2
QU’EST-CE QU’UNE MANGROVE ? 1 % du total des forêts tropicales : voilà ce que représentent les mangroves à l’échelle mondiale. Malgré cette faible superficie estimée actuellement entre 150 000 et 200 000 km², elles constituent un écosystème indispensable, fournissant un large éventail de biens et services essentiels à nos sociétés, allant de la stabilisation de la côte au stockage du carbone (voir Fiche 3). Avec les herbiers marins et les récifs coralliens, les mangroves forment un corridor biologique primordial au maintien de la biodiversité à la fois marine et côtière. 1 LA MANGROVE : UN PIED SUR TERRE, UN PIED EN MER La mangrove est une forêt tropicale surprenante située à l’interface terre-mer, prenant naissance sur les côtes baignées d’eaux chaudes (température supérieure à 20°C) et abritées de la houle, où se déposent et s’accumulent les sédiments sur lesquels elle se développe. De par cette situation particulière, les espèces végétales de cet écosystème ont développer des capacités d’adaptation à des contraintes environnementales extrêmes, peu propices à l’installation d’une végétation : des sols instables, saturés en eau et pauvres en Répartition mondiale des mangroves Source: UNEP WORLD Conservation Monitoring Center and International Society for mangrove ecosystems. 1 The world’s mangroves 1980-2005 - FAO Forestry Paper 153, 2007 2 Évaluation économique des zones humides - Guide à l’usage des décideurs et planificateurs,1997 oxygène, de fortes fluctuations de salinité et l’influence physique des marées. Peu de plantes et d’arbres peuvent survivre dans de telles conditions. C’est pourquoi la mangrove se caractérise par une faible diversité floristique. Seules quelques familles de plantes (Rhizophoraceae, Avicenniaceae et Combretaceae) ont su développer les adaptations physiologiques et structurelles nécessaires à leur survie dans de telles conditions. Le nombre exact d’espèces est encore en discussion et, selon les classifications, il oscille entre 50 et 70 1 . Parmi ces espèces, certaines sont qualifiées « d’exclusives », c’est à dire qu’on ne les rencontre que dans cet habitat. Quant aux « non-exclusives », elles peuvent évoluer dans d’autres milieux mais tiennent une place importante au sein des mangroves. Celles-ci font partie de ce qu’on appelle les zones humides, qui comptent parmi les écosystèmes les plus productifs de la planète 2 . Pôle-relais mangroves et zones humides d’Outre-mer – Novembre 2015

QU’EST-CE QU’UNE MANGROVE

  • Upload
    others

  • View
    25

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: QU’EST-CE QU’UNE MANGROVE

QU’EST-CE QU’UNE MANGROVE ?

1 % du total des forêts tropicales : voilà ce que représentent les mangroves à l’échelle mondiale. Malgré cette faible superficie estimée actuellement entre 150 000 et 200 000 km², elles constituent un écosystème indispensable, fournissant un large éventail de biens et services essentiels à nos sociétés, allant de la stabilisation de la côte au stockage du carbone (voir Fiche 3). Avec les herbiers marins et les récifs coralliens, les mangroves forment un corridor biologique primordial au maintien de la biodiversité à la fois marine et côtière.

1

LA MANGROVE : UN PIED SUR TERRE, UN PIED EN MER

La mangrove est une forêt tropicale surprenante située à l’interface terre-mer, prenant naissance sur les côtes baignées d’eaux chaudes (température supérieure à 20°C) et abritées de la houle, où se déposent et s’accumulent les sédiments sur lesquels elle se développe. De par cette situation particulière, les espèces végétales de cet écosystème ont dû développer des capacités d’adaptation à des contraintes environnementales extrêmes, peu propices à l’installation d’une végétation : des sols instables, saturés en eau et pauvres en

Répartition mondiale des mangrovesSource: UNEP WORLD Conservation Monitoring Center and International Society for mangrove ecosystems.

1The world’s mangroves 1980-2005 - FAO Forestry Paper 153, 2007 2 Évaluation économique des zones humides - Guide à l’usage des décideurs et planificateurs,1997

oxygène, de fortes fluctuations de salinité et l’influence physique des marées.Peu de plantes et d’arbres peuvent survivre dans de telles conditions. C’est pourquoi la mangrove se caractérise par une faible diversité floristique. Seules quelques familles de plantes (Rhizophoraceae, Avicenniaceae et Combretaceae) ont su développer les adaptations physiologiques et structurelles nécessaires à leur survie dans de telles conditions. Le nombre exact d’espèces est encore en discussion et, selon les classifications, il

oscille entre 50 et 701. Parmi ces espèces, certaines sont qualifiées « d’exclusives », c’est à dire qu’on ne les rencontre que dans cet habitat. Quant aux « non-exclusives », elles peuvent évoluer dans d’autres milieux mais tiennent une place importante au sein des mangroves. Celles-ci font partie de ce qu’on appelle les zones humides, qui comptent parmi les écosystèmes les plus productifs de la planète2.

Pôle-relais mangroves et zones humides d’Outre-mer – Novembre 2015

Page 2: QU’EST-CE QU’UNE MANGROVE

DÉFINITION DES ZONES HUMIDES D’APRÈS LA CONVENTION DE RAMSAR :

«Les zones humides sont des étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres».

LE PALÉTUVIER : UN AS DE LA SURVIE !Sol meuble, pauvre en oxygène, soumis à une forte salinité et aux variations du niveau de l’eau… Comment prendre racine et (sur)vivre dans un milieu aussi instable et hostile ? La mangrove y est pourtant parvenue. Cet écosystème est dominé par les palétuviers, arbres amphibies qui ont su faire preuve de grandes capacités d’adaptation en développant des tactiques de survie ingénieuses.- Un équilibre à toute épreuve : pour s’installer sur un sol vaseux instable et pauvre en oxygène, les palétuviers ont développé un système de racines aériennes (ou «racines-échasses» appelées «rhizophores») qui leur permettent de respirer et, tels de véritables pilotis, d’être stable sur la vase. Certaines espèces de palétuviers possèdent également des pneumatophores, organes respiratoires racinaires en forme d’excroissances facilitant les échanges gazeux (O2). Ces sortes de « tubas » permettent aux arbres de respirer même lorsqu’ils sont submergés par les marées.- Une forte résistance au sel : la survie des palétuviers dépend de leur capacité à éliminer le sel. Pour résister à cette salinité, une partie de ce sel est filtrée par les racines. Quant à l’excédent, il est rejeté par les feuilles au

travers de glandes à sel situées sur les feuilles.- Une viviparité végétale : afin que les graines ne tombent pas dans l’eau de mer, les palétuviers ont adopté un mode de germination original. On les qualifie de « vivipare », ce qui signifie que les graines germent et se développent dans le fruit alors que celui-ci est toujours accroché à la plante-mère. Lorsque la jeune pousse (plantule) atteint une vingtaine de centimètres, elle se détache et vient se planter directement dans la vase à marée basse ou alors elle est entraînée par flottaison à marée haute.

Quelques espèces de palétuviers sont structurantes des mangroves françaises :- les palétuviers rouges (Rhizophora mangle en Atlantique ou Rhizophora mucronata et Bruguera gymnorhiza en Indopacifique)- les palétuviers noirs (Avicennia

germinans en Atlantique ou Avicennia marina en Indopacifique)- les palétuviers blancs (Laguncularia racemosa en Atlantique ou Sonneratia alba en Indopacifique), - les palétuviers gris (Conocarpus erectus en Atalntique ou Lumnitzera racemosa en Indopacifique)La géomorphologie du littoral permet de distinguer plusieurs types de mangroves, comme par exemple les mangroves fluviales, deltaïques, lagunaires, de fond de baie, ou frangeantes…

Généralement distribués en bandes parallèles à la côte, les espèces de palétuviers ont des distributions variables entre leur limite marine et leur limite terrestre. Les principaux facteurs déterminant la répartition des différentes espèces au sein d’une mangrove sont la fréquence d’inondation et le gradient de salinité.