1
876 SÉLECTION DES ANALYSES DU CENTRE DE DOCUMENTATION DE LA SOFCOT elliptiques par rapport aux composants sphériques. Les auteurs recommandent l’utilisation de pièces cotyloïdiennes permettant l’insertion de vis complémentaires de stabilisation. Les auteurs pensent que certaines fractures non déplacées peu- vent demeurer occultes et ne posent jamais de problèmes de stabi- lité primaire de l’implant. Le mérite de cette étude est de confirmer l’incidence très faible (0,4 %) de ce type de complication, mais également sa relative bénignité. L’utilisation d’implants mieux dessinés et permettant de contrôler ce type de problème doit être encouragée, d’autant plus que les techniques de mise en place des prothèses, de plus en plus mini-invasives, offrent souvent un contrôle visuel réduit de la région d’implantation. Intraoperative fractures of the acetabulum during primary total hip arthroplasty G.J. HAIDUKEWYCH, D.J. JACOFSKY, A.D. HANSSEN, D.G. LEWALLEN J Bone Joint Surg (Am), 2006, 88, 1952-1956. Quels enseignements les reprises apportent-elles dans les arthroplasties métal-métal ? Ces deux articles consacrés à l’étude de la survie d’une pro- thèse totale de hanche à couple de frottement métal-métal ont été groupés en tête de revue et peuvent être jumelés car il s’agit du même matériel. L’un vient d’Estonie et l’autre de Grèce. La première étude porte sur une série initiale de 640 prothèses posées entre 1994 et 2002 et revues avec un recul moyen de 7 ans. Seuls les morts manquent à l’appel pour en conserver 611. Le Sikomet est un alliage de chrome cobalt molybdène à faible teneur en carbone, par rapport au Metasul, par exemple, qui est à forte teneur en carbone. Le diamètre des têtes était de 28 mm. Lors des reprises chirurgicales, plusieurs études ont été réalisées : sur l’état de surface, l’histologie des tissus péri prothé- tiques par rapport à deux groupes contrôle de prothèses alumine- polyéthylène et de Charnley chrome cobalt-polyéthylène, ainsi que sur l’aspect radiographique. Il y eut 34 reprises soit 9 %, dont 6 pour infection. Le taux de survie à dix ans pour les descellements aseptiques est de 93 %, très comparables pour chaque compartiment. Une ostéolyse radiologique péri prothétique a été observée dans 64 % des cas. L’usure mesurée à 5 ans a été en moyenne de 31 µm soit envi- ron 6 µm par an. L’étude au microscope électronique à balayage a montré des lésions abrasives et d’usure. Surtout dans 76 % des cas, il existait des réactions histologi- ques d’hypersensibilité avec des infiltrats lymphocytaires. Il exis- tait une réaction importante à des corps étrangers métalliques, 13 fois sur 17. Par comparaison les deux groupes contrôle n’ont pas montré de réaction lymphocytaire. Les auteurs rappellent que d’autres ont déjà publié des résul- tats catastrophiques pour des couples de frottements métal-métal à faible teneur en carbone. Il semble que les couples métal-métal à forte teneur en carbone type Metasul donnent moins d’usure et d’ostéolyse. Les résultats des prothèses en Sikomet ne sont pas meilleurs que ceux des autres couples de frottements pour le taux de survie, bien que l’usure soit 10 à 100 fois plus faible que pour le polyéthylène surtout en cas de métaux riche en carbone et don- nent plus de réactions de sensibilisation au métal. La seconde étude ne porte que sur 217 hanches mais aucune n’a été perdue de vue après un recul maximum de dix ans. 6,5 % des patients ont du être réopérés au bout de 5 ans en moyenne comme dans l’étude précédente. Les constatations sont identiques à celles de l’étude précédente à part le fait que ces dernières n’ont pas trouvé d’usure sur la surface métallique. Les auteurs pensent que les échecs sont dus à des phénomènes de sensibilisation au métal. Commentaire : les résultats sont en fait moins bons que pour les prothèses à couple métal polyéthylène type Charnley qui don- nent des taux de survie de 98 % à dix ans et non 93 % à dix ans pour le Sikomet et 94 % à 7 ans pour le Metasul ! Survivorship and retrieval analysis of sikomet metal-on-metal total hip replacements at a mean of seven years I. MILOSEV, R. TREBSE, S. KOVAC, A. COR, V. PISOT J Bone Joint Surg (Am), 2006, 88, 1173-1182. Metallosis after contemporary metal-on-metal total hip arthroplasty. Five to nine-year follow-up P. KOROVESSIS, G. PETSINIS, M. REPANTI, T. REPANTIS J Bone Joint Surg (Am), 2006, 88, 1183-1191.

Quels enseignements les reprises apportent-elles dans les arthroplasties métal-métal ?

  • Upload
    frank

  • View
    215

  • Download
    2

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Quels enseignements les reprises apportent-elles dans les arthroplasties métal-métal ?

876 SÉLECTION DES ANALYSES DU CENTRE DE DOCUMENTATION DE LA SOFCOT

elliptiques par rapport aux composants sphériques. Les auteursrecommandent l’utilisation de pièces cotyloïdiennes permettantl’insertion de vis complémentaires de stabilisation.

Les auteurs pensent que certaines fractures non déplacées peu-vent demeurer occultes et ne posent jamais de problèmes de stabi-lité primaire de l’implant.

Le mérite de cette étude est de confirmer l’incidence très faible(0,4 %) de ce type de complication, mais également sa relativebénignité. L’utilisation d’implants mieux dessinés et permettantde contrôler ce type de problème doit être encouragée, d’autantplus que les techniques de mise en place des prothèses, de plus enplus mini-invasives, offrent souvent un contrôle visuel réduit de larégion d’implantation.Intraoperative fractures of the acetabulum during primary totalhip arthroplasty

G.J. HAIDUKEWYCH, D.J. JACOFSKY, A.D. HANSSEN,D.G. LEWALLEN

J Bone Joint Surg (Am), 2006, 88, 1952-1956.

Quels enseignements les reprises apportent-elles dans lesarthroplasties métal-métal ?

Ces deux articles consacrés à l’étude de la survie d’une pro-thèse totale de hanche à couple de frottement métal-métal ont étégroupés en tête de revue et peuvent être jumelés car il s’agit dumême matériel. L’un vient d’Estonie et l’autre de Grèce.

La première étude porte sur une série initiale de 640 prothèsesposées entre 1994 et 2002 et revues avec un recul moyen de 7 ans.Seuls les morts manquent à l’appel pour en conserver 611.

Le Sikomet est un alliage de chrome cobalt molybdène à faibleteneur en carbone, par rapport au Metasul, par exemple, qui est àforte teneur en carbone. Le diamètre des têtes était de 28 mm.

Lors des reprises chirurgicales, plusieurs études ont étéréalisées : sur l’état de surface, l’histologie des tissus péri prothé-tiques par rapport à deux groupes contrôle de prothèses alumine-polyéthylène et de Charnley chrome cobalt-polyéthylène, ainsique sur l’aspect radiographique.

Il y eut 34 reprises soit 9 %, dont 6 pour infection. Le taux desurvie à dix ans pour les descellements aseptiques est de 93 %,très comparables pour chaque compartiment.

Une ostéolyse radiologique péri prothétique a été observéedans 64 % des cas.

L’usure mesurée à 5 ans a été en moyenne de 31 µm soit envi-ron 6 µm par an. L’étude au microscope électronique à balayage amontré des lésions abrasives et d’usure.

Surtout dans 76 % des cas, il existait des réactions histologi-ques d’hypersensibilité avec des infiltrats lymphocytaires. Il exis-tait une réaction importante à des corps étrangers métalliques,13 fois sur 17.

Par comparaison les deux groupes contrôle n’ont pas montréde réaction lymphocytaire.

Les auteurs rappellent que d’autres ont déjà publié des résul-tats catastrophiques pour des couples de frottements métal-métalà faible teneur en carbone. Il semble que les couples métal-métalà forte teneur en carbone type Metasul donnent moins d’usure etd’ostéolyse. Les résultats des prothèses en Sikomet ne sont pasmeilleurs que ceux des autres couples de frottements pour le tauxde survie, bien que l’usure soit 10 à 100 fois plus faible que pourle polyéthylène surtout en cas de métaux riche en carbone et don-nent plus de réactions de sensibilisation au métal.

La seconde étude ne porte que sur 217 hanches mais aucunen’a été perdue de vue après un recul maximum de dix ans. 6,5 %des patients ont du être réopérés au bout de 5 ans en moyennecomme dans l’étude précédente. Les constatations sont identiquesà celles de l’étude précédente à part le fait que ces dernières n’ontpas trouvé d’usure sur la surface métallique.

Les auteurs pensent que les échecs sont dus à des phénomènesde sensibilisation au métal.

Commentaire : les résultats sont en fait moins bons que pourles prothèses à couple métal polyéthylène type Charnley qui don-nent des taux de survie de 98 % à dix ans et non 93 % à dix anspour le Sikomet et 94 % à 7 ans pour le Metasul !Survivorship and retrieval analysis of sikomet metal-on-metaltotal hip replacements at a mean of seven years

I. MILOSEV, R. TREBSE, S. KOVAC, A. COR, V. PISOT

J Bone Joint Surg (Am), 2006, 88, 1173-1182.

Metallosis after contemporary metal-on-metal total hip arthroplasty.Five to nine-year follow-up

P. KOROVESSIS, G. PETSINIS, M. REPANTI, T. REPANTIS

J Bone Joint Surg (Am), 2006, 88, 1183-1191.