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EHESS Qu'est-ce que la religion? by Bernard Van Meenen Review by: Vincent Delecroix Archives de sciences sociales des religions, 50e Année, No. 130 (Apr. - Jun., 2005), pp. 173-175 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30116699 . Accessed: 12/06/2014 13:53 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 194.29.185.230 on Thu, 12 Jun 2014 13:53:47 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Qu'est-ce que la religion?by Bernard Van Meenen

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EHESS

Qu'est-ce que la religion? by Bernard Van MeenenReview by: Vincent DelecroixArchives de sciences sociales des religions, 50e Année, No. 130 (Apr. - Jun., 2005), pp. 173-175Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30116699 .

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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE - 173

entretien et a l'organisation des c~remonies, sous forme de fondations foncieres autrefois et de fonds en numeraire plus r&cemment.

Dans le dernier volet, I'auteur s'attache a

l'analyse de ces relations entre Besakih et

l'l]itat. Si les pages pr&cdentes relevaient fon- damentalement de l'anthropologie, c'est a l'histoire qu'il est fait appel dans cette dernibre partie, pour determiner si la supr6matie de Besakih parmi les temples de Bali, incontes- table aujourd'hui, s'est impos6e r&cemment, avec le renouveau hindouiste ou au contraire

perp&tue une tradition seculaire. A partir de rituels << anciens > (debut du xIxe siecle ?), tel que le Raja Purana Pura Besakih et d'histoires legendaires, l'auteur essaie de reconstituer l'histoire du temple : avant la prise de Bali par le royaume javanais de Majapahit en 1343, puis a l'tpoque des fitats < traditionnels > du xve au xIxe siecle, enfin au xxe siecle, a l'poque coloniale et dans le cadre de la Republique indonesienne. Si les documents sont trop rares ou les sources trop peu fiables pour parvenir a des conclusions indiscutables pour les p&riodes anciennes, il apparait que le temple fut d'abord, sans doute des le xv> si&cle, le sanctuaire principal d'une dynastie regionale, avant de passer, sans doute au XIXe si&cle, au statut de < symbole d'unite, transcendant les divisions des cours en lutte a (p. 293). Ce r6le ne fit que se renforcer au cours du xxe siecle, quand le pouvoir colonial organisa, en 1938, I'introni- sation de tous les princes (zelfbestuurders) de Bali lors d'une c6remonie a Besakih ou quand, dans les annies 1950, pour faire accepter < la religion de Bali > parmi les cultes officiels, les savants locaux, s'efforgant d'organiser une sorte d'lglise, riussirent a convaincre le gouverne- ment republicain de reconnaitre Besakih comme < le seul temple honore par tous les fid&les de la religion "Hindu-Bali" auquel il devait, en tant qu'heritier des cours balinaises, apporter son soutien > (p. 316). Cette officialisation aboutit, en 1963, a la reactivation a Besakih d'une cer~monie quelque peu oublice,

, Ekadasa

Rudra a qui, pour la premiere fois, concernait toute la population hindoue de Bali. La mime cermonie fut a nouveau celebr~e en 1979, en presence, cette fois-ci, du president de la Republique indonesienne qui apportait ainsi la reconnaissance gouvernementale de la reli- gion hindouiste de Bali et du statut preeminent du temple pour tous ses fiddles.

Bien que sa lecture ne soit pas toujours ais&e pour ceux qui ne sont pas familiers avec la culture et la religion balinaises, cette minu-

tieuse etude constitue, a n'en pas douter, un excellent cas de figure pour ceux qui s'inter- rogent sur (ou que derangent) les religions oii les rites l'emportent, de loin, sur la reflexion theologique ou la recherche spiri- tuelle. L'exemple de Besakih apporte, peut- &tre, des l~ements de r6ponse sur l'attrait que peut exercer une religion fondamentalement sociale qui, en tant que telle, permet I'abandon de la responsabilite individuelle au profit d'un groupe en qui on a foi. II faut savoir grh aussi & l'auteur d'avoir user d'infinies precautions dans l'approche de son sujet. II montre qu'il a parfaitement conscience - ce qui n'est malheu- reusement pas le cas genbral - que les tradi- tions, pour anciennes et vinerables qu'elles puissent paraitre, loin d'8tre immuables, sont soumises a de perp~tuelles evolutions et reinterpretations.

Les regrets que l'on pourrait formuler sont ceux que suscite toute monographie. L'auteur annonce clairement qu'il a volontai- rement choisi de limiter son sujet au complexe de Besakih. On ne saurait done lui en faire grief. Mais devant la qualite du travail, on aurait aimb qu'il elargisse la r~flexion, par exemple, par des comparaisons avec ces cultes royaux rendus sur les montagnes sacr~es qui ont existe dans presque tout I'archipel insulin- dien. Nul doute que cet ouvrage constituera un excellent point de depart pour une recherche de ce type.

Claude Guillot

Qu'est-ce que la religion ? 130-29 Bernard VAN MEENEN, ed.

Bruxelles, Publications des Facultis universitaires Saint Louis, 2004, 143 p.

Ce petit volume rassemble les communi- cations pr~sent~es a la session annuelle de l'Icole des sciences philosophiques et religieuses A Bruxelles autour de la question : << Qu'est-ce que la religion? >. Dans cet ensemble assez h&tbroclite, on ne cherchera pas g trouver une

r~ponse definitive, bien &videmment, en termes de th6orie de la religion. Comprise dans un cadre theologique, la question interroge davan- tage <d les articulations et corr6lations fonda- mentales entre th~ologie et religion a (p. 8), mais son traitement souffre, manifestement, A la fois de perspectives assez dloignbes et peut- &tre d'un dialogue peu pr&cis avec les approches des autres sciences du religieux. Voulant mdler diverses disciplines (philosophie de la religion,

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sociologie, psychanalyse) et diffdrentes tradi- tions religieuses (christianisme, juda'isme, boud- dhisme), l'ouvrage semble parfois perdre de vue sa question initiale ou n'y trouver qu'un pr&exte. On regrettera 6galement que, sous couvert de la difficulte > et de la < perma- nence a de la question, beaucoup des auteurs s'6pargnent le soin de discuter un certain nombre des categories qu'ils utilisent pour penser < la religion >. Soulever de nouveau, par exemple, la question de savoir si le boud- dhisme est une religion, n&cessite de pr&ciser tant soit peu ce qu'on entend justement par religion et de veiller A ne pas reconduire trop aisdment des critbres ddfinitoires largement marqu&es par la tradition occidentale et que la tradition occidentale cherche pr&cisment remettre en question d~sormais. C'est ce que s'emploie A faire pour partie Jacques Scheuer : si l'on entend la religion dans son acception a traditionnelle a (mais qui, d~sormais, use sans les interroger de tels critires tradition- nels ?), le bouddhisme n'est pas une religion (ni un humanisme, ni une < anthropologie >). Aussi propose-t-il de comprendre la religion comme < itineraire >, ce qui permet au boud- dhisme d'en &tre une. Mais que signifie pr&ci- s~ment ce concept ? De quoi relive-t-il ? On h~site, A lire J. Scheuer, I faire de cette notion un concept relevant d'une phdnom6nologie du religieux, un concept thiologique ou mime, g lire la fin de l'article, la simple formulation d'un vceu (pieux!) concernant le dialogue n&cessaire entre les croyants de diff~rentes traditions.

Si l'on renonce donc A chercher une avan-

c& dans le traitement de la question initiale et que l'on prend alors chaque communication pour elle-mime, on retiendra, en dehors du traitement mime de la question initiale, quelques contributions int&ressantes. On trou- vera ainsi dans le texte de Jean Greisch une nouvelle esquisse de ce paradigme herm~neu- tique en philosophie de la religion qu'il s'em- ploie depuis longtemps B d&terminer, cette fois mis a contribution pour penser les concepts de violence et de tolerance. Question &videmment consid rable pour penser la religion en moder- nite, aussi bien dans son rapport a la vie sociale que dans le dialogue des religions entre elles. Dans le droit fil de la pens&e de P. Ricoeur, ili a ainsi le m~rite de distinguer clairement diff&- rentes strates de sens du concept de tolerance et de nommer les probldmatiques, parfois fort anciennes, qui leur sont li&es. Chacune d'elles en effet sont < constitu6(e)s par des signifiants

aussi incommensurables que "vdrit&", "libertY", "justice", "solidarite" et "bienveillance", (p. 30). Clarifier ces distinctions permet alors d'6valuer respectivement ces principes de tol&- rance qui ont pour dessein d'6viter au principe d'absoluit6 que revendiquent par essence la religion, ou plut6t les religions, de digindrer en violence illgitime et, g l'autre extrrme, de

s'emp~trer dans un relativisme moralement disastreux. Mais dissocier vdrite et justice n'est peut-&tre pas d'ailleurs le dernier mot d'un concept acceptable de tolkrance; ainsi, reprenant Ricoeur, &voque-t-il un seuil suppl&- mentaire, consistant < A accepter de suspendre le jugement d'approbation et de d~sappro- bation, pour admettre l'hypoth~se d'apris laquelle les raisons de vivre d'autrui peuvent refl&ter un rapport au bien que la finitude de toute comprehension humaine (...) m'emp&che de discerner. > (p. 34) La frontibre reste t~nue, cependant, entre une telle hypoth&se et le rela- tivisme d~vastateur ddnonc6 plus haut et qui constitue l'adversaire av&r6 contre lequel lutte le propos de J. Greisch.

Dans une tout autre perspective, on rel- vera aussi la contribution de R. Azria, a cheval entre histoire de la thdologie et sociologie de la connaissance. Son propos tris synth~tique consiste A marquer pr6cis~ment les moments constitutifs de la thbologie juive comme thio- logie contrainte >. La question initiale est ainsi retournbe, quand il s'agit plutrt de comprendre sous quelles conditions (et dans quelles circonstances) le judaisme se pense et s'est pens6 comme religion. Or l'61aboration de cette auto-comprehension dans la thdologie ne se fait pas de fagon autonome: elle a lieu dans un contexte socio-historique qui dicte la perspective dans laquelle elle d&termine ses concepts. R. Azria distingue ainsi trois moments: celui d'une th~ologie captive de l'altiritd, celui d'une th~ologie captive de I'mancipation et celui d'une thdologie sou- mise au risque d'une nouvelle captivitY, celle de l'identit6 (p. 96-97). Dans le premier moment la theologie juive repond, historique- ment contrainte, A la sommation de < justifier la persistance de l'existence juive a (p. 97). Le second correspond au moment oi la theo- logie juive s'Cmancipe du joug de l'iglise >,

mais elle devient < marginale dans l'existence des juifs >. Ii est surtout marqu6 par le d~fi theologique difficilement articulable que pro- voque la Shoah et qui bouleverse 6galement le rapport de la thiologie chr&tienne au judai'sme. Le troisiime moment est pour R. Azria le lieu

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d'une inqui&tude, celle de voir, en quelque sorte, la th~ologie juive de nouveau prisonniare de l'histoire, cette fois par la creation de l'ttat d'Israiel. Nouveau defi, A vrai dire, car il oblige & a reconnaitre, dans des situations donnies et en se refdrant a des pr&cidents issus de la tradition, le lieu precis et I'instant fugace oii l'lection dont les juifs se revendiquent (...) et la justice s'unissent... > (p. 112).

Enfin la contribution de Bernard Hort nous fait authentiquement pn&trer dans la difficultd qui occupe les sciences du religieux, la philosophie et la th~ologie, pr&cisment la question de l'essence de la religion. C'est par le biais d'une interrogation portant sur l'oppo- sition traditionnelle, dans la thbologie moderne, entre foi et religion qu'il cherche a mettre en evidence comment le discours thiologique a pu a< contribuer a installer un concept parti- culier et incritique de la religion > (p. 117). Bel exemple, et f&cond, d'autocritique de la theo- logie qui doit permettre de remettre en cause une forme de a paradigme tacite > (ibid.) issu de propositions proprement confessionnelles ou spirituelles > ou reconduit par elles, plus pr&cisment issu de la thbologie protestante, selon l'auteur, et dont la vocation implicite-

ment normative n'est pas le moindre danger. C'est done A une analyse synth&tique et rapide de l'histoire de la thiologie moderne que se livre B. Hort. Il expose l'opposition entre foi et religion particulibrement marqu&e dans la theologie dialectique d'un Karl Barth par exemple, qui selon l'auteur a appartient A une ipoque r&volue. > II pr6sente la mise en oeuvre d'un concept a faible > de religion, approche

, particularisante et disseminante > (p. 126) et

qui n'est pas elle-mime, dans ses excts, sans soulever de nombreux problkmes : il n'est pas stir d'ailleurs que ces approches contempo- raines, < anti-fondationalistes >, survalorisant a le vecu et l'histoire d'un groupe sur fond de communautarisme plus ou moins temp&r >>

(p. 127) ne relevent pas encore de cette histo- rique opposition entre foi et religion. La solu- tion de ces apories semble alors resider, selon l'auteur, dans l'dlaboration d'un concept qui permette de d6passer une telle opposition, celui de < sagesse > entre une religion qui parle trop et une foi (ou un religieux d'indivi- duation antitotalitaire) qui quelquefois parle trop peu a (p. 131) - concept n6anmoins plus programmatique que clairement d&ermin&.

Vincent Delecroix

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