V e t L (~associds~) c 'est-s tels que pour chaque v e V la condit ion lim.inf ~ 0 quel que soit F e L entra ine v ~ 0. Cela remplace un principe de min imum relatif ~ une fronti~re. Comme exemple de V e t L associds citons:

1 ~ Prenons comme espace, un domaine o)C ~ C $2, pour les v routes les fonctions hyperpr incipales dans o~, pour les F les filtres des t races sur co des voisinages des points de o~*.

2 ~ Comme espace, un espace de Green, pour les v les fonct ions sur- harmoniques au sens large e t borndes chacune infdr ieurement ; pour choisir les F consid~rons les lignes de Green ( tangentes k grad G (x, Y0) r 0 (issues de Yo et prolong~es le plus possible) on di t qu 'une telle ligne

est r~guli~re si, sur elle, inf G (x, Y0) ---- 0. On sait d 'ailleurs que pour (~presque toutes~ les directions issues de Y0, pa r t une ligne r~guli~re. Sur chaque ligne r~guli~re, les ensembles off G (x, Y0) > e fo rmen t une base de filtre. P o u r une fonction, la lim.inf selon un tel f i l tre est la lim.inf le long de la ligne pour G -~ 0. Ces filtres ddfinissent un ensemble L associ4 k celui des v eonsid~rds.

Page 11: Quelques développements récents sur le problème de Dirichlet

58 M. Brelot

Thdor$mes /ondamentaux Th~or~me I. - - Sur L e s t donn6e une fonction r~elle / (F). On

consid~re les v e V satisfaisant aux conditions: lira.inf, v > / (_~) et

lim.inf v F > - - ~o pour tous les F.

L'enveloppe inf6rieure H! de ces v e s t ~ ~ , - ~ ou principale. On d6finit de m~me H_! qui vaut - - H _ 1 . Alors H_! g H I.

D 6 f i n i t i o n . - Lorsque ces enveloppes sont dgales et finies en un point, elles sont ~gales et principales et / est dite r6solutive.

On dit que / est absolument r~solutive s i / + e t / - sont r~solutives.

R e m a r q u e . - - Si les v sont routes les fonctions hyperprincipales borndes inf~rieurement et si les constantes sont principales, alors les fonctions rdsolutives sont absolument r~solutives.

Th~or~me I I . - Les fonctions absolument r~solutives ] sont toutgs les fonctions sommables pour une certaine mesure abstraite (de Daniell) sur L; et pour tout Y0 ~ ~, on peut choisir cette mesure pour que l'int6- grale correspondante vaille H I (Yo) pour tout /.

En particulier si l 'on prend comme espace un domaine r~gulier ~o, pour les v toutes les fonctions hyperprincipales, pour les F les filtres F~ obtenus par trace sur ~ des voisinages des points-fronti~re x, alors les fonctions r6solutives sont absolument rdsolutives et la mesure de l'6nonc~

~0 est d~y, (en identifiant x et Fz). Cette th6orie (qui contient en particulier le ddbut des dtudes axioma-

tiques donndes pour les espaces de Green) demande un d~veloppement ultdrieur, en particulier sur l'allure de la solution selon les F . I1 faudra introduire de nouvelles conditions axiomatiques, comparer avec la thdorie de Doob et avec une thdorie du potentiel, avec ou sans noyau, qu'on peut d6velopper K partir des fonctions hyperprincipales et qui, comme dans le cas classique, serait 6troitement lide au probl~me de Dirichlet. Bien que nous n'ayons consid6r6 qu'un point de rue parmi bien d'autres et que le ddveloppement d'une mgme idde, notre probl~me ainsi d61imitd est pourtant plus loin que jamais de son ach~vement. C'est lk une perspective scientifique famili~re qui, je l'esp~re, tentera de jeunes chercheurs.

Bibliographic [1] BRELOT (M):

(a) Familles de Perron et probl~me de I)irichlet (Acta Szeged IX, 1939, p. 133--153. (b) La th~orie moderne du potentiel (Annales de l'Institu$ ~FOlYaT~.R IV ann6e 1952,

paru en 1954, p. 113--140). (c) Le probl~me de Dirichlet. Axiomatique et fronti~re de Martin (J. de Math. t. 35

1956, 1 a. 297--335).

Page 12: Quelques développements récents sur le problème de Dirichlet

Quclques d6veloppements rdeents sur le problbme de Dirichlet 59

(d) Une axiomatique g6n6rale du probl~mc do Dirichlet clans los espaees localement compacts (S6minaire sur la thdorie du potentiel, Institut H. POINCAR~], 1957).

(e) Extension axiomatique des fonetions sousharmoniques (C. R. Aead. Se. t. 245, Novembre 1957, p. 1688).

[2] BRELOT (M) et CHOQUET (G.): Espaees et lignes de Green (Annales de rInst i tut FOURIER t. 3, ann6e 51, paru en 52, p. 199--263).

[3] CHOQUET (G.): (a) Unicit6 des reprdsentations int6gralcs au moyen des points extr6maux dans

les eSnes convexes r6ticul6s (C. R. Acad. Sc. 243, 1956, p. 555). (b) Existence des repr6scntations int6grales au moyen des points extrdmaux dans

les cSnes convexes (C. R. Acad. Sc. 243, 1956, p. 699). [4] DOOB (J.-L.):

(a) Probability methods applied to the first boundary value problem (Proe. of the third Berkeley Syrup. on Math. star. and prob. 1954--55).

(a') Probability theory and the first boundary value theorem (Report, ASTIA, Document Service Center, Dayton 2, Ohio. -- A paraitre dans Illinois Journal).

(b) Conditional brownian motion and the boundary limits of harmonic functions (Un. of Illinois. -- Report - - ASTIA Document service Center, Dayton 2, Ohio. - - A paraitre dans le Bull. Soc. Math. de France 1958).

[5] EvANs (G. C.): Applications of Poincar6's sweeping out process (Proceed. Nat. Acad. of Se. 19, 1933, p. 457--461).

[6] D~. nA VALL~r POUSSIN (Cm): (a) Extension de la m6thode du balayage de POINOAR]~ et probl~me de Dirichlct

(Annalcs Inst. POINOARN 1931). (b) Les nouvelles m6thodes de la th6orie du potentiel ct lc probl~mc gdndralis6 de

Dirichlet (Act. sc. et ind. no 578, Paris, Hermann 1937). [7] MARTIN (m. S.) : Minimal positive harmonic functions (Trans. Amer. Math. Soc. t. 49,

1941 p. 137--172). [8] NA~I~I (L.): Sur le r61e de la fronti6re de R. S. Martin dans la thdorie du potentiel

(Thbse s Paris 1957, et Annales Institut FOURIER t. 7 ann6e 57). [9] PERRON (0.): Eine neue Behandlung der ersten Randwertaufgaben fiir A u----0

(Math. Zeits. 18, 1923 p. 42--54). [10] RADON (T.): Subharmonic functions (Erg. der Math. 5, Heft 1, Berlin, Springer,

1937). [11] TAUTZ (G.): Zur Theorie der ersten Randwertaufgaben (Math. Nach. 2, 1949 p. 279

bis 303). [12] WIENER (N.):

(a) Certain notions in potential theory (Mass. Inst. of Techn. no 70, 1924 p. 24--51). (b) The Dirichiet problem (Mass. Inst. of Teehn. no 78 1924). (e) Note on paper of O. PERRON (Mass. I. T. no 85, 1925).

Eingegangen am 26. 2. 1958