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Note rapide C aractérisé par une concentration capita- listique et spatiale et par le recul du com- merce indépendant, le modèle économique sur lequel s’est organisée la distribution depuis les années 1960 est en train d’évoluer. Depuis le début des années 2000, le commerce vit une nouvelle révolution. La grande distribution est passée d’un « régime de croissance extensif », dans lequel de grandes quantités de produits étaient ven- dues à des prix bas, à un « com- merce de précision » devant répondre au plus près à la demande de chaque individu, consommateur et citoyen [MOATI, 2011]. Un faisceau de causes explique cette évolution, parmi lesquelles la stagnation de la consommation des ménages, les modifications dans les manières de consommer et la dématérialisation croissante des achats de produits et de services occupent une place majeure. Stagnation de la consom- mation, transformation des modes de consommer Après une progression très forte entre 1980 et 2005, le rythme de croissance de la consommation s’est ralenti sous l’effet conjugué du ralentissement démogra- phique et surtout de la baisse du pouvoir d’achat depuis 2008, crise économique oblige, l’évo- lution du PIB étant proche de zéro. Le développement d’une « alter-consommation » (1) [O. DAU- VERS, 2012] joue dans le même sens, bien qu’encore modeste- ment sur le niveau de la consom- mation. Compte tenu de ces élé- ments de contexte, les prévision- nistes s’accordent pour dire que la tendance macro-économique sur le long terme devrait corres- pondre, au mieux, à un maintien du niveau de consommation actuel. Dans le même temps, on consta- te un changement profond des modes de consommation. Le client veut consommer différem- ment, mieux, durable et « malin ». Sur le long terme, le volume des dépenses des ménages a beau- coup augmenté (triplement en 50 ans), mais leur structure a pro- fondément évolué [CONSALES, FESSEAU, PASSEREAU, 2009]. Cela s’est traduit par une baisse de la part des dépenses dans l’alimen- tation et l’habillement, et une hausse des dépenses consacrées au logement (premier poste de dépenses), aux déplacements et aux loisirs. Dans ce secteur, les achats dédiés à la communica- tion ont été multipliés par cinq et représentent aujourd’hui près de 6 % du budget des ménages. Avec la crise, les arbitrages du consommateur se font plus nom- breux, des coupes interviennent, y compris sur des consomma- tions que l’on pensait incompres- sibles comme l’alimentaire, opposant de plus en plus distinc- tement l’achat plaisir aux achats indispensables, pour lesquels le prix est déterminant. Une étude qualitative sur la France réalisée Surproduction de surfaces commerciales, vers une bulle immobilière ? @ PCA-Philippe Chiambaretta/PCA Sur fond de crise, d’usage croissant des nouvelles technologies, d’individualisation, le commerce se transforme en accéléré. Mais nouveaux concepts et nouveaux services provoquent moins une régénération de l’existant qu’une offre incessante d’espaces supplémentaires, laissant planer l’ombre d’une bulle. N° 635 - décembre 2013 www.iau-idf.fr (1) Remise en cause de la société de consom- mation, passage d’une économie de la posses- sion à une économie de l’usage, dans laquelle se développent l’achat d’occasion, le faire soi- même, etc.

rapide Note - IAU Île-de-France · 2014. 3. 4. · tation et l’habillement, et une hausse des dépenses consacrées au logement (premier poste de dépenses), aux déplacements

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    Caractérisé par uneconcentration capita-listique et spatiale etpar le recul du com-

    merce indépendant, le modèleéconomique sur lequel s’estorganisée la distribution depuisles années 1960 est en traind’évoluer. Depuis le début desannées 2000, le commerce vitune nouvelle révolution. Lagrande distribution est passéed’un « régime de croissance

    extensif», dans lequel de grandesquantités de produits étaient ven-dues à des prix bas, à un «com-merce de précision » devantrépondre au plus près à lademande de chaque individu,consommateur et citoyen[MOATI, 2011]. Un faisceau decauses explique cette évolution,parmi lesquelles la stagnation dela consommation des ménages,les modifications dans lesmanières de consommer et la

    dématérialisation croissante desachats de produits et de servicesoccupent une place majeure.

    Stagnation de la consom-mation, transformation des modes de consommerAprès une progression très forteentre 1980 et 2005, le rythme decroissance de la consommations’est ralenti sous l’effet conjuguédu ralentissement démogra-phique et surtout de la baisse dupouvoir d’achat depuis 2008,crise économique oblige, l’évo-lution du PIB étant proche dezéro. Le développement d’une«alter-consommation»(1) [O. DAU-VERS, 2012] joue dans le mêmesens, bien qu’encore modeste-ment sur le niveau de la consom-mation. Compte tenu de ces élé-ments de contexte, les prévision-

    nistes s’accordent pour dire quela tendance macro-économiquesur le long terme devrait corres-pondre, au mieux, à un maintiendu niveau de consommationactuel.Dans le même temps, on consta-te un changement profond desmodes de consommation. Leclient veut consommer différem-ment, mieux, durable et «malin».Sur le long terme, le volume desdépenses des ménages a beau-coup augmenté (triplement en50 ans), mais leur structure a pro-fondément évolué [CONSALES, FESSEAU, PASSEREAU, 2009]. Celas’est traduit par une baisse de lapart des dépenses dans l’alimen-tation et l’habillement, et unehausse des dépenses consacréesau logement (premier poste dedépenses), aux déplacements etaux loisirs. Dans ce secteur, lesachats dédiés à la communica-tion ont été multipliés par cinq etreprésentent aujourd’hui près de6 % du budget des ménages.Avec la crise, les arbitrages duconsommateur se font plus nom-breux, des coupes interviennent,y compris sur des consomma-tions que l’on pensait incompres-sibles comme l’alimentaire,opposant de plus en plus distinc-tement l’achat plaisir aux achatsindispensables, pour lesquels leprix est déterminant. Une étudequalitative sur la France réalisée

    Surproduction de surfaces commerciales,vers une bulle immobilière ?

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    Sur fond de crise, d’usage croissant des nouvellestechnologies, d’individualisation, le commercese transforme en accéléré. Mais nouveauxconcepts et nouveaux services provoquent moinsune régénération de l’existant qu’une offreincessante d’espaces supplémentaires, laissantplaner l’ombre d’une bulle.

    N° 635 - décembre 2013www.iau-idf.fr

    (1) Remise en cause de la société de consom-mation, passage d’une économie de la posses-sion à une économie de l’usage, dans laquellese développent l’achat d’occasion, le faire soi-même, etc.

  • par Shoppermind(2) montre que« 72 % des sondés se disentsérieusement exposés à la crise»et «43 % d’entre eux ont consom-mé leur budget mensuel autourdu 15 du mois ». Ces difficultésbudgétaires viennent renforcerdes tendances déjà à l’œuvreavant la crise économique et quipoussent les consommateurs à consommer plus intelligem-ment et de manière plus éthiqueet solidaire. Elles s’exprimentnotamment par le développe-ment des achats d’occasion, deproduits bio(3), par l’intermé-diaire de circuits courts de dis-tribution (Amap(4), vente et cueil-lette à la ferme, paniers,ruches(5)…), ainsi que dans lefait que de plus en plus deconsommateurs désirent s’appro-visionner auprès d’entreprisescitoyennes (fabrication fran-çaise, charte éthique…).

    Dématérialisation croissante des achats Avec 45 milliards d’euros de chif-fre d’affaires en 2012, l’e-com-merce a encore enregistré untaux de croissance à deux chif-

    fres, alors même que les autressecteurs du commerce de détailstagnaient ou régressaient. Enseptembre 2013, la Fevad(6)

    estime que les ventes sur inter-net ont progressé de 16 % et lenombre de transactions de 20 %entre le second trimestre 2012 etle second trimestre 2013. En unedizaine d’années, la progressiona été spectaculaire et la Francearrive au 6e rang pour le montantdes ventes en ligne dans lemonde, au 3e rang européenaprès le Royaume-Uni et très prèsde l’Allemagne. Limité dans unpremier temps à des produits ouservices aisément dématérialisa-bles, le taux de pénétration del’e-commerce a tendance à aug-menter sur une gamme de plusen plus variée de produits. Main-tenu jusque-là à un niveau faibleen raison des difficultés à met-tre en place une organisationperformante des livraisons, l’ali-mentaire décolle avec le déve-loppement des drive. Tout lemonde consomme via internet.Si les internautes de la tranched’âge 25- 34 ans sont proportion-nellement plus nombreux et

    appartiennent plus souvent auxCSP +(7), en revanche, les diffé-rences entre hommes et femmes,de même qu’entre Paris, larégion parisienne et la provinceont disparu.Une des caractéristiques du e-commerce français est la placeparticulière des pure players,c’est-à-dire les entreprises qui nedistribuent qu’en ligne. Sur lesdix sites les plus visités enFrance, huit sont des pureplayers. Si le développement del’e-commerce affecte les circuitstraditionnels de distribution –comme l’attestent les difficultésrencontrées dans le secteur dela culture, illustrées par la cessa-tion d’activité de Virgin –, l’e-commerce n’est pas forcé-ment antinomique du commercetraditionnel. Le cross-canal, inter-pénétration des deux formes devente, est de plus en plus mis enœuvre par les enseignes, certesavec des succès variables. Despure players créent leurs bou-tiques physiques et des enseignescomme Darty, Yves Rocher oula Fnac réalisent une part de plusen plus importante de leur chif-fre d’affaires sur internet. Dansl’avenir, le développement dessmartphone et des tablettesdevrait encore doper les ventes.Aujourd’hui, l’e-commerce nereprésente qu’entre 3,5 et 5 % duchiffre d’affaires du commercede détail, mais son poids devraitatteindre 20 à 25 % d’ici 2030(8).

    Croissance paradoxale du parc de commercesMalgré ce contexte de stagnationde la demande et de développe-ment de l’e-commerce, para-doxalement, le parc de com-merces continue de croître à unrythme très soutenu. En France,40,2 millions de m2 ont été auto-risés en CDAC(9) depuis 2000 etl’adoption de la LME (loi demodernisation de l’économie)en 2009, qui a augmenté le seuild’autorisation de 300 à 1000 m2

    de surface de vente, n’a pas inflé-chi cette dynamique.En Île-de-France, presque 5 mil-lions de m2 ont été autorisés surla période 2000-2012, soit chaque

    année l’équivalent de trois foisun centre commercial régionalcomme les Quatre Temps à laDéfense.L’analyse des autorisations rendcompte des dynamiques écono-miques et spatiales ainsi que desstratégies des acteurs du com-merce à l’œuvre : territoiresattractifs, nouvelles enseignes etproduits immobiliers innovants.Il en ressort notamment que, surla période 2009-2012, plus destrois quarts des surfaces concer-nent des ensembles de points de vente (centres commerciaux,parcs d’activités commer-ciales…) attestant par là mêmela place prise par les investisseurset les développeurs d’opérationscommerciales au détriment desenseignes. Par ailleurs, si les opé-rations comprises entre 1000 et5000 m2 de surface de vente res-tent les plus nombreuses, 30 %des surfaces concernent desgrosses opérations supérieures à10000 m2. Enfin, plus de la moi-tié des surfaces autorisées sontlocalisées entre 10 et 30 km deParis, témoignant d’un décalageavec la répartition spatiale de lapopulation et les dynamiquesdémographiques.Cette activité se confirme à tra-vers les projets d’équipementscommerciaux de 1 000 m2 ouplus pour Paris et de 5000 m2 ouplus pour les autres départe-ments, repérés par l’IAU îdF. Cetinventaire, le plus complet possi-ble, concerne aussi bien les créa-

    Note Rapide - N° 635Surproduction de surfaces commerciales, vers une bulle immobilière?

    (2) Enquête «Crise du shopping et/ou shop-ping de crise » réalisée par Altavia/Shopper-Mind en juin 2013. LSA n° 2288, 19 septem-bre 2013.(3) Le marché des produits bio a représenté4,17 milliards d’euros en 2012 (hors restaura-tion commerciale), soit 2,4 % du marché ali-mentaire français contre 1,3 % en 2007. Lacroissance a été de + 6,6 % entre 2011 et 2012,alors que le marché alimentaire stagnait. Lesenquêtes montrent que les prix sont stables etque 75 % des produits bio sont d’origine fran-çaise. Source : agence bio 2013.(4) Association pour le maintien d’une agricul-ture paysanne. Depuis 2003, on en compteenviron 300 en Île-de-France.(5) Commandes groupées de produits frais.(6) Fédération e-commerce et vente à distance.(7) Catégories socioprofessionnelles supé-rieures.(8) Rapport d’information du Sénat n° 272sur le commerce électronique, 18.01.2012.(9) Commission départementale d’aménage-ment commercial.

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    Évolution de la consommationdes ménages en biens

    Évolution du pouvoir d’achatdes ménages

    Source : Insee

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    Évolution de la consommation et du pouvoir d’achat

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    Source : Fevad

    Nombre de sitesmarchands Chiffre d’affaires

    Nombre de sites En milliards d’€ 140 000

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    Source : Fevad

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    La progression du commerce électronique en France

  • Note Rapide - N° 635Surproduction de surfaces commerciales, vers une bulle immobilière?

    vers Chartres

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    vers Nantes, Bordeaux

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    Les portesLes portesde Vémarsde Vémars

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    Les ArchesLes ArchesRambouilletRambouillet

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    Deck 78 / Val de Seine 2Deck 78 / Val de Seine 2

    Les promenadesLes promenadesde Brétignyde Brétigny

    One Nation ParisOne Nation Paris

    Clos Clos du Chêne 2Green CenterGreen Center

    Magasin d’équipementMagasin d’équipementde la Maisonde la Maison

    Entrepôt Mac DonaldEntrepôt Mac Donald

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    ArenaArena

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    La FabriqueLa Fabrique

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    Chemin HerbuChemin Herbu

    Familly VillageFamilly Village

    Docks de St-OuenDocks de St-Ouen

    Marques Avenue A13Marques Avenue A13

    StadeStadeYves du ManoirYves du Manoir

    GPRU PorteGPRU Portede Montreuilde Montreuil

    Usine CenterUsine CenterParis OutletParis Outlet

    CarrefourCarrefourParc d’ActivitésParc d’Activités

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    L’Île SeguinL’Île SeguinRives de SeineRives de Seine

    La CoupoleLa Coupole

    Cœur de QuartierCœur de Quartier

    Cité de l’habitat durableCité de l’habitat durableet intelligent (Valvert)et intelligent (Valvert)

    Gare des MinesGare des Mines

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    Deck 78 / Val de Seine 2

    Les promenadesde Brétigny

    One Nation Paris

    Les PromenadesLes Promenadesde Champignyde ChampignyLes Promenadesde Champigny

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    Docks de St-Ouen

    Marques Avenue A13

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    GPRU Portede Montreuil

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    CarrefourParc d’Activités

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    L’Île SeguinRives de Seine

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    Gare des Mines

    Bercy-CharentonGare Montparnasse

    MaineMontparnasse

    Sources : IAU îdF©IAU îdF

    10 km0

    élevée

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    Densité humaine

    espace boisé

    autoroute / voie rapide

    nationale / départementale

    réseau ferré et principales gares

    aéroport international

    limite départementale

    réseau hydrographique principal

    limite de l’agglomération de Paris

    Transports

    Limites administratives

  • Note Rapide - N° 635Surproduction de surfaces commerciales, vers une bulle immobilière?

    vers Reims

    vers T

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    vers Lyon

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    s Lille, Bruxelles, Londres

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    TGV Sud Est

    TGV Est

    Interconnexion TGV

    Val d’EuropeVal d’Europe

    Ensemble commercialEnsemble commercial

    Les Saisons de MeauxLes Saisons de Meaux

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    La Pierre LevéeLa Pierre Levée"Shopping Village""Shopping Village"

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    Val d’Europe

    Ensemble commercial

    Les Saisons de Meaux

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    La Pierre Levée"Shopping Village"

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    Projet dans équipementgénérateur de flux

    Magasin

    Centre commercial

    Parc d’activitéscommerciales

    Surfaces (en m²)

    Avancement

    Autorisé

    Annoncé

    Programme non défini

    10 000 à 25 00025 000 à 50 000

    50 000 à 85 000

    225 000

    Magasin d’usine

    Projet dans opérationmixte d’aménagement

    Type d’équipementType d’équipement

    La surface représentée dépend des données renseignées : la surface de vente lorsque le projet a été autorisé en CDAC, la Shon (surface hors œuvre nette) ou la GLA (surface commerciale utile) lorsque seules ces surfaces sont disponibles. Cela minimise les projets autorisées.

    Le suivi du projet est effectué depuis l’annonce jusqu’à l’ouverture de l’équipement, avec trois niveaux d’avancement :- Programme non défini : le projet est envisagé mais le programme n’est pas précis,- Annoncé : le projet est annoncé, avec des informations concrètes sur le contenu et la surface,- Autorisé : le projet est passé en CDAC, la surface de vente autorisée est connue.

    Plusieurs types d’équipements sont distingués :- Centre commercial- Magasin (isolé ou en pied d’immeuble)- Projet dans équipement générateur de flux (gare, aéroport, équipement sportif, touristique)- Parc d’activités commerciales(ou retail park)- Magasin d’usine- Projet intégré dans une opération mixte d’aménagement (Zac, GPRU…).

    Principaux projets d’équipements commerciauxCréation, extension, restructuration de 10 000 m² et plus

    État au 15 novembre 2013

  • tions d‘équipements que lesextensions et les restructurationsconséquentes. Pour cette carte,seuls les grands projets à partirde 10 000 m2 ont été pris encompte. Même si un certainnombre seront probablementabandonnés, on compte actuel-lement 58 projets de 10 000 m2

    ou plus qui représentent un peuplus de 1,5 million m2 dont unpeu moins de la moitié sont déjàautorisés en CDAC.

    Floraison de nouveauxconceptsDans ce contexte de concur-rence accrue, les points de venteévoluent, les concepts se renou-vellent, de nouvelles enseignesémergent et de nouveaux lieuxd’implantation apparaissent ouse confirment. Ces changements,qui impactent l’organisationcommerciale francilienne, se tra-duisent aussi bien dans les ouver-tures récentes que dans les pro-jets. Plusieurs tendances sont àl’œuvre.Les espaces émetteurs de fluximportants deviennent des lieuxde plus en plus attractifs pour lecommerce. C’est le développe-ment du commerce d’itinérairesdans les gares ou les aéroports(galerie marchande de Saint-Lazare (10000 m2), Cœur d’Orly(22700 m2), les lieux touristiquesou culturels (projet de centre

    commercial Vill’Up (11300 m2) àla Cité des sciences et de l’indus-trie). Dans les équipements spor-tifs, par exemple les stades(10 000 m2 autour du stade derugby Arena à Nanterre), la pro-grammation de commerces et derestaurants est de plus en plussollicitée pour équilibrer finan-cièrement les opérations.Dans un espace de plus en plusconcurrentiel, les nouveaux cen-tres commerciaux cherchent àse différencier les uns des autres.Plusieurs voies sont explorées.Les concepts de retailtainment,contraction de retail (com-merce) et d’entertainment (diver-tissement), fleurissent. Dans cesespaces, les programmationsallient commerce et loisirs endéveloppant le plus souvent uneoffre de restauration et decinéma(10), mais aussi des activi-tés plus spécifiques comme dessalles de concert et de specta-cles, des espaces récréatifs etd’exposition. Le centre commer-cial Europa city (225 000 m2)envisagé dans le triangle deGonesse est le projet le plusreprésentatif. Ensuite, l’offre deservices est particulièrement étu-diée. Tout est fait pour amélio-rer le confort d’achat du consom-mateur : voiturier, « scooturier »,conciergerie, personnal shopper,garderie d’enfants, espace inter-net, etc. Les centres commerciaux SoOuest à Levallois (37 000 m2),Aéroville à Tremblay en France(50 000 m2) et Beaugrenelle àParis XVe (31 000 m2), ouvertsrécemment, ont joué cette carte.Une offre de services se déve-loppe aussi de plus en plus dansdes enseignes spécialisées (coursde cuisine, de bricolage, atelierscréatifs, practice de sports…).Autrefois cantonné au domainedu luxe, l’intérêt du consomma-teur pour les marques s’amplifie.Cela se traduit dans le succès etla fréquentation de certains sitessur internet (vente-privee.com)et de magasins d’usine existants(La Vallée Village à Val d’Eu-rope) ou en projets (One NationParis aux Clayes-sous-Bois(18 000 m2), Les portes de

    Vémars (21000 m2) et MarquesAvenue A13 à Aubergenville(20 000 m2)). Dans les centrescommerciaux (Aéroville) et lesemplacements n° 1 dont le plusemblématique est le triangle d’orde l’ouest parisien, les marquessont mises en scène, théâtrali-sées. Les marques Renault ouApple ont joué les précurseursmais ont été relayées par d’au-tres comme Nespresso, Vuitton.Toujours surprendre, c’est aussice qui est recherché à travers lesboutiques éphémères ou pop-upstores qui ouvrent pour quelquesjours ou quelques mois et sontexpérimentés par de plus en plusde marques. Par exemple, auprintemps 2014, un pop-up malls’installera sur le parvis de laDéfense.La demande des consommateurspour plus de proximité est réelleet se manifeste particulièrementdans la multiplication des for-mats de proximité par la grandedistribution. Tous les grandsgroupes alimentaires, y comprisceux dont la culture de base étaitl’hypermarché, ont développédes formats adaptés à ces cha-landises de plus petite taille. ÀParis, cette évolution a été parti-culièrement marquée. Enfin, une des évolutions récen-tes majeures est le développe-ment des drive qui dope lesachats alimentaires sur internet.Cette nouvelle forme de distribu-tion s’est développée à unrythme exponentiel depuis 2000.Étroitement lié à l’usage de lavoiture dans les déplacementsdomicile-travail, ce type demagasin est moins présent en Île-

    de-France qu’en province. Oncompte toutefois environ 254drive en Île-de-France dont douzeouverts en septembre 2013 surun total de 2 522 en France(11).Leur impact sur les créationsd’emploi, les conditions de tra-vail et les transferts de chiffred’affaires aux dépens des formesde distribution classiques sontencore à mesurer, notamment àl’aune de la nouvelle réglemen-tation qui devrait leur être appli-quée.

    Bulle immobilière à l’horizon?Dans un article paru dans larevue Études foncières, PascalMadry [MADRY, 2011] alerte surles risques d’une surproductionde surfaces de commerce. Ilexplique que l’ensemble desacteurs intervenant aux diffé-rentes étapes de production del’immobilier commercial estengagé, pour des raisons diver-ses, dans une spirale de surpro-duction. Une des conséquencesest que les prix, qu’il s’agisse desvaleurs locatives, des valeursd’actifs et des valeurs foncières,sont de plus en plus déconnectésde leur véritable valeur écono-mique sur le marché.Pour les enseignes de la distribu-tion, la multiplication des pointsde vente permet de gagner desparts de marché sur leurs concur-rents et de réaliser des écono-

    Note Rapide - N° 635Surproduction de surfaces commerciales, vers une bulle immobilière?

    Les driveLe drive est un endroit où l’on vientrécupérer ses achats commandésen ligne sur le site internet drived’une enseigne. Le concept estapparu aux États-Unis dans lesannées 1940 dans le cinéma etla restauration rapide. C’est dansce dernier secteur qu’il est apparuen France avec l’ouverture des pre-miers Quick Drive et MacDrive dansles années 1980. L’extension duconcept à la grande distributionalimentaire s’est faite dans lesannées 2000 avec l’apparition despremiers Auchan Drive (le premiera été inauguré dans la zone com-merciale de Leers dans le Nord),mais c’est depuis 2010 qu’ils sesont multipliés sur le territoire.

    (10) Les nouveaux multiplexes, UGC à la Vil-lette, Pathé Beaugrenelle ou EuropaCorp àAéroville exploitent le marketing expérientiel :love seats, salles first avec sièges Premium.(11) Source : Olivier Dauvers, éditeur-expertgrande conso.

    Source : Insee et préfectures

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    Source : Insee et préfectures

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    Répartition des surfaces autorisées (2009-2012) en fonction de la distance à Paris

  • mies d’échelle propres à pesersur leur approvisionnement, àrationaliser la logistique et affi-cher une augmentation de leurchiffre d’affaires global.Du côté des investisseurs, lalogique est plus complexe. Lesmutations du secteur immobilierles a conduits à passer d’unelogique patrimoniale à unelogique financière. L’abondancedes capitaux à placer, les nou-

    veaux modes de valorisation desactifs immobiliers et le recoursplus fréquent à l’endettement setraduisent par un engouementpour l’immobilier commercialjugé moins risqué – mais jusqu’àquand ? – que d’autres catégo-ries d’immobilier.Enfin, les collectivités locales,qui interviennent au niveau desCDAC pour délivrer les autorisa-tions commerciales et pour met-tre à disposition le foncier via lesdocuments d’urbanisme et lesopérations d’aménagement, par-ticipent à cette surproduction.Leurs décisions de faire du com-merce sont de plus en plusdéconnectées des besoins réelsdu bassin de chalandise etdépendent d’autres élémentscomme la création d’emplois,l’augmentation des recettes fis-cales, ou encore la concurrenceterritoriale par le renforcementde l’attractivité de leur territoire.

    Cohérence et coordinationpour canaliser les projetsLe décrochage entre le contexteéconomique de crise et l’am-pleur des perspectives de déve-loppement du parc commercialest inquiétant. Même si certainesopérations récentes enregistrentdes résultats performants, l’en-semble des indicateurs de per-formance de la distribution sontdans le rouge, le chiffre d’affairesbaisse depuis 2008, la vacanceaugmente(12) et les rendementsdiminuent, quel que soit le type

    d’immobilier commercial(13). Lesecteur du commerce de détail,longtemps créateur d’emplois,enregistre des pertes d’emploi etla presse se fait de plus en plussouvent l’écho de faillites (Vir-gin) ou de plans sociaux (LaRedoute). Dans son projet « Île-de-France 2030», la Région a fixédes orientations relatives audéveloppement commercial.Afin de limiter la consommationd’espaces naturels et agricoles,la densification et la requalifica-tion de l’existant doivent être pri-vilégiées par rapport à des exten-sions nouvelles. Une étude encours à l’IAU îdF(14) permettra demieux connaître les modalitésde développement des espacescommerciaux à travers l’exploi-tation des dossiers de CDACde 2011 et 2012, mais les pre-miers résultats mettent en évi-dence une consommation d’es-paces non urbanisés importante.Quant aux nouvelles implanta-tions, « Île-de-France 2030 » pré-conise des localisations sur dessites bien desservis par les trans-ports en commun, et réaliséesdans le cadre de projets urbainsmixtes. Ces orientations vontdans la bonne direction mais, austade de la mise en œuvre, uneétape est à franchir. La délibéra-tion d’adoption du projet régio-nal préconise de mettre en placeune commission régionaled’aménagement commercialchargée de donner un avis surles projets commerciaux d’inté-rêt régional et de confier auxRégions une compétence enmatière de planification com-merciale. Ces mesures seraientà même de mieux canaliser cettecourse en avant.

    Carole Delaporte,

    Christine Tarquis

    Note Rapide - N° 635Surproduction de surfaces commerciales, vers une bulle immobilière?

    Pour en savoir plus• CONSALES G., FESSEAU M., PASSEREAU

    V., «La consommation des ménages

    depuis 50 ans », Insee Références,

    septembre 2009.

    • DELAPORTE C., Mohrt F., BAYAN N., Les

    enjeux métropolitains du commerce

    dans l’agglomération de Paris - Pano-

    rama de l’organisation commerciale,

    Apur, IAU îdF, Mairie de Paris, juin

    2012.

    • MADRY Pascal, « Le commerce est

    entré dans sa bulle », Études fon-

    cières, n° 151, mai-juin 2011.

    • MOATI Philippe, L’avenir de la distri-

    bution, éd. Odile Jacob, 2011.

    • MOATI Philippe, La nouvelle révolu-

    tion commerciale, éd. Odile Jacob,

    2011.

    Évolutions législatives attenduesLe projet de loi pour l’accès aulogement et un urbanisme rénové(Alur) comporte des dispositionsvisant à soumettre les drive à auto-risation des commissions dépar-tementales d’aménagement com-mercial (CDAC). Cette nouvelleréglementation est contestée parles acteurs de la distribution quimettent en avant les créationsd’emplois générés par cette nou-velle forme de commerce. Pourfreiner la consommation foncière,le projet de loi prévoit par ailleursde limiter les surfaces dédiées auxparcs de stationnement. Des dis-cussions sont en cours sur lesconditions de mise en œuvre dece dispositif. Par ailleurs, un pro-jet de loi portant sur l’encadrementdes loyers, la composition desCDAC et une réforme du Fisac(fonds de sauvegarde pour l’artisa-nat et le commerce) devrait êtreprésenté au premier semestre2014.

    (12) La vacance commerciale dans les cen-tres-villes et les centres commerciaux de France,un phénomène qui progresse, Institut pour laVille et le Commerce, juin 2013.(13) Jérôme Le Grelle, président de Conver-gence-CVL pour les Matinées de l’Alliance ducommerce, 4 juillet 2013.(14) DELAPORTE Carole et TARQUIS Christine,Foncier et commerce, IAU îdF, à paraître au1er trimestre 2014.

    Directeur de la publication : François Dugeny------------------------Auteurs : Carole Delaporte, Christine TarquisSous la direction d’Anne-Marie Roméra------------------------Rédactrice en chef : Marie-Anne PortierMaquette : Olivier CransacSous la direction de Frédéric Theulé------------------------Diffusion par abonnement80 € par an (� 40 numéros) - 3 € le numéroService diffusion-venteTél. : 017749793815, rue Falguière 75015 Paris

    ISSN 1967-2144ISSN ressource en ligne 2267-4071

    www.iau-idf.fr

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    Dossiers autorisés Surfaces autorisées (m

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    * Loi de modernisation de l’économieSource : Insee et préfectures

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    Nombre de dossiers et de m2 autorisés en Île-de-France depuis 2005