Quelques poèmes au hasard

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Quelques poèmes tirés de quelques recueils que j'ai publiés, le premier il y a plus de 50 ans. Pour le jubilé, j'envisage de lancer une souscription pour publier mon oeuvre poétique complet (plusieurs centaines de poèmes qui ont été appréciés par des personnes aussi différentes que SM Hiro Hito, Madame Claude Pompidou, Brigitte Bardot, Salvador Dali, Norbert Brainin,...) J'ai été nominé pour le Nobel de Littérature en 1983... beaucoup trop tôt pour être crédible ! Si vous pensez pouvoir être intéressé par la souscription, n'hésitez pas à m'écrire !

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Quelques pomes au hasard:

Dclosion

Il pleut sur ton corps nu des averses de notesVers les lunes du vent aux absences ftesQui lavent les odeurs de ces nouveaux despotesDe miroir en miroir doucement refltes

Calme profusion vers ton me aux eaux neuvesQui languit en bouquets de graves mlodiesSeule nuit sereine aux longs parfums des fleuvesEn robe de chair ple ourle de rhapsodies

Pour Ann

Absolution

Vois: cest dans cette chambreO le granit a remplac lambreQuun jour tu dresseras,O jai pleur, lautel de tes brasEnlacs de ferveur.

Tu ouvriras la porteO me pousse le vent qui memporteEt la fentre aussiO le soleil patient sest assisDe la fuite des ans

Entre mes doigts croissO se creusait le nid dun baiserDans une margueriteO la vie pleure un nom sans mriteTu poseras ton cur

Puis tu te coucherasPrs de moi au soir qui descendraTu poseras un ciergeSur un catafalque nouveau viergeNous brlerons ensemble

Pour Cllia

Laile

Tu es flammeEt flamme folleAu vent saffoleComme une me

Tu es flotEt flot clinCeint le matinComme un sanglot

Tu es fleurEt fleur promiseGlisse en la briseComme un pleur

Tu es lyreEt lyre endortAlors la mortComme un rire

Tu es troncEt tronc puissantGrandit longtempsComme en affront

Tu es treille Et treille inviteMon cur palpiteComme une ailePour Emmanuelle

Premier sommeil

Dun lit tout chiffonn la blanche effervescenceNe voile que trs peu son corps abandonnDans toute la candeur de sa blonde innocenceQuun dlire des sens a dhasard tonn.

Quel plaisir absolu, quelle horrible vengeance sa bouche entrouverte un instant tressaillit ?Quelle volupt folle a trahi son essence,Quel sadisme pervers tout coup lassaillit ?

Par un geste lascif inconsciemment trouble, De sa hanche fbrile elle a caress lor :Sa narine frmit, jouissance ddoubleAux pointes de ses seins dresss dun mme effort.

Pulpeuse chastet dune treille coule,Lrotique silence a baign ses doigts finsAux chos dune abeille sa cuisse enrouleQui bat parmi les draps sa rythmique sans finPour Guillemette

Erdre

Paresseuse en extase en un lit de lumire,coutant aux roseaux le rve dun veil,Au seul doigt de laurore et sous la palme fire,Tu soulves ta lvre au baiser du soleil

Et ris son image, officiant le messagecoul sur les eaux des cheveux de la mortQui dort en tes forts, tout comme une enfant sageAu gr des vents palpite, attentive son sort.

Des oiseaux passent, las, et repassent en rvePuis tombent doucement pour mourir tes bords,Sur la feuille endormie au-dessus dune grveO sourit le chteau qui rgne dun effort

Seule et simple complice au trfonds delle closeLa nuit berce en silence un soupir de bonheur;Dans lazur flotte encore une charpe de rosesMais le calme a dclos ses ailes de douceur

________________________In Dclosion ____________________Le fruit ador

Tous les jours ma table on peut voir des fruits :Fruit dj mr qui s'ouvre et s'offre au dliceDu couteau luisant qui s'enfonce et qui glisseVers le gros noyau, ses douceurs et ses nuits ;

Ou bien fruit encore vert, tout plein de fracheur,Acide et tout rpeux, dbordant de sve,Empli du parfum de la fleur qui s'achve;A la peau si douce, au loin de la chaleur.

Mais j'aimais mieux celui que tu m'as offertUn jour, l'an pass, la fin de l'hiver :Tu l'avais mri cinq long mois, anxieuse,

Car il tait trop vert, que sa bouche rieuseNe fit que desscher mon coeur trop amer...Pourtant je boirais sans fin sa chair juteuse...

Pour Cllia

Fiore di gioventuNasce, fiorisce e muore...*

Pour toi, un crpuscule romantiqueDessine un grand papillon d'azur vert Noy dans les tentures l'antiqueEnfin, des longs nuages l'envers.

Pour moi, un soleil noir, rouge et tragiqueDlivre un bleu fantme la WagnerQui vole et m'emporte un coeur nvralgiqueAlors, pour grincer et briser ses nerfs.

Pour nous, la douceur du matin tranquilleEt frais o je baiserai ton front purHumide en pleurs d'amour et de jonquille...

Pour nous, la tide saveur d'un fruit mr,Enfin, les courses folles dans la ville,Les longs bonheurs sur la mer aux flots durs.

*En italien: Fleur de la jeunesse, nas, fleuris et meurs (vers du Dante)

Chanson ancienne (dans le got du XVIIIme)

Comme une robeQui s'envoleJe vous drobeUn baiserFolle !

J'ai surpris l'autre nuitSur vos lvresUn sourire enfuiDans les fivres.Aux nons des balconsDans la rueJ'ai suivi vos petonsToute mue

Comme une robeQui s'envoleJe vous drobeUn baiserFolle !

J'ai surpris l'autre danseDans vos yeuxUn clair nonchalance ?-Trs heureux.Au soupir des fontainesDans le noirSous vos cils porcelainesUn regard.

Comme une robeQui s'envoleJe vous drobeUn baiserFolle !

J'ai surpris l'autre nuitDans votre meUn frisson qui reluitA la flamme.Aux tristes papillonsJe dposeVotre coeur rtillonQui se pose.

Comme une robeQui s'envoleJe vous drobeUn baiserFolle !

Pour Marianne:

ce sont des vers galantsje m'en excuse humblementce ne sont malgr toutque des petits rien du toutqui montrent leur derrire tous passants de la terresans rien leur vouloir direqu'une chanson triste et gyre

Le parfum dsincarn

C'est une odeur inquite et pntranteQui m'abolit moi-mme et m'emplitD'un songe doux au long regard d'amante,Satisfaction d'un soir qui s'accomplit.

C'est un parfum sensuel, discret et rare,Voluptueux, qui se tord dans mon corpsEt trs lger : une femme bizarreUn jour en plt sur ses cheveux de mort.

Qui tait-elle ? Oh, dis, je ne sais plus !Brune ? Ou blonde ? Ou... rousse ? Oh, je ne vois plus !C'est un mystre en ma pauvre mmoire...

Il est Douceur, il est FminitEt Volupt... mon esprit y veut boireOu s'y noyer, tout berc de puret.....

Pour Dominique

La Walkyrie

Fille du feu, assise califourchonSur ton cheval cumant, toute nue,Ne sens-tu pas dessous tes cuisses frmirLa bte emporte et fire et sauvage ?Ne sens-tu pas le long de ton corps gmirLa jouissance entire et sans ge Des volonts de puissance et de mortEnchanes ton ventre, clatantesEt bondissant l'impulsion de ton corpsVers les remous tourments des attentes ?Ne sens-tu pas tes seins dflorer la nuit,Dresss,tendus comme un marbre et superbes ?Ne sens-tu pas ta chevelure sans bruitGlisser le long de ton dos dans les herbesEn caressant ton chine au doux sillonD'amour et de volupt contenue ?

Le solitaire

Un bateau, un train, un avion.Un homme qui part.Une larme, un adieu, un sourire.Un homme s'en va.Il a aim, tout est mort.Il a chant, tout s'est tu.Il a pleur, pleurs fans.Il a pein, bras tanns.Il a souffert d'un tutu.Il a dit zut au confort.Les mains au fond des poches, sans attention,Un homme qui part;Sans esprance et rien ne dire,Un homme s'en va.

_____________________In Le Hollandais Volant _____________________

ToiPrcautionneusementQue jouvreComme un beau livre dimages oubliesVers les paradis de lenfanceBleuissant au bout de ton sourireToiTendrementQue je feuilletteComme une bible aux enluminuresVoluptueusement veloutesBalbutiant sous tes cilsToiPelotonneusement Que je lisComme une uvre magicienneVaguement exotriqueBouleversant mon ge dhommeToiDoucementQue je dcouvre

PourAllumer le brouillard du jourSauter dans le rve sexes jointsCourt-circuiter les socits moribondesApprocher tendrement de moi-mmeLaminer la folie de ma nuit dhommeEnfanter les fleurs labri de nos cils

Jai besoin de toiQui sans mes pomesNe serait quune femmePascale

Quand le soleil est rose au bout du toitAs-tu vu les larges lunes vertesRauque mer de mes phrasesQui battent dans ma tte ?

Quand le ciel est noir sur les genvriersAs-tu senti la liqueur couler longs traitsEt le silence clat sclosantDe tes regards embrass ?

Quand le ciel pleure dans ta tteAs-tu got livresseEt le moutonnement presque infiniQui se bouscule de mot en mot ?

Quand je m'en irai par-delLoasis de lumire et de larmesQui me diraLa violence ou la douceurDe nos treintesQui me diraLes bourgeons dans le vent tideLe soleil illuminant nos saisonsEt lodeur merveilleuseDe la terre aprs lorageQui me diraLa fleurLa fleur et son chatoiement de couleursTon corps bruni virevoltant sous les toilesLentrouvert de tes lvresTes yeux de terre, tes yeux de cielEt nos blouissements

Qui me diraDans la grande nuit de ma mmoire ?

Ces grands oiseaux noirs qui battentLes ailes de mes paupiresDans leur danse incroyablement bleueDoucement meurent lombre de tes cils carTu mblouis chaque foisQue je te voisQue je te sensAttentivement nue mes doigts de vent_________________In Les Pages de Toi__________________________

A Elianne

Ton regard ivre en un vol bleut de colombesA caress mon ample treille et folle abeilleQui de plaisir geint au matin de ta corbeilleO l'rotique oubli a referm ses tombes.

Un cygne noir a liss les vagues dfuntesEn garant ses mches chaudes sur un peigneEnsorcel du rve o frique rgneUn fier dsir des apocalyptiques craintes.

Vibrant enfin de la puissance des mondesTa lvre close a pure entrebaill la nueEvanescence un instant en moi revenue

D'un bel enfant souriant au sein de sa mreAurol de tarentules vagabondesTissant sans fin l'or de leur fine toile amre.

La lesbienne abandonne

Vers la lune tendue aux prmices du ventCe soir j'ai vu ta chair au noir velu de l'airS'parpiller limpide au bord de mes doigts frlesEt lasse en l'eau se faire un vaste cho de merQui mugit et murmure l'or du soir fidle

Que bois chenu d'bne parfois s'est vu fontainePour qu'un triste tyran en close le vantailA l'ample ombre d'un frne lan de l'onde o mneVaniteux et vainqueur ce sinistre poitrailCar la lune est tendue aux prmices du vent

NATURISTE

O soleil, religion sa parfaite,Ta volupt n'a d'galeQue sa soif d'tre nue !Dans son lit prvenue,Frmissant de l'art opaleD'une voile en l'air faite et dfaite,

Elle voit nouvelle sa prireQui se ddouble et s'tireDoucement sur le sable,Heureuse fleur affableQui s'entrouvre de sourireA la nuit qui s'claire entire.

Ocan, officiant son sublime,Ta tendresse n'a d'galeQue sa soif d'tre bue !Au palais de l'imbueQui se pleut au jeu du rleLa harpe d'or se lime et s'lime :

Elle croit bien pleine sa caresseQui se divise et se plieVainement sous la vague,Ombre sombre et si vagueO le soleil se dplie,Arc-en-ciel en un flot qui se presse.

Inaltrable toiComme un grand marbre antiqueCaresse au portiquePar le vent qui te boit !

Inaltrable toiOffrant ton corps gracilePour un feu trop agileAux profondeurs de toi !

Inaltrable toiQui sommeille en mon coeurTout rempli de rancoeursPour l'immortelle toi !

Inaltrable toiQui s'assombre dans l'ondeAux brises vagabondesQuand aucun ne te voit !

Inaltrable toi !Immortelle toi !Impardonnable toi !Impossible toi !

Pome mis en musique sur un air de tango par mon fils Sylvain

Silence

Quelque chose, ternellement,En moi s'est cass, d'un dclic ;Maintenant je vais, calmement :Quelque chose, est mort, comme un tic.

La chanson qui n'est pas criteAu fond de mon coeur chante encore,Mais le mot s'enfuit, qui l'a dite,A toute phrase, vers l'aurore.

C'est un chant tout rempli de lvres,De canaux lointains, chevelureapaisante aux soirs un peu mivresQui, parfois, coulent de ma bure.

Quelque chose, ternellement,En moi s'est cass, d'un dclic ;Et depuis je vais, calmement :Quelque chose, est mort, comme un tic.

Apprentissage

Seul, enfin seul, et simple complice toi-mmeIl faut aller le long des verts chemins moussusDans les forts foudroyantes d'clairs de rveSaisir encore au jaillissement de la sveUn chant d'oiseau fusant sous les rameaux fessusSoit un nuage effiloch dans le vent crme

Il faut mirer le chteau dans l'eau de la sourceou s'pancher liquide au sein de cette source

Images turques

Je reverrailes pains de sucre termitiresplonger dans les mers rouges du cielles arbres dserts de pierrese tordre dans le cri du silencel'eau dessche des ravinesdchirer le fondement de la montagneles fleurs d'une saison minraleclater sous la lumire de chaleurle diamant soupir des toilesdcouper mort des cauchemars paysagesles pnis de grs sans ombredflorer l'ocre salaison des assoiffsJe reverrailes chenilles dromadairescroquer les crtes de sable mortles villages assassinstendus dans leurs cimetires de granitles femmes pierres l'ombre de leurs voilesmurmurer les chos de leurs maisons de terreles enfants nus comme des souriresclabousser la poussire de misreles chiens fantmespourrir dans les fournaises des ruellesJe reverrailes chvres arcs-en-cielse famliquer d'espoirs renatre

Toi, je t'aime

Et le soleil n'est vraiment le soleilQue par tes yeuxEt la nuit n'est vraiment la nuitQue par tes cheveluresEt l'air, et la musique, etLe caf au lait du matinNe sontQue par ton souffleEt par ton chantEt par tes dentsQui mordent les croissants pleinsComme la vie__________In Pomes Anominaux

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In Instantans

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Gottesdmmerung.*

Quel gant a vers son sangDans le ciel de mon cur amer?Et quelle nuit emplit soudain mon meEn mugissant dans mes veines lasses?

Cest la mort, tyran frmissant,Qui mentrane et tort mon cur fierCest seulement lamour soufflant la flammeQuil alluma jadis lors dlaisse

*NA: en allemand = crpuscule des dieux

A mort

Marie-Hlne, o es-tu? Dans lespaceCe nuage a trac ton profil,Ces feuillages ont emprunt ta voixLe vent aussi caresse avec ta mainMon ple front qui se meurt dans la nuit

Marie-Hlne, o es-tu? Dans le froidDes crnes chantent autour de toiEt leur haleine exhale un glas sauvageNe veux-tu pas mon cur pour rchaufferTes pieds gels par ces odeurs de tombe?

Marie-Hlne, o es-tu? Loin de moiAffaibli, noir et mlancolique,Qui pour toujours ne sera plus quune ombre,Pauvre pote et qui pleure et qui meurtSi loin de toi et qui ne veut plus vivre

Abandon

Je suis si las, ce soir.

Jaimerais tant poser sur tes genouxMon front lass du jour et de ltudeEt mallonger, ple en la quitudeDe la nuit vibrante autour de nous !

Jaimerais tant rester l, les yeux clos,Sentir tes doigts emmler mes cheveuxEt, ruisselant sur tes longs cils rveux,Boire un amour murmurant comme un flot !

Jaimerais tant ne plus penser rien,Tout oublier, tout laisser pour un soir !Je nouvrirais pas les yeux pour te voir:Tu serais moi... Et je serais si bien...

La fille sage

Que fais tu donc, maintenant loin de moi ?Es-tu assise au bord de notre litEt rves-tu tristement dans la nuitOu pleures-tu, les cheveux sur les doigts ?

Que fais-tu donc, maintenant loin de moi ?Prpares-tu notre couche amoureusePour un amant qui te rendra heureuseCe soir alors o je suis loin de toi ?

Ou bien alors, comme une fille sage,Coucheras-tu ton corps lass damourEntre les draps... En rvant jusquau jour,

Frleras-tu avec de tendres mainsTon cou, tes bras et ton ventre et tes seins,Formant la nuit encore mon image ?

Ami, quand ?

Un jour, peut-tre, un jour nous nous retrouverons.Et nous couterons Litzt, Bach ou bien Chopin...Puis nous discuterons, allongs sous les pins,En contemplant le soir et puis nous pleurerons.

Nous marcherons aussi, tous les deux cte cte.Vers midi un bosquet offrira son ombrage,Alors nous mangerons du pain et du fromageEt puis nous rverons, tendus cte cte...

Mais quand te reverrai-je nouveau prs de moi ?Quand pourrai-je toffrir mon dner et mon toit ?Sentirai-je nouveau ce zphir dunit

Souffler sur nos deux coeurs et dans la quitudeSvanouir un vieux reste de solitude ?Tattendrai-je toujours, sous un ciel attrist ?

Ombres

Jaime me promener doucement sur le sableQui dort dans les chemins dun calme cimetire ;En effleurant les croix, un soleil dj dhierDessine un fantme qui danse sur le sable.

Jaime aussi me pencher sur le marbre tonnPour dchiffrer les noms de tous les enfants mortsQui partis laube sveillent lauroreSans mme voir le jour quelle aurait pu donner...

Que vous tes heureux, enfants, si votre jourDevait tre tout gris, dcevant de silenceEt si vous tes morts, purs, ds votre naissance !

Malheureux jeunes gens qui nous avez quittsTrop tt, sans connatre, dun coeur plein dentitsLes dsirs, les tourments ou les bonheurs damour...

Saumur

Tes murs de craie mergeant de la brumeEt caresss par les premiers rayonsDun soleil neuf surgissant des collinesSchent tes yeux des vapeurs de la nuit !

Tu es la Nixe* merveilleuse et bruneDont les cheveux ainsi que des pythonsSe droulent clins sur ta poitrineEn vaporant les ombres qui senfuient

Toute endormie, enfantine et nave,Tu tires ton corps la douceurAttentive des rayons du soleil...

Toute endormie, enfantine et nave,Tu appelles lAmour et la chaleurEn entrouvrant tes lvres de vermeil...

*NA : nymphe allemande

La Coupe

Il faut mourir Cllia, puisque tu maimes.Puisque la terre en toi sest dtacheEt que ton coeur moi sest attach,Puisque ton me, amie, est anathme.

Pour tpouser, Cllia, je te le donne :Cest un cratre norme et orn dor,Cest une coupe amre emplie mort.Il faut mourir, Cllia, je te la donne...

Qui maimera, chrie, autant que toi ?Tu as compris, un peu, la nuit amreEt suprieure aussi de mon coeur fier...

Qui taimera, chrie, autant que moi ?Personne, oh non! Jamais. Personne dautre.Bois la moiti, amour, je boirai lautre.

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In Les Larmes de l'Au-del

___________________________Troisime moment

Jtais allong sur mon lit, abasourdi dans la nuit ; silencieuse mes cts, la voyageuse berce par ma tristesse loin des caresses veillait un berger. Dans lair calme slevait la fume de ma pipeDes bruits passaient derrire la fentre - des autos, peut-tre? -, un gong sonnait, quelque part dans ma tte - un clocher sans doute -, une mouche vrombissait et l, gne par la fume.Sensation dirralit ambiante.Je ne sens plus mon sang palpiter dans ma chair. Tout mouvement me devient impossible. Ma pense sarrteLe corps ct de moi pse sur mon cur dun silence spulcral. Je men vais, sur un cheveu de lune qui me cligne par une fente au volet.Mais les temptes et les orages et les typhons, les ouragans se dchanent dans mon me.Des vents dune force inoue tentent de marracher mon hvre de calme, les foudres de linconnu brlent mes mains qui saccrochent, qui saccrochentEt la scurit en un long roulis menaant dilate les voiles tisss devant les toiles Des raz-de-mare submergent mes yeux, soumettent mes sens au dlire des cyclones qui me tourbillonnent alentour.Il faut que je parte. Loin, loin, toujours plus loin, sans regarder en arrire, sur locan des vastes solitudes et des haines farouches. Il me faut poursuivre ma route : mon cur se dpersonnalise dj, saline dj, se meurt djLes vents mappellent. Je pars. Je pars vers mon pays : je vais partout o lon ne sait pas, je men vaisIl faut que je parte, bien loinCependant ltreinte du Vampire murmure : Reste. Reste encore un peu, jusqu demain. Reprends tes forces en moi pour affronter la route : cela na plus dimportance que tu partes aujourdhui ou demain, puisque les potes sont morts : Shakespeare, Homre et Lautramont._____________

Quatrime moment

Mon cur est cheval sur la corne de la luneJaurai voyag longtemps, loin, longtemps, loin pour retrouver la fracheur de ses lvres et la douceur de son paule, pour parler, pour penser, pour vivre peut-tre et dans la tideur de son treinte retrouver notre adolescence en joie, nous anantir dans son regardNo milk to-day, my love is gone awayMa douleur me pend aux toiles et gonfle lolienne arbalte quand le soir mes pas fait rsonner dautres pas, quand labsurdit trop longtemps aura engendr labsurdit, quand aux nuits tides jaurais trop bais la nuitAlors je partirai, les mains au fond des poches, sans esprance et rien ne dire. Loin des regards et loin des remords. Moment du dpart et moment des auroresJaurai voyag loin, longtemps, loin. ..No milk to-day, my love is gone awayJentendrai ces deux vers surgissant du fond des nuits dflorer ma cervelle en disparition, dculotter romantisme lunaire et requiem in paceO?Tokio, Stalingrad, Beyrouth ou Santiago?Peu importe. Je tentendrai, visiteuse du soir. Jirai plonger mon cur dans tes cheveux de lune et tes doigts brumeux caresseront mon me en paniqueMais je btifie !Cest trs bte et trs doux de rver lamour et naurait plus de sens de rver ou daimer si cela ntait pasNo milk to-day, my love is gone awayNon !Ne suis-je quun miroir, un miroir dmoniaque qui dforme, coupe et dchire un crabe tordu qui grabote aux reflets, un reflet qui dcouvre un crabe?Ou une chevelure, longue, envotante, et qui se noue, et qui serre, et qui serre, et qui serreUn vieux crabe contre-jour surprend un contre-pointUn chaland toute vapeur broie un petit oiseau et des gouttes de sang perleront sur tes cils car les potes sont morts : Shakespeare, Homre et Lautramont.______________

Dixime moment

Le tic-tac dun rveil, quelque part dans ma tte, a fauch bas tous les imbciles et la mitrailleuse continue son uvre : elle troue, dchire et lacre les chairs ridicules de tous ces cons qui dansent sur de la fume avec de lalcool plein leurs yeux et une jupe par-dessus (ou par-dessous?) leur pantalon, et qui chantent, et qui rient, qui jouissent parfois et qui vivent qui existent plutt et qui roulent de temps autre de la planche du corsaire tte de mort, quand un ftus en vagissant lamentablement montre le bout de son nez entre deux danses, et qui est seul, tout seul, jusqu ce quil danse aussi ; ce moment le grouillement le reconnat, lincorpore, le choie, le caresse, laime, le prostitue : il est des leurs, du, dprim, polaris, il danse encore, et plus longtemps et plus vite et plus fort ; il saccouple le temps dun whisky, repart danser et danser encore jusqu ce quil tombe, mort, aux pieds dun nouveau ftus qui danse dj sur les vers de ses crateursEt la mitrailleuse crache et bave, une armada de mitrailleuses crachent et bavent, et les bombes atomiques extatiquement voilent les aurores borales, et rasent, et rasent encore.Le monde avait pri par leau, quil prisse par le feu ! Crpitant, rageant, grelottant son timbre grl sur ces cataclysmes et ma main appuie sur le rveil, et mes yeux encore effars voient ce pourquoi ils aimeraient quon les crevt : les humains. Etrange entreprise que de vouloir conter un rve et plus trange sentiment que la piti, labominable et avilissante piti des autres, puisquil nat encore et que les potes sont morts : Shakespeare, Homre et Lautramont_______________

Dix-neuvime moment

Jtais dans une chambre o rgnait une obscurit totale qui heurtait mes yeux encore ferms. Il grouillait dans lombre des multitudes qui moppressaient, visqueuses, glatineuses et puantes ; jtais dessus, dessous, environn de ces yeux glauques que je ne voyais pas et qui pourtant me pesaient lourd par tout le corps ; et je baignais dans de leau sirupeuse, paisse et nourrissante, emprisonn dans un rseau phosphorescent de filaments tnus. Je palpai les murs de ma prison, ttonnant dans lombre et heurtant les multitudes grouillantes qui me rvulsaient tout entier : ctait une matire molle, glissant et palpitant comme de la chair et qui se mit me renvoyer de cts et dautres, comme une boule englue dans un sac de mielJe commenais chercher une issue, mais en vain,quand au hasard des pousses je me trouvai projet dans une sorte de tunnel aux parois lisses et rsistantes, aussi noir que la chambre que je venais quitter, agit de tremblements singuliers, pour aboutir brusquement, press de forces obscures, dans un vaste spulcre, sous des votes sonores, dans une caverne frmissante et brlante, toute emplie dodeurs trangement attirantes, envotantesJessayai douvrir les yeux, et je compris que jtais aveugle ; jessayai de crier, et je maperus que jtais muet.Le flot glatineux, gluant, qui me charriait sur ses volutes, remous et bouillonnements scoulait lentement vers un gouffre bant au fond de la grotte transperce par instants dun clair des orages qui grondaient dans le tunnel et dans ses flancs ; alors je tendis dsesprment mes bras vers la paroi la plus proche de moi : ctait de la Matire, glissante, gluante de chaleur, et molle, si molle mes doigts sans prise griffaient la surface et jtais entran, ballot, bouscul, arrach par le flot continu, lent, puissant, inluctable. Je parcourus dans lobscurit des ddales de couloirs qui se rtrcissaient en corridors qui se croisaient linfini en tressautant tout coup dun rleJe fus enfin jet sur un tas tremblotant et je mvanouis.Quand je mveillai, seul un suintement pouvait sentendre, venant des corridors dserts ; la temprature slevait. Cette nause qui me soulevait le cur quand ces choses molles me frlaient, me pressaient, mcartaient, mattiraient, me dorlotaient de leurs yeux glauques !Je heurtai soudain une paroi que palpai : ctait encore de la Matire, rpugnante.Au terme dun combat acharn que je menais sans but prcis - aprs un sabbat effrn autour dune norme boule, javais perdu jusqu la notion du vouloir - lintgration, le seul moment - sans savoir pourquoi ni comment, je me trouvai catapult dans un cratre, aspir, suc, ventous jusqu ce que les laves bouillonnantes se refermassent derrire moiDigrs par la boule, les organes de mon corps autour de moi roulaient aux orgies superbes de la Chose, ectoplasme de Vampire seulement puisque les potes sont morts : Shakespeare, Homre et Lautramont _____________

Trente et unime moment

De ton ventre sortira un arbre, Femme, et il slvera dans lazur dlivr jusquaux auroresEt tu seras heureuse de sentir dans ton ventre ses racines, de voir au-dessus de ton me slever un tronc et des branches et des feuilles ; ton cur semplira de chants quand les fleurs passeront les promesses de fruits, soupirs de tes nuits.Les fleurs imparfaites scheront et se disperseront aux espaces avec les fruits infconds ; mais des graines souvriront, filles et mres des gnrations nouvelles et les forts nouveau rpandront sur la terre leurs arbres grands, leurs troncs forts, leurs fleurs doucesAlors viendra lautomne et les feuilles se couvriront dor et de sang, puis les brises clines les feront en suaire retomber sur ton corps et tu tendormiras du sommeil de la terre pour fconder les gnrations venir et tu fermeras tes yeux accomplis et la Paix rgnera sur les mondesLve-toi, Femme !Dnude-toi, femme !Va jusquau bord despoir, contemple au soir divresse les destructions ; puis allonge-toi et attends.LAraigne partira, sur ses pattes agiles et lArbre poussera, poussera, car il tait dvor, lacr, asphyxi, trangl par la hideuse Araigne et la lamentable PieuvreMre des mres, Femme, reois lhommage de lHomme de lEn-demain, reois en ton sein et dans tes mains la graine fertile et la peine virile et la fane divine ; donne la sant, la vie et la force aux Arbres futurs ; rejoins ensuite les flicits, car les potes sont morts : Shakespeare, Homre et Lautramont____________________

In Les Potes sont Morts

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Femme!Cormoran de haute mer qui plonge cueil de mes dsirs au soleil de mes phrases et plonge encore aux profondeurs de moi puiser dans mes veines les poissons dargile qui blessent les algues de ma nuit dhomme que je veux tienneparaphrase dun soupirqui est ntre.

Saison minrale du pome quand le verbe rouill de pluie sefface au grand magmas des choses que les mots vides den vouloir tropse chevauchent linfini des phrasestoutes si semblables si semblablesjusqu lcoeurement

Saison minrale du pome o les bourgeons dimages se rsolvent dans les branchesdu pomien lass dtre fouterre arable au laboureur de ruisseau

Saison minrale du pome que les graviers de la route ont tuet qui bat de laile encorequelque part aux frontires de moi

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Je veux me baigner nupar locan de tes cheveuxJe veux parcourir nu les sentiers de soleil de tes yeuxIl nous faut emprisonner les mots une bonne fois pour toutesces mots qui caracolent au vent de leurs dsirsces mots que nous poursuivons pour attraper la luneces mots qui nous enragent dtre aussi polyglottesces mots que lon oublie dtre nos matreset qui nous assujettissent nous-mmesIl nous faut oublier que nous ne sommes que mortels quand ils ont la prennit des toiles.

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Jai parfois peur de mon ombrecar le soleil est toujours au znithau-dessus de moi je suis comme ces grands pins parasolsqui jettent lombre tout autour deuxje suis encercl par ce qui est sorti de moiet qui nest pas moi

Jai peur parfois de ces lambeaux de moi-mme qui se mettent marcher mes cts cette ombre qui massaille et memplit et que mon esprit ne peut dissiper touteces lgions de fantmes qui se rclament de moiet qui me sont aussi trangres que mon pomeces sueurs malsaines de lmequi meffraientces pulsations morbides des sensqui me terrorisentces dbilits de lespritqui manantissent

Si je navais les yeux dans le ciel je crois que je deviendrais foudans les ombres de moi

A Paul ValryPOUR UN NOUVEL EUPALINOS

1

Suivant tes pas intrieurs, ami,il te faudra monter sur tes propres pauleset construire avec tes motsle temple de toi.Il faut que ce temple parle ou mieux encore chante:laisse les uvres muettesaux doux impuissants qui se croient potes.Tu ne btiras pas en romantique flamboyantni en rococo acadmique ni en bucolique btifiantet si tu tessaies au futurisme sotriqueprends garde toi.Il faut que lesprit pntrelarchitecture du pome, de loeil aux colonnes sensuelles que jouent ses faisceaux de rayonsdans les doigts de la lumireclairant tour tourlme et le dessous des pierresle mouvant et le mobilelautre et toi.

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Il faut que lexacte gomtrie du pomesoit le parfait miroir de cette pense toi-mme secrteQue tel ou tel signeporte lombre de lesprit lendroit seul o lme la dsireLaisse aux doux impuissants qui se croient potesla triste confusion et leffet facileCest le grand chemin intrieur de ton me qui doit jaillir dans les phrases et emporter le lecteur tonnaux profondeurs du motaux profondeurs de luiRespiration du monde refltant lenvers du ventce chant ne rclameque ton abeille pour rsonnerdans lautre et dans toi

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In Eptres pour un Architecte Littraire

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Jai voulu vivre comme les hommesCest une vie triste comme un caillou. - jai dj crit quelque part!-maintenant je men fousje suis un nuageun nuage qui passeet que quelques-uns suivent des yeuxparce quil faut du couragepour me dchiffrer bout de curet quaprs tout

ce nest quun nuage

Tout le monde se croit poteje le suis peut-trealors je me mets des points dinterrogationTout le monde parle de libertMoi qui bavarde avec les ruisseauxje voudrais leur expliquermais ce nest pas une recette de cuisine

il faut tre pote

Tas deux solutions:ou bien tu leur rentres dans lchouou bien tu tplanques dans ton troumais alors l, fais gaffe:ils sont tellement teigneuxquils viendront te chercher noise:tout le monde doit semmerder en mme tempslgalit, cest comme quils la voientil ne leur vient mme pas lidequil existe une troisime solution:que tout le monde soit heureuxtu comprends:cest du rvede linhabituelbrefde limpossibleet pourtantil suffirait douvrir un tout petit peu les yeux du cur:tout est prt.

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Assurance maternit+ assurance vie+ assurance maladie+ assurance chmage+ assurance vieillesse+ assurance dcs___________________________

= 40 heures par semainedabrutissementde peursde renoncement+ 52 heures par semainede steack-frites dengueulades de loisirs tlguids+ heure par semainede gymnastique honteuse+147 heures et par semainede cauchemars au somnifre(entrane) lhonneur de mourir pour la patrie

va pas, non?

quand vous aurez finide pervertir les enfantsde sacrifier la viedcraser ceux qui en veulentdinventer des morales barbelesde justifier vos saloperiesdacheterdhonorifierdempcherdinterdiredobligeron pourra peut-tre causer srieusement

Vous qui dfquez lamour dans de sordides relentsde compte en banquetravail la chanefootball du samedipatriotisme geignardet punaises de sacristie

Vous qui assureriez contre la vie contre les rvesvotre minableriede cancrelats trop nourris

Vous qui politisez tours de languevanitentieux court didesgnrhumainesjusquau droit dadmirer

Vous qui suivezqui rclamezqui ovationnezqui lchecultezqui tendladroitezqui impuissantez dun bout lautreje vous compisse.

On cache nimporte quoi labri des mots idaux le plus souventon fait dailleurs mieuxmaisles non-enculeurs de chevouches en quatreles non-bistrouillards politiquesles non-avaliss de tout poilles non-tljournalisablesbrefceux qui ne font pas partieles amourantsceux-ltentent de les carteler de leur possible

tes saol tes saolris pascest pas des bordereauxcest mes cahiers

je sors quelquefois sans mes larmes

Si tas quelque chose dire deux solutions:ou bien tu distilles tes motsdans un alambic culturelauquel cas les bouilleursau mme alambic croiront avoir comprisou bien tu te sers des bateauxde tous les jourspour traverser la rueauquel cas tout un chacunsimaginera pouvoir traverser avec toi..

Si tas vraiment quelque chose direFerme ta gueuleEt planque-toi.

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In Pomes gueuler dans la rue

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