124
101 RAPPORT ANNUEL 2016 EVOLUTION ECONOMIQUE ET MONETAIRE EN ALGERIE Septembre 2017

RAPPORT ANNUEL 2016 EVOLUTION ECONOMIQUE ET … · INTRODUCTION Le présent rapport de la Banque d ... (prélèvement du FRR) et de la ... faveur de l’accord de réduction de la

  • Upload
    lediep

  • View
    212

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

101

RAPPORT ANNUEL 2016

EVOLUTION ECONOMIQUEET MONETAIRE EN ALGERIE

Septembre 2017

RAPPORT ANNUEL 2016

EVOLUTION ECONOMIQUEET MONETAIRE EN ALGERIE

Bank of Algeria

SOMMAIRESOMMAIRE

INTRODUCTION.................................................................................... p.4

CHAPITRE I :ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL................................... p.7

CHAPITRE II :ACTIVITE ECONOMIQUE.......................................................p.13

CHAPITRE III :EVOLUTION DES PRIX.............................................................p.23

CHAPITRE IV :BALANCE DES PAIEMENTS, POSITION EXTERIEUREGLOBALE ET TAUX DE CHANGE..........................................p.34

CHAPITRE V :FINANCES PUBLIQUES............................................................p.49

CHAPITRE VI :INTERMEDIATION ETINFRASTRUCTURE BANCAIRE.............................................p.58

CHAPITRE VII :CONTRÔLE ET SUPERVISION BANCAIRE.........................p.79

CHAPITRE VIII :POLITIQUE MONETAIRE........................................................p.94

ANNEXE :TABLEAUX STATISTIQUES...................................................p.104

3

INTRODUCTION

Le présent rapport de la Banque d'Algérie analyse l’évolution de

l’activité dans l’ensemble des sphères de l’économie nationale en

2016. Il met l’accent sur l’impact considérable de la poursuite de la

chute des prix du pétrole sur les équilibres macroéconomiques et sur

l’activité des secteurs réel et monétaire et financier de l’économie.

Il s’attache aussi à esquisser les mesures de politiques économiques,

tant conjoncturelles que structurelles, susceptibles, à terme, de

rétablir les équilibres macroéconomiques fondamentaux pour assurer

une croissance économique soutenue, plus homogène et durable.

La poursuite de la baisse du prix moyen du pétrole en 2016 (-15,2 %),

après celle encore plus élevée de 2015 (-47,1 %), s’est traduite, pour

la troisième année consécutive, par de très importants déficits des

comptes extérieurs et des finances publiques.

C’est ainsi que la baisse des exportations d’hydrocarbures de 15,6 %

a abouti à des déficits, quasi identiques, des comptes courant et

global de la balance des paiements de près de 26 Milliards de dollars,

en très légers reculs par rapport aux déficits de 2015 grâce aux

diminutions des importations de biens (-6,1 %) et du déficit du poste

« revenus des facteurs » (- 65 %). En conséquence, l’érosion des

réserves de change s’est poursuivie en 2016 portant leur encours de

144,1 milliards de dollars à 114,1 milliards de dollars.

De même, la baisse de près de 25 % des recettes fiscales des

hydrocarbures a engendré un déficit budgétaire de près de 13,5 % du

PIB, contre 15,3 % en 2015, en dépit de la hausse sensible des

recettes ordinaires et de la baisse des dépenses d’équipement. Ce

déficit a été financé à concurrence de 58,1 % par des prélèvements

du Fonds de régulation des recettes (FRR) dont l’encours à fin 2016

a atteint son niveau plancher de 740 milliards de dinars.

4

Si l’activité économique globale est demeurée relativement soutenue

en 2016 (3,3 % contre 3,7 % en 2015), elle le doit au remarquable

regain d’activité du secteur des hydrocarbures dont le rythme

d’expansion s’est élevé à 7,7 % contre 0,2 % en 2015. En revanche,

la croissance hors hydrocarbures, vigoureuse durant plus de quatorze

années à plus de 6 % l’an en moyenne, a nettement reculé en 2016

pour s’établir à 2,3 % en raison des fortes baisses de l’activité dans

les secteurs des services marchands (2,9 %) et non marchands

(1,5 %) et de l’agriculture (1,8 %), contre respectivement 5,3 %,

3,6 % et 6 % en 2015.

Dans la sphère monétaire, la baisse de la liquidité bancaire s’est

poursuivie parallèlement aux déficits du solde global de la balance

des paiements, en dépit des injections de liquidité résultant du

financement des déficits budgétaires (prélèvement du FRR) et de la

reprise du refinancement par la Banque d’Algérie à partir du mois

d’août 2016 ; l’année sous revue marquant un changement radical

dans la conduite de la politique monétaire, orientée désormais vers

l’utilisation des instruments d’injection de liquidité (opérations

d’open market) pour assurer le refinancement du système bancaire.

En matière d’intermédiation, à l’exception des dépôts collectés par

les banques qui ont diminué, les crédits bancaires à l’économie ainsi

que les autres indicateurs de bancarisation ont continué à évoluer

favorablement. De même, les indicateurs de solidité et de rentabilité

des banques ont été peu affectés par la contraction de l’activité

économique hors hydrocarbures.

S’agissant de l’inflation, l’accélération du rythme annuel moyen de

l'inflation, amorcée en 2015, s’est poursuivie en 2016 pour atteindre

6,4 % pour l’indice des prix à la consommation du Grand Alger

(5,8 % pour l’indice national). Ce regain de l’inflation ne semble pas

être imputable aux déterminants classiques de l’inflation (évolution

de la masse monétaire M2, dépréciation du taux de change, cours des

principaux produits de base importés, inflation importée…), mais

serait davantage lié aux imperfections de la régulation et aux

positions dominantes dans la plupart des marchés des biens de

consommation.

5

CHAPITRE I :

ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL

CHAPITRE I :ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL

L’année 2016 s’est caractérisée par la poursuite de la croissance économiquemondiale à un rythme modéré, en contexte de persistance du ralentissementde la croissance du commerce extérieur international, de relatifraffermissement des prix du pétrole et de modeste hausse des cours desmatières premières hors énergie. Sur les marchés internationaux des changes,le dollar s’est davantage apprécié par rapport aux principales monnaies et lestaux d’intérêt sont restés généralement faibles sur les marchés financiersinternationaux, en relation avec le maintien de politiques monétairesaccommodantes dans les principales économies.

CROISSANCE ECONOMIQUE MONDIALE

L’économie mondiale s’est accrue de 3,1 % en 2016, soit un rythme decroissance en légère baisse par rapport à celui de 2015 (3,4 %). Ce recul estattribuable, principalement, à un net ralentissement de la croissance dans lespays avancés (1,7 % en 2016, contre 2,1 % en 2015).

En particulier, l’économie américaine a continué à subir, au premier semestrede 2016, les effets de la forte appréciation du dollar en 2015 et des faibles prixdu pétrole sur les exportations et les investissements. L’activité économique anettement repris à partir du troisième trimestre, pour terminer l’année avec untaux de croissance de 1,6 %, en recul d’un point de pourcentage par rapport à2015 (2,6 %).

En revanche, la croissance dans la zone euro n’a enregistré qu’un légertassement (1,7 % en 2016, contre 2,0 % en 2015), malgré les incertitudes liéesau Brexit. L’activité économique a été soutenue par la bonne tenue desexportations et de la demande intérieure, elles-mêmes favorisées par ladépréciation de l’euro, les faibles niveaux des prix du pétrole,l’assouplissement additionnel de la politique monétaire et des politiquesbudgétaires relativement plus expansionnistes.

Le Brexit n’a pas eu, non plus, d’impact sensible sur l’activité économique auRoyaume-Uni, le taux de croissance passant de 2,2 % en 2015 à 1,8 % en2016, porté par le rythme soutenu de l’activité dans le secteur des services.

Malgré l’appréciation du yen et la baisse de la demande émanant, notamment,des pays d’Asie, qui ont pesé sur les exportations japonaises, la croissance

7

économique au Japon s’est poursuivie à un rythme modéré (1,0 %),sensiblement le même rythme que celui de 2015 (1,2 %), soutenue par larésilience de la demande interne, elle-même bénéficiant de conditionsfinancières très favorables, de soutien budgétaire et d’amélioration de l’emploiet des revenus des ménages.

Le taux de croissance dans les pays émergents et en développement s’estrelativement stabilisé (4,1 % en 2016, contre 4,2 % en 2015), avec desperformances qui diffèrent entre pays et entre régions.

La croissance en Chine est demeurée forte, bénéficiant d’une croissancesoutenue des crédits et de mesures budgétaires additionnelles. Le taux decroissance de l’économie chinoise a atteint 6,7 %, sensiblement le même tauxque celui de 2015 (6,6 %).

En revanche, l’activité économique en Inde, bien qu’elle soit restéedynamique, a été sensiblement impactée, en fin d’année, par la décision dedémonétisation des billets de 500 et 1000 roupies. Le taux de croissance s’est,ainsi, replié à 6,8 % en 2016, contre 7,9 % en 2015.

Les pays exportateurs de pétrole continuent à faire face au double défid’ajustement et de diversification économique, en contexte de niveaux faiblesdes prix du pétrole, malgré leur relatif redressement par rapport aux très basniveaux de 2015.

En Afrique, la croissance économique a connu une nette décélération en 2016,enregistrant un taux de 2,2 %, contre 3,4 % en 2015, reflétant, notamment, lafaiblesse de la croissance dans les pays partenaires ainsi que les difficultésmacroéconomiques dans beaucoup de pays africains, liées à la baisse desrecettes d’exportation de produits de base.

En Afrique sub-saharienne, la croissance du PIB a subi un fléchissement abrupten 2016 à 1,4 %, contre 3,4 % en 2015, soit le taux de croissance du PIB leplus bas de ces deux décennies. Deux tiers des pays de la région contribuantpour 83 % du PIB ont connu un ralentissement de l’activité économique. Ladétérioration de la situation économique est partiellement le fait de politiqueséconomiques d’ajustements tardives et limitées, mais également, deresserrement des conditions du financement extérieur.

Les pays exportateurs de pétrole, dont le Nigéria et l’Angola, ont été les plusaffectés. D’autres pays, tels la Côte d’Ivoire, le Kenya et le Sénégal, ont pu

8

maintenir des taux de croissance appréciables, mais avec des déficitsbudgétaires s’élargissant davantage, suite à la poursuite de politiques derattrapage des dépenses sociales et d’accroissement des dépensesd’infrastructure.

COMMERCE MONDIAL ET PRIX DES MATIERES PREMIERES

Dans ce contexte de reprise modérée de l’économie mondiale, encore fragileet sujette à divers risques, la croissance du commerce mondial a poursuivi sonrecul, son taux passant de 2,7 % en 2015 à 2.2 % en 2016, reflétant,notamment, l’atonie persistante des investissements, le ralentissement ducommerce dans les pays émergents et une tendance haussière des politiquesprotectionnistes.

Prix du pétrole :

Après avoir connu une baisse tout au long de l’année 2015, le prix du Brent arenoué avec la hausse durant l’année 2016, passant de près de 26 dollars enjanvier à plus de 50 dollars au cours de l’été. Cette hausse résulte,principalement, d’interruptions de la production dans plusieurs paysproducteurs, dont le Venezuela, le Nigéria et la Lybie, confrontés à des conflits.Le prix du Brent a également bénéficié de la relative reprise de la demandemondiale, en relation avec le relatif regain d’activité économique. Enfin, à lafaveur de l’accord de réduction de la production conclu par les pays OPEP etles pays producteurs de pétrole non-OPEP, à la fin du mois de novembre, leprix du Brent a clôturé l’année à plus de 55 dollars.

Prix des matières premières non énergétiques :

Globalement, les prix des matières premières non énergétiques ont enregistréune hausse modérée. Plusieurs facteurs expliquent, à des degrés divers, cetteévolution, incluant la hausse des prix du pétrole, comme intrant, la repriserelative de la demande mondiale et les anticipations liées aux annonces dunouveau président des Etats-Unis, notamment en matière de relance desinvestissements dans l’infrastructure.

Prix de l’or :

L’environnement économique peu favorable à l’investissement, avec des tauxEUR négatifs et des performances économiques décevantes aux Etats-Unis aucours du premier semestre 2016, a alimenté la demande sur l’or comme valeur

9

refuge. En conséquence, le prix de l’or a connu une tendance haussière pendantce semestre. Cette tendance s’est inversée au second semestre, reflétantl’intérêt des investisseurs envers le dollar US, en relation avec les anticipationsde hausse des taux de la FED, qui se sont confirmées le 14 décembre 2016.Le prix de l’or a clôturé l’année 2016 à 1 151,84 dollars US l’once.

POLITIQUES MONETAIRES

Les politiques monétaires dans les pays avancés sont, généralement, restéestrès accommodantes. Après avoir relevé la fourchette des taux fédéraux de0,25 point de pourcentage à la fin de 2015, pour la première fois depuis 2008,la FED a maintenu cette fourchette (0,25 % - 0,50 %) inchangée sur les onzepremiers mois de 2016, considérant que l’activité économique n’était passuffisamment dynamique et que l’inflation ne s’était pas suffisammentrapprochée de son taux cible de 2 %. Le regain d’activité au cours du secondsemestre a amené la FED à relever ses taux directeurs de 0,25 point depourcentage au mois de décembre, faisant passer la fourchette des taux à0,50 % - 0,75 %. Bien que d’autres relèvements soient anticipés au cours de2017, leur matérialisation est restée entourée d’incertitudes, liées auxintentions du nouveau président américain d’adopter une politique budgétaireexpansionniste et d’assouplir la règlementation bancaire.

Dans la zone euro, la faiblesse de la reprise et le niveau toujours bas del’inflation ont amené la BCE, au mois de mars 2016, à assouplir davantage sapolitique monétaire, déjà très accommodante. En particulier, la BCE a portéde 60 à 80 milliards d’euros ses achats mensuels d’actifs, élargi sonprogramme d’acquisitions aux obligations émises par des sociétés nonfinancières et baissé davantage ses taux directeurs. Ainsi, le taux des opérationsprincipales de refinancement, celui de la facilité de prêt marginal et le taux dela facilité de dépôt ont été ramenés, respectivement, à 0 %, 0,25 % et -0,40 %(contre 0,5 %, 0,75 % et -0,30 % jusque là).

Au Japon, face au retour de l’inflation en territoire négatif et à la fragilité dela reprise économique, la banque centrale a reconduit son programmed’élargissement de la base monétaire, en annonçant son intention de lemaintenir jusqu’à ce que le taux d’inflation atteigne 2 %. La Banque du Japona également ramené son taux des dépôts à -0,1 % et annoncé qu’elle n’excluaitpas d’abaisser davantage son taux directeur principal.

En Chine, également, la politique monétaire est restée accommodante, afin desoutenir l’activité économique, en phase de transition vers un modèle de

10

croissance porté par la demande interne et les services. Ainsi, la BanquePopulaire de Chine a maintenu inchangés ses taux de référence pour les prêtset les dépôts et a baissé le taux des réserves obligatoires de 0,5 point depourcentage.

TAUX DE CHANGE

L’évolution des taux de changes des principales monnaies a, de manièregénérale, reflété les principales évolutions économiques, monétaires etfinancières mondiales.

Le taux de change de l’euro par rapport au dollar est passé de 1,0861 le 31décembre 2015 à 1,1532 le 02 mai 2016 (son pic sur l’année 2016), à la faveurde la relative bonne tenue de l’activité économique dans la zone euro et lesperformances moins favorables de l’économie américaine au premier semestrede l’année. Cette tendance s’est inversée au cours du second semestre, le tauxde change de l’euro atteignant 1,0516 le 30 décembre 2016, subissant les effetsdes bons résultats de l’économie américaine au deuxième semestre et, en find’année, l’effet « Trump ».

La livre sterling (GBP) était à 1,4739 le 31 décembre 2015. Elle reste assezstable durant le premier semestre, puis connait une baisse considérable suiteaux résultats du Brexit. Le GBP atteint un minimum sur l’année le 11 octobre,à 1,2123, pour clôturer 2016 à 1,2338.

Le Yen, pour sa part, s’est apprécié durant les trois premiers trimestres de 2016,passant de 120,32 pour un dollar le 31 décembre 2015 à un minimum surl’année de 99,89 pour un dollar, niveau atteint le 18 août 2016. Cetteappréciation est attribuable au rôle de valeur refuge que le Yen a joué, dans lecontexte d’incertitudes qui a continué à prévaloir durant l’année. La tendances’est inversée au quatrième trimestre, le yen se dépréciant pour atteindre116,90 le 30 décembre, une dépréciation induite par le caractèreexpansionniste de la politique monétaire de la Banque du Japon pour relancerl’économie et lutter contre la déflation.

La monnaie chinoise (CNY) s’est appréciée au premier trimestre 2016, sontaux de change passant de 6,5965 pour un dollar le 08 janvier à 6,4490 le 31mars (le minimum de l’année). Le reste de l’année, le CNY s’est graduellementdéprécié, son taux de change par rapport au dollar atteignant 6,9450 en find’année.

11

CHAPITRE II :

ACTIVITE ECONOMIQUE

CHAPITRE II :ACTIVITE ECONOMIQUE

En 2016, l’activité économiquenationale est demeurée relativementsoutenue, tirée par la croissanceremarquable du secteur deshydrocarbures malgré le fort recul decelle de la demande intérieure brute. Envaleur, le Produit Intérieur Brut (PIB)est estimé à 17 406,8 milliards dedinars ; en volume, le PIB a progresséde 3,3 %, en léger recul par rapport à2015 (3,7 %).

Cependant, la croissance économique contraste fortement avec celle de 2015.Le rythme d’expansion dans les secteurs hors hydrocarbures ayant fléchi à2,3 % (5 % en 2015), la croissance du PIB en 2016 est principalement tiréepar l’expansion du secteur des hydrocarbures (7,7 % contre 0,2 % en 2015)d’une part et elle est moins homogène entre les secteurs que celle de 2015d’autre part.

En matière d’emploi, le taux de chômage est estimé à 10,5 % de la populationactive (1,27 million de personnes) contre 11,2 % en 2015. Le taux de chômagedes jeunes (16-24 ans) demeure élevé à 26,7 % bien qu’en recul de 3,2 pointsde pourcentage par rapport à 2015.

II.1 – PRODUCTION, DEMANDE ET CROISSANCE

Hors hydrocarbures et à l’exception du secteur du BTPH, y compris les travauxpublics pétroliers (STPP), la croissance économique a fléchi dans tous lessecteurs d’activité et notamment dans l’agriculture.

La production agricole

En volume, le rythme de croissance de la valeur ajoutée du secteur del’agriculture a reculé de 4,2 points de pourcentage pour s’établir à 1,8 % contre6,0 % en 2015. Avec 2 140,3 milliards de dinars de flux de richesse produite,l’agriculture représente 16,4 % de la valeur ajoutée de la sphère réelle (15,6 %en 2015) mais n’a contribué, en 2016, qu’à hauteur de 6,5 % à sa croissance

13

Graphique II. 1 : Le Produit Intérieur Brut

et pour 6,3 % à celle du PIB contre,respectivement, 22,9 % et 16,7 % en2015. Le recul de la croissance dansl’agriculture a concerné la majorité desspéculations à l’exception des culturesmaraichères avec toutefois, selon lesspéculations, des baisses de productionou des décélérations de leurs rythmesd’expansion.

C’est ainsi que la productioncéréalière1 a diminué de 37,6 millionsde quintaux en 2015 à 34,3 millionsde quintaux en 2016, soit une baissede 8,8 %. Ce recul de la production aconcerné les principales spéculationscéréalières, notamment les blés dur ettendre (-4,1 % et -21,1 %) ainsi quel’orge (-10,7 %). En revanche, laproduction d’avoine enregistre unehausse de la production de 5,8 %contre 20,5 % en 2015.

La production d’agrumes a connu, demême, une baisse significative de10,4 %, passant de 13,4 millions dequintaux en 2015 à 12,0 millions de quintaux en 2016.

La production de lait a diminué de 5,3 %, passant de 3,8 milliards de litres en2015 à 3,6 milliards de litres en 2016. Il en est de même de la collecte de laitdont les volumes ont reculé de 6,9 %.

Contrairement aux cultures céréalières, aux agrumes et à la production de laitdont les quantités produites ont diminué, les productions oléicole et de viandeont connu de simples décélérations, quoique parfois importantes, de leurrythme d’expansion.

Ainsi, le rythme de croissance de la production oléicole a chuté de 35,4 % en2015 à 7,7 % en 2016, soit un recul de 27,7 points de pourcentage. Lesvolumes produits ont été de 7,0 millions de quintaux en 2016 contre 6,5millions de quintaux en 2015.

1Les chiffres relatifs aux productions des diverses spéculations agricoles ont été arrondis. En revanche, les pourcentages de croissance ont été calculés surles chiffres réels.

14

Graphique II. 2 : Croissance du secteur« Agriculture, sylviculture et pêche »

Graphique II. 3 : Contribution du secteur « Agricul-ture, sylviculture et pêche » à la croissance du PIB

En ce qui concerne les viandes, la même tendance est observée pour laproduction dans sa globalité avec néanmoins, des évolutions contrastées partype de produit. Si la production de viande ovine, la plus importante, enregistreune nette décélération de son rythme d’expansion, de 9,41 % en 2015 à 1,23 %en 2016, celui de la production de viande bovine a été relativement stable avecune progression de 5,8 % en 2016 à près de 1,64 millions de quintaux contre6,4 % en 2015 à 1,55 million de quintaux. En revanche, les quantités produitesde viande blanche ont progressé de 3,8 % en 2016 contre 7,1 % en 2015.

Probablement moins sujette aux aléas de la pluviosité, la productionmaraichère s’est distinguée par l’amélioration de son taux de croissance quiest passé de 1,4 % en 2015 à 5,1 % en 2016. Cette performance a concernéquasiment toutes les spéculations et notamment les cultures de pomme de terreet de la tomate.

Les quantités totales produites se sont élevées à 131,0 millions de quintaux en2016 contre 124,7 millions de quintaux en 2015. Par spéculation, la productionde pommes de terre a atteint 47,8 millions de quintaux contre 45,4 millionsde quintaux en 2015, soit une progression de près de 5,3 % après la baisse deproduction enregistrée en 2015 (-2,9 %). Quant à la production de tomates etd’oignon, elles ont quasiment maintenu leurs rythmes d’expansion avec desprogressions de 6,3 % et 10,0 % respectivement contre 7,1 % et 9,2 % en2015.

Le bâtiment et les travaux publics (BTPH)

Soutenue par les dépenses publiques d’infrastructures et de bâtiment,l’expansion de l’activité dans ce secteura gagné 0,3 point de pourcentage pours’établir à 5,0 % de croissance en termesréels. En nominal, la valeur ajoutée duBTPH, estimée à 2 069,3 milliards dedinars en 2016, représente 15,9 % de lavaleur ajoutée de la sphère réelle et11,9 % du PIB. Ce secteur a contribué àhauteur de 17,4 % à la croissanceglobale du PIB.

En 2016, les livraisons de logements ontatteint 338 300 unités, en progression de3,1 % par rapport à l’année précédente(328 100 logements). Cette performance a concerné quasiment toutes lescatégories de logements : les livraisons de logements aidés ont augmenté de

15

Graphique II. 4 : Croissance du secteur« BTPH y compris STPP »

2 % (contre un recul de 22,0 % en 2015)avec une hausse de la composante« location-vente » de 3 200 logementsen 2015 à 17 800 logements en 2016 ;les livraisons de logementspromotionnels (public et privé) sontpassées de 7 100 logements en 2015 à8 500 logements en 2016, soit unehausse de 19,7 % ; l’auto construction,qui ne représente que 6,7 % deslivraisons totales de logements,progresse de 27 %, compensant ainsi lacontreperformance de 2015 (-17,2 %).

En revanche, les livraisons de logements sociaux ont accusé un léger recul en2016 à 117 700 logements contre 121 000 logements en 2015 (-2,7 % contre28,2 % en 2015).

Les services marchands et non marchands

Les services marchands et nonmarchands, avec une valeur ajoutéecumulée de 7 856,8 milliards de dinars,constituent le plus important secteurd’activité de l’économie nationale(45,1 % du PIB). En 2016, ce secteur aenregistré une croissance de près de2,4 % et a contribué à hauteur de 31,8 %à l’expansion en volume du PIB.

Comme en 2015, l’activité des servicesmarchands s’est encore contractée en2016, perdant 2,4 points de pourcentageà 2,9 % contre 5,3 % en 2015 et 8,1 %en 2014. La valeur ajoutée courante dece secteur, estimée à 4 837,8 milliardsde dinars, représente 27,8 % du PIB(27,2 % en 2015) et sa croissance acontribué à hauteur de 23,9 % à lacroissance du flux de richesse produiteen 2016 (PIB).

16

Graphique II. 5 : Contribution du secteur« BTPH y compris STPP » à la croissance du PIB.

Graphique II. 6 : Contribution du secteur«Services» à la croissance du PIB

Graphique II. 7 : Contribution du secteur« Services Marchands » à la croissance du PIB

Le ralentissement du rythme d’expansionde l’activité de ce secteur est lié,essentiellement, au recul de l’activitédans les deux principales branches du« commerce » et des « transports-communication », qui ont vu leurcroissance baisser de 5,1 % à 1,8 % etde 6,1 % à 4,3 % respectivement.

Le ralentissement de la croissance desimportations de biens et de l’activitédans l’agriculture expliquerait, en partie,le fléchissement du rythme de croissance des services marchands.

Dans le contexte de consolidation budgétaire caractérisant l’évolution desdépenses publiques en 2016, le ralentissement du rythme de croissance desservices non marchands a été encore plus important que dans les servicesmarchands avec une perte de 2,1 points de pourcentage (3,6 % à 1,5 %).Néanmoins, les services non marchands, avec un flux de richesse (VA) de3 018,9 milliards de dinars, constituent le troisième plus important contributeurà la création de richesse (PIB).

Les hydrocarbures

L’expansion de l’activité à 0,2 %,amorcée timidement en 2015 après dixannées de récession continue, s’estpoursuivie avec vigueur en 2016. Lerythme de croissance de la valeurajoutée réelle du secteur deshydrocarbures s’est, en effet, accru de7,5 points de pourcentage pour s’établirà 7,7 % durant l’année sous revue. Envaleur courante, la valeur ajoutée dusecteur a encore diminué à 3 025,6milliards de dinars contre 3 134,2 milliards de dinars en 2015 en raison de labaisse des prix du pétrole et du gaz exportés. En conséquence, leshydrocarbures ne génèrent plus que 17,4 % du flux de richesses (PIB) contre18,8 % en 2015 et 27 % en 2014 mais contribuent à hauteur de 43,8 % à sacroissance contre seulement 1,5 % en 2015.

17

Graphique II. 8 : Contribution du secteur « Services NonMarchands » à la croissance du PIB

Graphique II. 9 : Croissance du secteur « Hydrocarbures »

La baisse des prix des hydrocarburesexportés a été inégale selon les produits.Pour les hydrocarbures liquides, le reculdes prix s’est situé entre 14 % et 16,1 %dont 15,2 % pour le pétrole. Cette baissea été beaucoup plus importante pour leshydrocarbures gazeux : de 29,9 % pourle gaz naturel liquéfié à 33,9 % pour legaz naturel.

En ce qui concerne les quantitésd’hydrocarbures exportées, en tonneéquivalent pétrole (TEP), elles ont augmenté de 10,8 % en 2016. Cette haussea été nettement plus importante pour les hydrocarbures gazeux (18,8 %), dont47,2 % pour le gaz naturel, que pour les hydrocarbures liquides (1,1 %), dont6 % pour le pétrole brut.

L’industrie

Avec 975,7 milliards de dinars de valeurajoutée courante, l’activité industriellene représente, en 2016, que 5,6 % duPIB, loin derrière les autres secteursd’activité qui génèrent tous, de 12 % à28 % du flux annuel de richesseproduite (PIB).

En 2016, le taux d’expansion del’activité industrielle s’est établi à3,8 %, en recul de 1 point depourcentage, soit le taux de croissancele plus faible après celui de l’agriculture(1,8 %) et des services marchands etnon marchands (2,4 %), et lacontribution de ce secteur à l’expansiondu PIB n’a été que de 6,2 %.

Sur les dix branches d’activitésindustrielles, quatre branches affichentdes taux de croissance supérieurs à lamoyenne du secteur et une brancheenregistre un taux négatif (industries

18

Graphique II. 11 : Croissance du secteur « Industries »

Graphique II. 12 : Contribution du secteur« Industries » à la croissance du PIB

Graphique II. 10 : Contribution du secteur« Hydrocarbures » à la croissance du PIB

diverses) à -11,7 %. Mais le fait saillant dans l’évolution de l’activitéindustrielle est qu’elle est portée, pour l’essentiel, par trois branches d’activité :« industries agro-alimentaires », « eau et énergie » et « matériaux deconstruction ». Leurs poids dans la valeur ajoutée du secteur est,respectivement, de 39,9 %, 18,5 % et 10,4 % (68,8 % en cumulé). Al’exception de la branche « bois, lièges et papiers » qui affiche un taux decroissance de 11,9 %, de loin le plus élevé pour cette activité depuis 2003, lesrythmes d’expansion de ces trois branches sont les plus élevés du secteur desorte que leurs contributions à la croissance de l’industrie sont, respectivementde 58,0 %, 19,8 % et 17,0 %. Ce qui implique que près de 95 % de lacroissance de l’industrie résulte de ces trois seules branches.

Par ailleurs, l’activité dans les industries manufacturières s’est accrue de 3,9 %en 2016, soit un rythme légèrement supérieur à celui de la moyenne du secteur(3,8 %). Mais, l’observation de la structure de l’industrie manufacturièremontre qu’une branche, l’«agro-alimentaire », représente, à elle seule, 50,8 %de sa valeur ajoutée courante et qu’elle contribue à hauteur de 70,6 % à sacroissance.

La production industrielle publique

L’industrie publique hors hydrocarbures représente quasiment 50 % de lavaleur ajoutée totale de l’industrie hors hydrocarbures (2016). L’activité de labranche «Eau et Energie » y demeure prédominante avec 37,5 % de la richesseproduite annuellement (valeur ajoutée), suivie de la branche « ISMMEE »(23,3 %). Si l’activité dans les branches « matériaux de construction (9,7 %),« agro-alimentaire » (10,2 %) et « industries diverses (7,9 %) et dans unemoindre mesure les « mines » (5,4 %) est encore relativement importante,celles des quatre branches restantes, notamment les branches « bois, lièges,papiers », « cuirs, chaussures » et « textiles, confection » ont vu leur part dansla valeur ajoutée totale de l’industrie hors hydrocarbures reculer à,respectivement, 2,3 %, 0,1 % et 0,5 %.

Mesurée par l’indice de la production industrielle, le rythme d’expansion del’activité dans l’industrie publique hors hydrocarbures s’est nettementdécéléré, passant de 3,8 % en 2015 à 1,8 %. Ce recul de la croissance del’activité industrielle publique résulte, principalement, de celui des branches« eau et énergie », « mines et carrières », « ISMMEE » et « industriesdiverses » qui perdent respectivement, (4,5), (6,8), (2,9) et 19 points depourcentage de croissance de leurs indices.

19

En revanche, l’indice de la production industrielle manufacturière (hors « eauet énergie » et « mines et carrières ») gagne 0,7 point de pourcentage ets’établit à 1,1 % de croissance. Ce qui demeure très faible. Cette progressionde l’activité manufacturière est liée aux bonnes performances des branches« chimie, caoutchouc, plastiques », « bois, lièges, papiers » qui gagnent,respectivement 14,4 et 38,3 points de pourcentage de croissance et dans unemoindre mesure des branches « agro-alimentaires » et « matériaux deconstruction » avec respectivement des gains de 2,4 et 1,4 points.

Dans la branche « eau et énergie », prépondérante avec 37,5 % de part dans lavaleur ajoutée totale de l’industrie publique hors hydrocarbures, les ventesd’électricité (55 150 gigawatt-heure) ont augmenté de 3,3 %, en recul de 5,3points de pourcentage par rapport à 2015. De même pour les ventes de gaznaturel qui n’ont augmenté que de 3,3 % à 126,5 giga thermies contre desprogressions plus élevées durant les cinq dernières années. enfin,contrairement à l’année 2015 où les hausses de la consommation d’électricitéet surtout de gaz étaient tirées, essentiellement, par celles des ménages, en2016, la consommation d’électricité des ménages ne contribue plus àl’accroissement des ventes de cette énergie qu’à hauteur de 46,3 % (contre69,6 % en 2015) et celle de gaz à hauteur de 59,7 % contre 83,8 % en 2015.

II.2 – DEMANDE

Si le rythme d’expansion de l’activité économique globale n’a perdu que 0,4point de pourcentage (3,3 % en 2016 contre 3,7 % en 2015), c’est en raisonde la forte expansion des exportations (7,9 % contre 0,6 % en 2015) et du netrecul de celle des importations (-3 % contre 6,4 % en 2015) ; la croissance dela demande intérieure brute ayant significativement reculé en 2016.

La décélération de la croissance de l’absorption résulte de celle del’investissement (formation brute de capital fixe, FBCF) dont le rythmed’expansion passe de 5,7 % en 2015 à 3,5 % en 2016 et de celle de laconsommation finale dont le taux de croissance recule de un (01) point depourcentage pour s’établir à 2,6 %.

Le ralentissement du rythme de croissance de la consommation finale résulteprincipalement de celui de la consommation finale des administrationspubliques qui perd 1,8 point de pourcentage pour s’établir à 1,3 % contre 3,1 %en 2015. En revanche, la consommation finale des ménages n’a perdu que 0,6point de pourcentage de croissance et s’établit à 3,3 % contre 3,9 % en 2015.

20

En lien avec le ralentissement de la croissance de la demande intérieure brutedans ces deux composantes, les importations totales ont diminué en volumeau rythme de 3 % pour la première fois depuis l’année 2011. Cette croissancenégative des importations est le fait des importations de biens dont le rythmede contraction a atteint -3,9 % contre une expansion de 2,9 % des importationsde services.

21

CHAPITRE III :

EVOLUTION DES PRIX

CHAPITRE III :EVOLUTION DES PRIX

Après deux années consécutives de forte désinflation (2013 et 2014), lerythme annuel moyen de l'inflation s'est accéléré en 2015. En 2016, il s'estpoursuivi et a atteint 5,8 % pour l’indice national des prix à la consommationet 6,4 % pour celui du Grand Alger.

Sur le marché mondial, les cours des principaux produits alimentaires ontbaissé pour la cinquième année consécutive. En 2016, l'indice FAO a reculéde 1,5 % en une année et de 29,8 % par rapport au pic de 2011. La déflationdes cours des céréales et des produits laitiers s’est poursuivie à l'inverse descours des sucres et des huiles alimentaires qui ont augmenté pour la premièrefois depuis 2012.

L’indice des valeurs unitaires à l’importation des biens alimentaires continuede fléchir en 2016 (-4,8 %), alors que celui des biens de consommation nonalimentaires poursuit sa progression à un rythme élevé de 7,9 %.

Pour un poids relatif de 23,1 %, l’indice des prix à la consommation des biensà fort contenu d’import a progressé de 6,8 % en moyenne annuelle, en haussede 2,2 points de pourcentage en un an.

L'inflation fondamentale mesurée par l'indice hors produits agricoles frais aatteint 7,8 %. Celle mesurée par l'indice hors produits agricoles frais etproduits à prix réglementés s’est établie à 7,9 %. Cela traduit une persistancede l’inflation structurelle.

L’inflation annuelle moyenne des prix à la production industrielle s'estaccentuée en 2016, passant de 2,3 % à 4,1 %. Celle des prix des industriesmanufacturières a progressé de 2,8 % contre 1,4 % en 2015.

Le léger recul du ralentissement de l’inflation chez les principaux partenairescommerciaux de l’Algérie à un taux annuel moyen de 0,2 %, a porté ledifférentiel d’inflation avec la zone Euro (18 pays) à 6,2 points depourcentage en fin 2016, soit une hausse de 1,4 point en une année.

L’expansion monétaire (M2) demeure très faible à 0,8 % en 2016 comme en2015 (0,1 %) et ne semble pas être à l’origine de la hausse de l’inflation.

Enfin, le taux de change effectif nominal du dinar s’est déprécié, en moyenneannuelle, de 5,8 % et celui de fin de période (décembre 2016 par rapport àdécembre 2015) de seulement 0,8 %.

23

III.1 - PRIX A LA PRODUCTION INDUSTRIELLE PUBLIQUE

L’inflation annuelle moyenne des prix à la production industrielle s’estfortement accélérée en 2016 ; elle a presque doublé en un an, passant de 2,3 %à 4,1 %, portant ainsi l’indice (base 100 en 1989) à 1310,6 points. La haussedes prix à la production industrielle résulte essentiellement de celle des prixdes secteurs « énergie » et « mines et carrières » avec des taux à deux chiffres,soit 17,5 % et 13,4 % respectivement et dans une moindre mesure de la haussedes prix du secteur « agroalimentaire » de 6,0 %. L’indice des prix desindustries manufacturières s’est établi à 1241,0 points, progressant de 2,8 %contre 1,4 % l’année précédente.

Pour cinq des huit secteurs d’activité de l’industrie manufacturière, l’inflationdes prix à la production a été modérée, voire inférieure à l’inflation globale(2,8 %), oscillant entre 0,4 % pour la « chimie, caoutchouc et plastiques » et1,2 % pour les « industries sidérurgiques, mécaniques, électriques etélectroniques » (ISMMEE). Les prix des industries des « cuirs et chaussures »sont restés stables alors que ceux des « industries diverses » ont baissé de1,9 %.

Contribuant à hauteur de 62,0 % à l’évolution des prix de l’industrie horshydrocarbures, l’inflation de l’industrie manufacturière a été essentiellementtirée par la dérive des prix du secteur agroalimentaire qui, à lui seul, a généré2,1 points d’inflation sur les 4,1 points de l’inflation globale et, dans unemoindre mesure par la hausse des prix du secteur de l’énergie (17,6 %) qui acontribué à hauteur de 19,7 % à l’inflation globale.

24

Graphique III.1 : Evolution des prix de l’industrie Graphique III.2 : Contribution à l'inflation de l'industrie

III.2 - PRIX DES BIENS DE CONSOMMATION IMPORTES

III.2.1 – Evolution des cours mondiaux

Pour la cinquième année consécutive, l’indice FAO1 , qui mesure les prix desprincipaux produits alimentaires, a baissé. En 2016, la diminution de cetindice a été de 1,5 % par rapport à 2015 et de 29,8 % par rapport à son picenregistré en 2011. Concernant les cours des principaux produits importéspar l’Algérie, ceux des céréales et des produits laitiers ont continué à décroîtreà des taux respectifs de -9,6 % et -4,1 % alors que ceux des sucres et desoléagineux ont augmenté pour la première fois depuis 2012 de 34,2 % et11,4 % respectivement.

En 2016, la baisse constante des prix des céréales, liée à l’abondance desrécoltes, a abouti à un cours moyen du blé des USA de 197 dollars US latonne contre 232 dollars US en 2015 et à 195 dollars la tonne contre 225dollars en 2015 pour le blé de l’Argentine, soit des baisses respectives de15,5 % et 13,2 %.

Concernant le lait en poudre, la déflation de 2,1 %, en moyenne annuelle, aporté son cours à 2457 dollars US la tonne dans un contexte d’augmentationde la production annuelle mondiale de lait de 1,8 %. Toutefois, après lesbaisses des cours durant six mois consécutifs, les prix du lait en poudre sontrepartis à la hausse à partir du mois de mai 2016, portant l’indice de prix dece produit à 187,9 points en décembre 2016, alors que l’indice moyen annuelétait de 141,1 points, base 100 en 2002-2004.

En glissement annuel, l’indice FAO des huiles végétales a fortementaugmenté en décembre 2016, pour atteindre son plus haut niveau depuis

25

Graphique III.3 : Blé USA: cours en dollar tonne(ech.gauche) et glissements %

Graphique III.4 : Lait entier : cours en dollartonne (ech.gauche) et glissements %

1L’indice FAO est un indice pondéré par les échanges commerciaux qui permet le suivi des cours mondiaux de cinq principaux groupes de

produits alimentaires, à savoir les céréales de base, les huiles végétales, les produits laitiers, la viande et le sucre.

juillet 2014. En raison de la hausse de la demande mondiale et de la faiblessedes stocks mondiaux, les cours de l’huile de soja se sont accrus de 6,9 % enmoyenne annuelle, pour atteindre 809 dollars US la tonne ; par contre, ceuxde l’huile de tournesol ont fléchi de 0,7 % à 844 dollars US la tonne à fin2016.

S’agissant du sucre, après une baisse des cours quasiment ininterrompuedepuis 2011, l’année 2016 marque un retournement complet de tendance avecune hausse de plus d’un tiers sur l’année (34,2 %) portant son cours moyenà 398 Dollars US la tonne. L’envolée des cours mondiaux du sucre est liée àune mauvaise compagne 2015-2016, notamment celles de trois des cinqprincipaux pays producteurs du sucre, conséquence du phénomènemétéorologique El Ninõ qui a touché l’Asie, engendrant une réduction de laproduction mondiale de 4,2 %, en situation d’augmentation, quoiqu’en repli,de la consommation mondiale du sucre de +1,2 %.

III.2.2 - Prix des valeurs unitaires à l’importation de marchandises

En rythme annuel moyen, les prix à l'importation mesurés par l'indice nationaldes valeurs unitaires à l'importation des marchandises (IVU) ont progresséde 2,0 % en 2016 contre 3,2 % en 2015. Par groupes de produits, l’indice desbiens de consommation non alimentaires importés, un des moteurs de lahausse de l’IVU global, a poursuivi sa progression, qui dure depuis cinqannées, à un rythme élevé de 7,9 % en 2016 (18,4 % en 2015). En revanche,dans un contexte de tendance baissière des cours mondiaux des produitsagricoles, l'IVU des biens alimentaires importés continue de fléchir pour laseconde année consécutive, reculant de 4,6 points de pourcentage pours'établir à -4,8 % en moyenne annuelle.

26

Graphique III.5: Huiles végétales : Indice(ech.gauche) et glissements %

Graphique III.6: Sucre : cours en dollar tonne(ech.gauche) et glissements %

III.2.3 - Prix des produits à fort contenu d’import

L’indice des prix à la consommationdes biens à fort contenu d’import estestimé à 168,3 points en 2016, base100 en 2001 (prix relevés par l’OfficeNational des Statistiques et arrêtés enjanvier 2017). En moyenne annuelle,il a progressé de 2,2 points depourcentage en une année, pouratteindre un taux de 6,8 %,légèrement supérieur à l’inflationglobale (6,4 %). L’inflation des prixde cette catégorie de biens est tiréeessentiellement par celle des prix desproduits importés non alimentairesdont la contribution à l’inflation desprix des produits à fort contenud’import est de 81,1 %.

En 2016, les produits à fort contenud’import, d’un poids relatif de 23,1 %,contribuent à hauteur de 21,8 % à lacroissance de l’indice annuel moyendes prix à la consommation, contre19,7 % en 2015.

La contribution des produits alimentaires à fort contenu d’import à l’inflationglobale n’a été que de 4,1 %. En revanche, celle des biens non alimentairesest de 17,7 %.

27

Graphique III.7 : Evolution de l’indicedes valeurs unitaires

Graphique III.8 : Contribution des groupes de pro-duits à l’IVU

Graphique III.9 : Contribution des produits à fortcontenu d’import à l'inflation globale

Graphique III.10 : Contribution des produits (hors)alimentaires à l’inflation globale (en point de %)

III.3 - EVOLUTION DES PRIX A LA CONSOMMATION

III.3.1 - Prix à la consommation

Les années 2015 et 2016 marquent un retour à l’accélération de l’inflationaprès deux années consécutives de forte désinflation (2013 et 2014). En 2016,le rythme annuel moyen de l'inflation s'est établi à hauteur de 5,8 % pourl’indice national des prix à la consommation (IPC) et 6,4 % pour celui duGrand Alger, en hausses respectives de 1,4 et 1,6 point de pourcentage parrapport à l’année précédente, portant les deux indices à 199,4 et 188,3 pointsen décembre 2016, base 100 en 2001.

Après le pic historique de janvier 2013 (8,9 %), l’inflation avait connu untrend baissier durant dix-neuf mois consécutifs pour se retourner enseptembre 2014 (1,6 %) et croitre jusqu’à septembre 2015 (5,3 %). Après unedécélération de son rythme d’expansion jusqu’à décembre 2015 (4,8 %), satendance haussière a repris depuis pour aboutir à 6,4 % en décembre 2016.

En une année, l’inflation a progressé de 1,6 point de pourcentage dans leGrand Alger et de 1,4 point pour l’indice national. A l’exception du groupe« éducation, culture et loisirs » dont l’indice moyen des prix a baissé de 1,4 %par rapport à celui de 2015, l’accélération de l’inflation a concerné six deshuit groupes de produits, de 5,3 % pour le groupe « meubles et articlesd’ameublement » à 13,7 % pour le groupe « habillement et chaussures ». Lahausse des prix observée est supérieure à l’inflation moyenne pour la moitiédes groupes de produits.

Comme en 2015, quatre parmi les huit groupes de produits – « alimentation »,« habillement et chaussures », « transport » et « divers » – comptant pour unpoids cumulé de 75,0 % dans l’indice global, ont généré l’essentiel del’inflation en 2016, à hauteur de 84,3 %.

28

Graphique III.11 : Inflation annuelle moyenne desprix à la consommation : National et Grand Alger

Graphique III.12 : Inflation annuelle moyenneselon les groupes de produits en décembre 2016

Par catégorie de biens et contrairement à l’année précédente où les troiscatégories contribuaient à l’inflation globale moyenne à des taux proches deleurs poids dans le panier moyen des dépenses de consommation, en 2016,les biens manufacturés non alimentaires et les services ont généréconjointement près des trois-quarts de l’inflation pour un poids cumulé de56,87 %. Par ailleurs, le ralentissement de l’inflation des prix des biensalimentaires à 3,4 %, a entraîné un recul de leur contribution à l’inflation deprès de moitié en un an (25,2 % contre 46,7 % en 2015).

Pour un poids relatif de 39,89 % dupanier de consommation desménages, les biens manufacturéscontribuent pour plus de la moitié àl’inflation globale (54,8 %). L’inflationdes prix de ces derniers a presquedoublé, avec un accroissement de 4,9points de pourcentage en une année,culminant ainsi à un pic historique de10,0 % en moyenne annuelle, enraison de l’accélération de l’inflationdes prix des articles « habillement etchaussures » qui y contribuent pourle quart.

La tendance décroissante des prix des services de 2014 s’est inversée durantl’année 2015 et s’est poursuivie en 2016 pour aboutir à une inflation annuellemoyenne de 7,3 % contre 4,4 % en 2015, son maximum depuis mars 2006.Les services, d’un poids relatif de 16,98 %, contribuent à hauteur de 20,0 %à l’inflation globale. En leur sein, les prix du groupe « transports ettélécommunication » ont fortement augmenté de 11,7 %.

29

Graphique III.13 : Contribution des catégories debiens à l'inflation annuelle moyenne

Graphique III.14 : Inflation annuelle moyenne selon les catégories de biens

Avec un poids de 43,09 %, l’accroissement relativement modéré des prix desbiens alimentaires de 3,4 %, est lié à la désinflation observée des prix desproduits agricoles frais au cours de l’année sous revue (2,0 %) et à la hausserelativement modérée des prix des produits alimentaires industriels (4,8 %).Néanmoins, ces derniers comptent pour 70,1 % dans l’inflation alimentaireet à hauteur de 17,6 % dans l’inflation globale.

III.3.2 – Inflation des prix des produits réglementés

La tendance haussière de l’inflation des prix des produits règlementés,entamée en 2015, s’est poursuivie en 2016 pour s’établir, en moyenneannuelle, à 7,3 %, en hausse de 5,9 points de pourcentage. Cet indice quireprésente le quart de l’indice global (26,1 %) contient quatorze (14) produits,dont six (6) alimentaires.

Cette hausse élevée des prix des produits réglementés est tirée par celle desprix des produits réglementés non alimentaires dont l’inflation, en moyenneannuelle, a atteint 12,0 % et la contribution à l’inflation des prix des produitsréglementés a été de 71,1 %. Parmi ces produits, les prix de l’électricité etdu gaz ont augmenté de 12,8 %, ceux de l’essence de 35,9 % et ceux des prixdu transport par taxi de 27,8 %.

30

Graphique III.15 : Contribution des produits alimen-taires à l’inflation globale (en point de pourcentage)

Graphique III.16 : Contribution des produits alimen-taires à l’inflation alimentaire (en point de pourcentage)

En revanche, les prix des produits alimentaires réglementés, dont le poidsrelatif dans l’indice global est de 15,41 %, ont progressé plus modérémentde 3,7 % contre 2,4 % en 2015. Les prix de la farine, du sucre et de la semouleont enregistré des hausses annuelles moyennes, respectivement de 22,9 %,2,6 % et 2,3 %. Les hausses simultanées des prix de ces trois produits ont faitcroitre, toutes choses égales par ailleurs, l’indice des prix des produitsalimentaires réglementés de 2,5 points de pourcentage en 2016 par rapport à2015.

III.3.3 – Différentiel d’inflation

Enfin La tendance haussière del’inflation en rythme annuel moyendepuis janvier 2016, s’est traduite parl’élargissement du différentield’inflation avec la zone Euro (18pays) de 1,4 point en une année, leportant à 6,2 points de pourcentage enfin 2016, et ce en dépit de la reprise,quoique très modérée, de l’inflationchez les principaux partenairescommerciaux de l’Algérie (0,2 %).

III.3.4 – Inflation sous-jacente

Le ralentissement de l’inflation structurelle au cours des années 2013 et 2014à des taux respectifs de 3,0 % et 2,2 % s’est interrompu en 2015, égalant ainsil’inflation globale à 4,8 %. En 2016, cette inflation, mesurée par l’indice

31

Graphique III.17 : Contribution des produitsréglementés à l'inflation globale

Graphique III.18 : Contributions de quelques produits réglementés à l'inflation des produits réglementés

Graphique III.19 : Inflation annuelle moyenne (%)et différentiel (en points) - Algérie-Zone Euro

global annuel moyen hors produitsagricoles frais, prenant en compte83,1 % des dépenses deconsommation des ménages etcontribuant à hauteur de 92,5 % àl’inflation globale, s’est accrue à7,8 %, taux supérieur à l’inflationglobale.

L’indice des prix à la consommationexcluant les produits agricoles frais etles produits à prix réglementés, quireprésente 57,0 % du panier deconsommation s’est accru, en moyenne annuelle, de 7,9 %, rythme supérieurà celui de l’inflation globale (6,4 %). Cet indice a généré plus de deux-tiersde l’inflation globale (68,2 %).

Les niveaux élevés des deux mesures de l’inflation sous-jacente indiquentune persistance de l’inflation structurelle depuis au moins treize mois. Dansun contexte de faible expansion monétaire, de baisse des prix mondiaux debeaucoup de produits agricoles importés et d’une dépréciation modérée dutaux de change effectif nominal du dinar, ce niveau, relativement élevé del’inflation sous-jacente, révèle clairement le caractère peu concurrentiel debeaucoup de marchés de biens et services.

32

Graphique III.20 : Contribution de l’inflationsous-jacente à l'inflation globale

CHAPITRE IV :

BALANCE DES PAIEMENTS,POSITION EXTERIEURE GLOBALE

ET TAUX DE CHANGE

CHAPITRE IV :BALANCE DES PAIEMENTS,

POSITION EXTERIEURE GLOBALE ET TAUX DE CHANGE

Le retournement brutal du marché pétrolier, à partir de la seconde moitié del’année 2014, s’est traduit par le premier déficit du solde global de la balancedes paiements de l’Algérie depuis 1998. En dépit de la baisse significative desimportations de biens de 11,8 %, la forte chute des prix du pétrole en 2015 de47,1 % a porté les déficits des comptes courant et global de la balance despaiements à, respectivement, 27,3 milliards de dollars et 27,5 milliards dedollars.

En 2016, la poursuite de la baisse des prix du pétrole de 15,2 % a réduit lesexportations d’hydrocarbures de 15,6 %. Néanmoins, le recul des importationsde biens de 6,1 %, conjugué à la très forte baisse du déficit du poste « revenusdes facteurs » a permis de limiter les déficits des comptes courant et global dela balance des paiements à près de 26 milliards de dollars.

IV.1- BALANCE DES PAIEMENTS

Le prix moyen mensuel du baril de pétrole, qui s’était stabilisé autour de 110dollars/baril au premier semestre 2014, a entamé une chute sensible durant laseconde moitié de la même année pour finir à 57,98 dollars/baril en décembre2014. Cette tendance à la baisse s’est poursuivie tout au long de l’année 2015et le prix du pétrole a affiché son plus bas cours en janvier 2016 à 31,1 dollarsle baril. Les cours sont ensuite remontés pour finir à 53,96 dollars le baril endécembre 2016. En moyenne annuelle, les cours du brut sont passés de 100,2dollars en 2014 à 53,1 dollars en 2015 puis à 45 dollars en 2016.

En conséquence, les exportations d’hydrocarbures en valeur ont baissé de15,6 % en 2016 (-43,4 % en 2015) malgré la hausse sensible des quantitésexportées (10,7 %). En effet, les exportations d’hydrocarbures sont passéesde 33,08 milliards de dollars en 2015 (18,23 milliards de dollars au premiersemestre et 14,85 milliards de dollars au second semestre) à seulement 27,92milliards de dollars en 2016 (12,47 milliards de dollars au premier semestreet 15,45 milliards de dollars au second semestre). Cependant, les exportationsd’hydrocarbures se sont redressées au quatrième trimestre de 2016 pouratteindre 8,47 milliards de dollars, soit 2 milliards de dollars de plus parrapport à la moyenne trimestrielle des trois premiers trimestres de la mêmeannée (6,49 milliards de dollars).

34

Graphique IV.1 : Evolution du prix moyen mensuel du pétrole (janvier 2014-décembre 2016)

Comparativement à l’année 2004 où le prix moyen du pétrole était largementinférieur à celui de 2016 (38,7 dollars/baril en 2004 contre 45,0 dollars barilen 2016), les exportations d’hydrocarbures y étaient supérieures de 13 %(31,55 milliards de dollars en 2004 contre 27,92 milliards de dollars en 2016),révélant ainsi la baisse sensible des quantités annuelles d’hydrocarburesexportées durant cette dernière décennie.

Parallèlement, les exportations de biens hors hydrocarbures (1,18 milliard dedollars en moyenne annuelle au cours de la dernière décennie) sont demeuréesfaibles à 1,39 milliards de dollars en 2016 et de surcroît concentrées sur troiscatégories de biens, « les engrais minéraux ou chimiques azotés », « lesammoniacs anhydres » et « les sucres » qui représentent à eux seuls près destrois-quarts du total (72 %) du total.

Quant aux importations de biens (Fob), elles ont baissé en 2016 pour ladeuxième année consécutive et ce, après plus de dix-huit (18) années detendance haussière ininterrompue, à l’exception de l’année 2009. Cesimportations sont passées, en effet, de 59,67 milliards de dollars en 2014 à52,65 milliards de dollars en 2015 puis à 49,44 milliards de dollars en 2016,soit un recul de 3,21 milliards de dollars entre 2015 et 2016. À l’exception dugroupe « autres biens », cette baisse appréciable des importations a concernétous les groupes de produits et notamment les groupes « équipementsindustriels », « biens alimentaires » et « énergie ».

Les importations de biens d’équipements industriels, les plus importantes avecune part relative dans le total des importations de 29,8 %, ont baissé de 1,66milliard de dollars passant de 16,37 milliards de dollars en 2015 à 14,71milliards de dollars en 2016. Cette baisse, qui explique 51,7 % du recul des

35

importations totales de biens, concerne essentiellement, les importations deturboréacteurs et turbopropulseurs (-733 millions de dollars) et de celle desimportations de véhicules de transport de personnes et de marchandises (-719millions de dollars).

Graphique IV.2 : Décomposition des importations de biens en 2016 par produits

Les importations de biens alimentaires (15,9 % de part relative dans le totaldes importations) ont atteint 7,86 milliards de dollars en 2016 contre 8,95milliards de dollars en 2015, soit une baisse de plus 1,09 milliard de dollars.Cette baisse, participe à hauteur de 34,0 % au recul des importations totalesde biens et porte, pour une très grande part, sur les importations de céréales(- 730 millions de dollars) et de la poudre de lait (- 185 millions de dollars).

Les importations du groupe «énergie » ont baissé de 1,01 milliard de dollarspour atteindre 1,23 milliard de dollars en 2016 contre 2,24 milliards de dollarsen 2015 et expliquent 31,5 % du recul des importations totales de biens.

Avec une part relative dans le total des importations de 22,2 %, lesimportations de produits semi-finis ont baissé de 11,48 milliards de dollars en2015 à 10,97 milliards de dollars en 2016, soit une baisse de plus 510 millionsde dollars expliquant ainsi 15,9 % du recul des importations totales de biens.

Les importations de biens de consommation non alimentaires, qui occupentle troisième rang avec une part relative dans le total des importations de16,0 %, ont baissé de 339 millions de dollars et reculent à 7,90 milliards dedollars en 2016 contre 8,24 milliards de dollars en 2015. Cette baisse, quiexplique 10,6 % du recul des importations totales de biens, est dueessentiellement au recul des importations de véhicules de tourisme (- 746millions de dollars).

36

Ainsi, en dépit de la baisse des importations totales de biens, le déficit de labalance commerciale s’est élargi de 2,04 milliards de dollars passant de 18,08milliards de dollars en 2015 à 20,13 milliards de dollars en 2016. C’est ledeuxième déficit après plus de dix-huit (18) années d’excédents consécutifs.

En revanche, le déficit du poste « services hors revenus des facteurs » s’estcontracté pour la seconde année consécutive à 7,34 milliards de dollars à fin2016 contre 7,52 milliards de dollars à fin 2015 (8,14 milliards de dollars àfin 2014). Cette évolution favorable du solde du poste des services s’explique,pour l’essentiel, par le recul des importations des services de transport etassurance, liés à la baisse des importations de biens.

Graphique IV.3 : Evolution des postes de la balance commerciale (2012-2016)

Le poste « revenus des facteurs » (revenus primaires) a connu, lui aussi, unebaisse significative de son déficit à 1,57 milliard de dollars en 2016, contre4,45 milliards de dollars en 2015, en raison des diminutions des transferts autitre des dividendes et des parts en production des associés de l’entreprisenationale des hydrocarbures.

Le poste transferts courants nets (revenus secondaires), structurellementexcédentaire, enregistre, cette année encore, un excédent de 2,82 milliards dedollars, en légère hausse par rapport à l’année 2015 (2,77 milliards de dollars).Il convient de rappeler que les flux entrants au titre des transferts courants sontconstitués, dans une large mesure, de pensions de retraite versées par descaisses de retraites de pays de la zone euro aux nationaux.

37

L’évolution de ces divers postes a abouti à un déficit du compte courant de laBP de 26,22 milliards de dollars, le troisième déficit consécutif après plus dequinze années d’excédents. Cependant, en dépit de la baisse des recettesd’exportation d’hydrocarbures de 5,16 milliards de dollars, le déficit ducompte courant a légèrement diminué (de 1,07 milliard de dollars) en raison,principalement, du recul des importations de 3,21 milliards de dollars et de ladiminution significative du déficit du « poste revenus des facteurs » de prèsde 2,9 milliards de dollars.

Graphique IV.4 : Evolution des principaux soldes de la balance des paiements (2012-2016)

Sur le plan macroéconomique, le déficit du compte courant de la balance despaiements traduit un excès de la dépense intérieure brute (absorption) sur lesrevenus générés par l’activité économique nationale et de l’investissement surl’épargne. Les déficits des finances publiques contribuent de manièreprépondérante à l’excès de la dépense nationale sur les revenus.

Quant au compte capital et opérations financières, après le déficit enregistréen 2015 et provoqué par le transfert de 2,34 milliards de dollars au titre d’uneopération de désinvestissement étranger, il affiche cette année un soldeexcédentaire de 186 millions de dollars. Cet excédent résulte, principalement,de la hausse nette de l’endettement extérieur suite à la concrétisation del’emprunt de 900 millions d’euro de l’Etat Algérien auprès de la BanqueAfricaine de Développement (BAD).

38

Au total, le solde global de la balance des paiements affiche un déficit de 26,03milliards de dollars en 2016 (14,61 milliards de dollars au premier semestreet 11,42 milliards de dollars au second semestre) en recul de 1,51 milliard dedollars par rapport à l’année 2015.

Graphique IV.5 : Evolution des réserves de change

IV.2- POSITION EXTERIEURE GLOBALE

Les déficits records de la balance des paiements enregistrés en 2015 et 2016se sont traduits par une forte contraction des réserves officielles de change(hors or) qui sont passées de 178,94 milliards de dollars à fin décembre 2014à 144,13 milliards de dollars à fin décembre 2015 puis à 114,14 milliards dedollars à fin 2016.

Le niveau des réserves de change demeure, cependant, appréciable etreprésente près de 23 mois d’importation de biens et services. Ce niveau deréserves, qui classe l’Algérie parmi les vingt premiers pays qui disposent desplus importantes réserves de change au monde, a permis de lisser les effets duchoc pétrolier de grande ampleur sur l’économie nationale.

Cependant, la persistance du choc externe pourrait rapidement éroder larésilience de la position extérieure de l’Algérie, d’autant que le niveau desimportations demeure élevé et constitue un risque additionnel pour la balancedes paiements extérieurs sur le moyen terme. Ce niveau, désormais,insoutenable des importations de biens et services milite pour une maîtrise duniveau de l’absorption domestique.

39

Tableau IV.1 : Balance des paiements évaluée en US dollars

40

En ce qui concerne la dette extérieure, après l’important remboursement paranticipation en 2006, la dette extérieure totale de l’Algérie, qui a enregistréen 2015 son niveau le plus bas (3,02 milliards de dollars), a connu une légèreprogression pour atteindre un encours de 3,85 milliards de dollars à fin 2016.

L’encours de la dette extérieure à moyen et long termes est évalué à 1,86milliard de dollars à fin 2016 contre 1,2 milliard de dollars à fin 2015. Cettelégère hausse de l’encours de la dette à moyen et long termes résulte de laconjonction (i) de la mobilisation de 991 millions de dollars, constitués pourl’essentiel de l’emprunt auprès de la BAD, (ii) du remboursement enprincipal de 309 millions de dollars et (iii) d’un effet de valorisation enfaveur de l’Algérie (-16 millions de dollars) sur l’encours de la dette de 2015suite à la dépréciation de l’euro face au dollar en 2016.

L’encours de la dette à court terme, qui dépasse celui de la dette à moyen etlong termes pour la troisième année consécutive, a légèrement augmenté en2016 pour afficher 1,99 milliard de dollars contre 1,82 milliard de dollars en2015. L’essentiel de cette dette à court terme est représenté par les créditsacheteurs dont ont bénéficié plusieurs opérateurs économiques résidents pourfinancer leurs importations de biens et services.

Graphique IV.6 : Encours de la dette à moyen et long termes par type de crédits

La structure de l'encours de la dette à moyen et long termes par type de crédit,à fin 2016, fait ressortir la prédominance des crédits multilatéraux quis’établissent à 948 millions de dollars contre un million de dollars en 2015(prêt BAD). Cette catégorie de crédit, représente 50,9 % de l'encours de ladette extérieure à moyen et long termes (0,1 % en 2015). Les crédits bilatérauxoccupent la seconde place avec une part relative de 37,6 %. Pour ce qui estdes crédits financiers représentés, pour l’essentiel, par ceux des maisons mèresà leurs filiales en Algérie, leur encours a baissé, pour la seconde annéeconsécutive, à 214 millions de dollars (323 millions de dollars à fin 2015).

41

L’évolution des indicateurs pertinents de la dette extérieure, depuis sa forteréduction au cours de la seconde moitié des années 2000, témoigne de lasoutenabilité de la dette extérieure à fin 2016. En particulier, le service de ladette extérieure à moyen et long termes a atteint 330 millions de dollars à fin2016 contre 695 millions de dollars à fin 2015. Il est utile de rappeler que suiteà la très forte réduction de la dette extérieure en 2006, le service de la detteest tombé en dessous du milliard de dollars depuis 2009 (0,666 milliard dedollars en 2010).

En conséquence, le ratio du service de la dette extérieure rapporté auxexportations de biens et services s’est établi à 1,01 % en 2016 (1,83 % en2015), après être passé de 59 % en 1999 à 2,1 % en 2009. En situation de chocexterne, ce très faible niveau du ratio de service de la dette extérieure confirmela soutenabilité de la dette à moyen et long termes et notamment l’encours dela dette publique extérieure, évaluée à seulement 1,37 milliard de dollars (0,52milliard de dollars à fin 2015).

Graphique IV.9 : Service de la dette extérieure à moyen et long termes

42

Graphique IV.7 : Structure de la dette extérieure pardevises au 31/12/2016

Graphique IV.8 : Structure de la dette extérieure par paysau 31/12/2016 (hors crédits multilatéraux et financiers)

43

Tableau IV.2 : Encours et structure de la dette extérieure

En ce qui concerne la structure de la dette par devise, elle montre que la partdu dollar a baissé à 13,40 % à fin 2016 contre 30 % à fin 2015, alors que cellede l'euro a augmenté à 80,8 % à fin 2016 contre 59,1 % à fin 2015; les partsrelatives des autres devises étant très faibles.

Quant à la répartition de la dette à moyen et long termes par taux d'intérêt (fixeversus variable) à fin 2016, elle est restée identique à celle de 2015, soit uneprédominance de la dette à taux fixe (99 %). Aussi, le taux fixe moyen annuelde la dette à moyen et long termes qui était de 1,97 % en 2015 s’est établi à1,90 % en 2016.

En dépit d’une légère hausse de l’encours de la dette extérieure à moyen etlong termes en 2016, les différents indicateurs confirment la solidité de lasituation de l’endettement extérieur, à en juger par le niveau du ratio encoursde la dette à moyen et long termes/PIB qui s’est établi à 1,19 % en 2016(0,72 % en 2015 et 2,33 % en 2010).

IV.3- MARCHE DES CHANGES ET TAUX DE CHANGE

Après les fortes dépréciations face au dollar de plusieurs monnaies des paysavancés et des pays émergents et en développement en 2015, la volatilité descours de change des différentes monnaies sur le marché mondial des changesest demeurée encore d’actualité en 2016, notamment après l’annonce duBrexit.

Graphique IV.10 : Evolution des cours moyens mensuels de quelques monnaies face au dollar US (janvier 2014 = 100)

44

Ainsi, le cours de change moyen mensuel de la livre sterling, qui a perdu,respectivement, 5,24 % et 5,37 % de sa valeur face au dollar américain en2014 et 2015, s’est encore déprécié de 16,29 % face au dollar entre décembre2015 et décembre 2016. Parallèlement, l’euro a perdu 3,17 % de sa valeur faceau dollar au cours de la même période et ce, après deux années de fortesdépréciations (-10,29 % en 2014 et -10,24 % en 2015). Cependant, la couronnenorvégienne, qui s’est dépréciée face au dollar en 2014 et en 2015 de 15,95 %et 15,47 % respectivement, a enregistré une légère appréciation face au dollaren 2016, soit 2,39 %.

Les cours de change des monnaies des pays émergents et en développement,après avoir enregistré de fortes dépréciations face au dollar en 2014 et 2015,ont, quant à elles, connu, des évolutions différenciées face au dollar. En effet,le real brésilien ainsi que le rouble russe se sont appréciés face au dollar entredécembre 2015 et décembre 2016, respectivement, de 21,70 % et de 19,98%,alors que le bolivar vénézuélien a connu une forte dépréciation face au dollarsur la même période (-36,94 %).

Dans ce contexte de volatilité accrue sur le marché mondial des changes et deniveaux bas des prix du pétrole, la Banque d’Algérie a continué sonintervention active sur le marché interbancaire des changes en sa qualité deprincipal offreur de devises contre le dinar algérien afin d’assurer son objectifen la matière, à savoir le maintien du taux de change effectif réel du dinar àun niveau proche de celui d’équilibre ; le niveau d’équilibre du taux de changeeffectif réel du dinar étant fonction des fondamentaux de l’économiealgérienne, notamment le prix du pétrole, le niveau des dépenses publiques etles différentiels de productivité et d’inflation entre l’Algérie et ses principauxpartenaires commerciaux.

Graphique IV.11 : Evolution des cours moyens mensuels DZD/USD

45

En contexte d’élargissement du différentiel d’inflation entre l’Algérie et sesprincipaux partenaires commerciaux et de faible prix du baril de pétrole etcorrélativement de dégradation du niveau d’équilibre du taux de changeeffectif réel du dinar, le taux de change nominal du dinar s’est encore dépréciéen 2016 face au dollar et à l’euro à un rythme, néanmoins, plus faible que celuienregistré en 2015.

Graphique IV.12 : Evolution des cours moyens mensuels DZD/EURO

Face au dollar américain, le cours moyen annuel du dinar est passé de 100,46dinars pour un dollar en 2015 à 109,47 dinars en 2016, soit une dépréciationde 8,2 %, contre une dépréciation de 19,8 % une année auparavant.Parallèlement, le dinar algérien s’est déprécié de 8,03 % face à l’euro, entre2015 et 2016, affichant un cours de 121,18 dinars pour un euro en 2016 contre111,44 dinars pour un euro en 2015.

En moyenne mensuelle, le cours du dinar face au dollar s’est déprécié tout aulong de la période allant de janvier 2014 à mai 2016, passant de 78,11 dinarspour un dollar en janvier 2014 à 86,99 dinars pour un dollar en décembre 2014,puis à 107,27 dinars pour un dollar en décembre 2015 et à 109,79 dinars pourun dollar en mai 2016. La période allant de juin 2016 à décembre 2016, a étémarquée, quant-à-elle, par une relative stabilité du taux de change du dinarface au dollar (110,15 dinars pour un dollar en juin 2016 contre 110,90 dinarspour un dollar en décembre 2016).

Face à l’euro, l’évolution du taux de change du dinar a connu trois phases :une relative stabilité entre janvier 2014 et avril 2015, une dépréciation continuesur la période allant de mai 2015 à mai 2016 et une appréciation entre juin et

46

décembre de 2016. En effet, le cours moyen mensuel du dinar est passé de106,39 dinars pour un euro en janvier 2014 à 107,21 en décembre de la mêmeannée et à 105,77 dinars pour un euro en avril 2015, pour entamer unetendance baissière aboutissant à 124,15 dinars pour un euro en mai 2016. Lapériode allant de juin 2016 à décembre 2016 a été caractérisée par uneappréciation sensible du dinar face à l’euro affichant en décembre un cours de116,99 dinars pour un euro, soit une appréciation de 6,12 % par rapport à mai2016.

En dépit de sa relative stabilité, en moyenne mensuelle, face au dollar et deson appréciation face à l’euro entre juin et décembre 2016, le cours de changeannuel moyen du dinar s’est, néanmoins, encore déprécié face à ces deuxprincipales devises en 2016 par rapport à 2015. Il demeurerait, cependant,selon les évaluations des institutions internationales (FMI notamment), encoresurévalué en termes effectif réel. Mais, en tout état de cause, la situation deprofonds déséquilibres macroéconomiques, qui traduisent un excès de lademande globale sur les revenus générés par l’activité économique nationale,requiert que d’autres moyens d’ajustement, autres que le seul taux de change,soient mis en œuvre. La consolidation budgétaire programmée dans un cadrebudgétaire à moyen terme en est une. Mais, d’autres moyens de régulationéconomique devraient être mis en œuvre pour tout à la fois, réduirel’absorption et stimuler l’offre domestique de biens et services.

47

CHAPITRE V :

FINANCES PUBLIQUES

CHAPITRE V :FINANCES PUBLIQUES

Le déficit budgétaire de 2015 a été le plus élevé depuis l’année 2009. Ilrésultait de la baisse de près de 30 % des recettes fiscales des hydrocarburesconsécutive à la baisse de près de 47 % du prix moyen du pétrole et d’unehausse significative des dépenses publiques, notamment d’équipement.

La poursuite de la baisse du prix du pétrole, de 15,2 % en 2016, a encore faitbaisser les recettes des hydrocarbures de près de 25 %. Cependant, en raisond’une baisse sensible des dépenses publiques, notamment d’équipement etd’une hausse appréciable des recettes hors hydrocarbures, le déficit budgétairede 2016 a légèrement fléchi à 13,5 % du PIB contre 15,3 % en 2015.

En outre, si le financement du déficit du solde global de Trésor en 2015(2 621,7 Mds de dinars) a été financé à hauteur de 89,1 % par des prélèvementssur le Fonds de régulation des recettes (FRR), celui de 2016 ne l’a été qu’àconcurrence de 58,1 % en raison du recours à d’autres sources de financement,notamment l’appel à l’épargne du reste de l’économie.

V.1- RECETTES BUDGETAIRES

En 2016, les recettes budgétaires s’établissent à 5 042,2 milliards de dinarscontre 5 103,1 milliards de dinars en 2015, en diminution de 60,9 milliards dedinars (- 1,2 %). Cette quasi-stagnation des recettes budgétaires totales s’estmatérialisée en dépit de la baisse des recettes des hydrocarbures (- 592,4milliards de dinars, soit -25,0 %).

Rapportées au PIB, les recettes totales ont légèrement reculé, en 2016, à29,0 % du flux annuel de richesse produite (PIB) contre 30,6 % en 2015 et33,3 % en 2014, en contexte de hausse en valeur du PIB. En revanche, le ratiorecettes hors hydrocarbures sur PIB Hors hydrocarbures s’est nettementamélioré, passant de 18,7 % en 2014 à 20,1 % en 2015 pour finir à 22,7 % en2016.

Les recettes des hydrocarbures (fiscalité pétrolière + dividendes versés par lacompagnie nationale) ont diminué de 25 % en 2016 (contre 30 % en 2015),passant de 2 373,5 milliards de dinars en 2015 à 1 781,6 milliards de dinarsen 2016 en raison de la baisse du prix du pétrole de 15,2 % et malgré la haussede la valeur ajoutée du secteur des hydrocarbures de 7,7 %.

49

En raison de la baisse drastique des prix du pétrole, notamment en 2015, lesrecettes des hydrocarbures rapportées aux recettes budgétaires totales, quis’étaient établies à 59,0 % en 2014, ont diminué à 46,5 % en 2015 puis à35,3 % en 2016 (61,7 % en 2013) et ne couvrent plus que 24,1 % des dépensesbudgétaires totales contre 31 % en 2015 et 48,4 % en 2014 (61,1 % en 2013).De même, alors qu’en 2014 et 2015, les mêmes recettes des hydrocarburesreprésentaient respectivement 75,4 % et 51,4 % des dépenses courantes, ellesn’en représentent plus en 2016 que 38,8 %. La même tendance à la baisse estobservée lorsque ces recettes des hydrocarbures sont rapportées aux dépensesen capital, (respectivement 135,5 %, 78,1 % et 63,8 % en 2014, 2015 et 2016)révélant ainsi une détérioration de la couverture des dépenses courantes et encapital par les recettes des hydrocarbures.

Les recettes hors hydrocarbures ont atteint en 2016 un montant global de3 261,1 milliards de dinars, en progression de 19,5 % contre 16,2 % 2015.Leur part dans les recettes budgétaires totales passe de 53,5 % en 2015 à64,7 % en 2016 en raison, principalement, de la forte hausse des recettes nonfiscales qui ont compensé la baisse des recettes des hydrocarbures. Ellesfinancent 44,2 % des dépenses totales contre 35,7 % en 2015 et couvrent lesdépenses courantes à hauteur de 71 % contre 59,1 % en 2015.

La progression appréciable des recettes hors hydrocarbures résulteprincipalement des recettes non fiscales. Leur contribution à la croissance desrecettes hors hydrocarbures s’élève à 87,2 % et celle des recettes fiscaless’établit à 12,8 % contre 69,3 % en 2015.

Les recettes fiscales ont atteint 2 422,9 milliards de dinars en 2016 contre2 354, 7 milliards de dinars en 2015, soit une progression de seulement 2,3 %contre 12,6 % en 2015. Cette faiblesse relative de la croissance des recettesfiscales résulte tout autant de la faible hausse des impôts sur les revenus et lesbénéfices (69,3 milliards de dinars) et des impôts sur les biens et services (32,9milliards de dinars) que de la baisse des produits des douanes (- 43,6 milliardsde dinars).

On observera que sur la période 2013-2016, comme sur la période 2002-2012,la fiscalité directe progresse plus rapidement, en moyenne, que la fiscalitéindirecte aboutissant ainsi à une inversion dans la structure des recettesfiscales : les impôts sur les revenus et bénéfices qui ne représentaient que23,2 % des recettes fiscales en 2002 en représentent cette année (2016) 45,6 %,en hausse de 1,6 point de pourcentage par rapport à 2015 ; en revanche, lepoids des impôts sur biens et services passe à 35,4 % contre 35 % en 2015

50

mais 46,3 % en 2002 et celui des droits de douane recule de 2,3 points à 15,2 %en 2015, contre 26,6 % en 2002.

Tableau V.1 : Evolution de la structure des recettes fiscales hors hydrocarbures (en %)

Dans la même perspective, l’évolution des structures des impôts sur lesrevenus et bénéfices et des impôts sur les biens et services révèle desinsuffisances dans le recouvrement de la fiscalité directe hors salaires et de lafiscalité indirecte sur les activités intérieures.

En effet, bien que les années 2015 et 2016 ne confirment pas les tendanceslourdes observées sur la période 2002-2014, à savoir les augmentations (i) dupoids des impôts sur les salaires dans les impôts directs et corrélativement ladiminution de celui des impôts sur les bénéfices des sociétés et (ii) de la partde la TVA et prélèvements sur les importations et corrélativement la baisse decelle de la TVA sur les activités intérieures, il n’en demeure pas moins quel’évolution des structures des impôts directs et indirects contrastent fortementavec les tendances à la hausse :

- de la part des excédents nets d’exploitation dans la valeur ajoutée nette desactivités économiques hors hydrocarbures et agriculture d’une part, - de la valeur ajoutée de la sphère réelle.

Tableau V.2 : Evolution de la structure des impôts sur les revenus et bénéfices

Tableau V.3 : Evolution de la structure des impôts sur biens et services (en %)

51

En outre, la part des prélèvements et de la TVA sur les produits pétroliers dansla fiscalité indirecte, qui représentaient 20 % des impôts sur les biens etservices en 1997, n’a cessé de diminuer jusqu’à devenir quasi nulle cesdernières années. En 2016, les mesures de relèvement de certaines taxes surles carburants ont relevé cette part à 6 % des impôts indirects.

Graphique V.1 : Structure des recettes budgétaires

Ces reculs et les faiblesses relatives de la fiscalité directe sur les bénéfices etde la fiscalité indirecte sur les activités intérieures témoignent du recul de lacapacité de recouvrement d’une partie de la fiscalité ordinaire ainsi que desdiverses exonérations. Ils constituent, néanmoins, une source très importanted’espace budgétaire permettant de concourir, à moyen terme, à la viabilitédes finances publiques si des efforts particuliers visant à limiter le champ desactivités informelles et à rationaliser les exonérations pour une meilleurerelance de l’investissement marchand étaient entrepris.

En ce qui concerne les recettes non fiscales, elles enregistrent en 2016 une trèsforte hausse de 123,6 %, passant de 374,9 milliards de dinars en 2015 à 838,2milliards de dinars en 2016, après celle, non moins élevée de 45 % en 2015.Cette très forte progression des recettes non fiscales résulte de celle,exceptionnelle, des dividendes de 610,5 milliards de dinars versés au Trésorpar la Banque d’Algérie. Ce faisant, la part des recettes non fiscales dans lesrecettes hors hydrocarbures a été portée de 13,7 % en 2015 à 25,7 % en 2016.

52

V.2 - DEPENSES BUDGETAIRES

En 2016, les dépenses budgétaires totales s’établissent à 7 383,6 milliards dedinars contre 7 656,3 milliards de dinars en 2015, soit une baisse de 3,6 %faisant suite aux augmentations successives de 2014 et 2015 de respectivement16,1 % et 9,4 %. Les dépenses en capital ont concouru pour plus de 90 % àcette diminution des dépenses totales.

Rapportées au PIB, les dépenses totales ont diminué, en 2016, à 43,4 % duPIB contre 45,8 % en 2015. De même, les dépenses totales rapportées au PIBhors hydrocarbures ont aussi baissé pour atteindre 51,3 % contre 56,4 % en2015.

Les dépenses de fonctionnement et d’équipement ont été budgétiséesrespectivement à 4 807,3 milliards de dinars et 3 176,8 milliards de dinarsdans la loi de finances pour 2016. Les dépenses de fonctionnement décaisséesont été consommées à hauteur de 95,5 % et les dépenses en capital à hauteurde 87,9 %.

Après avoir augmenté en 2014 et 2015, respectivement de 8,8 % et 2,7 %, lesdépenses courantes ont quasiment stagné en 2016 à 4 591,4 milliards de dinarscontre 4 617,0 milliards de dinars en 2015 (-0,5 %). Néanmoins, les dépensesde personnel ont augmenté de 5 % à 2 279,5 milliards de dinars tandis que lesautres postes importants des dépenses courantes ont enregistré desdiminutions, notamment les transferts courants qui ont modérément reculé à1 929,3 milliards de dinars contre 2 000,8 milliards de dinars en 2015 (-3,6 %).

Graphique V.2 : Structure des dépenses budgétaires

53

En ce qui concerne les dépenses d’équipement, après avoir connu des haussesimportantes en 2014 et 2015 qui les ont portées à 3 039,3 milliards de dinarsen 2015 (18,3 % du PIB) contre 1 892,6 milliards de dinars en 2013, soit60,6 % d’augmentation en deux ans, elles s’établissent, en 2016, à 2 792,2milliards de dinars , en baisse de 8,1 % par rapport à 2015.

A l’exception du poste divers dont les dépenses ont augmenté de 91,5 % àhauteur de 759,4 milliards de dinars, les diminutions les plus significativesont touché les secteurs suivants :

- énergie et Mines de -76,5 % (de 114,7 Mds à 27,0 Mds de dinars),- l’agriculture et hydraulique de -33,6 % (de 305,4 Mds à 202,8 Mds dedinars),- infrastructures Economiques et administratives de -12,8 % (de 1 032,2Mds à 899,9 Mds de dinars),- éducation-Formation de -24,3 % (de 227,9 Mds à 172,5 Mds de dinars),- infrastructures Socio-Culturelles de -11,9 % (de 135,4 Mds à 119,4 Mdsde dinars), - habitat de -28,7 % (de 615,7 Mds à 438,4 Mds de dinars).

L’effort d’ajustement et de consolidation budgétaire en matière de dépensesd’équipement a donc été réparti sur la quasi-totalité des secteurs d’activité.

Le tableau ci-après précise la ventilation et l’évolution des principalesdépenses publiques d’équipement.

Tableau V.4 : Structure des dépenses d’équipement (En % )

V.3 - CAPACITE DE FINANCEMENT

En 2016, le solde budgétaire affiche un déficit de 2 341,4 milliards de dinars(13,5 % du PIB) contre un déficit record de 2 553,2 milliards de dinars en2015 (15,3 % du PIB). Pour rappel, ce déficit était de 0,4 % du PIB en 2013et de 7,3 % en 2014. Ce léger recul du déficit budgétaire résulte, en quasi-totalité, de la diminution des dépenses publiques d’équipement.

54

Le flux d’épargne publique (recettes totales moins dépenses defonctionnement) est de 450,8 milliards de dinars contre 486,1 milliards dedinars en 2015, soit une épargne de seulement 8,9 %, très proche de celle de2015 et loin derrière celle de 2014 (21,7 %).

En 2016, Ce montant d’épargne publique a financé les dépensesd’investissement de l’Etat à hauteur de 16,1 % (comme en 2015) contre49,7 % en 2014 et 96,5 % en 2013, dégageant ainsi un besoin de financementdu Trésor de 2 387,2 milliards de dinars. En conséquence, la capacité definancement du Trésor exprimée par l’encours des épargnes financières auprèsde la Banque d’Algérie (Fonds de régulation des recettes, FRR) a diminué de1 387,9 milliards de dinars pour s’établir à 740 milliards de dinars contre2 073,8 milliards de dinars à fin 2015. Cette capacité de financement, qui nereprésente plus que 4,3 % du produit intérieur brut, s’est donc érodée de prèsde 4 900 milliards de dinars en trois années (2014-2016). Désormais, l’épargnefinancière du trésor ne représente plus que 10 % des dépenses totales de 2016.En 2013, ce ratio était de 93,7 %.

Au total, les importants déficits budgétaires des années 2014 et 2015 ont étéfinancés, essentiellement, par des prélèvements sur l’encours du FRR. En2016, outre le prélèvement de 1 387,9 milliards de dinars du FRR, le Trésorpublic a eu recours à d’autres sources de financement, parmi lesquelles,l’emprunt national auquel ont souscrit principalement les entreprises etménages.

Graphique V.3 : Indicateurs des finances publiques

55

V.4 - VIABILITE DES FINANCES PUBLIQUES, RÉFORMESAJUSTEMENT BUDGETAIRE

Les déficits budgétaires élevés, notamment en 2014, 2015 et 2016, révèlentune forte vulnérabilité des finances publiques. Ces déficits résultent, certes,de la chute de la fiscalité pétrolière mais traduisent aussi, autant la faiblessede la fiscalité ordinaire, eu égard au potentiel de prélèvement en la matière,que le poids élevé, voire excessif, de la dépense publique dans la dépenseintérieure brute.

C’est pourquoi, dans un contexte de niveaux des prix du pétrole beaucoup plusfaibles au cours des prochaines années et d’épuisement de l’épargne financièrenette de l’Etat, il devient impératif pour assurer la viabilité des financespubliques à moyen terme, (i) d’améliorer le recouvrement de la fiscalitéordinaire, notamment la fiscalité directe sur les bénéfices des sociétés et lafiscalité indirecte intérieure, (ii) de réduire les subventions explicites etimplicites et de n’en faire bénéficier que les populations à revenus les plusfaibles et (iii) de rationaliser les diverses exonérations fiscales et douanièresen vue d’élargir l’assiette fiscale et de mieux stimuler l’investissementproductif marchand.

En ce qui concerne la dépense publique, la consolidation budgétaire, entaméeen 2016 et inscrite dans le cadre budgétaire à moyen terme, et déclinée entermes de rationalisation des dépenses courantes (dépenses de personnel ettransferts courants) comme des dépenses d’équipement doit se poursuivre.Elle ne doit, cependant, pas constituer le seul levier d’ajustementmacroéconomique graduel de la dépense intérieure brute (absorption) auxressources nationales, ni être l’unique fer de lance des politiques publiques.

Le rétablissement nécessaire des équilibres macroéconomiques mais aussil’impératif de diversification de notre économie requièrent la mise en œuvred’autres leviers d’ajustement complémentaires ainsi que des réformesstructurelles visant à renforcer la régulation économique par le marché,condition nécessaire pour assurer une allocation plus équilibrée, voire optimaledes ressources. Cela permettra une stimulation plus vigoureuse del’investissement productif marchand et de libérer le potentiel de croissancehors hydrocarbures de l’économie nationale ; les expériences récentes denombreuses économies émergentes en matière de croissance et dediversification témoignent de la pertinence de cette stratégie.

56

CHAPITRE VI :

INTERMEDIATION ETINFRASTRUCTURE BANCAIRE

CHAPITRE VI :INTERMEDIATION ET

INFRASTRUCTURE BANCAIRE

Conséquence de la persistance des déséquilibres macroéconomiques,notamment des comptes extérieurs, les ressources collectées par les banquesont diminué pour la première fois depuis l’année 2009, année de fortecontraction des ressources provenant des recettes d’exportation.

Cependant, à l’exception des dépôts, les autres indicateurs de l’intermédiationbancaire ont plutôt continué à évoluer favorablement. Il en est ainsi des créditsà l’économie, en dépit de la baisse de la liquidité bancaire, comme desindicateurs de bancarisation. De même, les indicateurs de solidité et derentabilité des banques ont été peu affectés par la contraction de l’activitééconomique hors hydrocarbures.

VI.1 - INDICATEURS DE L’INTERMEDIATION BANCAIRE

A fin 2016, le système bancaire demeure toujours constitué de vingt-neuf (29)banques et établissements financiers, ayant tous leur siège social à Alger, dont :

- six (6) banques publiques, dont la caisse d'épargne ;- quatorze (14) banques privées à capitaux étrangers, dont une à capitauxmixtes ;- trois (3) établissements financiers, dont deux publics ;- cinq (5) sociétés de leasing dont trois (3) publiques ;- une (1) mutuelle d'assurance agricole agréée pour effectuer des opérationsde banque qui a opté, à fin 2009, pour le statut d’établissement financier.

Les banques, en tant qu’intermédiaires financiers, (i) assurent la collecte desressources auprès du public, (ii) distribuent des crédits à la clientèledirectement ou par le biais d’acquisition d’obligations émises sur le marchéfinancier par les entreprises et autres institutions financières et (iii) mettent àla disposition de la clientèle des moyens de paiement et assurent leur gestion.Elles effectuent aussi différentes opérations bancaires connexes. En revanche,les établissements financiers effectuent toutes les opérations de banque àl’exception de la collecte de dépôts auprès du public et de la gestion desmoyens de paiement.

58

Dans le paysage bancaire algérien, bien que les banques publiques demeurenttoujours prédominantes par l’importance de leurs réseaux d’agences répartiessur tout le territoire national, le réseau d’agences des banques privées s’estdensifié au cours des dernières années pour représenter près du quart du réseaudes agences bancaires. Néanmoins, le réseau d’agences des banques privéesest implanté principalement au nord du pays alors que celui des banquespubliques couvre l’ensemble du territoire national.

A fin décembre 2016, le réseau des banques publiques comprend 1 134agences, celui des banques privées 355 agences et celui des établissementsfinanciers 88 agences contre respectivement 1 123 agences, 346 agences et 88agences à fin 2015. Le total des guichets d’agences des banques etétablissements financiers s’établit, ainsi, à 1 577 contre 1 557 en 2015, soitun guichet pour 25 900 habitants (25 660 habitants en 2015). Le ratiopopulation active/guichets bancaires est demeuré quasiment stable à 7 680personnes en âge de travailler par guichet bancaire en 2016 contre à 7 600personnes en 2015. Quant aux centres des chèques postaux, il dispose d’unréseau d’agences, à fin 2016, beaucoup plus dense que celui des banques avec3 654 guichets reliés électroniquement et répartis sur l’ensemble du territoirenational, soit un guichet pour 3 320 personnes actives. Au total, l’ensembledes guichets des banques et des chèques postaux s’élève à 5 231, soit un ratiopopulation active/guichets de 2 316 personnes par guichet contre 2 320personnes en 2015.

Pour ce qui est du niveau de bancarisation et de développement du secteurbancaire, le nombre de comptes ouverts par les banques à la clientèle desdéposants (comptes actifs en dinars et en devises) et par les centres de chèquespostaux en 2016 est estimé à environ 2,95 comptes par personne active contre2,93 en 2015. Rapporté à la population de plus de 16 ans, ce ratio est de 1,26compte par personne contre 1,25 compte en 2015.

Le ratio actifs bruts du secteur bancaire(banques et établissements financiers)/produit intérieur brut est demeuréstable à 74,4 %, contre 75,3 % à fin2015 et 69,8 % à fin 2014. Le ratioactifs bruts du secteur bancaire (horsdépôts du secteur des hydrocarbures)/produit intérieur brut horshydrocarbures, s’élève à 86,6 % contre89,1 % en 2015 et 89,2 % en 2014. Le

59

Graphique VI.1 : Evolution comparée duPIB et du total des actifs

ratio total dépôts hors hydrocarbures/produit intérieur brut hors hydrocarburess’établit à 59,7 % contre 64,2 % à fin 2015 et 66,0 % à fin 2014.

Les crédits à l’économie des banqueset établissements financiers (créditsaux résidents), y compris les créditsrachetées par le Trésor par émission detitres (titres non échus), représentent62,4 % du produit intérieur brut horshydrocarbures contre 58,3 % en 2015et 55,0 % en 2014 ; le secteur deshydrocarbures ne recourant pas auxcrédits bancaires.

Ces indicateurs globaux montrent que l’intermédiation bancaire s’estaméliorée sous l’angle du développement du réseau, du nombre de compteset des crédits distribués. En revanche, sous l’angle des dépôts collectés, unléger recul est constaté en 2016. Ces performances demeurent, néanmoins,relativement insuffisantes, en matière notamment de distribution de créditsaux petites et moyennes entreprises et aux ménages et de collecte de ressources(dépôts). Dans le contexte d’asséchement de la liquidité bancaire, la collectede ressources devient un impératif stratégique pour les banques, d’autant quela part de la monnaie fiduciaire dans la masse monétaire M2 est extrêmementélevée.

Dans un contexte de hausse relativement faible des actifs des banques (3,0 %en 2016 contre 4,4 % en 2015), la part relative des banques publiques dans letotal des actifs s’élève à 86,8 % contre 87,2 % à fin 2015. Au sein des banquespubliques, la part des actifs des deux plus grandes banques représentent, àparts quasi égales, près de la moitié des actifs du secteur. En ce qui concerneles banques privées, leur part dans le total des actifs des banques est de 13,2 %dont 6,1 % pour les trois premières banques qui totalisent 46,0 % du total desactifs des banques privées contre respectivement 5,7 % et 44,9 %, à fin 2015.Centrée quasi exclusivement sur le secteur économique privé tant pour lamobilisation des ressources que la distribution des crédits, l’activité desbanques privées progresse, néanmoins, presqu’au même rythme que celle desbanques publiques tout en progressant en termes de parts de marché (9,8 %en 2008 contre 13,2 % en 2016).

60

Graphique VI.2 : Evolution comparée duPIBHH et du total des dépôts et des crédits

VI.1.1 - Ressources collectées

Après la baisse de 2,2 % enregistrée en 2015, l'encours des dépôts à vue et àterme collectés par les banques a encore baissé en 2016 de 2,3 % (contre unehausse de 17,8 % en 2014). De même, le total des dépôts collectés à fin 2016incluant les dépôts affectés en garantie d’engagements par signature1, (créditdocumentaire, avals et cautions) a diminué de 1,3 % contre une hausse de0,9 % en 2015 et de 17,1 % en 2014.

Tableau VI.1 : Evolution des ressources collectées des banques publiques (y comprisCNEP) et des banques privées

Après les augmentations enregistrées en 2014 et 2015, la part des dépôts desbanques publiques s’élève à 87,1 %, en baisse de 1,2 point de pourcentage parrapport à 2015 et celle des banques privées passe de 11,7 % en 2015 à 12,9 %en 2016.

Par nature des dépôts, la part des dépôts à vue dans le total des dépôts à vueet à terme collectés par les banques est en baisse (45,8 % contre 46,7% à fin2015). Ce recul résulte de la baisse des dépôts à vue des secteurs horshydrocarbures, notamment dans les banques publiques où ils ont diminué de7,2 % ; les dépôts à vue du secteur des hydrocarbures ayant, quant à eux,augmenté de 10,6 %. En revanche, ces dépôts sont en hausse dans les banquesprivées à hauteur de 13,1 %. Pour mémoire, en 2015, les dépôts à vue dansles banques avaient baissé aussi bien dans les banques publiques (11,0 %) queprivées (17,8 %).

1Ces dépôts ne sont pas inclus dans la masse monétaire au sens de M2

61

De même, les dépôts à terme sont en légère baisse dans les banques publiques(-1,6 %) et en hausse dans les banques privées (8,4 %) contre des hausses aussibien dans les banques publiques et privées en 2015, respectivement de 7,3 %et 26,7 %. Cela a induit une augmentation de la part des dépôts à terme dansle total de dépôts collectés à vue et à terme qui passent de 53,3 % à fin 2015à 54,2 % à fin 2016.

Les dépôts reçus en garantie des engagements par signature à fin 2016 (créditsdocumentaires, avals et cautions) sont en hausse dans les banques publiques(11,0 %) mais en baisse dans les banques privées (-8,5 %). Globalement, ilsont néanmoins augmenté de 8,4 %, soit une hausse de 14,7 % pour les dépôtsen garantie de crédits documentaires et une baisse de 8,1 % pour les dépôts degarantie des avals et cautions.

La répartition des dépôts par secteur institutionnel est la suivante :

Tableau VI.2 : Répartition des dépôts par secteur institutionnel

L’analyse de l’évolution des dépôts bancaires collectés, hors dépôts constituésen garantie d’engagements par signature accordés par les banques, permet dedégager les principales tendances enregistrées au cours de l’année sous revue :

62

- la poursuite de la baisse des dépôts collectés auprès du secteur public de11,9 % après celle de 2015 (-8,9 %) contre une hausse de 25,3 % en 2014de sorte que la part de ces dépôts dans le total des dépôts bancaires collectéspasse de 41,0 % en 2015 à 36,9 % en 2016. Par échéance, la part des dépôtsà terme dans les dépôts du secteur public s’élève à 37,9 % contre 37,7 % en2015,- à l’inverse, les dépôts collectés auprès du secteur économique privéprogressent très légèrement de 0,7 % contre 1,4 % en 2015 et 10,9 % en2014 ; mais leur part dans le total des dépôts collectés augmente plusnettement à 63,1 % contre 59,0 % en 2015. Par échéance, la part des dépôtsà terme dans les dépôts du secteur privé s’élève à 66,6 % contre 67,3 % àfin 2015, - les dépôts collectés auprès du secteur public par les banques publiques ontdiminué de 381,7 milliards de dinars (-324,2 milliards en 2015) alors queceux collectés auprès du secteur privé ont augmenté de 129,9 milliards dedinars (273,5 milliards en 2015),- les dépôts collectés auprès du secteur privé par les banques privées ontprogressé de 101,8 milliards de dinars (55,6 milliards auprès des entrepriseset 46,2 milliards auprès des ménages et associations), contre une diminutionde 69,5 milliards en 2015.

Au sein du secteur économique privé :

- le rythme d’augmentation des dépôts des entreprises ne s’élève qu’à 0,7 %,bien en deçà de celui des ménages et associations qui affiche 6,4 % contre9,2 % en 2015 ; mais la part des dépôts des ménages et associations dansles dépôts du secteur privé est demeurée relativement stable à 67,9 %(67,5 % à fin 2015), - une baisse des dépôts en devises qui a concerné aussi bien les ménages(-1,8 %) que les entreprises privées (-7,4 %), - une stabilité du ratio dépôts en devises des ménages/total des dépôts endevises collectés par les banques à 62,6 % contre 61,6 % à fin 2015 et64,5 % à fin 2014 (les dépôts en devises font partie de la masse monétaire).

Enfin, à fin 2016, les dépôts à vue et à terme collectés par les banques auprèsdes entreprises et autres organismes publics, des entreprises privées et desménages représentent des parts relatives respectives de 35,1 %, 18,1 % et40,7 %. Quant au reliquat de dépôts (6,1 %), il couvre les dépôts desassociations à but non lucratif au service des ménages, des assurances, nonrépartis par secteur juridique, et des opérations venant de la chambre decompensation à fin décembre 2016 non comptabilisés sur les comptes de laclientèle à fin 2016.

63

VI.1.2 - Crédits distribués

La décélération du rythme de progression des crédits bancaires à l’économies’est poursuivie en 2016. Le total des crédits, déduction faite des rachats decréances par le Trésor, s’établit à 7907,8 milliards de dinars, soit unaccroissement de 8,7 % contre 11,9 % en 2015 et 26,2 % en 2014. Les rachatsde créances par le Trésor en 2015 et 2016 inclus, le taux d’accroissement descrédits s’élève à 14,4 % contre 16,6 % en 2015.

Durant cet exercice, le Trésor a procédé à de nouveaux rachats de créancessur les entreprises publiques pour un montant brut de 456,2 milliards de dinars,ce qui porte le total des rachats nets en 2015 et 2016 à 761,1 milliards dedinars. Le Trésor a annulé le prêt de 161,2 milliards de dinars accordé auxbanques au titre de ces crédits et a émis des obligations pour le reliquat (599,9milliards de dinars).

Le tableau ci-après décrit le profil de l’activité de crédits à l'économie desbanques (crédits rachetés par le Trésor déduits) :

Tableau VI.3 : Répartition des crédits par banques publiques (y compris CNEP) etbanques privées

64

Les crédits au secteur public se sont accrus de 7,2 % et ceux au secteur privéde 10,3 %, contre, respectivement, 9,0 % et 15,0 % en 2015. Les rachats parle Trésor inclus, la progression des crédits au secteur public a été quasimentidentique à celle de 2015 (18,0 % en 2016 et 18,1 % en 2015). Hors rachatsde crédits, ces progressions différenciées des crédits ont abouti à une légèreaugmentation, à hauteur de 50,0 % à fin 2016, de la part des crédits auxentreprises privées et ménages dans l'encours total des crédits distribués parles banques contre (49,3 % à fin 2015)

En l’absence de marchés financiers développés, les crédits directs prédominentavec 95,8 % de l’encours des crédits distribués au secteur public (95,5 % en2015) ; les achats d’obligations d’entreprisse et autres institutions représentent4,2 % contre 4,5 % en 2015. Pour le secteur privé, la totalité de leurfinancement en 2016, comme en 2015, a été assuré par les crédits directs. Pourmémoire, les banques publiques assurent la totalité du financement direct dusecteur public et leur part dans le financement du secteur privé demeureimportante (75,4 % contre 74,9 % en 2015).

Au cours de l'année sous revue, les crédits, nets de rachats, des banquespubliques se sont accrus de 8,8 %. En flux, cet accroissement des crédits aplus bénéficié aux entreprises privées et ménages (294,9 milliards de dinarscontre 348,4 milliards de dinars en 2015) qu’aux entreprises publiques (264,3milliards de dinars contre 305,6 milliards de dinars en 2015) ; mais les banquespubliques demeurent fortement engagées dans le financement des grandsprojets d’investissement en particulier dans les secteurs de l’énergie et de l’eau.

Quant au rythme d’expansion des crédits distribués par les banques privées,quasi exclusivement au secteur économique privé, il s’établit à 8,1 %. En flux,cela correspond à 73,5 milliards de dinars en 2016 contre 118,2 milliards dedinars en 2015. Ce qui porte la part des crédits distribués par les banquesprivées à 12,4 % en 2016 (12,5 % en 2015 et 12,2 % en 2014).

Hors dépôts de garantie des engagements par signature et dépôts en devises,l’encours total des crédits distribués est devenu supérieur à l’encours desdépôts collectés en 2016, soit un taux de crédits de 103,2 % contre 92,8 % en2015 et 80,1 % en 2014. Ce ratio est moins élevé dans les banques privées(97,9 % contre 101,6 % à fin 2015) que dans les banques publiques (104,0 %contre 91,7 % à fin 2015).

Par maturité, les crédits à l'économie des banques et de la caisse d’épargne(après déduction des créances rachetées par le Trésor public) ont évoluécomme suit :

65

Tableau VI.4 : Répartition des crédits par maturité

La structure de l’encours des crédits distribués par les banques à fin 2016confirme le niveau élevé des crédits à moyen et long termes, qui ont atteintune part relative de 75,8 % (76,5 % à fin 2015) du total de crédits distribués(nets de rachats) contre une part de 24,2 % pour les crédits à court terme(23,5 % à fin 2015). Il s’agit d’une tendance à la hausse amorcée à compterde 2006 et qui résulte de la progression des crédits à long terme (6,6 % contre12,7 % en 2015 et 39,0 % en 2014) liés aux financements des investissements,notamment dans les secteurs de l’énergie et de l’eau. Cette tendance à la hausseest plus importante en 2016 pour les crédits à moyen terme (10,3 %) car lesrachats de crédits par le Trésor en 2016 n’ont pas porté sur les crédits à moyenterme.

A fin 2016, les crédits à moyen et long termes distribués par les banquespubliques représentent 80,7 % du total de leurs crédits contre 81,9 % à fin2015 et 80,9 % en 2014. Pour les banques privées, cette part, qui avait atteintun niveau appréciable à fin 2009 (52 %), a reculé progressivement, suite auralentissement de la distribution des crédits aux ménages, pour atteindre41,0 % en 2016 contre 38,6 % à fin 2015 et 34,5 % à fin 2014.

Concernant les crédits hypothécaires, leur encours est passé de 359,6 milliardsde dinars à fin 2014 à 421,8 milliards de dinars à fin 2015, pour atteindre 483,3milliards de dinars à fin 2016, soit un accroissement appréciable de 14,6 % en2016 contre 17,3 % en 2015 et 17,0 % en 2014. Dans les banques publiques,l’évolution des crédits hypothécaires est tirée par ceux de la caisse d’épargne,dont la part relative dans le total des crédits hypothécaires des banquespubliques progresse à 66,1 % en 2016 contre 65,2 % à fin 2015 et 64,5 % àfin 2014. Dans le total des crédits distribués aux ménages par les banques

66

publiques et privées, la part des crédits hypothécaires a augmenté en 2016.Dans les banques publiques, cette part a atteint 92,6 % contre 91,6 % à fin2015 et 92,0 % à fin 2014 ; dans les banques privées, elle passe à 73,7 % en2016 contre 85,6 % en 2015 et 61,6 % à fin 2014.

S’agissant des créances des banques sur l'Etat, à fin 2016, la part des banquesprivées est restée relativement modeste. Leurs créances sur l'Etat sontreprésentées par les bons du trésor acquis et les avoirs détenus en comptescourants au Trésor et Centre des Chèques Postaux. Les créances des banquespubliques sur l’Etat sont prédominantes en raison des différentes opérationsd’assainissement patrimonial des entreprises publiques et privées et desexploitations agricoles effectuées par le Trésor par émission de titres.

Au cours de l’année 2016, le Trésor a continué à rembourser, selon unéchéancier, les obligations émises entre 2009 et 2012, en contrepartie du rachatde créances non performantes des entreprises publiques et quelques créancessur des entreprises privées et exploitations agricoles. Au cours des années 2015et 2016, le Trésor a racheté, par émission de titres, certaines créances desbanques sur la clientèle d’entreprises publiques faisant porter l’encours desobligations de rachat de ces dernières, à fin 2016, à 855,3 milliards de dinarscontre 419,9 milliards de dinars, à fin 2015.

L’encours des créances que les banques publiques détiennent effectivementsur le Trésor au titre des rachats de créances non performantes (une partie deces titres a été vendue aux assurances) a baissé progressivement jusqu’à fin2014 (351,2 milliards de dinars à fin 2014 contre 450,6 milliards de dinars àfin 2013) ; ce montant est ensuite remonté en 2015 et 2016 suite aux nouveauxrachats de créances par le Trésor. Les banques publiques détiennent aussi descréances sur le Trésor sous forme de titres participatifs (101,2 milliards dedinars) ou encore sous forme de bons et obligations du trésor (967,5 milliardsde dinars contre 448,7 milliards de dinars à fin 2015). Elles détiennent aussid’autres créances sur le Trésor, dont des créances au titre des opérationseffectuées pour compte.

Le tableau ci-après montre l'importance des créances détenues sur le Trésorpar les banques :

67

Tableau VI.5 : Evolution des créances détenues par les banques sur le Trésor

En 2016 comme en 2015, le crédit intérieur (crédits à l’économie + créancesnettes sur l’Etat) des banques représente 119,9 % de leurs dépôts collectés endinars (100,7 % à fin 2015 et 86,3 % à fin 2014), soit un ratio 123,3 % pourles banques publiques et 97,0 % pour les banques privées. Cela indique quel’excès de liquidité des banques a baissé progressivement conduisant lesbanques à recourir en 2016 au refinancement auprès de la Banque d’Algériepour faire face à leurs besoins de trésorerie, y compris l’objectif de constitutiondes réserves obligatoires.

Graphique VI.3: Evolution des dépôts en dinars et du crédit intérieur des banques

VI.1.3- Solidité du secteur bancaire

Au regard des indicateurs de solidité financière, la situation du secteur bancairedemeure appréciable. Certains indicateurs se sont améliorés alors que d’autres,notamment les créances non performantes rapportées aux fonds propres

68

réglementaires et leur niveau ainsi que les taux de provisionnement, se sontlégèrement dégradés mais demeurent à un niveau proche de ceux des systèmesbancaires des pays émergents et en développement comparables.

En matière de fonds propres, à la faveur de la mise en place effective, fin 2009,du nouveau cadre règlementaire portant capital minimum des banques etétablissements financiers, les fonds propres des banques privées ont étéconsidérablement renforcés. Ceux des banques publiques, déjà au-delà duminimum réglementaire, ont été renforcés par l’Etat propriétaire qui avaitdécidé, courant 2015 et 2016, d’augmenter le capital de trois de ces banques.Parallèlement, les banques publiques ont continué à mettre en réserves unepartie de leurs résultats. Ce qui leur a permis de répondre largement à laréglementation prudentielle concernant la couverture des risques bancaires(risques de crédit, opérationnel et de marché).

A fin 2016, le ratio de solvabilité par rapport au fonds propres de base a atteint16,4 % et le ratio de solvabilité par rapport aux fonds propres réglementaires18,9 %, soit des taux largement supérieurs aux normes minima recommandéespar Bâle III.

La rentabilité des banques publiques et privées est encore confortable en 2016bien qu’en légère baisse pour le rendement des fonds propres comparativementaux taux atteints en 2014 et 2015. Le taux de rentabilité des fonds propres(return on equity) s’élève à 18,04 % et le rendement des actifs (return on assets,ROA) à 1,83 % contre respectivement 20,45 % et 1,83 % en 2015. Le reculdu taux de rentabilité des fonds propres des banques publiques résulte del’accroissement plus important des fonds propres moyens par rapport àl’accroissement des résultats en raison du coût de refinancement, jusque-lànul, qui est venu s’ajouter aux charges d’intérêt. L’accroissement des résultats,qui va de pair avec l’accroissement des actifs, explique la relative stabilisationde leur ROA.

Par contre, les taux de rentabilité des fonds propres et des actifs des banquesprivées, demeurés relativement stables les deux dernières années, ont baisséen 2016 en raison des augmentations de 6,1 % de leurs fonds propres moyenset de 10,8 % de leurs actifs moyens.

La hausse du produit net bancaire (PNB) des banques publiques, de 13,6 %(contre 21,6 % en 2015), résulte de l’augmentation de la marge d’intérêt de15,4 % et de la marge sur commissions de 12,3 %. En revanche, dans lesbanques privées, la marge bancaire est demeurée relativement stable en 2016(+1,3 %) en raison des baisses des marges sur commissions et sur « autresproduits » que n’a pu compenser la hausse de la marge d’intérêt (5,4 %).

69

S’agissant des marges d’intermédiation des banques, elles sont composéesprincipalement : des marges d’intérêt à hauteur de 77,2 % pour les banquespubliques et de 76,9 % pour les banques privées ; des marges sur autresproduits de 5,5 % et 0,2 % respectivement et des marges sur commissions quisont nettement plus importantes dans les banques privées (22,6 %) que dansles banques publiques (17,0 %). Quant aux emplois de ces marges, la part descharges d’exploitation s’élèvent à 39,5 % dans les banques privées et à 25,1 %dans les banques publiques ; celle des dotations aux provisions demeure plusimportante dans les banques publiques (29,2 %), en raison du taux de créancesnon performantes encore élevé, que dans les banques privées (9,1 %). Parcontre, la part des dotations aux amortissements est plus élevée dans lesbanques privées (4,7 %) que dans les banques publiques. La répartition desemplois des marges d’intermédiation dans les banques aboutit à un taux demarge de profit supérieur dans les banques privées (46,7 %) contre 44,0 %dans les banques publiques. pour mémoire, ces taux étaient, respectivementde 49,6 % et de 46,9 % en 2015.

Par ailleurs, contrairement à la période d’excès de liquidité (2002-2014) oùles dépôts en dinars des banques couvraient largement l’encours de leurscrédits, la tendance à la hausse des crédits à moyen et long termes s’est traduitepar des baisses du ratio actifs liquides/total des actifs à 24,1 % contre 27,2 %en 2015 et du ratio actifs liquides/passifs à court terme qui passe de 61,6 % en2015 à 59,8 % en 2016.

En outre, bien que des progrès aient été réalisés par les banques en matière degestion des risques de crédit, le niveau des créances non performantes parrapport au total des créances (crédits distribués et autres créances entrant dansle calcul de ce ratio) est en hausse en 2016 (12,0 % contre 9,7 % en 2015)après avoir baissé progressivement pour atteindre 9,2 % en 2014.

Enfin, il est utile de relever que le coût du risque (provisionsconstituées/résultat brut d’exploitation) demeure élevé (36,4 % contre 30,1 %en 2015), notamment dans les banques publiques (39,8 % contre 33,3 % en2015). Par contre, le coefficient d’exploitation (charges d’exploitation générale+ dotations aux amortissements / produit net bancaire) poursuit sa tendancebaissière, passant de 40,7 % en 2012 à 30,0 % en 2016.

VI.1.4 - Activités de la caisse d'épargne - une institution-spécialisée

Agréée en 1997 pour effectuer des opérations de banque, la caisse d’épargnea développé progressivement ses activités bancaires et ses indicateursd’activité sont intégrés aux données des banques publiques. Il s’agit d’uneinstitution spécialisée dans le financement de l'immobilier : promotion

70

immobilière, acquisition de logements neufs auprès des promoteurs publics etprivés et acquisition de logements neufs ou anciens auprès des particuliers

Adossée à un réseau d’agences d’Algérie poste qui collecte près d’un tiers deses ressources, la caisse d’épargne utilise les livrets et bons d'épargne commeprincipaux instruments de collecte de ressources ; l'activité de gestion descomptes chèques et des comptes courants étant relativement récente.

A fin 2016, les ressources de la caisse d'épargne ont progressé de 5,7 % pouratteindre 1 257,5 milliards de dinars contre 1 189,5 milliards de dinars à fin2015. La part des dépôts à terme (livrets et bons d'épargne inclus) estprépondérante et relativement stable (94,8% contre 96,5 % à fin 2015). Lesressources de la caisse d'épargne proviennent pour l’essentiel du secteur desménages (96,5 % contre 97,8 % à fin 2015).

La caisse d'épargne assure le financement des entreprises de construction delogements, dont une grande partie à moyen terme, et des ménages (créditshypothécaires à long terme) dans le cadre de l'accession à la propriété. A fin2016, les crédits distribués aux entreprises publiques, soit directement, soitpar l’achat d’obligations émises par celles-ci, s'élèvent à 364,7 milliards dedinars contre 400,1 milliards de dinars à fin 2015, pendant que ceux distribuésaux entreprises privées ont atteint 211,3 milliards de dinars contre 190,4milliards de dinars à fin 2015. Les crédits aux ménages (principalement à longterme) se sont élevés à 292,1 milliards de dinars contre 255,4 milliards dedinars à fin 2015.

Graphique VI.4 : Evolution des dépôts en dinars et des crédits distribués par les caisses d’épargne

71

En 2016, les crédits au secteur public, rachats de créances inclus, sont enhausse de 5,2 %, un rythme d’expansion moins élevé que celui de l’année2015 (10,8 %), alors que les crédits distribués aux entreprises privéesenregistrent une hausse de 11,0 % contre 18,0 % en 2015. Les crédits auxménages progressent plus régulièrement, soit 14,3 % contre 15,5 % en 2015et 17,0 % en 2014.

Au total, les crédits de la caisse d’épargne aux secteurs public et privé, rachatsinclus, sont, comme en 2015, en hausse. Cependant, la distribution de créditspar la caisse d’épargne aux ménages est fortement conditionnée par l’offre delogements, en particulier de logements promotionnels aidés destinés auxménages à revenus moyens. Ces crédits demeurent encore nettement inférieursaux dépôts collectés auprès des ménages.

VI.1.5 - Activité des établissements financiers

Comme en 2015, en 2016, l’activité des établissements financiers demeureencore relativement faible. L’évolution du total de leurs actifs est passée de70,3 milliards de dinars à fin 2014 à 79,5 milliards de dinars à fin 2015 et 84,7milliards de dinars à fin 2016. Le faible développement de l’activité dedistribution de crédits des établissements financiers est lié à leurs ressourceslimitées puisqu’ils ne collectent pas de dépôts auprès du public. Les ressourcesdes établissements financiers à fin 2016 sont constituées des fonds propres àconcurrence de 42,7 milliards de dinars (capital 33,7 milliards de dinars,réserves 9,0 milliards de dinars) et des emprunts obtenus pour un montant de20,7 milliards de dinars.

Les crédits distribués par les établissements financiers s'élèvent à 59,5milliards de dinars contre 55,6 milliards de dinars à fin 2015. Une grande partiede ces crédits est distribuée aux entreprises privées (55,9 milliards de dinarsdont 53,9 milliards de dinars en crédits-bails). Les crédits aux ménages sontpratiquement insignifiants à fin 2016 (0,3 milliard de dinars).

En dépit de l’augmentation appréciable des crédits hypothécaires accordés parles banques entre 2006 et 2016, de l’amenuisement de la liquidité bancaire etdu recours des banques au refinancement de la Banque d’Algérie,l’accroissement des crédits hypothécaires n’a pas été suivi par leurrefinancement auprès de l’établissement financier concerné.

72

VI.2 - DEVELOPPEMENT DE L’INFRASTRUCTURE BANCAIRE

Les progrès réalisés en matière de technologies de transmission de données etles progrès en informatique ont conduit à la diversification des instruments etmoyens de paiement et contribué à révolutionner les procédures de paiementet de règlement. Il en est de même des centrales d’information, notamment lescentrales des risques de crédit et des bilans des entreprises qui se sontdéveloppés à l’intérieur comme à l’extérieur des banques centrales contribuantà une meilleure gestion des risques de crédit par les banques.

En Algérie, la mise en exploitation de deux nouveaux systèmes de paiementinterbancaires a eu lieu courant 2006. Il s’agit d’abord du système derèglements bruts en temps réel de gros montants et paiements urgents appelésystème ARTS (Algeria Real Time Settlements) qui est entré en productionen février 2006 et qui est le socle de la modernisation des systèmes depaiement. En ce qui concerne le système de télé-compensation des paiementsde masse, dénommé système ATCI (Algérie Télé-CompensationInterbancaire), il est en production depuis mai 2006. Le système de livraisonversus règlement des titres (en activité depuis décembre 2004) a été connectéau système ARTS dès la mise en exploitation de celui-ci.

Bien que la Banque d’Algérie ait, depuis 2003, une mission légale de contrôledes systèmes de paiement (article 52 de l’ordonnance n° 03-11 relative à lamonnaie et au crédit), les nouvelles dispositions législatives d’août 2010(ordonnance n° 10-04) lui confèrent des prérogatives encore plus larges en lamatière, englobant le fonctionnement, la surveillance et la sécurité dessystèmes de paiement. C’est ainsi qu’au cours de l’année 2014, la Banqued’Algérie a entrepris la mise à jour des infrastructures techniques des systèmesde paiement.

Cette ordonnance a renforcé aussi le dispositif légal en matière de centralesen précisant qu’il s’agit, pour la Banque d’Algérie, d’organiser et gérer unecentrale des risques entreprises, une centrale des risques ménages et unecentrale des impayés.

La nouvelle centrale des risques, aux standards internationaux, est entrée enexploitations en septembre 2015. Les banques et établissements financiers sonttenus d’adhérer à cette centrale et de fournir les informations sur les créditsaccordés, les crédits effectivement utilisés, les engagements par signaturedonnés et les garanties obtenues pour chaque crédit et/ou engagement parsignature. L’objectif de la centrale est de mettre en commun les informations

73

que les banques et établissements financiers détiennent sur leurs débiteurs et,à travers le partage de ces informations, d’améliorer leur gestion du risque decrédits. Cette base de données partagée favorise la meilleure prise de décisionen matière d’octroi de crédits et les bonnes pratiques bancaires en matière dusuivi de la clientèle de consommateurs de crédits. L’utilisation effective decette base de données a des effets positifs sur les banques et établissementsfinanciers aussi bien au niveau microéconomique que macroéconomique.

VI.2.1 - Système de règlements bruts en temps réel de gros montants etpaiements urgents

La mise en exploitation, en février 2006, du système de règlements bruts entemps réel de gros montants et paiements urgents (système ARTS) et sa montéeen cadence progressive ont eu un impact positif sur la gestion de la trésoreriedes banques ; tous les paiements interbancaires d’un montant supérieur ou égalà un million de dinars et des paiements urgents étant effectués par virementvia ce système. Il s’agit aussi bien des virements pour le propre compte desbanques, établissements financiers et centre de chèque postaux, participants àce système, que des virements pour le compte de leur clientèle.

En 2016, les opérations traitées par le système ARTS ont enregistré une légèrebaisse de 1,9 %, soit 328 404 opérations contre 334 749 opérations derèglement comptabilisées sur les livres de la Banque d’Algérie en 2015 et uneimportante chute en valeur de 23,9 % (201 692,3 milliards de dinars contre264 140,6 milliards de dinars en 2015. En moyennes quotidiennes, le systèmea traité 1 314 opérations pour 806,8 milliards de dinars contre 1 313 opérationsen 2015 pour 1 039,8 milliards de dinars. Ces reculs des opérations en valeurs’expliquent autant par la baisse des opérations de politique monétaire que desopérations entre les participants.

En termes de structure des opérations de paiements traitées dans le systèmeARTS, les virements en faveur de la clientèle des banques prédominenttoujours avec une part de 69,8 % contre 71,4 % en 2015 alors que lestransactions de banque à banque ne représentent que 30,2 % (28,60 % en2015). En valeur, la part des opérations de virement de la clientèle représente4,3 % (4,0 % en 2015) du montant total des transactions contre 95,7 % pourl’interbancaire.

Dans le système ARTS, les opérations en valeur de la banque centrale et desbanques (y compris le Centre des chèques postaux et le Trésor) atteignent95,4 % contre seulement 4,6 % pour les soldes nets multilatéraux des systèmes

74

exogènes (système de télé-compensation des paiements de masse et systèmede règlement/livraison de titres). Les opérations de la Banque d’Algérie portentprincipalement sur les opérations de politique monétaire, qui sont en recul de29,4 %.

Au cours de l’année 2016 le volume des transactions des systèmes exogènesne représente que 1,8 % du total des opérations traitées par le système ARTSdont 94,8 % pour les règlements des soldes nets multilatéraux de la télé-compensation et 4,3 % seulement pour les opérations sur titres.

Par tranches de montant, la part des paiements urgents dans la volumétrieglobale (au-dessous d’un million de dinars) est insignifiante, celle despaiements dont le montant se situe entre un et cinq millions de dinars n’atteintque 0,17 % alors que les paiements au-delà de cent millions de dinarsreprésentent 90,1 %. Le volume de paiements des montants se situant entrecinq et cent millions de dinars représente 1,17 % de la volumétrie globale. Ceprofil de paiements accentue la prédominance des paiements au-dessus de 100millions de dinars, observée en 2015, alors que celui de 2014 révélait la partélevée des opérations portant sur des montants entre cinq et cent millions dedinars (42,4%).

VI.2.2 - Système de télé-compensation des paiements de masse

Le système de télé-compensation dit ATCI, mis en production en mai 2006,permet l’échange de tous les moyens de paiement de masse (chèques, effets,virements, prélèvements automatiques, opérations sur carte).

La volumétrie traitée dans le système ATCI au cours de l’année 2016 s’estlégèrement accrue (1,1 %) pour atteindre près de 21 millions d’opérationscontre 20,8 millions en 2015. En valeur, la volumétrie échangée dans lesystème est de 17 639,5 milliards de dinars contre 15 892 milliards de dinarsen 2015, soit une hausse de 11 % %. En moyenne journalière, le système atraité 82 296 opérations pour une valeur de 69,2 milliards de dinars.

Le volume des opérations de paiement traitées dans le système ATCI demeureen deçà de ses capacités et largement inférieur aux volumes traités dans lessystèmes de paiement de pays comparables. Celà tient, notamment, au fait queles paiements intra-bancaires des banques publiques, prédominantes et àgrands réseaux d’agences, sont très importants et représentent une volumétriesupérieure de cinq fois celle des paiements interbancaires.

75

La volumétrie du système ATCI, en nombre de transactions, montre la netteprogression et la prédominance des paiements par virement qui passent de8,75 millions de transactions en 2015 à 10,06 millions en 2016 (8,5 millionspour le chèque), soit un accroissement de 15 %. La part des virements dans lavolumétrie globale du système ATCI est de 47,9 % contre 40,4 % pour lechèque. En valeur, la structure des échanges du système ATCI en 2016 révèlela nette prédominance du chèque avec 16 353,3 milliards de dinars (14 695milliards en 2015), soit 92,7 % de la valeur globale.

Le volume des transactions par carte bancaire, faible par ailleurs, a encorefortement baissé en 2016 (-28,9 % contre -32,3 % en 2015), soit 2,2 millionsd’opérations (3,1millions en 2015) représentant 10,5 % du total des opérationsde paiement contre 14,9 % en 2015. Néanmoins, une volumétrie beaucoupplus importante portant sur les opérations de retrait par carte effectuées par laclientèle sur les distributeurs de billets appartenant aux banques et à AlgériePoste ne transite pas par le système ATCI.

Quant au volume des effets de commerce (lettres de change et billets à ordre),il ne représente en 2016 que 1,15 % du volume total des moyens de paiementéchangés dans le système.

VI 2.3 - La centrale des risques

A fin 2016, la nouvelle centrale des risques (entreprises et ménages), enactivité depuis le 15 septembre 2015, dispose d’un fichier descriptif de758 473 personnes physiques et morales contre 541 832 personnes physiqueset morales à fin 2015. Cette centrale encore en développement, les banques etétablissements financiers continuent à adresser, en parallèle, leurs déclarationsà l’ancienne centrale. Le numéro d’identification des entreprises et particuliersn’étant pas le même dans les deux centrales, l’historique des déclarations esttransposé graduellement dans la nouvelle centrale.

L’encours des crédits et des engagements par signature déclarés à fin décembre2016 (cumul des crédits par caisse et des crédits par signature effectivementutilisés) s’élève à 8 314,534 milliards de dinars et 420,393 milliards de dinarsau titre des crédits aux particuliers contre 8 886,755 milliards de dinars à findécembre 2015 au titre des entreprises et professions libérales et 412,147milliards de dinars de crédits aux particuliers.

76

VI 2.4 - La centrale des impayés

Les incidents de paiement enregistrés à la centrale des impayés à fin 2016 ontaugmenté, en nombre, de 3,9 % et de 26,3 % en valeur par rapport à 2015. Cequi représente 64 699 chèques d’une valeur de plus de 99,4 milliards de dinarsen 2016 et 62 267 chèques correspondant à une valeur 68,7 milliards de dinarsen 2015.

Le nombre des déclarations de régularisation passe de 11 672 en 2015 à 10 569en 2016, en baisse de 9,5 %.

Le nombre des interdictions de chéquiers, déclaré à la Banque d’Algérie,enregistre une baisse de 12,0 % passant de 8 455 à fin 2015 à 7 437 à fin 2016.

En application des dispositions relatives à la prévention et la lutte contrel’émission de chèques sans provision, 385 demandes d’annulationd’interdiction de chéquiers ont été formulées et levées en 2016 contre 470demandes en 2015.

En rapprochant les données générées par le système de télé compensation despaiements de masse (ATCI) avec celles des fichiers déclarés à la centrale desimpayés, il a été observé que sur 62 621 chèques rejetés en télé-compensationdurant l’année 2016 pour défaut de provision, 51 041 chèques ont été déclarésà cette centrale, soit un taux de déclaration de 81,5 %. Pour l’année 2015, cetaux était de 78,9 %.

Les chèques impayés déclarés à la Banque d’Algérie demeurent concentréssur la tranche comprise entre dix (10 000) mille et un (1) million de dinars,soit 75,1 % du total des chèques. Par secteur juridique, le nombre d’incidentsse répartit à hauteur de 47,9 % sur la clientèle classée sous la rubrique« particuliers » du secteur privé et 88,2 % pour les établissements à caractèreindustriel et commercial du secteur public.

77

CHAPITRE VII :

CONTROLE ET SUPERVISION BANCAIRE

CHAPITRE VII :CONTROLE ET SUPERVISION BANCAIRE

En 2016, la supervision bancaire s’est montrée particulièrement attentive àl’impact de la conjoncture économique difficile sur les bilans des banques etdes établissements financiers, en exerçant une surveillance rapprochée,notamment des risques de liquidité, de crédit et de concentration.

Cet effort de suivi de la situation des institutions bancaires est mené dans uncontexte de renforcement du cadre prudentiel, marqué par l’adoption, à fin2014, de l’approche standard de Bâle II, ainsi que par la consolidation desexigences en fonds propres de base à travers l’institution d’un coussin desécurité, tel que préconisé par les normes de Bâle III.

A cet égard, l’année 2016 a été mise à profit pour approfondir et évaluer lesconditions de mise en application des règles et normes réglementaires issuesde cette refonte du cadre prudentiel, en apportant les adaptations nécessairesaux processus de contrôle.

L’action du département de la supervision a été engagée aussi bien sur le frontinterne, à travers le phasage des outils et méthodologie de surveillance, quesur le plan externe, en relation avec les banques et établissements financiers,avec lesquels le dialogue a été permanent, afin de les accompagner et s’assurerde la mise en œuvre effective du nouveau dispositif prudentiel. Ce dispositifcouvre les normes, qualitatives et quantitatives, relatives aux coefficients desolvabilité, grands risques et participations ainsi que les modalités declassement et provisionnement des créances et leur comptabilisation.

L’introduction de l’instruction portant modalités de fixation des taux excessifs,visant à promouvoir le rôle du crédit bancaire dans le financement del’économie, est appelée à cadrer les marges bénéficiaires des banques etétablissements financiers et à protéger les débiteurs contre tout prélèvementexcessif de charges financières.

La consolidation du cadre réglementaire et de supervision bancaire s’estpoursuivie, en 2016, avec l’élaboration de trois projets de règlements portant,respectivement, sur :

- la révision du règlement relatif au contrôle interne des banques etétablissements financiers, auquel il a été adjoint un chapitre consacré à lagouvernance ;

79

- la supervision sur base consolidée ;- l’établissement et la publication des états financiers consolidés des banqueset établissements financiers.

VII.1 - TRAVAUX DE MODERNISATION DE LA FONCTION DESUPERVISION

Dans le cadre de la mission qui lui est assignée en matière de stabilitéfinancière par l’Ordonnance n° 10-04 du 26 août 2010, complétantl’Ordonnance n° 03-11 du 26 août 2003 relative à la monnaie et au crédit, laBanque d’Algérie a initié des actions de modernisation, visant à renforcer sacapacité d’analyse et de détection des vulnérabilités systémiques dans lesecteur bancaire.

Les travaux de modernisation et de développement du système d’analyse etd’exploitation des reportings prudentiels des banques et des établissementsfinanciers se sont intensifiés en 2016, et ce, dans l’objectif de basculerdéfinitivement vers des déclarations sous format électronique, actuellementtransmises par les banques sur support magnétiques, accompagnées du supportpapier. A terme, il est préconisé l’adoption d’une solution de télé-déclaration.

En parallèle, les manuels des procédures de contrôle sur pièces et sur placeont subi des modifications en rapport avec les évolutions de la réglementationet des normes du métier.

Dans le cadre de la modernisation de la supervision bancaire, un contratd’assistance technique a été signé avec la Banque Mondiale, en septembre2012, portant acquisition et implémentation d’une solution intégrée etdynamique de conduite de stress tests, dénommée Financial Projection Model.

Après validation, à fin 2015, du Rapport Quantitatif Normalisé (RQN) et duRapport Périodique d’Evaluation (RPE), les travaux réalisés en 2016 ont portésur la validation des états de rapprochement entre différents reportings. Lamise en œuvre de ces états a pour but d’effectuer de façon automatique lescontrôles de cohérence entre les différentes déclarations reçues des institutionsassujetties.

Les travaux d’adaptation de la solution de stress testing aux standards etpratiques comptables et prudentielles algériens, de même que la réceptionprovisoire du système, ont été achevés au cours de l’année 2015. L’année 2016a été consacrée à la réalisation des premiers exercices de stress testing, ayant

80

pour objectif l’appréciation des situations de liquidité et de solvabilité desbanques suivant deux scénarii : scénario de base (« baseline ») et scénarioavancé de stress tests. Ces stress tests, via l’application du « FinancialProjection Model », développé et adapté au contexte national dans le cadred’une assistance technique de la Banque Mondiale, ont été effectués sur deux(02) banques sur un horizon de trois ans. Ces exercices ont été réalisés à l’aidedu module individuel et les scénarii utilisés ont été inspirés de l’évolutionhistorique des séries de données de chacune des deux banques.

L’application opérationnelle de stress test sur baseline permet de détecter lesvulnérabilités en matière de risques de liquidité et/ou de solvabilité desinstitutions soumises à examen. Cependant, sa pleine mise en productiondemeure tributaire de la conception de scénarii macro-économiques de stress.

En outre, pour développer l’application de la méthode CAMEL, le projetinformatique, appelé « SYNOBA » a été développé. Ce projet s’inscrit dansle cadre de l’implémentation du système de notation bancaire algérien et visel’informatisation de l’ensemble des reportings comptables et prudentiels reçusdes banques et établissements financiers sur support magnétique etl’automatisation de leur contrôle afin de s’assurer de la cohérence des donnéesentre les différents reportings et généraliser les états de sortie suivant lesbesoins de la structure de supervision. .

VII.2 - PROGRAMME DE CONTROLES

Le programme de contrôle sur place pour 2016 a été arrêté en fonction duprofil de risque des institutions assujetties et de leur importance, en privilégiantles enquêtes thématiques relatives aux zones de risques identifiées.

Le plan d’action arrêté initialement a subi des aménagements pour donner lapriorité à l’évaluation du dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent etle financement du terrorisme dans l’ensemble du système bancaire, y comprisles services financiers d’Algérie Poste. Néanmoins, les missions de contrôledes opérations de commerce extérieur ont bénéficié d’une part significativedes contrôles réalisés, au cours de l’année sous revue, par le département desupervision de la Banque d’Algérie.

La protection des usagers des services bancaires a constitué une despréoccupations de la supervision, qui a mené, à cet effet, une action demédiation entre la clientèle et les banques dans l’objectif de résorber certainessituations litigieuses.

81

Au titre des travaux d’étude et d’examen pour avis et des demandes de diversesnatures introduites par les banques et les établissements financiers de la place,le département de supervision a procédé au traitement de dossiers relatifs à ladésignation et/ou renouvellement de mandats de commissaires aux compteset à l’agrément de cadres dirigeants et d’administrateurs des banques etétablissements financiers.

De plus, ce département a été partie prenante, avec les autres structuresconcernées de la Banque d’Algérie, dans l’examen préalable des demandesd’autorisation introduites par les banques de la place, au titre de la mise surmarché de nouveaux produits bancaires.

Enfin, dans le cadre de l’extension du réseau d’exploitation des banques et del’amélioration des conditions d’accès aux services financiers, plusieurs visitesont été effectuées dans les banques en vue de s’assurer de la conformité et del’adéquation des moyens humains et matériels mis en place pour assurer desprestations sécurisées et de qualité.

VII.3 - ACTIVITE DE CONTROLE ET DE SUPERVISION

Les travaux de la supervision bancaire s’appuient sur le suivi et l’analyse dela situation prudentielle et comptable des banques et établissements financiersà travers la combinaison du contrôle permanent, dit « sur pièces », et ducontrôle sur place.

VII.3.1 - Le contrôle permanent (contrôle « sur pièces »)

a) - Au titre de l’année 2016, l’exploitation des différents rapports etdéclarations, transmis par les banques et les établissements financiers, ontpermis de relever soixante-dix-sept (77) cas de non-respect des normesréglementaires, contre soixante-treize (73) enregistrés en 2015.

Ces cas d’irrégularités concernent le non-respect des normes prudentielles,notamment celles se rapportant à la liquidité, à la division des risques et auniveau d’engagements par signature au titre des opérations de commerceextérieur.

Les proportions des cas de non-respect de la réglementation prudentielle et lenombre d’institutions concernées sont :

82

Les gaps de liquidité constatés pour trois banques publiques, depuis le secondsemestre 2014, se sont accentués en 2016. Les deux (02) autres banquespubliques ont été confrontées à des problèmes de liquidité uniquement en 2016et ont pu redresser rapidement leurs situations au cours du même exercice ; cequi est aussi le cas pour la banque privée concernée.

S’agissant de la division des risques, les engagements pris par certainesbanques publiques, notamment au profit du secteur public, ont conduit à desdépassements en la matière. Cette situation est due, principalement, auxfinancements importants de certaines entreprises stratégiques relevant dusecteur public. En revanche, une (01) seule banque privée continue àenregistrer un dépassement de cette norme. Cependant, on constate uneréduction progressive de l’écart par rapport à la norme de 25 % des fondspropres réglementaires.

En ce qui concerne le niveau des engagements par signature sur les opérationsde commerce extérieur, des cas de non-respect de la norme ont été enregistréspar trois (03) banques. Une d’entre elles a réussi à redresser son ratiorelativement rapidement.

Il a également été constaté qu’un établissement financier demeure confrontéà des difficultés financières, le niveau de son actif net ayant baissé pour sesituer en dessous de la norme réglementaire.

b) - Conformément aux articles 71 et 72 du règlement n° 11-08 du 28novembre 2011 relatif au contrôle interne, les banques et établissementsfinanciers sont tenus d’adresser à la Commission bancaire, au moins une fois

83

par an, un rapport sur le contrôle interne et un autre rapport sur la surveillanceet la mesure des risques auxquels ils sont exposés.

Le premier rapport comprend les insuffisances relevées lors des enquêtesréalisées ainsi que les mesures correctives engagées. Ce rapport doit faireressortir, notamment, les procédures mises en place et les actions importantesenvisagées dans le domaine du contrôle interne. Le second rapport reprend ledétail des risques auxquels l’institution concernée est exposée et le dispositifde mesure et de surveillance mis en place pour limiter ces risques.

L’examen de ces rapports a permis de relever :

- des cas de contrôles inadéquats des opérations et des procédures internes ;- des cas d’organisation inadéquate du contrôle périodique ;- des cas d’insuffisances dans les systèmes d’identification, d’évaluation etde mesure des risques ;- la non généralisation au niveau de toutes les institutions assujetties du plande secours, composé de dispositifs réglementaires (procédures techniqueset organisationnelles) ;- des cas d’absence ou de performance insuffisante du plan de continuitéd’activité en situation de crise de liquidité.

c) -Au niveau du suivi des observations et recommandations des commissairesaux comptes, les contrôles sur pièces ont permis de relever :

- l’importance des suspens non régularisés dans les délais normatifs ;- l’existence d’écarts entre la comptabilité du siège central et celles desagences ;- l’absence de justification périodique pour certains comptes (état derapprochement, décomposition des soldes, inventaires physiques etconfirmation auprès des tiers).

d) - Dans le cadre de l’application des dispositions légales en matière decommissariat aux comptes, la structure du contrôle permanent a examiné,courant 2016, huit (08) dossiers portant demandes de désignation decommissaires aux comptes et treize (13) dossiers portant demandes derenouvellement de commissaires aux comptes. Pour ces dossiers il s’agit des’assurer que les commissaires aux comptes présentent les garantiesd’expérience, de compétence et d’indépendance nécessaires à l’exercice deleurs mandats. Les avis et analyses sur ces dossiers sont portés à laconnaissance de la Commission Bancaire.

84

e) - Par ailleurs, conformément aux dispositions de l’article 3 du règlementn° 13-01 du 08 avril 2013, fixant les règles générales en matière de conditionsde banques applicables aux opérations de banque, ainsi qu’à l’article 25 durèglement n° 11-08 du 28 novembre 2011, relatif au contrôle interne desbanques et établissements financiers, la structure en charge du contrôle surpièces a contribué à l’étude des dossiers transmis par les banques dans le cadrede la mise sur marché de nouveaux produits.

VII.3.2 - Le contrôle sur place

La structure en charge du contrôle sur place a réalisé, au cours de l’exercicesous revue, un plan de charge couvrant un ensemble de thèmes axés autourdes cinq (05) volets suivants :

- missions de notation bancaire (méthode de notation CAMEL) ;- missions thématiques (lutte contre le blanchiment d’argent et le financementdu terrorisme) ;- missions spéciales ;- missions de contrôle des opérations de commerce extérieur ;- missions d’enquête.

Ce plan de charge englobe aussi bien des missions enclenchées et finaliséesau cours de l’exercice sous revue et des missions lancées vers la fin del’exercice précédent et étendues sur l’exercice 2016 qu’un nombre de missionslancées en 2016 et dont la finalisation est prévue courant 2017.

Le bilan d’activité du contrôle sur place s’articule autour des différentesthématiques couvertes par les contrôles réalisés, telles qu’indiquées ci-après.

VII.3.2.1 - Contrôle intégral (notation bancaire)

Trois (03) missions de contrôle intégral pour la notation des banques, couvrantdeux (02) banques et un (01) établissement financier, ont été lancées au coursdu deuxième semestre de l’exercice sous revue et demeurent en cours à fin2016.

Les principales conclusions préliminaires, ressortant des travaux en cours deréalisation sur les situations à fin 2015 des trois institutions contrôlées, sontrésumées ci-après.

85

a) - Qualité des actifs et fonds propres

L’évaluation de la composante relative à la qualité des actifs des troisinstitutions contrôlées laisse apparaitre certaines carences d’ordreorganisationnel. Il s’agit de la vacance du poste du premier responsable desengagements, de cumul de fonctions et de quelques lacunes dans le processusde sélection, de mesure et de suivi du risque de crédits, se manifestant,notamment, par l’octroi de crédits à des clients dont la situation financièrecommence à se dégrader et par des faiblesses en matière d’analyse descréances, de leur classification et de provisionnement des créances classéesnon performantes.

Les insuffisances relevées à l’issue des examens consacrés au processus desélection, de mesure et de suivi du risque de crédits portent sur :

- le dépassement de la norme réglementaire de division des risques (25 %des fonds propres réglementaires), d’où une forte concentration de risquesd’une banque sur une entreprise relevant du secteur public ;- l’absence d’une analyse détaillée de la rentabilité de la clientèle lors de lasélection des risques, qui se traduit par l’existence de bénéficiaires de créditsprésentant des situations financières en dégradation, voire en déséquilibre ;- le taux relativement élevé de créances non performantes au niveau del’établissement financier contrôlé.

Les ratios de solvabilité des deux banques contrôlées avaient amorcé unebaisse, en 2014, du fait de la nécessité de couvrir de nouveaux risquesbancaires (opérationnel et de marché). Par contre, ces ratios sont en hausseappréciable en 2015 ; le capital social de l’une des deux banques a été renforcéen 2015, à hauteur d’un montant additionnel de 32 milliards de dinars.

Enfin, le coefficient de solvabilité de l’établissement financier contrôlé estresté stable, avoisinant une moyenne de 34 % et cela, sur des déclarationscouvrant une période de six trimestres.

b) - Liquidité

L’évaluation de la composante liquidité des deux banques contrôlées, a donnélieu à des constats, dont les plus saillants sont :

- le niveau important de crédits octroyés à maturité supérieure à dix (10)ans, d’où un niveau élevé de risque de transformation ;

86

- la diminution des avoirs en caisse et des comptes ordinaires, affectant lecoefficient de liquidité, qui passe de 151% à 141 %. Cependant, ce dernierreste largement au-dessus de la norme de 100 % ;- le coefficient des fonds propres et des ressources permanentes enregistreun taux qui frôle la limite règlementaire de 60 % pour une de deux banquescontrôlées, en dépit de l’augmentation de son capital.

c) - Composante rentabilité

L’analyse de la rentabilité de l’exercice clos 2015, conduite au cours de cestrois missions de contrôle intégral, laisse apparaitre une tendance générale àla hausse au niveau des trois institutions contrôlées avec, cependant, une netteaugmentation pour l’une des banques. L’augmentation de la rentabilité desinstitutions contrôlées est tirée, notamment, par une évolution positive desproduits d’intermédiation.

En effet, une banque contrôléee a enregistré une hausse appréciable de sesrésultats en 2015 (hausse de plus de 4 milliards de dinars, comparativement àses résultats de 2014), marquant ainsi une augmentation de 12,11 % de sonrésultat net. Ce trend haussier du résultat de la banque s’est amorcé à partir del’année 2012. Au titre de l’affectation du résultat, il est à signaler que 50 %du bénéfice réalisé ont été affectés aux réserves facultatives, renforçant ainsiles fonds propres de la banque.

Concernant la deuxième banque contrôlée, dont le résultat se situe à un niveaubien en deçà de la première, elle a enregistré, en 2015, une évolutionappréciable de ses résultats nets (hausse de 132 %), par rapport à l’exerciceprécèdent, grâce, notamment, à l'augmentation des produits sur les opérationsavec la clientèle, dont 56 % sont issus des crédits consortiaux.

Tel qu’en témoignent les rendements des fonds propres et des actifs, larentabilité de cette deuxième banque se situe à un niveau relativement faible.

L’établissement financier a enregistré un niveau de résultat en augmentation,toujours appréciable mais avec une tendance baissière au cours des troisdernières années, liée à la baisse significative de l’activité commerciale del’établissement. Une grande partie de ces bénéfices est distribuée sous formede dividendes (76 %), soit un taux de réinvestissement de 24 % seulement.

87

VII.3.2.2 - Missions thématiques (lutte contre le blanchiment d’argent etle financement du terrorisme)

En plus du suivi et du contrôle du respect par les banques et les établissementsfinanciers des dispositions légales et réglementaires en matière de respect desnormes et ratios de la gestion prudentielle, le plan de charge de la supervisionintègre, également, des actions de contrôle et d’évaluation de la conformitédes dispositifs de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement duterrorisme, mis en place par les banques, les établissements financiers et lesservices financiers d’Algérie Poste.

Les travaux de vérification et d’évaluation de cet aspect sont effectués aussibien dans le cadre du contrôle intégral que dans le cadre de missionsthématiques.

Au cours de l’exercice sous revue, une mission transversale de contrôle surplace, consacrée exclusivement à l’évaluation du dispositif de lutte contre leblanchiment d’argent et le financement du terrorisme, couvrant les vingt (20)banques de la place et les services financiers d’Algérie Poste, a été lancée etfinalisée. Les rapports portant résultats des examens et vérifications de cettemission seront transmis à la Commission bancaire.

Les résultats préliminaires découlant de cette mission laissent apparaitre laréalisation de certains progrès, au regard des constats relevés à l’issue desmissions précédentes.

Cependant, les dispositifs mis en place par certaines banques présententquelques insuffisances en matière de procédures internes, de système desurveillance des opérations, d’information et de formation du personnel et plusparticulièrement en ce qui concerne la connaissance de la clientèle (know yourclients).

Au cours des vérifications effectuées sur des échantillons, choisis par lamission de façon aléatoire, il a été procédé, dans le cas d’une banque, àl’élaboration, par les inspecteurs de la Banque d’Algérie, de rapportsconfidentiels destinés à la Cellule de Traitement du Renseignement Financier(CTRF) ; rapports portant sur des opérations suspectes relevées sur les comptesde certains clients.

88

VII.3.2.3 - Missions spéciales

En ce qui concerne cette catégorie de contrôles et de vérifications, trois (03)missions spéciales ont été diligentées au cours de l’exercice sous revue. Lesrapports de mission sont en cours de finalisation, avant leur transmission à laCommission bancaire. Deux (2) missions portent sur l’évaluation de lacomposante liquidité au niveau de deux banques. La troisième mission a eupour objet d’examiner la situation d’une banque suite à sa demande de cessionde son fonds de commerce et la cessation de de son activité en Algérie.

Les travaux d’évaluation de la composante « liquidité », des deux banqueslaisse apparaitre quelques difficultés structurelles au niveau de l’une d’elles.Face à l’insuffisance des fonds levés sur le marché monétaire, cette banque aété la première de la place à recourir au refinancement de la Banque d’Algérieet ce, dès le mois d’août 2016.

A ce titre, il convient de signaler que si les difficultés rencontrées par l’unedes deux banques sont de nature conjoncturelle, la situation de l’autre banqueest d’ordre structurel.

En ce qui concerne la mission relative à la cession du fonds de commerce etla cessation de l’activité d’une banque, la décision de la banque est motivéepar la baisse de son rendement, suite aux mesures réglementaires recadrant lamarge des banques sur les opérations du commerce extérieur. Cependant, avantla conclusion de cette mission, les instances dirigeantes de la banque concernéesont revenues sur leur décision et la banque a repris le cours normal de sonactivité.

VII.3.2.4 - Missions de contrôle des opérations de commerce extérieur

La réalisation de l’ensemble des missions de contrôle des opérations decommerce extérieur a requis la mobilisation de quarante-trois (43) équipesd’inspecteurs, couvrant globalement et à répétition treize (13) banques privéeset trois (03) banques publiques.

Dans le cadre des contrôles et vérifications des opérations de commerceextérieur, la structure de contrôle sur place a réalisé, au titre de l’exercice 2016,quatre (04) missions transversales, portant sur :

89

a) - le contrôle du respect par les banques des dispositions légales etréglementaires en matière de traitement des opérations de commerceextérieur

Cette mission est réalisée au niveau des unités d’exploitation (agences) dansle cas de trois (03) banques publiques et au niveau des directions générales dedeux (02) banques privées ;

b) - le contrôle des opérations de transfert des revenus des salariésexpatriés domiciliés au niveau des banques

Lancée au cours du dernier trimestre 2016, cette mission transversale a couvertquatorze (14) banques privées. L’objectif de cette mission consistait à dresserun état des lieux sur le niveau des fonds transférés par les banques au titre dela partie transférable des salaires perçus en Algérie par les salariés expatriés,domiciliés au niveau des banques de la place ;

c) - le contrôle de la régularité des opérations de commerce extérieurréalisées par certains opérateurs économiques

Deux missions de vérification d’opérations de commerce extérieur initiées pardeux opérateurs économiques, ont été conduites au niveau de l’ensemble desbanques domiciliataires de ces opérateurs.

Couvrant des périodes s’étalant sur plusieurs exercices, les travaux de contrôleet de vérification de la régularité des dossiers de domiciliation, des opérationsréalisées par ces deux opérateurs, ont permis de relever des infractions à lalégislation des changes et des mouvements de capitaux de et vers l’étranger,qui ont donné lieu à l’élaboration de dix-sept (17) procès-verbaux d’infractionà l’encontre des deux opérateurs concernés ;

d) - le contrôle des opérations de compagnies aériennes

Ces missions font suite à une demande d’autorisation, formulée par deuxcompagnies de navigation aérienne, de procéder au transfert de reliquatsrelatifs à leurs excédents de recettes d’exploitation qui, faute d’imputationcomptable correcte de certaines recettes, auraient altéré le montant mensueldes excédents à transférer.

La première mission de cette nature a été lancée en octobre 2013, tandis quela deuxième a débuté au mois de mai 2015 et a été clôturée en 2016.

90

A l’issue des travaux de justification et de correction, les missions de contrôleont abouti à la détermination du montant des fonds éligibles au transfert, enrecensant et en excluant toutes les opérations non éligibles.

VII.3.2.5 - Missions d’enquêtes

Ces missions portent sur la vérification du respect par les banques et lesopérateurs économiques des dispositions législatives et réglementairesrégissant l’activité bancaire. Elles font généralement suite à des lettres dedénonciation ou de réclamation de la clientèle des banques ou à desinformations parvenant de la CTRF. Au cours de l’exercice sous revue, ellesont couvert six (06) banques privées et deux (02) banques publiques.

Au titre de ces missions, onze (11) enquêtes, portant sur divers aspects del’activité des banques et d’opérateurs économiques, ont été réalisées. Lesrapports d’enquêtes, à transmettre à la Commission bancaire, ont relevé, à titrepréliminaire, certaines insuffisances dans les dispositifs de contrôle interne etde lutte contre le blanchiment d’argent des banques contrôlées.

Les missions réalisées ont porté, notamment, sur la division des risques (casd’une banque), les transferts illicites de devises, les surfacturations et lesversements importants en argent liquide.

VII.4 - AUTRES ACTIVITES DE CONTROLE MICRO-PRUDENTIEL

L’année 2016 a connu la poursuite des travaux de vérification et de contrôleportant sur des dossiers relatifs à l’agrément des dirigeants, les conditionsd’installation de banques ou d’établissements financiers, les conditionsd’ouverture et de transfert de guichets bancaires et l’étude des dossiers portantmise sur marché de nouveaux produits, en sus du traitement des requêtesdiverses introduites par la clientèle des banques auprès de la Banque d’Algérie.

Ces travaux sont sanctionnés par des notes d’appréciation, qui sont adresséesau Secrétariat Général du Conseil de la Monnaie et du Crédit en ce quiconcerne les diverses demandes d’autorisation, tandis que les réclamations dela clientèle sont traitées en coordination avec les banques concernées.

La structure de supervision de la Banque d’Algérie a procédé, ainsi, à l’examende quatre-vingt-six (86) dossiers de demandes d’agrément de dirigeants et d’un(01) dossier portant agrément d’un nouvel actionnaire en qualité de membredu Conseil de surveillance.

91

De plus, soixante (60) dossiers de demandes d’autorisation ont fait l’objet detraitement. Ces demandes portent, notamment, sur des augmentations decapital (02 dossiers), des cessions d’actions (13 dossiers) et de constitutiond’un établissement financier (1 dossier). A cela s’ajoutent trente-neuf (39)dossiers de demandes d’autorisation pour la mise sur le marché de nouveauxproduits (e-paiement).

Dans le cadre de la protection des usagers des services financiers, quarante-six (46) requêtes et doléances de la clientèle des banques ont été enregistréesen 2016 et ont fait l’objet de traitement par la structure de supervision.

Dans le cadre du contrôle des conditions d’ouverture des agences bancaires,les services de la supervision ont mené, au cours de l’année 2016, quarante-trois (43) missions dédiées à ce type de contrôles, soit quinze (15) missionsliées à l’ouverture de nouvelles agences, vingt-cinq (25) missions liées à desopérations de transfert d’agences, dont vingt (20) transferts définitifs et cinq(05) transferts provisoires, et trois (03) missions ont porté sur la levée deréserves.

VII.5 - PERSONNEL DEDIE A LA SUPERVISION BANCAIRE

La supervision bancaire revêt une importance cruciale dans la conduite, parla Banque d’Algérie, de ses missions de veille à la solidité et à la stabilité dusystème financier et de préservation des intérêts des déposants.

A cet effet, la Banque d’Algérie accorde un intérêt particulier à la dotation dela structure chargée de la supervision bancaire en ressources humainessuffisantes et présentant les profils adéquats pour le métier.

Pour garantir l’accomplissement de cet objectif, un effort soutenu de formationdes inspecteurs continue d’être déployé, dans l’objectif de développer leurscapacités et d’actualiser leurs connaissances des métiers de la supervision. Cesmétiers requièrent un haut niveau de technicité, compte tenu de la complexitéet de la constante évolution de la profession et des activités et produitsbancaires.

L’année 2016 a connu la participation de quatre-vingt-seize (96) inspecteursà des formations et ateliers portant sur divers thèmes liés au contrôle et àl’activité bancaire, dont, notamment, la stabilité financière et les politiquesmacro-prudentielles, la supervision bancaire, la lutte contre le blanchimentd’argent et le financement du terrorisme ainsi que des sujets en relation avecles opérations de commerce extérieur.

92

CHAPITRE VIII :

POLITIQUE MONETAIRE

CHAPITRE VIII :POLITIQUE MONETAIRE

La baisse de l’excès de liquidité bancaire en 2015 et sa poursuite en 2016 s’esttraduit par un changement radical dans la conduite de la politique monétaire.Longtemps matérialisée par l’absorption de l’excès de liquidité à l’aide desinstruments appropriés de reprise de liquidité et de facilités de dépôts, elles’est orientée, à partir du mois d’août 2016, vers l’utilisation des instrumentsd’injection de liquidité pour assurer le refinancement du système bancaire.

Le présent chapitre présente l’évolution des principaux agrégats de la sphèremonétaire en 2016, en lien avec celle des comptes extérieurs et des comptespublics, et leur impact sur la conduite de la politique monétaire.

VIII.1 - LES PRINCIPAUX DEVELOPPEMENTS MONETAIRES

La forte baisse des prix du pétrole, entamée en 2015 et qui s’est poursuivie en2016 a induit des déficits élevés du solde global de la balance des paiements.L’importante destruction monétaire corrélative à ces déficits s’est traduite pardes croissances insignifiante ou quasi nulle de la masse monétaire (M2) en2016 (0,79 %) comme en 2015 (0,13 %). Mais, contrairement à l’année 2015où la faible croissance de M2 résultait, en partie, de la forte diminution desdépôts du secteur des hydrocarbures, en 2016, elle est induite par la baisse desdépôts des secteurs hors hydrocarbures (-3,2 %) ; les dépôts du secteur deshydrocarbures ayant augmenté de 2,6 %.

Graphe VIII.1 : Evolution de la masse monétaire

94

L’évolution des composantes de la masse monétaire M2 n’est pas aussicontrastée qu’elle l’a été en 2015. L’agrégat M1, qui avait reculé de 3,6 % en2015, enregistre une hausse de 1,6 % en 2016 sous l’effet de l’augmentationde la circulation fiduciaire (9,5 %) et des dépôts auprès des CCP (7,4 %)malgré la diminution des dépôts à vue dans les banques (-4,2 %) et auprès duTrésor (-24,6 %). En ce qui concerne les liquidités quasi monétaires (dépôts àterme), elles ont aussi baissé, bien que plus légèrement que les dépôts à vue,de 0,81 % contre une hausse de 8,8 % en 2015.

Graphe VIII.2 : Structure de la masse monétaire

Par secteur juridique, la baisse des dépôts à vue dans les banques de 4,2 % estliée à celle des dépôts à vue des entreprises publiques (-8,4 %) ; les dépôts dusecteur privé (entreprises et ménages) ayant augmenté de 6,8 %. Quant à labaisse, plutôt modérée de 0,81 %, des dépôts à terme, elle est aussi le fait desentreprises publiques puisque ceux du secteur privé ont progressé de 3,6 %.

Ces évolutions des agrégats monétaires indiquent, au final, que contrairementà l’année 2015, la baisse des dépôts dans les banques résulte de celle desdépôts des secteurs hors hydrocarbures, notamment les dépôts des entreprisespubliques. Elles indiquent aussi la poursuite de la hausse tendancielle de lapart de la monnaie fiduciaire dans M2 qui passe de 26,7 % en 2014 à 30 % en2015 puis à 32,6 % à fin décembre 2016.

Sous l’angle des contreparties de la masse monétaire qui permettentd’identifier les déterminants de son évolution ainsi que celle de la liquiditébancaire (ressources des banques en dépôts à la Banque d’Algérie), on

95

observe, à partir de la situation monétaire consolidée de l’ensemble du systèmebancaire, que :

- Les avoirs extérieurs nets (réserves de change exprimées en dinars) ontfortement diminué de 18,1 % en 2015 ; ce qui correspond globalement, ensituation de quasi stabilisation du cours de change de fin de période du dinarvis-à-vis du dollar, aux flux nets négatifs de l’ensemble des opérations entrerésidents et non-résidents (solde global de la balance des paiements).

- Sous l’effet des déficits budgétaires élevés en 2014 et surtout en 2015,financés par des prélèvements du Fonds de régulation des recettes (FRR),l’Etat n’est plus créancier net sur le système bancaire. A partir de décembre2015, il en est devenu débiteur net. En 2016, les crédits du système bancaireà l’Etat ont progressé de 372 % (+ 2 115,3 milliards de dinars), sous l’effet(i) d’une très forte diminution des créances de l’Etat (FRR) sur la Banquecentrale qui sont passées de 2 156 milliards de dinars à 870 milliards dedinars et (ii) de la forte progression des créances des banques commercialessur l’Etat qui sont passées de 1 479,3 milliards de dinars à fin 2015 à 2 388milliards de dinars à fin 2016 (61,5 %) liées principalement aux nouveauxrachats par le Trésor de créances non performantes des banques sur laclientèle des entreprises publiques et à l’emprunt national pour la croissanceéconomique.

- Face aux contractions des réserves de change et à l’augmentation descréances nets sur l’Etat, les crédits à l’économie, hors rachats de créancesnon performantes, ont poursuivi leur progression au cours de l’année 2016au rythme de 8,7 % contre 11,9 % en 2015.

Graphe VIII.3 : Contreparties de la masse monétaire

96

L’évolution des contreparties de la masse monétaire M2 indique que les créditsdu système bancaire à l’Etat, notamment la forte érosion du FRR, constituentencore en 2016 comme en 2015, la source principale de l’expansion monétaire(M2). En effet, la très faible progression de la masse monétaire M2, de 109milliards de dinars en 2016, résulte, quasiment, de la conjonction (i) de fluxpositifs liés à l’expansion des flux de crédits à l’Etat de 2 115,3 milliards dedinars et des flux de crédits à l’économie pour 634,4 milliards de dinars(injection de liquidités monétaires) et de flux négatifs liés à la diminution desavoirs extérieurs nets (AEN) de 2 779,4 milliards de dinars (destruction deliquidités monétaires).

Par secteurs juridiques et institutionnels et sur la base de la situation monétaireconsolidée, les crédits accordés aux entreprises publiques, hors rachats decréances non performantes, ont atteint 3 954 milliards de dinars à fin 2016 enprogression de 7,2 % contre 3 957,1 milliards de dinars de crédits accordés ausecteur privé (entreprises et ménages), soit une expansion de 10,3 % ; cesévolutions ont abouti à une très légère hausse de la part des crédits au secteurprivé, dans le total des crédits à l’économie, qui passe de 49,3 % en 2015 à50 % en 2016. Pour mémoire, cette part, qui était de 52,8 % en 2013, a baisséà 48 % en 2014 pour remonter à 49,3 % en 2015.

Dans les crédits au secteur privé, les crédits accordés aux ménages, qui sontessentiellement des crédits hypothécaires, ont atteint 536,6 milliards de dinarsà fin décembre 2016 contre 465,1 milliards de dinars à fin décembre 2015,soit une hausse de 15,4 %, quasi identique à celle de 2015.

Par maturité, l’évolution de la structure des crédits, hors rachats de créances,indique une légère baisse de la part des crédits à long terme, qui passent de53,9 % en 2015 à 52,9 % en 2016 ; celle des crédits à moyen terme passant de22,6 à 22,9 et celle des crédits à court terme de 23,5 à 24,2 %. Les créditsconsidérés comme des crédits d’investissement (à moyen et long terme),représentent, en 2016, 75,8 % des crédits totaux contre 76,5 % en 2015.

Enfin, le ratio dépôts collectés/crédits bancaires indique une baisse del’excédent des ressources collectées par les banques comparées aux créditsdistribués. Ce ratio passe, en effet, de 1,31 en 2014 à 1,15 en 2015 puis à 1,03en 2016. L’évolution à la baisse des dépôts et à la hausse des crédits dans lesbanques d’une part et la tendance à l’augmentation de la part de la monnaiefiduciaire dans la masse monétaire M2 d’autre part, indique clairement que lastratégie des banques commerciales devrait, désormais, inclure comme prioritéla collecte des énormes ressources hors des circuits bancaires.

97

VIII.2 - MARCHE MONETAIRE ET LIQUIDITE BANCAIRE

Au cours de la période 2001-2014 caractérisée par un excès structurel, laliquidité bancaire avait atteint 2 730, 9 milliards de dinars à fin décembre 2014.Depuis, elle s’est contractée à 1 832,6 milliards de dinars à fin 2015 puis à820,9 milliards de dinars à fin 2016.

L’analyse des facteurs autonomes de la liquidité bancaire permet d’encomprendre l’évolution à la baisse en 2016 :

- Les avoirs extérieurs nets (AEN ; réserves de change exprimées en dinars)ont diminué de 18,1 %, passant de 15 375,4 milliards de dinars en 2015 à12 596 milliards de dinars en 2016 ; cependant, au titre du déficit du soldeglobal de la balance des paiements, la variation de la liquidité bancaire a étéde -26,03 milliards de dollars en équivalent dinars.

- Au titre de la variation de l’encours des dépôts du Trésor (compte courantet Fonds de régulation des recettes (FRR)) auprès de la Banque d’Algérie,les injections de liquidité bancaire ont atteint 1 318,2 milliards de dinars.elles correspondent au prélèvement sur l’encours du FRR pour assurer unepartie du financement du déficit du solde global du trésor.

- Une augmentation de la circulation fiduciaire hors Banque d’Algérie de389,1 milliards de dinars résultant de la transformation des dépôts enmonnaie fiduciaire et qui constitue un facteur autonome de ponction deliquidités du système bancaire.

L’évolution des facteurs autonomes (ponctions et injections), en dépit durefinancement de la Banque d’Algérie (injection) à partir d’août 2016, s’esttraduite par un amenuisement de la liquidité bancaire de 1 011,7 milliards dedinars. Face à la tendance baissière de l’excès de liquidité bancaire, lié au faitque les montants des ponctions de liquidité sont devenus supérieurs auxmontants des apports de liquidité, la Banque d'Algérie :

- a suspendu les opérations de reprise de liquidité après en avoir réduitgraduellement les seuils de reprise et ramener à zéro la rémunération desopérations de facilités de dépôts. Ce qui a incité les banques à offrir leursexcédents de ressources sur le marché monétaire interbancaire, - a réduit à la baisse le taux de réserves obligatoires de 12 à 8 % en 2016,- a réactivé les opérations de réescompte d’effets privés et publics et a baisséson taux de 4 à 3,5 % tout en se préparant à lancer les opérations d’openmarket début 2017.

98

Graphe VIII.4 : Indicateurs monétaires

Ces opérations de politique monétaire se sont matérialisées par (i) uneaugmentation de la part des réserves libres des banques de 168 %, passant de84,4 milliards de dinars à fin 2015 à 226,3 milliards de dinars à fin 2016, (ii)la poursuite de la reprise de la demande de fonds prêtables sur le marchémonétaire interbancaire où les volumes échangés ont augmenté de 25 %. Enconséquence, les taux d’intérêt moyens pondérés des opérations interbancairesont évolué, en 2016, dans une fourchette de taux comprise entre 2,58540 % et2,87508 % alors qu’en 2015, ils ont évolué entre 0,34375 % et 2,5000 %.

Parallèlement, dans un contexte d’amenuisement de la liquidité bancaire etafin de permettre aux banques et établissements financiers de disposer de plusde capacités financières pour financer l’investissement, le conseil de lamonnaie et du crédit a adapté la réglementation relative au refinancement deseffets publics et privés. A cet effet, le règlement n°16-03 du 28 juillet 2016,complétant le règlement n° 15-01 du 19 février 2015, en phase avec lesmissions de stabilité des prix et de stabilité financière de la Banque d’Algérie,étend (i) le réescompte des effets privés aux effets représentatifs des crédits àlong terme distribués par les banques et établissements financiers, et (ii) auxtitres publics représentatifs de « l’emprunt national pour la croissanceéconomique » reçus par les banques au titre de sureté financière en couverturedes crédits.

Dans le même ordre d’idées et en application des dispositions du règlementn° 09-02 du 26 mai 2009 relatif aux opérations, instruments et procédures depolitique monétaire, l’instruction 06-2016 du 1er septembre 2016 définit lesmodalités d’intervention de la Banque d’Algérie sur le marché monétaire pourrefinancer les banques par voie d’appel d’offres et/ou par voie d’opérationsbilatérales (opérations d’open market) qui seront mises en œuvre début 2017.

99

Sur l’autre segment du marché monétaire, l’année 2016 a enregistré une légèrebaisse de l’encours des émissions des valeurs d’Etat par voie d’adjudication.Cet encours est passé de 998 milliards de dinars en 2015 à 967,4 milliards dedinars à fin 2016, soit une baisse de 3,1 %.

En ce qui concerne les taux de rendement des différents types de titres del’Etat, ils ont nettement augmenté et se sont situés, à fin décembre 2016 :

- entre 1,45 % et 1,55 % pour les bons du Trésor à court terme (BTC) de 13et 26 semaines contre 0,60 % à 0,62 % en 2015,- entre 2,04 % et 2,11 %, pour les bons du Trésor assimilables (BTA) de 1 à5 ans,- entre 2,79 % et 3,89 % pour les obligations assimilables du Trésor (OAT)de 7 à 15 ans, contre 2,65 % et 3,87 % en 2015.

La structure des valeurs du Trésor continue d’évoluer en faveur des titres àcourt terme émis par le Trésor. Rapportés au montant total des titres adjugés(793 milliards de dinars), les BTC émis sur le marché primaire en 2016représentent 86 %, (681 milliards de dinars), les BTA 12 % et les OAT 2 %contre 57,3 % pour les BTC, 31 % pour les BTA et 12 % pour les OAT en2015.

La hausse de l'encours des valeurs du Trésor émises en 2016 par voied'adjudication sur le marché monétaire s'est conjuguée à un montant levé ettransigé sur le marché secondaire de 444,3 milliards de dinars qui a concernédes bons à court terme (bons du Trésor à treize et vingt-six semaines) pour50 %, des bons du Trésor assimilables d’un (1) à cinq (5) ans pour 46 % et,enfin, des obligations du Trésor assimilables pour 4,0 %.

VIII.3 - PROGRAMMATION FINANCIERE ET CONDUITE DE LAPOLITIQUE MONETAIRE

Pour la conduite de la politique monétaire, la Banque d'Algérie présente auConseil de la monnaie et du crédit, au début de chaque année, les prévisionsrelatives aux agrégats de monnaie et de crédit découlant de la programmationfinancière. Les objectifs quantitatifs arrêtés sont revus au cours de l’année enfonction de l’évolution de la conjoncture économique et financière nationaleet internationale et de son impact sur les fondamentaux de l’économienationale. La Banque d'Algérie propose également les instruments de politiquemonétaire à mettre en œuvre pour réaliser l'objectif de la politique monétaire,à savoir l’objectif de stabilité des prix, institué explicitement en août 2010.

Pour l’année sous revue, le Conseil de la monnaie et du crédit a examiné lesobjectifs en matière d'évolution des agrégats monétaires et de crédit cohérents

100

avec l’objectif d’inflation de 4 % et a arrêté le taux de croissance de la massemonétaire (M2) dans la fourchette 5 – 7 % et celui des crédits à l'économie,après les rachats prévus par le Trésor des créances des banques sur lesentreprises publiques, dans la fourchette 9 – 11 %.

Les objectifs d’inflation et d’agrégats de monnaie et de crédits ont été projetéssur la base de l’hypothèse d’un prix moyen du baril de pétrole de 45,6 dollars.A postériori, à fin 2016, le prix moyen des hydrocarbures s’est établi à 45dollars le baril, soit quasiment le prix projeté à priori début 2016. En revanche,l’expansion monétaire n’a été que de 0,8 %, loin du taux de croissance projetéen raison du déficit plus élevé, que celui projeté, du solde global de la balancedes paiements.

Face à la tendance baissière de la liquidité bancaire en 2015, la Banqued’Algérie avait revu à la baisse les seuils de reprise de liquidité. En 2016, lapoursuite de la baisse de la liquidité bancaire a amené la Banque d’Algérie àsuspendre les opérations de ponction de la liquidité, réduit le taux de réservesobligatoires et réactivé le canal du réescompte pour assurer le refinancementdes banques commerciales. Cependant, au-delà de 2016, l’objectif de laBanque d’Algérie est de privilégier les opérations de marché (opérationsd’open market) dans la conduite de la politique monétaire pour faire émergerle taux des opérations à 7 jours comme taux directeur de la Banque d’Algérie.

En ce qui concerne l’inflation, après deux années consécutives de fortedésinflation (2013 et 2014), le rythme annuel moyen de la hausse de prixs’était accéléré en 2015, à hauteur de 4,8 %, pour se poursuivre et atteindre6,4 % en 2016 (indice des prix à la consommation du Grand Alger).

Graphe VIII.5 : Evolution du taux d’inflation en moyenne annuelle

101

La poursuite de la hausse de l’inflation en 2016 ne semble pas être liée àl’inflation importée, puisque l’indice des prix à la consommation des biens àfort contenu d’importations n’a progressé que de 6,8 % et que sa contributionà l’inflation globale n’est que de 21,8 %, inférieure à son poids dans l’indiceglobal (23,1 %).

De même, cette hausse de l’inflation en 2016 ne semble pas être corrélée àl’expansion de la masse monétaire M2. En effet, pour la deuxième annéeconsécutive, les moyens de paiement détenus par les agents non-financiers(M2) ne se sont accrus que de 0,79 % (0,13 % en 2015).

Dès lors, l’observation de l’évolution, en 2015 et 2016, de l’inflation horsproduits agricoles frais - à prix volatils - semble indiquer que l’inflation estd’ordre structurel. Dans un contexte de marchés insuffisamment concurrentielset mal régulés, caractérisés, pour certains d’entre eux, par des positionsdominantes, cette inflation sous-jacente s’expliquerait par les anticipationsinfondées car démesurées des agents économiques (price makers), eu égardaux variations effectives ou supposées de l’évolution des déterminants del’inflation (taux de change, masse monétaire, fiscalité, coût du travail…).

102

ANNEXE :

TABLEAUX STATISTIQUES

104

SOMMAIRESOMMAIRE

TABLEAU 1 : Origine et emploi des ressources aux prix courants..........................p.105

TABLEAU 2 : Répartition sectorielle du PIB aux prix courants...............................p.106

TABLEAU 3 : Répartition sectorielle de la croissance du PIB réel..........................p.107

TABLEAU 4 : Indice de la production industrielle des entrep. pub..........................p.108

TABLEAU 5 : Indices des prix à la consommation...................................................p.109

TABLEAU 6 : Population active, emploi et chômage...............................................p.110

TABLEAU 7 : Situation des Opérations du Trésor....................................................p.111

TABLEAU 8 : Recettes de l'Administration Centrale...............................................p.112

TABLEAU 9 : Dépenses de l'Administration Centrale...............................................p.113

TABLEAU 10 : Dette publique intérieure de l'Administration Centrale....................p.114

TABLEAU 11 : Situation monétaire (y compris caisse d’épargne)............................p.115

TABLEAU 12 : Situation de la Banque d'Algérie......................................................p.116

TABLEAU 13 : Répartition des crédits à l'économie par maturité.............................p.117

TABLEAU 14 : Répartition des crédits à l'économie par secteur...............................p.118

TABLEAU 15 : Indicateurs de solidité financière des banques.................................p.119

TABLEAU 16/1 : Balance des paiements évaluée en US dollars...............................p.120

TABLEAU 16/2 : Balance des paiements évaluée en dinars......................................p.121

TABLEAU 17 : Composition des import.& export. par groupe de produits ...................p.122

TABLEAU 18 : Exportations des hydrocarbures........................................................p.123

TABLEAU 19 : Encours et structure de la dette extérieure........................................p.124

105

TABLEAU 1 : ORIGINE ET EMPLOI DES RESSOURCESAUX PRIX COURANTS

106

TABLEAU 2 : RÉPARTITION SECTORIELLE DU PIBAUX PRIX COURANTS

107

TABLEAU 3 : RÉPARTITION SECTORIELLE DE LA CROISSANCE DU PIB RÉEL

108

TABLEAU 4 : INDICES DE LA PRODUCTIONINDUSTRIELLE DES ENTREPRISES PUBLIQUES

109

TABLEAU 5 : INDICES DES PRIX A LA CONSOMMATION(Grand Alger)

110

TABLEAU 6 : POPULATION ACTIVE,EMPLOI ET CHOMAGE

111

TABLEAU 7 : SITUATION DES OPERATIONS DU TRESOR

112

TABLEAU 8 : RECETTES DE L’ADMINISTRATION CENTRALE

113

TABLEAU 9 : DEPENSES DE L’ADMINISTRATION CENTRALE

114

TABLEAU 10 : DETTE PUBLIQUE INTERIEUREDE L’ADMINISTRATION CENTRALE

115

TABLEAU 11 : SITUATION MONETAIRE(y compris caisse d’épargne)

116

TABLEAU 12 : SITUATION DE LA BANQUE D’ALGERIE

117

TABLEAU 13 : REPARTITION DES CREDITSA L’ECONOMIE PAR MATURITE

118

TABLEAU 14 : REPARTITION DES CREDITSA L’ECONOMIE PAR SECTEUR

119

TABLEAU 15 : INDICATEURS DE SOLIDITÉ FINANCIÈREDES BANQUES

120

TABLEAU 16/1 : BALANCE DES PAIEMENTSEVALUEE EN U.S. DOLLARS

121

TABLEAU 16/2 : BALANCE DES PAIEMENTSEVALUEE EN DINARS

122

TABLEAU 17 : COMPOSITION DES IMPORTATIONS ET EXPORTATIONS PAR GROUPE DE PRODUITS

123

TABLEAU 18 : EXPORTATIONS DES HYDROCARBURES

En millions de dollars

124

TABLEAU 19 : ENCOURS ET STRUCTUREDE LA DETTE EXTERIEURE