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Quels sont les courants musulmans en France ? La rédaction de Zaman France publie un dossier exclusif de décryptage des principaux courants religieux, des acteurs et des concepts clés pour comprendre l'islam de France. Un dossier qui sera publié en quatre partie. Aujourd'hui, focus sur les principaux courants religieux musulmans de l'Hexagone. Jeudi, Mars 26, 2015 - FOUAD BAHRI PARIS Courants religieux Salafisme

Quels sont les courants musulmans en France - mucif.org · considération la tradition juridique et historique des écoles ... Courant inspiré de la pensée de Abdessalam ... Trois

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Quels sont les courants

musulmans en France ?

La rédaction de Zaman France publie un dossier exclusif de décryptage des principaux courants religieux, des acteurs et des concepts clés pour comprendre l'islam de France. Un dossier qui sera publié en quatre partie. Aujourd'hui, focus sur les principaux courants religieux musulmans de l'Hexagone.

Jeudi, Mars 26, 2015 -

FOUAD BAHRI PARIS

Courants religieux

Salafisme

Courant religieux née en Arabie saoudite. Appelé aussi wahhabisme, du nom de

son fondateur Muhammad ibn Abdel-Wahhab (1703-1792), le salafisme est un

mouvement orientée autour d'une lecture littéraliste et ultraorthodoxe de l'islam.

Courant le plus dynamique et en expansion mondiale, le salafisme impose une

vision de l'islam rigoriste, autour des notions d'interdit (haram) et de licite (halal).

Le salafisme est une lecture décontextualisée de l'islam qui ne prend pas ou peu en

considération la tradition juridique et historique des écoles malikite, hanifite,

shafiite ou hanbalite, se référant directement à l'exemple du Prophète et de ses

compagnons. Plusieurs sensibilités internes ont émergé à l'intérieur de ce

mouvement : les salafistes cheikhistes, attachés aux avis des savants officiels de

l'islam d'état saoudien ou des pays du Golfe et apolitiques; les salafistes djihadistes,

qui s'engagent dans la lutte armée contre l'Occident ou les régimes politiques jugés

impies; les salafistes hizbis (de hizb, parti) qui prônent une implication et un rôle

politique dans les sociétés musulmanes ou non musulmanes.

Tabligh

Courant piétiste originaire de l'Inde, fondé par Muhammad Ilyas al-Kandhlawi

(1885-1944), la jamaat-at-Tabligh (le mouvement pour la transmission du message)

est un mouvement missionnaire de l'islam. Son objectif est uniquement

intracommunautaire et ne vise que la prédication des musulmans dans une

perspective revivaliste de réislamisation ritualisée sous la forme du khourouj (la

sortie), un voyage prédicatif d'une durée de 40 jours maximum. Très dynamique

dans les années 60, ce mouvement est présent en France et représenté par

l'association «Foi et Pratique». Longtemps concurrent du salafisme dans les

quartiers populaires français, la jamaat-at-Tabligh est en recul depuis plusieurs

années, devancée par le salafisme et son discours plus marqué et identitaire.

Soufisme

Souvent présenté comme la voie intérieure de l'islam, le soufisme est un courant

très ancien de l'islam, qui remonte au Prophète lui-même d'après les guides

spirituels de cette voie initiatique. Le soufisme est une pratique austère et ascétique,

spirituelle, enseigné dans des tariqas (de tariq, chemin, voie) de diverses traditions

(naqshibandis, suleymandje, qadiriyya, chadhiliyya...) implanté dans plusieurs

contrées (Afrique du nord et sub-saharienne, monde arabe, Turquie, Iran).

Il s'organise autour de pratiques rituelles tels que le dhikr (évocation de Dieu), le

chant religieux ou la danse (derviches tourneurs). Rumi, Ibn 'arabi et Al Ghazali

sont les trois figures les plus influentes de ce mouvement. En France, le soufisme

est décentralisé et s'exprime au sein de diverses organisations musulmanes.

Ahbaches

Mouvement présent localement dans une vingtaine de lieux de culte musulman en

France, les Ahbaches sont présentés comme un groupe sectaire par la plupart de

leurs détracteurs qui les accuse d'hétérodoxie dans leur approche de la théologie

musulmane. L'organisation tire son nom du cheikh Abdallah ibn Yusuf al-Shibi al-

Abdari al-Hirari, un Ethiopien adepte du soufisme et né en 1920. Dans l’Hexagone,

l’Association des projets de bienfaisance islamique en France (A.P.B.I.F.) est le

nom officiel du mouvement que le rappeur Kerry James a contribué à faire

connaître. Très active à Montpellier, la mouvance des Ahbaches a connu une

audience au moment de la publication de l’ouvrage d’Abd as-Samad Moussaoui,

frère aîné de Zacarias, jugé dans l’affaire des attentats du 11 septembre 2001.

L’A.P.B.I.F revendique son combat contre les groupes du jihâdisme salafiste et des

Frères musulmans. Très discrète dans son fonctionnement, la mouvance des

Ahbaches se situe donc au confluent du soufisme et d'une lecture politique

d'alignement consensuel avec les autorités politiques.

Frères musulmans

Mouvement politico-religieux né en Egypte et fondé par Hassan al-Banna. Le

mouvement des Frères musulmans prône à l'origine la réislamisation par le bas des

sociétés musulmanes, dans un contexte de domination culturelle coloniale. Les

Frères musulmans sont les principaux représentants de l'islamisme ou islam

politique. Le président Morsi renversé par un coup d'état en Egypte était ainsi issu

de cette confrérie. Leur vision de l'islam est globalisante (shumuliyya-l-islam).

Après la mort de leur fondateur, ils ont connu une importante croissance

internationale. En France, l'Union des organisations islamiques (UOIF) est la

principale organisation issue idéologiquement de ce courant.

Participation et spiritualité musulmane (PSM)

Courant inspiré de la pensée de Abdessalam Yassine, un cheikh marocain

fondateur du mouvement islamique al 'adl wal ihsane qui prône un

engagement social actif inspiré d'une vision prédicative orientée sur

l'éducation, une approche soufie du culte musulman et un retour global aux

fondamentaux de l'islam dans les sociétés musulmanes. PSM fait partie en

France de ces associations qui développe un islam citoyen et encourage à la

contribution spirituelle et sociale des musulmans de France.

Organisations officielles

Conseil français du culte musulman

Organe national de représentation du culte musulman mis en place sous l'impulsion

du gouvernement. Initié en 1999 par les ministres de l'Intérieur socialiste Jean-

Pierre Chevènement, et Daniel Vaillant, le CFCM est officiellement crée en 2003,

par Nicolas Sarkozy, lui-même ministre de l'Intérieur.

Sa mission est de superviser la gestion et la coordination de la pratique cultuelle de

l'islam en France et de constituer un interlocuteur sur le plan national et régional

(Conseils régionaux du culte musulman, CRCM). Divisé depuis sa création par des

intérêts divergents liés aux Etats étrangers qui administrent ou financent un grand

nombre de mosquées, le CFCM n'a jamais pu surmonter ses clivages idéologiques

et nationaux.

En 2015, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve sous l'impulsion du Premier

ministre Manuel Valls, a annoncé une série de mesures destinées à réformer le

fonctionnement du CFCM, solutionner son problème de légitimité auprès des

fidèles et garantir la transparence de son fonctionnement.

Le CFCM reste auprès d'une large partie des musulmans de France éloigné de leurs

considérations quotidiennes et souffre d'un déficit de légitimité.

Grande Mosquée de Paris

L'histoire de la Grande Mosquée de Paris (GMP) est liée à celle de la colonisation.

Construite et édifiée en l'hommage des 70 000 soldats de confession musulmane

morts pour la France au cours de la Première guerre mondiale, la GMP est

inaugurée en 1926 par le président Gaston Doumergue et le sultan du Maroc

Moulay Youssef.

La Grande Mosquée de Paris représente en France une tradition de continuité

historique et un interlocuteur privilégié des pouvoirs publics. Depuis sa fondation,

six recteurs ont dirigé la Mosquée de Paris, l’Institut musulman de la Mosquée de

Paris (chargé de la certification de la viande halal) et la Société des habous des

lieux saints de l’islam.

Si Kaddour Ben Ghabrit (1922-1954), Si Ahmed Ben Ghabrit (1954-1956), Si

Hamza Boubakeur (1957-1982), Cheikh Abbas (1982-1989), Tidjani Haddam

(1989-1992) et Dalil Boubakeur depuis 1992. La GMP demeure liée financièrement

et politiquement à l'Algérie.

Rassemblement des musulmans de France

La principale organisation du culte musulman rattachée au Maroc, au ministère des

Habbous qui gère le culte. Le RMF a été créé le 13 janvier 2006, par des transfuges

de la Fédération nationale des musulmans de France. Le RMF affirme «contribuer à

faire émerger un islam modéré, tolérant et respectueux des lois de la République,

un islam du juste milieu».

Il a été présidé successivement par Taoufiq Sebti puis Anouar Kbibech. L'ancien

président du CFCM, Mohammed Moussaoui, en est le vice-président. Le RMF est

sorti grand gagnant des dernières élections du CFCM en 2011.

L'Union des organisations islamiques de France

La Fédération associative musulmane la plus importante en France avec plus de

300 associations, présentes surtout en province (Lille, Bordeaux, Nantes...), l'UOIF

est idéologiquement proche des Frères musulmans, la confrérie fondée par Hassan

al-Banna en Egypte.

Créée par des cadres en provenance d'Afrique du nord (Algérie, Maroc, Tunisie),

l'UOIF est à l'origine des plus importantes écoles privées (Averroès à Lille, Al

Kindi à Décines) et centre de formation théologique (L'institut de Château-

Chignon, l'IESH à Saint-Denis).

Elle réunit chaque année des dizaines de milliers de personnes autour d'un

événement organisé au Parc des expositions du Bourget, "La rencontre annuelle des

musulmans de France". Malgré cette présence institutionnelle, l'UOIF conserve une

image négative auprès des pouvoirs publics, liée à son affiliation présumée aux

Frères musulmans.

L'Union des organisations islamiques de France s'est retirée du bureau national du

CFCM.

Islam turc

Les associations musulmanes turques sont pour la plupart liées au DITIB,

l'organisme d'état turc en France qui gère le culte musulman affilié au Diyanet en

Turquie. Trois grandes organisations les représentent.

Le Comité de coordination des musulmans turcs de France qui regroupent la

plupart d'entre elles et qui participe au CFCM sous la houlette d’Ahmet Ögras, son

président et vice-président du CCMTF. Le Milli Görus (Vision nationale),

organisation créée en Turquie par le père de l'islamisme turc Necmettin Erbakan, et

qui est très présente sur le territoire français à travers des mosquées et des

associations turques.

Le Hizmet est l'autre grande organisation de l'islam turc présente sur le territoire

hexagonal. Inspiré des écrits et de la vision religieuse de l'érudit turc Fethullah

Gülen, le Hizmet est un mouvement socio-religieux qui promeut la participation

civile et citoyenne des musulmans.

Axé sur le dialogue interreligieux (Plateforme de Paris), l'éducation (Etude Plus,

Educactive), le proactivisme économique (Fedif), le Hizmet synthétise approche

soufie et civisme participatif. L'islam turc est aussi constitué, entre autres, des

confréries soufies Naqshibandie et Suleymandje, très présentes également dans les

mosquées turques, et des associations alevis.

La Fédération française des associations islamiques d'Afrique, des Comores et

des Antilles (FFAIACA)

La FFAIACA est la fédération regroupant les associations afro-musulmanes noire

sur des territoires éloignes comme les Antilles, l'Afrique ou les Comores. La

FFAIACA est présidée par Assani Fassassi et fait partie du CFCM.

L'UAM 93

L'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis regroupe comme son

nom l'indique la plupart des associations musulmanes du premier département de

musulmans en France. Non présent au CFCM, l'UAM 93 est en proie à une

concurrence et une rivalité avec l'UOIF sur ce département.

Cette organisation privilégie le lobbying auprès des élus de Seine-Saint-Denis, en

particulier ceux de droite dont elle est proche politiquement.

La Fédération des chiites de France

Elle regroupe les associations chiites et les structures affiliées telles que le Centre

Zahra et le Parti antisioniste de Yahia Gouasmi.

Très politisée, elle peut être définie comme une forme d’islamisme chiite agencée

autour des avis religieux de Khomeyni.

Les relais médiatiques du chiisme en France sont la chaine de télé Sahar TV et la

radio franco-iranienne IRIB.

Le chiisme est ultra-minoritaire en France.

Mouvances et figures nationales

Première figure intellectuelle influente en France, Tariq Ramadana développé

depuis vingt ans un travail de relecture critique des sources musulmanes dans une

perspective liée au réformisme islamique qui considère que les lectures historiques

de l'islam sont contingentes et participent de l'interprétation et que cette dernière

doit être renouvelée à chaque époque.

Partisan d'un engagement citoyen et d'une ouverture des sphères de l'islam savant

aux disciplines des sciences humaines, Tariq Ramadan rencontre en France de

sérieuses résistances dans les milieux laïcistes de gauche et de droite.

Son discours a également essayé une perte d’influence dans les quartiers populaires

où le salafisme a rencontré plus de succès.

L'autre figure influente de cet islam francophone est Tariq Oubrou, recteur et

imam de la Mosquée de Bordeaux, affilié à l'UOIF, bien qu'il soit marginalisé au

sein de l'institution.

Tariq Oubrou a inspiré toute une série de cadres associatifs, écrivains, chercheurs

de confession musulmane sur sa ligne d'un islam français ancré dans la culture

française, concrétisé par une théologie repensée et une lecture contextualisée du

fiqh (droit et jurisprudence musulmane) et agencée avec la culture française.

L'association Fils de France présidée par Camel Bechikh, située à droite et prônant

un nationalisme réconcilié avec l'islam, se revendique de l'imam de Bordeaux.

Ghaleb Bencheikh diplômé en physique, est l'un des intervenants réguliers

sollicités sur les questions de l'islam. Lié à la Mosquée de Paris, Ghaleb Bencheikh

prône une refonte de l'islam, l'abrogation des versets coraniques relatifs à la guerre

et une approche laïque de la religion qui le rapproche des partisans de l'islam des

Lumières. Il fait figure de clerc séculier de l'islam.

Omero Marongiu-Perria est un sociologue, conférencier et spécialiste des

questions de l’islam en France et des problématiques liées à la diversité en

entreprise sur lesquelles il travaille. Ancien membre de JMF rattachée à l’UOIF, il

a pris ses distances avec l’organisation pour œuvrer en faveur d’une relecture

profonde des sources scripturaires de l’islam.

Il s’est notamment illustré par une étude du discours radical des mouvances

djihadistes et des mécanismes de recrutement des Français vers les organisations

extrémistes.

Islam des Lumières

Courant intellectuel composé de chercheurs, d'écrivains et de philosophes qui

prônent un réformisme séculier de l'islam. Très attaché à l'historicisation des

sources musulmanes, ils dénoncent fréquemment la montée du fondamentalisme

religieux et de l'islamisme contre lesquels ils opposent une lecture rationnelle,

laïque et humaniste de l'islam héritée de l'islamologue Mohamed Arkoun.

Face au défi que certaines pratiques de l'islam contemporain ont posé aux sociétés

sécularisées, les partisans de l'islam des lumières prônent généralement leur

abandon et une lecture plus philosophique et allégorique du Coran. Des

intellectuels comme le psychanalyste Malek Chebel, l'universitaire Rachid Benzine

et le philosophe Abdennour Bidar en sont les représentants.

La galaxie militante

L'islam de France est aussi représenté par une série d'acteurs associatifs très actifs

et présent sur le terrain. La montée de l'islamophobie en France a été suivie dès

2003 de la création d'associations comme le Collectif contre l'islamophobie en

France, présidée par Samy Debah, représentée au Conseil de l'Europe par Marwan

Muhammad et dont la porte-parole actuelle est Elsa Ray.

La Coordination contre le racisme et l'islamophobie est l'autre acteur important

engagée contre l'islamophobie. Créée et présidée par Abdelaziz Chaambi, un

militant historique, co-fondateur de l'Union des Jeunes Musulmans et du Collectif

des Musulmans de France, actif de longue date également sur les sujets liés à la

Palestine et l'anti-impérialisme.

Les figures montantes

Nabil Ennasri est le président du Collectif des musulmans de France. Spécialisé

sur le Qatar, il défend un islam citoyen attaché aux valeurs conservatrices de l'islam

(famille, éducation). Militant pro-palestinien, il a aussi été partisan d'un

rapprochement avec les milieux traditionnalistes catholiques contre le mariage pour

tous et la théorie du genre.

Mohamed Bajrafil est un imam d'origine comorienne qui a oeuvré à la Mosquée

d'Ivry-sur-seine. Très populaire, son discours tente de concilier les valeurs

traditionnelles de l'islam et une pluralité d'avis juridiques qui permettent de garantir

une plus grande diversité des pratiques religieuses.

Rokhaya Dialo est une militante politique antiraciste. Ancienne chroniqueuse à

itélé, fondatrice du mouvement des Indivisibles, Rokhaya Dialo n'est pas engagée

en tant que telle dans une dynamique confessionnelle musulmane. Elle intervient

néanmoins régulièrement sur les sujets sociétaux en lien avec l'islam,

l'islamophobie et le rapprochement avec les autres groupes sociaux minoritaires.

Hanane Karimi est une chercheuse strasbourgeoise spécialisée sur l'éthique et sur

le féminisme. Elle est l'une des représentantes en France du féminisme musulman.

Membre du collectif des Femmes dans la mosquée, elle plaide pour une meilleure

place accordée aux femmes dans les lieux de culte et contre leur relégation.

Elle travaille également sur les convergences entre courants féministes et sur la

question du racisme néocolonial.

Rachid Abou Houdeyfa est un imam de tendance salafiste. Très actif sur internet,

ses interventions, sermons et conférences sont connues d'un large public. Rachid

Abou Houdeyfa représente la nouvelle génération d'intervenants salafistes.

Ultraconservateur et rigoriste, il plaide néanmoins pour la participation citoyenne et

le vote des musulmans en France, position peu prisée dans la mouvance salafiste.

La plupart de ses interventions sont centrées sur les interdictions, les mises en

garde et les recommandations à suivre l'exemple du Prophète dans une lecture

littérale propre à ce courant de l'islam.

Notions clés :

Islam : religion dérivée du terme salam qui signifie paix. L’islam est le nom

attribué à la religion monothéiste révélée au Prophète Muhammad au VIIe siècle de

notre ère. L’islam est une religion fondée sur deux sources scripturaires : le Coran,

parole de Dieu directement révélée sous sa forme littérale par l’entremise de

l’archange Gabriel au Prophète et la tradition prophétique (Sunna) constituée par

l’ensemble des actes, dires et consentements du Prophète.

Elle s’inscrit dans la tradition des religions révélées dont elle revendique l’héritage

et affirme la clôture, l’islam étant dernière révélation et le Prophète sceau de la

prophétie. L’islam réaffirme radicalement le caractère unique de Dieu, rejette les

notions de filiation christique avec Dieu et se caractérise par son universalisme sans

affiliation ethnique.

Elle insiste sur la double importance de la foi en un Dieu unique (Tawhid) et

l’importance des œuvres salutaires. Elle enseigne la résurrection des morts

précédée de la Fin des Temps et suivie du Jugement dernier où chaque humain se

verra attribuée une place définitive au Paradis ou en Enfer.

Charia : terme englobant l’ensemble des règles juridiques, morales et des principes

législatifs propre à l’islam, tiré du Coran et de la Sunna à distinguer du fiqh (droit

et jurisprudence musulmane) relatif aux avis de savants jurisconsulte appelés

muftis et généralement ancré dans l’une des quatre écoles juridiques du monde

musulman (malikisme, hanafisme, chafiisme et hanbalisme) .

La notion de charia ne recouvre pas les mêmes significations dans le monde

musulman et le monde occidental. Dans ce dernier, charia est synonyme de régime

islamique gouverné par des lois violentes et barbares, à l’image des peines et

châtiments réservés aux voleurs et aux criminels.

Dans le monde musulman, en particulier chez les adeptes de cette notion et les

partis islamistes, charia recouvre un sens de justice et d’équité relatif à la justice

divine de la Législation islamique. Certains courants musulmans lui attribuent

également un sens plus global, à la fois spirituel et temporel.

Djihad : notion globale de l’islam signifiant l’effort accomplie dans la voie de

Dieu, le djihad peut être rapporté de ce fait à toute action visant à satisfaire Dieu,

acte de bien, travail en vue d’acquérir honnêtement un salaire, œuvre caritative.

La tradition prophétique distingue le petit djihad relatif à l’engagement armé dans

une bataille juste, du grand djihad qui est le combat contre les passions de l’âme et

pour la purification du cœur. En Occident, djihad désigne exclusivement la notion

de combat traduit par «guerre sainte», une expression héritée du christianisme des

Croisades et tel quel absent des sources scripturaires islamiques, les notions de

sainteté et de guerre n’étant pas associées en islam.

Imam : dans l’islam sunnite, celui qui dirige la prière rituelle, extrait du terme

arabe ammama (celui qui se trouve devant). Dans le chiisme, l’imam désigne

également celui qui possède légitimement le pouvoir politique à l’instar du califat,

comme le désigne le titre attribué au cousin et gendre du Prophète, l’imam Ali dans

la tradition chiite.

Fatwa : avis juridique émis par un savant habilité à le faire (muftis ou mujtahid),

une fatwa est une réponse circonstancielle proposée à une question d’ordre sociale

(la sphère des mu’amalat) ou rituelle (le domaine des ‘ibadat), généralement liée à

l’autorisation, la permission ou l’interdiction.

Le savant qui produit une fatwa le fait au moyen d’un effort intellectuel (ijtihad)

d’interprétation des lois islamiques. Une fatwa n’est pas une loi et n’a aucune

valeur générale. Comme les termes de charia et de djihad, celui de fatwa revêt en

Occident un sens exclusivement péjoratif et négatif. Il est synonyme de

condamnation à mort depuis l’affaire Salman Rushdie, un écrivain condamné à

mort par une fatwa émise par l’ayatollah Khomeyni, en Iran.

Sunnisme : courant majoritaire de l’islam mondial, le sunnisme (du terme sunna)

se rattache à la tradition prophétique ainsi qu’au legs des quatre califes (successeurs

politiques du Prophète) Abu Bakr, Omar, Othman, Ali, au contraire du chiisme.

Le schisme entre sunnisme et chiisme est à l’origine politique et relatif à la

succession du Prophète. Tout au long de l’histoire, ce schisme est devenu religieux

au travers de l’élaboration par les chiites d’une tradition concurrente.

Chiisme : deuxième courant important de l’islam, le chiisme est né du conflit de

succession consécutif à la mort du Prophète. Les chiites sont les partisans d’Ali,

cousin et gendre du Prophète qu’il considère comme le seul successeur légitime du

Prophète.

Les chiites estiment que les autres califes ont usurpé leur succession et affirment

que celle-ci est le privilège de la famille du Prophète. Le chiisme se divise en

plusieurs courants internes (chiisme duodécimain, zaydisme...). Il possède un

clergé (mollah, hodjatol-islam, ayatollah) à la différence du sunnisme, et ses

propres recueils de ahadiths (propos du Prophète). Il est très présent en Iran, Irak,

Liban et de manière moins importante, dans les autres pays musulmans.

Islamisme : courant de l’islam politique, l’islamisme défend un modèle globalisant

de l’islam et une application politique de ses principes. Il comprend différentes

mouvances (wahhabites, Frères musulmans, chiites, takfiristes) et diverses

approches allant du légalisme démocratique pacifique, à la lutte armée violente

pour renverser les régimes déclarés apostats. Les mouvements islamistes ont connu

de sévères répressions par les régimes arabes monarchiques ou nationalistes.