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Quelques pages du journal du Périgord

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L’invitationaux jardins

PASSION

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Le printemps a repris sesdroits, senteurs, couleurs,bourdonnements et pépie-ments invitent à se replonger

avec gourmandise dans les bienfaitsd’une campagne redevenue généreuse.Depuis quelques années, notre Péri-gord de cocagne s’est paré à l’envi denouveaux lieux de flânerie, les jar-dins. Certains, créés de toutes piècespar des propriétaires à la main verte,se sont insérés dans un canevas deréalisations plus anciennes, bichon-nées depuis des décennies, ou renais-sant de périodes d’abandon.Les multiples visages du terroir sereflètent dans l’âme de ces jardins. Lacapacité d’adaptation est une des qua-lités premières du jardinier. Il travailleen osmose avec le terrain qu’il appri-voise, se faufile avec harmonie au seindu riche patrimoine architectural quia déjà si puissamment influencé l’en-vironnement.

Renaissance ou créationSouvent, il s’est agi sur cette terrepiquetée de châteaux, de renouer avecdes gestes enfouis sous la modernitédu XXe siècle, pour faire revivre desjardins ancestraux qui participaientdu prestige de maisons aristocra-tiques. À Hautefort, on a choisi deraviver la rigueur magnifique des jar-dins classiques, où des jaillissementsfloraux sont enserrés dans des com-positions de buis.Mais l’heure n’est plus aux jardins depouvoir, à l’orgueilleuse démonstra-tion de la maîtrise de la nature parl’homme, et l’inspiration contempo-raine se marie avec douceur auxconstructions végétales séculaires. ÀEyrignac, la rigueur subtile des com-

Obstination passionnée, adap-tation aux sites chargés d’his-toire, le sacerdoce des jardi-niers du Périgord nous offreaujourd’hui une palette de trésors végé-taux d’une incomparablerichesse.

PAR HERVÉ BRUNAUX, PHOTOS LUC FAURET

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binaisons de topiaires est adoucie parde multiples fantaisies poétiques quireflètent le caractère facétieux de soncréateur, Gilles Sermadiras. À Mar-queyssac, l’océan moutonnant despieds de buis, revenus à leur vigueurdu XIXe siècle, distille un parfum d’Ita-lie jusqu’aux rives de la Dordogne,qui se prélasse au pied de ce vaisseaude verdure accroché au ciel. Lestopiaires joufflues du château de LaBourlie à Urval, couvent de leur bon-homie des rosiers anciens qui crépi-tent comme aux plus belles années deleur jeunesse. Au château de Losse,où les plantes aromatiques sont décli-nées en une parfaite géométrie, unruisselet ourlé de coussins de santoli-ne sectionne un quadrillage de boulesde lavande, enchâssées entre des ban-quettes de romarin.

L’esprit des jardiniersÀ l’inverse, dans d’autres jardins, l’artdes mélanges domine, comme à Neu-vic, où des collections de chênes sontmouchetées de massifs fleuris. Cer-tains lieux s’agencent autour de piècesd’eau dans un désordre en trompe-l’ œil. Ainsi à Sardy, près de Vélines,d’indociles mixed-borders à l’allureanglaise côtoient les plantes aqua-tiques, ou à l’Au-delà, sur la commu-ne de Brantôme, rougeoient desérables du Japon auprès d’arbres ser-pents qui muent en élégantes méta-morphoses.Ailleurs, on privilégie l’aspect symbo-lique des jardins, pour offrir au visi-teur une parenthèse de sérénité propi-ce à la méditation, comme dans lecocon médiéval de La Licorne, auxEyzies. Aux jardins de l’Imaginaire, àTerrasson, on parcourt les mythes del’humanité au gré d’une histoire végé-tale qui superpose les ambiances. Lescréateurs des foisonnants jardins deCadiot, à Carlux, ont fait de leur lieude vie le creuset d’une œuvre contem-poraine qui est le reflet de leursrecherches philosophiques. À Saint-Cybranet, les paysagistes Brigitte etSerge Lapouge se jouent de l’hostilitédu causse pour réimplanter de véné-

PASSIONL’invitation aux jardins

Le virtuose du jardin

Comme pour échapper au rationalisme des temps contemporains, l’intemporalité pourrait êtrel’emblème du travail de Grégoire Varin, compositeur-paysagiste.

Originaire de la région lyonnaise, ce créateur au service du patrimoine végétal aiguise sa sensibi-lité artistique auprès des siens : il découvre les collections de nombreux musées, les demeures decharmes, les châteaux, les parcs, les jardins botaniques et la musique classique. La similitude entreles deux arts n’est-elle pas un truisme ? Nous y retrouvons tour à tour la couleur, la structure, laforme, le style, l’équilibre ou encore le rythme.

Harmonie et raffinement esthétiqueAprès quelques détours Grégoire Varin est admis à l’École des arts décora-tifs de Limoges, puis aborde une maîtrise en histoire de l’art. La face cachéede son rêve professionnel surgit lorsqu’il a 27 ans. Dès lors, il approche lejardin par la base, fait ses « classes » durant deux ans chez un rosiériste etdes pépiniéristes pour acquérir la connaissance indispensable des végétauxet de leur environnement. Il se dirige ensuite vers une licence profession-nelle agricole à Grenoble dont il sort major. Pour affûter son savoir faire,il décide de travailler de nouveau comme jardinier. Il faut dire que tout

l’enchante : le jardin historique, le potager, la création pure, la gestion du paysage dans sa globa-lité... Installé en Périgord depuis 2008, il est reconnu rapidement par ses pairs comme artiste à partentière, marquant ainsi l’art des jardins. Dès lors, il se confronte à la spécificité des jardins d’icicomme au manoir d’Eyrignac (Salignac-Eyvigues) où il réalise le potager que les visiteurs peuventdéjà découvrir et aujourd’hui esquisse des plans pour d’autres jardins ou chambres de verdure quijailliront de terre au gré des saisons.La vie dont se nourrit Grégoire Varin porte son travail vers la délicatesse d’un songe. Les travauxde cet artiste-paysagiste, dans leur diversité et leur multiplicité, touchent les sens et suscitentune émotion. Avec une infinie liberté d’expression, il continue à évoluer, sans se laisser enfermer.De sa remarquable connaissance, toujours en éveil, jaillit un style, une approche inimitable,empreinte de multiples influences.Tout en respectant scrupuleusement l’environnement, Grégoire Varin s’emploie à insuffler à lanature une nouvelle destinée. Et là, toute sa subtilité opère : il ne crée pas, il compose. Ainsi, àpartir de plans rigoureusement pensés, il structure l’espace, le modèle, le façonne, en se servantdu minéral, du fer, du bois.Ainsi, le jardin conduit à une combi-naison nouvelle, inhabituelle, fruit del’intuition, de la rigueur et GrégoireVarin de garder à l’esprit : l’omnipré-sence du temps, celui qui perdure,qui s’inscrit déjà dans l’histoire desjardins du début du XXIe siècle. Il allieainsi une souveraine connaissance dumétier à la magie végétale. En cela, laterre porte sa signature.

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rables variétés de légumes dans leurenclave « bio » de l’Albarède, et faireprospérer des variétés botaniquesrares.

D’autres jardins sont totalementdépendants du parcours et de la per-sonnalité de leurs géniteurs. Ceux-ciimportent en Dordogne des végétauxinsolites qui ajoutent une touched’exotisme dans nos accueillants val-

lons. La Roque-Gageac a eu la surpri-se de voir éclore au cœur de ses mai-sons blondes qui cascadent vers larivière, de luxuriants massifs de bou-gainvillées ou autres bananiers, plan-tés par Gérard Dorin, ancien diploma-te amateur de botanique tropicale. ÀSaint-Cyprien, la passion de MichelBonfils, qui a longtemps travaillé pourles Nations Unies, se nourrit de bam-bous de tous les acabits. Au jardind’eau de Carsac, ce sont nénuphars etlotus qui contrastent gaiement avec legris de la falaise de Turnac.

PASSIONL’invitation aux jardins

Les jardins du PérigordPhotos Alain DeviseTexte Hervé BrunauxÉditions Ouest-France

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A Hautefort, la rigueur magnifique des jardinsclassiques est adoucie dans certains massifs

par des jaillissements floraux.

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Château de Beynacune passion et un chantierqui durent depuis 50 ans

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Dans sa forme primitive, avecson donjon érigé en 1115, ilsurveille la vallée de la Dor-dogne depuis près de 1 000

ans. Baronnie du Périgord, fief fran-çais n’ayant rendu les armes quedevant Richard Cœur de Lion etSimon de Montfort, le château de Bey-nac est l’un des rares témoins de cetteépoque à encore proposer une telleintégrité architecturale. Pour présen-ter du haut de sa falaise l’une desimages les plus emblématiques duSarladais, la forteresse est depuis bien-tôt un demi-siècle au centre de vastescampagnes de restauration, menées

avec passion par celui qui en devenaitle propriétaire en octobre 1961 :Lucien Grosso.Cet automne-là, le château lui estvendu par la marquise Suzanne MarieCharlotte Adrienne de Beaumont-Bey-nac, dont la famille réside à Paris. Etl’état des lieux aurait pu en découra-ger plus d’un… Dans un premiertemps, il s’agira de faire face à l’urgen-ce, tout en redonnant peu à peu àl’ensemble sa cohérence historique.Classé Monument historique depuis1944, le château est ouvert à la visitedepuis au moins la Seconde Guerremondiale et conserve surtout de sa

période moyenâgeuse un inconfortnotoire.

Éthique et respectLe visiteur qui franchit aujourd’hui lepont dormant du châtelet pour enta-mer un grand voyage dans le passé,prend aussitôt connaissance de la phi-losophie ayant guidé le sauveteur deslieux, à la lecture d’un panneau élo-quent. « La survie du patrimoine histo-rique tient à deux facteurs : sa mise envaleur et sa restauration, énonce celui-ci. Ce témoignage de notre civilisationet de notre histoire nous permet ausside reconstituer le passé au quotidien :c’est la tâche la plus difficile à mettreen œuvre. Elle s’avère pourtant indis-

PATRIMOINE

A l’automne 1961, Lucien Grosso se portait acquéreur de l’une desplus belles forteresses du Périgord. Le nouveau châtelain enta-mait dès lors une œuvre de restauration gigantesque, que pour-suit aujourd’hui son épouse, Denise. Visite privée dans les dédalesdu Beynac secret… TEXTE ET PHOTOS TITIA CARRIZEY-JASICK.

Denise Grosso, châtelaine de Baynac.

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pensable si l’on veut que cet héritageculturel soit ressenti comme un événe-ment de l’environnement naturel danslequel nous vivons. Rien n’est plus déso-lant que d’ouvrir les portes d’unedemeure où tout semble figé, où un êtrehumain ne saurait s’épanouir. N’ou-blions pas qu’ici des hommes et desfemmes ont vécu, avec leurs joies etleurs peines, leurs ambitions et leursactivités quotidiennes. […] L’ouverturene doit pourtant pas aller à l’encontredu respect que nous devons témoignerenvers le passé. […] Que ceux quiouvrent leurs demeures sachent lesrendre accueillantes et vivantes afinque, pour les visiteurs, elles ne soientpas étrangères mais plutôt donnent leressenti, à travers le filtre du temps

Un décor sur grand écranFièrement perché au haut de la falaise pour laisser sa haute silhouette féodale se profiler sur leciel du Périgord, le château de Beynac offre sous tous ses angles une image idéale du passé. Miseen vedette dans les albums souvenirs des touristes comme sous les objectifs des photographesprofessionnels qui savent jouer de la lumière pour lui conférer une majesté mystérieuse, la for-teresse a de nombreuses fois prêté son décor authentique et naturel au 7e art, que ce soit pourle grand écran ou la télévision. De 1961 à aujourd’hui, Beynac a accueilli 17 tournages, dont cer-tains auront marqué les esprits ou pris un caractère emblématique.En 1973, Brigitte Bardot tourne ici son dernier film aux côtés de Francis Huster et Nathalie Delondans une comédie de Nina Companeez, « L’histoire très bonne et très joyeuse de Colinot trousse-chemise ». Cette même année, les Charlots se présentent sous les traits caricaturés des « TroisMousquetaires » et, en 1977, « Gaston Phoebus » y est joué par Jean-Claude-Drouot. Plus près denous, en 1990, Richard Bohringer monte au château avec Isabella Rossellini et Marie-ChristineBarrault pour « Les Dames Galantes ». Plus récemment encore, Beynac est immortalisé dans « Les Visiteurs » (1997) puis sur la pellicule le « Jeanne d’Arc » de Luc Besson avec Milla Jovovitchet encore dans un épisode (« La bête du Périgord ») de la série historico-policière « Nicolas LeFloch » diffusée cet hiver. On peut également reconnaître les mâchicoulis du bâtiment de l’Epe-ron, en surplomb de la vallée de la Dordogne, dans les clips d’Era.

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passé, de la présence évocatrice de cha-cune de ses pierres. »En 1961, Lucien Grosso décidaitselon ces préceptes, d’effacer les alté-rations architecturales apportées parle XIXe siècle. Des ouvertures basses –totalement inconcevables dans laconfiguration logique d’une forteresse– sont obstruées et la verrière dissi-mulant l’escalier Renaissance est enle-vée. Peu à peu, le château va retrouverles caractères de sa féodalité passée :avec les Monuments historiques,L. Grosso rétablit visiblement les troisépoques de la vie de Beynac, à savoirles XIIIe, XIVe et XVIIe siècles.

Une double rencontre« Lorsque je suis arrivée, le châteaune disposait ni de l’eau ni de l’électri-

cité. Il n’y avait par ailleurs ni portes,ni vitres aux fenêtres et la végétationcommençait à reprendre dangereuse-ment ses droits sur la pierre. Imaginezque durant les visites des premièresannées, les guides devaient se munird’un parapluie ! » Denise se sou-vient… Le 28 juin 1971, elle entraitdans la vie de Beynac pour la premiè-re fois. Lucien m’avait invitée à venirpasser quelques jours de vacances,raconte-t-elle avec émotion ; « je nesuis jamais repartie. » Commençaitalors l’histoire d’une double rencontrepour celle qui est aujourd’hui la maî-tresse de céans : avec son futur épouxet avec le château.Jusqu’en 1986, le couple habite lespièces séculaires, dans la partie XVII

l’hiver (avec une température inté-

rieure de 9° et le bois à monter pouralimenter les cheminées) et dans lacuisine pendant l’été. Des apparte-ments privés, insoupçonnables auxyeux du commun des mortels, sontaménagés. A l’abri des murs épais, cesderniers occupent une partie du logisseigneurial pour donner d’un côté surla poivrière et de l’autre sur l’un deshourds en encorbellement de la bar-bacane. Mais les Grosso préfèrerontpar la suite investir le châtelet, plusintime et plus facile à chauffer. C’estd’ici que Lucien poursuit son œuvre,jusqu’à son décès en juillet 2008. Uneœuvre que poursuit Denise aujour-d’hui avec la même passion, en res-pectant le plan de restauration instau-ré en 1961et appelé à s’échelonnerjusqu’en 2030.

Un chantier permanentEt rien qu’en ce qui concerne ces der-nières années, les travaux entrepris aucœur même des vastes bâtiments sontd’importance. En 2007, les infiltra-tions d’eau dans la salle des états (XIIIe

et XIVe) étaient endiguées et la toitureen lauze du châtelet était reprise alorsqu’en parallèle le mur d’enceinte encontrebas de l’église était consolidé.L’année suivante, le XXIe siècle faisaitune entrée discrète dans des aménage-ments mais salvatrice en ses effetsdans la salle des gardes (XIIIe) et l’es-calier (XVIe). Jusqu’à ce jour en effet,ces portions de Beynac étaient éclai-rées… avec des lampes à huile ! Del’huile de tournesol, achetée par

PATRIMOINEChâteau de Beynac

Le chantier fait appel à des artisans très spécialisés. Le grand escalier renaissance.

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occasions. A 81 ans et avec un dyna-misme extraordinaire, Denise Grossos’enthousiasme toujours pour de nou-veaux projets. « Je suis actuellement en

pourparlers avec la Drac (Directionrégionale des affaires culturelles) pourpoursuivre la restauration des toituresen lauze, toujours sur le corps de logis

La forteresse à travers les sièclesModifiée au cours du temps pour s’adapter à l’évolution destechnologies de l’art de la guerre puis aux nécessités depériodes moins belliqueuses, l’architecture du château de Bey-nac est indissociable de l’histoire. Bref résumé…Si les premières mentions connues du village n’apparaissentqu’au XIIe siècle, l’installation des populations en bas de falaiseest très probablement très antérieure (au moins gallo-romaine)au regard des ressources fournies par la rivière. L’économielocale s’appuiera d’ailleurs principalement sur la pêche durantla majeure partie de notre ère. Difficile d’un autre côté d’igno-rer que cette position hautement stratégique a certainementété exploitée dès le haut Moyen-âge (comme semblent l’at-tester les vestiges des fortifications à flanc de falaise) pourlutter contre les invasions successives, en particulier celles

des Vikings, qui remonteront à plusieurs reprises la Dordogne au cours du IXe siècle.

La grande frontièreLe grand livre de l’histoire de Beynac s’ouvre avec beaucoup plus de certitudes dès le début du XIIe,par la construction du donjon puis dans les décennies qui suivirent par celle du castrum sur les pentesdu rocher. En 1115 donc, Mainard de Beynac veille à la destinée de ce fief. Son fils, Adémar, participeentre 1146 et 1148 à la deuxième croisade, s’éteint sans héritier direct en 1194, l’année même oùRichard Cœur de Lion revient de captivité. La forteresse était tombée dans l’escarcelle de la cou-ronne d’Angleterre en 1189 et il faudra attendre l’an 1200 pour qu’elle revienne à sa famille origi-nelle. En septembre 1214 la croisade contre les Albigeois conduit Simon de Montfort vers le Périgordméridional : il s’empare ici des châteaux de Montfort à Vitrac, de Domme puis de Castelnaud avant d’« humilier » les sommets du donjon et des remparts de celui de Beynac qui, sans doute sur interven-tion du roi de France, reste toutefois entre les mains des Beynac. S’en suit une période de grandeprospérité, dont témoignent les agrandissements du logis seigneurial. Vassaux de l’évêque de Sarlat, les Beynac resteront tout au long de la Guerre de Cent ans fidèles auxarmes de France. Leurs principaux ennemis sont alors les trop proches seigneurs de Castelnaud, surl’autre rive de la rivière. Mais si ces derniers voient se multiplier les assauts pour changer plusieursfois leurs allégeances, Beynac ne sera jamais attaqué. Les querelles entre baronnies du Périgordémaillent les temps de paix relative qui précèdent les guerres de religion…

Les grandes transformationsConvertis au protestantisme, les Beynac prennent part aux conflits qui ensanglantent le royaume à lafin du XVIe siècle. En 1585, sur ordre du roi de Navarre, les défenses du château – qui sert à maintesreprises de refuge ou de prison — subissent de grandes transformations. Au siècle suivant, Isaac deBeynac s’engage dans la révolte de Rohan, puis soutient le prince de Condé pendant la Fronde. Aprèsla mort en 1753 du dernier héritier mâle, la forteresse passe à la famille de Beaumont, qui l’abandonnejusqu’à la fin du XIXe. Un marquis de Beaumont réintègre alors les lieux et y mène une importantecampagne de restauration, qui aura raison de ses derniers deniers… Sans pouvoir financièrement assu-rer l’entretien du château – classé monument historique en 1944 — ses descendants le cèdent en 1961à Lucien Grosso. L’œuvre de ce dernier, décédé en juillet 2008, se poursuit 50 ans plus tard avec lapassion de son épouse, Denise.

palettes entières, avec une combus-tion plutôt salissante pour des murscouverts de suie. Le rendu était certestrès médiéval mais hautement préju-diciable à la salubrité du site. Durantl’hiver 2009, au profit d’une brève fer-meture au public, l’électricité étaitenfin mise aux normes en vigueurdans toute la forteresse.Dernier mais non ultime épisode : dèsla fin de l’été 2010, les échafaudagespartaient à l’assaut des murailles verti-gineuses. Une nouvelle campagne derestauration spectaculaire, mettant àcontribution le savoir-faire des artisansdu terroir, pour redonner une nouvellejeunesse aux parties hautes du corpsde logis, sur la façade Sud-est. A com-mencer par la réfection de la base desdeux cheminées du XIIIe, très abîmées,et de la pose d’une couverture plusétanche, en tuile, ou encore en tuile etlauze sur la pente donnant sur la courintérieure. A l’extrémité, la poivrière enéchauguette est également l’objet d’unegrande attention et a vu, durant l’hiver,la mise en place d’un nouveau dôme,identique à celui qui la couvrait depuisle XVIIe siècle.Dirigé par Philippe Leblanc, architectedu patrimoine au Bouscat (Gironde)avec l’accord de l’Architecte des Bâti-ments de France, ce chantier vient deprendre fin. Et son lustre peu à peuretrouvé, le château de Beynac offre unnouvel aspect à ses visiteurs. Ils sontici en moyenne 100000 par an, et cer-tains d’entre eux reviennent régulière-ment depuis 50 ans pour suivre devisu les restaurations successives.L’avenir leur en donnera de nouvelles

Beynac en Périgord : un village un castel un fleuve175 pages plus de 80 photos ou documents, le seul livre historique pour vousraconter l’histoire des seigneurs de 1150 à 1850, l’évolution du village, la batel-lerie sur le fleuve. Par Pierre Couffinhal - 27 euros - Vous pouvez comman-der ce livre sur le site : www.beynac-en-perigord.com

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