123
1 A A N N T T E E N N N N E E R R A A P P P P O O R R T T D D A A C C T T I I V V I I T T E E 2 2 0 0 1 1 2 2 Association ANTENNE - 9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG Tél. : 03 88 32 98 62 – Courriel : [email protected] Site internet : http://ass.antenne.free.fr et htt://associationantenne.wordpress.com Les actions menées par Antenne, sont possibles grâce au soutien financier de : Le Centre d’Accueil 9 rue Déserte 67000 STRASBOURG 03 88 32 98 62 Le C.H.R.S. «Antenne Meinau » 3 rue du Général Offenstein 67100 STRASBOURG 03 88 79 42 17 L’Espace Convivial L’Espace 7 à Dire 5-7 rue Déserte 67000 STRASBOURG 03 88 23 60 45 Le S.H.R. Neuhof 6 rue Antoine de Saint Exupéry 67100 STRASBOURG 03 88 40 10 55

RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

1

AANNTTEENNNNEE

RRAAPPPPOORRTT DD’’AACCTTIIVVIITTEE 22001122

Association ANTENNE - 9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG Tél. : 03 88 32 98 62 – Courriel : [email protected]

Site internet : http://ass.antenne.free.fr et htt://associationantenne.wordpress.com

Les actions menées par Antenne, sont possibles grâce au soutien financier de :

Le Centre d’Accueil 9 rue Déserte

67000 STRASBOURG

� 03 88 32 98 62

Le C.H.R.S. «Antenne Meinau » 3 rue du Général Offenstein

67100 STRASBOURG

� 03 88 79 42 17

L’Espace Convivial L’Espace 7 à Dire

5-7 rue Déserte 67000 STRASBOURG

� 03 88 23 60 45

Le S.H.R. Neuhof 6 rue Antoine de Saint

Exupéry 67100 STRASBOURG

� 03 88 40 10 55

Page 2: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

2

Page 3: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

3

PLAN INTRODUCTION GENERALE p. 05

LE SITE GARE I. Le Bureau d’Accueil p. 09 II. Le Service RSA p. 15 III. L’Atelier de Redynamisation Inform'Action p. 35 IV. L’Accompagnement Collectif et Individuel Renforcé vers l’Emploi p. 43 V. L’Atelier 7 à Dire p. 54 VI. L'Espace Ressource Insertion p. 57

LE SITE MEINAU I. Le C.H.R.S. « L’Antenne Meinau » p. 67 II. Le Service Aménagement des Peines p. 84 III. L’accompagnement social F.S.L. lié au logement p. 92

LE SITE NEUHOF I. Le Service Hébergement Relais Neuhof p. 101 II. Le Centre d'Hébergement d'Urgence Hivernal Jean Jaurès p. 105

ANNEXES Ecrits et paroles de stagiaires p. 109

Page 4: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

4

Page 5: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

5

2012 : UNE ANNEE DE CHANGEMENT ? … Alors que 2011 avait été une année d’interrogation tant sur le sens des dispositifs que sur ce qu’allait nous réserver l’avenir, 2012 s’est voulu d’abord une année qui devait s’inscrire sous le signe du changement. Ce changement, annoncé et affiché au cours de la campagne présidentielle, puis à l’issue de l’élection du nouveau Président de la République, comment s’est-il traduit concrètement pour notre secteur et pour nos publics ? De prime abord au vu du nombre de personnes accompagnées par les différents services de l'association, de l'augmentation du nombre de bénéficiaires pris en charge au cours de l'année, de l'aggravation de la crise économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique des années qui nous attendent. Mais à y regarder de plus près, l'année 2012 n'a cessé de nous étonner au fur et à mesure de la rédaction de ce rapport d'activité. Les chiffres et statistiques, s'ils confirment un environnement qui reste en crise, laissent également entrapercevoir des lueurs d'espoir. Nous n'en sommes qu'à un très léger frémissement, mais si l'on compare les données de 2012 à celles de 2011, il y a un très léger mieux en termes de solutions pour nos publics, même si les solutions mises en oeuvre restent encore bien insuffisantes et très précaires. Peut-être est-ce aussi notre regard sur la situation qui a changé. Après les 5 dernières années démoralisantes, où se posaient très fortement les questions du sens de nos actions, nous avons continué en 2012 à chercher du sens à nos actions en revisitant les fondamentaux de l'action médico-social. Procéder à une relecture des racines de nos métiers a permis de se raccrocher à nos convictions et nos valeurs et d'ancrer notre vision de la solidarité dans un cadre redynamisé. Ce travail à été certes possible grâce à l'investissement que chacun y a mis. Mais il a été surtout possible grâce aux nombreux stagiaires que l'association a accueillis au cours de l'année. Leurs questionnements nous ont obligés à nous re-questionner et à revisiter nos positionnements professionnels. Qu'ils en soient ici chaleureusement remerciés. On retiendra également le fait qu’Antenne soit devenue en 2012 un site qualifiant officiel qui participe désormais à la co-construction des parcours de formation des futurs professionnels de l’action médico-sociale. Cependant, le contexte global de nos interventions, continue de se complexifier à une vitesse terrifiante. Au point où parfois, il nous paraitrait plus facile de réinsérer un usager, que de répondre aux demandes de production administratives et justificatives qui nous sont faites aujourd'hui. Le temps passé à remplir « la paperasse » comme l’on dit, prend une proportion beaucoup trop importante. C’est autant de temps qui n’est plus consacré à l’accompagnement des publics ! Il serait intéressant un jour qu’une étude mette en lumière le coût économique et social d’un euro investi : pour un euro investi, combien d’euros sont dépensés pour justifier la dépense de l’euro investi ? … C’est peut-être là que l’on trouvera les marges nécessaires et que pourront se réaliser de substantielles économies plutôt que de diminuer à terme les financements et les moyens accordés aux associations. 2012 aura aussi été marqué par le fait que nous continuons à être un interlocuteur écouté par les pouvoirs publics. Nous restons des partenaires sollicités venant en soutien dans la mise en œuvre des politiques publiques. Nous avons été les premiers à soutenir le dispositif des contrats CUI-CAE de 7 heures à destination des bénéficiaires du R.S.A. mis en oeuvre par le Conseil Général du Bas-Rhin ; à la demande des services de l’Etat, nous avons mis en œuvre un système souple et réactif en matière d’hébergement d’urgence lié à la campagne hivernale ; nous sommes aujourd’hui l’une des associations les plus sollicitées sur le Grand Est en matière de mise en oeuvre de mesures d’aménagement de peines. Tout cela n’est pas le fruit du hasard ! Cela ne relève pas d’un calcul stratégique visant à assurer la pérennité des financements. Cela relève de l’engagement professionnel et militant de chaque bénévole et de chaque salarié de la structure. Qu’ils soient ici tous personnellement remerciés car Antenne sans eux, ne serait qu’une coquille vide. En attendant, et malgré les discours alarmistes, nous continuons à croire en notre action. Tout le monde l’aura compris : le changement ça n’est pas maintenant ! Mais nous continuons à croire en notre devise, empruntée à Héraclite : « Rien n’est permanent, sauf le changement ».

Page 6: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

6

Page 7: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

7

LE SITE GARE

Le Bureau d’Accueil

Le Service R.S.A.

L’Atelier de Redynamisation Inform’Action

L’Accompagnement Collectif et Individuel

Renforcé vers l’Emploi

L’Atelier 7 à Dire

L’Espace Ressource d’Insertion

9, rue Déserte – 67000 STRASBOURG Tél. : 03 88 32 98 62

5 - 7, rue Déserte – 67000 STRASBOURG

Page 8: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

8

Page 9: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

9

I. LE BUREAU D'ACCUEIL

Membres de l'équipe en 2012 : Salariés : • Martine HERRIOT - Secrétaire d’accueil (jusqu'au 09/05/2012) • Elisabeth CHOUIA - Secrétaire d’accueil ( jusqu'au 09/05/2012) • Dominique SCHNOTZ- Agent d’accueil (jusqu'au 06/02/2012)

• Fabienne ROHMER - Secrétaire d’accueil. • Joëlle PONSING - Secrétaire d’accueil. • Paul WELSCH - Agent d’accueil.

Stagiaires : • Sophia WEISS - Baccalauréat Professionnel Service de Proximité et Vie Locale • Laetitia WINCKEL - Baccalauréat Professionnel Service de Proximité et Vie Locale • Anne-Cécile GAYET - D.E.U.S.T Médiation et Citoyenneté

Cet endroit est la première prise de contact avec notre structure. Le bureau est ouvert au public du lundi au vendredi de 8h30 à 12h30 et de 14h à 17h. Le service est fermé le mercredi après-midi. Depuis 2012 l'accueil n’est plus inconditionnel compte tenu du fait que nous ne pouvons accompagner que les seuls bénéficiaires du RSA. Toutes les premières demandes sont reçues au Bureau d’Accueil et attendent une réponse immédiate. Le premier échange consiste à accueillir les usagers avec bienveillance et convivialité sachant que les personnes qui sont accueillies à Antenne sont très souvent en perte de repères et se ressentent majoritairement ignorées dans notre société. Nous devons faire face aux difficultés que rencontrent les usagers, vivant pour la quasi-totalité chez des proches , des amis , dans la rue ou en hébergement d’urgence. Ces personnes sont dans des situations précaires et elles nécessitent un soutien moral et une écoute active et importante car cela leur permet de se confier sur leur situation et expliciter leurs demandes. Cette situation n’est pas toujours évidente pour elles car se dévoiler à des personnes étrangères est très difficile. Nous leur présentons notre association et nos services, notre mission consistant à informer, encourager et faire le point sur leur situation et leurs requêtes, en traitant d’abord les demandes prioritaires, telles que leur domiciliation et leur hébergement pour la nuit. Toutes les demandes sont considérées avec attention d’où l’importance de ce service qui représente le "centre névralgique" de l’association. A savoir que chaque personne est différente, que chaque situation est différente et que nous devons accueillir et considérer ces personnes à égalité , avec une grande humanité. Nous cherchons à aider l’usager à comprendre les démarches les plus urgentes qu’il doit entreprendre et les accompagner dans la détermination de leurs priorités et de leurs objectifs. Bien entendu, nous devons rester très attentifs à chaque demande et à chaque requête, respecter la situation et la confidentialité de chacun ainsi que la personne , peu importe son parcours !! Le Bureau d'Accueil est l’endroit qui permettra à tout un chacun de s’exprimer librement sur sa situation et sa détresse dans le respect d'un cadre confidentiel. Nous devons également rester attentifs et vigilants à leurs comportements et leurs attitudes sachant que ces personnes sont parfois dans une détresse extrême et se retrouvent dans des états de fragilité psychologique intenses. Cette situation oblige et engage les agents d’accueil à avoir une attitude bienveillante et humanisée afin de créer et maintenir le lien pour que ces personnes se sentent en confiance et pour pouvoir les accompagner plus sereinement. Un autre rôle important des agents d'accueil consiste à mettre en contact la personne avec un référent social en servant de "passerelle" afin que l’accompagnement se fasse dans les meilleures conditions autant pour la personne que pour le référent.

Page 10: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

10

Les demandes explicites des personnes :

DEMANDES ACTIONS

Domiciliation postale Remise et explication du courrier

Hébergement Appel au 115 – numéro d’urgence

R.S.A. Rendez-vous et lien avec les référents R.S.A.

Aide caritative Rédaction d’un courrier et prise de rendez-vous auprès des partenaires

Aide administrative Divers documents (caf, sécurité sociale, pôle emploi, etc) – expliquer, compléter ou renseigner

Inscription aux ateliers de redynamisation et aux rendez-vous pour l’emploi

Repérage et prise de rendez-vous, lien avec la référente emploi

Renseignements divers Autorisation de passer des appels téléphoniques et renseignements en tout genre - nom d’une rue, ou lieu d’une entreprise, etc

Nous faisons le nécessaire pour répondre aux demandes avec un maximum d'efficacité et toujours avec le sourire. Chaque personne, s'adressant à Antenne, cherche avant tout à rencontrer un regard neutre, dénué de jugement, et à faire part de ses craintes et de ses difficultés. Nous sommes à son écoute. Nous essayons de lui apporter un soutien et une aide, dans la limite de nos compétences et de notre temps. Les personnes apprécient le fait de pouvoir échanger quelques mots et retrouver des visages familiers ; c'est pourquoi il serait vraiment important de pouvoir maintenir en place l'équipe du Bureau d'Accueil avec des postes permanents. Rappelons qu'actuellement, les trois employés de ce service bénéficient d'un contrat aidé ne pouvant excéder une année... En 2012, aucun incident majeur, aucune agression physique n’a été à déplorer. Nous avons constaté une régression de l’agressivité verbale chez certains usagers domiciliés à Antenne. La compréhension et la disponibilité des agents d’accueil ont permis une réelle prise en compte de ces personnes aux parcours de vie difficiles. Cela leur a procuré beaucoup de réconfort et a eu pour effet de désamorcer les situations agressives et conflictuelles. Mieux encore : nous avons noté que ce véritable savoir-faire bénéficie aujourd'hui d'une large reconnaissance sur Strasbourg. En effet, au cours de l'année, le C.C.A.S. de la Ville de Strasbourg a procédé à de très nombreuses orientations de personnes vers le Bureau d'Accueil. Dans la grande majorité des cas, il s'agissait de personnes dites "violentes" ou ayant posé des actes de violence au C.C.A.S. Le savoir-faire de nos agents d'accueil, allié au cadre bienveillant du Bureau d'Accueil, a permis de mettre en place un cadre contenant pour ces personnes et permettre ainsi la mise en place d'accompagnements sociaux et/ou professionnels pour des bénéficiaires dont plus aucune structure ne voulait entendre parler ... On retiendra aussi que les dons vestimentaires par des particuliers généreux ont permis aux usagers d’en bénéficier et ainsi de concilier l’utile à l’agréable. En parallèle, l'équipe du Bureau d'Accueil a effectué un travail administratif toujours aussi conséquent en 2012. Les agents d'accueil font tout leur possible (avec les compétences qui sont les leurs) pour être toujours prompts à répondre aussi bien aux demandes des usagers qu'à celles de leurs collègues, voire aux interlocuteurs téléphoniques, toutes ces demandes se produisant souvent simultanément. En 2012, les agents d’accueil ont comptabilisé tous les passages (courrier, appel téléphonique, informations, orientations, etc.…) sans compter les autres tâches administratives. Rappelons enfin que le Bureau d'Accueil d'Antenne reste ouvert toute l'année!

Page 11: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

11

Evolution mensuelle du nombre de passages au Bureau d'Accueil d'Antenne en 2012

0

100

200

300

400

500

600

700

Courriers 629 506 576 520 529 501 577 556 580 556 452 464

Autres passages 191 168 219 184 177 196 171 130 201 192 169 184

janvier février mars avril mai juin juillet aoûtseptembr

eoctobre novembre décembre

La part « Autres » regroupe tous les passages des publics pour tout ce qui ne relève pas du courrier : rendez-vous avec les référents, rédaction de courriers, participation aux ateliers, renseignements et orientations, instruction des demandes d’aides alimentaires, vestimentaires et financières, parfois simplement passer pour dire bonjour et discuter (lien social), etc.… Cependant, nous remarquons que les deux principaux passages « Autres » sont les « Rendez-vous référent » (prendre et/ou venir aux rendez-vous) et « Inform’Action » (participation et/ou inscription aux ateliers de redynamisation). Nous avons comptabilisé 8628 passages au Bureau d'A ccueil au cours de l'année 2012, dont 6446 pour la recherche du courrier. On retiendra que malgré le fait de limiter ce servi ce aux seuls bénéficiaires du R.S.A., l'activité de ce service reste très importante.

1. La domiciliation postale Le Bureau d'Accueil est habilité pour la domiciliation postale des personnes sans domicile fixe. Ce service important est apprécié par ces personnes ; il constitue pour bon nombre d'entre elles une étape nécessaire, un repère ; la recherche du courrier devient un geste quotidien et pour certaines la première des démarches actives de la journée. Nous avons un public essentiellement masculin avec 90 % d'hommes. Cependant la progression de la part des femmes dans les publics qui s'adressent à la structure, est en constante augmentation (nous comptabilisons 10% de femmes en 2012, soit 2% de plus qu'en 2011). Les salariés du Bureau d'Accueil se sont attelés à répondre aux sollicitations de ce public, dans la mesure de leurs moyens et de leurs capacités. Rappelons que certains usagers éprouvent des difficultés pour lire le français et ont besoin d'une aide pour comprendre leurs courriers.

Page 12: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

12

En 2012 nous avons constaté une augmentation du nom bre de demandes formulées par certaines personnes pour les aider à comprendre les courriers qui leur étaient adressés. Le temps qui leur a été consacré a donc augmenté d'une année à l'autre. Ce sont souvent des personnes analphabètes et pour lesquelles il faut lire, expliquer, aider à remplir des documents administratifs et qui sont inquiètes, voire angoissées. Au cours de l'année 2012, nous avons encore constaté le manque de prises en charges existantes pour tous ceux qui ne relèvent pas du dispositif R.S.A. (bénéficiaires de l’AAH, chômeurs indemnisés, retraités, …) Le financement du service du Bureau d'Accueil est u n véritable problème. Le déficit structurel engendré par le manque de financement devient aujou rd'hui très préoccupant et pose à terme la question de la survie d'un service dont personne ne pourrait se passer aujourd'hui, tant ses missions concourent au bon fonctionnement global des autres services d'Antenne, mais également des dispositifs comme le R.S.A., l'Hébergement d'Urgenc e, la domiciliation postale … La gestion des domiciliations nécessite beaucoup de temps. Il s'agit d'assurer l'ouverture et la fermeture des adresses postales, de vérifier si les personnes respectent le règlement (surtout au niveau des passages réguliers de rigueur), d'effectuer le renvoi de courriers, d'éviter les abus (les demandes de procuration, les réexpéditions etc...). Il est évident que tout ce travail a un coût, et pourtant ce service est encore considéré comme gratuit et n'est pas pris en charge financièrement. Il faut rappeler que la domiciliation postale n'est pas qu'un simple lieu de distribution du courrier. Ce service est le premier service de rétablissement du lien social pour des personnes très en rupture. Cela suppose de prendre du temps avec chaque usager (explication du courrier, lecture de ce dernier pour beaucoup de personnes qui ne savent pas lire, aide à la rédaction de courriers, etc...).

195

200

205

210

215

220

225

230

235

Janvier Mars Mai Juillet Septembre Novembre

Répartition mensuelle du nombre de personnes ayant une domiciliation postale à Antenne en 2012

En 2012, l'association a servi de domiciliation postale à 23 1 personnes (- 28 % par rapport à 2011 !!!!). N'ayant pas obtenu les financements demandés depuis plus de 15 ans pour maintenir le niveau du nombre de domiciliations postales, nous avons dû di minuer la charge de travail au vu des moyens affectés au service. Seuls les bénéficiaires du R.S .A. peuvent donc aujourd'hui prétendre à une domiciliation postale à Antenne.

Page 13: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

13

Le non financement de ce service, qui représente pourtant une quantité de travail importante, nous oblige aujourd'hui à ne prendre en compte, que les domiciliations des personnes bénéficiaires du R.S.A. En 2012, la baisse du nombre de domiciliés à Antenne, s'explique par la fermeture des domiciliations des personnes à la rue qui ne sont pas ou plus bénéficiaires du R.S.A. (chômeurs indemnisés, personnes relevant d'une A.A.H., autres minima sociaux, ...). Nous avons été forcés de prendre cette position extrême, voire excluante, car nos appels aux pouvoirs publics, pour soutenir et financer ce service, sont restés lettre morte. De ce fait, nous n'avons aujourd'hui plus le choix.

2. L'hébergement d'urgence Les personnes dépourvues d'hébergement représentent une part importante des usagers qui se présentent au Bureau d'Accueil. Un important travail de liaison avec le 115 y est effectué. Ce travail a permis tout au long de l'année de diriger des personnes vers les différents centres d'hébergement, dont le Service Hébergement Relais Neuhof, géré par Antenne. On retiendra cependant que la gestion de la pénurie de places, mise en œuvre par le 115, a entraîné de nouvelles modalités d’accès et d’orientation sur les places d’hébergement d’urgence : désormais l’accès aux places via le 115 est soumis à la mise en place d’un accompagnement auprès d’un référent qui, lors de chaque renouvellement de la demande d’hébergement, doit rendre compte de la situation et des démarches accomplies par le bénéficiaire. Dans de nombreux cas, ce sont les agents du Bureau d’Accueil, qui ont tenu ce rôle d’accompagnant.

3. La messagerie et l'aide administrative Le Bureau d'Accueil sert également de relais entre les entreprises, les personnes suivies à Antenne, les référents R.S.A, les financeurs etc... Les informations passent par l'accueil et sont transmises aux collègues chaque fois qu'ils sont concernés, ce qui est essentiel au bon fonctionnement de l'association à tous les niveaux. Cela montre encore une fois l'importance que revêt le Bureau d'Accueil dans toute l'organisation de la structure : c’est un point central de la transmission et de la diffusion de l’information.

Etat mensuel des appels téléphoniques (entrants et sortants) du Bureau d'Accueil d'Antenne en 2012

0

100

200

300

400

500

600

700

janvier février mars avril mai juin juillet août septembre octobre novembre décembre

Page 14: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

14

4. Le travail de repérage et d'orientation Comme chaque année depuis 2005, les usagers ont eu la possibilité de bénéficier d'un accompagnement individuel renforcé vers l'emploi (financement du Fonds Social Européen). Le Bureau d'Accueil a effectué un important repérage sur les personnes susceptibles de participer à un accompagnement renforcé vers l'emploi. Au moment de l'ouverture de sa domiciliation postale à Antenne, chaque usager reçoit une information complète sur ce service et sur Inform'Action (soit 320 personnes). Ce travail a permis de nombreuses orientations vers les sessions Inform'Action puis vers un premier entretien avec le référent emploi. Les résultats obtenus en termes d'accès à l'emploi seront développés plus loin. C'est tout un engrenage d'actions qui débute dès la première rencontre avec le Bureau d'Accueil d'Antenne. C'est dire l'importance que revêt ce lieu dans le processus d'insertion ! Un important travail de saisie a été réalisé par les agents d'accueil concernant les recherches d'emploi des usagers, l'actualisation de situation au Pôle Emploi, ou bien encore l'impression d'attestations de paiement de la C.A.F. Nous avons également constaté des demandes plus importantes par des personnes de nationalité étrangère (des ressortissants provenant des pays de l’est ainsi que des pays d’Afrique), qui ont été réorientées par nos services vers des structures plus adaptées et plus compétentes pour une prise en charge. La mission que se fixe le Bureau d'Accueil est de permettre aux usagers de rebondir. Le travail à l'accueil ne se résume pas à des actes bien spécifiques comme la domiciliation postale, l'hébergement d'urgence, la messagerie et l'aide administrative, mais suppose une dimension humanitaire supplémentaire. Le Bureau d'Accueil est un « trait d’union entre les hommes », entre les demandeurs et les travailleurs sociaux, donc il nécessite la présence d'au moins deux personnes en continu et de façon stable. En effet, ce Bureau d'Accueil représente un sas de décompression pour les usagers d'Antenne... Ils y trouvent un moment d'écoute, d'encouragement, de considération, de prise de recul, d’accès à un statut d'être humain considéré, en attendant que le relais soit pris par les référents. Cet état de fait amène à ne pas négliger l'importance stratégique d'un bureau d'accueil en matière de parcours d'insertion.

Page 15: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

15

II. LE SERVICE R.S.A. Membres de l’équipe en 2012 : • Hélène GIUE • Véronique DE SA ROSAS • Jérôme CHAUVIN • Emilie MULLER • Dominique METZ Stagiaires : • Mathilde CAPPELAERE - Licence Sociologie, médiation et développement social • Emmanuel SKOULIOS - Stagiaire E.N.A. - Promotion Aimé Césaire • Dominique CLERC - Stagiaire Assistante Sociale 3ème année

1. Présentation du service, spécificités, prestatio ns proposées

a. Le cadre d’intervention

• Nombre d’ETP affecté : 2,75 ETP (répartis sur 5 personnes) • Nombre de suivis attendus selon le cahier des charges : entre 192 et 220 personnes par an • Montant de la subvention attribuée en 2012 : 144 375 € Le service R.S.A d’Antenne existe depuis 1988. Il est composé de 5 personnes représentant 2,75 ETP. L’accompagnement mis en œuvre auprès du public a lieu sur le site gare de l’association, au 9 rue Déserte à Strasbourg. Le public est rencontré du lundi au vendredi de 8h30 à 12h et de 14h à 17h, sauf le mercredi après-midi. L’équipe a en charge :

• l’accueil des demandeurs du RSA • l’aide à l’établissement des demandes de RSA • l’aide à l'ouverture des droits connexes • l’aide dans les démarches nécessaires pour faire face aux situations d’urgence • la préparation du Contrat d’Engagement avec les bénéficiaires puis la transmission de ce document à

l’Instance de Validation du Secrétariat de la Commission Locale d’Insertion pour validation du projet du bénéficiaire

• la mise en œuvre et le suivi du Contrat d’Engagement du bénéficiaire • l’accompagnement social des bénéficiaires • la participation active à la réflexion générale sur l’amélioration des services proposés par Antenne, le

développement et l’amélioration des pratiques professionnelles, la capitalisation et la transférabilité des bonnes pratiques

Les bénéficiaires doivent être rencontrés au minimum deux fois par mois dans le cadre de bilans de situation intermédiaires. En fonction des difficultés rencontrées, certains bénéficiaires demandent des rencontres plus rapprochées et nécessitent un accompagnement plus soutenu. Nous notons avec satisfaction qu’Antenne reste un partenaire sollicité et écouté. Cela vient marquer la confiance établie avec les services du Conseil Général du Bas-Rhin, mais également notre crédibilité en tant qu’interlocuteur et partenaire dans le champ de l’expertise sociale. Cela s’est traduit en 2012 par la pérennisation des ateliers 7 à Dire et par la sollicitation de nos services dans la participation à la réflexion et la mise en œuvre du contrat CUI de 7 heures à destination des bénéficiaires du RSA.

Page 16: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

16

b. Spécificités à signaler L’accompagnement social RSA proposé est un accompagnement individuel et individualisé. Il est complété par de l’accompagnement en collectif (atelier de Redynamisation Inform’Action) ainsi que par de l’accompagnement collectif et individuel renforcé vers l’emploi. On notera aussi une de nos spécificités, fondamentale à nos yeux : la possibilité pour nos publics de pouvoir rencontrer une psychologue clinicienne, et de mettre en œuvre un travail avec cette dernière en parallèle et en complément des parcours d’insertion. Une autre spécificité du service réside dans l’articulation de nos interventions auprès du public. Si nous défendons la notion d’accompagnement et de prise en charge globale des personnes, nous avons fait le choix de la spécialisation des interventions auprès des personnes. Nous partons du principe qu’un seul référent ne peut pas maîtriser l’ensemble des compétences requises dans un accompagnement. De ce fait, nous avons spécialisé les tâches et les interventions de nos référents. Ainsi, nous aurons toujours au minimum un binôme (un référent social + un référent emploi) mobilisé autour de la situation d’un bénéficiaire, dans un même temps et dans un même espace. A ce binôme, peut se rajouter, lorsque la situation l’exige, et à la demande formulée par le bénéficiaire, une troisième compétence, celle de la psychologue. Cette approche et ce mode d’intervention est générateur de mouvement, de dynamique chez le public accompagné. Et l’on sait bien que lorsqu’une personne est en mouvement, qu’une dynamique est lancée, la résolution des difficultés s’accélère et le temps de présence dans le dispositif se raccourcit. Au final, tout le monde est gagnant :

• le bénéficiaire qui voit sa situation se résoudre plus rapidement • les intervenants qui ne s’épuisent pas dans les multiples champs nécessaires à la résolution de la

situation du bénéficiaire • le financeur qui voit le coût du social diminuer du fait de la réduction du temps de présence des

bénéficiaires dans le dispositif.

FOCUS SUR UNE SPECIFICITE DE L’ACCOMPAGNEMENT PROPO SE A ANTENNE : L’INTERVENTION DE LA PSYCHOLOGUE Les situations de grande précarité auxquelles sont confrontés les usagers d’Antenne supposent, pour un certain nombre d’entre eux, un besoin de soutien psychologique. En effet, l’isolement, allant parfois jusqu’à la perte d’identité, est fréquemment l’une des conséquences de ce climat d’insécurité. C’est pour répondre à cette difficulté que nous tenons à leur proposer un accompagnement psychologique individuel et/ou collectif depuis un certain nombre d’année afin de prendre en compte la dimension psychique des usagers et ainsi, améliorer leur réinsertion socioprofessionnelle. L’accompagnement psychologique individuel L’association Antenne fait une offre d’écoute à toutes personnes accueillies afin de leur permettre d’exprimer leurs difficultés inhérentes à leur situation précaire mais aussi à d’autres problématiques entravant leurs possibilités d’action. Ces personnes peuvent prendre rendez-vous par le biais des référents ou simplement auprès du Bureau d’Accueil. Ce lieu dédié à l'écoute leur permet ainsi de déposer quelque chose de leur histoire, d'être considérée en tant que personne à part entière – considération mise à défaut dans bien des cas – les remettant en place de sujet. Il s’agit alors d’entendre la personne, afin qu’elle puisse trouver un point d’appui, d’étayage. C’est donc en premier lieu une relation de confiance à établir, en ayant une attitude des plus neutres, dénuée de tout jugement. L’accompagnement psychologique consiste également à faire émerger le désir tandis que l’esprit est submergé par la réalité du quotidien où la préoccupation première est de survivre. Il n’existe plus de place pour le plaisir lorsqu’on se demande si l’on va pouvoir manger au jour le jour. En effet, il arrive de rencontrer des cas où la personne ne se rend plus compte qu’il puisse encore y avoir un désir.

Page 17: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

17

Or, le désir est le moteur de la vie, sans cela à quoi bon continuer. Le travail du psychologue est alors de permettre une ouverture vers des possibles, vers ce désir. Ce dernier n’étant pas fait pour être réalisé, mais pour insuffler l’énergie et l’espoir nécessaires pour aspirer à l’atteindre. Il s’agit de prendre en compte la personne dans son ensemble, dans sa singularité, de la guider vers une acceptation des événements douloureux de son passé comme faisant partie de son histoire et de continuer à se construire avec les cartes qu’elle a en main en se tournant vers l’avenir. C’est l’établissement d’une relation de confiance qui rend cela possible. Au cours de l’année 2012, sur 119 rendez-vous pris, 63 ont été honorés. 21 personnes ont bénéficié de ce type d’accompagnement. Nous pouvons constater une nette augmentation des chiffres par rapport à l’année précédente (83 rendez-vous pris, 43 honorés). Cela s’explique par un changement du public. En effet, il y eut bien plus d’orientations de l’Antenne Meinau pour assurer le suivi des sortants de prison en aménagement de peine bénéficiaires du RSA, généralement avec injonction de soins, que les années précédentes. A tel point que ces orientations sont, à ce jour, quasiment supérieures aux autres suivis réalisés. L’injonction de soin explique le fait qu’une bonne partie des personnes se rendent à leur rendez-vous, n’ayant pas le choix. Cela pose d’ailleurs la question de l’intérêt d’un suivi psychologique, nous reviendrons sur ce sujet plus tard. Ces personnes ont également été orientées par le Centre Médico-Social de Cronenbourg, la Mission Locale, certaines sont venues de leur propre initiative et d’autres encore sont venues dans la continuité d’un suivi de l’année précédente. Il est possible, au vu du nombre de personnes ayant pris rendez-vous et n'étant finalement pas venues (56), que d’autres structures aient orienté des personnes en situation précaire sans que nous le sachions. L’essentiel reste que la proposition soit faite, libre aux personnes de s’en saisir ou non. Nous comptons d’ailleurs 9 personnes ayant pris un ou plusieurs rendez-vous sans jamais venir. Cela semble démontrer la différence entre la volonté de parler de sa situation et la difficulté de sauter le pas. Ce n’est pas chose évidente de parler de soi, d’accepter la possibilité d’un besoin de soutien psychologique dans une société individualiste où le besoin d’aide est considéré comme une faiblesse. D’autant plus que, lorsque cela touche à la dimension psychologique il existe, dans l’esprit de bon nombre de personnes, le risque d’être perçu comme «fou». C'est pourquoi les agents d'accueil donnent à chaque personne ouvrant une domiciliation postale, un livret expliquant l'intérêt de rencontrer un psychologue et pour quelle raison nous pouvons avoir besoin d'un soutien psychologique. Cela permet de dédramatiser une éventuelle demande de ce type. Revenons à la particularité de la prise en charge psychologique des personnes sortant de prison. Il n'est pas évident de faire un travail avec une personne qui ne le souhaite pas. Cela n’a pas de sens pour elle. La plupart des sortants de prison reste collée à la réalité du quotidien, à savoir trouver un emploi et avancer, retrouver un certain contrôle de sa vie qui, jusque là était entièrement régie par le rythme carcéral. Tout l’enjeu se situe du côté de l’émergence d’une demande afin que le sortant de prison s’approprie cet outil. Ce n’est pas le cas pour tous, certains d’entre eux ont souhaité venir parfois pour comprendre ce qui les a poussés à commettre un délit, voire un crime, ou encore pour exprimer leur difficulté rencontrée en détention et à la sortie pour se réinsérer dans une société pour laquelle, selon la durée de la détention, ils n’ont plus toujours les codes. La question de la demande La prise en charge psychologique des usagers d’Antenne se situe du côté de la réassurance, de faire émerger une demande, de les guider vers le sentiment de retrouver un certain contrôle dans le sens de la possibilité pour eux de faire leur propre choix de vie. Tout cela dans le but de leur redonner confiance en eux. Cette question de la demande, de l’attente des usagers implique de prendre en compte la dimension imaginaire. Nous observons une espèce de fantasme sur le « pouvoir » du psychologue. En effet, certaines personnes s’imaginent que le psychologue a des réponses à leur question, des solutions toutes faites. C’est ainsi qu'un jeune homme lui demande conseil, lors de son premier rendez-vous, en disant qu’il était sûr que les psychologues avaient «des trucs», comme si quelque part ils étaient dotés de pouvoirs magiques. Cela peut aussi être la raison pour laquelle ils ne s'engagent pas dans un réel suivi (7 personnes ne sont venues qu’au premier rendez-vous et 6 uniquement aux deux premiers), l'écart entre leur imaginaire et la réalité étant trop important, cela ne correspond pas à leurs attentes.

Page 18: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

18

Nous ressentons également ce décalage tant au niveau de l’emploi que du RSA, nous sommes aujourd'hui dans une société de l’immédiateté. C'est-à-dire que dans l’esprit des personnes accompagnées, il ne devrait pas y avoir d’étapes, de progression comme le suggère la notion de parcours d'insertion, mais une réponse immédiate à toutes leurs demandes. A tel point que nous sommes désormais presque obligés de trouver une «accroche» pour motiver la personne à revenir. Ce qui biaise dès le départ la relation usager/professionnel. D'un côté comme de l'autre nous avons une impression d'être face à une logique de consommation : consommation de service mais aussi consommation de bénéficiaire. Les usagers, de plus en plus nombreux à être en situation précaire, viennent chercher des solutions qui n'existent pas ou peu. Plus rien n’a de sens, les actions mises en œuvre semblent n’être plus que des vitrines. Les référents deviennent, au regard des financeurs, responsables des personnes qu'ils accompagnent, notamment en situation d'échec. Ce qui met à mal la notion de bonne distance entre l'usager et son référent, ce dernier étant mis, malgré lui, en position de parent. Tout ceci est d'une grande violence pour tous les protagonistes. Le professionnel, tributaire des financements précaires, se trouve dans une certaine « précarité psychique », ce qui augmente la charge mentale sous la pression des injonctions paradoxales de ses financeurs (faire du chiffre tout en gardant la dimension humaine sans laquelle le travail social n'a plus aucun sens). La question de l’attente des usagers d'Antenne est importante et, pour autant, n’est pas si évidente à définir. On peut émettre plusieurs hypothèses, l'une n'excluant pas les autres, si l'on garde à l'esprit la singularité de chacun des bénéficiaires. Nous pouvons penser que certains d'entre eux n’attendent plus rien pour ne pas tomber de haut - il existerait une prise de conscience de l’état de la société - et alors se préserveraient, c'est-à-dire qu'il ne vaut pas la peine de gâcher son énergie pour rien. Dans ce cas, on peut même envisager qu'il s'agirait d'une forme d’«adaptation». Le risque de cette démobilisation serait que ces personnes ne soient plus en mesure de se remobiliser lorsque la situation aura changé. Nous pourrions alors imaginer un nouveau dispositif de maintien des compétences. D'autres usagers seraient plutôt tentés de dire aux référents ce qu'ils «veulent entendre» pour pouvoir conserver les aides tout en gardant leur tranquillité. D'autres encore viennent à Antenne pour y trouver du lien, avoir un lieu où la parole a une place. Comme nous l'avons expliqué plus haut, une grande partie d'entre eux sont très isolés. Ils ont un réel besoin d'être en contact avec d'autres personnes. C'est aussi dans ce but que nous proposons un groupe de parole. L’accompagnement psychologique collectif Dans le cadre de l'Atelier de Redynamisation Inform’Action, la collaboration entre psychologue et référent RSA a donné lieu, il y a quelques années, à la mise en place d’un groupe de parole intitulé « Et le moral dans tout ça ? » Au vu du succès de ce groupe de parole au cours de l'année 2011, les premiers mois de l'année 2012 nous avions continué à le proposer deux fois par mois. Cependant, sa fréquentation a diminué, seul trois sur six rencontres ont été réalisées. Deux d'entre elles ont compté deux participants et l'autre n'a compté qu'une seule personne. Cela n'a pas été inutile car ce dernier a donné lieu à un entretien individuel pour une personne orientée par l'assistante sociale de la Ville, et lui a permis de parler de son histoire difficile. Démarche qu'elle n'aurait probablement pas entreprise dans l'optique d'un accompagnement individuel. C'est justement un des objectifs du groupe de parole que de permettre aux usagers de rencontrer la psychologue et de savoir à qui ils auront affaire s'ils décident de prendre rendez-vous de manière individuelle. Lors des deux autres groupes, les sujets du sens de la vie, du sentiment d’utilité, d’estime de soi et de la solitude ont été abordés. Les thèmes sont proposés et choisis par les participants eux-mêmes afin que chacun s'y retrouve, puisse donner son avis et être entendu. Echanger des idées, son histoire... est essentiel pour conserver un certain équilibre psychique car cela suppose que nous ayons une place au sein de la société. Au regard de la baisse de fréquentation de ces groupes de parole, nous avons diminué la fréquence de deux à un par mois. Puis, nous avons tenté de proposer un autre format d’accompagnement collectif, un groupe de parole avec pour support un jeu sur les questions de santé. Son objectif restant le même, à savoir permettre aux usagers de trouver un lieu d’expression avec des personnes qui sont dans le même type de situation, mais cette fois par le biais d’un objet de médiation.

Page 19: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

19

Cette nouvelle version ne semble pas avoir trouvé son public, seuls deux ateliers sur six ont été effectués dont un comptant trois participants et l’autre seulement un. Ce deuxième a donné lieu à un entretien individuel et a débouché sur une autre rencontre dans le cadre d’un soutien psychologique individuel. Cette baisse de fréquentation du groupe de parole, quelle que soit sa déclinaison, s'explique par un changement de situation pour une grande partie du groupe qui venait en 2011. Depuis, nous ne sommes pas encore parvenues à en constituer un nouveau et cela peut prendre du temps. La reprise des pratiques La proposition de ce temps de reprise des pratiques, dédié aux professionnels du Centre d'Accueil, est essentielle pour leur donner la possibilité d’exprimer les difficultés qu’ils rencontrent dans l’exercice de leur fonction, d’échanger avec leurs collègues autour de cas particuliers, lorsqu’ils en ressentent le besoin. C’est ainsi qu’au départ nous avions mis en place un rendez-vous fixe, une fois par mois, mais en voyant qu’il n’y avait pas toujours de situation à exposer, nous avons décidé de faire ce type de rencontre en fonction des besoins c’est-à-dire à la demande. Il s’agit, pour chaque participant, d’exposer la situation qui lui pose problème et d’en discuter pour mieux comprendre les enjeux de celle-ci, se rendre compte qu’il n’est pas seul à avoir rencontré ce type de difficulté. Cela permet de prendre du recul face à son travail mais aussi à prendre conscience de ses limites. Nous avons tendance à vouloir agir sur des aspects qui ne nous appartiennent pas afin d’avoir un sentiment de contrôle sur la situation, alors qu’en réalité nous ne pouvons que proposer les différentes possibilités qui s’offrent aux personnes accompagnées, l’action finalement entreprise appartenant au seul bénéficiaire.

2. Profil du public • Le nombre de bénéficiaires accompagnés : 200 suivis dont 195 personnes accompagnées dans le cadre

d’un contrat d’engagement en cours de validité au cours de l’année. 35 nouvelles personnes ont bénéficié d’un accompagnement à Antenne en 2012.

• Nombre de contrats d’engagement réalisés : 224 • Durée moyenne d’intervention : 12 mois à raison de 2 rencontres par mois En moyenne, 137 bénéficiaires étaient accompagnés chaque mois à Antenne en 2012. Le taux de contractualisation se situe en moyenne à 90% par mois. On retiendra que nous n’avons instruit que 4 demandes de RSA au cours de l’année, ce qui vient signaler une nouvelle habitude chez les bénéficiaires : ils s’adressent désormais directement à la CAF du Bas-Rhin dans le cadre de l’instruction de leur demande. Sur l'ensemble de l'année, le nombre de bénéficiaires accompagnés a augmenté de 14% (+12% au 1er semestre, +2% au second semestre). On retiendra également la poursuite et le renforcement au cours de l'année, d'un phénomène débuté en 2011, à savoir l'orientation vers nos services des situations de bénéficiaires dits violents, relevant du secteur. Ces bénéficiaires ont généralement posé des actes violents en Centre Médico-Social, et de ce fait, en sont exclus. Généralement, ces personnes nous ont été réorientées par la C.T.R.S.A. afin de permettre la poursuite de leur parcours d'insertion. S'il s'agit d'une véritable reconnaissance d'un savoir-faire de nos équipes, et qui vient marquer une compétence et une réflexion interne autour de la question de la violence, il n'en reste pas moins vrai que trop de situations de ce type sont usantes pour les référents. Il nous a fallu au cours de l'année demander à ce que ces situations ne nous soient pas systématiquement orientées, car elles sont extrêmement chronophages. En effet, compte tenu des difficultés de ces bénéficiaires, nous avons remarqué qu’en moyenne, il fallait leur consacrer trois fois plus de temps qu’à un bénéficiaire dit « classique » accompagné à Antenne. Les équipes se sont retrouvées parfois dans des situations difficiles, à devoir gérer en salle d’entretien des accès de violence impressionnants suite à la signification d’un refus ou d’une absence de solution par

Page 20: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

20

exemple. Le prix à payer pour satisfaire aux objectifs chiffrés du cahier des charges, devient lourd, et pire, il devient porteur de contresens ! A terme, si tout ce qui a été décrit plus haut, devait perdurer, il nous faudra renégocier ce cahier des charges en prenant en compte cette nouvelle donne.

Age

Age des bénéficiaires du R.S.A. accompagnés à Anten ne en 2012

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

40%

Série1 1% 17% 37% 30% 8% 7%

<25 ans 25 / 29 ans 30 / 39 ans 40 / 49 ans 50 / 54 ans 55 ans et +

La part du public de moins de 30 ans a augmenté en 2012, passant de 11% en 2011 à 18% en 2012 (on retrouve le niveau de 2010). Celle de moins de 40 ans a encore diminué, passant de 44% en 2011 à 37% en 2012 (là aussi on retrouve le niveau de 2010). A partir de 40 ans et plus, on note une relative stabilité entre les tranches d’âge entre 2011 et 2012. Globalement on retiendra un vieillissement des bénéficiaires accompagnés, mais une accélération du nombre d’entrée d’un public de moins de 30 ans. 2012 vient conforter les conclusions des années 2010 et 2011, avec une part majoritaire des 30-49 ans. Les personnes entrées il y a quelques années dans le dispositif, y restent plus longtemps du fait du manque de réponses en termes de possibilités de sortie. La crise économique a touché plus durement cette tranche d’âge. Ce glissement et cette installation dans le dispositif ne sont pas anodins dans les accompagnements mis en œuvre car les situations deviennent plus complexes avec le temps. On note aussi le fait que les bénéficiaires aménagent leur vie autour du R.S.A. et « font avec » … Le moindre changement est vécu comme très déstabilisant.

Page 21: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

21

Situation familiale

Situation familiale des bénéficiaires du R.S.A. accompagnés à Antenne en 2012

0%

20%

40%

60%

80%

100%

120%

Série1 97% 1% 1% 1%

Isolé sans enfant Isolé avec enfant(s) Couple sans enfantCouple avec

enfant(s)

La très grande majorité des personnes accompagnées sont des isolés sans enfants. Cependant et même si le phénomène reste largement minoritaire, 2012, vient là aussi confirmer des éléments vus en 2011 : l’augmentation de la part des personnes isolées ou en couple avec enfants (+1% par rapport à 2011). Bien entendu, cette situation nous interroge. Sommes-nous le bon interlocuteur pour ce genre de prise en charge spécifique ? Le cahier des charges et les instances de réorientation tiennent encore compte de la spécificité de notre structure, à savoir la mise en œuvre de l’accompagnement social et professionnel de personnes isolées sans domicile fixe et/ou sortant de prison. Mais quid de notre projet associatif dans le cas de figure où les personnes avec enfants devaient augmenter ? On retiendra surtout l’isolement de nos publics. Isolement familial et affectif. La déliaison est rapide, et ce sont des personnes méfiantes avec qui nous devons renouer et rétablir un lien de confiance. Cela suppose de revenir à des pratiques d’accompagnement qui ont fait leur preuve dans le passé, mais qui sont difficiles à mettre en œuvre aujourd’hui, compte tenu du turn-over stipulé dans les cahiers des charges de l’accompagnement social RSA, et compte tenu du nombre de personnes désormais accompagnées chaque mois par un référent RSA (35 personnes par mois pour un ETP à l’époque du RMI, 54 personnes depuis la mise en place du RSA).

Page 22: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

22

Ancienneté dans le dispositif

Ancienneté dans le dispositif des bénéficiaires du R.S.A. accompagnés à Antenne en 2012

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

40%

45%

50%

Série1 5% 31% 45% 19%

< 12 mois de 1 an à 2 ans de 2 à 5 ans > 5 ans

Conséquence directe de ce qui a été décrit précédemment : les bénéficiaires commencent à s’installer plus durablement dans le dispositif. La part des personnes présentes de 1 à 2 ans passe de 41% en 2011 à 31% en 2012, celle des personnes présentes de 2 à 5 ans passe de 36% en 2011 à 45% en 2012 ! Le public plus âgé est frappé de plein fouet par la crise économique. Ses possibilités d’accès à un emploi se restreignent de plus en plus. Par ailleurs ce public bénéficie de moins en moins de temps d’accompagnement de la part des services publics ou des structures travaillant dans le cadre d’une délégation de mission de service public, du fait des politiques de restrictions budgétaires. Ce mélange détonnant, ce croisement hallucinant de contresens, ne peut à terme qu’entraîner découragement et installation durable dans la précarité et la misère. Où se trouvent réalisées les économies au final ? La recherche des économies à outrance a entraîné dans son sillage, la constitution d’une bombe des coûts sociaux. A terme, l’augmentation du coût des minima sociaux, du fait de l’augmentation du nombre de bénéficiaires, dépassera largement les quelques économies réalisées. Nous aurons tous perdu beaucoup de temps et d’énergie, et surtout gâché l’utilisation du denier public ! Il s’agit selon nous, de rétablir rapidement des conditions d’accompagnement digne et de qualité. Si nous soutenons les politiques publiques en faveurs de l’emploi des jeunes, nous estimons qu’il ne faut pas tomber dans une sorte de « jeunisme » et de « seniorisme » à outrance. La tranche d’âge de ceux qui ne relèvent plus des politiques en faveurs des jeunes, et pas encore de celles qui relève des seniors, est la tranche d’âge qui comporte le plus grand nombre de bénéficiaires du R.S.A. Ce sont ceux qui sont le plus menacés d’une installation durable dans le dispositif. Il s’agit donc d’adapter le dispositif afin de favoriser et valoriser les compétences, les savoir-faire et savoir-être de ce public.

Page 23: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

23

Niveau d’études

Niveau d'étude des bénéficiaires du R.S.A. accompagnés à Antenne en 2012

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

40%

45%

50%

Série1 5% 12% 46% 23% 13% 1%

I à III IV V Vbis VIJamais

scolarisé

Comme dans les années passées, le nombre de personnes de niveau V ou infra V reste très important. On note cependant l’accélération des arrivées de personnes de niveau baccalauréat ou études supérieures, ce qui questionne. Le diplôme n’est plus une garantie en soi d’accès à l’emploi. L’augmentation des bénéficiaires d’un niveau baccalauréat a été plus importante. En questionnant les bénéficiaires, beaucoup nous ont renvoyé l’impossibilité de financer des études supérieures. Mais de plus en plus souvent nous sont également renvoyées des questions de stratégies d’accès à l’emploi : en effet, la grande majorité des mesures en faveur de l’emploi des jeunes, s’adressent à des jeunes de niveau baccalauréat maximum ! Ainsi certains bénéficiaires ont volontairement fait le choix de ne pas poursuivre d’études supérieures en espérant pouvoir à un moment donné bénéficier de mesures en faveurs des jeunes. Espoirs déçus qui les ont fait basculer dans le pire des scénarios : aucune qualification professionnelle, et aucun niveau d’étude supérieure, qui permettrait un accès à un emploi durable. On retient que les bénéficiaires accompagnés ont un faible niveau de qualification. Nous restons étonnés que le dispositif ne prévoie pas plus de temps de formation qualifiante. Le passage par le R.S.A. pourrait justement être l’occasion d’acquérir de nouvelles compétences professionnelles par le biais d’une qualification professionnelle reconnue. Nous appelons les pouvoirs publics à se pencher plus avant sur cette question, et à mobiliser des fonds pour le financement d’actions de formations qualifiantes.

Page 24: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

24

Logement

Situation au regard du logement des bénéficiaires d u R.S.A. accompagnés à Antenne en 2012

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

Série1 22% 5% 56% 4% 5% 0% 0% 4% 4%

SDFHabitat précaire

Hébergé temporairement

Locataire HLM

Locataire non HLM

Accédant à la

propriété

Propriétaire

En centre d'héberg

ementCHRS

Plus de la moitié des personnes accompagnées sont en situation de personnes dites « hébergées ». Il s’agit d’un hébergement temporaire, de dépannage temporaire chez des amis, à droite et à gauche, de semaines en quinzaines, en perpétuelle mouvance et totalement incertain. Un quart des personnes accompagnées sont « pur jus » sans domicile, c'est-à-dire à la rue ou en squat. On note là tout de même une légère diminution du nombre de personnes à la rue, passant de 23% en 2011 à 22% en 2012. On note l’augmentation du nombre de personnes relevant du parc locatif privé : nous aurions aimé annoncer que l’accès de nos publics au parc locatif privé a nettement augmenté cette année. S’il y a certes eu bon nombre d’accès à ce type d’hébergement, en ce qui concerne la composition du groupe « locataires non HLM », il s’agit principalement des personnes relevant du secteur et qui nous ont été orientées suite à une exclusion et/ou interdiction de CMS. Ces orientations sont en nette augmentation au cours de l’année 2012. On note également une légère augmentation des accès en CHRS et Centres d’hébergement, par le biais du S.I.A.O. Nous regrettons cependant le côté complexe et « usine à gaz » de ce dispositif par manque des moyens qui y sont affectés. Il nous paraissait plus simple et plus rapide autrefois de pouvoir permettre l’accès en CHRS à nos publics. Les délais d’attente sont longs et, entre le moment de l’instruction de la demande d’une place par le biais du S.I.A.O. et le moment d’un accord, bien souvent le bénéficiaire n’est plus accompagné à Antenne … C’est donc bien toute la question des moyens humains affectés à ce dispositif qui est posée ! Nous tenons également à souligner l’excellent travail mené par le Bureau d’Accès au Logement (B.A.L.) qui aura permis à de nombreuses personnes accompagnées, d’accéder à un logement au cours de l’année 2012. Nous souhaiterions que les moyens de ce dispositif puissent être renforcés dans les années à venir. Or, il semble qu’au contraire, les moyens de ce dispositif exceptionnel, soient diminués en 2013 ! Nous continuons à regretter la forte restriction des possibilités d’accès de nos publics aux foyers ADOMA suite à leur rachat … Alors que dans les années précédentes, ces foyers étaient une possibilité importante d’accès au logement pour nos publics, ce n’est plus le cas aujourd’hui ! Les critères de sélection sont tels, que nos publics n’y accèdent plus ! ADOMA est devenu aujourd’hui, un bailleur social, tout aussi exigeant et de ce fait restrictif, que les autres bailleurs sociaux présents à Strasbourg ! Il nous faudra donc composer à l’avenir avec cette restriction …

Page 25: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

25

Mobilité

Situation au regard du permis de conduire des bénéf iciaires du RS.A. accompagnés à Antenne en 2012

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

Série1 9% 32% 2% 1% 1% 55%

A B C D E Non

Moyens de transports utilisés par les bénéficiaires du R.S.A. accompagnés à Antenne en 2012

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

Série1 11% 0% 1% 6% 81%

Voiture Moto Mobylette VéloTransports en

commun

Même si la part des bénéficiaires sans permis de conduire reste majoritaire, elle est en diminution par rapport aux années antérieures. 45% des bénéficiaires accompagnés ont donc l’un ou l’autre un permis de conduire. On note aussi la stabilité d’une année sur l’autre du nombre de personnes utilisant un véhicule personnel pour se déplacer. L’utilisation des transports en commun diminue alors que celle du vélo augmente (effet Vél’Hop ?).

Page 26: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

26

Situation par rapport à l’emploi à l’entrée dans l e dispositif

Situation par rapport à l'emploi à l'entrée dans le dispositif des bénéficiaires du R.S.A. accompagnés à Antenne en 20 12

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

Série1 9% 36% 55%

N'a jamais travailléTravail régulier puis arrêt

brutalAlternance de périodes d'emploi et de chômage

Situation par rapport à l’emploi au 31/12 de l’anné e

Situation par rapport à l'emploi au 31/12 de l'année d es bénéficiaires du R.S.A. accompagnés à Antenne en 2012

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

40%

45%

50%

Série1 36% 47% 2% 0% 1% 2% 12% 1%

Non renseigné

Inscrit pôle emploi

Travaille à son compte

Salarié en CDI

Salarié en CDI temps

partiel ,

Salarié en contrat aidé

Salarié en CDD,

intérim,

Salarié en CDD, temps

Le public accompagné possède une expérience professionnelle et l’alternance de période de travail et de période de chômage devient une règle dans les parcours professionnels de ces personnes. Cela pose donc véritablement la question de l’accès à un emploi durable … On notera que 14% des personnes accompagnées en 2011 étaient en situation d’emploi au 31/12. Mais 86% des bénéficiaires étaient sans emploi (+1% par rapport à 2010). L’accès à l’emploi est devenu plus difficile en 2011, notamment par la diminution des contrats du secteur de l’intérim et les effets plus nets de la crise économique sur l'emploi. Parallèlement, on observe une augmentation importante du nombre de personnes non inscrites au Pôle Emploi (+13% par rapport à 2010). Cette situation nous questionne et le public nous renvoie régulièrement, que ça ne sert à rien d'être inscrit à Pôle Emploi ... Charge à nous de faire comprendre tout l'intérêt d'être inscrit, et de faire en sorte que le bénéficiaire maintienne cette inscription en pensant à réactualiser son inscription chaque mois. Cette tâche est réalisée avec le concours du Bureau d'Accueil de la structure.

Page 27: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

27

3. Accompagnement social

Difficultés à résoudre

Difficultés à résoudre des bénéficiaires du R.S.A. accompagnés à Antenne en 2012

86%

21%

70%

47%

41%

6%

41%

7%

34%

18%

10%

1%

2%

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Administratives et d’accès aux droits

Gestion de la vie quotidienne

Accès au logement et son maintien

L’accès aux soins,

Prise en charge des problématiques de santé

Illettrisme et analphabétisme

Connaissance du monde du travail

Justice

Isolement familial et social,

Socialisation

Problèmes éducatifs

Recherche d'un mode de garde d'enfants

Accès à la culture et aux loisirs

Les chiffres laissent apparaître le poids énorme des difficultés administratives, d’accès aux droits et au logement. Bien évidement, cette situation est due avant tout à la principale caractéristique qui définit nos publics. En 2012, nous notons la poursuite de la dégradation de la santé des bénéficiaires accompagnés. Alors que les cinq dernières années avaient vu une certaine stabilisation de la santé des publics, nous avons eu à faire en 2012 à des personnes à l’état de santé nettement plus dégradé. 2 items ont fortement progressé d’une année à l’autre : la connaissance du monde du travail et l’isolement familial et social. Nous observons que de nombreux bénéficiaires n’ont plus prise sur la connaissance du fonctionnement du marché du travail et des attendus de l’entreprise. La stagnation dans le dispositif les isole de plus en plus, et nous avons été frappés par le nombre de bénéficiaires accompagnés qui « n’y croyaient plus ». Un parcours mis en œuvre par Antenne commencera très souvent par la régularisation de la situation administrative et le rétablissement des divers droits du public. La première demande du public concernera davantage le logement que l’emploi. Nous interviendrons souvent en début de parcours sur la question de l’accès aux soins. Les difficultés sont quasi systématiquement cumulées chez les personnes accompagnées, et l’accompagnement mis en œuvre visera à mettre en place des étapes de parcours. Pour schématiser, les interventions se feront selon l’ordre suivant : Santé – Logement – Emploi.

Page 28: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

28

Modalités d’interventions :

Modalités d'intervention auprès des bénéficiaires d u R.S.A. accompagnés à Antenne en 2012

0,00%

20,00%

40,00%

60,00%

80,00%

100,00%

120,00%

Série1 97,03% 0,33% 0,37% 2,27%

entretiens visites à domicile accompagnement

physique intervention collective

La modalité principale de l’accompagnement social reste l’intervention en face à face dans le cadre de l’entretien individuel mené toutes les quinzaines. Elle se complète par de l’intervention collective, mais dans des proportions moindres. Le public reste demandeur d’un accompagnement individualisé réalisé principalement dans la relation duelle avec son référent. Nous le verrons plus loin, nos actions collectives ont surtout été sollicitées par des bénéficiaires externes à Antenne.

Motifs de sortie :

Sorties et motifs de sortie des bénéficiaires accom pagnés à Antenne en 2012

33%

2%

13%

2%4%

2%

25%

10%

4% 4%2%

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

réor

ient

atio

n ve

rsun

aut

re ré

fére

ntso

cial

orie

ntat

ion

vers

un

acco

mpa

gnem

ent

soci

opro

fess

ionn

el

empl

oi

chan

gem

ent d

esi

tuat

ion

fam

ilial

e

fin d

e ve

rsem

ent d

uR

SA

vers

emen

t d’u

nau

tre re

venu

AA

HIn

valid

ité

dém

énag

emen

t

inca

rcér

atio

n

décè

s

susp

ensi

on d

uve

rsem

ent

autre

s

Page 29: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

29

En 2012, 1/3 des sorties sont dues à une réorientation vers un autre référent social (le plus souvent suite à un accès logement). Le déménagement vient en seconde place des motifs de sorties (changement de région le plus souvent). Etonnamment, l’accès à un emploi est le 3ème motif de sortie des bénéficiaires accompagnés. Il faut cependant garder à l’esprit qu’ils basculent le plus souvent d’un RSA socle à un RSA activité qui ne propose pas d’accompagnement social. On notera aussi la forte progression de l’item incarcération entre 2011 et 2012 (+5%). Au final, les sorties restent insatisfaisantes, car les personnes ne quittent pas de manière définitive le dispositif par un accès à un emploi stable et durable, faute de créations d’emplois suffisante.

4. Points remarquables et temps forts de l’année

a) L’accompagnement RSA des publics sans résidence sta ble : une tâche de plus en plus ardue à mener et une place de professionnel de plus en plus difficile à tenir .

• Refonte et démultiplication visible des dispositifs existants avec, au final, une restriction de plus en

plus importante de nos moyens pour agir : On assiste à une complexification à outrance des circuits en termes de lourdeur et de lenteur des procédures, ainsi qu’un glissement des responsabilités vers les professionnels « Référents » à qui bien souvent on incombe La Responsabilité en toute chose et vers qui on se tourne volontiers pour « demander des comptes ». En ce sens, nous sommes parfois mis en défaut par d’autres professionnels du secteur, alors même qu’on devrait trouver chez eux une certaine forme d’appui. Cette attitude conforte d’ailleurs certains usagers à se positionner en utilisateur de services plutôt que comme acteur s’associant aux actions définies, avec eux et pour eux. De surcroît, alors que les accompagnements mis en œuvre sont de plus en plus individualisés de par leur complexité, la « commande » institutionnelle est de davantage formater les gens (les faire « entrer dans une case », répondre à des critères, etc.). On devient ainsi des « gestionnaires de paradoxes » puisqu’il y a des écarts de plus en plus importants et de plus en plus difficiles à tenir . Après nous avoir supprimé tout moyen de travailler en proximité avec le Pôle Emploi, après nous avoir enlevé tout moyen de joindre directement les services de la C.P.A.M., c’est au tour des services du Fonds de Solidarité Logement et la Caisse d’Allocations Familiales avec qui la communication est pour ainsi dire « coupée ». Ou tout du moins réduite au maximum. Ce qui ne va pas sans poser de problème dans notre travail et nos accompagnements. En effet, depuis octobre 2012, nous n’avons plus accès à la ligne partenaire CAF, celle-ci étant désormais réservée aux collectivités qui, elles, conservent ce service, au demeurant fort utile lorsqu’on veut suivre ou tout simplement mettre à jour un dossier ou obtenir des précisions sur l’état d’un dossier RSA. Il existe ainsi 2 poids 2 mesures : du coup, ce système pousse à instaurer un travail social à 2 vitesses suivant que la personne se retrouve suivie en association ou par une collectivité… Cela pose question en termes d’égalité de traitement et d’équité, puisqu’à mission équivalente nous ne disposons pas des mêmes outils. • Complexification des dispositifs associée à une dét érioration des situations individuelles dans un

contexte global de récession qui perdure : A titre d’exemple, l’accès à une résidence Adoma est une solution censée être temporaire, mais qui, malheureusement, dure : les personnes restent bien souvent bloquées dans ce dispositif en raison d’un contexte global et personnel défavorable. En effet, n’arrivant pas à retrouver d’emploi et de revenus d’activité stables, les moyens financiers des personnes restent bien souvent limités à leur RSA et leur capacité financière d’autant limitées. Ils ne peuvent pas envisager de payer un résiduel de loyer classique et se contentent de la faible participation qui leur est demandée en Adoma pour conserver le bénéfice de leur modeste chambre (environ 60 €/mois). L’inertie locative est aussi à mettre en rapport direct avec l’engorgement des autres dispositifs qu’il s’agisse du droit commun comme de l’accès à l’urgence ou à l’aide sociale à l’hébergement d’ailleurs.

Page 30: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

30

Par exemple, les délais moyens d’attente pour une location HLM ne cessent d’augmenter alors que les demandes, elles, ne désemplissent pas et que l’accès même à l’hébergement social de type CHRS ou même d’urgence sont saturés et devenus quasiment inaccessibles depuis la mise en place du SIAO et de la gestion centralisée des demandes d’hébergement. Le principe même d’accueil inconditionnel, censé faire loi dans le secteur de l’urgence pour l’accueil et la mise à l’abri des personnes (115, foyers d’accueil et d’hébergement d’urgence) ne semble même plus opérer. Les bénéficiaires attendent, et nous autres travailleurs sociaux ne savons plus que dire ni pourquoi continuer de les recevoir : pour leur dire quoi ? Que l’on a fait toutes les demandes possibles et que, malheureusement nous aussi sommes contraints d’attendre un retour, qui, généralement n’arrive pas ? Ou tarde tellement que quand une orientation est enfin possible, la personne a disparu de la circulation… « A quoi servez-vous, alors ? » nous demandent les personnes. La violence du propos fait écho à une violence de situation qui va crescendo. Et même si nous ne vivons pas cette violence là comme les personnes, nous y « assistons » et « l’accompagnons » malgré tout. A part temporiser les « non réponses » et un système de gestion de pénurie, en continuant bon gré mal gré d’accueillir les demandes, de les relayer tant bien que mal et d’être présent, quoi dire ? Et surtout quoi faire ? Et jusqu’à quand ? De la sorte, nous nous interrogeons sur notre rôle compte tenu des énormes difficultés pour arriver à remplir nos missions. Et ce n’est pas faute d’essayer, réessayer encore et encore. • Une qualité d’échange et de traitement des situatio ns en danger ? Dans notre pratique au quotidien, force est de constater l’augmentation du recours aux dossiers « dématérialisés ». Or, cette dématérialisation des demandes pèse et influe sur notre travail et sur notre façon, en particulier, d’aborder et de gérer les situations individuelles des personnes. Il y a, par exemple, un recours quasi systématique aux correspondances mail. Et les candidatures tout comme diverses inscriptions ne se font presque plus que par internet pour l’enregistrement en ligne de demandes d’hébergement (mise à l’abri pour le dispositif du plan hivernal par ex.) ou de logement (Accords Collectifs Départementaux, dossiers SIAO, demande en AIVS, etc.) et qui « atterrissent » à l’adresse mail d’un service avec qui souvent, malheureusement, nous n’avons de surcroît aucun autre moyen de communiquer. Sans savoir par qui et comment ces demandes vont être traitées, cela participe à rendre encore plus opaque les outils à disposition. Par voie de conséquence, nous manquons de lisibilité et il nous est de plus en plus difficile d’être clair avec le public, ce qui nuit à la relation et au travail social mené. En bref, il devient de plus en plus compliqué et difficile d’effectuer notre travail correctement. Nous n’avons plus les moyens d’intervenir sur les situations administratives des personnes accompagnées, ce qui provoque un malaise car le fait de ne pas pouvoir agir sur la demande des personnes fait de nous de simples agents de liaison/transmission (pour ne pas dire des exécutants). Nous ne sommes pas véritablement associés ni même consultés alors que nous pourrions faire part de notre expertise et partager notre connaissance du terrain. Tout le monde y gagnerait d’ailleurs : le public, les partenaires et les intervenants sociaux. Sans vouloir être rétrograde ou laisser croire que l’on s’oppose aux avancées technologiques – et à la nécessaire évolution des moyens de communication - nous constatons que cette évolution (dans les moyens et supports de communication) se fait au détriment d’une réelle communication dans le sens où –même si l’information arrive à circuler- le dialogue nous paraît beaucoup moins ouvert qu’autrefois. Du coup, les échanges entre professionnels s’en trouvent limités et appauvris. Rien ne remplacera un appel téléphonique ou un échange franc et direct, « à bâton rompu », à la fin d’une réunion de façon certes, informelle, mais qui bien des fois aura permis de débloquer une situation qui nous semblait sans issue. Dans ces conditions comment parvenir encore à rattacher travail social aux sciences dites humaines ? En quoi ces modes opératoires avec lesquels nous sommes contraints et forcés de composer, s’apparentent-ils encore à de la communication, à de l’humain ?

Page 31: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

31

Car si le travail social a pour objectif principal la résolution des problèmes, le changement social et l’amélioration du bien-être général, il doit pouvoir se nourrir en permanence de l’apport des sciences humaines conjugué aux enseignements tirés de l’expérience sur le terrain. Et donc du cadre, des outils, de l’environnement et de l’ambiance de travail dans lequel l’action sociale s’exerce et prend vie. Les connaissances portant sur le fonctionnement du psychisme, la compréhension des relations interpersonnelles, l’appréhension de la multiplicité des formes de vie sociale, économique, morale inventées au cours de l’histoire, le discernement des modes de communication, l’interprétation du rôle joué par les facteurs géographiques ou culturels dans les comportements etc. constituent une part essentielle du savoir sur lequel les professionnels sont censés s’appuyer pour entrer en contact avec l’autre et tenter de trouver avec lui les modalités pour avancer vers un mieux-être. Or, en l’état actuel des choses, la désincarnation des modes de communication nécessairement utilisés au cours d’un accompagnement social aujourd’hui, nuit à ces rapports-là. C’est pourquoi il faudrait être très attentif à ne pas laisser se développer des stratégies de contournement consistant à remplacer systématiquement les échanges directs par des messages, des écrits virtuels ne laissant que peu de place à la discussion et ne permettant pas d’aborder dans le détail des situations de plus en plus complexes… Les deux devraient pouvoir coexister sans tomber dans l’excès d’un côté comme de l’autre. Les pratiques évoluent nécessairement, certes, mais cela ne devrait pas se faire au détriment des professionnels à l’œuvre sur le terrain ni du public. On pourrait presque parler de « maltraitance des dispositifs » dans le secteur de l’exclusion car les dispositifs n’offrent plus de réponse aux personnes (outils de gestion de pénurie plutôt que force de proposition ou de « placement »).

b) … et malgré tout des avancées dans le parcours des personnes • Des « résultats » modestes mais somme toute encoura geants : Vue d’ensemble chiffrée : en 2012, 137 personnes différentes étaient accompagnées chaque mois dans le cadre du suivi social RSA spécialisé (personnes sans domicile, isolées). L’objectif d’accompagnement annuel à réaliser est de 193 personnes minimum (80 personnes différentes pour un ETP). Cela entraine un certain rythme d’accompagnement à soutenir puisqu’il faut concrètement (et en permanence) « compenser » les sorties par de nouvelles entrées tout en maintenant une moyenne de personnes suivies à un chiffre minimum constant (+-50). La cadence reste ainsi soutenue et a tendance même à franchement s’accélérer d’années en années. Le rythme de rotation reste en effet important et nous avons enregistré en 2012 autant d’entrées que de sorties. La notion de parcours évolue ainsi au gré d’une nette accélération dans le rythme d’accompagnement, plus court et plus rapide. Les personnes ne peuvent plus s’inscrire comme par le passé dans la durée, ce qui explique aussi peut-être en partie leur difficulté de plus en plus importante et récurrente à « accrocher » avec un accompagnement social individuel et à investir des démarches, un projet. En bref et pour donner une idée simple et claire de ce que recouvre l’activité du secteur RSA : un référent RSA exerçant à temps plein a en charge 53 suivis mensuels moyen pour 80 personnes différentes par an ; ce qui veut dire 27 personnes supplémentaires minimum à entrer en accompagnement et donc 27 sorties à programmer sur l’année. C’est le « turn-over » minimum nécessaire pour atteindre les objectifs chiffrés par conventionnement. Objectif que nous parvenons à atteindre jusque là. Mais qui nous est de plus en plus difficile à tenir au fil du temps compte tenu de la démultiplication des opérateurs, de la démultiplication des obstacles structurels (liés aux dispositifs et au contexte global) et de la complexification des situations. ● Les motifs de sortie : l’abandon reste malheureusement le 1er motif de sortie ; Mais ce constat reste à nuancer compte tenu des caractéristiques même du public reçu, en perpétuelle mouvance et ayant énormément de mal à « se fixer ». On parle bien d’ailleurs de « personne sans résidence stable ou sans domicile fixe ». Vient ensuite les sorties liées à un relogement ou à la ré-acquisition d’une adresse personnelle : dans ce cas précis, l’accès ou le retour au logement signifie un transfert de dossier vers le Centre Médico-social et davantage un relogement de type intermédiaire puisqu’il s’agit principalement d’entrées en résidence sociale Adoma ou en logement privé pour de très petits loyers n’excédant pas -charges comprises- les 490 €. Ou bien ce peut être un accès logement HLM du fait d’un retour en famille notamment. Rapporté au nombre total des personnes suivies : seulement 1/10ème du public est parvenu à se reloger dans l’année.

Page 32: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

32

Les autres motifs de fin d’accompagnement sont liés à quelques réorientations (changement de région, reprise d’accompagnement par un service répondant davantage à la problématique de la personne), à quelques incarcérations (avec retour possible mais différé à l’association), ou encore font suite à un décès ou à un accès à d’autres revenus (bien que jamais liés à des revenus salariés puisque s’agissant soit d’un cumul d’ I.J. avec du RSA activité, soit d’un cumul pension de retraite et RSA résiduel). ● Les résultats en termes d’emploi : contrairement à 2011 ce n’est pas du côté du logement que les résultats les plus encourageants ont été enregistrés mais bien du côté de l’emploi. On ressent, en effet, un redémarrage très timide de l’emploi car les personnes habituées à travailler ponctuellement mais qui n’arrivaient plus à travailler ont fini par retrouver une activité salariée grâce à leur réseau et/ou à force de persévérance et investissement. Sauf que ce retour à l’emploi n’a jamais été plus qu’un CDD inférieur à 6 mois. Nous constatons certes, une reprise d’emploi, mais ponctuelle, et très limitée, maintenant dans une certaine précarité les personnes puisque le simple fait de retravailler déstabilise le budget en raison de la fluctuation des revenus que cela induit (réévaluation constante du RSA). De plus, c’est le secteur de l’intérim qui profite le plus de cette embellie relative. Il y aura eu quelques CDD de courte durée (allant du CDD à temps partiel à la semaine au CDD de 3 mois, temps plein), 4 contrats aidés (dont deux CUI-RSA 7 heures dont un a abouti à un CDD-Insertion en Régie de quartier, un CIE de 6 mois et un CUI-CAV mi temps). Enfin, 2 personnes ont accédé à la formation et l’ont réussie (coffreur-bancheur, CACES). Ainsi, en tout et pour tout, près d1/5ème des personnes en accompagnement RSA auront travaillé à un moment de l’année. Les bénéficiaires restent dans le dispositif RSA même si on ne les accompagne plus. Au « mieux », les personnes passent d’un RSA socle à un RSA activité pour, au final, ne pas parvenir à sortir du dispositif (ou seulement un temps très court), faute d’offre durable et suffisante d’emploi. Pour revenir au RSA. La roue tourne pour ainsi dire mais en « boucle fermée ». Ce qui accroît le sentiment d’horizon « bouché » ou tout du moins de perspective très restreinte. ● Les résultats en termes de logement et du point de vue de la santé : ils sont somme toute encourageants comme évoqué quelques lignes plus haut. Les relogements ont été beaucoup moins importants qu’en 2011. Toutefois, on remarque une fois de plus que sans notre partenaire du « Bureau d’Accès au Logement » (BAL) qui s’est à nouveau rendu très disponible et avéré particulièrement efficace, nous n’aurions pas pu atteindre ces quelques résultats. Nous constatons que le parc privé est toujours plus accessible que le logement social à ce jour. Mais ce qui nous alerte aujourd’hui c’est que les moyens dévolus au « BAL » sont de plus en plus limités alors que la demande d’accompagnement des personnes ne cesse d’augmenter. Tant est si bien qu’aujourd’hui lorsqu’on veut lui orienter une personne pour un accompagnement à la recherche d’un logement privé, il faut s’attendre à une mise en attente de la demande de 3 mois minimum. Si jamais nous ne pouvions plus compter sur ce service qui pourtant a fait ses preuves, et qu’en plus, le seul dispositif mobilisable pour notre public, le Fonds de Solidarité pour le Logement (FSL), restreignait lui aussi ses moyens (comme leur récente déterritorialisation le laisse à penser), que nous resterait-il comme moyens pour agir en faveur du relogement d’un public sans domicile ? Peu de chose … Du point de vue de la santé, on constate à l’image de ce qui peut se passer ailleurs, que les personnes vont de plus en plus mal. Disposer d’un accès gratuit aux soins, ne rend pas la démarche « naturelle » ou plus évidente pour les bénéficiaires. Cela peut se traduire par une résurgence et une multiplication de certains troubles tels que : problèmes dermatologiques ou bien liés à diverses addictions ou encore pathologies lourdes de diverses natures nécessitant des suivis et des interventions au long cours ... Ce qui est autant de freins à toute autre démarche d’insertion et qui vient parasiter toute tentative de projet annexe (logement, emploi, famille). Certaines personnes devraient même relever d’un autre dispositif que celui du RSA et s’y maintienne « par défaut ». En effet, quelques personnes souffrant de pathologies lourdes relèveraient à priori davantage de la MDPH mais n’arrivent pas à faire reconnaître leurs difficultés à la hauteur de leur handicap. S’agissant en particulier de personnes approchant les 60 ans et que l’on semble davantage pousser à faire valoir des droits à la retraite en lieu et place d’autres dispositifs … Quels peuvent être les éléments d’explication par rapport aux résultats enregistrés cette année pour les accompagnements mis en œuvre ? Quels ont pu être les freins dans les accompagnements mis en place ou, au contraire, ce qui a pu faire levier pour les personnes ? Les freins aux accompagnements auront surtout été structurels car liés aux dispositifs qui se déclinent en d’innombrables outils dont nous ne parvenons pas à nous servir dans notre travail au quotidien.

Page 33: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

33

Un des éléments pouvant expliquer malgré tout les avancées de parcours, les petites « réussites » obtenues avec les personnes, c’est le temps que l’on prend avec les personnes, les mises en relation, les orientations proposées, l’accueil bienveillant et la disponibilité que nous leur accordons. La « plus-value » d’Antenne pourrait ainsi être identifiée comme la mise à disposition de différentes compétences au service de la personne avec comme atout majeur que cela se fasse au sein d’un collectif de travail et dans un seul et même lieu. Un accompagnement RSA peut en effet être complété, si la personne le souhaite par d’autres actions : soutien et accompagnement psychologique, accompagnement individuel auprès d’une conseillère emploi ou actions collectives (remobilisation/autonomisation) sous la forme d’ateliers divers (emploi, logement-équipement, santé, alimentation, couture et tout thème en rapport avec la vie quotidienne). Faut-il encore que la personne se saisisse de ces diverses possibilités comme d’un atout car aucune action ne sera en soi imposée à la personne chez qui on va plutôt essayer d’induire une démarche participative. Le côté « service de proximité », si on peut dire, contribuerait ainsi à notre spécificité (modalités d’intervention et complémentarité). Exemple d’un accompagnement social RSA : le parcour s de M.C. « En ce début d’hiver 2011, M. C., seul, la quarantaine, pousse pour la deuxième fois la porte d’ANTENNE. Il se trouve à nouveau sans résidence stable suite à une rupture. Sa femme l’a « mis à la porte ». C’est la raison pour laquelle il ré-ouvre une domiciliation postale à l’association. Il cherche aussi un abri car il se retrouve à dormir dehors et il fait froid. Il n’a nulle part où aller. Je le reçois, bref échange sur les raisons qui l’ont conduit à se trouver à nouveau là, devant moi, à devoir téléphoner ensemble au 115. Mais aucune place de disponible de suite, « rappelez-nous ce soir, dès 18H15 » nous répond-t-on. Nous rappelons alors le lendemain, puis le surlendemain encore. Finalement M. C. dormira dehors plusieurs jours avant de trouver refuge chez un ex collègue de travail de l’époque où il travaillait en chantier d’insertion et chez qui, finalement, il finira par rester plusieurs mois. L’accueil de cet ami, qui devait être temporaire au départ, lui aura permis de percevoir à nouveau régulièrement des revenus. Ah oui, il faut préciser que M. C. a dû attendre la régularisation de son dossier, pour passer d’un RSA couple à un RSA isolé. Ce qui aura été autant de temps passé sans ressource. Le temps pour lui de remettre globalement en ordre sa situation aux plans administratif, personnel et financier. L’accident de la vie que représente sa rupture conjugale l’aura d’ailleurs particulièrement affecté car M.C. se sera trouvé en sérieuse difficulté d’hébergement et très déstabilisé par l’évènement. Ca aura été pour lui une situation de grand stress, « la fois de trop » où il se sera trouvé de nouveau à la rue. Alors qu’il est aujourd’hui relogé et en passe de s’adresser à l’assistante sociale de son secteur d’habitation, je me demande encore aujourd’hui s’il s’en est vraiment remis ou s’en remettra tout bonnement un jour. Bien que toujours marié M. C. m’explique aussi qu’il compte, à terme, engager une procédure en demande de divorce. Mais seulement « une fois que tous les autres problèmes seront plus ou moins réglés », sous entendu une fois qu’il aura réussi à se stabiliser au plan du logement et de la santé. J’avais moi-même déjà brièvement suivi M. C. en tant que personne isolée, sans résidence stable. C’était il ya plus de 5 ans, juste avant qu’il ne se marie, précisément, et qu’il n’emménage sur le secteur. Quelques pas en avant, plusieurs en arrière. Retour à « la case départ » : recommencement ou répétition ? M. C. se sera donc trouvé temporairement en rupture totale de ressources avant qu’une mise à jour de ses droits et une reprise de paiement effective de son RSA n’intervienne. M. C. parle aussi depuis un moment d’engager des démarches de soins en rapport à son addiction à l’alcool ; Mais tant qu’il n’était pas relogé, ces démarches n’étaient pas envisageables ni pertinentes car elles étaient en inadéquation avec ses besoins et ses difficultés du moment (manger, trouver un endroit où dormir, percevoir à nouveau des revenus propres, etc.). Ainsi, un accompagnement social RSA à Antenne s’est progressivement mis en place fin 2011 et se poursuit encore dans le cadre du contrat d’engagement passé avec l’allocataire. Mais cet accompagnement va bientôt s’arrêter compte tenu du chemin parcouru, les objectifs principaux –en particulier de remobilisation et de relogement – ayant été atteints. Nous avons en particulier essayé de répondre à l’urgence de la situation par l’enregistrement d’une demande d’hébergement SIAO (même si celle-ci n’a jamais abouti) et par le déblocage administratif et financier de la situation (rétablissement d’un RSA). Ainsi que par le rétablissement d’un lien au moyen d’un accueil bienveillant et de rencontres régulières, sous forme de « rendez-vous-étapes ».

Page 34: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

34

M. C. aura participé à plusieurs ateliers de remobilisation du parcours Inform’Action depuis son retour à ANTENNE, expliquant et formalisant l’importance pour lui d’avoir –entre autre- des rendez-vous pour arriver à rythmer et à mieux gérer son quotidien. Aujourd’hui grâce aux efforts conjoints du « Bureau d’Accès au Logement », d’ANTENNE et de l’intéressé qui a activement pris part à son accompagnement, il se trouve donc à nouveau locataire mais cette fois en son nom propre et seul. ANTENNE n’a ainsi plus vocation à intervenir par rapport à cette situation, M. C. n’étant plus sans domicile. Mais rien n’est définitivement réglé ou acquis. Et une vigilance s’impose pour consolider les choses. A savoir que c’est par l’octroi d’une aide financière du FSL que cet accès locatif a pu se faire en offrant au propriétaire, les garanties nécessaires. Le montant du loyer s’avère aussi compatible avec les capacités financières de M.C. (moins de 400 € CC). Et la mise en place du versement en 1/3 payant de l’aide au logement ainsi que le versement direct du résiduel de loyer au propriétaire devraient limiter au maximum les incidents. Toutefois, le « BAL » poursuit son action pour consolider cet accès qui reste fragile, mesure spécifique à laquelle d’ailleurs M. C. prend part et dont il semble se saisir comme d’une véritable aide. Au jour où j’écris ces lignes et cette rétrospective, M.C. a retrouvé une certaine stabilité, administrativement parlant et du point de vue du logement aussi puisqu’il est relogé depuis l’été 2012. Mais en dépit des apparences, il reste particulièrement fragile du point de vue de la santé. Et c’est une des raisons pour lesquelles j’ai organisé une visite à domicile, tant en accord avec M. C. lui-même, qu’avec l’accord de son « accompagnatrice logement » du « B.A.L. ». Cette VAD, qui a eu lieu à l’automne, et qui s’est pour ainsi dire naturellement imposée, a permis de prendre acte des avancées dans le parcours, mais m’a aussi conforté dans l’idée qu’il était temps de passer le relais au secteur sans trop attendre. Pour aider l’intéressé à passer aussi « à autre chose ». Car entre attachement et détachement à un service ou à un référent social, en termes d’objectif d’accompagnement social, il me parait tout aussi important d’aider la personne accompagnée à reprendre confiance en elle que de l’aider ensuite à se tourner vers l’extérieur et à poursuivre sa route … M. C. doit maintenant engager de façon concrète des démarches de soin. Un départ en cure a été décidé avec son médecin traitant et référent et est programmé pour février 2013 . Cette démarche, M.C. souhaite la réaliser en totale autonomie avec son médecin en qui il explique avoir confiance. L’emploi n’est donc pas d’actualité bien que des candidatures ont été travaillées en amont avec lui, puis déposées. C’est un axe de travail différé mais auquel M.C. songe malgré tout et auquel il accorde de l’importance et s’accroche. Preuve en est sa tentative de placement en emploi en mars 2012 suite à sa candidature pour un poste au Conseil Général de jardinier en Contrat Unique d’Insertion 7H ; M.C. avait, d’ailleurs, été très déçu de ne pas avoir été pris pour ce poste. Ce qui nous avait aussi confortés dans l’idée qu’il n’était pas (encore) prêt pour ré accéder directement à l’emploi, même aménagé dans le cadre d’un CUI-CAE. L’important est parfois de garder à l’esprit qu’un retour à une activité professionnelle reste possible ou simplement que ce retour est envisageable, sans forcément que cela ne se concrétise par un emploi dans l’immédiat. Un accompagnement social soutenu sera ainsi important à conserver, au moins les prochains mois compte tenu des difficultés de départ, de la répétition des difficultés rencontrées, de la fragilité de la situation et du caractère récurrent de la problématique de la personne, en particulier au plan de la santé. Advienne que pourra. En souhaitant, cette fois, que la progression et l’avancée soient, pour M.C., effectivement durables. »

Hélène GIUE – C.E.S.F. – Référent R.S.A.

Page 35: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

35

III. LE PARCOURS INFORM’ACTION Membres de l'équipe en 2012 : Référents :

• Véronique DE SA ROSAS • Aurélie WENNHACK-BRENTCHENEFF • Jérôme CHAUVIN • Véronique DIETRICH (en remplacement congé maternité puis parental du 05/06/2012 au 31/01/2013)

Agents d'entretien :

• Fabio ESPOSITO (jusqu'au 02/03/2012) • Cindy WEIL (du 12/03/2012 au 11/09/2012) • Jamel EL BAZI (à compter du 03/09/2012)

1. Le projet initial Objectif général : Proposer aux personnes sans domicile fixe ou sortant d’incarcération, bénéficiaires du R.M.I./RSA, un parcours d’insertion au sein d’un atelier, leur permettant :

• l’accès à un emploi et/ou à une qualification • l’accès à un logement • l’optimisation de l’accès aux soins • la restructuration du lien social • l’accès à l’autonomie

Le parcours proposé se compose de 2 étapes :

• une phase d’information en direction des bénéficiaires (droits, devoirs, démarches)

• une phase action : à partir de l’information reçue, les bénéficiaires avec l’aide du référent social, construisent et mettent en œuvre des démarches collectives ou individuelles nécessaires à leur insertion

2. L’atelier collectif de redynamisation L'approche pédagogique et éducative est centrée sur :

• Un travail de resocialisation basé sur la dynamique de groupe et la prise de parole • Un accompagnement relais permettant d'aborder rapidement les problèmes qui viennent parasiter la

démarche d'insertion • Une implication des usagers (prise de parole, respect des consignes données, évaluation des

séances, travail de reprise avec le référent) • La construction d'étapes intermédiaires de son propre parcours d'insertion

La démarche a été conçue en deux temps afin de permettre à la personne d’identifier elle-même ses problèmes, ses priorités, ses besoins, ses freins, ses réponses. Un projet qui peut partir de la personne qui en devient l’actrice, a toutes les chances de faire sens pour elle, d’aboutir plus rapidement et plus sûrement et de s’inscrire dans la stabilité et la durée. L’action proposée se compose de modules, eux-mêmes composés de séquences. Chaque séquence suivie donne lieu à une évaluation. Ce système induit la souplesse nécessaire pour favoriser une réelle adhésion des bénéficiaires. C’est donc eux qui construisent leur parcours, à leur rythme. L’effectif est toujours stable et la participation est fondée sur un engagement contractualisé par l’usager dans le cadre de son contrat d’engagement RSA.

Page 36: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

36

De janvier à décembre, 117 séances collectives ont été programmées. 22 thématiques différentes ont été abordées durant cette période

Thème et Intitulé de l’atelier Occurrence Intervena nt

Thèmes en rapport avec le logement - Information logement 12 Antenne Sous total 12 Thèmes en rapport avec l’emploi - Offres d’emploi et candidatures 26 Antenne - Droit du travail au quotidien 9 Antenne - Le travail 2 Antenne - Préparation aux entretiens 1 Antenne - Parlimage (support photo) - Les représentations du Travail 2 Antenne - Changer de métier – Pourquoi ? Comment ? 2 Antenne - Nouveau projet professionnel : quels interlocuteurs ? 1 Antenne - La sécurité au travail 1 Antenne - La recherche d’emploi des + de 50 ans 1 Antenne - Le travail fait son cinéma 6 Antenne Sous total 51 Thèmes en rapport avec la santé, la relation avec s oi et l’autre - Et le moral dans tout ça ? 7 Antenne - Destination santé 2 Antenne - Sur la piste de la santé 6 Antenne - Ma santé : actions préventives et maintien des droits 1 Antenne - Egalité Homme-Femme 2 Antenne Sous total 18 Thèmes en rapport avec l’information économique et sociale - Aide administrative 7 Antenne Sous total 7 Perfectionnement savoirs de base - Initiation à Internet 17 Antenne - Initiation à la bureautique 2 Antenne Sous total 19 Autres - Petit déjeuner équilibré et bons plans alimentaires 8 Antenne - Noël Convivialité 1 Antenne - Bilan des parcours 1 Antenne Sous total 10

Total des sessions programmées au 31/12/2012

117

• On compte un total général de 40 personnes, soit 23 hommes et 17 femmes. Chaque personne a participé, en moyenne, à 7 séquences, soit 2 de plus que les années précédentes.

• La moyenne de participation à chaque séance est de 5.

• 30 nouvelles personnes ont intégré les ateliers et 10 personnes étaient présentes l’année passée.

• La moyenne d’âge des participants est de 43 ans.

• 33 personnes sont bénéficiaires du RSA (13 sont accompagnées par Antenne). 17 personnes sont également suivies dans le dispositif individuel d’Inform’Action au sein d’Antenne.

Page 37: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

37

• Une population bénéficiaire de minima sociaux … (83 % des personnes sont bénéficiaires du RSA) et 100 % sont DELD.

• majoritairement masculine … (57 % sont des hommes et 43 % sont des femmes contre 37 % en 2009)

• et connaissant des difficultés d'accès au logement (32 % des personnes sont sans domicile ou en hébergement d'urgence, CHRS, Adoma et 68 % sont locataires)

• Une population qui a une quarantaine d’années en mo yenne

• peu qualifiée … (67 % des personnes ont un niveau V bis, 27 % des personnes ont un niveau V et 6 % ont un niveau III, II et I)

• majoritairement sans emploi (100% des personnes étaient sans emploi en début de parcours)

Genre des participants en 2012

57%

43%

Hommes

Femmes

Age des participants en 2012

3%

57%

30%

10%

de 15 à 24 ans

de 25 à 44 ans

de 45 à 54 ans

plus de 55 ans

Page 38: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

38

Personnes Sans Domicile Fixe

33%

67%

Personnes SDF

Locataires

Focus : le travail social avec le groupe ou le « gr oupe social » comme réponse aux besoins individuels et collectifs des personnes accueillies dans le cadre de l’accompagnement social. Le travail social en groupe :

• aide les membres du groupe à avoir le sentiment de « nous », le sens des uns et des autres dans le but de travailler ensemble,

• permet au groupe de devenir un « système d’aide efficace », • permet de mettre à jour les ressources insoupçonnées des uns et des autres, • met au jour les faiblesses et les potentialités des participants, • ne doit être qu’une étape de parcours vers l’autonomie,

Les ateliers de redynamisation Inform’Action, à la différence des groupes traditionnels, accueillent des personnes en entrée-sortie permanente. Cette souplesse entraîne l’adhésion des membres du groupe à la nouveauté et au changement. C’est pourquoi tous les individus ne sont pas prêts ou enclins à participer aux actions collectives. En effet, la participation à des sessions collectives engage les participants à intégrer un groupe déjà existant et à trouver sa place dans le collectif. L’attitude de certains individus à l’égard du groupe permet à l’animateur de se faire une idée sur leur capacité du moment à accepter l’ « autre » et à ses dispositions envers le cadre fixé par le référent et le dispositif intégré. La solitude est souvent le lot quotidien des personnes qui rejoignent les ateliers. L’enfermement dans un quotidien parfois jalonné d’échecs et de rejet a pour conséquence l’isolement. Encore une fois, l’atelier collectif peut jouer un rôle de resocialisation.

Les résultats obtenus Principaux résultats quantitatifs : Tous les participants à Inform’Action sont inscrits à Pôle Emploi ou en cours de réinscription. Ils ont défini ou redéfini leur projet professionnel, soit en collectif, ou en individuel avec notre référente emploi, Aurélie WENNHACK-BRENTCHENEFF ou avec leur conseiller Pôle Emploi, 17 participants sont également accompagnés en individuel dans le cadre de l’ACIRE, soit 33 % des participants,

Page 39: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

39

Les participants bénéficiaires du RSA ont tous un contrat d’engagement en cours ainsi qu’un accompagnement social. Quasiment tous les participants ont effectué un bilan de santé ou sont en parcours de soins et sont à jour avec leurs droits CMU Les personnes ayant participé aux ateliers logement ont toutes déposé une demande unique de demande de logement chez un bailleur de leur choix ou ont été inscrites à une réunion collective au BAL , 17 femmes (43 %) ont participé aux sessions Inform’Action, chiffre en hausse constante, 10 personnes ont accédé à un emploi et/ou une forma tion durant cette période, soit 23 % des personnes présentes : - 2 personne a débuté un contrat aidé de 6 mois, renouvelé une fois, - 1 personne a débuté un contrat aidé de 6 mois, - 1 personne a débuté des contrats mandatés d’aide à domicile ainsi qu’un module de formation d’AVD, - 4 personnes ont débuté un contrat CUI 7 heures - 1 personne a débuté un CDD de 2 mois - 1 personne a débuté une prestation « Femmes seniors » à Retravailler67 et CIDFF Orientation vers les ateliers collectifs : De nombreux partenaires se sont saisis de cet outil mis à leur disposition durant l’année 2012 : - Association Antenne (tous services), - Horizon Amitié (service RSAvenir), - Le C.C.A.S. de la Ville de Strasbourg, - Les Centres Médico-sociaux de Strasbourg, - UTAMS, - Foyer Millot, - C.E.F.R. - VETIS

- Entraide Le Relais - Association Parenthèse - CPCV-Est - AAHJ - MLPE de Schiltigheim - GERMA AI - Pôle Emploi Pont Mathis

D’une année à l’autre :

���� Les bénéficiaires du RSA Ils étaient 95 % en 2011, 83 % en 2012

���� Les orientations + 20 % en 2011

���� Les partenaires Ils étaient au nombre de 5 en 2010, 15 en 2012

���� Age moyen des participants Il est de 43 ans en 2012, 41 ans en 2011

���� Le nombre de participants Ils étaient au nombre de 40 en 2012, 62 en 2011.

���� Bien que le nombre d’orientations des partenaires soit toujours en augmentation depuis 2011, bon nombre de personnes ne se sont jamais présentées à la 1ère séance (1/3 environ des orientations).

���� Le nombre de femmes Elles étaient 43 % en 2012, 35 % en 2011

���� Les sorties positives emploi/formation

Elles se montaient à 19 % en 2010 et 2011, elles sont de 23 % en 2012

Page 40: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

40

D’un point de vue qualitatif

• Les orientations Cette année encore, les partenaires se sont saisis du dispositif Inform’Action mis à leur disposition. Les personnes orientées n’en ont pas toujours conscience mais le travail en partenariat augmente leur chance d’améliorer leur situation en matière d’emploi, notamment. Un système d’envoi mensuel du planning, la mise en ligne sur le blog de l’association et une fiche d’orientation offrent aux partenaires une information mise à jour et permet des orientations efficientes.

• Le profil des personnes orientées vers les ateliers de redynamisation Les ateliers emploi : des personnes peu qualifiées et demandeurs d’emploi de longue durée pour 2/3 d’entre elles Les personnes orientées en atelier emploi sont en grande majorité bénéficiaires du RSA ,ce qui implique une situation financière extrêmement difficile et ayant un rapport au marché de l’emploi parfois en décalage avec la réalité socioéconomique. La majorité des personnes sont inscrites en tant que demandeur d’emploi. Dans les faits, il n’est pas rare qu’elles soient au chômage depuis plus de 2 ans. Une nouvelle population a fait son apparition dans les ateliers collectifs : les personnes âgées de plus de 50 ans. Elles sont DE de longue durée et ne sont pas pas à leur première orientation en matière de dispositif emploi. Ces personnes « tournent » de structure en structure, entre l’individuel et le collectif, faute d’une véritable politique de retour à l’emploi des seniors. Elles s’épuisent et ne croient plus vraiment à leur chance de retrouver une activité répondant à leurs attentes. Le profil professionnel de ces personnes est clairsemé et elles sont peu qualifiées ; les métiers qu’elles exerçaient ont évolué et elles ne sont plus en capacité de satisfaire les exigences des employeurs, tant en termes de compétences qu’en termes de connaissances générales de l’entreprise d’aujourd’hui. La hausse du chômage en France en 2012 a frappé de plein fouet nos publics : 285 000 demandeurs d’emploi sans activité sont venus s’ajouter. Les seniors ont été fortement touchés par le chômage cette année : + 17 % sur un an ; près de 700 000 d’entre eux sont sans aucune activi té et au chômage en fin d’année 2012 . Dans ce contexte particulier de destruction d’emploi, les seniors éprouvent des difficultés à retrouver une place dans l’entreprise. Si ailleurs en Europe, les seniors sont également touchés par le chômage, la France se distingue par son « jeunisme » professionnel. Après 50 ans, une personne sans emploi doit affronter les préjugés qui touchent cette catégorie de la population active. Les ateliers logement : personnes sans domicile fix e ou locataires du parc social Essentiellement tournés vers l’information, les ateliers logement accueillent des personnes sans domicile fixe pour l’essentiel mais également des personnes souhaitant changer de logement. Orientées par les référents d’Antenne ou par les partenaires, ces personnes sont présentes à 1 ou 2 ateliers le temps de concrétiser une demande de logement en HLM ou une inscription aux réunions collectives du BAL (Bureau d'Accès au Logement), partenaire essentiel sur le parc privé. Des courriers sont également écrits à la demande des participants : de plus en plus de nuisances entre voisins ne sont pas prises en compte par les bailleurs sociaux. La prévention des impayés, les aides à l’accès et au maintien en logement, le savoir-habiter sont toujours des thèmes d’actualité des ateliers logement. Le BAL qui aura permis, les années précédentes, de nombreuses entrées en logement dans le parc privé locatif, est aujourd’hui devenu un partenaire incontournable de nos structures et dispositfs. Grâce à lui, des personnes ont pu reprendre le cours de leur vie, à l’abri dans un logement décent.

Page 41: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

41

Les ateliers phares Cette année, on peut noter un intérêt accru pour le thème de l’emploi, tant de la part des partenaires que des participants. Les ateliers consacrés à l’emploi connaissent un succès croissant qui s’explique, bien entendu en partie, par le marasme qui touche le marché du travail en France. Nous accueillons des personnes qui sont les moins « courtisées » par les entreprises et qui sont les plus touchées par la crise économique et sociale. Si le marché de l’emploi est devenu très exigeant, compte tenu du nombre élevé de demandeurs d’emploi, ces derniers ne souhaitent plus travailler à n’importe quelles conditions non plus. Cette double exigence entraîne une sorte de fin de non recevoir de part et d’autre qui se traduit par des offres non pourvues et par des demandeurs d’emplois qui le restent. Les ateliers emploi prennent tout leur sens dans ces difficultés qu’éprouvent les usagers à se situer dans un marché de l’emploi mouvant et peu sûr. Ainsi, la recherche d’emploi est un facteur supplémentaire d’incertitudes et d’instabilité. Au-delà des consultations d’offres d’emploi, l’atelier permet également aux usagers de comprendre des tenants et les aboutissants du travail, ses exigences et ses modalités.

Perspectives 2013 L’emploi reste évidemment au cœur des préoccupations des participants, des référents et des financeurs. Toutefois, avec une croissance proche de zéro en France, l’année 2013 risque fort de voir perdurer la hausse du chômage. Une difficulté supplémentaire réside dans le fait que nombre de participants ne trouvent que des emplois en contrat aidé et qu’à la fin de ces derniers, ils retournent dans les ateliers ou les accompagnements individuels et qu’ils ne peuvent plus prétendre à accéder de nouveau à ces postes. Les ateliers en relation avec l’emploi connaîtront le même succès que les années précédentes et nos équipes vont redoubler d’effort afin que les personnes accèdent à un emploi lorsqu’elles en sont proches. Pour ce qui est des personnes éloignées de l’emploi, nous travaillerons sur les freins avec elles et nous ne les laisserons pas sans solution. Notre salle informatique sera mise à disposition afin de permettre la recherche d’emploi, de formation, via Internet, ainsi que l’accès à l’espace personnel du site Pôle Emploi. Le logement sera également abordé via Internet, en matière d’informations, de recherche de logements dans le parc privé. Nous souhaitons également qu’un atelier plus « créatif » soit mis en place. En effet, lorsque l’emploi n’est pas accessible pour les raisons évoquées ci-dessus, il est bénéfique que les personnes aient accès à « autre chose » qui leur permette de se changer les idées tout en restant dans une dynamique de groupe. Ainsi, les participants continueront à développer des compétences au travers d’une activité agréable et renforçant les liens entre les participants.

Page 42: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

42

Un moment fort de l'année : La visite de Martin HIR SCH

Le 15 novembre 2012 nous avons eu l’honneur d’accueillir en nos locaux en fin d’après-midi des visiteurs un peu particuliers. En effet, M. Martin HIRSCH, était invité dans le cadre d'une conférence à l'occasion du Printemps de l'Insertion organisé par le Conseil Général du Bas-Rhin. Avant sa conférence et accompagné de quelques représentants du Conseil Général du Bas-Rhin, il a pris de son temps pour nous rendre visite et échanger sur des points aussi divers que le contrat CUI-CAE de 7 heures, la spécificité de l’accompagnement social et professionnel, individuel et collectif, que nos équipes mettent en oeuvre toute l’année. Ce moment convivial et en petit comité a été l’occasion d’échanges riches sur le dispositif RSA et nous avons été entendu sur un certain nombre de points quand à l’articulation de l’existant.

Page 43: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

43

3. L’Accompagnement Individuel et Collectif Renforc é vers l’Emploi (A.C.I.R.E.)

A. Présentation de l'opération réalisée Pour l’année 2012, aucun écart n’est relevé entre l’opération agréée et l’opération effectivement réalisée et ce au vu des finalités poursuivies ainsi qu’aux modalités d’exécution des actions. Pour vérifier cela, notons les éléments suivants : Le service Accompagnement Collectif et Individuel Renforcé vers l’emploi (ACIRE) a pour finalité d’aider les bénéficiaires à atteindre leur(s) objectif(s) professionnel(s). Pour se faire, 1,5 ETP sont affectés à cette mission : l’un à temps plein, il s’agit de la référente emploi d’Antenne, qui propose un accompagnement individuel et individualisé renforcé vers l’emploi, et le second à temps partiel, il s’agit de l’Animatrice des ateliers Inform’Action, qui propose un accompagnement collectif vers l’emploi. L’ACIRE est un service proposé aux bénéficiaires sur la base du volontariat. � L’accompagnement individuel : Il se déroule en deux temps : les premiers entretiens n’engagent en rien les personnes. Ce sont les entretiens évaluation. Ils visent à faire connaissance et à présenter le service. C’est au cours de ces entretiens que les personnes sont accompagnées pour formuler un plan d’accompagnement personnalisé. Personnalisé, cet outil est formalisé sur papier et proposé à tous bénéficiaires s’inscrivant dans l’action. Il permet de rendre lisible les freins d’accès à l’emploi rencontrés par la personne, ses attentes vis-à-vis de l’accompagnement et le déroulé logique que la référente se propose de mettre en œuvre étape après étape. Outre le fait que cet outil présente l’avantage de poser les limites de l’accompagnement, il présente également l’avantage de permettre à chaque personne de prendre conscience qu’une logique de progression est poursuivie par la référente emploi. Bien que ce point est bien souvent difficile à comprendre par les personnes, car minimisant l’accompagnement emploi à un travail sur les Techniques de Recherche d’Emploi, il convient dès à présent d’amener chaque personne à cette prise de conscience et ce dans l’idée d’inscrire la personne comme actrice du plan d’accompagnement. Notons par ailleurs, que l’amélioration issue de cet outil permet également aux référents sociaux des personnes accompagnées d’être informés sur les finalités poursuivies pour chaque accompagnement commun. Là encore, ce document permet de rendre lisible le travail poursuivi en accompagnement emploi et que cette nouvelle lisibilité libère les autres accompagnements sociaux.

Après les entretiens évaluation, le bénéficiaire et la référente emploi prennent la décision d’engager ou non la seconde phase : la phase de suivi qui correspond à l’entrée dans le dispositif Accompagnement Individuel Renforcé vers l’Emploi. L’entrée dans le dispositif est matérialisée par la signature d’un contrat d’engagement. Cet accord vise à respecter les engagements fixés d’un entretien à l’autre. Très logiquement, cette phase de suivi a pour but de lever les freins d’accès à l’emploi en proposant d’appliquer les étapes proposées dans le plan d’accompagnement individualisé. Cela se fait selon une prise en compte attentive des obstacles rencontrés au fur et à mesure par la personne. Quel est le mode de recrutement des participants ? Les bénéficiaires de l’action sont recrutés selon deux modes.

• En interne : Ce sont les services RSA et Accueil d’Antenne qui orientent les bénéficiaires vers ce service lorsqu’ils entendent une difficulté d’accès à emploi et/ou à la formation. Les référents sociaux présentent, proposent le service puis établissent l’orientation en formulant s’ils le souhaitent des pistes de travail.

• En externe : L’orientation peut aussi se faire par les bénéficiaires de manière totalement autonome grâce à des plages de rendez-vous laissées à l’Accueil par la référente emploi et faisant l’objet d’une mise à jour hebdomadaire sans avoir forcément une boite postale dans la structure ou même de suivi RSA, les personnes peuvent bénéficier du service. Elles peuvent se présenter spontanément, ou sur orientation, auprès de la structure.

Page 44: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

44

� L’accompagnement collectif : Il s’agit d’ateliers de redynamisation sur les thèmes de l’emploi, du logement et de la santé. Le travail est fait en petit groupe et selon un mode participatif où chaque personne peut prendre la parole, poser ses questions et faire des démarches directement pendant l’atelier comme une candidature par exemple. Le mode de recrutement des participants s’opère via un planning mensuel qui est affiché dans les locaux de notre association à destination des personnes accompagnées par nos services et qui est également envoyé à tous les partenaires par mail accompagné d’une fiche d’orientation à remplir par le référent. Le planning est également consultable sur le blog de l’association. Lorsque des partenaires souhaitent orienter une personne, ils nous font parvenir la fiche de liaison que nous avons créée. La participation aux ateliers collectifs est proposée pour une période de 1 ou 3 mois renouvelable. Afin de mesurer en temps utiles les éléments constitutifs de l’ACIRE un tableau de suivi est tenu à jour. Il rassemble les éléments liés à la typologie du public accompagné, aux résultats enregistrés sur la période d’exécution et enfin, aux heures de travail effectuées.

a) Description des modalités d’exécution de l’accom pagnement individuel : La préparation et la conduite des entretiens évaluations : Il s’agit de préparer les documents nécessaires à la constitution d’un dossier qui constituera par la suite les preuves de réalité d’existence des entretiens évaluation. Le dossier est préparé de sorte à respecter les obligations de publicité. Ce service a pour finalité de présenter l’accompagnement individuel vers l’emploi. C’est aussi l’occasion pour chaque personne de pouvoir bénéficier d’un diagnostic emploi/formation. Ce diagnostic clarifie la situation de la personne en mettant en lumière les freins réels à son accès à l’emploi et des pistes concrètes de leviers qui peuvent être travaillés si la personne venait à s’engager dans un accompagnement. Ce service vise aussi à formuler les premiers conseils, les premières pistes. 96 personnes différentes ont souhaité prendre rendez-vous pour bénéficier de ce premier service. La prospection et la recherche d’information : Il s’agit de créer un portefeuille partenaire adapté aux demandes des personnes rencontrées. Pour cela il faut contacter ces partenaires et établir les orientations nécessaires. Les partenaires sollicités interviennent dans le champ du logement et de la santé par exemple. La préparation des entretiens de suivi et la conduite des entretiens de suivi : Ce service consiste en une aide à la résolution des problèmes à finalité professionnelle : insertion, réinsertion, mobilité, posés par le public, pour personnes à la recherche d'un emploi et personnes en contrats aidés. Ce service à pour but d’informer de conseiller et d’aider les personnes à effectuer des choix et à prendre des décisions raisonnées dans le but de retrouver un emploi ou une formation et de s’y maintenir. Pour que cela soit possible, la référente emploi est amenée à mobiliser des partenaires dans les domaines de l'évaluation, de l’orientation, de la formation, de l'emploi mais aussi de la santé ou du budget. Chaque entretien, qu’il soit honoré ou non, donne lieu à un émargement. Quarante deux personnes ont bénéficié de ce service. La rédaction des bilans d’entretien et mise à jour administrative des dossiers : Cette modalité de mise en œuvre consiste à tenir nos formulaires à jour : fiche information, plan d’accompagnement, contrat d’engagement dans l’accompagnement etc… mais aussi à collecter les pièces preuves des données statistiques annoncées : fiches de paie, attestation d’entrée en formation etc… et enfin de rechercher et collecter les informations nécessaires aux prochains entretiens de suivis : offres d’emploi correspondantes aux différents codes ROME ciblés, dossiers de conseil emploi ciblé etc… Les réunions de service et reprises de pratiques : Elles visent à inscrire et discuter le travail dans un projet associatif. Les réunions sont hebdomadaires. Elles sont aussi l’occasion de visualiser tout au long de l’année l’état d’avancement de l’action par rapport aux objectifs fixés et de prévoir les rajustements utiles. Le temps de reprise de pratique est aussi prévu au cours de ce travail. Il s’agit de garder à l’esprit que la psychologue d’Antenne, Emilie Muller est disponible pour prendre du temps au cours duquel nous pourrions reparler des entretiens difficiles et tous les autres points de travail et de réflexion nécessitant un point de vue extérieur. S’agissant des modalités de suivi des participants : Pour effectuer les activités liées aux entretiens évaluation et aux entretiens de suivis, un document officiel est utilisé pour formaliser le suivi des bénéficiaires : le contrat d’engagement. Il doit être signé à chaque entretien et pour chaque démarche effectuée pour le bénéficiaire.

Page 45: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

45

Créé par la référente emploi en vue de répondre aux exigences de suivi du FSE, il est utile aux personnes accompagnées qui peuvent demander à tout moment une copie de cet outil au cas où elles devraient justifier par exemple de leurs recherches d’emploi. Ce document présente en un coup d’œil l’évolution de la personne depuis le début de son accompagnement. Cela est utile, notamment pendant les périodes où les personnes se sentent démotivées. Ce support respecte bien entendu et en tout point, l’obligation de publicité du FSE et ce par deux moyens : une information orale auprès de chaque nouvelle personne rencontrée ainsi qu’une information écrite, avec logo, que le bénéficiaire signe et re-signe pour chaque entretien. Les informations utiles pour compléter ce document et les exigences du financeur regroupent l’identité de la personne, sa situation au regard des dispositifs d’insertion RSA etc…, les professionnels par lesquels la personne est accompagnée, cela évite les doublons. Pour ce document, sont aussi nécessaires, les obstacles énoncés par la personne, son projet professionnel et les orientations vers les partenaires. Enfin, toutes les données : typologie du public, ressources, niveaux scolaires, problématiques, orientations vers d’autres partenaires, résultats etc… sont ensuite informatisées afin de permettre un suivi statistique des bénéficiaires. Pour permettre cela, un outil informatique de suivi Excel a été créé. La tenue régulière de l’ensemble de ces outils favorise l’élaboration des bilans quantitatifs et qualitatifs. Les pièces justificatives qui attestent nos dires sont présentes dans chaque dossier bénéficiaire. Il s’agit du contrat d’engagement signé à chaque acte par le bénéficiaire du service. Cette signature atteste de l’effectivité de l’acte réalisé, de l’identité de la personne, de la réception des informations liées à l’obligation de publicité et de l’aide que lui apporte le service. Il s’agit aussi des mails échangés avec nos partenaires. Chaque échange est matérialisé par un compte rendu daté et signé par la référente emploi et chaque mail présente les logos FSE dans le cadre de l’obligation de publicité. Il s’agit aussi des affiches présentes dans toutes les pièces de nos locaux. Elles sont grandes, lisibles et répondent en tous points à l’obligation de publicité. Enfin, les traces et preuves des entretiens. Tous les comptes rendus d’entretien sont conservés ainsi que les courriers, et tous les autres documents traités au cours des entretiens. S’agissant du calendrier de l’action : pour l’accompagnement individuel le dispositif fonctionne en entrées permanentes. Cela signifie que les personnes peuvent entrer dans le dispositif à tout moment. En revanche les sorties ont lieu au 31/12. Pour l’accompagnement collectif, le dispositif fonctionne en entrées et sorties permanentes. Cela signifie que les personnes peuvent entrer et sortir à n’importe quel moment de l’année. Pour l’accompagnement collectif, la durée de l’accompagnement est fixée soit par la formatrice soit par la durée pressentie par les partenaires extérieurs qui orientent.

b) description des modalités d’exécution de l’accom pagnement collectif : La préparation et la conduite des ateliers collectifs : Chaque atelier va être préparé la veille ou avant-veille par l’animatrice : En effet, un atelier « Offres d’emploi et candidatures » doit proposer aux participants des offres d’emploi émanant des S.I.A.E, du Pôle Emploi, des agences intérim et d’autres annonceurs. Ces offres doivent correspondre aux profils des participants lorsque c’est possible. Internet est le principal vecteur de ces offres mais pas seulement. Prises de contact direct avec des structures susceptibles d’offrir des postes conjointement avec la référente en accompagnement individuel. Les personnes orientées en atelier emploi sont en grande majorité bénéficiaires du RSA (95 %), ce qui implique une situation financière extrêmement difficile. Celles qui sont bénéficiaires des Assédic le sont au titre de l’ASS, c'est-à-dire l’Allocation Spécifique de Solidarité, dont le montant est égal à celui du RSA. Toutes ces personnes sont inscrites en tant que demandeur d’emploi Dans les faits, il n’est pas rare qu’elles soient au chômage depuis plus de 2 ans. Les ateliers « Droit du travail » sont une veille qui permet aux participants de garder un lien avec le monde du salariat par le biais des droits et des devoirs des employés et employeurs. Cela nécessite pour l’animatrice de rechercher des informations actuelles mais aussi de trouver les réponses à des questions posées dans les ateliers précédents : « Qu’est ce que la rupture conventionnelle du contrat de travail ? » ou « Les bénéficiaires de contrat aidé bénéficient-ils des conventions collectives ? ».La présence croissante de bénéficiaires du RSA auto entrepreneurs nécessite également pour l’animatrice de s’intéresser de près à cette nouveauté et à ses particularismes. Là encore, un travail en amont est nécessaire afin de prendre en compte ces évolutions.

Page 46: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

46

Les ateliers « Information logement » requièrent également une préparation : relever les petites annonces des particuliers sur support journal ou Internet ; ces dernières doivent correspondre au profil économique des participants. Mise en place d’exercices dont l’objectif est d’apprendre à décrypter les petites annonces, d’appeler un propriétaire et savoir se présenter, poser des questions et décrocher une visite. Essentiellement tournés vers l’information, les ateliers logement accueillent des personnes sans domicile fixe pour l’essentiel mais également des personnes souhaitant changer de logement. Orientées par les référents d’Antenne ou par les partenaires, ces personnes sont présentes à 1 ou 2 ateliers le temps de concrétiser une demande de logement en HLM ou une inscription aux réunions collectives du BAL, partenaire essentiel sur le parc privé. Des courriers sont également écrits à la demande des participants : de plus en plus de nuisances entre voisins ne sont pas prises en compte par les bailleurs sociaux. Las de réclamer oralement une prise en compte de leur problème, les personnes présentes en atelier logement souhaitent que nous les aidions à écrire des lettres qui seront peut-être prises en compte.La prévention des impayés et le savoir-habiter sont aujourd’hui des thèmes incontournables des ateliers logement. Un atelier « Santé » consacré, par exemple, aux addictions, nécessite également de la préparation, de la recherche de documentation qui sera mise à disposition des participants. Un atelier « Internet » : La salle informatique des ateliers de redynamisation peut accueillir jusqu’à 6 personnes. Les personnes orientées débutent dans l’utilisation des TIC et cet apprentissage va leur permettre de ne pas subir la fracture technologique qui s’est peu à peu installée entre deux mondes, celui du tout informatisé et celui de la stricte relation humaine. De nos jours, il paraît improbable que des demandeurs d’emploi ne soient pas en mesure de rechercher des offres, de posséder une adresse email et d’envoyer des candidatures. Pourtant la réalité est tout autre : le tout technologique ne va pas de soi. On ne naît pas utilisateur d’Internet et on ne s’improvise pas secrétaire maîtrisant les logiciels de traitement de texte. Cela s’apprend et il est nécessaire de s’approprier les codes nécessaires à la compréhension du monde des nouvelles technologies. Fragilisées par une situation sociale et/ou professionnelle difficile, les personnes accueillies en atelier de redynamisation supportent mal l’exclusion technologique qui vient s’ajouter à celle, plus générale, de l’exclusion économique. Cet atelier permet aux personnes de débuter un apprentissage informatique qui va les encourager à utiliser plus fréquemment cet outil. Pour ce qui est de la conduite des ateliers : ces derniers se déroulent au 7, rue Déserte dans une salle dédiée, entièrement équipée. Les séances durent 2h30 et sont découpées comme suit :

- L’accueil des participants au 9, rue Déserte puis ouverture du 7

- L’installation de ces derniers et signature d’une feuille de présences

- Un tour de table et questions diverses, prise de notes par l’animatrice d’informations relatives aux participants, présentation des nouveaux

- Le sujet du jour (emploi, logement ou santé) présenté par l’animatrice ou co-présenté avec collègue ou intervenant extérieur

- Une pause de 5 mn

- Reprise de l’atelier

- Fin de la séance et départ des participants

La rédaction des bilans d’entretien et mise à jour administrative des dossiers : si l’action collective ne permet pas la tenue de dossiers individuels en raison de l’aspect commun de l’action (pas de rencontre en dehors des ateliers), l’animatrice utilise le même tableau de suivi statistique que sa collègue référent emploi. Elle y recueille les données essentielles nécessaires à la production, en fin d’année, des tableaux FSE D1 et D2. Les personnes bénéficiant des deux accompagnements, individuel et collectif, possèdent un dossier mis à jour par la référente emploi. La formatrice des ateliers collectifs met également à jour un tableau statistique à destination du Conseil Général du Bas-Rhin, co-financeur de l’action collective.

Page 47: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

47

Les réunions de service et reprise de pratique : sont les mêmes que celles auxquelles participent l’ensemble des services d’Antenne Gare et dont le contenu est développé plus haut. S’agissant des modalités de suivi des participants : Le suivi s’effectue via le tableau des données statistiques créé par nos services et mis à jour régulièrement. Toutes les données : typologie du public, ressources, niveaux scolaires, problématiques, orientations vers d’autres partenaires, sorties, etc… sont saisies afin de permettre un suivi statistique des 51 personnes accueillies en collectif (hors participants fréquentant les 2 dispositifs). Les pièces justifiant de la présence effective des participants aux ateliers sont les fiches de présence sur lesquelles les noms, prénoms, âge, sexe et émargement sont présents. S’agissant du calendrier de l’action : Comme souligné plus haut, l’accompagnement collectif, dont le cahier des charges est fixé par le Conseil Général, se déroule en entrée/sortie permanente. Bien que nous réalisions des bilans annuels sur la période du 1er janvier au 31 décembre de l’année concernée, les personnes présentes en année N-1 peuvent tout à fait se présenter l’année suivante, même si elles ont travaillé en intérim et qu’elles apparaissent en sortie positive. En effet, le public accueilli par Antenne, extrêmement fragilisé parfois, ne peut pas se voir appliquer les mêmes règles qu’un dispositif accueillant des demandeurs d’emploi cadres ou nouvellement demandeurs d’emploi. De plus, le collectif accueille des personnes autour des thèmes du logement, de l’emploi et de la santé. Une personne ayant travaillé en N-1 est peut être toujours sans domicile fixe l’année suivante et souffrant d’addiction. Lui refuser de continuer à fréquenter les ateliers de redynamisation serait un non sens. c) Réalisations constatées L’ACIRE étant une action d’assistance aux personnes, rappelons dans un premier temps ses caractéristiques. Antenne accueille un public adulte en situation d’exclusion et d’errance ainsi que des sortants de prison. Le public est majoritairement masculin. Son niveau de qualification est faible. Ces personnes sont isolées, célibataires ou séparées, sans emploi et sans domicile fixe. L’exclusion présentée par ce public débute souvent dès l’enfance. Les personnes n’ont pu être scolarisées dans de bonnes conditions. Elles présentent ensuite une exclusion liée à l’emploi et à la société en général (famille, santé, logement). Les personnes bénéficiaires de L’ACIRE ont légèrement avancé dans leur parcours. Pour prétendre au travail elles ont au moins un toit sur la tête, que ce soit le leur ou un hébergement temporaire, elles savent où dormir si elles venaient à trouver un emploi. Elles peuvent se doucher et se nourrir. A partir de là, nous pouvons effectivement débuter un travail d’accompagnement emploi. Et tout débute par une évaluation : au regard de quels indicateurs les personnes accompagnées sont-elles en situation d’exclusion ? Le premier indicateur est celui des habiletés sociales ou compétences relationnelles. Ce sont les capacités d’adaptation sociale, la connaissance des règles du jeu relationnel, l’adhésion à un « état d’esprit », à une culture, à un projet, à des valeurs partagées dans l’organisation. Parmi les savoir-faire sociaux, on classe : les comportements sociaux et professionnels à savoir l’implication, la résistance au stress, la capacité d’adaptation. Ce sont aussi les attitudes relationnelles et de communication, à savoir : l’écoute, la coopération, la négociation. Ce sont aussi les attitudes éthiques telles que l’honnêteté intellectuelle, le respect. La manifestation d’attitudes ou de comportements adaptés aux situations est un indicateur vis-à-vis duquel les personnes que j’accompagne se retrouvent exclues. En effet, beaucoup n’ont pas cette culture ce qui est un frein à une insertion durable. Le second indicateur est celui du savoir-faire. Ils sont relatifs à la capacité à exécuter un travail c'est-à-dire je suis capable de me servir de, d’exécuter, d’organiser… Par exemple : je suis capable de démonter le moteur. Parlons ici de la qualification. Nombre de personnes accompagnées n’ont pas de qualification, ni de formation professionnelle. Premier endroit dans lequel elles auraient pu acquérir un savoir-faire. Ce manque est un phénomène d’exclusion vis-à-vis des actifs qui, très souvent, possèdent une qualification.

Page 48: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

48

Tableau D1 - Indicateurs de réalisation : caractéri stiques des participants

Total Total dont femmes Total dont femmes Total dont femmes Total dont femmes

A B C D E F G H I

80 22 70 64 28

hommes 50 12 46 41 17

femmes 30 10 24 23 11

80 22 10 70 24 64 23 28 11

Actifs non indépendants (salariés) 4 3 2 2 0 3 1 2 1

Actifs indépendants (artisans, commerçants, entrepreneurs, artistes …)

0 0 0 1 1 1 1 0 0

Chômeurs (hors longue durée) 38 4 3 12 3 12 4 4 2

Chômeurs de longue durée (inscrits depuis plus de 12 mois)

38 15 5 55 20 48 17 22 8

Inactifs (hors "en formation") scolaires, retraités 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Inactifs en formation 0 0 0 0 0 0 0 0 0

80 22 10 70 24 64 23 28 11

Participants de moins de 15 ans 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Participants de 15 à 24 ans 0 0 0 3 2 3 2 0 0

Participants de 25 à 44 ans 30 11 5 37 10 34 11 14 4

Participants de 45 à 54 ans 30 8 5 26 11 22 9 12 7

Participants de 55 à 64 ans 20 3 0 4 1 5 1 2 0

Participants de 65 ans et plus 0 0 0 0 0 0 0 0 0

80 22 10 70 24 64 23 28 11

Migrants (nés de nationalité non-française à l'étranger, résidant en France)

10 3 3 18 7 14 7 7 3

Minorités 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Personnes handicapées 10 0 0 1 1 1 1 0 0

Autres personnes défavorisées 60 19 7 51 16 49 15 21 8

80 22 10 70 24 64 23 28 11

Niveau VI (6e à 4e ou formation préprofessionnelle de 1 an)

30 12 5 29 9 27 9 14 5

Niveau Vbis (3e ou 4e-3e techno. ou < terminale de 2nd cycles courts professionnels)

30 4 2 19 8 17 8 6 2

Niveau V (abandon avant terminale, terminale de 2nds cycles courts pro.)

20 2 0 10 2 9 2 3 0

Niveau IV (classe terminale, abandon post bac (niveau Bac)

0 3 3 7 3 8 4 2 2

Niveau III (diplôme bac +2) 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Niveaux II et I (diplôme supérieur au bac + 2) 0 1 0 5 2 3 0 3 2

80 22 10 70 24 64 23 28 11

Agriculteurs exploitants 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Artisans - Commerçants - Chefs d'entreprises 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Cadres et prof. intellectuelles supérieures 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Professions intermédiaires 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Employés 4 3 2 1 0 3 1 1 1

Ouvriers 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Retraités 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Autres personnes sans activité professionnelle 76 19 8 69 24 61 22 27 10

80 22 10 70 24 64 23 28 11

Bénéficiaires minima sociaux 76 18 7 57 20 52 19 23 8

Participants bénéficiant d'un contrat aidé 4 4 3 2 2 3 2 3 3

Jeunes de 16 à 25 ans révolus - total 0 0 0 1 1 1 1 0 0

Jeunes de 16 à 25 ans révolus - résidant en ZUS 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Jeunes de 16 à 25 ans révolus - handicapés 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Autre caractéristique, à préciser : Sortant prison 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Autre caractéristique, à préciser : SDF 0 0 0 7 1 6 1 1 0

Autre caractéristique, à préciser : Problèmes lourds de santé

0 0 0 3 0 2 0 1 0

I = C + E - G

Ligne 2 - Statut sur le marché de l'emploiLigne 2 - Statut sur le marché de l'emploiLigne 2 - Statut sur le marché de l'emploiLigne 2 - Statut sur le marché de l'emploi

dont

Ligne 1 - Total participantsLigne 1 - Total participantsLigne 1 - Total participantsLigne 1 - Total participants

dont

nombre de participants

prévisionnel pour la période d'exécution considérée (tranche

annuelle)

Report des participants de l'année précédente, le cas

échéant

Entrées nouvelles enregistrées, au titre de la

période d'exécution considérée

Sorties enregistrées,au titre de la période

d'exécution considérée

Nombre de participants à l'action au moment de la

production du bilan

H = B + D - F

dont

Ligne 6 - Professions et catégories socioprofessionnelles Ligne 6 - Professions et catégories socioprofessionnelles Ligne 6 - Professions et catégories socioprofessionnelles Ligne 6 - Professions et catégories socioprofessionnelles

dont

Ligne 7 - Autres caractéristiquesLigne 7 - Autres caractéristiquesLigne 7 - Autres caractéristiquesLigne 7 - Autres caractéristiques

Ligne 5 - Niveau d'instructionLigne 5 - Niveau d'instructionLigne 5 - Niveau d'instructionLigne 5 - Niveau d'instruction

dont

Ligne 3 - Tranche d'âgeLigne 3 - Tranche d'âgeLigne 3 - Tranche d'âgeLigne 3 - Tranche d'âge

dont

Ligne 4 - Groupes vulnérablesLigne 4 - Groupes vulnérablesLigne 4 - Groupes vulnérablesLigne 4 - Groupes vulnérables

dont

Page 49: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

49

Nombrede sorties

En %dont

femmesEn %

Nombrede sorties

En %dont

femmesEn %

Total des participants (rappel tableau 1 - ligne 1)Total des participants (rappel tableau 1 - ligne 1)Total des participants (rappel tableau 1 - ligne 1)Total des participants (rappel tableau 1 - ligne 1) 80808080 30303030 64646464 23232323

Création d'activité 0 0 0 0 1 4 1 14

Accès à un emploi temporaire ou saisonnier (inférieur à 6 mois) 2 10 1 13 8 33 2 29

Accès à un contrat aidé 4 20 2 25 14 58 4 57

Accès à un emploi durable (plus de 6 mois) 3 15 1 13 0 0 0 0

Accès à une formation qualifiante 3 15 1 13 1 4 0 0

Formation certifiée 6 30 2 25 0 0 0 0

Accès à une procédure de VAE 0 0 0 0 0 0 0 0

Retour en formation scolaire (après une rupture) 0 0 0 0 0 0 0 0

Autres types de sorties positives (de nature non précisée) 2 10 1 13 0 0 0 0

Total des sorties " positives " 20 100 8 100 24 100 7 100

Ruptures / abandons 30 50 11 50 18 45 8 50

Autres sorties (de nature indéterminée) 30 50 11 50 22 55 8 50

Total des "autres sorties" 60 100 22 100 40 100 16 100

Tableau D2 - Situation des participants à l'issue de l'opération - types de sorties

Prévisionnel 2012 Réalisé au cours de la période d'exécution

� La coordination opérationnelle : Le suivi de l’opération s’opère en un bilan annuel. Des entretiens téléphoniques réguliers sont menés entre Antenne et le Conseil Général du Bas-Rhin, service instructeur. Les deux référents de l’ACIRE se sont fixé comme objectif depuis 2011 de développer le partenariat avec les structures extérieures. De nouveaux partenariats ont vu le jour et permettent aujourd’hui des orientations facilitées.

Avec qui (fonction, organisation, service, etc.) ?

A quel(s) sujet(s) ? pour faire quoi ?

Avec les SIAE :

Partenaires incontournables, les Structures d’Insertion par l’Activité Economique proposent des contrats aidés CUI. Destinés à un public éloigné de l’emploi ces contrats sont censés permettre un droit à l’erreur, une seconde chance.

Avec Le RESI :

Le Relais Emploi Santé Insertion est le partenaire vers lequel nous orientons les personnes présentant des problèmes de santé. Un médecin généraliste reçoit ces personnes et émet un avis quant au projet professionnel de la personne.

Le Bureau d’Accès au Logement :

Pour les personnes qui mettent en avant le logement comme condition essentielle pour envisager un accès à l’emploi. Notre logique de travail vise à entendre les freins de l’accès à l’emploi et d’y répondre en proposant un lien vers le partenaire le plus approprié.

Avec les Centre Médico-sociaux

Le plus souvent il s’agit d’entretenir des relations partenariales avec le CMS Kageneck, le CMS Schoepflin et le CMS Belin. Pour cela, la référente emploi et l’animatrice Inform’action assurent une présence aux réunions mensuelles des partenaires de l’insertion par exemple. Il s’agit aussi de présenter aux professionnels de ces structures l’ACIRE et les modalités d’orientation.

Avec la résidence Adoma des Berges de l’Ain

Les référentes de l’ACIRE ont pris l’initiative de créer un partenariat avec les Berges de l’Ain ayant pour finalité d’ouvrir les accompagnements emploi d’Antenne aux résidents de cette structure.

Page 50: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

50

Les autres partenaires 2012 :

- Association Antenne (tous services),

- Horizon Amitié (service RSAvenir),

- Le C.C.A.S. de la Ville de Strasbourg,

- Les Centres Médico-sociaux de Strasbourg,

- UTAMS,

- Foyer Millot,

- C.E.F.R.

- VETIS

- Entraide Le Relais

- Association Parenthèse

- CPCV-Est

- AAHJ

- MLPE de Schiltigheim

- GERMA AI

- Pôle Emploi Pont Mathis

� Dispositions prises pour assurer la publicité du fi nancement communautaire Pour répondre à l’obligation de communication autour du FSE de nombreuses affiches sont présentes dans les locaux d’Antenne. En plus de cette communication visuelle, une communication orale est faite lors de chaque entretien évaluation. Suite à cela, pour L’ACIRE, le contrat d’engagement signé par chaque bénéficiaire et les feuilles d’émargements ont été réajustées en 2010 pour être conformes avec les nouvelles obligations de publicité. En 2012 cette dynamique a été poursuivie car chaque bénéficiaire de l’ACIRE a bénéficié d’une présentation orale autour du FSE, matérialisée par les signatures sur les feuilles de présence. Une plaquette de communication pour l’ACIRE est utilisée par la référente emploi pour faciliter d’une part, la compréhension des possibilités du service ACIRE et d’autre part pour faciliter la communication visuelle autour du Fonds Social Européen. De plus, nous avons mis en place une communication informatique en introduisant les logos du FSE et la mention « L’ACIRE au sein d’Antenne est possible grâce au soutien du FSE ».

� Modalités de prise en compte de l'égalité entre les hommes et les femmes Chaque année, l’écart entre les hommes et les femmes reçues en individuel et en collectif se réduit. Toutefois, notre public s’avère être majoritairement masculin, c’est pourquoi les hommes restent les plus représentés. Au niveau du collectif, 3 séquences sur l’égalité sont programmées par an.

B. Analyse des résultats obtenus � L’accompagnement individuel : En 2012 l'accompagnement individuel a permis à 23 personnes d’accéder à 25 contrats de travail ou de formation. On compte 6 emplois de plus de 6 mois, 16 emplois temporaires ou saisonniers, 1 accès à une formation longue qualifiante, 1 création d'activité, 1 formation non qualifiante. Parmi les 23 personnes qui ont trouvé un emploi ou une formation 18 étaient des chômeurs de longue durée (+ de 12 mois) et 13 sont SDF. Certaines personnes cumulent d'autres difficultés : illettrisme total, addictions, âge (un monsieur de 60 ans), mauvaise pratique du français, problèmes importants de santé... Au vu du contexte économique actuel et des freins à l'emploi qu'ont dû surmonter ces personnes pour accéder à un emploi ou à une formation, on peut estimer que le résultat de l'action est positif et que les objectifs ont été atteints.

Page 51: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

51

� L’accompagnement collectif :

10 personnes ont accédé à un emploi et/ou une forma tion durant cette période :

� 2 personnes ont débuté un contrat aidé de 6 mois, renouvelé une fois,

� 1 personne a débuté un contrat aidé de 6 mois,

� 1 personne a débuté des contrats mandatés d’aide à domicile ainsi qu’un module de formation d’AVD,

� 4 personnes ont débuté un contrat CUI 7 heures

� 1 personne a effectué un CDD de 2 mois

� 1 personne a débuté une prestation « Femmes seniors » à Retravailler67 et CIDFF qui se poursuivra en 2013

� Commentaire pour l’accompagnement individuel : Des dispositifs pour nos publics : Contrats CUI 7 heures : Cette année un nouveau dispositif a été mis en place par le Conseil Général du Bas-Rhin et a permis à 6 personnes accompagnées à Antenne de trouver un emploi. Il s'agit des contrats CUI 7h. Cette nouvelle forme de contrat aidé a pour objectif d’offrir de nouvelles opportunités d’insertion aux personnes les plus éloignées de l’emploi et pour lesquelles un emploi de droit commun ou un contrat aidé de vingt heures ou plus par semaine ne sont pas adaptés, eu égard à leurs difficultés et à leur éloignement de l’emploi. Ces CUI 7 h représentent des outils d’insertion supplémentaires que peuvent mobiliser les conseils généraux volontaires (17 départements en France) pour les bénéficiaires du RSA, soumis aux droits et devoirs, orientés en insertion sociale ou socioprofessionnelle, afin de favoriser leur accès ultérieur à des contrats aidés d’au moins vingt heures par semaine ou à des emplois de droit commun. La personne en contrat CUI 7h bénéficie d'un tuteur externe (le référent social ou professionnel qui l'a orienté) et d'un tuteur interne désigné dans la structure qui l’emploie. Une rencontre tripartite est effectuée au début du contrat puis au bout de 3 mois et un bilan est rédigé à la fin. Des documents faisant le point sur toutes les difficultés ressenties ou sur tous les progrès réalisés sont à remplir par les 3 personnes. Cette procédure est un peu lourde mais a été nécessaire dans le cadre de l'expérimentation du dispositif en cours. Un premier recrutement a eu lieu au printemps pour des postes disponibles au sein du Conseil Général du Bas-Rhin. Des candidats ont été préparés dans le cadre des activités de l'ACIRE et présentés. Deux personnes ont été retenues : une personne a pu obtenir un poste d'agent administratif d'une durée de 6 mois. Une autre personne a obtenu un poste de jardinier d'intérieur dans les locaux du Conseil Général. Ce contrat de 6 mois a ensuite été prolongé de 6 mois mais la personne en a démissionné car elle a trouvé en octobre un CDDI de 20h par semaine en tant qu'agent d'entretien des espaces vert à la Régie des Ecrivains. C'est un exemple encourageant de résultat positif possible grâce à ce nouveau dispositif, en effet ce monsieur n'était pas encore prêt à assumer un contrat de 20h au départ mais le CUI 7h lui a permis de reprendre confiance en lui et a réellement servi de tremplin pour l'emploi suivant. Un deuxième recrutement a eu lieu en novembre. La ville de Strasbourg a démarré un chantier de rénovation des bancs publics de la ville et a confié la réalisation de cette tâche à l'entreprise d'insertion Les jardins de la Montagne Verte. C'est dans ce cadre que ceux-ci ont procédé au recrutement de plusieurs personnes en CUI 7h.

Page 52: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

52

4 personnes qui bénéficiaient d'un accompagnement individuel chez Antenne ont été retenues pour ces postes. Un travail important de préparation à l'entretien d'embauche a été effectué ainsi qu'un accompagnement soutenu à la prise de poste. Les personnes recrutées sont toutes des personnes vraiment très éloignées de l'emploi depuis de longues années et ayant des freins à l'emploi très importants (addiction, problèmes de santé...). Financement APRE : Un autre dispositif a été utilisé cette année il s'agit de l'Aide Personnalisée de Retour à l’Emploi (APRE). Ce financement est prévu pour lever des freins financiers à la reprise de poste ou pour le financement de formations. Il a été utilisé notamment dans le cadre des embauches en CUI 7h aux Jardins de la Montagne verte. En effet, pour pouvoir exercer, les personnes avaient besoin d'acheter des chaussures de sécurité et des vêtements de travail et pour certaines un vélo. Des demandes de financement APRE ont été faites. Après avoir expliqué aux personnes la démarche à faire, elles sont allées faire faire des devis dans des magasins puis les ont apportés à la conseillère emploi et un dossier de demande de financement a été rédigé. Les demandes ont toutes été acceptées et les personnes ont rapporté ensuite les factures qui servent de justificatifs. Ce dispositif a aussi été sollicité et obtenu pour le financement du permis de conduire de deux personnes et pour le financement d'une formation professionnelle. Les demandes d'APRE doivent être remplies normalement uniquement par le référent RSA des personnes. La conseillère emploi de Antenne n'est pas référente RSA, mais puisque ces financements concernent l’accès à l'emploi ou à la formation et que les personnes concernées avaient l'habitude de travailler avec elle sur ces thèmes, ces demandes ont été préparées dans le cadre du suivi individuel puis signés par la suite par les référents RSA (internes ou dépendants des CMS). � Commentaire pour l’accompagnement collectif : Rappelons ici que l’emploi n’est pas le seul objectif des ateliers de redynamisation. Les personnes orientées le sont pour être remobilisées dans leurs démarches quotidiennes (logement, santé, emploi) et pour y trouver le lien social qui leur fait parfois défaut. Certaines personnes présentes régulièrement avouent qu’elles ne sauraient où aller si les ateliers n’étaient pas programmés. Les ateliers emploi : des personnes peu qualifiées et demandeurs d’emploi de longue durée pour 2/3 d’entre elles Les personnes orientées en atelier emploi sont en grande majorité bénéficiaires du RSA ,ce qui implique une situation financière extrêmement dificile et ayant un rapport au marché de l’emploi parfois en décalage avec la réalité socioéconomique. La majorité des personnes sont inscrites en tant que demandeur d’emploi. Dans les faits, il n’est pas rare qu’elles soient au chômage depuis plus de 2 ans. Une nouvelle population a fait son apparition dans les ateliers collectifs : les personnes âgées de plus de 50 ans. Elles sont DE de longue durée et ne sont pas à leur première orientation en matière de dispositif emploi. Ces personnes « tournent » de structure en structure, entre l’individuel et le collectif, faute d’une véritable politique de retour à l’emploi des seniors. Elles s’épuisent et ne croient plus vraiment à leur chance de retrouver une activité répondant à leurs attentes. Le profil professionnel de ces personnes est clairsemé et elles sont peu qualifiées ; les métiers qu’elles exerçaient ont évolué et elles ne sont plus en capacité de satisfaire les exigences des employeurs, tant en termes de compétences qu’en termes de connaissances générales de l’entreprise d’aujourd’hui.

Page 53: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

53

La hausse du chômage en France en 2012 a frappé de plein fouet nos publics : 285 000 demandeurs d’emploi sans activité sont venus s’ajouter. Les seniors ont été fortement touchés par le chômage cette année : + 17 % sur un an ; près de 700 000 d’entre eux sont sans aucune activité et au chômage en fin d’année 2012. Dans ce contexte particulier de destruction d’emploi, les seniors éprouvent des difficultés à retrouver une place dans l’entreprise. Si ailleurs en Europe, les seniors sont également touchés par le chômage, la France se distingue par son « jeunisme » professionnel. Après 50 ans, une personne sans emploi doit affronter les préjugés qui touchent cette catégorie de la population active. Cette année, on peut noter cependant un intérêt accru pour le thème de l’emploi, tant de la part des partenaires que des participants. Les ateliers consacrés à l’emploi connaissent un succès croissant qui s’explique, bien entendu en partie, par le marasme qui touche le marché du travail en France. Nous accueillons des personnes qui sont les moins « courtisées » par les entreprises et qui sont les plus touchées par la crise économique et sociale. Si le marché de l’emploi est devenu très exigeant, compte tenu du nombre élevé de demandeurs d’emploi, ces derniers ne souhaitent plus travailler à n’importe quelles conditions non plus. Cette double exigence entraîne une sorte de fin de non recevoir de part et d’autre qui se traduit par des offres non pourvues et par des demandeurs d’emplois qui le restent. Les ateliers emploi prennent tout leur sens dans ces difficultés qu’éprouvent les usagers à se situer dans un marché de l’emploi mouvant et peu sûr. Ainsi, la recherche d’emploi est un facteur supplémentaire d’incertitudes et d’instabilité. Au-delà des consultations d’offres d’emploi, l’atelier permet également aux usagers de comprendre des tenants et les aboutissants du travail, ses exigences et ses modalités. L’organisation interne : un point essentiel à la ré ussite des parcours Un autre point qui contribue grandement au placement des personnes en emploi est l'organisation interne du site Antenne gare. En effet le fait qu'il y ait dans un même lieu plusieurs acteurs de l'accompagnement ayant chacun une spécialité (référent RSA, psychologue, CESF, conseillère en insertion professionnelle, responsables d'ateliers de redynamisation, 7 à dire, ERI...) rend possible une collaboration unique et intéressante qui permet une synergie très utile pour le suivi des personnes. Par exemple : une personne accompagnée va dire à son référent RSA qu'elle a des problèmes de logement, d'addiction ou d'endettement, cette information peut être utile à connaître pour le conseiller emploi qui pourra inciter la personne à réfléchir de façon plus pertinente pour trouver la meilleure façon d'adapter son projet professionnel en fonction de l'urgence ou de la difficulté de la situation. A l'inverse le conseiller emploi peut remarquer des freins à la recherche d'emploi que la personne n'a peut-être pas osé exprimer devant son référent RSA et cela peut être utile au référent d'avoir cette information pour pouvoir affiner le suivi social. Les retours de vécus lors des ateliers de redynamisation, 7 à dire ou ERI peuvent aussi aider à l'amélioration du suivi individuel social ou professionnel. Bien entendu ces échanges doivent se faire en respectant les choix de confidentialité des personnes accompagnées. Il est aussi très intéressant de pouvoir orienter en interne vers la psychologue les personnes le désirant car peu de personnes auraient fait cette démarche de recherche d'aide vers un psychologue extérieur. Une bonne collaboration entre tous les acteurs en interne est primordiale. C'est un atout et une chance pour l'association et pour les personnes suivies de pouvoir profiter de cette possibilité d'avoir dans une même structure des professionnels ayant diverses spécialisations complémentaires.

Page 54: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

54

4. L’Atelier 7 à Dire « C’est assez drôle les rêves, des fois, on s’en va loin loin, on cherche des fois des idylles, et puis hélas tout se tourne, ma foi comment je pourrais dire moi, normal, parce que le matin on se lève et on reprend la tâche de la journée et voilà ».

Maria Piednoir, une boulangère de la rue Daguerre à Paris, Agnès Varda « Daguerréotypes », 1975. Un écho du passé… Créés en 2010, les « Ateliers « 7 à dire » se proposent en sept séances de sensibiliser les participants aux savoir-être en jeux dans les situations de travail. L’idée avait pour origine le constat fait, à Antenne comme ailleurs, que certaines personnes quittaient brutalement l’emploi qu’elles venaient pourtant de décrocher au prix de plusieurs mois voire plusieurs années de recherche. Tensions entre collègues et vis-à-vis de l’équipe dirigeante, non compréhension du cadre de travail, transition période de chômage-reprise d’un emploi vécue de façon trop brutale faisaient que les personnes ne tenaient que peu de temps en emploi et se voyaient soit notifier un arrêt de la période d’essai, soit quittaient elle-même le poste. Interrogées sur les faits les ayant conduit à un arrêt brutal et définitif de ce contrat de travail, les personnes citaient alors spontanément un sentiment de malaise face à un monde du travail que l’on ne comprenait pas ou plus, des altercations parfois violentes voire des bagarres…. La phase d’enquêtes précédant l’atelier expérimental avait, quant à elle, fait apparaître que les entreprises devenaient de plus en plus sensibles aux questions de savoir-être au moment des recrutements, y compris les entreprises d’insertion. A titre d’exemple, l’une d’entre elles citait des comportements susceptibles de dénoter une personnalité….difficile à gérer : décolleté prononcé pour les femmes, casquette pour les hommes. Que l’on ne se méprenne cependant pas sur les motivations de ces entreprises d’insertion soumises à des contraintes fortes et devant par exemple générer de 10 à 25 % de leur chiffre d’affaire en autofinancement…D’abord envisagées comme devant aider les personnes les plus éloignées de l’emploi, l’entreprise d’insertion d’aujourd’hui se doit ainsi de recruter des personnes pas trop éloignées de l’emploi ne mettant pas en péril sa survie financière par des comportements inadaptés venant perturber le bon déroulement des tâches, la coordination des membres de l’équipe… C’est pour eux qu’avait été construit « 7 à dire », car, ne nous le cachons pas, le groupe expérimental n’était composé que d’hommes…Coups de pelles données sur la tête du patron, violences verbales et physiques entre collègues, portes claquées, le décor était planté, nous incitant alors à penser qu’Antenne avait vu juste sur la nature du public cible pressenti pour l’atelier. Et une explication aussi, déjà mentionnée dans d’autres rapports d’activité, mais qui venait alors donner un sens à tous ces actes violents : avant on respectait le patron car il avait, comme ses salariés, un C.A.P…..C’est à force de travail, de compétences et de persévérance qu’il avait gravi un à un les échelons pour devenir d’abord chef d’équipe puis promu patron puisqu’il le méritait. Aujourd’hui, le patron a un bac plus 5 et le dialogue est coupé car lui et ses salariés ne partagent plus le même passé. Puisque l’on n’a plus rien à se dire, ça crie, ça gueule, ça se déchire, ça se bat…Mais au moins ça vit. Les mots de Maria Piednoir viennent ici illustrer l’idée qui sous-tendait alors la genèse des ateliers. Véritable boulangère connue pour ses petites apparitions dans plusieurs films reportages de sa voisine Agnès Varda, elle incarne cette France « d’avant», cette France de l’après guerre qui a pu se faire une place à force de labeur…et vient souligner le mythe fondateur sur lequel nous avions, malgré nous, construit l’atelier. Celui d’un salariat encore porteur d’une idylle perçue aujourd’hui comme rebelle et que nous serions chargés au petit matin de faire abandonner pour reprendre la tâche. Interrogée sur ses rêves de travailleuse, Maria Piednoir nous fait bel et bien entrevoir le passage du rêve… à la normalité…. Témoins de notre époque… Pari tenu ? La France de 2012 ne rêve plus. Les participants à l’ « Atelier 7 à dire » non plus d’ailleurs… Au contraire, du rêve, ils en sont en quête puisque leurs désirs sont parfois secs et arides. Mais, est-ce bien du rêve qu’ils viennent chercher ?

Page 55: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

55

Les partenaires proposant des orientations aux ateliers nous avaient déjà à plusieurs reprises fait part de l’impasse dans laquelle ils se trouvaient. Des personnes ayant besoin de faire le point sur la nécessaire adaptation de leur savoir-être à mobiliser en situation de travail, il en existe...ces personnes ne se reconnaissent cependant pas dans les thématiques abordées par les ateliers car c’est le travail qui a un problème….Il s’agirait donc de changer le travail… La remarque est judicieuse…mais peu entendable en situation de mutation économique. Ce sont donc d’autres personnes qui sont orientées. Parfois muettes puisqu’ayant perdu l’habitude de parler, parfois seules face à des difficultés de santé ou un drame familial, faisant aussi quelque fois le constat de l’impasse économique et sociale d’une vie sans travail, les personnes rencontrées en 2012 sont en quête de clefs afin de recouvrer une certaine « normalité » incarnée par le travail. Initialement construits pour les personnes pour qui le travail faisait mal, les « Ateliers 7 à dire » se voient de plus en plus proposés à celles et ceux pour qui c’est l’absence du travail qui fait mal. C’est avant tout l’absence de travail qui, au fil du temps, a crée un trou dans le savoir-être et non un savoir-être mal dompté qui serait inadapté aux codes en vigueur dans le travail d’aujourd’hui. Ce sont deux femmes élevant seules leurs enfants, bénéficiaires du R.S.A., ex allocataires de l’Allocation Parent Isolé. Elles ne se connaissent pas, participeront à deux sessions différentes des ateliers et ne se rencontreront donc jamais. Leurs constats sont pourtant les mêmes : élever seule des enfants est à la fois difficile économiquement et personnellement, mais en même temps protège de certaines réalités, celles du travail d’aujourd’hui par exemple. On se sent coupé du monde, on doute de son potentiel et de ses capacités à reprendre une activité. On se sent rouiller. On se questionne aussi, beaucoup, mais seule : comment s’y prendre, par quel bout commencer… le travail veut-il encore de moi ? Ces deux jeunes femmes trouveront des prolongements à l’« Atelier 7 à dire » en rencontrant la conseillère emploi une fois la session terminée. Lui, c’est Monsieur C. Nous ne sommes pourtant qu’au début de l’automne mais il est déjà paré contre l’hiver comme on part à la guerre. Il participe à l’information collective de la dernière session de l’« Atelier 7 à dire ». Il est en retard et nerveux. Il bégaie : « c’est quoi cet atelier, on m’a dit de venir là, mais je vous assure, j’ai rien compris ». Des retards, il en aura longtemps, puis un jour plus du tout. L’appeler Monsieur Chapka deviendra petit à petit un jeu, de même qu’il arrivera à rire de lui-même en comptant les innombrables sachets de tisane qu’il consomme à lui tout seul au cours de chaque séance. D’autres visages encore, se bousculent ou se confondent, c’est selon, avec la certitude que les situations des personnes rencontrées sur l’« Atelier 7 à Dire » en 2012 sont loin des ateliers-gueuloirs envisagés quelques années plus tôt… 2012… et quelques chiffres. Deux sessions ont été organisées au premier semestre 2012 et une au second semestre, le tout couvrant 21 semaines. Comme déjà constaté en 2011, il semble difficile d’organiser une session dès le début de la rentrée de septembre, les partenaires extérieurs réalisant peu d’orientations à cette période (rentrée chargée, professionnels partant tardivement en congés…). Ces trois sessions ont permis d’accueillir seize participants (douze hommes et quatre femmes), élément qui permet d’affirmer que l’ « Atelier 7 à dire » permet de se centrer réellement sur ce que les personnes amènent au cours des sessions. Les évaluations menées à la fin de chaque session font ressortir que les personnes apprécient avant tout l’agir concret proposé par l’atelier en particulier la mise en situation et la simulation d’entretien d’embauche. S’agissant des bénéfices perçus, les personnes citent spontanément ceux liés à la sphère du travail (apprendre à s’organiser, réfléchir avant d’agir…), mais aussi et surtout à la sphère personnelle : faire partie d’un groupe, prendre la parole, se connaître les uns les autres, se confronter à d’autres et à d’autres situations… « 7 à Dire » se réinvente… En situation d’attente, peu assurés voire timides, le paradoxe réside cependant dans le fait que le contenu de l’atelier n’a quant à lui pas changé. Alternant séquences de sensibilisation (les qualités personnelles attendues et à mobiliser dans le travail, quoi dire et comment dire) et moment de prise d’initiative (mise en situation, simulation d’entretien), le dispositif est également pertinent pour des personnes en manque de confiance.

Page 56: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

56

Doute dans sa capacité à agir, manque d’estime dans sa capacité à être, l’ « Atelier 7 à dire » peut ainsi être envisagé non comme une parenthèse où l’on revisiterait son rapport au travail mais comme un socle ; la confiance en soi et en ses capacités y serait travaillée en filigrane et reviendrait de surcroît. Un arrimage donc, la participation à l’atelier permet avant tout de prendre et reprendre la parole non en parlant de soi mais en faisant parler le travail. C’est ce décentrage bénéfique qui permet à chacun de trouver peu à peu une place au sein du groupe. Se redéployer, se jauger à d’autres voire se juger, autant d’effets qui permettent qu’une demande opérante peu à peu émerge. Il existe cependant bien une demande initiale, elle est simple : trouver du travail. Cette demande ne peut cependant pas être traitée telle quelle par des professionnels et l’atelier va permettre aux personnes de lentement s’approprier les étapes d’un retour à l’emploi. Prise de conscience de ses freins et de ces difficultés, l’animation doit permettre avant tout à s’approprier son potentiel (qualités personnelles) et ses valeurs (que représente le travail pour moi aujourd’hui ?) afin de trouver un appui. Apprendre à recommencer et à se relancer, L’ « Atelier 7 à dire » propose ainsi aujourd’hui à chacun de retrouver une place afin d’accéder ensuite à l’autre et retisser peu à peu le fil de la vie.

Page 57: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

57

5. L’Espace Ressource Insertion

Page 58: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

58

L'E.R.I. en 2012 A. Le projet initial : L’Espace Ressource d’Insertion est ouvert aux personnes sans domicile fixe, sortant d’incarcération, personnes isolées et/ou bénéficiaires du RSA inscrites dans un parcours d’insertion. Ce lieu met à disposition de la documentation, des magazines, des livres, des prospectus, est pourvu d’un espace de prévention, mais aussi d’un accès Internet sur les thématiques emploi, logement, santé. Ces documents sélectionnés viennent compléter l’information donnée par les référents sociaux dans le cadre des parcours d’insertion des bénéficiaires dans le but de permettre aux personnes la mise en application concrète des conseils des référents et de travailler la question de l’autonomie des bénéficiaires. L’autonomie d’après le dictionnaire Larousse: c’est la capacité de quelqu’un à être autonome, à ne pas être dépendant d’autrui, caractère de quelque chose qui fonctionne ou évolue indépendamment d’autre chose. Un professionnel est tout de même présent dans l’espace ressources d’insertion pour aiguiller, conseiller et accompagner les usagers mais de manière à être dans le « faire avec » et non pas dans le « faire à la place de », ce qui n’est donc pas de l’assistanat, mais au contraire stimule l’autonomie des personnes. L’objectif général est l’apprentissage de la recherche autonome qui doit permettre aux personnes d’acquérir des compétences qui serviront dans leur cheminement vers une réinsertion sociale durable et efficace. Par ailleurs l’ERI est un endroit chaleureux et convivial qui favorise ou restaure le lien social entre les personnes et permet de lutter contre l’isolement. Ce projet a mis l’accès à l’autonomie des usagers au centre de son dispositif, afin de permettre aux personnes de reprendre confiance en elles. On pourrait penser au premier abord que pour apporter de l’aide aux personnes en situation précaire, il faudrait faire à leur place mais cette façon de travailler n’est pertinente que sur le court terme et n’aide pas les personnes à acquérir les outils et la démarche qui leur permettent une réinsertion sociale durable et pérenne. Devenir (ou redevenir) autonome est un processus long que les professionnels ne peuvent couvrir au vu des demandes toujours plus importantes auxquelles ils doivent faire face et au temps limité qu’ils détiennent, en période de crise et de gestion de pénurie de réponses. Mettre en place un espace spécialisé dans « l’apprentissage à l’autonomie » permet, d’une part de soulager les travailleurs sociaux, et d’autre part d’aider les bénéficiaires à reprendre confiance en eux et à réapprendre à trouver des solutions par eux-mêmes et pour eux mêmes. C’est repositionner les usagers comme auteurs et acteurs de leur histoire et de leur parcours. B. Les actions effectivement réalisées : La concrétisation du projet a permis de créer un poste de Technicien en Economie Sociale Familiale en alternance et en contrat d’apprentissage. Le contrat d'apprentissage s'adresse aux jeunes de 16 à 26 ans. C'est un contrat de travail à durée déterminée de type particulier qui dure de 1 à 3 ans selon le diplôme ou le titre et le niveau de qualification préparé. Il met en œuvre la pédagogie de l'alternance : l'apprenti se forme en entreprise et au sein d'un établissement dans l'objectif d'obtenir un diplôme ou un titre certifié et une première expérience professionnelle significative (en lien avec le diplôme). Le diplôme concerné étant le brevet de technicien supérieur (BTS) en économie sociale familiale, pour une durée de 2 ans au sein du Centre d’Accueil de l’association Antenne. Une expérience formative enrichissante : « Durant le cours de cette période d’apprentissage en milieu professionnel, ma présence a consisté à mettre en application toute la méthodologie apprise en cours et grâce à une situation professionnelle vécue, et un besoin clairement identifié d’élaborer un projet d’action de conseil, d’animation et de formation. L’objet de ce projet devant se porter sur l’un des domaines de la vie quotidienne tels que la santé, l’alimentation, l’hygiène, l’habitat-logement, le budget ou encore la consommation. Afin que je puisse répondre aux attentes de ma formation ainsi que celle de l’association m’accueillant, M. Metz, chef de service et maitre d’apprentissage, me confia la réalisation d’ateliers collectifs.

Page 59: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

59

Ces ateliers ont été axés sur l’emploi, le logement et la santé tous visant l’autonomie des personnes, des thèmes en accord avec les attentes du public accueilli à Antenne ainsi que celles de la structure de formation. Cette expérience professionnelle m’a permis d’acquérir de nouvelles compétences et à gagner en maturité. D’autre part cela m’a permis d’être confrontée à la réalité du terrain. Ce fut une période très enrichissante, venant confirmer mon souhait de poursuivre ma formation professionnelle en vue de devenir un travailleur social qualifié. »

Laura JULES Les ateliers proposés : Outre les conseils individualisés proposés aux personnes lors des temps d’ouverture de l’E.R.I., il a été proposé aux usagers divers ateliers collectifs en petits groupes sur les thématiques de l’emploi, du logement et de la santé pour aider les personnes à acquérir plus d’information et plus d’autonomie à travers la prise de conscience des démarches à réaliser à partir de l’accès à l’information.

ATELIERS COLLECTIFS ERIATELIERS COLLECTIFS ERIATELIERS COLLECTIFS ERIATELIERS COLLECTIFS ERI

Thème et Intitulé de l’atelier Occurrence Intervenant Thèmes en rapport avec le logement

Entretien de logement et astuce pour bien y vivre 6 ANTENNE Tarification solidaire, gaz, électricité, abonnements, … 8 ANTENNE S’organiser pour classer ses papiers ? 7 ANTENNE Fabrication maison de la lessive 2 ANTENNE Si on visite un appartement que faut-il faire ? 1 ANTENNE Atelier couture, réparation de vêtements 1 ANTENNE

Thèmes en rapport avec l’emploi Le RSA activité 2 ANTENNE Consultation d’offre d’emploi et télé-candidatures 9 ANTENNE Thèmes en rapport avec la santé

Petit déjeuner équilibré et initiation à l’équilibre alimentaire

8 ANTENNE

Prévention sur les addictions 3 ANTENNE Pourquoi mangeons-nous ? 1 ANTENNE Atelier cuisine avec préparation culinaire à prix réduit 2 ANTENNE

Thèmes en rapport avec l’ouverture de l’Espace Ress ource d’Insertion ERI Présentation de L’ERI 1 ANTENNE Ouverture de l’ERI 1 ANTENNE Total des sessions programmées au 31/12/2012

52

De janvier à décembre 2012, 14 thématiques différentes ont été abordées, toutes axées sur les thèmes en lien avec l’emploi, le logement et la santé.

Page 60: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

60

Emploi25%

Logement21%

Santé54%

Emploi

Logement

Santé

Répartition des participants en fonction des thémat iques abordées : Les chiffres laissent apparaître que les ateliers santé ont été les plus fréquentés par les usagers (54% soit plus de la moitié). En effet, vues les difficultés liées à leurs situations précaires, l’accès aux soins est semblable au parcours du combattant, cela malgré la mise en place de dispositifs telle que la Couverture de Maladie Universelle Complémentaire (CMU) offrant aux personnes un accès aux soins gratuit et illimité sans franchise. En effet "Médecin du Monde" estime dans une enquête de 2009 que 10% des médecins et 34% des généralistes refuseraient d'accueillir les bénéficiaires de la CMU, et bien plus tentent de limiter leur « clientèle CMU ». Etre en bonne santé s’apparente donc à avoir les moyens d’accéder aux soins. De ce fait, on peut observer que la plupart des participants ont des problèmes de santé et que très peu ont des suivis médicaux. Cela peut donc expliquer leur intérêt tout particulier porté aux ateliers traitants de cette thématique et l’éclairage apporté sur l’accès à leurs droits aux soins. Par ailleurs les ateliers emploi ont été fréquentés par les usagers à 25%. En effet l’emploi est souvent vu comme la solution aux problèmes, celle qui nous permet d’accéder et même d’être reconnu dans notre société… "Le travail éloigne l'homme de trois grands maux, l'ennui, le vice et le besoin", citation de Voltaire. Mais l’emploi en situation de crise économique est rare et les candidats nombreux, le chômage est quant à lui répandu ce qui ne facilite donc pas la réinsertion des personnes mais au contraire accentue leur précarité et fragilise leur situation. D’autre part, les ateliers abordant le thème du logement ont été occupés à 21% ce qui reflète bien la réalité des publics accueillis. Car dans une société marquée par les représentations il faut pouvoir prétendre à une santé sans faille pour accéder à un emploi et de ce fait pouvoir espérer l’accès au logement. Ce processus peut très vite s’apparenter à un cercle vicieux car sans possibilité d’emploi, la difficulté d’accès au logement est encore plus accentuée, ce qui a des conséquences sur la santé aussi… Ces trois domaines d’action concernent pourtant directement des besoins physiologiques et sont directement liés à la survie des individus. Ils devraient donc être accessibles à tous, mais c’est encore loin d’être acquis, et on peut s’apercevoir qu’un nombre non négligeable de personnes ne peut jouir de leurs droits fondamentaux.

Page 61: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

61

Femmes49%

Hommes51%

Hommes

Femmes

18 - 24 ans2% 25 - 44 ans

26%

45 - 54 ans54%

55 ans et +18%

18 - 24 ans

25 - 44 ans

45 - 54 ans

55 ans et +

Répartition hommes-femmes des participants : Le public est mixte et est composé de pratiquement autant de femmes que d’hommes. Les chiffres montrent que la précarité touche désormais les femmes, majoritairement issues de familles monoparentales. Ce sont très souvent des femmes seules avec un ou plusieurs enfants à charges sans qualification ni emploi, et qui de ce fait se retrouvent très souvent isolées. Les ateliers leur permettent alors de créer ou restaurer le lien social mais aussi de trouver du réconfort et des oreilles attentives auxquelles se confier. De plus partager ses soucis et trouver des solutions en groupe peut s’avérer très positif pour les participants. En ce sens, l’E.R.I. participe à la construction d’une solidarité collective dont on a vu les liens entre participants se poursuivre bien au-delà des sessions proposées. Age des participants :

Page 62: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

62

Personnes en logement

61%

Personnes hébergées en

foyer11%

Personnes hébergées/

SDF28%

Personnes hébergées/SDF

Personnes hébergées enfoyer

Personnes en logement

Les participants sont en majorité quadragénaires et quinquagénaires : 26% des bénéficiaires appartiennent à la tranche des 25 – 44 ans et 54% à la tranche des 45 – 54 ans. Mais on peut observer une hausse non négligeable des 55 ans et plus qui représente tout de même 18% ; ce qui traduit bien les nouvelles difficultés concernant les personnes vieillissantes face à la précarité qui les touchent désormais. On retiendra que ces personnes ont majoritairement connu des périodes d’autonomie dans leur existence. Mais la bascule dans la sphère de la précarité, sur une période parfois longue, les a mis en position de dépendance face aux dispositifs. Cette situation ne peut que nous renvoyer à la notion de précarité dont l’origine latine, « précarius » (ce qui s’obtient par la prière) renvoi de facto à la notion de dépendance (je dépends de …. pour obtenir…). Souvent nous avons observé un phénomène qui ne cesse de nous interroger : le fait que beaucoup de personnes ne pensaient plus être en capacité de ou d’être en droit de, faire telle ou telle démarche sans l’aide d’un référent, vu ou vécu par les bénéficiaires comme un passage obligé pour obtenir ou accéder à un logement, un emploi, etc … Situation au regard du logement : Les données montrent que 61% des participants sont en logement. Mais il y a cependant 39% de personnes sans domicile fixe vivant dans la rue, hébergées par un tiers ou logées dans des logements d’urgence. Un taux qui traduit tout de même les difficultés d’accès aux logements ainsi que la précarité que cela engendre. Des situations de vie très difficiles et pour lesquelles il est compliqué de trouver des solutions durables et pérennes au vu de la pénurie de logement qui touche le pays actuellement, les délais d’attentes d’accès aux logements sociaux qui ne font qu’augmenter, et la hausse considérable du prix de l’immobilier, ce qui ne fait qu’augmenter les difficultés.

Page 63: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

63

Chomeur longue durée (+12 mois)

44%

Personne salariées3%

Chomeur hors longue durée (-12

mois)6%

Benéficiare des minimas sociaux

47%

Personne salariées

Chomeur hors longue durée (-12mois)

Chomeur longue durée (+12mois)

Benéficiare des minimas sociaux

Situation socioprofessionnelle des participants :

Les participants sont majoritairement des bénéficiaires de minimas sociaux (47%) et chômeurs de longue durée (44%) c'est-à-dire sans emploi depuis plus de 12 mois. 3% font l’exception et sont salariés et 6% sont sans emploi depuis moins de 12 mois. Des chiffres qui viennent à nouveau confirmer et expliquer les situations précaires auxquelles les personnes sont confrontées au quotidien. C. Les résultats obtenus Comment mesurer l’accès à l’autonomie d’une personne ? De nombreuses études se sont penchées sur le problème et certains ont été en mesure de proposer des outils de mesure. Cependant il s’agit là bien souvent d’études et d’outils adaptés au champ du handicap ou des personnes âgées. En ce qui nous concerne, nous ne pouvons nous baser pour l’instant que sur l’observation des personnes ("est capable de : …. , à l’issue de sa participation à l’atelier"), et des retours que nous ont faits les bénéficiaires et parfois des référents qui avaient orienté les personnes. Au-delà de l’aspect apprentissage à savoir faire par soi-même, l’E.R.I. a été apprécié par les participants du fait de la dynamique de groupe mise en œuvre et des liens solidaires qu’il a permis de tisser. Dire que tous les usagers qui sont passés par l’E.R.I. sont aujourd’hui autonomes serait mentir. Cependant dire que certains ont pu acquérir un nouveau positionnement dans leur parcours d’insertion, est déjà un début de réponse. Se réapproprier sa place d’auteur et d’acteur de son parcours d’insertion, c’est déjà faire un premier pas vers l’autonomie visée. On retiendra également que les liens solidaires tissés ont amené les participants à moins souvent solliciter leurs référents sociaux et à privilégier l’entraide entre eux. En ce sens, on peut dire que l'E.R.I. remplit la mission qu'il s'est donné.

Page 64: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

64

Page 65: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

65

LE SITE MEINAU

Le C.H.R.S. « L’Antenne Meinau »

Le Service Aménagement de Peines

Le Service Accompagnement Social F.S.L.

3 rue du Général Offenstein – 67100 STRASBOURG Tél. : 03 88 79 42 17

Page 66: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

66

Page 67: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

67

I. LE CENTRE D’HEBERGEMENT ET DE REINSERTION SOCIALE Membres de l’équipe en 2012 :

Directeur Equipe Educative

� Joël DIOCHET 1. Véronique SCHEID 2. Noudjoud GHIRI Secrétariat de Direction 3. Christian MERTZ 4. Marc LEJAY

� Julia PEREZ HAMEL

5. Mickaël GANGLOFF 6. Anaïs JEHL 7. Marie BASTIAN 8. Anne FLORENCE 9. Gregory BALTZER

Stagiaires

� Marie-Ange BOLLET � Mathieu FENECH

« Dire qu’une personne est inadaptée, marginale ou asociale, c’est constater simplement que, dans la société industrielle et urbanisée de la fin du vingtième siècle, cette personne, en raison d’une infirmité physique ou mentale, de son comportement psychologique ou de son absence de formation, est incapable de pourvoir à ses besoins, ou exige des soins constants, ou représente un danger pour autrui, ou se trouve ségréguée soit de son propre fait soit de celui de la collectivité »

R. LENOIR "chaque homme, pour vivre, a besoin d’un projet qui le porte en avant et donne une dimension à son existence, sinon il en découle une absence de futur, le vide et l’inquiétude. ».

Jean-Pierre BOUTINET

A – LE CHRS "ANTENNE MEINAU" EN 2012

1. Présentation Les Centres d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS) sont une catégorie d’établissements sociaux intervenant dans le domaine de l’accueil, de l’hébergement et de la réinsertion sociale et professionnelle de personnes en situation d’exclusion. Les CHRS relèvent de la compétence de l’Etat. La tarification, le financement, le contrôle et le suivi de ces établissements sont assurés par la DDCS et à l’échelon départemental, sous le couvert du Préfet. Le CHRS ‘’Antenne Meinau’’ a été créé à la diligence du Service Pénitentiaire d'Insertion et de Probation (SPIP) de Strasbourg en 1985. Il est géré par l'Association ANTENNE dont le Siège Administratif se situe 9 rue Déserte, à Strasbourg. Le CHRS est un établissement de type éclaté, implanté à une dizaine de minutes à pied du coeur du quartier de la Meinau. Son bureau d'accueil se situe au 3 Rue du Général Offenstein à Strasbourg, à 4 km du centre-ville, sur l'axe nord-sud desservi par le TRAM direction Illkirch (Arrêt Lycée Couffignal). L’aménagement du quartier permet à chacun d'atteindre en quelques minutes le Centre Commercial, le bureau de Poste, la Mairie, la Mission Locale, la Permanence Emploi Adultes. Sur le plan de l'accès aux soins et à la santé, les cabinets d'un généraliste et d'un dentiste sont situés à proximité. Fort de sa mission de lutte contre la pauvreté et l'exclusion par son action d'insertion, le C.H.R.S. est prévu en priorité pour accueillir des hommes et des femmes en détresse sociale, faisant l'objet d'une décision de justice

Page 68: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

68

ou d'une levée d'écrou. Peu importe le cas, les conditions d’accueil doivent d’abord respecter la dignité des personnes sans aucun a priori. Le CHRS ‘’Antenne’’ a dû, depuis quelques années, recevoir un public moins ciblé. Désormais, chaque individu sans logement ayant la volonté de réorienter sa vie sociale et professionnelle a droit à l’aide des personnes compétentes pour son accompagnement et sa nouvelle orientation. Une prise en charge est également possible pour d'autres personnes en situation de précarité, sans domicile fixe, sur signalement d'un service social, conformément à la loi du Droit Au Logement Opposable (DALO). Le Conseil Régional d’Alsace et la Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale (DRJSCS) ont décidé, ensemble, de financer et de piloter un projet ambitieux de co-construction d’un partenariat Sites Qualifiants / Établissements de Formation. Elle participe à l’acquisition de compétences dans chacun des domaines identifiés au sein du référentiel professionnel. Soucieuse de la qualité de l’accueil des stagiaires, du bon déroulement des stages et d’établir un lien de partenariat renforcé avec les centres de formation, l’association Antenne s’est dotée de la qualification « Site Qualifiant » en partenariat avec L’ESTES. Le suivi individuel est assuré par un membre de l’équipe éducative, présent sur le service accueillant le stagiaire sous la responsabilité du Directeur d’établissement. Dans ce cadre, au cours de l’année, deux étudiants de l’ESTES ont effectué un stage de 4 mois au sein de l’établissement

2. Description Le C.H.R.S. gère un parc de six logements CUS HABITAT au sein du quartier de la Meinau. Une maison, située 3 Rue du Général Offenstein, est réservée à l'accueil et au secrétariat. Son dernier étage compte un appartement disponible pour quatre usagers. Les autres appartements, dispersés au sein de la Cité de la Meinau, sont les lieux de vie des résidents.

• Le bureau d’accueil Il est accessible tous les jours ouvrés de 8h à 20h. Des tournées dans les appartements sont effectuées en semaine et le week-end afin de s’assurer qu’il n’y a pas de soucis, de veiller au respect du règlement de fonctionnement, à la propreté des locaux mis à disposition et visant à favoriser le dialogue avec les personnes accueillies. Il est composé d'un bureau de permanence et de plusieurs bureaux destinés aux entretiens, d’une petite cuisine, d'une buanderie et d'une grande pièce dite « d'accueil » destinée entre autres à l'affichage et à l'information (offres d'emploi, accès aux services sociaux, informations etc.) Cette pièce, ouverte à tous, sert essentiellement de lieu d'accueil. Une bibliothèque, une chaîne hifi, et une cafetière sont à la disposition des personnes qui se présentent. On peut à loisir lire, consommer un café, pratiquer diverses activités ou divertissements et organiser d’éventuelles réunions. Une ligne téléphonique est également à la disposition des résidents. Le bureau de permanence est accessible toute la journée. C'est un lieu de passage obligatoire dans le fonctionnement du C.H.R.S. Les résidents peuvent s'y présenter spontanément ou sur rendez-vous fixé par l'éducateur référent. C'est de surcroît un lieu convivial de nature à favoriser les échanges. Un poste téléphonique, un lave-linge et un quotidien y sont à disposition.

• Les appartements De configuration similaire, les appartements, où logent les résidents, sont répartis dans la cité. Ils comprennent 3 ou 4 chambres individuelles meublées, une cuisine équipée, une salle de bains, des sanitaires ainsi qu'un téléphone à service restreint, limité à la réception des appels. Les résidents cohabitent à 3 ou 4 selon le type d’appartement. Outre les clés d'accès à l'immeuble et au logement, chacun détient la clé de sa propre chambre.

Page 69: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

69

Bien entendu, l'équipe éducative est en possession d'un double des clés d'accès à chacune des pièces, nécessaire en cas d'intervention urgente dictée par sa mission ou en vue de toute autre observation dès lors qu’il s’agit d’assumer pleinement sa responsabilité. Chaque résident doit participer financièrement à sa prise en charge, à raison de 10% de ses revenus. Cette participation s'avère toutefois difficile à mettre en place, les revenus des personnes accueillies étant souvent nuls ou très bas, notamment pour les résidents de moins de 25 ans qui ne bénéficient pas du Revenu de Solidarité Active. Dans ces cas de figure, aucune participation n’est demandée. Tout en préservant une certaine indépendance aux intéressés, ce mode d'hébergement « éclaté » contribue à une démarche éducative autour de l'accès à l'autonomie de la personne accueillie. Gérer seul ou avec ses co-résidents la vie quotidienne, permet, autrement que dans un hébergement collectif, de prendre la mesure de ce qu'englobe un logement autonome : entretien, gestion du budget, respect des voisins et des lieux, etc. On observe également parfois des rencontres intéressantes entre les co-résidents, voire de l’émulation positive. Dès son arrivée, chaque résident s'engage à se conformer au règlement de fonctionnement du C.H.R.S., au nettoyage des parties communes, au respect du repos des autres locataires etc… Ainsi, et grâce à la souplesse de cet habitat social, le résident assume sa responsabilité personnelle tout en faisant preuve d’un esprit de solidarité, tantôt en répondant à la discipline mise en place, tantôt en pratiquant la sociabilité.

3. Les usagers L'action assignée au CHRS «Antenne» couvre l'accueil de personnes majeures, le plus souvent placées sous main de justice, ayant connu dans leur parcours des ruptures consécutives, et de ce fait, rencontrant des problématiques diverses :

• Vulnérabilité sociale : rupture familiale, chômage, sans logement. • Difficultés à respecter la loi : agressions, vols, agressions sexuelles, infraction à la législation des

stupéfiants, etc. • Problèmes de santé : pathologies psychologiques et psychiatriques, dépendances toxicomanes,

alcooliques, médicamenteuses • Nécessité d'un suivi médical spécialisé par le biais du Centre Ressources pour Auteurs de Violences

Sexuelles (CRAVS), du Centre d’Accueil et de Soins (CAS), Equipe de Soins et d'Accueil Psychiatrique pour Usagers de Drogues (ESAPUD)

Ces personnes ont besoin de soutien, s'étendant sur un temps plus ou moins long ainsi qu’un projet d’accompagnement individualisé dans les domaines de la santé, du logement, de l'emploi, mais souvent aussi dans leur histoire personnelle.

B – DE L’ADMISSION A LA REINSERTION

1. L'admission Chaque demande est étudiée par l’équipe éducative qui ne fixe pas de critères de sélection. Toutefois elle accueille en priorité les personnes sortant prison. Souvent, celles-ci ont purgé une peine de prison ferme, consécutive à des récidives. Les demandes de prise en charge émanent de ce fait soit des Services Sociaux, soit des Services Spécialisés (Service Pénitentiaire d'Insertion et de Probation, Maison d'arrêt, C.H.U.). Ces personnes souhaitent tenter une réinsertion sociale en dépit des risques et des entraves souvent causés par leur passif. Ne devrions-nous pas parler « d’insertion » car la majorité des personnes incarcérées n’a jamais réellement été insérées dans la société ? Elles ont fréquemment souffert dans leur passé – souvent dans leur enfance – de carences éducatives, affectives et de problèmes psychosociaux, ne leur ayant permis de se projeter vers un avenir plus stable. La plupart des usagers se révèlent résignés et se considèrent en marge de la société.

Page 70: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

70

Un accompagnement vers une reprise de confiance en soi est entamé Cet accompagnement fait partie intégrale de la mission de l'équipe éducative car le C.H.R.S a également une fonction de lien social. Le lien créé avec l'équipe et les résidents, peut de ce fait représenter un tremplin vers l’insertion , dans le sens d'un regard différent porté sur la société et d'une place qui leur est faite. Ces changements n'auront souvent pas lieu immédiatement, le travail réalisé demandant du temps. Parallèlement, la volonté de la personne accueillie est mise en jeu et c'est sur elle que repose une large partie de l'amorce de cette « insertion ». Au terme de l’entretien d’admission, par mesure de prudence, il nous semble judicieux de ne pas nous prononcer sur-le-champ. Chacune des parties doit se donner un délai pour prendre sa décision ; celle du CHRS est prise après examen, lors d’un échange en réunion d’équipe. C'est au cours de l’entretien d’admission que le règlement de fonctionnement est expliqué et commenté : fondement, contraintes, possibilités. Il est indispensable qu'il soit bien compris, bien assimilé. A cette occasion, quatre documents sont remis à la personne accueillie : Le livret d’accueil Article 341.1 du code de l’action sociale et des familles • Situation de notre établissement dans le quartier, • les noms et les fonctions de chacun des membres de l’équipe, • les objectifs du CHRS, la nature de la prise en charge, • les consignes de sécurité et d’incendie, • les numéros de téléphone d’urgence • et la désignation des principaux partenaires. Le règlement de fonctionnement Article 8 de la loi du 02.01.02 Définit :

• les droits, • les obligations, • les devoirs,

Nécessaires au respect de vie collective au sein de l’établissement La charte des droits et libertés Douze articles qui définissent : • Le principe de non discrimination • Le droit à une prise en charge ou à un accompagnement adapté • Le droit de l’information • Le principe du libre choix, du consentement éclairé et de la participation de la personne • Le droit à la renonciation • Le droit au respect des liens familiaux • Le droit à la protection • Le droit à l’autonomie • Le principe de prévention et de soutien • Droit à l’exercice des droits civiques de la personne accueillie • Droit à la pratique religieuse • Respect de la dignité de la personne et de son intimité. Le contrat de séjour Loi du 02.01.02 Définit : • les objectifs

De la prise en charge ou de l’accompagnement, dans le respect des principes déontologiques et éthiques, des recommandations professionnelles et du projet d’établissement.

Page 71: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

71

Il fixe également les objectifs sur lesquels s’engagent les deux parties. Le contrat est évidement signé par ces deux parties L’ensemble de ces informations écrites fait l’objet d’un examen attentif par la personne accueillie puis est commenté par le référent. En effet, la teneur de ces documents doit être parfaitement assimilée. Il nous faut mettre l'accent tout particulièrement sur les futures obligations édictées par la loi du 2.01.02 pour qu'elles soient scrupuleusement observées à l'avenir. A cet égard, nous demandons au futur résident de cosigner le contrat de séjour dans les 15 jours suivant l’admission en insistant sur ses engagements. Sans l’effrayer, il s’agit de signifier à l’usager, qu’il doit œuvrer à la concrétisation des objectifs exposés, en tentant de passer outre les obstacles qui compliquent les choses et de ne pas se laisser démotiver par les difficultés. L’enjeu du parcours d’insertion contractualisé que nous proposons implique la prise en compte de l’inévitable résistance au changement des personnes accueillies. Cette résistance peut être surmontée par des rencontres régulières avec un référent afin d’instaurer progressivement un climat et une relation de confiance. Il est à rajouter que nous sommes de plus en plus amenés à travailler avec la cellule familiale de certains résidents, les relations existantes influant sur la prise en charge des personnes souvent d’une façon primordiale. De plus, la maîtrise de l’environnement s’effectue en identifiant les dispositifs locaux d’insertion et en s’appuyant sur la collaboration des équipes du champ sanitaire et social.

2. L'hébergement : un outil de socialisation et de réinsertion La prise en charge initiale est prévue pour 6 mois ; éventuellement renouvelable en fonction des motivations, des aspirations, des initiatives des intéressés et de l'évolution de leur situation individuelle. Souvent, le renouvellement est également proposé dans l'attente de trouver un logement autonome. Néanmoins, la prise en charge ne peut excéder l’année et doit s’avérer tout à fait exceptionnelle, ceci dans le souci qui nous est imposé d’augmenter les taux de rotation. Pour atteindre cet objectif, nous explorons d'autres alternatives au logement social. De ce fait, certains résidents trouvent plus rapidement un logement dans les différents foyers Adoma, dans le secteur privé ou auprès de bailleurs sociaux. En effet, le C.H.R.S peut se voir déstabilisé par l’allongement de la durée de séjour. Cela peut conduire à la perte du sens du travail et à la détérioration de la relation avec l’usager. L'admission étant effectuée, une courte période de latence (environ 1 semaine) est "neutralisée" laissant à la personne le temps de s'adapter et de s'intégrer dans son nouvel environnement. Cette semaine est également mise à profit pour procéder éventuellement aux premières régularisations et accomplir diverses formalités administratives : papiers d'identité, inscriptions au Pôle Emploi, à la C.P.A.M., constitution du dossier d’ouverture aux droits du R.S.A etc. Au début de la prise en charge et en accord avec l'usager, il convient de définir le projet qu'il devra rigoureusement respecter. Après une dizaine de jours, un premier bilan permet au référent de s'enquérir des indices positifs ou négatifs relatifs à :

• la situation personnelle (gestion de la liberté et de la responsabilité - hygiène - soins - thérapie),

• la situation de l'emploi (prospection - formation - orientation - motivation) - il faut redonner goût à exercer une activité professionnelle.

• la vie en collectivité (respect des règles - aptitudes à s'intégrer dans le groupe - convivialité - sociabilité - vie pratique de l'usager),

• les aspirations de l’usager en matière de logement. Ensuite différents bilans sont effectués successivement par le référent, ils servent de "jalons" sur le "parcours" du résident : il s'agit d'établir chaque fois un constat évaluant tant les réussites que les échecs. Suite aux divers entretiens, on a pu observer le développement d’une confiance qui a permis une vraie continuité dans le travail.

Page 72: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

72

Il convient d’observer le plus objectivement possible le résident en considérant les progrès réalisés suite aux observations qui lui ont été faites précédemment. A-t-il donné suite aux remarques, aux propositions émises en vue d’un premier redressement. Au vu des résultats constatés un projet adéquat est élaboré pour fixer les objectifs

3. L'accompagnement La prise en charge varie en fonction de la problématique spécifique à la personne accueillie. Elle tient compte des différents temps de la relation, et tout particulièrement au temps d’adaptation nécessaire à certaines personnes au moment de la sortie de prison.

• Une prise en charge sur le plan personnel et professionnel • La mise en place d’un projet à court ou moyen terme

A partir du projet, l'éducateur met en place un suivi individuel, personnalisé, par le biais d’une relation éducative et d’une aide matérielle aux moyens des ressources humaines et des équipements dont disposent le CHRS «Antenne».

■ Sur le plan personnel : le social, une priorité ► Ecoute et dialogue, soutien psycho éducatif par le biais d'un suivi quotidien et d'une action éducative permanente. ► Apprendre à équilibrer son budget.

► Incitation du résident à l’amélioration de sa qualité de vie souvent perturbée : l’ingestion simultanée d’alcool, de médicaments, de drogue, contribue à ce déséquilibre et peut engendrer des troubles psychologiques et des problèmes de comportement rendant difficiles la vie en société.

► Immersion dans la vie collective, apprentissage au respect des obligations et des interdits, processus d'acquisition des valeurs et vertus.

► Initiation aux valeurs civiques, à la citoyenneté.

► Mise en place d'une relation de confiance visant à accompagner la personne vers un regain de confiance en elle et une reprise en main de sa vie.

■ Sur le plan médical : un enjeu primordial pour la réinsertion ► Suivi médical en étroite collaboration avec le service de psychiatrie de l'Hôpital Civil, et le S.M.R.P. de la Maison d'Arrêt et le Centre d’Accueil et de Soins.

► Respect de l’injonction thérapeutique.

Certains des suivis sont dirigés vers le Centre d'Accueil et de Soins, le service psychiatrique de l’Hôpital Civil ou vers l’une des annexes de l’EPSAN. ► L’Equipe Mobile du Centre Pinel (Centre hospitalier d’Erstein) se propose d’accueillir les personnes suivies par Antenne. Cette équipe mobile est basée au CMP Pinel, dans l’hôpital Lyautey, 1 rue des Canonniers à Strasbourg, à environ cinq minutes de nos locaux à pied. Cette équipe est une unité de soins publique où la prise en charge est gratuite. Ce dispositif permet la prise en charge de personnes en situation de précarité par une équipe pluridisciplinaire : médecins, infirmiers et travailleurs sociaux.

Page 73: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

73

Les missions de l'équipe mobile du Centre Pinel : Auprès de population

Auprès des professionnels

• Faciliter l’orientation et le suivi de personnes en grande précarité.

• Améliorer l’offre de soins en ambulatoire et l’hospitalisation à temps partiel.

• Assurer la continuité des soins et les relais entre

les temps d’hospitalisation et les projets de suivi en dehors de l’hôpital.

• Assurer la coordination avec les différents réseaux existants,

• Soutenir les professionnels de terrain • Informer, sensibiliser, former les acteurs

sociaux aux pathologies psychiatriques

■ Sur le plan matériel : un soutien nécessaire ► Demandes de secours ► Démarches administratives

La dimension administrative occupe une part importante du travail de l'équipe éducative, principalement au début de la prise en charge de la personne. Elle se décline dans les différents domaines de la vie sociale, et fait appel à différents partenaires :

• santé (CPAM) • ressources financières (CAF, Pole Emploi, MDPH, CMS) • transports (CCAA, CMS) • logement (bailleurs sociaux, GALA, BAL, L’étage, etc.) • aménagement du futur logement (service FSL, Emmaüs, Envie, etc.)

► Aide alimentaire : Nous nous devons de permettre à chaque personne accueillie de subvenir à ses besoins élémentaires, à savoir l'hébergement et la nourriture. Les personnes hébergées bénéficient d'une aide alimentaire financière hebdomadaire. L'octroi de tickets service représente une forme d'aide plus appropriée à ceux qui sont appelés à prendre leurs repas. ■ Sur le plan professionnel : ► Evaluation du projet de la personne et de ses capacités ► Recherche et propositions d'emplois et de formations ► Orientation vers des services spécialisés tels que le Relais Emploi, le Pôle Emploi, etc … ► Collaboration avec les services au plan local : associations intermédiaires, services spécialisés, entreprises et chantiers d’insertion, régies de quartier, C.C.A.S. etc... ► Elaboration de réseaux relationnels dont l'action se prolonge au-delà de la prise en charge en C.H.R.S.

Page 74: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

74

La mise en place d’un projet à long terme Individualisées, ces prises en charge ont pour objectif l'élaboration avec l'intéressé, de repères assez solides, susceptibles de constituer un point de départ à une intégration active, volontaire et motivée. Pour ce faire, elles prennent en considération : • Le parcours global de la personne et l’endroit où elle se situe, en la replaçant dans son contexte, ce qui

permet de repérer avec elle les points de blocage et de les travailler, • la capacité à se prendre en charge, à connaître et à utiliser les structures relais, les services repères, • la possibilité d'accéder à un logement puis de le meubler et de l'entretenir, Les activités et orientations • informatique : accès internet, utilisation de traitement de texte. • culturelles : possibilité d’avoir accès aux salles de cinéma, de théâtre : le CHRS est adhérent à

l’association « Tôt ou t’Art », ce qui permet d’organiser des soirées thématiques et parfois d’élargir l’horizon culturel des personnes accueillies

• culinaires : préparation d'un repas pour tous à l'occasion des fêtes de Noël, de l’Epiphanie (galette des

rois), de la Chandeleur (crêpes), Pâques, Laïd El Kebir, ainsi que des petits-déjeuners, de nature à favoriser les échanges et à rencontrer les personnes accueillies dans un autre contexte. Pendant l'été, le jardin est investi pour des soirées barbecue, confection de « bredele » durant la période de Noël.

• Sportives : organisation de sorties au ski ou de tournois de football inter-établissement • Manuelles : Activités jardinage tous les mercredis • hygiène : actions axées sur l'entretien général des logements, le changement de la literie, l’orientation

vers le coiffeur, la clinique dentaire, le médecin etc. • atelier de communication : savoir communiquer, se présenter à un employeur, connaître les règles

élémentaires de courtoisie

Page 75: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

75

Barbecue dans le jardin

Le jardin

Page 76: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

76

4. Le post-hébergement Un travail post-hébergement est possible avec les résidents qui le demandent. C’est le cas de manière conséquente pour certains, qui ont des difficultés au départ pour s’adresser aux services extérieurs. Force est de reconnaître que le contexte socio-économique et la conjoncture actuels tendent à instaurer inéluctablement l'exclusion des plus défavorisés du reste de la société, produisant des sujets marginaux, "mal dans leur peau", qui, devenant résignés, perdent leurs repères et fuient les liens sociaux. Le nombre de personnes en situation ou en voie d’exclusion s’aggrave et durant cette année de ‘crise’ plus encore. Les parcours de misère et la fracture sociale perdurent. En tant qu'étape transitoire, la prise en charge du type C.H.R.S. vise in fine l'autonomie de la personne : c'est en somme le postulat de l'institution. En quittant le C.H.R.S., par suite d'un apprentissage ad hoc, l'hébergé a acquis un début d’ « autonomie », qui reste fragile pour certains, mais durant le passage en CHRS, des bases auront été proposées. Le terme plus approprié serait peut-être une « stabilisation » plus grande, dans le sens de l’acquisition de certains codes de la vie en société. Pour certaines des personnes accueillies, cette plus grande stabilité s’est manifestée par un passage assez éloquent. Lorsque nous parlons d’autonomie, il est indispensable de la penser à l’échelle de chaque personne, en tenant compte de ses possibilités réelles et non de ce que nous souhaiterions pour lui ou même que la société tente de lui imposer. Une personne qui arrive en CHRS tout en étant dans une consommation, qu’elle soit alcoolique, médicamenteuse ou de stupéfiants sera rarement sevrée en quittant le CHRS, un sevrage total demandant un temps beaucoup plus important que celui qui est proposé dans une prise en charge CHRS. Malgré tout, la relation mise en place, l’accompagnement quasi quotidien proposé, les outils dont se saisit la personne vont permettre à certains d’entrer et d’adhérer à une démarche de soin leur permettant de stabiliser leur situation personnelle. Un pas a été fait. Une prise en charge plus longue ne peut être envisageable dès lors qu’un logement a été attribué au résident et qu’il dispose d’un emploi ou d’une allocation suffisante. L’installation matérielle dans le futur logement ainsi que les premières démarches, en attendant la mise en place du relais avec le FSL, dont la mission englobe cet aspect, peut être effectuée avec le soutien de l’éducateur référent. Cependant, un long chemin lui reste à parcourir pour s’assumer seul. Il serait illusoire de penser que quelques mois en C.H.R.S suffisent à relancer chaque personne accueillie dans une vie « normale ». Chaque démarche peut représenter une épreuve supplémentaire, il appartient alors à la personne de persévérer dans le cheminement entamé et d’apprécier les petits succès récoltés. L’accès au logement est un des facteurs déterminants pour l’accession à l’autonomie. Les résidents bénéficient d’un accompagnement favorisant à terme leur retour vers des circuits normalisés ; ils doivent démontrer leur capacité à gérer leur logement sans problèmes et sans importuner les voisins. Durant le séjour, leur sortie est préparée, avec tout d’abord la recherche d’un logement à l’extérieur. Des liens sont effectués dans certains domaines dès le début de leur prise en charge, dans le but de ne pas créer de dépendance vis-à-vis de la structure, et que la personne accueillie ait un réseau qu’elle sache solliciter en cas de problème, dont nous faisons partie pour certains résidents. Il se constituera selon les situations d’un référent FSL, d’un assistant social de secteur, d’un psychologue, de relais emploi, du BPI, etc. Vivre seul, du jour au lendemain, devoir gérer tout ce que suppose cette nouvelle situation, nous semble un temps très fort dans le cadre d'une démarche de réinsertion sociale : c'est un effort méritoire... Pour l'équipe éducative, le "post-hébergement" fait partie intégrante de la mission de lutte contre l'exclusion qui lui a été confiée. La responsabilité de celle-ci est engagée, non seulement vis-à-vis des usagers, mais aussi envers les divers partenaires auprès desquels elle se porte garante. Ne jamais "fermer la porte". Cette expression se vérifie dans bien d'autres cas : par exemple, l'équipe éducative est invitée à rester en contact avec d'anciens résidents en les rencontrant sur leur lieu de travail, à l’occasion d’une hospitalisation ou d'un suivi justice.

Page 77: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

77

Nous demeurons en liaison autant que faire se peut avec ces anciens résidents qui spontanément reviennent nous voir, pour nous tenir au courant de l'évolution de leur situation, mais surtout pour nous solliciter en cas de difficulté. Le résident qui a noué de telles relations privilégiées avec l’équipe éducative a tissé un lien si indéfectible avec elle qu’il lui est malaisé de s’en soustraire à sa sortie. La poursuite d’un lien concerne souvent les personnes les plus isolées socialement, avec lesquelles un lien particulier s’est créé avec un ou plusieurs membres de l’équipe. Certains quittent sans ne plus jamais revenir, sans forcément que le départ se soit mal déroulé, mais saturés des institutions sociales ; d’autres viennent six mois plus tard car ils ont un souci, d’autres encore trois ans plus tard pour nous annoncer des évènements heureux. Pour autant, nous estimons que si l’association Antenne reste un repère pour certains, il est de notre responsabilité de laisser la possibilité à la personne d’y avoir accès.

5. Les charges et les difficultés de l'équipe Comment établir une liste exhaustive des tâches qui nous sont dévolues ? Elles sont multiples et si variées. Aussi certains jours sommes-nous désarçonnés de ne pouvoir être suffisamment disponibles. Il faut savoir discerner l’urgence... Face à la diversité de ses tâches, l'éducateur est appelé à remplir une fonction de travailleur social polyvalent. En répétant les entretiens, il passe d'une histoire à une autre, d'un vécu à un autre et doit s’adapter à des situations individuelles distinctes et parfois inaccoutumées. Chaque éducateur de la structure est en charge du suivi et de l’accompagnement de plusieurs personnes dont chaque problématique est unique. Il faut parvenir à être disponible de la première à la dernière, sans relâche : la moindre inattention pourrait avoir des conséquences. Face à de la distraction ou de la lassitude, la personne suivie peut se sentir à l’écart ou penser nous déranger et le lien de confiance tissé avec elle peut être mis à mal. Dans le cas d’une personne sortant de prison, un manque de concentration peut amener à manquer un signe, un mot, soulignant des difficultés auxquelles elle fait face, ou une situation qui pourrait l’amener vers la récidive. S’ajoute à cela les urgences qu’il faut traiter : des demandes en tous genres auxquelles il faut trouver une réponse, parfois très, voire trop rapidement. L’accompagnement des personnes prises en charge à Antenne est complexe. Il ne se limite pas à des suivis individuels, dispatchés entre chacun des référents qui effectuent ses propres entretiens ponctués de discussions autour de projets personnels, professionnels ou de démarches administratives. L’accompagnement à Antenne est construit autour d’un fonctionnement en équipe, d’échanges, qui nous permettent de dépasser le traitement pur et simple de situations individuelles et de gestion d’incidents pour nous amener à interroger des valeurs plus profondes, fondamentales, et nous poussent vers une remise en question perpétuelle.

Certaines situations demandent des réponses rapides, des réactions immédiates. Face à cette urgence, il ne reste que peu, et parfois pas de temps pour réfléchir à des pistes de travail. Plusieurs réponses sont parfois possibles, parfois même envisagées, mais le temps et la place manquent pour débattre en équipe de la réaction adaptée à telle ou telle situation précise. Le travailleur social se retrouve souvent seul à la porter. L’espace proposé en réunion ne permet de pallier qu’en partie cet isolement. Il n’a pas vocation à être un espace de parole. Il permet de discuter de certaines situations, sans toutefois avoir le temps de les approfondir. Il ne permet pas non plus de déposer les difficultés ressenties individuellement. Sans cet espace, stress, surmenage, manque de patience émergent au quotidien et additionnés à cette urgence perpétuelle, amènent à une usure morale et physique. Face aux résidents, nous sommes exposés à de nombreuses déclarations, confessions et réactions. Certains mots, certaines attitudes ou comportements nous interpellent, nous questionnent, nous heurtent, nous sensibilisent. Des sentiments perçus lors d’un entretien, nous forgeons nos propres appréciations, opinions et perceptions qui ne sont pas les mêmes pour tous les travailleurs sociaux. L’échange avec les collègues permet alors une mise à distance et la possibilité d’un autre regard. Toutefois, le fonctionnement actuel ne permet pas forcément cet échange. Les impératifs à traiter en réunion et les urgences empiètent sur le temps alloué à la discussion. Si la plupart du temps, aucune incidence n’est à déplorer, le risque est que nous réagissions de manière déplacée ou disproportionnée…

Page 78: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

78

La prise en charge individuelle des résidents que nous suivons engendre parfois aussi un sentiment d’impuissance face à certaines situations. Les personnes suivies sont inscrites dans un certain fonctionnement de par leur parcours de vie, leur histoire. On constate parfois que malgré les efforts fournis, les avancées et les petites victoires, les choses ne changent pas fondamentalement. Il faut faire avec ce que les personnes sont, ce qui parfois n’offre que peu de perspectives. Lorsqu’une personne fait ce qu’on pense être un mauvais choix, il est difficile de ne pas se sentir démuni et de trouver les mots appropriés pour soutenir cette personne dans ce choix. Chaque situation est unique et individuelle. Ainsi, il faut réapprendre chaque jour à s’y adapter, en prenant en compte certaines spécificités propres à chaque individu. L’accompagnement des personnes sortant de prison par exemple, au-delà de l’individualité de chaque suivi, amène souvent des difficultés notamment vis-à-vis des addictions, de l’éloignement de l’emploi, de problèmes médicaux ou psychologiques. Il faut alors ajuster nos réponses, proposer des orientations adéquates et souvent « faire avec » de petits accros, ou parfois des incidents plus sérieux, qui ralentissent les démarches d’insertion. Les personnes sortant après de longues peines par exemple, se « heurtent » à l’extérieur. Une période de réadaptation est nécessaire, pour retrouver un rythme, des repères et des réflexes, ce qui peut engendrer appréhensions et anxiété. Dans ces conditions, il faut pouvoir être à l’écoute et apporter le soutien et les réponses nécessaires pour éviter une reprise d’une consommation d’alcool ou de stupéfiants, ou un acte de récidive. L’accompagnement de femmes, engendre également un certain nombre de difficultés auxquelles il est indispensable de pouvoir s’adapter. Le nombre de femmes suivies à Antenne n’étant pas très élevé, pallier à ces difficultés demande de la réflexion, un certain ajustement et presque de l’imagination. Les problématiques ne sont pas les mêmes : questions liées aux enfants, prostitution, avortements… Nous rencontrons au quotidien de nouvelles problématiques et nous sentons parfois démunies face à elles. De nouveaux outils doivent être construits, de nouveaux conseils doivent être pensés, de nouvelles orientations doivent être réfléchies. Au quotidien, il faut pouvoir répondre à l’urgence, gérer stress et incidents, et trouver les réponses adaptées à un panel de situations nouvelles et inattendues. Le fonctionnement de la structure amène d’autres obstacles. Nous éprouvons par exemple des difficultés à nous ouvrir vers les différents partenaires pluridisciplinaires du secteur et à travailler en lien, en collaboration, que ce soit au niveau de l’emploi, du soin, de la justice, du logement ou même des activités culturelles et sportives. Ici encore, un sentiment d’isolement émerge régulièrement face à des situations complexes où un retour, un avis, un conseil nous permettrait de travailler plus aisément et de proposer des réponses plus adéquates aux personnes suivies. Il nous faut non seulement contourner au quotidien ces difficultés, mais un réel travail doit être mis en œuvre afin de pallier à leurs répercussions. Ainsi, le fonctionnement de la structure et le travail en équipe nous amène à réfléchir notre action au quotidien, à nous interroger sur d’autres questions, souvent d’ordre pratique et à questionner nos valeurs. Ces réflexions sont également alimentées par l’ensemble des situations et des difficultés rencontrées par les personnes accueillies à Antenne ainsi que par les difficultés auxquelles nous-mêmes devons faire face dans le cadre de leur accompagnement.

■ Difficultés dues à l’état de santé des usagers Les charges incombant à l’équipe éducative sont lourdes, délicates et complexes. Les usagers expriment à leur manière un besoin de contact, d’écoute. Cette nécessité reste primordiale, surtout au début de la prise en charge mais elle ne doit pas se prolonger outre mesure ! Déterminer un temps limité pour les entretiens permet en effet de donner un repère stable sans alourdir la relation éducative. Poser des limites n'est néanmoins pas toujours évident. Face aux angoisses et aux inquiétudes de certaines personnes, il est parfois difficile de trouver les bons mots. Les usagers ont alors parfois tendance à revenir, parfois tous les jours, en quête de la même réponse et du même appui. Il n'est pas toujours aisé de trouver le parfait équilibre, qui permet de mettre fin à un entretien sans froisser la personne ou de le faire durer sans mettre à l'écart d'autres suivis attendant leur tour. Les personnes accueillies ayant abusé d’alcool, de cannabis ou autres psychotropes, sont dans un état de santé préoccupant, leur niveau scolaire souvent bas et les ruptures consécutives rencontrées dans leur parcours engendrent un suivi particulièrement lourd, précédé d’un laps de temps propre à chaque personne de mise en confiance.

Page 79: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

79

Nous avons pu constater cette année que nous avons de plus en plus à faire à des personnes en souffrances psychiques aiguës, qui nécessitent une prise en charge lourde pour les travailleurs sociaux : face à ces souffrances psychiques, ces derniers tentent d’apporter un modeste soulagement, mais dépourvus de la formation adéquate face à ce type de situations, ils se sentent parfois impuissants. S’ajoute à cela les difficultés quotidiennes liées aux symptômes de ces personnes qui ne sont pas toujours évidentes à gérer et qui s’avèrent pesantes sur le long terme : perte des clés de leur appartement, portes cassées, mauvaise hygiène des parties communes, toute une palette d’éléments découlant d’une autonomie qui reste à acquérir. Pour faire face à ces difficultés et pour mieux comprendre certains comportements et ainsi faciliter la prise en charge des usagers, des réunions sont régulièrement organisées entre le personnel du Centre Pinel, et l’équipe d’Antenne. ■ Les problématiques rencontrées par rapport à ces pe rsonnes

Il est difficile de faire prendre conscience à ces personnes qu’elles ont besoin d’être suivies au niveau médical, psychologique ou psychiatrique. Il faut parfois formuler ce point et même anticiper leur demande. Aussi, la principale problématique que nous rencontrons par rapport à ces personnes est la gestion du temps et l’urgence de la demande, et celle de la rupture du lien social. Certes un grand nombre de jeunes de 25 à 35 ans souffrent toujours d’inactivité et d’oisiveté, laquelle est source de beaucoup de déviances. La plupart étant d’anciens toxicomanes, ils sont peu réactifs, sont d’une productivité négligeable donc peu rentable pour un employeur classique. Il faut leur consacrer énormément de temps si l’on veut les sortir de « l’ornière » mais notre mission est bien évidemment limitée dans le temps. Pour espérer une adaptation à la vie active, il faut inventer de nouvelles manières de travailler plus efficaces. Face à une certaine immaturité et un manque d’expérience, notamment du monde du travail, Il faut sans cesse réfléchir à de nouveaux outils non pas de réinsertion, de réintégration ou de réadaptation mais bien d’apprentissage. La difficulté à trouver des employeurs acceptant d'embaucher les personnes que nous accueillons s'est accrue cette année, y compris au sein des structures d'insertion par le travail. La crise et les difficultés financières de ces entreprises expliquent en partie ce phénomène, les pressions budgétaires allouées au secteur social encourageant les entreprises d'insertion à prendre dans leurs équipes les personnes les plus « ré insérables ». Il nous appartient de faire remonter cet état de fait, de tisser des partenariats avec ces entreprises, d'inventer de nouvelles perspectives et d'élargir notre réseau, mais la tâche reste ardue. Pour se prendre en charge, les résidents vivent dans la sujétion. Certains ne parviennent pas à lire un plan de réseau de la CTS pour se rendre à un lieu précis. Inaptes à rédiger un CV sommaire, il va sans dire qu’il nous faut leur trouver un emploi « sur mesure » car l’accompagnement professionnel s’avère très pesant ! Un contrat aidé dans une régie de quartier semble parfois préférable à un emploi en CDD du fait de l’instabilité des résidents (absentéisme). Ainsi, dès l’admission, une fois la problématique dominante repérée, nous avons déjà esquissé un projet individualisé indispensable à la détermination de l’action à entreprendre avec chacun. Pour le travailleur social, il s’agit de mettre en place des outils d’évaluation pour mieux cerner l’usager au fil des entretiens et lors de la réflexion commune du contrat de séjour, afin de lui proposer des actions d’insertion ou de réinsertion appropriées. Le travailleur social doit être capable de fournir des éléments d’appréciation sur l’évolution, le comportement, la santé et les blocages du résident. C’est un geste, un travail de professionnel. Cela nécessite un véritable suivi et un échange approfondi avec le résident. Peu importe la méthode pour atteindre in fine l’objectif, c'est-à-dire l’insertion finale, d’ailleurs toujours très fragile lorsqu’elle se concrétise. Néanmoins dans tous les cas, l’action du CHRS aura tenté de contribuer à l’évolution de l’individu par une reprise de confiance en soi et une meilleure appropriation du fonctionnement et des codes de la vie en société, d’où une « valeur ajoutée » très appréciable. C’est déjà un résultat à considérer comme positif ! Par ailleurs, le développement des actions associatives en santé mentale devrait être de nature à étayer efficacement le processus d’insertion de ceux dont les troubles psychiques compliquent leur vie sociale et citoyenne. Il faut régulièrement s’enquérir de l’état des résidents tant sur le plan physique que psychique. Comme signalé par ailleurs, eu égard du nombre de « suivis psychiatriques », nous tentons de réaliser cette surveillance et cette évaluation chaque jour.

Page 80: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

80

Comme chaque année, l’équipe s’est retrouvée confrontée à des situations d’urgence et a dû se remettre sans cesse en question vis à vis des usagers pour être en mesure de répondre à leurs besoins et doit de plus en plus faire preuve de polyvalence. En effet, si lors d’un de nos passages quotidiens un membre de l’équipe est confronté à des manifestations suicidaires, délirantes ou à une crise d’éthylisme, il lui appartient d’appeler d’urgence soit « S.O.S Médecin », soit le « SAMU », sans pour cela être certain du symptôme. Cette année, la situation sanitaire précaire d’une personne a conduit à une hospitalisation. Or, notre formation ne nous permet pas d’apprécier la nature et le degré de gravité du « cas » en présence. Notre équipe ne comptant pas de personnel médical, nous nous reposons souvent sur notre propre jugement. Dans ces conditions délicates, nous restons également à l’écoute des co-résidents, parfois à même de nous renseigner sur la situation de la personne et de prendre l’initiative de prévenir les secours. Quoi qu’il en soit, s’il s’agit de prise de médicament, nous ne sommes pas en mesure de savoir si la posologie prescrite par le médecin a bien été respectée ! A un autre niveau, nous rencontrons de réelles difficultés concernant le suivi des résidents du CHRS fréquentant régulièrement des unités psychiatriques pour y recevoir un traitement ambulatoire du fait d’une toxicomanie ou d’alcoolisme. Alliant visites chez des spécialistes et traitements spécialisés à d’autres visites et d’autres prescriptions émanant de leur médecin traitant, il est parfois malaisé de faire le point et d’avoir une vue globale sur la prise en charge médicale. Lorsque nous accueillons une personne prise dans une addiction ou un problème de santé important, l'accompagner vers une prise de conscience de cette difficulté ou un sevrage prendra souvent la priorité sur la recherche d'un emploi. L'importance d'un travail en équipe trouve ici tout son sens, les passages consécutifs d’un résident d’humeur belliqueuse ou en état d’ébriété, suivi en psychiatrie, qui vocifère des propos déplacés, incohérents voire outrageants pouvant être lourds à porter de manière individuelle, et nécessitant le partage en équipe. La mise en place cette année de séances de régulation en présence d’un psychologue a permis en partie d’offrir un lieu de parole à l’équipe éducative pour évoquer les difficultés rencontrées. L’hostilité des uns et des autres se manifeste tantôt sous l’effet de la drogue, ou de l’alcool, tantôt elle relève du mental, de la paranoïa, ou bien souvent c’est une violence verbale par dépit, due à un mal être par besoin de défoulement. Quoi qu’il en soit, les professionnels que nous sommes doivent savoir se maîtriser pour rester calmes, ne pas répliquer avec la même hargne, afficher une certaine invulnérabilité pour désarmer la colère de « l’agresseur ». En effet, on assiste de plus en plus régulièrement à la violation de certains points de règlement de fonctionnement. C’est ainsi que les visites extérieures se multiplient dans les logements, où il n’est pas rare de découvrir des produits interdits tels que drogue, alcool voire parfois une arme. Ces manquements aux obligations et devoirs nécessaires au respect des règles de vie collective sont évidemment suivis d’avertissements, de mises à pied, voire même d’exclusion. De ce fait, une durée de la prise en charge trop longue peut s’avérer de nature à démobiliser la personne hébergée. Suite à une première prolongation effectuée après 6 mois, il est fréquent de constater que celle-ci consent à beaucoup moins d’effort et de rigueur. La prise en charge peut alors être interrompue à tout moment, notamment face à un résident qui s’obstine délibérément à transgresser le règlement de fonctionnement. Il doit alors inévitablement être exclu de notre structure. ■ Difficultés liées à l’environnement :

Par le passé, le CHRS ‘Antenne’ avait fait le choix d'implanter ses bureaux directement dans ce quartier dit « sensible », dans un souci d’exemple : il est possible de travailler ici et d’y vivre. En effet, les usagers ne pourront sans doute jamais subvenir aux frais d’un logement auprès d’un autre bailleur qu’un bailleur social au vu de leurs nombreuses difficultés. Il est également important de noter que toutes les institutions ne peuvent quitter les ZUS (Zones urbaines sensibles) : il faut rester à proximité de la population qui a besoin de nous. Cependant, suite à l'augmentation des demandes et du fait de la petite capacité d'accueil du CHRS, le déménagement au 3 Rue du Général Offenstein, dans de nouveaux locaux plus spacieux a permis d'améliorer l'efficacité des prises en charge et de mieux accomplir nos missions. Dans cette nouvelle maison, entièrement consacrée à l'accueil des usagers, chaque référent a son propre bureau où il est désormais beaucoup plus aisé de respecter la discrétion et la confidentialité des propos. La grande salle d'accueil permet d'organiser des ateliers et soirées dans un espace plus adapté. A seulement dix minutes à pied du cœur du quartier de la Meinau où résident les usagers dont les logements restent implantés au sein même de la ZUS, ces nouveaux bâtiments facilitent la prise en charge formelle. L'espace est plus vaste, mais moins intime et pas encore entièrement investi par les résidents. En raison de leur position excentrée, les bureaux ont connu une baisse de la fréquence des visites dans les premiers mois du déménagement, tendance qui s'est inversée avec l'arrivée de l'été et la possibilité de profiter du jardin.

Page 81: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

81

C – ANALYSE CHIFFREE L'analyse que nous proposons ici est basée sur une population statistique de 45 personnes. Cependant, du fait de leur nombre, ces dernières ne sont guère représentatives d'une réalité sociale. En 2012, nous avons réalisé 7.469 journées sur les 7.320 budgétisées.

1. La situation à l'admission ■ Age des résidents

2010 2011 2012

Moins de 25 ans 25% 22% 20%

De 26 à 35 ans 23% 23% 33%

De 36 à 45 ans 27% 22% 30%

De 46 à 55 ans 23% 29% 15%

Plus de 55 ans 2% 4% 2%

Cette année, nous pouvons constater que plus de 80% de notre effectif est âgé de moins de 45 ans, alors que l’année passée, plus d’un tiers de notre effectif avait plus de 45 ans. Il est à noter que les usagers de moins de 25 ans sont stables à moins de 20%. ■ Nationalité des résidents

2010 2011 2012

Française 75% 75% 80%

Autre 25% 25% 20%

Depuis plusieurs années, la majorité de nos résidents ont la nationalité française. ■ Mode d’hébergement

2010 2011 2012

Prison 65% 65% 70%

Sans Domicile Fixe 35% 35% 30%

Les personnes sans domicile fixe représentent 30% de notre effectif mais elles sont néanmoins toutes placées sous main de justice. Le nombre de personnes prises en charge dans notre établissement suite à une période d’incarcération reste stable. ■ Situation professionnelle

2010 2011 2012

Sans emploi 78% 90% 90%

Avec emploi (contrat aidé, intérimaire, …) 17% 10% 10%

Retraite 5% 0% 0%

Page 82: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

82

Le taux de personnes sans emploi à l’arrivée est toujours aussi élevé, notamment en raison de la crise économique et du manque de qualification des personnes.

■ Niveau de qualification

2010 2011 2012

Illettré 5% 5% 5%

Formation inachevée 65% 60% 65%

Formation avec diplôme 30% 35% 30%

Ces trois dernières années, le niveau de qualification reste inchangé. ■ Personnes sous addiction (drogue, alcool)

2010 2011 2012

Résidents concernés 68% 57% 58%

La prise en charge de personnes sous addiction reste très élevée. ■ Situation familiale

2010 2011 2012

Divorcé/Séparé 28% 29% 31%

Célibataire sans enfant 47% 42% 53%

Célibataire avec enfants 18% 17% 13%

Marié/Concubinage 7% 12% 3%

La plupart des personnes prises en charge sont célibataires et sans enfant.

2. La situation à la sortie ■ Logement 2010 2011 2012

Logement autonome 48% 50% 65%

Retour vers la famille, amis 13% 20% 12%

Prison 22% 20% 10%

Autres structures 17% 10% 13%

Nous pouvons constater que 65% de notre public a obtenu un logement autonome en 2012. Le retour en détention reste important d’une année sur l’autre, cependant il a baissé de 50% cette année.

Page 83: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

83

■ Ressources

2010 2011 2012

Emploi / stage rémunéré-Assedic 56% 9% 20%

RSA 31% 74% 75%

Sans ressources 13% 17% 5%

Cette année, 20% de l’effectif a quitté le centre avec un emploi, compte tenu de la crise c’est un petit exploit.

D – CONCLUSION Afin d'accompagner au mieux les résidents, leur fournir tous les éléments dont ils ont besoin pour avancer et s’en sortir, telle qu’une aide pour le logement, l’emploi, et la santé, l'équipe se surpasse jour après jour. Un accompagnement individuel régulier leur est ainsi offert. Pour beaucoup d'entre eux, l’envie de travailler est présente. Mais souvent, l’accès à l’emploi est difficile pour ces personnes n’ayant que peu ou jamais travaillé. C'est un public qui se fait une idée assez erronée du monde du travail : pour eux, les notions d’horaire, de retard, d’absence sont peu importantes et ils sont loin d’imaginer l’impact que cela peut avoir pour l’entreprise. Durant les deux premiers mois de l'accompagnement, il est nécessaire de mettre en place un apprentissage essentiel de tous ces éléments garant d’une intégration réussie dans le monde du travail et plus individuellement, au sein de leur entreprise.

Pour ce qui est de l'hébergement dans les appartements gérés par l’association, la cohabitation se fait actuellement à trois ou quatre personnes, de façon hétérogène, notamment au niveau de l’âge des individus. Les bénéfices d'une cohabitation entre un jeune homme et un co-résident plus âgé sont manifestes : chacun apporte de son expérience, de son vécu et de sa maturité pour offrir un enrichissement réciproque, de la cuisine aux nouvelles technologies en passant par l'entretien des locaux. A un autre niveau, les demandes d'hébergement, notamment de personnes sortant de prisons augmentent continuellement, chaque année. Faute de pouvoir accueillir toutes ces personnes, pour cause de place évidemment, mais également afin de garantir un accompagnement de qualité aux résidents de l'association, nous avons dû refuser certaines demandes et orienter bon nombre d'usagers vers d'autres structures du département.

Pour compléter son accompagnement, Antenne met également les usagers en relation avec les différents services de santé, notamment la « Pharmacie du Parc » avec laquelle un partenariat a été engagé et plus particulièrement, l’Association de Lutte contre la Toxicomanie, le ‘’CMP Pinel’’. Ce partenariat est idéal puisqu’il offre plusieurs avantages : emplacement géographique, disponibilité, permanence, prise en charge rapide…

Au fur et à mesure des années, nous nous créons notre propre expérience, nous tissons de plus en plus de liens avec d'anciens et de nouveaux partenaires et l'accompagnement que nous proposons est optimisé. Il est toutefois important de rappeler, que pour certains usagers, l’aide apportée n’a pas toujours l’impact escompté. Certains antécédents médicaux lourds, ou des comportements addictifs trop ancrés rendent difficiles les démarches d'accès à l'emploi et au logement. Pour ces personnes-là, nous devons pourtant aussi être présents, et apprendre à axer notre accompagnement sur des priorités différentes.

Page 84: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

84

II. LE SERVICE AMENAGEMENT DE PEINE La mesure « d’aménagement de peine » est une alternative à l’incarcération qui permet un passage progressif du milieu fermé vers la réintégration dans la société. Cette alternative permet non seulement de limiter les effets désocialisants de l’incarcération, mais aussi de soustraire les condamnés aux contacts criminogènes inhérents à la fréquentation de compagnons de cellule. De ce double point de vue, l’aménagement de peine peut contribuer à réduire le risque de récidive.

Le placement à l’extérieur est l'une des différentes mesures d’aménagement d’une peine de prison ferme existantes. Il permet à la personne écrouée d’exécuter sa peine en milieu ouvert, à condition d’exercer une activité professionnelle, participer à une formation ou un stage, effectuer un travail temporaire en vue de son insertion sociale, suivre un enseignement ou faire l’objet d’une prise en charge médico-sociale. Les détenus participent à des activités organisées par des partenaires extérieurs mais contrôlées par l’administration pénitentiaire. Ce contrôle s’exerce à partir d’une convention : l’association s’engage à certaines prestations en termes de contrôle, de prise en charge, de capacité d’accueil, etc. En retour, l’administration assure un financement au moins partiel.

Ce placement s’adresse de façon privilégiée à des populations en grande difficulté, en présentant une proposition de prise en charge progressive et individualisée. En prenant en compte la globalité du parcours délinquant et les problématiques propres à l’individu - le travail, la formation, le suivi de soins- le placement à l’extérieur intègre une dimension éducative forte.

La présence, en nombre toujours plus important, de personnes incarcérées rencontrant des difficultés sociales et/ou socioprofessionnelles a amené Antenne à s’interroger sur les moyens les plus adaptés pour lutter contre l’exclusion des ces personnes. Le recours à l’aménagement de peine sous la forme d’un placement à l’extérieur est un de ces moyens.

■ Les textes de référence

• Loi n° 70-643 du 17 juillet 1970 • Circulaire AP 86.21.G3 du 8 août 1986 relative à l’application des dispositions de la loi n°85-1407 du

30 décembre 1985, du décret n° 85-836 du 6 août 1985 et du décret n° 86-641 du 14 mars 1986 relatifs à l’application des peines en matière de semi-liberté et de chantiers extérieurs

• Décret n° 98-1099 du 8 décembre 1998, relatif à l’organisation et au fonctionnement des établissements pénitentiaires

• Loi n°2004-204 du 9 mars 2004 portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité • Décret du 13 décembre 2004 relatif à l’application des peines, décret n°2006-385 modifiant le code de

procédure pénale et relative au traitement de la récidive des infractions pénales • Loi n°2005-1549 du 12 décembre 2005 relative au traitement de la récidive des infractions pénales • Articles 132-25, 132-26 et 434-29 du CP • Articles 495-8, 712-6 et s. 723, 723-2, 723-4, 723-20 et s. D.72-1, D.101, D103, D.49-11 et s. D118 à

D.136 du CPP

A – MISE EN PLACE DE LA MESURE PLACEMENT EXTERIEUR Toutes les personnes condamnées répondant aux conditions légales peuvent bénéficier d’un placement à l’extérieur. Le statut de la personne en placement extérieur sans surveillance n’est pas lié à la situation de personne sous écrou, mais à la situation dans laquelle elle se trouve dans le cadre du droit commun. Elle a donc droit de percevoir un minimum social, des allocations chômage, etc.… Elle a le droit de signer des contrats de travail. Dans tous les cas, pour que ces droits soient mobilisés, la personne doit s’inscrire auprès des organismes compétents. Sauf décision spécifique du Juge de l’Application des Peines (JAP ), le salaire de la Personne Placée Sous Main de Justice (PPSMJ) à l’extérieur sera versé sur le compte du chef de section comptable de la Maison d’Arrêt de Strasbourg lorsque l’employeur a connaissance de la situation pénale du condamné. Le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) devra apporter les éléments permettant au magistrat d’adapter sa décision à la situation du placé.

Page 85: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

85

Lorsque l’employeur n’est pas au courant de la situation de la personne, ou lorsque le condamné poursuit une formation professionnelle, le salaire sera versé sur un compte bancaire ouvert par la personne placée à l’extérieur. Si le condamné est soumis à l’obligation d’indemniser les victimes, le JAP fixera le montant de sommes dues mensuellement. Ces sommes seront également versées sur le compte du chef de section comptable de la Maison d’arrêt de Strasbourg à l’initiative de la personne en aménagement de peine.

Les propositions d’orientation de ces personnes vers les structures de placement à l’extérieur relèvent du SPIP en fonction de leurs besoins et des spécificités des associations partenaires. L’Association ANTENNE, par voie de convention, s’engage à héberger les personnes en placement à l’extérieur et à leur procurer un emploi, dans le cadre de cette mesure et pour la durée du placement. L’emploi sera préférablement fourni par les régies de quartier de Strasbourg qui sont une forme particulière d’entreprise d’insertion, ou dans le cas de postes limités, via une orientation vers les « Relais Emplois », des agences de travail intérimaire ou des entreprises privées. Certaines personnes en placement extérieur ne sont pas en capacité de travailler (manque de repères, problèmes de santé).

Les lieux de travail où l’on pratique essentiellement des travaux de nettoyage et d’entretien d’espaces verts sont des milieux ouverts de nature à inciter les gens à se réinsérer dans le tissu social. Ces activités professionnelles sont censées contribuer à établir ou à renouer des liens entre la société civile et les personnes détenues.

Cette remise en contact avec le milieu du travail favorise l’insertion ou la réinsertion – professionnelle tout en permettant l’acquisition d’une expérience et d’une formation. De surcroît, l’énergie potentielle déployée conforte l’équilibre personnel de la personne détenue. Elle doit obligatoirement respecter toutes les conditions fixées par le JAP en fonction de sa situation : horaires et suivi des activités, indemnisation des victimes, interdiction de fréquenter des lieux ou des personnes. En cas de mauvaise conduite ou de non-respect des obligations, le JAP peut prendre des mesures allant jusqu’au retour en prison, aggravé suivant les cas, de poursuites pour évasion.

Outre le toit et l’emploi, l’Association ANTENNE dispense un accompagnement social adapté à ces personnes au même titre que les autres résidents du CHRS.

L’Association aide la personne à engager une démarche vers l’autonomie pour permettre son insertion durable tout en tenant compte de ses difficultés et capacités.

En fournissant un cadre structurant, l’accompagnement social doit permettre à la personne d’exprimer ses attentes et de bâtir un projet cohérent, qui lui appartienne. L’Association ANTENNE s’engage :

* à développer une réflexion globale sur l’insertion des personnes placées sous main de justice tout en restant attentif aux évolutions de la population pénale et à la prise en charge * à respecter les droits de l’usager en s’astreignant à une obligation de moyens et à une exigence de qualité * à affirmer la nécessité de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre de la mesure au travers de l’ensemble de ses acteurs

Ces engagements génèrent diverses actions :

Un accompagnement social : Il ne porte pas uniquement sur l’accès aux droits (RSA, CMU, papiers d’identité …) mais prend une dimension globale et généraliste en mobilisant un ensemble d’outils d’insertion. L’Association s’engage à effectuer un accompagnement social de qualité avec des entretiens individuels réguliers, des entretiens psychologiques hebdomadaires et des regroupements réguliers. L’Association ANTENNE est chargée, en lien permanent avec le SPIP, d’assurer l’accompagnement de la personne dans la construction d’un parcours d’insertion durable en assurant un suivi social lié au logement et à la gestion du budget.

Un hébergement et de la restauration : L’association propose un hébergement dans sa structure avec accompagnement social et entreprend avec l’usager des démarches de recherche d’emploi. L’hébergement, en structure éclatée, répond aux normes d’hygiène. Chaque personne bénéficie d’une chambre individuelle avec cuisine et salle de bain en commun. Il doit être considéré comme un outil d’insertion en intégrant le nécessaire apprentissage de la vie en société et du partage des responsabilités. La structure remet à chaque personne détenue de l’aide alimentaire leur permettant de manger chaque jour sur le lieu de travail.

Page 86: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

86

Un emploi et/ou une formation : Lors de réunions et d'entretiens téléphoniques réguliers avec les employeurs, l’Association a relevé que les personnes en placement à l’extérieur travaillant pour la première fois sollicitaient un véritable accompagnement social, assorti d’une pédagogie directe.

Des soins : Un accompagnement vers les soins est systématiquement mis en place. La personne placée dans le cadre du droit commun, peut rencontrer son médecin traitant. Toute personne bénéficiant d’une mesure de placement extérieur doit obligatoirement disposer d’une carte vitale actualisée ou à défaut d’une attestation papier d’affiliation avant sa sortie de la Maison d’Arrêt de Strasbourg. De la même manière, un dossier d’accès à la Couverture Maladie Universelle Complémentaire (CMUC) devra avoir été complété durant la détention, en lien avec l’agent de la CPAM assurant une permanence à la Maison d’Arrêt. D’une manière générale, les soins sont dispensés en ville ou en consultation externe hospitalière. Une prise en charge au sein de l'unité de consultations et de soins ambulatoires de la Maison d'Arrêt est néanmoins possible dans l'attente d'une régularisation des droits de Couverture Maladie Universelle.

Une préparation du post-placement : Un bilan sur la situation professionnelle ainsi que des démarches de recherche de logement sont effectués.

Des activités de loisirs : L’Association ANTENNE est adhérente à l’Association « Tôt ou t’Art » et peut de ce fait orienter les personnes dites en placement vers les salles de cinéma, le théâtre.

Entretien du jardin

Page 87: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

87

Tournoi de football inter association gagné par Antenne lors d’un week-end.

B – FIN DE LA MESURE PLACEMENT A L’EXTERIEUR

Un bilan personnalisé reprenant le déroulement de la mesure et les éléments de contexte socioprofessionnels est effectué pour chaque PPSMJ avec l’employeur, le SPIP et la structure, avant la fin de peine afin évaluer son parcours d’insertion. Le contrat de travail au sein d'une régie de quartier pourra, le cas échéant et en fonction de la motivation du condamné, être prolongé au-delà de la fin de la peine jusqu’à 24 mois maximum.

Deux jours avant la levée d’écrou, la Maison d’Arrêt prend contact avec la structure pour l’informer de l’heure à laquelle la PPSMJ doit se présenter au greffe pour la levée d’écrou. La structure communique cette information au placé.

C – ANALYSE DU PLACEMENT A L’EXTERIEUR Durant l’année 2012, notre partenariat avec le SPIP a été consolidé et s'est fortifié. Un travail conséquent entre notre établissement, le SPIP, l’Administration Pénitentiaire et les magistrats a permis à 85 personnes placées - dont plusieurs femmes - sous main de justice de bénéficier d’un placement à l’extérieur. Chacune de ces personnes a bénéficié d’une prise en charge progressive et individualisée qui a favorisé leur participation, en qualité d’actrices de leur histoire sur le plan socioprofessionnel.

Page 88: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

88

1. Analyse chiffrée ■ Situation des personnes à l’admission

35%

32%

19%

14%

24%

35%

22%19%

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

- 25 ans 26/30 ans 31/40 ans + 40 ans

Age des personnes placées sous main de justice en 2 012

2011

2012

Cette année, nous avons accueilli davantage de personnes âgées entre 31 et 40 ans.

■ Situation familiale

Situation (en %) 2011 2012 Célibataire 66% 67% Couple 27% 12% Séparé / Divorcé 7% 21%

Les données restent stables pour les célibataires mais augmentent pour les séparations. ■ Provenance des personnes en placement extérieur

58%

53%

42%

47%

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

Strasbourg Hors Strasbourg - Région Est

Provenance des personnes

2011

2012

La majorité de notre public vient de Strasbourg.

Page 89: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

89

■ Santé

Diverses addictions en % 2011 2012 Addiction drogue 20% 30% Addiction alcool 10% 15% Addiction polytoxicomanie 10% 5% Sans addiction 60% 50% Nous pouvons constater une augmentation des personnes sous addiction.

2. Analyse des vécus Après l’octroi favorable du placement extérieur, les personnes détenues manifestent un certain enthousiasme, apprécient de finir leur peine en milieu ouvert et sont persuadées que le parcours le plus délicat, le plus ingrat, est accompli. Toutefois, ces sentiments sont partagés car une brusque immixtion dans le monde du travail s’avère quelque peu angoissante pour les personnes qui n’ont jamais travaillé et qui cumulent les problématiques liées à leur parcours délinquant et à leur addiction sanitaire. Les personnes ayant déjà travaillé auparavant redécouvrent avec joie la vie active. Elles exprimaient de façon claire leurs attentes et leurs projets pour la vie après le placement extérieur. A contrario, celles qui n’avaient jamais connu le monde du travail, doivent dans un premier temps appréhender toutes les obligations et les contraintes du milieu professionnel. D'autres personnes achèvent une longue peine, parfois de plusieurs dizaines d'années, et se heurtent à une société ayant considérablement changé où tous leurs codes et leurs points de repères passés ont été modifiés. Nous avons pu constater quelques difficultés liées au milieu du travail et à son nouveau rythme. Tout d’abord, ces personnes ont dû mal à se rendre sur le chantier chaque matin et aux horaires fixés par l’employeur. Elles n’arrivent pas à intégrer la nécessité de s’équiper de la tenue de travail et d’appliquer les consignes de sécurité. Toutefois, elles prennent conscience du montant relativement substantiel de leur salaire en échange de l’effort consenti pour la réalisation d’un travail dans le cadre d’un contrat aidé rémunéré au SMIC. Cette donnée leur permet de rester motivées face à la poursuite du placement extérieur. Les responsables des différentes régies de quartier s’accordent pour dire que les personnes placées nécessitent un accompagnement plus spécifique. Ils réalisent qu’une pédagogie directive est plus que bénéfique pour elles et surtout pour la suite de leur parcours d’insertion.

Sur le lieu de travail Pour que ces hommes s’accrochent intensément à la vie active au travers de l’emploi proposé, ce qui n’est pas évident, ils ont besoin d’un chef direct, stratège, faisant preuve de tact à leur égard. Le sentiment d’être respecté et que leur travail soit reconnu par les membres de l’équipe - surtout par la hiérarchie – est primordial pour eux. C’est un facteur fondamental de nature à favoriser leur insertion dans la cellule sociale. La qualité de ces différents rapports s’avère être la condition sine qua non à leur intégration au sein du groupe. Dans l’affirmation, les personnes en placement extérieur se révèleront aptes à réaliser avec entrain les tâches les plus fastidieuses. Toutefois, sachant que la durée moyenne du placement est de 5 mois, il est difficile d’espérer une véritable réinsertion en si peu de temps. Il convient de mettre en place un dispositif tenant compte de la durée du placement et de la personnalité de la personne.

Sur le lieu d’hébergement Nous avons pu constater que les personnes en placement extérieur étaient désemparées à leur sortie de détention, certaines d’entre elles avaient perdu nombre de repères pour vivre à nouveau en société. Afin de mieux les accompagner, il nous semble plus que nécessaire de prendre en compte la dimension psychologique de la personne.

Page 90: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

90

A notre niveau, nous déplorons un manque de coordination entre les services pénitentiaires et sanitaires au sein de la maison d’arrêt. Cette défaillance est très préjudiciable aux personnes détenues effectuant un placement extérieur. Notre accompagnement social se matérialise par, au minimum, deux entretiens hebdomadaires. Cela nous permet avec les intéressés de travailler un certain nombre de problématiques. Plusieurs axes de travail sont traités durant les entretiens : l’accès aux soins, la compréhension de la sanction et des obligations qui en découlent, l’apprentissage de la gestion budgétaire, l’accès au logement autonome pour le post-placement.

D – CONCLUSION Bien qu'il subsiste bon nombre de difficultés inhérentes au système carcéral, le partenariat institué entre le secteur associatif et la prison constitue une avancée manifeste dans le domaine de la préparation à la sortie et de la prévention de la récidive. Durant l'année passée, nous avons développé le travail avec les acteurs sanitaires et mis en application le référentiel mis en place par le SPIP. Ce type d’aménagement de peine s’avère un tremplin à l’insertion sociale, nécessaire à un nouvel ancrage dans le tissu social et un premier échange entre la personne et la société. Le placement extérieur est sans nul doute à développer dans les années futures, d’autant plus que dès lors qu’il est réussi, la majorité des bénéficiaires expriment des souhaits de reconstruction personnelle, professionnelle et sociale avec la sage décision de s’extraire définitivement de l’environnement médiocre où ils ont trop souvent vécu. Problématique emploi L’envie de travailler est présente chez la majorité des personnes placées en milieu extérieur. Ils y voient souvent un bon moyen de s’en sortir. Pourtant n’ayant peu ou pour certains jamais travaillé avant de purger leur peine, les personnes accompagnées et/ou suivies par Antenne sont assez éloignées de l’emploi, et il leur est donc très difficile de s’insérer dans le milieu professionnel. Ces difficultés sont généralement d’ordre pratique et relèvent de la ponctualité, de la façon de se rendre au travail, du manque de repère, d’orientation et d’une hygiène et d’un rythme de vie à découvrir ou redécouvrir et à apprivoiser. Il faut alors mettre en place un accompagnement permettant un apprentissage essentiel durant les deux premiers mois. Pour ce faire, l’équipe doit redoubler d’efforts pour imaginer des stratégies afin d’enseigner toutes ces notions pourtant simples, mais qui peuvent se révéler très embarrassantes et contraignantes pour les usagers. Il n’est pas inhabituel de constater un véritable fossé entre le paraître d’une personne qui semble pouvoir se débrouiller et qui n’exprime pas du tout de difficultés d’ordre pratique ou organisationnel et le face à face en entretien avec cette même personne qui est en perpétuelle demande d’accompagnement. Sans basculer dans l’assistanat, il est nécessaire de prendre en compte cette notion d’absence de savoir-être, d’autonomie et sans cesse reprendre et retravailler ces « bases » qui parfois semblent manquer. L’accompagnement est primordial pour la bonne mise en route de ce nouvel emploi et l’adoption du rythme de travail. Gardons à l’esprit que pour l’employeur il n’est pas évident d’embaucher des personnes placées sous main de justice dont la plupart sont en difficulté ; d’où l’importance d’un bon partenariat associé à une relation de confiance entre l’entreprise et l’association. Problématique hébergement Dans les appartements gérés par l’association, la cohabitation se fait à trois ou quatre personnes. L’équipe doit prêter attention aux personnes partageant le même logement. En effet, il est recommandé d’éviter de regrouper ceux étant condamnés pour des délits identiques, notamment liés à la toxicomanie ou à une autre addiction. L’hétérogénéité est de rigueur. Elle l’est également concernant l’âge des individus. En faisant cohabiter un jeune homme avec un co-résident plus âgé, les bénéfices semblent évidents. Chacun à la possibilité d'apporter à l'autre son expérience et sa maturité pour un enrichissement réciproque. Toutefois, les difficultés de la vie en colocation doivent être prises en compte. Il est nécessaire d'accepter de faire des efforts et des concessions pour permettre le bon fonctionnement de la vie commune. L'équipe doit également veiller à rester à l'écoute des résidents notamment lorsque des tensions sont constatées au sein de la relation de colocation.

Page 91: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

91

Beaucoup des personnes accueillies en placement extérieur sont dépourvues de solution de logement à l'issue de leur prise en charge. Pour ces personnes, un accompagnement dans le cadre du CHRS fait souvent suite à l'incarcération. Problématique santé Parmi les personnes bénéficiant d’un aménagement de peine, certaines suivaient un traitement durant leur détention. En détention la personne incarcérée fait ce qui lui est demandé : elle prend son traitement sans réfléchir. En placement extérieur, il faut penser à prendre son médicament, gérer la dose, ne pas cumuler les médicaments… D'autre part, l'obligation de soin fixée dans le cadre du suivi effectué par le SPIP pose problème à de nombreux psychologues et psychiatres de la ville. Si l'on peut entendre les raisons invoquées (un suivi psychologique n'a de sens réel que si la personne s'y inscrit), il n'en reste pas moins que nous rencontrons parfois des difficultés à orienter ces personnes vers un lieu de parole. L’accompagnement psychologique nous semble en effet apaisant pour l’usager et rassurant pour l'équipe, il permet d’introduire un tiers à la relation et d’apporter un double éclairage sur la situation rencontrée par la personne accueillie. Au quotidien se pose également la question de notre aptitude à faire baisser les tensions dans le cas où plusieurs résidents auraient des manifestations agressives, comme cela a déjà été le cas. La proportion grandissante de personnes incarcérées pour des ‘’délits sexuels’’ nous amène à questionner nos pratiques et nos formations. Pour pouvoir accompagner au mieux les personnes ayant commis ce type de délit et de prévenir la récidive, il nous manque trop souvent des partenariats avec des psychologues ou psychiatres acceptant de réaliser la part thérapeutique de ce suivi. Nombreux sont en effet les thérapeutes qui ne se sentent pas à la hauteur pour suivre des personnes ayant ces profils. De manière plus générale, c'est la question du relais qui est posée ici, et celle du travail en partenariat. L'accueil des personnes ayant réalisé de longues peines (voire de longues peines de plus de 20 ans) présente une charge de travail plus conséquente. En effet, l'accompagnement s'avère être plus pointu, plus minutieux, mais également plus lourd. Le temps d'adaptation à la vie à l'extérieur est souvent rallongé et les démarches concernant le travail ou le logement à la sortie de détention prennent plus de temps et sont parfois secondaires, l'accompagnement vers le soin restant souvent prioritaire. Au fil des années, forte de plusieurs centaines de suivis de personnes en Placements Extérieurs, l’équipe d’Antenne a appris à puiser dans toutes les ressources existantes, notamment en multipliant les partenariats avec des interlocuteurs spécialisés, et a pu peu à peu se forger une expérience qui sert aujourd’hui de socle à des prises en charge de plus en plus distinctes, plus lourdes et parfois plus pesantes.

Page 92: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

92

III. L’ACCOMPAGNEMENT SOCIAL LIE AU LOGEMENT Référents F.S.L en 2012 :

• Véronique Fauvelle à temps complet • Céline Mifsud en congés maternité du 1er janvier au 5 juin 2012 et à mi-temps

du 5 juin au 5 décembre 2012 puis à temps complet • Laurie Schuck en qualité de remplaçante de Mme Mifsud

Mis en place en septembre 1991 en application de la loi du 31 mai 1990, le Fonds de Solidarité pour le Logement est un dispositif essentiel du Plan Départemental d’Action pour le Logement des Personnes défavorisées. Son objectif est double : faciliter l’accès ou le maintien dans un logement en faveur des plus démunis par l’attribution d’aides financières éventuelles tout en permettant un apprentissage des règles de vie et de gestion quotidienne de ce logement par la mise en place, le cas échéant, d’un accompagnement social adapté. 1. Mesures déléguées en 2012 a) En terme quantitatifs Accès au logement + Bilan diagnostic : 24 Enquêtes, CDAPL, Assignations, saisines CAF : 66 ASLL simples et/ou Bilan diagnostic : 134 Total : 224 mesures pour 190 familles suivies

b) En terme qualitatifs Les « plus fragiles » sont les premiers à subir de plein fouet la crise économique : en effet les accidents de la vie et l’adversité (maladie, perte d’emploi, divorce, etc…) obèrent d’autant plus les budgets. L’accompagnement social lié au logement a comme objectif premier de permettre l’accès et le maintien dans le logement et de prévenir les expulsions locatives des plus démunis. Pour cela, nous intervenons dans différents cadres à savoir : L’accès au logement

Il s’agit, à la fois, de veiller à ce que toutes les démarches administratives soient réalisées telles que la signature du bail, l’ouverture des compteurs d’énergies, les changements d’adresses, la mise en place des allocations logement… ainsi qu’à une bonne insertion dans le logement et le quartier. De ce fait, nous accompagnons les personnes et familles dans tous les aspects en lien avec le logement. Selon les situations, nous les accompagnons et les conseillons dans l’achat du mobilier et de l’électroménager, nous abordons avec elles les droits et devoirs du locataire en mettant un point d’honneur sur l’entretien du logement et sur le paiement des loyers et des charges. Enfin, nous travaillons avec elles la gestion d’un budget équilibré. En effet, les familles que nous accompagnons ont un budget très serré. Il est donc d’autant plus important de prévoir les dépenses afin d’arriver à régler toutes les charges mensuelles. Sauf cas exceptionnel, nous parvenons à aborder positivement les aspects concernant l’hygiène de vie des personnes d’une part et la propreté des logements d’autre part. Bien que ces sujets restent délicats à évoquer du fait du respect de la vie privée des personnes, nous essayons néanmoins de les considérer après avoir mieux fait connaissance avec la famille et découvert son mode de vie.

Page 93: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

93

Nous traitons ainsi ces problèmes matériels avec plus d’aisance en prenant garde de les exposer sous l’angle de vue de l’usager, à savoir ce qui LE préoccupe « LUI » et comment il peut y remédier. Après ce travail préliminaire, tout reste possible à condition de respecter intimement les choix personnels de chacun. Après ce déclic, l’aspect hygiène de vie peut être mis en discussion : des résultats tangibles ont alors été perceptibles. En tout état de cause, cet aspect est toujours mis en relation avec les droits et les devoirs du locataire mentionnés dans le bail souscrit à l’entrée des lieux. Lorsqu’il existe des plaintes de voisinage, nos médiations sont proposées et généralement acceptées. Le maintien dans le logement :

Lorsqu’il y a présence d’une dette locative, nous travaillons sur la gestion du budget afin de permettre la reprise du paiement du loyer. Nous sommes régulièrement en contact avec le bailleur et négocions la mise en place d’un plan d’apurement adapté ou protocole Borloo, si nécessaire. Nous favorisons au mieux, le maintien dans le logement. Le cas échéant, si le maintien n’est plus possible, que le montant du loyer est trop élevé par rapport aux ressources de la famille, nous accompagnons dans les démarches en vue d’un relogement ou hébergement. Enfin, nous instruisons, si nécessaire, des demandes d’aides financières afin d’aider au règlement des factures ou dettes. Nous orientons aussi les familles vers de l’aide alimentaire. Si nécessaire et si souhaité, nous accompagnons à la constitution et au suivi de dossiers de surendettement. Les enquêtes sociales :

Le F.S.L. nous sollicite afin de réaliser une enquête sociale et de proposer à la personne ou famille un accompagnement adapté lors de l’assignation en justice pour impayé de loyer, d’une demande d’intervention du Concours de la Force Publique, de la saisine de la Caisse d’Allocations Familiales ou de la Commission Départementale des Aides Publiques au Logement. Il s’agit alors de trouver des solutions à la situation locative : maintien ou relogement. Toutes les mesures d’accompagnement nous sont orientées par le Fonds de Solidarité Logement. Les demandes lui sont précédemment envoyées par les travailleurs sociaux de quartier, les associations, les bailleurs, la préfecture, la Caisse d’Allocations Familiales et la Commission Départementale des Aides Publiques au Logement (pour les enquêtes). Une grande majorité de familles accompagnées nécessite la mise en place d’un accompagnement budgétaire personnalisé. Soit, nous avons décelé une carence de rigueur budgétaire qui se doit d’être rectifiée grâce à un apprentissage permettant de prioriser l’impérative nécessité d’honorer régulièrement les loyers, les charges et le plan d’apurement – y compris le protocole Borloo - éventuellement existant ainsi que les autres factures liées au logement. Soit, nous dénotons une inadéquation entre le coût effectif du logement et les revenus et nous accompagnons à un relogement. Nous intervenons également pour accompagner à la constitution et au suivi de dossiers de surendettement, si nécessaire. Il va de soi que nous essayons d’améliorer le quotidien par divers secours, si nécessaire. Nous constatons que nous sollicitons ces secours de manière plus en plus fréquente et ceci par nécessité pour les familles. En cas de problèmes de compréhension de notre langue et d’illettrisme, nous aidons à une mise à plat de tous les droits sociaux ainsi qu’à la compréhension des démarches à réaliser. Cependant, nous constatons qu’une grande partie des personnes ne donne pas suite à nos propositions de rencontres et ceci malgré nos sollicitations (rendez-vous au bureau et visites à domicile). En 2012, les conséquences de la crise économique poursuivent leurs inexorables avancées engendrant des licenciements de masse et rendant encore plus complexe l’accès à l’emploi. De ce fait, les publics déjà fragilisés que nous rencontrons sont d’autant plus confrontés à l’adversité. En outre les accidents de la vie (maladie, divorce) compliquent encore davantage la situation. Pour l’année 2012, nous continuons de constater une insuffisance de revenus par rapport aux charges financières des familles. Certaines d’entre elles étaient dans l’incapacité d’améliorer leurs conditions financières surtout les personnes retraitées. Les familles monoparentales sont également de plus en plus touchées, même en cas d’activité salariée, les budgets restent restreints.

Page 94: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

94

c) Nos pratiques professionnelles Il est à noter que l’accompagnement social lié au logement est réalisé en partenariat avec les travailleurs sociaux de secteur. Par ailleurs, notre intervention se limite aux fonctions définies par la charte de l’accompagnement social lié au logement. Il est à noter qu’une nouvelle charte a été signée pour les années 2012, 2013 et 2014. Toute autre demande exprimée par les personnes ou déterminée lors des entretiens est orientée vers le professionnel adapté (psychologue, conseiller emploi ….). Il s’agit d’un accompagnement individualisé qui est fonction des besoins de la personne accompagnée. Toutes nos pratiques professionnelles sont orientées vers le « faire faire » et s’adaptent à chaque accompagnement. La majorité des familles suivies adhèrent de leur plein gré à notre stratégie, satisfaites de l’intérêt qu’on leur porte. Ainsi, c’est toute la relation humaine qui s’en trouve enrichie avec une avancée des apprentissages et du lien social. L’expérience montre que la coopération des familles, quels que soient leurs niveaux et leurs capacités, porte ses fruits si l’on sait faire preuve de tact et de patience. Aussi, forts de telles expériences, nous mettons toute notre énergie à progresser au rythme des familles en fixant des micro-objectifs dans le cadre des objectifs globaux définis d’un commun accord lors des évaluations successives. Notre pratique professionnelle vise ainsi à la résolution progressive et, si possible, définitive des difficultés, par paliers successifs en fonction de l’urgence, en enregistrant chaque avancée. Ainsi, l’intéressé intègre chaque apprentissage dans le cadre de son projet personnel d’autonomie.

2. Les difficultés de l’usager

Procédure d'explulsion locative

52%48%

Personnes ayant faitl'objet d'une procédurelocative d'expulsion

Pas d'expulsion

Plus de la moitié des personnes suivies ont fait l’objet d’une procédure d’expulsion locative en 2012. Par rapport à l’an dernier, nous notons une diminution de 7%.

Page 95: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

95

a) Profil et lieu de résidence

Familles suivies en 2012

Famille monoparentale de 3

enfants et plus8%

Famille monoparentale de 1 à

2 enfants19%

Couple de 3 enfants et plus

6% Couple de 1 à 2 enfants

13%

Couples sans enfant11%

Personnes seules43%

Pour l’année 2012, les personnes suivies sont majoritairement seules.

Quartiers de résidences

2011 2012

Bischheim, Schiltigheim, Hoenheim, Lingolsheim

15% 10%

Strasbourg centre, Robertsau 20% 25% Meinau, Neudorf, Neuhof, Port du Rhin, Musau

28% 30%

Hautepierre, Cronenbourg, Elsau, Koenigshoffen, Montagne Verte

30% 28%

Illkirch, Ostwald 5% 5% Autres communes 2% 2% On note une baisse pour les quartiers Nord et Ouest de Strasbourg et une hausse pour les quartiers centre et Robertsau.

b) Bailleurs

Type de bailleurs

1%

39%

60%

Sociaux

Privés

Foyers

Dans les deux cas, nous intervenons pour permettre, autant que faire se peut de résoudre les problématiques en délivrant des conseils d’économies et en entreprenant des médiations avec les bailleurs pour permettre les réparations nécessaires. Il est à noter qu’en 2012 Véronique FAUVELLE avait pu suivre une formation sur la précarité énergétique. De ce fait, elle est désormais habilitée à réaliser tout accompagnement délégué de ce type.

Le coût des locations des logements privés est bien souvent prohibitif et le chauffage représente un poste budgétaire important. Ce poste a explosé ces dernières années en raison des augmentations successives du coût des énergies. Bien des familles ont du mal à y faire face tant dans le parc locatif privé que social. Sur certains logements, nous constatons une précarité énergétique liée au bâtiment lui-même (mauvaise isolation, etc …) ou à l’utilisation même de l’énergie.

Page 96: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

96

Il s’agit d’un nouveau dispositif pour lequel nous n’avons pas encore été sollicités. En outre, nous sommes en attente d’un pack d’outils permettant d’évaluer scientifiquement l’état des logements. Selon le F.S.L., une centaine de familles devraient pouvoir bénéficier de ce dispositif sur le Bas-Rhin en 2013. En outre, il convient de souligner la disparité des loyers d’un quartier à l’autre. A noter également les barrières émises à la location par les agences immobilières missionnées qui réclament des justificatifs (contrat de travail, fiche de paie, etc.…), des frais d’agence (et ceci avant toute intervention) et des cautions importantes. Certaines agences immobilières vont même jusqu’à refuser l’éventualité d’une intervention FSL au titre de l’accès dans les lieux. En l’occurrence, les bénéficiaires du Revenu Solidarité Active sont généralement refusés, même s’ils disposent d’un cautionnaire. Le Bureau d’Accès au Logement (B.A.L.) est de plus en plus sollicité avec des listes d’attente importantes. Pour pallier à toutes ces difficultés, une Agence Immobilière à Vocation Sociale (A.I.V.S.) a été créée. Ceci nous permet d’orienter certaines familles vers le parc privé. Par ailleurs, les ménages ne disposant que de faibles revenus (contrats précaires) doivent supporter les fluctuations d’allocation logement affectant d’autant le montant des loyers résiduels. L’accès au logement social est de plus en plus difficile pour les plus démunis tels que les bénéficiaires des minima sociaux. En effet, certains bailleurs sociaux se protègent, estimant que ces ménages ne seront pas en mesure de tenir leurs engagements locatifs du fait de leurs maigres ressources et ne consentent plus à louer un appartement notamment lorsqu’il y a présence de dettes locatives. Avec la crise du logement social, les relogements deviennent difficiles pour toutes les familles. Cependant, pour les situations les plus complexes, les dispositifs de relogement tels que les Accords Collectifs Départementaux, le public prioritaire C.U.S. et la commission de médiation DALO permettent de trouver des solutions. Nous constatons toutefois que ces dispositifs sont saturés et mènent de moins en moins à un accès au logement rapide. En ce qui concerne les logements indignes ou indécents, le Dispositif Départemental d’Eradication du Logement Indigne ou Non Décent (D.D.E.L.I.N.D.) du Bas-Rhin permet également, dans la plupart des cas, de résoudre les problèmes locatifs. Sur l’année 2012, l’accompagnement mené à bien a permis d’éviter toute expulsion locative effective des personnes en cours de suivi. A noter que sur 190 familles suivies, notre accompagnement a permis d’arrêter ou de stabiliser 24 procédures d’expulsions locatives. Ceci démontre tout l’intérêt de la mise en place préventive d’un accompagnement social lié au logement.

c) Les revenus

Revenus de familles

2011 2012

RSA et prestations sociales uniquement

43% 42%

Cumul RSA activité et salaire 11% 9% AAH et pension d'invalidité 7% 8% Salaires, Indemnités chômage ou CPAM jusqu'à 1000 euros

5% 8%

Salaires, Indemnités chômage ou CPAM de 1000 euros à 1400 euros

6% 3%

Salaires, Indemnités chômage ou CPAM de plus de 1400 euros

8% 8%

Retraites 5% 8% Non connus 15% 14% Plus de la moitié des personnes sont bénéficiaires du RSA (seul ou en cumul d’activité).

Page 97: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

97

d) L’endettement et le surendettement

Procédures de surendettement

2011 2012

Personnes ayant bénéficié d'un dossier de surendettement avant notre intervention

16% 10%

Personnes ayant bénéficié d'un dossier de surendettement au cours de notre prise en charge

16% 15%

Personnes manifestement en situation de surendettement sans dépôt de dossier à ce jour

23% 25%

Non connu par manque de justificatifs

18% 25%

Personnes n'étant pas en situation de surendettement

27% 25%

50% des personnes sont en situation manifeste de su rendettement, soit une légère baisse par rapport à l’an passé.

La situation d’endettement ou de surendettement, généralement liée à une insuffisance de revenus, induit des difficultés pour acquitter les loyers, les charges, les plans d’apurement en vigueur et les factures liées au logement (chauffage, prime d’assurance logement, etc …). Avec la poursuite de la crise économique, la situation sur le marché du travail continue de se dégrader. Très peu de nos usagers disposent d’un travail stable. Une grande majorité d’entre eux survivaient d’ailleurs grâce à des missions intérimaires ou des contrats précaires. Or, une grande partie de ces contrats ont été supprimés avec la crise. Ceci a aggravé la situation financière des familles accompagnées. L’accompagnement budgétaire et les médiations ont été indispensables

Généralement, l’accompagnement budgétaire mené a bien porté ses fruits. Néanmoins, il peut nous arriver de faire appel à nos collègues Conseillères en Economie Sociales et Familiales de secteur pour réaliser une Action Educative Budgétaire. Notre accompagnement s’adapte à chacun car nos grilles budgétaires évoluent en fonction des besoins. Parfois, elles peuvent êtres simplifiées à l’extrême au départ pour permettre la réalisation d’apprentissages successifs visant in fine l’autonomie. Bien évidemment, micro objectifs et encouragements mettent en lumière l’effort et le mérite ! Cependant, pour quelques familles ou personnes, malgré une gestion budgétaire très rigoureuse, les revenus sont insuffisants.

e) Le relogement

Démarches réalisées lors d'un relogement

Saisine de la commission DALO

5%

Orientation B.A.L5%

SIAO6%

Demande d'accord collectif

départemental5%

Pas de démarche de relogement

35%

Recherche de logements privés et

médiations8%

Demande de logements sociaux et

médiations36%

123 familles sur 190 suivies ont fait l’objet d’un accompagnement dans le cadre d’un

relogement.

Page 98: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

98

3. Les changements pour l’année 2012

a. Une territorialisation du Fonds de Solidarité Lo gement Le fonctionnement global du Fonds de Solidarité Logement a changé en juillet 2012. En effet, avant cette période, le service était centralisé, il recevait et étudiait toutes les demandes. Il n’y avait qu’un seul comité d’orientation qui soumettait son avis au Président du Conseil Général du Bas-Rhin. Depuis juillet 2012, le F.S.L. conserve un service central qui gère toutes les demandes émanant de Strasbourg uniquement. Pour tous les autres secteurs, le responsable de secteur de chaque Unité Territoriale d’Action Médico-Social (U.T.A.M.S.) est seul décisionnaire. Pour ce faire, il dispose d’un instructeur F.S.L. qui instruit les demandes et les lui soumet. Pour tous nos usagers résidant sur Strasbourg, nous continuons d’envoyer nos bilans et courriers au F.S.L. rue Livio, et les autres aux U.T.A.M.S. concernés.

b. Un changement de financement Jusqu’en juillet 2012, le service F.S.L. de l’Association Antenne était financé à l’acte, c'est-à-dire sur la base d’un tarif déterminé par mesure effectuée (bilan, diagnostic, enquête sociale, A.S.L.L.). Depuis, le service est financé par une dotation globale.

c. Un fort ralentissement du fonctionnement même du F.S.L. induit par cette territorialisation

A partir du mois de juillet 2012, nous avons constaté des délais d’instruction pouvant aller au-delà de 6 mois. Ceci a bien évidemment induit des difficultés pour les usagers en attente de réponse. De notre côté, il est difficile de consolider une situation locative quelle qu'elle soit si nous intervenons tardivement et lorsque les situations se sont encore précarisées. Bien souvent les usagers ne comprennent plus pourquoi nous intervenons si tardivement et pourquoi aucune réponse concrète ne leur a été donnée pendant des mois.

Page 99: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

99

LE SITE NEUHOF

Le S.H.R. Neuhof

Les Centres d’Hébergement d’Urgence Hivernaux

"Jaurès" et "Cassin"

6, rue Saint Exupéry – 67100 STRASBOURG Tél. : 03 88 40 10 55

Page 100: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

100

Page 101: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

101

I. LE S.H.R. NEUHOF Membres de l’équipe en 2012 : Surveillant Coordinateur : Agent d’entretien : Francis HESTIN Sandrine TRABER Surveillants de Nuit : Surveillant de Jour : Salah MAKHLOUFI Patrick ZELLER Belkacem HERMA (remplacement des veilleurs durant leurs congés)

Salahuddin SEDHIGI (Veilleur de jour le week-end ) Graig FILSTICH (remplaçant M. SEDIGHI détaché au Centre Jaurès à partir du 01/11/2012)

Avec une approche constructive, loin de tout misérabilisme, les personnels du Service Hébergement Relais du NEUHOF de l’association ANTENNE placent la dignité humaine et le respect de la personne au cœur de leur action, en permettant l’accueil et l’hébergement des personnes sans domicile fixe, orientées par le 115.

1. Présentation Générale Le Service Hébergement relais du NEUHOF est une catégorie d’établissement social intervenant dans la mise à l’abri de personnes, couples, avec ou sans animaux, sans domicile fixe, dirigées par les services du 115. Le SHR se réfère de la compétence de l’Association Antenne. Le financement, le contrôle et le suivi de son action sont assurés par la DDCS du Bas-Rhin. Le SHR NEUHOF a été créé à la diligence de la DDCS du Bas-Rhin et de la Préfecture du Bas-Rhin en mars 2008. Il est géré par l’Association Antenne dont le siège administratif se situe 9 rue Déserte, à Strasbourg. Le SHR Neuhof est un établissement de type éclaté, implanté dans le quartier du Neuhof. Son bureau d’accueil et ses logements se situent au 6 rue Antoine de Saint Exupéry à Strasbourg ; à 7 km du centre ville, sur l’axe nord-sud desservi par le TRAM, et par la ligne de bus n° 14 et 24.

2. Description de la structure Le SHR Neuhof gère un parc de 10 logements CUS HABITAT au sein d’un immeuble situé 6 rue Antoine de Saint Exupéry dans le quartier du Neuhof.

• 1 logement de type F2 est réservé à l’accueil/secrétariat et à la chambre des surveillants, permettant ainsi de centraliser deux activités importantes du SHR, la fonction de gestion des logements, et le regroupement des activités qui sont régulièrement organisées par des stagiaires et des bénévoles.

• 9 logements de type F1, qui sont les lieux de mise à l’abri.

Le Logement Accueil : Il est accessible tous les jours ouvrés de 18h00 à 09h00 et le samedi de 14h au dimanche à 13h. Il est composé d’une chambre pour le surveillant, d’une salle principale équipée d’un bureau et d’une pièce pouvant accueillir une dizaine de personnes, qui permet également de la transformer en salle d’activités. C’est un lieu de passage obligatoire dans le fonctionnement du SHR. Cela permet de contrôler les allées et venues des dirigés, ainsi que la récupération des couchages le lendemain matin. Il permet également de servir un petit déjeuner aux personnes qui le désirent avant leur départ.

Page 102: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

102

Les appartements : Les 9 appartements mobilisés pour la mise à l’abri ont une capacité d’accueil totale de 18 personnes. Chaque appartement de type F1, peut accueillir 2 personnes, couples ou non, avec ou sans animaux. Détails des pièces des logements Superficie total par logement: 36 m² 103 -104 – 109 – 302 – 311 – 404 – 409 – 410 - 503 1 pièce de vie (salon chambre) : 22 m² 1 cuisine : 5 m² 1 WC salle de bain : 3 m² 1 couloir : 3 m² 1 loggia : 3 m²

3. Le public accueilli La mise à l’abri, oblige le SHR Neuhof à accepter un large public tel que :

• les hommes seuls • les femmes seules • les couples • les personnes avec animaux • des adultes toxicomanes, alcooliques • des personnes qui doivent bénéficier d’un suivi médical spécialisé atteint du V.I.H., de l’hépatite C,

etc. • des personnes en traitement pour psychose, etc.

Ces personnes sont de toutes origines, sociales, religieuses et ethniques, ce qui nous impose une réactivité très importantes, et une approche constructive.

Cuisine WC Salle de bain

Cuisine

Couloir d’entrée

WC Salle de bain

Pièce de vie

Loggia

Coursive

Placard

T1

Page 103: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

103

L’admission Sont concernées les personnes à la rue repérées par les maraudes ou les différents services sociaux, et prises en charge par le 115. Les personnes accompagnées d’un animal de compagnie peuvent être prises en charge. Seules peuvent être accueillies les personnes qui peuvent prétendre à intégrer le dispositif d’insertion. L’hébergement d’urgence en structure collective sera privilégié pour un public ne pouvant bénéficier d’aucune prise en charge spécifique. Dirigées vers l’accueil du 6 rue Saint Exupéry, elles sont reçues par le coordinateur ou le veilleur, afin d’effectuer les formalités d’admission, qui, bien que succinctes, ne négligent en rien les règles de sécurité. (Lecture du règlement intérieur, inscription du nom, prénom, date de naissance, et de l’heure d’arrivée). Ouverture et fermeture des locaux Les horaires du lieu d’accueil sont les suivants :

• Du lundi au vendredi de 18h00 à 24h00 • le samedi – dimanche de 8h00 à 13h00 et de 14h00 à 24h00 • les jours fériés de 20h00 à 24h00

Les logements sont ouverts par les personnels du SHR Neuhof au fur et à mesure de l’arrivée des pensionnaires. Le départ des pensionnaires se fera au plus tard à 09h00 le lendemain matin sauf les week-ends. Après récupération du couchage et vérification de sécurité par les personnels de veille, les logements sont fermés à clefs. La réouverture momentanée est effectuée par l’agent d’entretien du SHR Neuhof pour effectuer l’entretien et la remise en état des locaux. Tout événement doit être indiqué, avec le maximum de détails (horaire, qui, quoi, où, comment, avec qui, avec quoi, dispositions prises, personnes prévenues, etc…), dans le cahier d’événements et sur la fiche de compte-rendu mise en place au local accueil du veilleur. Les charges et les difficultés de l’équipe Afin d’établir une liste exhaustive des tâches principales qui sont dévolues aux personnels du SHR Neuhof, il nous faut citer les diverses causes de sinistres possibles. Les personnels du SHR Neuhof ont principalement pour mission de dissuader les actes de malveillance : vols, effractions, dégradations des locaux, etc. Leur travail consiste à assurer la protection des biens et/ou des personnes. Dans l’exercice de leur travail, les personnels se tiennent à un poste fixe (appartement 201) et effectuent des rondes dans les locaux aux horaires indiqués par le coordinateur. Ils doivent connaître l'emplacement des installations à surveiller et vérifient le bon fonctionnement des moyens de prévention mis en place (extincteurs, moyens d’alerte, téléphone et numéro d’urgence). Les mesures exigées pour éviter une intrusion, une effraction, un vol ou un cambriolage sont un certain nombre de mesures de protection préalables :

• protéger les locaux en fermant à clef les portes d'entrée • fermer la nuit les fenêtres, les persiennes en bois plein ou des volets roulants en PVC • rester vigilant, rester discret • mettre en sécurité les objets de valeur • fermer avec un cadenas les vestiaires individuels

Il est très important de respecter les diverses consignes de sécurité. Dans le cas contraire la responsabilité des personnels peut être mise en cause.

Page 104: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

104

Le veilleur de service effectue des rondes : à 20h30 et 22h30, et deux fois dans la nuit aux heures fixées par le responsable du service. Au cours de ses rondes, il participe à la sécurité du bâtiment en contrôlant particulièrement :

• l’état général des installations sanitaires • l’utilisation normale des appareils sanitaires • l’état général des installations électriques • l’utilisation normale des appareils électriques • l’état général des installations de chauffage de l’eau • l’utilisation normale de ces appareils

Il rend compte de toute anomalie au responsable du service. Les personnes accueillies sont régulièrement (pour certaines) sous emprise de l’alcool ou de stupéfiant, voire le plus souvent des deux. Elles peuvent également être victimes de traumatisme plus ou moins grave, violence, chute, etc. Dans tous les cas les personnels du SHR Neuhof, ne sont pas habilités à remettre des médicaments, ni à prodiguer des soins (sauf 1ère urgence), mais ils doivent prévenir le 115, SOS médecin ou les services d’urgences (pompiers, SAMU, etc.) selon la gravité du cas à traiter. Le travail assidu et le non relâchement de la vigilance a permis de diminuer les actes de violences physiques. Cependant la violence verbale n’a guère diminué, mais semble avoir évolué en une autre méthode de transmission. Elle n’est plus adressée directement aux veilleurs. Les personnes désirant se plaindre des veilleurs préfèrent s’adresser à leur référent en inventant des scénarios, tous plus imaginatifs que les autres. Une des particularités de 2012 se situe dans le changement de profil du public hébergé. En effet, à l'issue de la campagne hivernale 2010-2011, le S.H.R. a continué à la demande de la D.D.C.S. du Bas-Rhin, d'accueillir un public majoritairement féminin. Agréé pour 18 places, nous avons hébergé en moyenne 21 personnes par nuit tout au long de l'année (sauf en période hivernale, lors des moments de grands froids où l'on est passé à 23 personnes hébergées par nuitée). Ce changement de profil du public, a entraîné une nécessaire adaptation des modalités de fonctionnement de la structure, mais aussi de la vie au quotidien face à laquelle il a fallu que les veilleurs s'adaptent. Il est apparu une demande de plus en plus importante des maris ou des concubins, afin que les rondes prescrites ne se fassent plus dans les chambres de leurs femmes ou concubines. Après un essai de moindre ronde, il s’est avéré que cela permettait au résident demandeur d’essayer d’introduire leur mari ou concubin dans leur chambre pour la nuit. La reprise du nombre de rondes a permis de stopper les actions entreprises. L’utilisation d’appartements par d’autres associations au sein du même immeuble entraîne malgré tout, parallèlement, de nombreux problèmes de voisinage. En effet, sans contrôle, ni présence régulière de la part des responsables des autres associations, de nombreux troubles sont relevés par les résidents, et nous sont immédiatement imputés. Malgré nos efforts et notre courtoisie, nous ne pouvons intervenir auprès des personnes accompagnées par d’autres structures, sauf dans les cas extrêmes requérant les forces de l’ordre ou les secours. Ce sont souvent des troubles dues à l’alcoolisme, à la drogue (consommation, ou deal).

4. Analyse chiffrée

• Ouverture des places de mise à l’abri le 3 mars 2008 : 10 places • Ouverture de 2 places supplémentaires le 31/10/2008 • Ouverture de 4 places supplémentaires le 12/12/2008 • Ouverture de 2 places supplémentaires le 22/04/2009 • Ouverture de 3 places supplémentaires le 01/06/2012

• Personnes dirigées pour l’année 2012 : 7818 • Personnes hébergées pour l’année 2012 : 7761 • Pourcentage de remplissage : 99,27%

Une surcapacité de 3 places supplémentaires à partir du 15 avril 2012, 1 place de plus dans les chambres 103 – 104 – 109. Un conventionnement à 21 places à partir du 01/06/2012 est accepté par la DDCS du Bas-Rhin. Une surcapacité à 23 places est mise en place à partir du 01/11/2012 (prévu à 24 places à partir du 24/01/2013), 1 place de plus dans les chambres 311 et 302.

Page 105: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

105

II. LE CENTRE D'HEBERGEMENT D'URGENCE HIVERNAL "JAURES"

… ou un hiver qui aura duré 9 mois !!!

A. La période du 15 décembre 2011 au 31 juillet 201 2 1. L’opération hivernale du 15 décembre 2011 au 12 avril 2012 La préparation de la campagne hivernale 2011-2012, s'est faite dans des conditions très particulières cette année. Contrairement aux années précédentes, lors des appels à projets de l'Etat dans le cadre de la préparation de la campagne hivernale, il n'a pas été fait mention des personnes isolées. Nous étions très surpris en juin, lors de cet appel à projet, de constater, que n'étaient concernées que les familles. Nulle mention des isolés ! Est-ce à dire que les isolés ne bénéficieraient pas d'un hébergement d'urgence durant l'hiver 2011-2012 ? Il aura fallu la mobilisation d'un certain nombre d'associations, mais également en interne au niveau de la D.D.C.S. du Bas-Rhin, pour que l'Etat prenne en compte ce public. C'est donc très tardivement qu'un plan hivernal a été mis en oeuvre pour les personnes isolées sur Strasbourg. Face aux hésitations de l'Etat, et dans l'incertitude, la Ville de Strasbourg a décidé de prendre les devants et de proposer la mise en oeuvre d'un hébergement d'urgence hivernal qui prendrait en charge toutes les personnes qui ne relèveraient pas des statuts fixés par l'Etat en matière de prise en charge hivernale. Ainsi, ce sont 2 centres hivernaux qui ont été mis en place et pour lesquels Antenne a été sollicitée pour en assurer la gestion au quotidien. Ouverts 24h/24, 7jours/7, chaque centre a accueilli dès le 15 décembre 2011, les personnes isolées à la rue. Ces deux opérations auront été un tour de force et auront démontré notre capacité à être très réactifs ! En effet, tant la Ville de Strasbourg que la D.D.C.S. du Bas-Rhin, nous ont informés très tardivement de leur accord pour mettre en oeuvre chacun des sites retenus. En une semaine à peine, chaque site a été aménagé pour être opérationnel le plus rapidement possible. Qu'il soit ici rendu hommage à l'extraordinaire travail réalisé par les coordinateurs et les veilleurs recrutés sur ces opérations. Ce sont donc 120 places d'hébergement d'urgence qui ont été mobilisées et réparties de la manière suivante :

• Centre JAURES : 80 places au total, réparties entre 50 places personnes isolées relevant du droit commun et 30 places familles.

• Centre CASSIN : 40 places pour personnes isolées sans que le statut ne soit pris en compte.

On retiendra le fait que l'Etat et la Ville, n'ayant pas réussi à trouver un terrain d'entente sur le montage du plan hivernal (contrairement aux années précédentes), ont cependant permis d'avoir une offre de places plus importante que dans les années passées. De ce fait, et chaque acteur du plan hivernal en a fait le constat, la tension cet hiver a été beaucoup moins forte. Cela aura surtout permis lors des très grands froids de ne déplorer aucun mort et d'avoir mis à l'abri un maximum de monde. Une autre nouveauté pour Antenne, aura été d'héberger des familles Roms orientées par les services de la D.D.C.S. après l'évacuation d'un campement. Nous retiendrons la conduite exemplaire de ces familles qui n'ont posé aucun problème durant la période de leur hébergement. Le centre JAURES a accueilli durant cette période :

• 177 hommes isolés différents • 48 femmes isolées différentes • 6 chiens

Page 106: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

106

14 familles dont 11 familles ROM • 14 hommes en familles dont 11 hommes ROM • 13 femmes en familles dont 10 femmes ROM • 16 enfants en familles dont 9 enfants ROM

Représentant 4733 nuitées effectuées. L’opération hivernale a pris fin le 12 avril 2012. Entre temps un nouveau gouvernement s’est installé dans le pays, et avec lui, une volonté affichée de mettre fin à la saisonnalité des hébergements d’urgence. Cela s’est traduit concrètement par la fermeture effective du Centre CASSIN dont les locaux ont été mis à disposition de l’Association d’Accueil et d’Hébergement pour les Jeunes par la Ville de Strasbourg le temps des travaux de réfection et de mise aux normes de l’Hôtel Social du Château d’Eau. Les nouvelles consignes données par le nouveau gouvernement en place, a amené à transformer le Centre JAURES en Centre d’Hébergement Relais – Places d’Attente, à destination des familles et des isolés qui n’avaient pas trouvé de solution de relogement immédiate au sortir du plan hivernal, mais dont les services de l’Etat savaient qu’une solution à court terme était envisageable. 2. L’opération Hébergement Relais – Places d’Attent e du 13 avril 2012 au 31 juillet 2012 Dès le 13 avril 2012, nous avons accueilli un certain nombre de familles et d’isolés qui jusque là avaient été hébergés par les associations A.A.H.J., Horizon Amitié et Regain. La chose ne fût pas évidente de prime abord car jusque là les personnes hébergées jouissaient d’une autonomie assez large. Or en arrivant à Jaurès, les familles intégraient une logique d’hébergement d’urgence collectif (un appartement partagé à plusieurs sans en avoir les clefs). Il fallu des trésors de diplomatie pour faire accepter cela aux familles et à leurs référents. Passé cette période de crise, et voyant que l’hébergement proposé n’avait rien d’indigne, chacun a pu s’approprier ce « nouveau mode d’hébergement » et y découvrir des avantages. En parallèle, le travail effectué par les référents des personnes et du S.I.A.O. a permis l’accès au logement d’un certain nombre de familles et d’isolés. Notre seul regret se situera dans le fait que nous n'avons eu aucun financement de poste de travailleur social sur ces opérations au cours de la période décembre 2011-juillet 2012. Dans les années précédentes, le travail d'accompagnement social effectué, avait permis à bon nombre de personnes de trouver une solution de relogement à l'issue de la période hivernale. On retiendra que la sortie de l’opération Hébergement Relais, s’est déroulé dans une situation tendue pour les hébergés, tendue pour les référents (lorsqu’un référent était identifié), tendue pour les services de l’Etat, du SIAO, du 115 et d’Antenne. C’est donc dans un climat de tension qu’il aura fallu proposer des solutions de relogement aux derniers hébergés en juillet. Le 31 juillet le Centre JAURES a fermé ses portes. Ne sachant pas si le bâtiment allait être mobilisable pour une future campagne hivernale, il nous a fallu nous débrouiller pour stocker les lits, matelas, mobiliers, fours, frigos et plaques chauffantes. Nous y sommes parvenus de justesse, mais la question du stockage reste entièrement ouverte pour ce genre d’opération. Plus généralement, c’est toute la logistique de ce genre d’opération qu’il faut aujourd’hui envisager de manière commune et concertée. Le Centre JAURES a accueilli durant cette période :

• 4 hommes isolés différents • 6 femmes isolées différentes

23 familles

• 23 hommes différents • 23 femmes différentes • 52 enfants différents

Représentant 3444 nuitées effectuées.

Page 107: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

107

2. La période du 1 er novembre 2012 au 31 décembre 2012 Beaucoup se sont posé la question : pourquoi fermer le Centre JAURES le 31 juillet, pour le ré-ouvrir le 1er novembre 2012 ? La réponse tient en l’économie réalisée de trois mois de fonctionnement et dans l’incertitude de pouvoir à nouveau mobiliser le site qui est en vente. Toujours est-il que le site a ouvert ses portes le 1er novembre au soir, date officielle de démarrage de la nouvelle campagne hivernale 2012-2013. Grâce à notre désormais légendaire réactivité nous avons pu proposer des places mobilisables en temps et en heures ! A noter cependant que la voilure de la campagne hivernale pour le Centre JAURES a changé, en passant de 80 à 120 places, à moyens constants ! Cela s’est traduit par l’embauche d’une nouvelle équipe de veilleurs, qui permettait de diminuer la masse salariale de l’opération (moins d’ancienneté dans la convention collective). En cela nous ne pouvons que regretter l’option qui consiste à toujours rechercher le moindre coût. Heureusement, bon nombre des anciens veilleurs avaient retrouvé un emploi durant la période estivale et d’autres ont été embauchés par les autres acteurs associatifs du plan hivernal. La montée en charge des personnes accueillies n’a pas été progressive du fait du retard pris dans les ouvertures de logements des autres acteurs du plan hivernal. Ainsi très rapidement le Centre JAURES a atteint son « rythme de croisière » avec 90 à 100 places occupées tous les soirs. On retiendra également que les leçons en matière d'absence de poste de travailleur social au Centre JAURES ont été retenues, puisque pour la nouvelle campagne hivernale, un poste de Coordinateur Social a été accordé par les services de l’Etat. Cela a permis très tôt de pouvoir mener un travail concerté autour des situations des personnes dans le cadre de la mobilisation de solutions pour la sortie du plan hivernal.

Page 108: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

108

ANNEXES

Page 109: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

109

Antenne, un site devenu officiellement qualifiant e n 2012 2012 aura été une année particulière pour Antenne par rapport à la formation des futurs professionnels du secteur. Cela fait de nombreuses années qu’Antenne accueil des stagiaires venus d’horizons variés et de formations initiales très diverses (Baccalauréat professionnel, Ecole de Travailleurs Sociaux, Université, Ecole Nationale d’Administration, …). Mais jusque là, ces périodes de stages et leur déroulement se faisaient de manière empirique et souffrant par certains aspects d’un manque d’organisation, même si au dire des stagiaires concernés, le stage avait été riche en apports et en développement de compétences. Nous sentions cependant le besoin, au regard des attentes des stagiaires et des référentiels des titres et diplômes préparés, qu’il nous fallait nous inscrire dans une nouvelle dynamique formative. C’est ainsi qu’à l’issue de la formation de Tuteur Référent de Site Qualifiant et Maître d'Apprentissage de l’un de nos salariés, la structure a été officiellement labellisée Site Qualifiant. Nous avons désormais un rôle plus important et renforcé dans la formation des futurs professionnels du secteur. Il s’agit bien aujourd’hui d’une logique de co-construction des parcours de formation des stagiaires et nous nous inscrivons pleinement dans ce partenariat avec les différents acteurs concernés. Nous ne pouvons cependant que regretter que ne soit toujours pas pris en compte par les financeurs publics dans nos budgets, les sommes qui permettraient de satisfaire à l’obligation légale de gratification. La loi l’impose, sans nous en donner les moyens financiers … De ce fait, alors que nous serions en capacité d’accueillir plus de stagiaires, nous devons refuser de nombreuses demandes à partir du moment où la période de stage dépasse les 2 mois nous obligeant alors à mettre en œuvre un système de gratification du stagiaire. Nous comprenons la position et les raisons du Législateur qui avait abouti à cette obligation de gratification. Nous restons scandalisés par la paupérisation croissante des étudiants d’année en année. Nous partageons l’idée que participer à la qualification des futurs professionnels est un devoir, et que le travail réalisé durant le temps de stage mérite une gratification financière. Mais alors qu’on nous en donne les moyens !!! En attendant que les réflexions avancent sur cette situation, nous continuons à accueillir des stagiaires qui ne relèvent pas de l’obligation de gratification (soit des stages dits courts, soit des stagiaires qui bénéficient d’allocations chômage) et dont nous vous proposons ci-dessous les retours en écrits et en paroles. Un grand merci à eux et pour leur investissement durant leur temps de stages. Leurs questionnements pertinents concourent aussi, tout le long de l’année à réinterroger nos pratiques et ainsi à continuer à garantir une qualité de service auprès des bénéficiaires accompagnés.

Page 110: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

110

UFR des Sciences sociales

Département du CERIS

Université de Strasbourg

Article sociologique

Analyse des pratiques professionnelles

Les professionnels et leurs pratiques

face à un public

en situation de grande précarité

Mathilde CAPPELAERE

2011-2012

Page 111: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

111

I. L’association Antenne, la précarité et le lien s ocial Afin de poser le décor de notre recherche, nous commencerons par définir les grands concepts utilisés à travers les cadres théorique et empirique en rapport avec l’analyse des pratiques professionnelles dans le cadre de la grande précarité. 1. Au sujet de la précarité et la précarité vue par Antenne Du latin « precarius » qui signifie « obtenu par prière », la précarité se définit comme la « situation d’un individu placé dans une position de fragilité, de vulnérabilité et d’incertitude face à l’avenir. La précarité, en tant qu’état, s’oppose à la stabilité et elle engendre un accroissement du risque d’exclusion. ». Si nous nous basons sur cette définition, il s’agit de considérer l’individu comme précaire par rapport à son groupe d’appartenance, à la société. En effet, cette « position » dont il est question, n’est présente qu’à partir d’un ensemble, c’est considérer l’individu à un moment précis dans un groupe précis. Cette notion de précarité nous a amenés à la question du lien social, lien social à prendre, justement, en considération avec un groupe de personnes dans un moment situé dans le temps. Le lien social vient du latin « ligamen », qui signifie « ce qui cherche à attacher », de « ligarer », « attacher, unir ». « Les liens sociaux sont ces formes de relations qui lient l’individu à des groupes sociaux et à la société, qui lui permettent de se socialiser, de s’intégrer à la société et d’en tirer les éléments de son identité. La sociologie des liens sociaux est donc à la fois celles des formes de la sociabilité et des formes de contrôle social. » Il s’agit donc bien d’une promiscuité entre la personne dite précaire et la notion de lien social, tout ceci à considérer dans un contexte spatio-temporel donné. Nous avons choisi ce thème d’analyse afin d’observer les pratiques professionnelles suite à une expérience vécue au sein de la Croix-Rouge française dans le cadre des maraudes du Samu Social. Cette expérience a été particulièrement marquante suite à la rencontre des personnes en situation de grande précarité. L’activité du Samu Social a été réitérée cette année et a complété le stage réalisé à Antenne. L’idée a alors été d’observer comment se met en place l’accompagnement des personnes en situation de grande précarité à travers deux points de vue qui sont ceux des deux lieux de stage. Ces deux associations diffèrent dans leurs missions et objectifs, nous permettant de réaliser un état des lieux plus exhaustif de la situation de ces personnes dans notre société actuelle. Nous allons spécifier notre recherche à travers la notion de précarité considérée par l’association Antenne, ce qui va également justifier de notre choix de stage. Comprendre pourquoi cette association s’intéresse aux personnes en situation de grande précarité peut se faire grâce à l’historique et aux objectifs de l’association. Ceci nous amènera à poser différentes perspectives de recherche et à en faire le choix d’une. L’association a été créée en 1973 avec des personnes travaillant dans le domaine de la Justice à Strasbourg qui créent une association de soutien au Comité de Probation et d’Assistance aux Libérés du Tribunal de Grande Instance de Strasbourg. C’est donc l’idée d’un accueil et d’un accompagnement de personnes sortant d’incarcération. C’est en 1982 qu’est dissout ce comité pour devenir l’association Antenne, s’occupant toujours des sortants de prison mais ayant ouvert ses services aux personnes en situation de grande précarité. Actuellement, il y a un site à la Meinau étant un CHRS prévu en priorité pour les hommes en détresse sociale faisant l’objet d’une décision de justice ; un site au Neuhof qui est un Service Hébergement Relais, pour toute personne sans domicile fixe et dirigée par le 115 ; et enfin, il y a le site gare, qui est le Centre d’Accueil, lieu où nous avons réalisé le stage. La condition requise pour que ces personnes aient accès au Centre d’Accueil est d’être bénéficiaire du RSA ou d’en faire la demande. Cet historique, notamment à travers la construction des différents services, nous permet une ébauche de compréhension des différentes missions envers le public concerné. Les missions ont tout leur sens au sein de l’association puisque les différentes pratiques professionnelles opérées gravitent autour de trois services :

• Le bureau d’accueil avec pour missions la domiciliation postale , l’orientation vers les centres d’hébergement René Cassin, Jean Jaurès et au Neuhof ; la messagerie et l’aide administrative ; ainsi qu’un travail de repérage et d’orientation afin de bénéficier d’un accompagnement individuel renforcé vers l’emploi.

Page 112: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

112

• Le service RSA avec pour missions l’aide à l’établissement des demandes ; l’aide à l’ouverture des droits connexes ; l’aide dans les démarches, la mise en œuvre et le suivi de différents contrats et l’accompagnement social des bénéficiaires. Avec, en plus, la présence d’une psychologue pour des entretiens individuels et des sessions collectives de discussions.

• Le parcours Inform’Action qui a pour missions l’accès à un emploi et/ou à une qualification ; l’accès à

un logement ; l’optimisation de l’accès aux soins ; la restructuration du lien social et l’accès à l’autonomie. Ceci pour des bénéficiaires du RSA par le biais d’un atelier.

De ces différentes missions, de ces différentes manières d’aborder la grande précarité à travers diverses pratiques professionnelles, se sont dégagées différentes perspectives de recherche. Les principales thématiques sont donc le logement, l’emploi et la santé. La santé notamment morale et psychique peut être observée à travers les sessions collectives « Et le moral dans tout ça ? » et les entretiens réalisés par la psychologue. La question de l’emploi peut se poser à travers les entretiens réalisés par le référent emploi et lors des ateliers de redynamisation. La question du logement, elle, est également abordée lors des sessions collectives, mais aussi par les référents RSA lors des entretiens de suivi. La demande, elle, est davantage liée au bureau d’accueil, développant une première approche avec les bénéficiaires. Ainsi, sous-jacente à de nombreux points évoqués, se pose la question du lien social que nous souhaiterions développer. Nos jours de stage n’étant pas compatibles avec les jours de présence de la psychologue, nous n’avons pas pu suivre cette piste de recherche. Nous avons assisté aux entretiens de suivi et sessions collectives, nous permettant de nous demander comment le lien social apparaît dans les pratiques mises en œuvre auprès du public en grande précarité. Ceci, donc, à travers les différentes thématiques que sont l’emploi, le logement et la santé, notions centrales dans les missions réalisées à l’association. Cette piste de recherche ainsi posée nous conduit à étayer notre réflexion vers un cadre théorique et un cadre empirique, nous servant d’appui pour la recherche. 2. Notre recherche dans le cadre de l’association A ntenne Le cadre théorique dans lequel nous nous inscrivons prend comme point de départ l’individu pris dans un groupe d’appartenance à un moment précis de son existence. Ce qui va nous amener à problématiser notre recherche. PAUGAM est un auteur central à notre recherche, à travers la perspective interactionniste qu’il développe sur la question du lien social comme sur celle de la pauvreté. SIMMEL, par ailleurs, est également prégnant dans ses recherches concernant la sociologie de l’exclusion dans une visée interactionniste. En somme, nous allons nous inscrire dans le cadre interactionniste et la microsociologie. Il va s’agir de montrer que la recherche de lien social est prioritaire pour les bénéficiaires de l’association Antenne, notamment à travers les sessions collectives et les entretiens de suivi. Cette idée de problématisation se voit déclinée en deux axes de recherche. D’une part, nous nous sommes intéressés à voir lorsque la personne en situation de grande précarité n’a plus de lien social si elle participera davantage aux sessions collectives organisées par l’association. Et d’autre part, si une personne se retrouve sans logement et sans emploi alors cela aura des conséquences sur sa santé morale, psychique et physique. Pour réaliser notre recherche et ainsi répondre aux hypothèses préalablement posées, nous avons procédé à une observation participante sur le lieu de stage lors des sessions collectives et des entretiens de suivi (avec les référents sociaux comme le référent emploi). L’intérêt de participer est qu’il aurait était suspicieux de ne rien faire, notamment lors des sessions collectives, cela permet d’être plus facilement considéré comme « collègue » du professionnel suivi dans sa mission. Les bénéficiaires, eux, n’étaient pas au courant de l’observation participante, afin qu’ils ne se sentent pas « mal considérés » du fait d’être observés. Nous avons également réalisé deux entretiens semi-directifs avec deux professionnelles de l’association.

Page 113: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

113

Nous avons choisi une personne du bureau d’accueil et un référent social afin d’avoir deux points de vue distincts sur les pratiques professionnelles réalisées au sein de l’association à partir d’un même guide d’entretien. Nous avons pu, d’autre part, réaliser une grille d’observation, remplie lors d’une session collective classique nous permettant de noter les interactions entre les bénéficiaires, entre les professionnelles, et bien sûr, entre les bénéficiaires et les professionnelles. Définir le cadre notre recherche n’a pas été chose évidente puisque nous avons collecté beaucoup d’informations, que ce soit par les bénéficiaires eux-mêmes ou grâce aux professionnels de l'association. L’idée sera de montrer la recherche de lien social à l’association Antenne, dans une idée de continuité, c’est-à-dire dans le cadre de l’urgence puis dans celui de l’accompagnement professionnel et social.

II. L’association Antenne et les pratiques professi onnelles Notre travail s’inscrit donc dans une analyse des pratiques professionnelles. Notre objectif est alors de les considérer au quotidien, et de voir comment se manifeste le lien social dans ces pratiques de réinsertion. 1. Les pratiques professionnelles au quotidien Pour énoncer les pratiques au quotidien, nous avons pensé judicieux de décrire une journée type. Les journées commencent à 8h30 avec le début des rendez-vous programmé à 9h. Cela étant, il y a une demi-heure de temps pour les référents pour se mettre à jour et programmer la journée. C’est le traitement de messages téléphoniques ou fax également arrivés entre la veille et le matin. La matinée se déroule avec deux ou trois entretiens au maximum et parfois des annulations de dernière minute. C’est également le lot quotidien des référents qui ne sont jamais sûrs à l’avance du maintien des rendez-vous ou non. Certaines matinées sont également dédiées aux sessions collectives, suivant une programmation préétablie et ne donnant pas la possibilité à l’un des référents sociaux de réaliser des entretiens. L’autre référent social et le référent emploi continuent par ailleurs leurs rendez-vous comme d’habitude. L’apprentie au sein de l’association a également souvent participé à ces sessions lorsqu’elle était en période de stage. La pause midi a lieu de 12h30 à 13h en sachant que l’association est fermée de 12h30 à 14h. Nous mangeons souvent tous ensemble (avec les référents sociaux), ayant apporté nous-mêmes notre repas ou l’ayant acheté pendant la pause. Des coups de téléphone sont très souvent passés vers l’extérieur et reçus, ceux-ci aussi bien de l’extérieur que de l’accueil pour prévenir de l’arrivée d’un bénéficiaire. Il y a beaucoup d’échanges téléphoniques avec l’accueil étant donné la disposition des bureaux de l’association, les personnels de l’accueil étant en bas et les référents en haut. L’après-midi, il s’agit surtout de l’élaboration des bilans de l’année qui vient de s’écouler. Chacune est à son poste et c’est un moment privilégié d’échanges concernant le travail comme les conversations personnelles. Il s’agit de saisies quantitatives dans des tableaux Excel ainsi qu’une analyse qualitative des résultats obtenus par la suite. Cette analyse est également comparative aux résultats de l’année précédente. La fin de la journée est soit à 17h le jeudi, soit à 16h le vendredi. Il est arrivé plusieurs fois que d’anciens collègues passent en journée tout en amenant un gâteau ou autre chose. Chaque journée est différente mais ce qui est décrit reste la ligne directrice du quotidien. Au final, ce sont des entretiens individuels, des sessions collectives et la rédaction des bilans. Ceci agrémenté de visites ponctuelles et de discussions personnelles comme professionnelles, entre référents, et entre les référents, le chef de service et le comptable. Ceci concerne une journée type rapidement balayée, c’est une vue d’ensemble, nous allons considérer maintenant les pratiques lors des entretiens et des sessions collectives plus spécifiquement. 2. Des pratiques professionnelles de réinsertion. E t du lien social ? Par pratiques de réinsertion, nous entendons un rétablissement du lien social de prime abord, puis des actions concrètes concernant le logement et l’emploi dans un deuxième temps. Les entretiens de suivi se déroulent dans les salles d’entretien du rez-de-chaussée où nous avons suivi deux référents sociaux différents et le référent emploi. Les entretiens étaient souvent annulés au dernier moment car les personnes ne viennent pas. Un premier pas vers la réinsertion de ces personnes est donc de venir en entretien. Ces entretiens doivent normalement avoir lieu une fois par mois au minimum mais ce n’est pas toujours respecté. Beaucoup de personnes viennent pour régler un problème précis et ne reviennent plus après avoir obtenu la solution, alors que le travail d’accompagnement, qu’il soit social et/ou professionnel, est

Page 114: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

114

un travail de longue haleine, dans la durée. Les bénéficiaires attendent souvent une réponse plus ou moins immédiate, les professionnels doivent s’adapter à ce changement de relation puisque c’est dorénavant une logique de consommation de service qui est en place. Un second temps possible vers la réinsertion est celui des sessions collectives où les personnes s’inscrivent selon les thèmes proposés (sante, logement, emploi). La simple démarche de venir à la fois aux entretiens individuels et aux sessions collectives est une marque de volonté d’avancer, même si c’est avancer doucement voire souvent stagner. La motivation, l’envie est là, et il revient aux référents sociaux de cultiver cette motivation afin d’obtenir par la suite des résultats si possible. La logique de réinsertion est davantage une logique de moyens que de résultats même si les résultats sont escomptés suite aux évaluations réalisées. L’idée de réinsertion nous amène à nous interroger sur la présence et l’efficacité de lien social à travers les pratiques professionnelles mises en œuvre en l’association. Notre observation participante nous a amenés à comprendre le développement du lien social à travers les pratiques professionnelles mais il s’agit tout d’abord de le situer au sein de l’association. Le personnel de l’accueil est le premier lien, le premier trait d’union entre le bénéficiaire et l’association. A partir de la demande de la personne, l’employé(e) de l’accueil saura le diriger ailleurs ou lui confirmer qu’il est bien au bon endroit. Comme l’explique Marlène, « mon rôle à moi, c’est de l’orienter soit vers la référente emploi, en parlant du, du parcours fin pour, pour l’évolution du parcours professionnel (...) Sinon si c’est des besoins comme un, comme une demande de logement, c’est bon par rapport à la référente qui lui a été désignée au moment du … De la réunion, suite à son contrat RSA », elle connaît l’organisation, la structure de l’association et va elle-même faire du lien vers les autres professionnels. L’idée est celle d’un fil rouge, d’une continuité entre les professionnels pour effectuer le meilleur accompagnement possible de la personne en demande. En effet, « étudier le lien social implique donc d’analyser non seulement la multiplicité et l’intensité des liens sociaux, mais aussi leurs fragilités et leurs éventuelles ruptures » (PAUGAM). Les liens sociaux se font et se défont et il est dans l’intérêt des bénéficiaires que les professionnels permettent le maintien d’un lien social entre les personnes en demande et l’association. C’est un premier pas vers la réinsertion. Les sessions collectives et les entretiens de suivi étant tous réguliers permettent également ce maintien du lien social. Cela nous renvoie à la reconnaissance que les individus cherchent en société, qui « obligent (ceux-ci) à une construction identitaire qui passe par la quête d’une valorisation personnelle perpétuellement soumise au regard d’autrui. La reconnaissance naît de la participation aux échanges de la vie sociale. (…) Elle est aujourd’hui, dans les sociétés où les multiples liens sociaux s’entrecroisent, un objet de conquêtes et donc de luttes ». Les sessions collectives sont notamment un lieu de parole et d’échange propice à la construction, au maintien d’un lien social et donc à une construction identitaire. Ces personnes en situation de grande précarité ayant besoin de changer l’image qu’elles ont d’elles-mêmes et que la société leur renvoie. Le lien social est alors indispensable pour les personnes en grande précarité et il apparaît que l’association aille dans le sens du maintien de celui-ci par diverses pratiques. Après un bref aperçu de l’association et de ce que nous entendons par lien social au sein de celle-ci, nous voulons montrer comment se structure l’association dans sa globalité afin de répondre à la demande des bénéficiaires, sous-entendant une demande de lien social. 3. La construction de l’association Antenne, à trav ers l’idée de lien social Revenir sur l’historique complet menant à la création de l’association nous paraît pertinent dans le sens où celui-ci est le squelette de l’association, c’est l’ossature qui nous permet de comprendre les changements, les évolutions, en lien avec des moments précis de l’histoire sociale. L’historique de l’association Quelques dates sont essentielles dans la construction de l’association. Cela débute le 20 décembre 1973 avec des personnes travaillant dans le domaine de la Justice à Strasbourg qui créent une association d’aide au Comité de Probation et d’Assistance aux Libérés du Tribunal de Grande Instance de Strasbourg. C’est l’idée d’un accueil et d’un accompagnement de personnes sortant d’incarcération.

Page 115: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

115

C’est le 14 avril 1982 qu’a lieu la dissolution de l’association de soutien au Comité de Probation et d’Assistance aux Libérés du Tribunal de Grande Instance de Strasbourg et ainsi la création de l’association ANTENNE, suite aux changements effectués par la mise en œuvre d’un projet envers les personnes se trouvant en situation de grande précarité et d’exclusion. Quelques dates, celles de la création des différents services et missions de l’association :

• 1985 : création du CHRS à la Meinau • 1988 : création du service RMI (RSA) • 1998 : création du service d’accompagnement social • 2000 : création du parcours Inform’Action • 2005 : création de la mission d’accompagnement renforcé vers l’emploi (ACIRE) • 2008 : création du Service Hébergement Relais au Neuhof (hébergement d’urgence/mise à l’abri)

Cet historique, notamment à travers la construction des différents services, nous permet une ébauche de compréhension des différentes missions envers le public concerné. L’évolution que nous pouvons constater à travers la mise en place de nouveaux services et donc de nouvelles missions, s’est faite vers une favorisation du lien social entre les bénéficiaires et les professionnels. Une association organisée et des partenaires en nom bre L’organisation de l’association, à travers l’organigramme, va nous permettre de comprendre le fonctionnement interne de celle-ci, que ce soit par les relations de communication ou de hiérarchie entre les employés. Dans un premier temps, et concernant le site gare, lieu de notre stage, l’organigramme présente les différents services de manière verticale. Nous retrouvons le chef de service au poste de référent RSA également. Les personnels d’accueil arrivent au-dessus des référents RSA alors qu’en réalité et comme nous le verrons par la suite ils sont « en dessous », géographiquement comme hiérarchiquement, par rapport aux référents. L’organigramme n’est d’ailleurs pas à jour puisque les bénévoles, situés tout en bas de l’organigramme, ne sont plus vraiment actifs de l’association, de même que l’agent d’entretien qui a changé, et l’apprentie qui n’est pas intégrée à l’organigramme. Il serait d’ailleurs intéressant de voir où elle serait située par rapport aux autres membres de l’association. Dans un second temps, en plus d’une organisation des employés à travers l’organigramme, il paraît important de noter comment s’organise l’association à travers le public qu’elle accueille, les partenaires et la répartition des fonds qu’elle possède. Selon le rapport d’activités de l’association, « Antenne accueille un public adulte en situation d’exclusion et d’errance ainsi que des sortants de prison. Le public est majoritairement masculin. Son niveau de qualification est faible. Ces personnes sont isolées, célibataires ou séparées, sans emploi et sans domicile fixe. L’exclusion présentée par ces personnes débute souvent dès l’enfance. Les personnes n’ont pu être scolarisées dans de bonnes conditions. Elles présentent ensuite une exclusion liée à l’emploi et à la société en général (famille, santé, logement). ». Cet extrait nous paraît résumer précisément le type de public accueilli, à mettre en relation avec les missions préalablement citées. D’autre part, cette association ne serait ce qu’elle est sans ses partenaires institutionnels et médico-sociaux. Dans les champs social et médical, les partenaires se trouvent être toutes les associations en rapport avec le public sans domicile fixe, les centres médico-sociaux qui passent le relais aux associations, tout ce qui touche au médical (dans le domaine de l’associatif ou non), notamment les institutions psychiatriques. Dans le domaine de l’emploi, les partenaires sont Pôle Emploi, les missions locales, les entreprises d’insertion (Carijou, Envie …) et les entreprises du secteur privé (Kronenbourg …). Les partenaires financiers sont les suivants : La Fondation Kronenbourg : Elle permet de financer le salaire de L., apprentie au sein de l’association depuis 2011 et ceci pour deux ans. Une partie du financement a permis l’aménagement du local par rapport au projet de L. via l’animation du lieu, en fonction de sa formation afin de permettre aux gens accueillis de devenir plus

Page 116: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

116

autonomes, de savoir s’informer par eux-mêmes. Ceci a d’ailleurs amené à la création d’un espace documentation (livres, plaquettes, revues … et accès à internet). Le Conseil Général du Bas-Rhin : Le financement direct est destiné aux missions RSA, ceci couvre donc les salaires des référents pour le RSA et pour le service. Services de l’Etat (Direction Départementale de la Cohésion Sociale du Bas-Rhin) : C’est le plus gros financeur. Cela permet principalement le financement des sites de la Meinau et du Neuhof mais aussi les tickets-services donnés par le site gare. Ville de Strasbourg : Elle permet le financement d'une infime partie du fonctionnement de l’accueil (électricité …). Le Fonds Social Européen : Il permet le financement du salaire du référent emploi. Nous voyons ainsi la diversité des partenaires, financiers ou non et leur importance pour l’association. Cependant, dépendre d’autant de partenaires entraîne d’autant plus d’évaluations qui les accompagnent. Nous avons été étonnés d’observer autant de papiers à remplir pour le suivi tracé de ce qui est fait, pour justifier de chaque acte pour chaque professionnel. La précarité est de plus en plus importante, d’où un besoin de plus en plus grand de partenaires afin d’optimiser la bonne réalisation des missions envers le public en grande précarité. Néanmoins, nous pouvons nous interroger sur l’efficacité dans le rétablissement des liens lorsqu’un professionnel est sujet à autant de contrôles, d’évaluations. Il y a une réalité économique sous-jacente à un idéal posé concernant les pratiques. Nous allons voir davantage en détails l’étendue du lien social au sein de l’association, notamment en considérant les professionnels et leurs relations.

III. Dispersion du lien social Le lien social se partage et se diffuse à travers les différents services de l’association dans l’optique de travailler de concert pour les bénéficiaires. 1. Une structure en deux temps (bureau d’accueil/référents sociaux) Les deux principaux services résident dans l’accueil et le suivi par les référents. Il y a une scission géographique que nous avons mise en évidence par les photos et que nous allons expliciter. Le bâtiment du bas, aujourd’hui étant le bureau d’accueil avec trois salles d’entretien (qui étaient alors des bureaux) a été le premier acquis par l’association. La structure s’est développée et a manqué de place. L’acquisition du premier étage a permis de séparer les temps de rencontres, de l’agir, des temps de recul, de décompression par les référents. Nous avons pu observer des retours d’entretien qui ne s’étaient pas bien passés, lorsque la personne accueillie devenait violente par exemple. Le référent faisait un retour d’expérience « à chaud » permettant de faire chuter la tension accumulée, cela n’est possible qu’avec cet espace réservé aux professionnels. Cependant cette disposition met en avant la séparation des deux services, l’accueil en bas, les référents en haut, la communication est alors principalement téléphonique entre les deux services, afin de développer du lien ensemble mais nous est apparue également défavorisant pour l’esprit d’équipe, esprit prôné dans les associations, puisque le seul temps où tous les personnels sont ensemble est la réunion qui a lieu le lundi matin. La structuration en deux temps n’est pas si franche, puisqu’il arrive, comme l’explique Marlène, que les personnels d’accueil dépassent leurs missions pour aider les référents dans leur travail. En effet, il y a une solidarité, notamment féminine d’ailleurs entre les deux services. Selon CHAMPY, il a l’« impossibilité de formaliser les savoirs et la pratique des professionnels (…) (ils) en savent toujours plus que ce qu’ils croient savoir ». Marlène nous le montre bien à travers ses missions qui vont au-delà de ce qui lui est attitré, elle est toujours prête à rendre service aux bénéficiaires comme aux autres professionnels, ce qui lui permet de maintenir ses connaissances et d’acquérir de nouvelles compétences. Le chef de service considère d’ailleurs les personnels de l’accueil comme des travailleurs sociaux à part entière.

Page 117: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

117

Un point négatif concernant l’accueil est le fait que les postes soient renouvelés tous les ans dans le cadre des contrats aidés. Ceci ne permet pas aux bénéficiaires de l’association d’avoir un contact dans la durée avec les personnels d’accueil, ce qui est bien dommage, tant dans le développement du lien social que dans la mise en confiance pour ces personnes en demande. La communication au sein de l’association est donc elle aussi révélatrice de son fonctionnement, nous allons maintenant nous intéresser à la communication avec les bénéficiaires également. 2. De la communication et du partage pour créer du lien Le partage et la communication ont pu être observés à travers la mise en place d’une grille d’observation que nous avons réalisée. L’observation se situe dans la salle de réunion du bâtiment au n° 7 de la rue où se situe l’association. Les personnes attendaient au n°9 et viennent pour assister à la session collective. Tout le monde est à l’heure. Il y a trois personnes de l’association (trois femmes) et six bénéficiaires (quatre hommes et deux femmes). Le thème de cet atelier est « Offres d’emploi et candidatures ». Le référent social va alors présenter des offres venant de Pôle Emploi aux bénéficiaires qui pourront se positionner en fonction de leur volonté, de leurs capacités et de leur motivation. De prime abord, les personnes se sont placées par affinités, notamment les deux femmes qui se sont assises côte à côte. Les hommes, eux, se sont placés selon le schéma « une chaise sur deux ». Nous pouvons supposer qu’ils ont préféré prendre une certaine distance entre eux car certains ne se connaissent pas, pour d’autres, ce serait pour s’individualiser, que ce soit de manière visuelle ou spatiale. De plus, les conditions étaient réunies pour favoriser l’expression, c’est-à-dire au calme, avec une très bonne luminosité et au chaud. Cette dernière notion est la plus importante étant donné que plusieurs des personnes présentes ont connu la dureté du froid en dormant dehors. Dans cette lignée, le café ou thé qui sont proposés permettent de mettre à l’aise les personnes, d’y amener un cadre convivial, ce qui est réellement perceptible. Cette observation se fait dans la matinée lors de l’atelier, celui-ci n’a rien de particulier, un seul des bénéficiaires n’y a jamais assisté, les autres sont des « habitués ». Il faut savoir que les personnes reçoivent des « chèques restaurant » grâce à leur participation, ce qui permet d’entretenir une motivation. Les conversations sont centrées autour de P1, qui mène la séance et est pris à parti par les bénéficiaires notamment. En termes de quantités, P3 avec 10 échanges professionnels et 6 échanges personnels avec P1 est celui qui en a le plus au total. Les échanges personnels émanent de lui alors que les échanges professionnels ont été commencés par P1 comme par P3 de manière équivalente. Etant donné que P3 venait pour la première fois à l’atelier, il a fallu faire un point sur sa situation et lui expliquer la démarche. P6 ensuite, avec 11 échanges professionnels et 3 échanges personnels avec P1 vient derrière P3 en termes de quantité d’échanges. Les échanges personnels émanent de P6 comme pour P3 précédemment et les échanges professionnels sont aussi équivalents. D’ailleurs, P3 et P6 sont également dans un échange entre eux aussi bien personnel que professionnel pour s’expliquer l’un à l’autre leurs anecdotes par exemple. Dans leur comportement plus spécifiquement, P3 se montre intéressé, curieux alors que P6 essaye de se mettre davantage en valeur, en se levant souvent et en prenant la parole de manière plus forte que l’ensemble des personnes réunies. Au regard de la grille d’observation, nous voyons très clairement que P1 a des échanges, professionnels comme personnels avec chaque personne présente. Cela paraît peut-être logique mais il nous semble pertinent de le souligner puisque cela permet d’entretenir du lien, la preuve en est qu’à la fin de l’atelier, aucun des personnes présentes n’aura sélectionné d’offres d’emploi … Il est donc plus question ici de parler, et de parler de soi, de soi et des autres. C’est un exemple de besoin de lien social à proprement parler. Le rôle du référent social qui ici, devait être de la transmission d’offres et la discussion de projets autour de ces offres, se trouve être, au final, une discussion partant de la question du travail, agrémenté d’anecdotes, provenant d’elle comme des bénéficiaires, afin de nourrir le discours. Chacun fait part d’une expérience professionnelle comme personnelle, donne son avis et en fait part à l’ensemble ou à son (ses) voisin(s) de table. Finalement, l’atelier n’est que prétexte à la discussion, à l’évocation de problèmes, toujours personnels entraînant des problèmes professionnels (les deux étant de toute façon liés).

Page 118: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

118

Un lien est à faire avec l’expérience au Samu Social, où il y a un rythme, une habitude, les mardis et vendredis, ce sont toujours les mêmes gestes qui sont faits, presque toujours les mêmes aliments. Nous ressentons le besoin des personnes en demande d’être rassurées. Les mêmes blagues reviennent sans cesse. Nous faisons partie d’un tout tous ensemble le temps de partager ce moment. Comme un moment qui nous appartient. Un peu hors du temps lorsque des passants nous regardent, certains paraissent effrayés par tant de misère d’autres nous remercient mais nous sommes « out ». La communication est donc interne, dans le groupe constitué, comme dit, les gens n’approchent pas vraiment, ils observent simplement, leur regard est intéressant. Il y a ainsi des similarités avec les bénéficiaires des deux associations dans le besoin de contact, le besoin de rire, de relâcher une pression trop forte, cette lourdeur qu’ils traînent avec eux et se sentir mieux ne serait-ce qu’éphémèrement. La communication est donc centrale pour les bénéficiaires comme pour les professionnels, le lien se fait et se défait sans cesse, et ce que nous avons pu observer et analyser.

Conclusion Si nous reprenons une phrase de CHAMPY, selon les interactionnistes, « la diversité est ainsi désormais au cœur de la conception de la profession ». Il nous a paru évident tout au long de cette recherche de considérer l’ensemble des professionnels et des différentes pratiques mises en œuvre autour des bénéficiaires en demande. Nous avons pu remarquer également que les professionnels avaient une tendance à aller au-delà de leurs missions d’origine. Le cadre professionnel du social déborde alors puisque nous avons pu observer un sens de l’empathie pour nombre des professionnels rencontrés, à Antenne comme à la Croix-Rouge. La précarité est également une donnée actuelle qui nous concerne tous. Par là nous entendons le fait que chacun se retrouve avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, vit dans la crainte de perdre son emploi, nous faisons référence à la pauvreté disqualifiante que nous avions évoquée et elle peut déjà à ce moment-là avoir des conséquences sur une certaine santé morale, il n’est pas bénéfique en effet de vivre dans la peur de perdre son emploi. Comme l’avance Valérie lors de notre entretien, « en fait précarité j’l’applique pas aujourd’hui, j’l’applique plus aujourd’hui simplement aux gens qu’on rencontre, que j’rencontre dans mon travail mais la précarité c’est vraiment devenu quelque chose de très prégnant dans toute la société. » Cela reflèterait donc un malaise plus global, la précarité aurait changé de limites et sûrement de définition. Il serait intéressant, au-delà de notre travail, de considérer la population des jeunes, notamment les 18-25 ans, qui entrent dans la sphère du travail et se retrouvent souvent en situation de précarité, surdiplômés mais sans travail. Une étude historique de l’amplitude de ce phénomène sociologique aurait alors tout son intérêt selon nous.

Page 119: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

119

Cycle Supérieur de Perfectionnement des Administrateurs / Cycle International Court

Promotion Aimé Césaire

Skoulios Emmanuel

RAPPORT DE STAGE SOCIAL

Stage effectué à Antenne

du lundi 21 mai au vendredi 1er juin 2012

Maître de stage : M. Dominique Metz, Responsable du Centre d'Accueil

Champ d'activité principal du stage : Lutte contre l’exclusion

Page 120: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

120

J’ai effectué mon stage social du lundi 21 mai au vendredi 1er juin au sein de l’association Antenne qui a vocation à aider à l’insertion des personnes en situation d’exclusion. J’étais plus particulièrement localisé sur le site Gare de l’association qui s’occupe essentiellement de l’accueil de bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA). Le service est composé de 12 agents qui suivent entre 200 et 300 personnes.

1. Le choc des civilisations 1.1. La rencontre de deux univers : l’administratif et l’associatif Comme la plupart des lauréats du tour extérieur des administrateurs civils, j’ai déroulé l’ensemble de ma carrière au sein des administrations centrales de différents ministères. Ce sont de grandes organisations qui comptent plusieurs milliers d’agents. Elles sont chargées de l’élaboration des politiques publiques et des dispositifs correspondants. Elles sont particulièrement bien structurées, professionnalisées et peuvent s’appuyer sur une culture administrative relativement homogène. A l’opposé de cet univers, j’ai découvert et côtoyé pendant deux semaines celui du secteur associatif. Antenne compte, sur l’ensemble des sites, une trentaine de salariés qui ont des profils très différents : des contrats aidés dans les fonctions d’accueil, des travailleurs sociaux, des éducateurs, des psychologues, un ancien légionnaire, un directeur qui fut maître auxiliaire au sein de l’éducation nationale, etc ... Le premier enseignement que je tire de ce stage tient à la différence de préoccupations entre ceux qui conçoivent les dispositifs au sein des ministères et ceux qui sont chargés de les mettre en œuvre sur le terrain. Loin de toute considération de principe, des constructions purement intellectuelles, les salariés d’Antenne sont des professionnels qui doivent, chaque jour, affronter la détresse des bénéficiaires du RSA. Pour ce faire, ils s’appuient sur des dispositifs qui ont été, la plupart du temps, conçus par des administrations, qu’elles soient locales (comme le conseil général ou la ville) ou nationales (ministères), qui ne sont pas en relation directe avec les publics bénéficiaires de ces mesures. J’ai assisté durant mon stage à un Carrefour des solidarités, événement organisé par la ville de Strasbourg, réunissant les collectivités publiques, le monde associatif, mais aussi le simple citoyen. Lors de cette journée, certains « sans voix » se sont plaints de ce que les dispositifs dont ils bénéficient sont, certes louables dans leur principe et leurs intentions, mais totalement déconnectés de leur besoin. Ils ont demandé à ce que leur voix soit entendue et davantage prises en considération, ce qui fait écho au rapport 2011 du Conseil d’Etat relatif à la participation des citoyens à la prise de décision publique. 1.2. La distance qui sépare l’élève de l’ENA et les personnes en situation d’exclusion Un autre enseignement fort que je tire de ce stage tient toujours à cette notion de distance, certes regrettable, mais réelle qui existe entre les bénéficiaires du RSA que j’ai pu rencontrer et moi-même. Chacun a une image toute faite, très caricaturale de l’autre :

• J’ai participé à un atelier d’aide à la rédaction d’un CV avec 3 bénéficiaires du RSA. L’agent d’Antenne m’a demandé de me présenter. Lorsque j’ai dit que j’étais en scolarité à l’ENA, l’une des trois personnes m’a dit : « Vous êtes à l’ENA ? Vous allez devenir Ministre alors ? ».

• De mon côté, je dois avouer que j’imaginais le bénéficiaire du RSA comme un homme, sans travail, sans famille, sans ressources et souffrant la plupart du temps de diverses addictions. Si ce profil existe encore aujourd’hui, la réalité est nettement plus complexe et l’on trouve désormais des personnes avec des parcours très différents et parfois beaucoup moins heurtés que je ne le supposais. L'aggravation de la crise économique et la montée de l'exclusion aspire, comme un trou noir, un nombre sans cesse croissant de personnes dans la difficulté.

Notre rencontre a presque tenu du « choc des civilisations ».

Page 121: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

121

Fort de nos présupposés, et malgré notre bonne volonté partagée, il s’est avéré parfois difficile de communiquer avec des personnes dont les réalités de la vie quotidienne sont tellement éloignées des miennes. Sans ressentir une quelconque culpabilité par rapport à ma propre situation, je m’interroge néanmoins sur la capacité d’un administrateur civil à apporter une réponse adaptée à une situation tellement éloignée de ses propres réalités quotidiennes. 1.3. La distance qui sépare les personnes en situat ion d’exclusion et l’administration Cette question peut être illustrée au travers des difficultés rencontrées par les publics à comprendre le langage administratif. A l’occasion de mon stage, j’ai passé une journée sur le site de la Meinau de l’association qui accueille des détenus qui effectuent la fin de leur peine en placement extérieur auprès d’une association. L’administration pénitentiaire les confie à Antenne afin que celle-ci les aide à assurer la transition entre l’univers carcéral et le monde extérieur qu’ils retrouveront bientôt. Cette période est notamment mise à profit pour effectuer toute une série de démarches administratives du type inscriptions à la caisse d’allocations familiales, à Pôle emploi, recherche d’un logement, d’un travail, etc… A cette occasion, j’ai aidé un détenu à renseigner un formulaire de Pôle emploi destiné à percevoir l’allocation temporaire d’activité. Alors même que je suis particulièrement familier de l’univers de l’administration, de ses documents, de son langage particulier, je dois avouer que j’ai eu beaucoup de mal à remplir le formulaire. Les renseignements demandés sont nombreux, précis et doivent être appuyés par des justificatifs. Dès lors, je peux comprendre que certaines personnes puissent se trouver en perdition et préfèrent renoncer à leurs droits, et parfois devoirs, plutôt que de les faire valoir. Là encore, ce sujet interroge sur le devoir fait à l’administration d’être comprise de tous les citoyens.

2. Le monde associatif tiraillé entre militantisme et professionnalisme 2.1. Du laisser-faire au faire faire Historiquement, le monde associatif qui œuvre dans le domaine social est marqué par une forte tradition militante. Or, cette dimension humaine tend à s’estomper au profit d’une approche nettement plus neutre et professionnelle. Certains le regrettent et d’autres s’en réjouissent. Cette évolution est notamment le fruit du poids croissant des financements publics dans l’action des associations qui œuvrent dans le domaine social. Qui dit argent public, dit non plus appel à projets (système dans lequel l'association crée un dispositif), mais appel à candidatures (système dans lequel c'est le financeur qui dit précisément ce qu'il veut à des structures qui répondent à un cahier des charges avec des obligations de moyens et de résultats). Dans un contexte budgétaire contraint, les marges de manœuvre financières des collectivités publiques se réduisent. Elles sont donc amenées à se montrer plus exigeantes, voire directives dans ce qu’elles attendent d’une association qui tend à devenir un simple opérateur, un « gestionnaire » chargé de mettre en application un dispositif sans qu’elles puissent réellement le modifier. 2.2. Le poids croissant du rendre compte Corollaire de cette évolution, le monde associatif connaît également une forme de bureaucratisation. Depuis plus de 10 ans, l’administration française connaît des évolutions profondes : modernisation, rationalisation des dépenses, performance, efficience sont devenus des priorités du quotidien.

Page 122: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

122

En tant que récipiendaire de financements publics, le secteur associatif n’est pas resté à l’écart de cette évolution. Pour justifier de l’octroi de subventions, les collectivités publiques demandent un nombre croissant d’explications, rapports, tableaux et autres indicateurs. Louable dans son principe, cette évolution n’est pas sans poser de difficultés dès lors que les salariés de l’association passent une part sans cesse croissante de leur temps de travail à expliquer plus qu’à faire. Ceci est tout particulièrement vrai dans le secteur social dans lequel le facteur temps est un des éléments essentiels de la réussite de l’accompagnement d’une personne en situation d’exclusion. Conclusion : Au final, ce stage a été pour moi une opportunité unique de me confronter à un univers et des réalités que je ne connaissais pas. Ce fut une expérience humaine rare et particulièrement enrichissante. C’est aussi un sujet de doute et de réflexion sur la capacité de l’administration à aider et accompagner les plus fragiles d’entre nous. Au final, je garderai de ce stage une phrase de Gabriel García Marquez, Prix Nobel de Littérature, citée dans le rapport d’activité 2011 de l’association Antenne : « J'ai appris qu'un homme a le droit de regarder quelqu'un de haut, seulement quand il est en train de l'aider à se relever. »

Page 123: RAPPORT D’ACTIVITE 2012 · économique et de ses conséquences, notre premier élan serait de dépeindre un tableau très noir de la situation et de dresser une projection apocalyptique

ANTENNE

9 rue Déserte – 67000 STRASBOURG

123

Dominique CLERC – Stagiaire Assistante de Service S ocial, 3 ème année : Dans le cadre de ma troisième année d’Assistante de Service Social (ASS), j’ai choisi de faire mon stage au sein de la structure Antenne 9, rue Déserte du 18 juin 2012 au 11 janvier 2013 afin d’expérimenter sur le terrain, l’accompagnement social des personnes en difficulté dans le cadre du dispositif RSA. Les objectifs généraux : Ce stage m’a permis de développer la prise de responsabilité et de me situer comme acteur professionnel, en particulier en conduisant les phases de l’intervention sociale d’aide à la personne (ISAP). Les différents entretiens que j’ai pu mener pendant cette période ont été riches en apprentissage et m’ont permis de décoder les éléments constitutifs d’un diagnostic nécessaire dans le travail d’une ASS. Les objectifs spécifiques : Afin de répondre à la demande du diplôme d’Etat, et en tant que future ASS, j’ai pu sur le terrain, collecter des données (dans le respect du secret professionnel), faire des écrits professionnels, adapter mon mode de communication au public, travailler avec une équipe compétente, me documenter et réfléchir sur le positionnement éthique de l’ASS. Il m’est difficile de répertorier l’ensemble des apports de ce stage. Je tiens cependant à préciser que j’ai particulièrement apprécié différents éléments qui m’ont permis de progresser, et de me confronter aux différentes problématiques de terrain. Je voudrais préciser que c’est grâce à la confiance que l’on m’a accordée et cela dès les premières semaines de mon stage, que j’ai pu engager des entretiens individuels et prendre des initiatives afin d’amener l’usager vers une destination construite en co-élaboration. « C'est sur l'articulation entre le savoir et le non savoir que porte la confiance, celui qui sait tout n'a pas besoin de faire confiance, celui qui ne sait rien ne peut raisonnablement même pas faire confiance. Elle est une hypothèse sur une conduite future suffisamment solide pour être à la base de l'action. Le rôle de la confiance est donc lié à l'absence de savoir exhaustif sur l'autre » selon G.Simmel. Je tiens à remercier le responsable et référent de mon stage, Mr Metz, qui a su prendre le temps de réfléchir et d’adapter au fur et à mesure ses compétences afin de m’aider dans le déroulement de ce stage. Je n’oublie pas bien sûr, l’équipe d’Antenne, qui tout au long de cette période a répondu patiemment à toutes mes questions (pertinentes ou non…), et que je remercie chaleureusement.