Réalisation d’une barre franche en bois laminé Par Jean Létourneau et Élie Haccoun

Voici un petit tutoriel vous indiquant la marche à suivre.

Ma barre n’est pas très grosse, j’ai un voilier de 22 pieds, mais le principe est le même

pour la réalisation d’une plus grosse unité.

Je tiens à remercier mon « coach », Élie (comme dans Encyclop’Élie), pour ses bons conseils sur l’époxy et la

technique de pliage et son coup de main très apprécié.

Primo : Plier une pièce de bois massif avec des courbes prononcées, est très difficile, voire impossible. Mais,

plier de petites pièces les unes sur les autres est relativement aisé.

Dans mon projet, j’ai utilisé six languettes de bois d’environ un quart de pouce d’épaisseur.

Les deux couches du dessus sont en sapelli, une variété d’acajou africain, un bois assez raide. (Je ne le

recommande pas particulièrement pour cette utilisation, mais toutes les boiseries sur mon bateau sont de cette

essence, alors pour préserver l’ensemble…)

Les troisième et quatrième couches sont en frêne, bois clair, très facile à plier.

Les cinquième et sixième couches sont en sapelli.

Je n’ai pas illustré le débitage des lattes, mais j’ai utilisé une scie à ruban et un guide pour refendre les lattes à

une épaisseur de plus d’un quart par un pouce et de trois-quarts de large. Longueur totale : 44 pouces.

J’ai ensuite plané les lattes avec une raboteuse jusqu'à l’épaisseur voulue.

Secundo : déterminer la forme. J’ai utilisé une base de contreplaqué (qui va devenir le moule) et une fine latte

de bois, et des petits clous. Une fois la forme définie, il suffit de tracer la ligne, d’enlever les clous…

… et de découper la forme à l’aide d’une scie sauteuse ou d’une scie à ruban.

La forme de gauche servira à faire le moule, dans la partie droite, j’ai découpé un prototype destiné à visualiser

le modèle.

… directement sur le safran.

Confection du moule : j’ai utilisé ce que j’avais sous la main… une latte de parquet, mais une languette de

contreplaqué ferait très bien l’affaire. Il suffit de lui donner la bonne courbure en la vissant au moule.

Petit test de courbure sur le moule : la courbe est très forte à cet endroit. J’ai essayé plusieurs sortes de serre-

joints, mais le serre-joint à tuyau est vraiment le plus puissant.

All set, voici les ingrédients indispensables :

Époxy West 105, durcisseur et silicate colloïdal 406 pour épaissir la sauce.

Le tout équipé des pompes géniales (malgré leur fragilité… Ne pompez pas trop fort!)

Voici Élie au volant de son pinceau, appliquant religieusement la divine résine de part et d’autre de chacune

des lattes et les empilant les unes sur les autres. Son arrière-grand-père n’était nul autre que le grand

Schtroumpf… voyez les mains !

Il est essentiel de porter des gants. Se beurrer avec cette résine est absolument dégueulasse. Il faut se nettoyer à

l’acétone qui est hautement toxique comme produit.

Pas de paradoxe temporel… on reste toujours collé à cette époque-ci ;-)

À titre indicatif, ma petite barre a nécessité 5 coups de pompe.

O.K., tout est bien enduit, on dépose cette masse dégoulinante de résine sur le moule préalablement recouvert

d’un papier ciré… devinez pourquoi ?

Vous voulez une barre… pas une barre dans son moule non ?

Serrage… facile, chaque latte glisse l’une sur l’autre, la résine suinte par les côtés

…tout est presque parfait.

J’ai dû rajouter un contre-moule suite au test, car la courbe prononcée déformait le premier moule.

Pour le reste du serrage, des serre-joints ordinaires ont très bien fait le boulot.

Le mossieu était content !!!

Bon, je n’ai pas de photo du démoulage, mais tout s’est bien déroulé. Le papier ciré a empêché l’époxy de

coller sur le moule et j’ai enlevé l’excédent au ciseau à bois et au banc de scie

On a maintenant une barre de 2 po de large bien courbée, mais il faut affiner la forme.

J’ai tracé deux lignes (1/4 de pouce de chaque coté) partant de la poignée vers le plus haut de la courbe pour

amincir la forme. Attention, je travaille sans filet, sans guide, à l’œil.

Mais les petits défauts sont corrigés sur la table de sablage.

Maintenant le « boutte sexy » : arrondir les coins.

J’ai utilisé la toupie sur table pour la rapidité, mais la sableuse aurait pu faire le boulot ou

même une simple vastringue.

Attention avec la toupie, les trois premiers côtés, facile… Mais pour le dernier, tout est rond, donc instable.

Prenez votre bière après cette opération.

La toupie, c’est l’outil qui me fait le plus peur dans l’atelier : 35 000 tours/minute, des réactions imprévisibles

et instantanées… prudence !

Ensuite sablage manuel… puis scellant.

J’ai mis deux couches de « Sealcoat », un scellant à base de gomme laque.

Un produit miracle et vieux comme le monde : de la gomme laque diluée dans l’alcool.

Ça fait magnifiquement ressortir le veinage du bois, redresse le grain pour un sablage avant vernis.

Le vernis final se fera au Cétol TGL, un vernis pour portes et fenêtres que j’ai testé pour un usage marin. Ça

tient bien et c’est moins horrible que le Cétol marin, presque jaune-orange.