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Histoire de l'art 2009 PEREZ Stéphanie Archi 1 A Alejandro Aravena Principaux travaux et projets Quinta Monroy Type de bâtiment : résidentiel Adresse : Iquique (Chili) Année de construction : 2003/2004 Dimensions : 9 x 6 x 2,5 m ou 6 x 6 x 5 m (extensible) Surface : de 36 à 72 m² Fonction actuelle : maisons d'habitation Technique constructive : béton et briques Plan de Quinta Monroy (échelle 1 / 200 ) Alejandro Aravena, 35 ans, est diplômé de l’Université catholique de Santiago du Chili (1992). Il a ensuite suivi le célèbre cours d’Histoire et théorie de l’architecture de l’IUAV de Venise avant de repartir s’installer au Chili en 1994 où il crée sa propre agence. De nom- breux prix ont salué son œuvre d’architecte : bâtiments publics, universitaires, maisons privées aussi, qui sont l’atelier d’un créateur qui aime la matière et la géométrie. Il a enseigné à Harvard, Barcelone et aujourd’hui dans son Université. Il a rejoint l’association Elemental en 2000 et en est devenu directeur en 2006, une structure originale créée pour stimuler la construction sociale. "Hacer mas con lo mismo" : "Faire plus avec la même chose" Elemental est un "Do Tank" (un groupe où l'on agit, par opposition à un "think tank", où l'on réfléchit), affilié à l'Université de Santiago, dont le but est la conception et la mise en œuvre de projets urbains d'intérêt social. C'est dans ce cadre que se posera la ques- tion de la durabilité de leur architecture. Pour Marie-Hélène Contal, directrice adjointe de l'Institut Français d'Architecture, "Alejandro Aravena interprète l'impératif de durabilité dans cette perspective sud-américaine de renouvellement urbain rapide." Et de citer l'architecte chilien "si l'architecture du loge- ment ne peut plus se contenter d'être une commande sociale et doit devenir durable, c'est par sa propre réversibilité, sa capacité de revenir à un état minimum antérieur, à partir duquel on pourra transformer, reconstruire.". 199 4 Bibliothèque de l'École d'Architecture de l'Université Catholi- que (Chili) en collaboration avec Jorge Nordenflycht 2003/200 4 • Habitations ELEMENTAL Quinta Monroy, Iquique (Chili) en collaboration avec Alphonse Montero, Tomás Cortese, Andrés Iacobelli... 200 4 • Maison Combeau Pirehueico, Iquique (Chili) en collaboration avec Jorge Christie et Victor Oddó 2006/200 9 • Centre informatique Torres Siamesas, Santiago (Chili) en collaboration avec Carles Murray, Alfonso Montero, Ricardo Torrejón Niveau 1 Niveau 3 Niveau 2 En fait, j’ai choisi ce projet parce qu’il contraste totalement avec celui de Werner SOBEK. En effet, Quinta Monroy n’est pas un concept esthétique ou à la pointe de la technologie ; cependant, ce projet permet des variations sur une même base et la possibilité d’agrandir les espaces de vie, bien que situé en centre-ville. Pour moi, Quinta Monroy est avant tout un projet humain, car par cette réalisation, Alejandro ARAVENA s’est fixé un objectif "aider des personnes démunies, et de surcroît, en situation illégale". En effet, à travers ce projet réaliste et fonctionnel, il a voulu : - dans un premier temps, reloger de nombreuses familles afin d’améliorer leurs conditions de vie, - dans un deuxième temps, leur permettre, en fonction de leurs revenus, d’aménager et d’agrandir leur appartement grâce à cette remarquable idée d’"auto-construction". Les responsables du programme du Chile-Barrio, financé par le gouvernement chilien, ont contacté Elemental en 2003, afin de reloger 100 familles qui occupaient illégalement un terrain de 5000 m², appelé la Quinta Monroy, situé au centre d’Iquique, une ville du désert. Elemental a donc mis au point un dispositif de construction ouverte. Les occupants de la Quinta Monroy ont demandé une répartition autour de quatre places regroupant environ 20 familles cha- cune, avec accès contrôlé. En dessin, ce collectif en bande avait une étrange silhouette crénelée : une série de L en béton, accolés, contenant sur deux étages la cellule déjà financée. Travaillant sur des parcelles de 9 x 9 m, les architectes ont d’abord construit une première unité de logement au sol , de 9 x 6 x 2,5 m, contenant un espace de type loft, une cuisine et une salle de bains. Au-dessus, ils ont mis en place une dalle de béton, puis un appartement en duplex de 6 x 6 x 5 m contenant également un espace de type loft double hauteur, une cuisine et une salle de bains. L’une des faça- des de chaque duplex est en tôle ondulée, un « mur léger qui non seulement peut être supprimé si l’on veut agrandir, mais qui sert éga- lement de matériau de toiture pour l’espace vide entre les apparte- ments. Il appartiendrait ensuite aux habitants de construire eux-mê- mes de nouvelles pièces, dans le vide du L, au fur et à mesure de leurs moyens. Les vides sont aujourd’hui comblés : l’architecture origi- nelle, rigoureuse et belle, a produit un quartier, activé le développe- ment et évoluera encore. La première priorité était de maintenir ces familles sur place, mais aussi d’améliorer leurs conditions de vie dans le cadre d’un budget limité. La décision était liée à l’implantation de ces résidents dans le quartier pour leur permettre de trouver plus aisément du travail et de bénéficier de services sociaux. Le principe de la solution proposée par Elemental fut de construire sur chaque parcelle une maison surmontée d’un appartement en duplex, ce qui permettait à deux familles d’occuper le même terrain. Les architectes expliquent : "En terme d’échelle urbaine, nous avons identifié comme enjeu essentiel pour le démarrage économique d’une famille pauvre, l’offre d’un espace physique suffisant pour le développement d’une structure familiale élargie". Le débat mondial sur le développement durable prend évidemment ses propres contours au Sud. La conscience de l’urgence sociale du logement y conserve une intensité qui s’est affaiblie en Occident ; le débat sur la ville future, quant à lui, augmente de plusieurs magnitu- des sur le continent des mégalopoles. L’expérience d’Elemental livre des enseignements qui conjuguent le rappel historique et des visions radicales du futur urbain. Le rappel à l’éthique préalable, c’est que "penser et construire de meilleurs quartiers est indispensable si l’on veut que le développement casse le cercle vicieux de l’inégalité". La formule, dense, est aussi prospective : le décrochage que repère ici Aravena entre développement et réduction des inégalités est un phénomène propre au XXIe siècle, que les acteurs des pays émergents ont semble-t-il déjà mieux acté qu’en Occident. Pour Aravena, la recherche d’un habitat "facteur de progrès" devient d’autant plus stratégique, et doit se mener dans les conditions ordinaires du marché et des budgets publics. Elemental recher- che le "mas con lo mismo" faire mieux avec le même. Un même qui restera, dans un Chili en explo- sion urbaine, le béton et la brique. Aravena interprète l’impératif de durabilité dans cette perspective sud-américaine de renouvelle- ment urbain rapide : si "l’architecture du logement ne peut plus se contenter d’être une commande sociale et doit devenir durable, c’est par sa propre réversibilité, sa capacité de revenir à un état mini- mum antérieur, à partir duquel on pourra transformer, reconstruire".

Quinta Monroyy Histoire de l'art · appelé la Quinta Monroy, situé au centre d’Iquique, une ville du désert. Elemental a donc mis au point un dispositif de construction ouverte

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Page 1: Quinta Monroyy Histoire de l'art · appelé la Quinta Monroy, situé au centre d’Iquique, une ville du désert. Elemental a donc mis au point un dispositif de construction ouverte

Histoire de l'art2009

PEREZStéphanie

Archi 1 A

Alejandro Aravena

Principaux travaux et projets

Quinta MonroyyType de bâtiment : résidentiel

Adresse : Iquique (Chili)

Année de construction : 2003/2004

Dimensions : 9 x 6 x 2,5 m

ou 6 x 6 x 5 m (extensible)

Surface : de 36 à 72 m²

Fonction actuelle : maisons d'habitation

Technique constructive : béton et briques

Plan de Quinta Monroy (échelle 1/200)

Alejandro Aravena, 35 ans, est diplômé de l’Université catholique de Santiago du Chili (1992). Il a ensuite suivi le célèbre cours d’Histoire et théorie de l’architecture de l’IUAV de Venise avant de repartir s’installer au Chili en 1994 où il crée sa propre agence. De nom-breux prix ont salué son œuvre d’architecte : bâtiments publics, universitaires, maisons privées aussi, qui sont l’atelier d’un créateur qui aime la matière et la géométrie. Il a enseigné à Harvard, Barcelone et aujourd’hui dans son Université. Il a rejoint l’association Elemental en 2000 et en est devenu directeur en 2006, une structure originale créée pour stimuler la construction sociale.

"Hacer mas con lo mismo" : "Faire plus avec la

même chose"

Elemental est un "Do Tank" (un groupe où l'on agit, par opposition à un "think tank", où l'on réfléchit), affilié à l'Université de Santiago, dont le but est la conception et la mise en œuvre de projets urbains d'intérêt social. C'est dans ce cadre que se posera la ques-

tion de la durabilité de leur architecture. Pour Marie-Hélène Contal, directrice adjointe de l'Institut Français d'Architecture, "Alejandro Aravena interprète l'impératif de durabilité dans cette perspective sud-américaine de renouvellement urbain rapide." Et de citer l'architecte chilien "si l'architecture du loge-ment ne peut plus se contenter d'être une commande sociale et doit devenir durable, c'est par sa propre réversibilité, sa capacité de revenir à un état minimum antérieur, à partir duquel on pourra transformer, reconstruire.".

1994 • Bibliothèque de l'École d'Architecture de l'Université Catholi-que (Chili)en collaboration avec Jorge Nordenflycht

2003/2004 • Habitations ELEMENTAL Quinta Monroy, Iquique (Chili)en collaboration avec Alphonse Montero, Tomás Cortese, Andrés Iacobelli...

2004 • Maison Combeau Pirehueico, Iquique (Chili)en collaboration avec Jorge Christie et Victor Oddó

2006/2009 • Centre informatique Torres Siamesas, Santiago (Chili)en collaboration avec Carles Murray, Alfonso Montero, Ricardo Torrejón

Niveau 1

Niveau 3

Niveau 2

En fait, j’ai choisi ce projet parce qu’il contraste totalement avec celui de Werner SOBEK. En effet, Quinta Monroy n’est pas un concept esthétique ou à la pointe de la technologie ; cependant, ce projet permet des variations sur une même base et la possibilité d’agrandir les espaces de vie, bien que situé en centre-ville.Pour moi, Quinta Monroy est avant tout un projet humain, car par cette réalisation, Alejandro ARAVENA s’est fixé un objectif "aider des personnes démunies, et de surcroît, en situation illégale".En effet, à travers ce projet réaliste et fonctionnel, il a voulu :

- dans un premier temps, reloger de nombreuses familles afin d’améliorer leurs conditions de vie, - dans un deuxième temps, leur permettre, en fonction de leurs revenus, d’aménager et d’agrandir leur appartement grâce à cette remarquable idée d’"auto-construction".

Les responsables du programme du Chile-Barrio, financé par le gouvernement chilien, ont contacté Elemental en 2003, afin de reloger 100 familles qui occupaient illégalement un terrain de 5000 m², appelé la Quinta Monroy, situé au centre d’Iquique, une ville du désert.Elemental a donc mis au point un dispositif de construction ouverte. Les occupants de la Quinta Monroy ont demandé une répartition autour de quatre places regroupant environ 20 familles cha-cune, avec accès contrôlé. En dessin, ce collectif en bande avait une étrange silhouette crénelée : une série de L en béton, accolés, contenant sur deux étages la cellule déjà financée. Travaillant sur des parcelles de 9 x 9 m, les architectes ont d’abord construit une première unité de logement au sol , de 9 x 6 x 2,5 m, contenant un espace de type loft, une cuisine et une salle de bains. Au-dessus, ils ont mis en place une dalle de béton, puis un appartement en duplex de 6 x 6 x 5 m contenant également un espace de type loft double hauteur, une cuisine et une salle de bains. L’une des faça-

des de chaque duplex est en tôle ondulée, un « mur léger qui non seulement peut être supprimé si l’on veut agrandir, mais qui sert éga-lement de matériau de toiture pour l’espace vide entre les apparte-ments. Il appartiendrait ensuite aux habitants de construire eux-mê-mes de nouvelles pièces, dans le vide du L, au fur et à mesure de leurs moyens. Les vides sont aujourd’hui comblés : l’architecture origi-nelle, rigoureuse et belle, a produit un quartier, activé le développe-ment et évoluera encore.

La première priorité était de maintenir ces familles sur place, mais aussi d’améliorer leurs conditions de vie dans le cadre d’un budget limité. La décision était liée à l’implantation de ces résidents dans le quartier pour leur permettre de trouver plus aisément du travail et de bénéficier de services sociaux. Le principe de la solution proposée par Elemental fut de construire sur chaque parcelle une maison surmontée d’un appartement en duplex, ce qui permettait à deux familles d’occuper le même terrain. Les architectes expliquent : "En terme d’échelle urbaine, nous avons identifié comme enjeu essentiel pour le démarrage économique d’une famille pauvre, l’offre d’un espace physique suffisant pour le développement d’une structure familiale élargie".

Le débat mondial sur le développement durable prend évidemment ses propres contours au Sud. La conscience de l’urgence sociale du logement y conserve une intensité qui s’est affaiblie en Occident ; le débat sur la ville future, quant à lui, augmente de plusieurs magnitu-des sur le continent des mégalopoles. L’expérience d’Elemental livre des enseignements qui conjuguent le rappel historique et des visions radicales du futur urbain.Le rappel à l’éthique préalable, c’est que "penser et construire de

meilleurs quartiers est indispensable si l’on veut que le développement casse le cercle vicieux de l’inégalité". La formule, dense, est aussi prospective : le décrochage que repère ici Aravena entre développement et réduction des inégalités est un phénomène propre au XXIe siècle, que les acteurs des pays émergents ont semble-t-il déjà mieux acté qu’en Occident.Pour Aravena, la recherche d’un habitat "facteur de progrès" devient d’autant plus stratégique, et doit se mener dans les conditions ordinaires du marché et des budgets publics. Elemental recher-che le "mas con lo mismo" faire mieux avec le même. Un même qui restera, dans un Chili en explo-sion urbaine, le béton et la brique.Aravena interprète l’impératif de durabilité dans cette perspective sud-américaine de renouvelle-ment urbain rapide : si "l’architecture du logement ne peut plus se contenter d’être une commande sociale et doit devenir durable, c’est par sa propre réversibilité, sa capacité de revenir à un état mini-mum antérieur, à partir duquel on pourra transformer, reconstruire".

Page 2: Quinta Monroyy Histoire de l'art · appelé la Quinta Monroy, situé au centre d’Iquique, une ville du désert. Elemental a donc mis au point un dispositif de construction ouverte

L’exposition « Habiter écologique » se

déploie sur près de 1000 m2 dans la

galerie haute des expositions temporai-

res de la Cité de l’architecture. L’objectif

de ce salon est de faire découvrir à tous,

les architectures possibles pour construire

la ville durable de demain.

Selon Jean-Louis Borloo, ministre de

l’écologie, 80% des citoyens de notre

planète vivent en zone urbaine. A l’heure

du développement durable, il est plus

que temps de réconcilier urbanisme et

écologie. Le salon « Habiter écologique »

fait le point sur les différentes voies

qu’emprunte l’architecture moderne

et durable à travers le monde.

Le début de l’exposition "Habiter écologi-

que" embrasse les multiples facettes de

la démarche environnementale afin de

permettre aux visiteurs de l’appréhender

dans sa diversité, dans sa complexité et

dans sa richesse. Un tableau synthétique

qui met en perspective événements,

ouvrages et réalisations, rappelle les

réflexions sur l’écologie qui ont marqué le

XXe siècle. Un planisphère situe les catas-

trophes liées aux changements climati-

ques et dresse un état des lieux de la

population, de l’urbanisation et de

l’impact humain sur la planète.

Puis, de Frank Lloyd Wright à Alejandro

Aravena et Werner Sobek, une vingtaine

de projets offrent un vaste panorama de

tous les types d’architecture et tous les

matériaux de construction. Ces réalisa-

tions prouvent que la prise en compte de

critères écologiques n’exclut en rien la

créativité et qu’elle n’impose pas de

modèle architectural. L’ambition de ce

salon est de prouver à tous que conju-

guer écologie et architecture est possible

mais surtout essentielle à l’heure actuelle.

L’exposition présente également les résul-

tats des actions prospectives lancées par

la Cité de l’architecture : l’appel à idées

pour un habitat urbain dense et flexible à

l’échelle humaine. Ce concours a été

lancé auprès de huit équipes

d’architectes européens et d’étudiants

en architecture sur les nouveaux modes

d’habitat. Les logements devaient pou-

voir s’adapter aux transformations de la

cellule familiale et respecter des critères

environnementaux (gestion de l’eau, des

énergies, des matières premières, du sol)

dans le milieu urbain parisien.

Enfin, pour encourager le passage à

l’acte, l’exposition se termine sur quel-

ques-uns des nombreux projets français

d’habitat écologique en cours

d’élaboration ou de chantier. Nous avons

donc eu tout l’espace et le luxe

d’admirer et comprendre les différentes

façons de construire de manière dura-

ble.

Werner SobekWerner Sobek est né en 1953 à Aalen, dans le Württemberg (Allemagne). De 1974 à 1980, il suit des cours d’ingénierie structurelle et d’architecture à l’université de Stuttgart, où il devient assistant de recherche de 1980 à 1986, tout en travaillant pour le cabinet de Skidmore, Owings et Merill à Chicago. Sobek soutient son doctorat à Stuttgart en 1987, puis travaille pour la fameuse société d’ingénierie Schlaich, Bergermann und Partner, toujours à Stuttgart. Il devient professeur à l’université de Hanorve en 1991 et fonde sa propre société d’ingénierie l’année suivante. Il accepte ensuite un poste d’enseignant à l’université de Stuttgart en 1995. Suivant les traces de Frei Otto, pionnier des techniques de construction légère, il devient directeur de l’Institut de struc-tures légères et du Laboratoire central d’ingénierie structurelle. En 2000, il succède à Jörg Schlaich à la présidence de l’Institut de conception et de construction. Son projet de réunion de ces deux institutions renommées a conduit à la création de l’Institut de structures légères et de construction (ILEK), qui contribue à consolider la longue tradition de recherche dans le domaine de l’ingénierie structurelle à l’université de Stuttgart. Se forgeant rapide-

ment un style propre, il concentre ses recher-ches sur l’application du savoir-faire et des réalisations provenant de domaines high-tech tels que le voyage spatial, l’aviation, la construction automobile et la production textile .La société d’ingénierie Werner Sobek Inge-nieure (WSI), basée à Stuttgart et à Francfort, est forte de 90 employés et opère dans le monde entier. Elle travaille si souvent avec le cabinet d’architectes Murphy & Jahn, basé à Chicago, que Werner Sobek et Helmut Jahn ont inventés le terme « archigénierie » pour qualifier leur collaboration.

Principaux travaux et projets

Maison R 128

Type de bâtiment : résidentiel

Adresse : Stuttgart, Allemagne

Année de construction : 2000

Dimensions : 9 x 8 x 11,2 m

Surface 288 m2

Maître d'ouvrage : Ursula et Werner Sobek

Fonction actuelle : maison familiale des Sobek

Technique constructive : squelette en acier enveloppé d'un triple vitrage

obek

Niveau 0 Niveau 1

Niveau 2 Niveau 3

Plan de la maison R 128 (échelle 1/200)

Werner Sobek a fait construire pour sa famille un donjon de verre et d’acier accroché à une pente escarpée au cœur de Stuttgart : la maison R 128. Quatre niveaux de 2,8 m sous plafond s’empilent les uns sur les autres. Le squelette est maintenu par des tirants croisés tendus dans les plafonds et sur trois façades. L’enveloppe est faite de vitres de la hauteur d’un étage, accrochées une à une à des barres d’acier inoxydable de 8 mm de section et montées à la verticale entre les vitres, le tout soudé avec de la colle silicone et des bandes d’étanchéité amovibles. Le toit est équipé de 48 cellules solaires qui fournissent une puissance de 6,72 kW par bon ensoleillement. Portes et fenêtres, vitrées du sol au plafond, s’ouvrent et se ferment à l’aide de moteurs électriques à commande vocale. Les conduites d’eau, les antennes, l’alimentation électrique, le câble et les lignes téléphoniques sont regroupés dans une colonne technique qui monte la pente depuis le rez-de-chaussée jusqu’au raccordement au réseau public. Les conduites alimentant les différents niveaux sont situées dans une réserve logée dans les plafonds, au droit des façades. Poignées de portes et interrupteurs ont disparu ; ces fonctions sont assurées par des détecteurs de mouvement, des appareils à reconnais-

sance vocale ou des écrans tactiles. L’air est chauffé ou refroidi par des panneaux à circulation d’eau installés dans les plafonds, le circuit étant alimenté par un cumulus bien isolé situé au centre de la maison. Des commandes électroniques gèrent la totalité de l’approvisionnement énergétique.

La maison R 128 ouvre sur un panorama exceptionnel. Sa coque de verre intègre le paysage extérieur à l’espace fluide de la construction, mais aussi le décor urbain vu de la maison, qui domine la vallée de Stuttgart. Sa position à flanc de colline assure également l’absence de bâtiments adjacents, la mettant ainsi à l’abri des regards indis-crets. L’entrée se fait par le dernier étage, auquel on accède par une passerelle qui arrive par le côté et dépasse de la façade. Mais la maison pâtit de son accès difficile. La cuisine et la salle à manger sont situées à ce niveau. Un escalier central mène aux niveaux inférieurs, d’abord celui de la salle de séjour, puis celui des cham-bres, où même la baignoire mobile est visible à tous les regards. Aux rez-de-chaussée se trouvent la chambre d’enfants et la citerne d’eau. Trois ouvertures sont ménagées dans la structure en acier : deux dans le dernier étage, la troisième dans le niveau inférieur.

De nombreuses constructions en verre ont été réalisées avant la maison R 128. Le Crystal Palace de Joseph Paxton (1851, Londres, Royaume-Uni), qui fut une réalisation majeure dans l’histoire de l’architecture moderne, le célèbre pavillon de verre de Bruno Taut (1914, Cologne, Allemagne), quelques années plus tard, Ludwig Mies Van der Rohe érigea des gratte-ciel en verre à Berlin, la maison Tugendhat (1930, Brünn, Allemagne) et la maison Farnsworth de Plano dans l’Illinois. Cette dernière, cependant, malgré sa virtuosité esthéti-que, démontra combien l’idée était difficile à mettre en pratique, la

coque transparente ne parvenant pas à réguler les changements de température et faisant de la maison Farnsworth une étuve en été et un congélateur en hiver.Peut-être fut-ce cette relation problématique entre fascination esthétique et difficultés techniques ou fonctionnelles qui poussa Werner Sobek à concevoir une maison de verre dernier cri. Il insista sur le fait que le concept esthétique, qui prime sur le concept technique, a pour but de créer "une fluidité et une transparence spatiales qui se développent aussi dans la verticalité". Finalement, le concept de la maison R 128 combine trois éléments : l’usage de technologies et d’équipement de construc-tion de pointe, l’importance donnée à l’aspect écologique et un sens extraordinaire le l’espace architectural. Tous ces facteurs rendent cette demeure bien plus habitable que certaines maisons de verre légendaire.

A première vue, la maison R 128 m’a stupéfaite par son originalité, sa transparence et sa luminosité. Puis, elle m’a consternée par le manque d’intimité. Et enfin, elle m’a séduite par sa situation à flanc de colline si bien pensée par Werner SOBEK, qui la met à l’abri des regards indis-crets.Le paysage qui change au fil des saisons tient lieu de décoration et fait alors partie intégrante de la maison, pendant que la lumière passe à sa guise à n'importe quelle heure de la journée à travers les différents niveaux, ce qui doit donner l’impression d’être à l’extérieur tout en étant à l’intérieur. Je me suis imaginée installée confortablement dans cette maison, et j’ai éprouvé une sensation indescriptible de plénitude et de sérénité.Werner SOBEK a su réaliser une maison écologique tout en la rendant esthétiquement séduisante et en harmonie avec son cadre, dans un esprit novateur et futuriste.

1991/1993 • Ecole nationale d’art décoratif, Limoges (France),en collaboration avec LAB.F.AC.

1992/1997 • Stade Rothenbaum, Hambourg (Allemagne),en collaboration avec Schweger + Partner

1995/2000 • Centre Sony, Berlin (Allemagne),en collaboration avec Murphy & Jahn

1995/2004 • Aéroport international, Bangkok (Thaïlande),en collaboration avec Murphy & Jahn

1996/2000 • I nterbank, Lima (Pérou),en collaboration avec Hans Hollein

2001 • Immeuble de bureaux Neues Kranzler-Eck, Berlin (Allemagne),en collaboration avec Murphy & Jahn

• Gratte-ciel Deutsche Post, Bonn (Allemagne),

en collaboration avec Murphy & Jahn