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Rapport de la réunion inaugurale 30-31 janvier 2014, Berlin (Allemagne) Les 30 et 31 janvier 2014, le Conseil consultatif scientifique (SAB) du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies a tenu sa réunion inaugurale à Berlin, à l’invitation du Gouvernement allemand. La cérémonie publique d’ouverture, au Ministère fédéral des affaires étrangères, a été marquée par des allocutions de M. Frank-Walter Steinmeier, Ministre allemand des affaires étrangères, de M. Ban Ki-moon, Secréraire général de l’Organisation des Nations Unies et de Mme Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO. Puis, au cours de quatre séances de travail internes, présidées par la Directrice générale de l’UNESCO, les membres du Conseil ont arrêté les éléments de leur programme de travail à venir. I. Cérémonie d’ouverture Plus de 500 personnalités, parmi lesquelles d’éminents décideurs, scientifiques et représentants des médias allemands et internationaux, y compris des ambassadeurs, plus de 200 présidents d’universités et directeurs d’instituts de recherche non universitaires, ainsi que les présidents et secrétaires généraux d’institutions scientifiques nationales d’Allemagne étaient présents à la cérémonie d’ouverture. Celle-ci était animée par le célèbre journaliste scientifique de la télévision allemande Ranga Yogeshwar. L’Orchestre mondial pour la paix a joué quelques intermèdes musicaux. Dans son allocution de bienvenue, M. Steinmeier a souligné la valeur ajoutée essentielle des Nations Unies : « L’ONU offre ses services lorsque les États-nations ont atteint leurs limites. Elle vient à l’aide là où les autres ont depuis longtemps baissé les bras. Elle intervient là où il n’y a plus de solutions simples ». Il a ensuite assuré que l’engagement de son pays « auprès de l’ONU et en sa faveur est et demeurera un élément central de la politique étrangère de l’Allemagne ». M. Steinmeier s’est en outre félicité de la création du Conseil consultatif scientifique : « Les distingués scientifiques qui composent le Conseil consultatif serviront les hauts responsables de l’Organisation non seulement en leur qualité de chercheurs, mais aussi en tant que partenaires s’exprimant au nom de la société tout entière ». Dans ses remarques liminaires, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a expliqué les raisons précises qui avaient conduit à créer un Conseil consultatif chargé de le conseiller, lui et les chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies, sur les questions relatives à la contribution de la science au développement durable : « Nous sommes confrontés à une multitude de crises, de risques et de facteurs de vulnérabilité qui sont trop étroitement entremêlés pour être résolus par une nation agissant seule. Aucun organe de décision ne peut y faire face isolément. Aucune discipline ne peut à elle seule en défaire l’écheveau. […] Nous avons besoin d’approches scientifiques qui transcendent les barrières entre les disciplines et entre les méthodes. Nous avons besoin d’une vision holistique des défis pour concevoir des réponses intégrées. Et nous avons besoin de responsables politiques locaux et mondiaux éclairés par des données scientifiques solides et par des approches novatrices de la résolution des problèmes ». Le Secrétaire général de l’ONU a rappelé au Conseil consultatif trois grandes étapes à court terme : le Sommet mondial sur le climat en septembre 2014, la dernière ligne droite dans la

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Rapport de la réunion inaugurale

30-31 janvier 2014, Berlin (Allemagne)

Les 30 et 31 janvier 2014, le Conseil consultatif scientifique (SAB) du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies a tenu sa réunion inaugurale à Berlin, à l’invitation du Gouvernement allemand.

La cérémonie publique d’ouverture, au Ministère fédéral des affaires étrangères, a été marquée par des allocutions de M. Frank-Walter Steinmeier, Ministre allemand des affaires étrangères, de M. Ban Ki-moon, Secréraire général de l’Organisation des Nations Unies et de Mme Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO. Puis, au cours de quatre séances de travail internes, présidées par la Directrice générale de l’UNESCO, les membres du Conseil ont arrêté les éléments de leur programme de travail à venir.

I. Cérémonie d’ouverture

Plus de 500 personnalités, parmi lesquelles d’éminents décideurs, scientifiques et représentants des médias allemands et internationaux, y compris des ambassadeurs, plus de 200 présidents d’universités et directeurs d’instituts de recherche non universitaires, ainsi que les présidents et secrétaires généraux d’institutions scientifiques nationales d’Allemagne étaient présents à la cérémonie d’ouverture. Celle-ci était animée par le célèbre journaliste scientifique de la télévision allemande Ranga Yogeshwar. L’Orchestre mondial pour la paix a joué quelques intermèdes musicaux.

Dans son allocution de bienvenue, M. Steinmeier a souligné la valeur ajoutée essentielle des Nations Unies : « L’ONU offre ses services lorsque les États-nations ont atteint leurs limites. Elle vient à l’aide là où les autres ont depuis longtemps baissé les bras. Elle intervient là où il n’y a plus de solutions simples ». Il a ensuite assuré que l’engagement de son pays « auprès de l’ONU et en sa faveur est et demeurera un élément central de la politique étrangère de l’Allemagne ». M. Steinmeier s’est en outre félicité de la création du Conseil consultatif scientifique : « Les distingués scientifiques qui composent le Conseil consultatif serviront les hauts responsables de l’Organisation non seulement en leur qualité de chercheurs, mais aussi en tant que partenaires s’exprimant au nom de la société tout entière ».

Dans ses remarques liminaires, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a expliqué les raisons précises qui avaient conduit à créer un Conseil consultatif chargé de le conseiller, lui et les chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies, sur les questions relatives à la contribution de la science au développement durable : « Nous sommes confrontés à une multitude de crises, de risques et de facteurs de vulnérabilité qui sont trop étroitement entremêlés pour être résolus par une nation agissant seule. Aucun organe de décision ne peut y faire face isolément. Aucune discipline ne peut à elle seule en défaire l’écheveau. […] Nous avons besoin d’approches scientifiques qui transcendent les barrières entre les disciplines et entre les méthodes. Nous avons besoin d’une vision holistique des défis pour concevoir des réponses intégrées. Et nous avons besoin de responsables politiques locaux et mondiaux éclairés par des données scientifiques solides et par des approches novatrices de la résolution des problèmes ». Le Secrétaire général de l’ONU a rappelé au Conseil consultatif trois grandes étapes à court terme : le Sommet mondial sur le climat en septembre 2014, la dernière ligne droite dans la

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réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et l’agenda pour le développement post-2015.

Dans son allocution, Mme Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO, a notamment déclaré : « L’échelle et la complexité des défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui appellent une unité nouvelle de toutes les branches de la science. Elles appellent une meilleure gouvernance de la riche palette d’outils scientifiques qui existent au sein des Nations Unies. Elles appellent une approche nouvelle, par-delà les cloisons entre disciplines, les frontières politiques et les découpages sectoriels ». Le Conseil consultatif devrait renforcer les liens entre la science, la politique et la société en proposant des mécanismes appropriés ; il devrait aider à réduire la duplication des activités des organes consultatifs existants en matière scientifique ; enfin, il devrait aider à identifier les problèmes scientifiques les plus urgents et définir les domaines dans lesquels il conviendrait le mieux d’investir dans la science et la recherche.

L’animateur de la réunion, M. Ranga Yogeshwar, a présenté les membres du Comité consultatif – 24 des 26 membres que compte celui-ci étaient présents – et a demandé à chacun quel était son point de vue particulier sur les relations entre la science et le développement durable. Voici quelques réflexions faites par les membres du Conseil consultatif au cours du débat :

« L’histoire est comme la forêt humide : un regard suffisamment attentif nous permettra de trouver les solutions à nombre des problèmes auxquels nous avons déjà été confrontés. » Hillary Beckles

« Le XXIe siècle a besoin de l’éventail complet des savoirs, et les savoirs autochtones ont un rôle vital à jouer à cet égard. » Joji Carino

« La découverte du boson de Higgs est un exemple du progrès des connaissances fondamentales, qui sont vitales car sans recherche pure, il n’y aurait ni GPS ni transistors. » Fabiola Gianotti

« Pour être efficace, il faut non seulement produire de bons résultats scientifiques, mais aussi savoir communiquer à leur sujet. J’espère que ce groupe aidera le Secrétaire général à y parvenir. » Rajendra Kumar Pachauri

« La science est plus qu’un outil, c’est la voie qui livre accès à une sagesse nouvelle, à des idées neuves, à l’échelle du globe, car la science est internationale et ma vie en témoigne : j’ai débuté ici à Berlin, j’ai travaillé en France, puis en Suisse et au Japon, et je vis en Israël. » Ada Yonath

Dans une déclaration commune, six jeunes scientifiques venus respectivement du Brésil, du Canada, de l’Égypte, de l’Indonésie, de la Slovénie et de Sri Lanka, ont encouragé le Conseil consultatif à envisager plus particulièrement des mécanismes qui favorisent une science publique réflexive et inclusive, à promouvoir la sensibilisation du public, la mobilisation et la transparence dans ses activités, et à faire appel aux réseaux en pleine extension des jeunes scientifiques.

Le texte intégral des déclarations prononcées pendant la cérémonie d’ouverture est reproduit en annexe au présent rapport et peut être également consulté sur le site Web du Conseil consultatif.

II. Séances internes du Conseil consultatif

Les membres du Conseil consultatif ont procédé à un échange de vues et d’idées stimulant sur la mission et le mandat du Conseil, ainsi que sur ses travaux futurs, lors de séances privées tenues les 30 et 31 janvier 2014. Leur discussion a adopté un point de vue stratégique, et s’est concentrée sur l’impact à long terme et la valeur ajoutée du Conseil consultatif. Les débats ont également été axés sur les résultats, et tournés vers les prochaines grandes étapes du programme pour le développement des Nations Unies, tel que proposé par le Secrétaire général de l’ONU.

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Les membres du Conseil consultatif se sont félicités de la création de cet organe et ont exprimé leur gratitude au Secrétaire général de l’ONU pour les avoir invités à en être membres. Ils ont adressé des remerciements à la Directrice générale de l’UNESCO, qui avait accepté d’héberger leur secrétariat et donnait l’impulsion, et remercié aussi le Ministère des affaires étrangères de l’Allemagne et la Commission nationale allemande pour l’UNESCO de leur généreuse hospitalité, de l’organisation remarquable de la cérémonie d’ouverture et des excellentes conditions de travail.

La Présidente, Mme Irina Bokova, a fait observer que les travaux du Conseil consultatif auraient pour principal objectif d’améliorer l’articulation entre la science et le développement durable. Elle a vivement encouragé les membres à faire preuve d’audace dans leurs opinions et leurs approches lorsqu’ils formuleraient leurs avis en vue de décisions fondées sur les données factuelles et scientifiques. « L’interdisciplinarité et l’indépendance comptent à l’évidence parmi les principaux atouts de ce Conseil consultatif », a-t-elle déclaré. Elle a souligné que le Conseil devrait se guider dans ses travaux sur son mandat, qui l’appelait à éviter toute duplication des efforts, et respecter la mission que lui avait assignée le Secrétaire général de l’ONU.

On trouvera ci-après une synthèse des débats et des points d’accord, présentée en quatre partie étroitement liées : 1. Considérations générales sur les fonctions et les principaux domaines de travail du Conseil consultatif ; 2. Propositions concernant les futurs volets de travail et les approches méthodologiques ; 3. Considérations sur les modalités de travail ; 4. Conclusions et prochaines étapes.

1. Considérations générales sur les fonctions et les principaux domaines de travail du Conseil consultatif

En tant qu’organe transnational et transdisciplinaire, le Conseil consultatif servira de pont entre les disciplines scientifiques et entre la science et les disciplines de l’ingénieur, ainsi que d’interface entre la science, les politiques et la société. Il s’efforcera d’avoir un impact transformateur, en s’intéressant, non pas à des questions isolées, mais au développement durable considéré dans une perspective transversale qui embrasse toutes les questions et toutes les disciplines, et ce à des échelles multiples – nationale, régionale et mondiale.

Contrairement à d’autres organes consultatifs, le Conseil se compose de scientifiques indépendants, ce qui contribue pour beaucoup à sa valeur ajoutée. Il devra dire non seulement ce que les gouvernements demandent à entendre et veulent entendre, mais aussi ce qu’ils devraient entendre, du point de vue scientifique. La mission principale du Conseil n’est pas de conseiller les gouvernements, mais d’assister le Secrétaire général de l’ONU et le système des Nations Unies.

L’une des tâches essentielles du Conseil sera d’aider à élever le rôle de la science dans la formulation des politiques et d’identifier des moyens concrets de renforcer l’interface science-politiques-société dans un monde marqué par un grand nombre de défis, de crises et d’opportunités. Le Conseil s’emploiera en outre à améliorer la communication concernant la science et l’importance des risques liés au développement durable.

À cette fin, le Conseil est convenu qu’il devrait prendre dûment en considération les aspects suivants :

- meilleure compréhension et meilleur soutien de la science par le public ; il faut pour cela promouvoir une nouvelle culture de la science, en proposant notamment de nouveaux modèles dans l’éducation, de nouvelles approches de l’information scientifique, et peut-être un nouveau « méta-discours » sur la science et tout ce qui a trait à elle, de façon à en expliquer l’importance et les principes fondamentaux au grand public et aux dirigeants, et à aider ceux-ci à comprendre et accepter la diversité des points de vue des scientifiques et la part d’incertitude qui subsiste ; cela nécessite aussi de nouvelles modalités de dialogue avec toutes les parties prenantes, y compris le secteur privé, les ONG, les jeunes scientifiques, l’industrie et les gouvernements, sur les solutions que pourraient

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apporter la science, la technologie et l’innovation aux défis que représente la quête du développement durable ;

- amélioration du libre accès aux connaissances et de leur utilisation : les technologies de l’information et de la communication offrent en particulier aux jeunes des possibilités sans précédent d’accéder à la science ou de l’utiliser. Le libre accès au savoir et la formulation de principes directeurs indiquant comment appliquer les connaissances, ainsi qu’un système équilibré de protection des droits de propriété intellectuelle, peuvent contribuer à la transparence de la science et renforcer la confiance à l’égard des décideurs et des jeunes scientifiques, ainsi que des autres parties prenantes. Les Nations Unies ont une responsabilité particulière s’agissant de permettre et de faciliter l’accès aux données et l’échange des données ;

- les considérations d’ordre éthique exigent que les échanges entre scientifiques et décideurs abordent les questions relatives aux inégalités, à la grande pauvreté, à la sécurité alimentaire, à la santé, ainsi qu’au disparités entre Nord et Sud en rapport avec les agendas pour le développement, ce qui implique aussi des efforts accrus d’éducation et de renforcement des capacités ;

- la dimension culturelle du développement durable doit être comprise et prise en compte dans le débat sur le développement durable, car c’est sur le fondement de leurs valeurs culturelles que les individus agissent. Il convient de promouvoir dans les pays en développement une « culture de la science » s’étendant aux connaissances autochtones et locales pertinentes, sans reproduire ni importer les modèles de la science du Nord ;

- multidisciplinarité et interdisciplinarité : malgré la diversité des connaissances utiles pour relever les défis du développement durable, il serait aussi nécessaire que différents systèmes de savoir travaillent ensemble. Le Conseil consultatif est convenu d’examiner d’un point de vue interdisciplinaire aussi bien des aspects particuliers du développement durable tels que la sécurité alimentaire ou la santé que les défis spécifiques dans ces domaines ;

- indivis mondial : la science peut aider à élucider l’impact de l’exploitation non viable d’éléments majeurs de l’indivis tels que l’océan, l’atmosphère, l’eau, les sols, les forêts et la biodiversité et éclairer les décisions et les actions visant à créer le niveau de sécurité requis pour ce qui concerne ces intrants essentiels ;

- une mise en perspective historique apparaît essentielle pour mieux comprendre les occasions perdues et les insuffisances du passé et en tirer des enseignements pour l’avenir ;

- le travail du Conseil consultatif devrait être axé principalement sur les pays en développement ;

- la recherche fondamentale, dont le ressort est la curiosité, et la recherche appliquée sont aussi indispensables l’une que l’autre pour faire face aux défis du développement durable ;

- il convient de prendre en considération le rôle du secteur privé s’agissant d’investir dans la science, de mettre sur pied les programmes de recherche et d’influencer la science afin qu’elle serve le développement durable.

Le Conseil consultatif réfléchira avec soin au concept de développement durable et à sa compréhension, et s’efforcera de contribuer à une appréciation plus critique des modèles de développement, en identifiant notamment les déficits et les lacunes en matière de connaissances. Il s’attachera donc en priorité à envisager le développement durable selon une approche

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institutionnelle et multidisciplinaire globale en promouvant des interactions mutuellement bénéfiques entre sciences fondamentales, sciences appliquées et disciplines de l’ingénieur.

L’une des tâches du Conseil consultatif sera de repérer les enjeux scientifiques et sociaux nouveaux et de mettre en lumière les domaines où des recherches plus poussées seraient nécessaires, y compris les questions telles que les « points de basculement » et les « seuils planétaires », afin de les porter à l’attention du Secrétaire général de l’ONU. Il pourrait aussi se pencher à cet égard sur les attitudes sociales et sur la question de la confiance dans la science, notamment les attitudes anti-scientifiques. La résilience et l’adaptation sont des concepts fédérateurs pour tous les pays, développés ou en développement, et il importe de déterminer clairement quels cadres institutionnels et directeurs, quelles technologies émergentes et quels systèmes pourraient aider à atténuer les effets du changement et à s’y adapter. Le Conseil consultatif a appelé à améliorer les systèmes d’observation à l’échelle mondiale.

Étant donné le succès des feuilles de route technologiques en tant qu’outils de gestion prospective, le Conseil consultatif a pensé que cet instrument pourrait être utilisé également pour la formulation de politiques de développement durable. Cela faciliterait aussi le libre accès, dans une base de données unique, aux informations relatives aux évaluations de tous types déjà existantes.

En ce qui concerne la nécessité de travailler avec de multiples systèmes de connaissance et de mettre à contribution les savoirs autochtones et locaux, il a été fait observer que ces derniers ne devraient pas être soumis à validation par les méthodes scientifiques courantes. On a plutôt souligné qu’il existait des mécanismes, comme la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), qui réfléchissaient déjà à la manière dont des systèmes de connaissance fondés sur des méthodologies multiples pouvaient se compléter les uns les autres et interagir en synergie.

2. Propositions concernant les futurs volets de travail et les approches méthodologiques

Le Conseil consultatif est convenu que ses travaux, au cours des six mois de leur phase initiale, s’organiseraient selon quatre volets, pour chacun desquels serait établie une Note d’orientation.

Volet de travail 1 : Quel type de science et quelles approches multidisciplinaires nécessite le développement durable ?

Ce premier volet a pour objet de publier un « document de définition » et d’identifier les nouvelles approches qu’exige une science au service du développement durable. Il s’agira principalement de redéfinir le rôle et la contribution de la science en matière de promotion du développement durable, en examinant notamment la manière dont la science est conçue et conduite, les lacunes à combler et les questions relatives à la formation de capital humain pour le développement durable.

Volet de travail 2 : Liens entre la science et la société et mobilisation de toutes les parties prenantes en faveur du développement durable

L’objectif de ce deuxième volet est de déterminer des modalités concrètes en vue d’améliorer les liens entre la science et la société et de proposer des solutions pour mieux mobiliser toutes les parties prenantes, y compris le secteur privé.

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Volet de travail 3 : Des approches, des modalités et des processus nouveaux pour une meilleure prise en compte de la science dans la formulation des politiques

Ce troisième volet vise à identifier des modalités concrètes en vue d’améliorer les liens entre la science et les politiques. De l’avis général, il convenait de mettre également en relief les meilleures pratiques.

Volet de travail 4 : Pertinence de la science pour les objectifs de développement durable

Les membres du Conseil sont convenus de commenter les objectifs de développement durable du point de vue de la science, à la lumière des documents relatifs aux délibérations sur l’agenda pour le développement durable post-2015, y compris en ce qui concerne la pertinence des cibles éventuelles. Cet examen offrira en outre une occasion de souligner l’importance de la recherche fondamentale, des sciences pures et des sciences appliquées, et la nécessité d’investir dans la science pour promouvoir le développement durable. Le Conseil s’emploiera aussi à proposer des stratégies concernant la présentation de rapports sur les cibles relatives aux objectifs de développement durable, ainsi que le réexamen et la révision de ces dernières au fil du temps.

Les quatre Notes d’orientation seront présentées au Secrétaire général de l’ONU avant le Sommet sur le climat qui doit se tenir en septembre 2014.

De plus, le Conseil a reconnu la nécessité de formuler un « méta-discours » reposant sur des bases scientifiques en vue de : (i) mieux informer des causes profondes des crises mondiales ; (ii) mettre l’accent sur les inégalités croissantes et l’exclusion sociale ; (iii) souligner l’importance d’offrir des possibilités d’emploi à tous ; et (iv) identifier les décisions à prendre en cas d’incertitude.

Il a également été suggéré de formuler des recommandations concrètes tendant à améliorer la cohérence et l’efficacité des interfaces entre le système des Nations Unies et la science, c’est-à-dire la multitude d’organes consultatifs et d’évaluations. À cet effet, il conviendrait de finaliser l’esquisse d’un tableau général des structures et des processus qui figurait dans les documents de travail de la réunion. Cet exercice ne devrait toutefois pas déboucher sur une évaluation des évaluations au plein sens du terme.

Les travaux du Conseil consultatif et les documents d’orientation correspondants devront répondre en termes généraux aux problèmes urgents auxquels les Nations Unies s’efforcent de faire face aujourd’hui, comme la réduction de la pauvreté et le changement climatique. D’autres enjeux particuliers pourraient être évoqués à titre d’exemples, comme les questions sanitaires (lutte contre le tabac, par exemple), la dynamique et la démographie des populations humaines, les relations entre efficience agricole et sécurité alimentaire, la méfiance du public à l’égard de la science et le discours « anti-scientifique », les questions émergentes on encore controversées comme la fracturation hydraulique, l’énergie nucléaire, la science et la technologie dans les zones situées hors juridictions nationales (par exemple l’espace et les océans), ainsi que les questions relevant de la recherche de pointe telles que les biocapteurs.

3. Considérations sur les modalités de travail

Au cours de la phase initiale de ses travaux, le Conseil consultatif délibérera dans le cadre de groupes de travail s’occupant respectivement des thèmes relatifs aux quatre grands volets qui ont été retenus. Ces groupes de travail seront ouverts à tous les membres du Conseil consultatif intéressés et leurs activités seront coordonnées par les personnalités suivantes :

- Groupe de travail chargé du volet 1 : Shankar Sastry, Tanya Abrahamse, Carlos Nobre ;

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- Groupe de travail chargé du volet 2 : Susan Avery, Abdallah Daar, Reiko Kuroda ;

- Groupe de travail chargé du volet 3 : Maria Ivanova, Laurence Tubiana, Rajendra Pachauri ;

- Groupe de travail chargé du volet 4 : Joerg Hacker, Laurence Tubiana.

Chaque groupe de travail sera assisté par un membre du secrétariat.

Le Conseil consultatif se réunira tous les six mois, mais des échanges à distance sont prévus entre les réunions.

Le Conseil consultatif disposera d’un espace de travail en ligne créé par le secrétariat pour permettre à ses membres d’avoir accès à la documentation utile, de procéder à des discussions collectives et de faire avancer leur collaboration sur les thèmes particuliers correspondant aux grands volets de travail du Conseil.

Le secrétariat met d’autre part au point un site Web dédié en vue de faire connaître les activités du Conseil consultatif à un plus large public, y compris les acteurs scientifiques en général, les communautés locales et les décideurs. Les membres du Conseil auront ainsi des occasions de lancer des consultations en ligne et des initiatives d’externalisation ouverte (crowd-sourcing).

La Présidente a suggéré que les réunions du Conseil consultatif soient coprésidées à l’avenir par elle-même et un membre du Conseil. Le Conseil consultatif est convenu que M. Hamid Zakri coprésiderait, en sa qualité de membre, la prochaine réunion du Conseil.

4. Conclusions et étapes suivantes

La science a un rôle essentiel à jouer en éclairant la formulation des politiques, mais ce rôle n’a pas été pris suffisamment en considération à ce jour.

Les membres du Conseil consultatif sont convenus que les Notes d’orientation qu’ils établiront seront remises au Secrétaire général de l’ONU bien avant la tenue du Sommet sur le climat convoqué par lui le 23 septembre 2014 à New York, de façon qu’il puisse s’inspirer des avis du Conseil, selon que de besoin.

Des propositions concernant le lieu et les dates de la prochaine réunion du Conseil consultatif seront communiquées à ses membres en temps voulu.

Annexes :

1. Liste des participants aux séances privées

2. Résumé succinct des discussions des groupes de travail

3. Allocutions prononcées lors de la cérémonie d’ouverture.

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ANNEXE 1

Liste des participants aux séances privées du Conseil consultatif

Présidente du Conseil consultatif : Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO

Membres du Conseil consultatif :

Tanya Abrahamse (Afrique du Sud), Directrice générale de l’Institut national de la biodiversité de l’Afrique du Sud

Susan Avery (États-Unis d’Amérique), Présidente et Directrice de l’Institut océanographique de Woods Hole

Sir Hilary McDonald Beckles (Barbade), Vice-recteur adjoint et Président de l’Université des Indes occidentales

Joji Cariño (Philippines), Directrice du Programme Forest Peoples

Abdallah Daar (Oman), Professeur en santé publique, Université de Toronto (Canada)

Gebisa Ejeta (Éthiopie), Professeur en agronomie, Université Purdue (États-Unis)

Vladimir Fortov (Fédération de Russie), Président de l’Académie russe des sciences

Fabiola Gianotti (Italie), Chercheuse en physique et ancienne coordinatrice de l’expérience ATLAS, CERN, Genève (Suisse)

Ke Gong (Chine), Président de l’Université de Nankai

Jörg Hinrich Hacker (Allemagne), Président de l’Académie allemande des sciences Leopoldina

Maria Ivanova (Bulgarie), Professeure de gouvernance à l’échelle mondiale, Université du Massachusetts, Boston (États-Unis)

Eugenia Kalnay (Argentine), Professeure en sciences de l’atmosphère et de l’océan, Université du Maryland (États-Unis)

Eva Kondorosi (Hongrie), Chercheuse et professeure, Centre de recherche biologique, Académie des sciences de Hongrie

Reiko Kuroda (Japon), Professeure, Institut de recherche pour la science et les technologies, Université des sciences de Tokyo

Dong-Pil Min (République de Corée), Professeur émérite, Université nationale de Séoul

Carlos Nobre (Brésil), Spécialiste en climatologie, Secrétaire national pour les politiques de recherche-développement

Rajendra Kumar Pachauri (Inde), Directeur général de l’Institut de l’énergie et des ressources (TERI) ; Président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), Prix Nobel de la paix

Shankar Sastry (États-Unis d’Amérique), Doyen de l’Institut des sciences de l’ingénierie, Université de Californie, Berkeley

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Hayat Sindi (Arabie saoudite), Fondatrice et Présidente de l’Institute of Imagination and Ingenuity (i2nstitute)

Wole Soboyejo (Nigéria), Président de l’Université africaine des sciences et de la technologie (AUST), Garki

Laurence Tubiana (France), Professeure, Sciences Po Paris et Université Columbia ; Fondatrice et Directrice de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) ; Coprésidente du Conseil de direction du Réseau des solutions pour le développement durable (SDSN) ;

Judi Wakhungu (Kenya), Professeure en gestion des ressources énergétiques, Secrétaire d’État à l’environnement, à l’eau et aux ressources naturelles

Ada Yonath (Israël), Directrice du Centre de structure biomoléculaire Helen and Milton A. Kimmelman de l’Institut des sciences Weizmann ; Prix Nobel de chimie

Abdul Hamid Zakri (Malaisie), Conseiller scientifique auprès du Premier Ministre de la Malaisie ; Président de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES)

Secrétariat de l’UNESCO

Hans d’Orville, Sous-Directeur général pour la planification stratégique

Wendy Watson-Wright, Sous-Directrice générale, Secrétaire de la Commission océanographique intergouvernementale

Philippe Quéau, Sous-Directeur général p. i. pour le Secteur des sciences sociales et humaines

Qunli Han, Directeur, Division des sciences écologiques et des sciences de la Terre, Secteur des sciences exactes et naturelles

Lidia Brito, Directrice, Division des politiques scientifiques et du renforcement des capacités, Secteur des sciences exactes et naturelles

Cheikh N’Diaye, Spécialiste principal du programme, Cabinet de la Directrice générale

Matthieu Guével, Conseiller, Cabinet de la Directrice générale

Salvatore Arico, Spécialiste principal du programme, Secteur des sciences exactes et naturelles

Iulia Nechifor, Spécialiste du programme, Bureau de la planification stratégique

Organismes des Nations Unies

Michel Jarraud, Secrétaire général, Organisation météorologique mondiale (OMM)

Johannes Christian Wichard, Directeur général adjoint, Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI)

Joseph Bradley, Chef, Section des organisations intergouvernementales et des partenariats, Département des relations extérieures, OMPI

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Commission nationale allemande pour l’UNESCO

Lutz Möller, Chef, Division de la science et des droits de l’homme

Sonja Muehlenfeld, Spécialiste du programme, Division de la science et des droits de l’homme

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ANNEXE 2

Compte rendu succinct des discussions des groupes de travail1

Résumé de la première séance du groupe de travail 1

Membres du Conseil consultatif présents : Tanya Abrahamse, Carlos Nobre, Gebisa Ejeta, Dong-Pil Min, Eva Kondorosi ; Secrétariat de l’UNESCO : Lidia Brito.

Les discussions du Groupe de travail 1 auront pour thème « Quels types d’approches en matière de science et de développement du capital humain sont nécessaires pour promouvoir le développement durable ? » (Rôle des approches et mécanismes interdisciplinaires dans la science et le développement du capital humain).

Une note d’orientation pourrait être établie notamment sur les questions suivantes :

1. Production et diffusion des connaissances

- évaluer l’importance des approches multidisciplinaires/interdisciplinaires et transdiciplinaires (coconception et coproduction des connaissances) ; examiner les programmes utilisant de telles approches, tels que, entre autres, l’initiative Future Earth, et les enseignements que l’on peut en tirer ; identifier les lacunes dans les programmes scientifiques et formuler des recommandations en la matière ;

- étudier les paramètres utilisés pour mesurer le développement durable : outre le PIB, examiner les autres paramètres qui permettraient de mesurer le développement durable, ainsi que leur utilité et leurs inconvénients ;

- montrer que la science est un bien public et proposer des moyens de démocratiser le savoir, en instaurant une culture de la science ; examiner par exemple ce que dit la science des changements de l’environnement planétaire, des seuils et des points de basculement, et la manière dont ces informations sont communiquées au grand public, définir la science comme un bien commun appelant des actions au niveau mondial et à l’échelon national.

2. Développement du capital humain :

- réfléchir à l’importance des programmes d’éducation et de renforcement des capacités pour constituer la masse critique que nécessite le développement durable, y compris l’analyse des risques, la prise en compte des éléments d’incertitude et la préparation des apprenants pour en faire des citoyens actifs, engagés et responsables ;

- explorer les programmes novateurs et proposer des approches possibles en vue de mettre au point une éducation pour le développement durable efficace et novatrice ;

- réfléchir à l’importance des technologies de l’information (TI) dans les programmes de développement du capital humain en analysant des exemples des meilleures pratiques.

3. Accès aux technologies :

- étudier comment les populations ont bénéficié des progrès technologiques et comment différentes catégories de population ont accès aux technologies les plus récentes ;

1 La présente annexe contient un avant-projet de compte rendu, établi par le Secrétariat de l’UNESCO,

des discussions des groupes de travail qui se sont réunis à l’issue de la première séance plénière. Cet avant-projet sera examiné plus avant et complété par les membres du Conseil consultatif.

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- examiner comment la technologie, la science, l’entrepreneuriat et l’innovation contribuent à la création d’emplois, et facilitent l’accès aux connaissances et aux savoir-faire. Parmi les domaines d’action pourraient figurer l’accès à l’Internet et le large bande en tant qu’exemples de transformations induites par la technologie et pouvant réduire les fossés existants ;

- examiner les questions clés relatives aux technologies divergentes, ainsi que la question du caractère abordable des technologies, du point de vue des ressources humaines et financières.

4. Développement des institutions :

- présenter les caractéristiques essentielles de l’infrastructure et des modèles institutionnels pouvant faciliter l’utilisation des connaissances et de la technologie comme des moyens d’améliorer la qualité de la vie, d’accroître la productivité et de stimuler la création d’emplois (agriculture, santé, par exemple).

5. Marchés :

- réfléchir aux politiques, services et équipements publics nécessaires pour soutenir des actions fondées sur la science, la technologie et l’innovation (STI) visant à promouvoir le développement durable et la création d’emplois ;

- proposer des bonnes pratiques et des mécanismes appropriés en mettant en évidence les fonctions différenciées du secteur public, du secteur privé et des partenariats public-privé ;

- réfléchir aux mesures d’incitation et aux mécanismes qui pourraient rapprocher les milieux universitaires et l’industrie, et stimuler ainsi l’innovation (culture de la R-D, indicateurs de gestion des performances, etc.).

Résumé de la réunion initiale du Groupe de travail 2

Membres du Conseil consultatif présents : Susan Avery, Reiko Kuroda, Abdallah Daar, Wole Soboyejo, Hayat Sindi, Hilary Beckles ; Secrétariat de l’UNESCO : Iulia Nechifor

Le groupe de travail examinera les liens entre science et société et les approches multipartenariales que nécessite le développement durable. L’accent sera mis sur les questions suivantes :

- nécessité de promouvoir les carrières scientifiques dans les pays développés et en développement, et importance des personnes jouant le rôle de modèle dans le domaine scientifique ;

- méthodes pédagogiques permettant une meilleure compréhension de la science, aiguisant le sens critique et incitant à lutter contre la « falsification » des résultats scientifiques ;

- moyens d’améliorer la compréhension de la science par le public, en particulier dans certains groupes d’âge ;

- nécessité de relier entre eux les différents acteurs, notamment les ONG, les entreprises et les milieux d’affaires, et les communautés rurales ; présentation d’études de cas et examen des méthodes qui permettraient de reproduire ces expériences à plus grande échelle aux niveaux national et mondial ;

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- réflexion sur les mesures d’incitation et les mécanismes aptes à rapprocher les milieux universitaires et l’industrie et à promouvoir l’innovation.

Document de référence : Kuroda Reiko, What it takes to bridge gap between science and life, Asahi News, 30 juin 1996.

Résumé de la réunion initiale du Groupe de travail 3

Les Coprésidents du Groupe de travail 3 ont noté que sa tâche était étroitement liée à celle du Groupe de travail 4 et prié Mme Laurence Tubiana, membre du Conseil consultatif, d’assurer la liaison entre les deux groupes. Ils ont aussi relevé la nécessité de coordonner les travaux du Groupe de travail 3 et ceux du Groupe de travail 2 en ce qui concerne l’interface entre science et société, le rôle des jeunes générations, les contributions des parties prenantes aux activités de sensibilisation et les échanges avec les ONG et avec le secteur privé.

Le Groupe de travail 3 a organisé ses travaux comme suit :

‐ théorie de l’interface science-politiques : examen complet de la littérature existante sur la question, établissement d’une bibliographie annotée et organisation de l’information et des conclusions s’y rapportant sous la forme d’une base de données ;

‐ collecte de données empiriques : identification, compilation et analyse d’études de cas pertinentes, à l’exemple de l’étude de cas allemande sur les relations entre scientifiques et responsables politiques, et avis formulés dans ce cadre sur les recherches utiles pour répondre aux besoins de l’industrie ; feuilles de route technologiques de la Silicon Valley, en Californie (États-Unis) ; exemple des centres d’innovation en Afrique du Sud.

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ANNEXE 3

Allocution de M. Frank‐Walter Steimeier, Ministre allemand des affaires étrangères

Il y a de cela quarante ans, la République fédérale d’Allemagne devenait membre des Nations Unies. À cette occasion, Willy Brandt fut le premier Chancelier fédéral à prendre la parole devant l’Assemblée générale. Dans son discours, il formula une remarque qui n’a rien perdu aujourd’hui de sa pertinence.

« Certaines des critiques que l’on adresse à l’ONU », fit-il observer, « semblent amères et cyniques, et empreintes d’un pessimisme presque jubilatoire, comme si elles procédaient d’un secret espoir que les faiblesses de l’Organisation en réfuteraient l’idée et les visées. Mais les revers dans la poursuite d’un idéal ne prouvent pas nécessairement que cet idéal est erroné et ne sont souvent que le signe qu’il serait possible de le réaliser par de meilleures voies ».

Nous savons tous de quels préjugés l’ONU est la cible. Face aux conflits et aux défis planétaires d’aujourd’hui, affirme-t-on, l’Organisation mondiale est trop faible, peu efficace et impuissante. Mais la semaine qui vient de s’écouler ne nous a-t-elle pas à elle seule démontré à quel point l’ONU est indispensable ?

Après trois ans de guerre civile, plus de 130 000 morts et 7 millions de personnes déracinées, l’ONU a réussi à réunir les parties en conflit en Syrie autour d’une table à Montreux. Des inspecteurs de l’ONU supervisent enfin la destruction du stock d’armes chimiques de la Syrie. Au Soudan du Sud, des dizaines de milliers de personnes ont trouvé refuge dans des camps de l’ONU.

La réunion de Montreux est peut-être apparue aux yeux de certains comme une défaite de la diplomatie internationale. Pourtant, si l’on considère quelles violences et atrocités inouïes les parties en conflit se sont mutuellement infligées, on mesure le succès que cela a représenté de les faire s’asseoir à la table de négociation, et de surcroît dans une même salle.

Sans de tels premiers pas, pouvant conduire à de plus amples avancées, toute solution politique, si instamment désirée soit-elle, demeurerait illusoire. Seuls de tels premiers pas peuvent faire naître de timides espoirs en des améliorations concrètes, comme un cessez-le-feu local ou un accès humanitaire. Ce sont de petits pas, certes. Mais étant donné les souffrances si longtemps endurées, chaque petit pas compte.

Les observateurs politiques voient trop souvent l’ONU comme une institution distante, dont les tortueux processus de résolution des conflits sont tout simplement inadaptés face à la rapidité avec laquelle de nouvelles crises éclatent ailleurs.

Et il y a autre chose. Toute guerre, toute crise ou tout conflit produit des images. Des négociations avançant peu à peu pendant des mois sans aucune percée ne présentent aucun intérêt journalistique.

Pourtant, jour après jour, l’ONU est pour un grand nombre d’individus un ami présent dans le besoin. Pour les enfants syriens qui ont supporté des épreuves et bravé le danger avant de trouver enfin la sécurité dans un camp de réfugiés de Zaatari. Pour les victimes de la guerre civile en République centrafricaine ou du séisme aux Philippines, à qui l’ONU fournit abris et soins médicaux.

Sur tous les points chauds de la planète, l’ONU est une source concrète d’espoir pour les déshérités. Pour eux, le drapeau bleu ciel de l’ONU est le symbole de la solidarité internationale.

Ceux qui déplorent les insuffisances de l’ONU ne devraient pas oublier ceci : l’Organisation mondiale offre ses services lorsque les États-nations ont atteint leurs limites. Elle vient à l’aide là où les autres ont depuis longtemps baissé les bras. Elle intervient là où il n’y a plus de solutions

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simples. L’ONU offre la seule enceinte capable d’apporter des solutions engageant l’ensemble de la communauté internationale.

L’architecture de l’ONU a besoin d’être réformée – cela ne fait aucun doute. Mais si ces réformes sont nécessaires, ce n’est pas parce que l’ONU est devenue inutile. Mais parce que l’ONU est indispensable.

Ce que nous voulons, c’est adapter notre organisation mondiale aux réalités du XXIe siècle. À cette fin, les valeurs inscrites dans la Charte des Nations Unies sont plus pertinentes que jamais.

Que l’on pense par exemple à l’action menée dans le domaine du développement. Nous avons besoin de la structure des Nations Unies pour joindre efficacement nos forces en vue de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.

Et nous avons aussi besoin de cette structure, pour nous aider à mettre au point un programme commun et à long terme de développement pour l’après-2015.

En 1973, Willy Brandt a annoncé aux membres assemblés des Nations Unies : « Nous sommes venus assumer notre part de la responsabilité des affaires du monde, sur la base de nos convictions et dans les limites de nos possibilités. »

Tel est le critère au regard duquel nous voulons être jugés aussi à l’avenir. Notre engagement auprès de l’ONU et en sa faveur est et demeurera un élément central de la politique étrangère de l’Allemagne.

C’est la raison pour laquelle nous avons besoin d’un débat honnête sur le rôle de notre pays dans le monde.

Que signifie dans la pratique, ici et maintenant, « assumer notre part de la responsabilité des affaires du monde », pour reprendre la formule de Willy Brandt ? Et comment définissons-nous exactement « nos possibilités » ? Quels sont nos objectifs ? Quels coûts et quels risques sommes-nous prêts à supporter pour réaliser ces objectifs ?

J’ai la ferme conviction qu’à l’avenir aussi, l’Allemagne ne devra pas seulement s’engager sur le plan financier : nous devrons aussi être engagés auprès des populations et sur le terrain. Ce qui ne veut pas dire nous lancer dans des aventures militaires.

Comme je l’ai dit pas plus tard qu’hier devant le Bundestag allemand, une politique de retenue militaire est une bonne chose. Il n’est guère prouvé qu’une intervention militaire tende à améliorer quoi que ce soit. La retenue militaire est assurément une bonne chose, mais elle ne doit pas signifier rester à l’écart par principe.

À l’heure où je parle, près de 6 000 soldats, officiers de police et experts civils allemands servent dans le cadre de missions de paix des Nations Unies ou mandatées par les Nations Unies.

Et nous examinons avec nos alliés de quelles autres façons nous pourrions intensifier notre engagement à l’avenir. Au Mali, par exemple, nous réfléchissons à un éventuel renforcement de notre assistance en matière de formation des forces de sécurité nationales.

L’Allemagne a sensiblement accru ses contributions à l’effort d’aide humanitaire. En 2013, le Gouvernement allemand a versé un montant record de 358 millions d’euros pour atténuer les souffrances dans toute une série de situations de crise humanitaire.

C’est dans ce même esprit que nous avons décidé d’accueillir sur notre territoire 10 000 réfugiés syriens qui se trouvent actuellement dans des pays voisins.

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Ce que nous faisons pour aider les Syriens montre comment nous assumons une responsabilité croissante dans les affaires des Nations Unies et comment la nature de cette responsabilité évolue.

L’Allemagne accueille aujourd’hui toute une série d’importants organismes des Nations Unies à Berlin, Francfort-sur-le Main, Hambourg, et surtout Bonn. Bonn est aujourd’hui un pôle de la viabilité, de la protection contre le changement climatique et du développement. Dans les années qui viennent, nous continuerons d’offrir aux Nations Unies le meilleur environnement possible pour ses activités dans cette ville.

C’est pourquoi je suis très heureux, Monsieur le Secrétaire général, de savoir que demain, vous verrez de vos propres yeux ce que fait Bonn pour les Nations Unies.

C’est pour nous un motif de fierté, Monsieur le Secrétaire général, que vous ayez choisi Berlin pour accueillir la réunion inaugurale de votre nouveau Conseil consultatif scientifique. Nous voyons dans ce choix à la fois la reconnaissance de notre engagement auprès des Nations Unies et un encouragement à faire encore davantage.

Les distingués scientifiques qui composent le Conseil consultatif serviront les hauts responsables de l’Organisation non seulement en leur qualité de chercheurs, mais aussi en tant que partenaires s’exprimant au nom de la société tout entière. La tâche de cet organe, telle que je la conçois, ne se limitera pas à fournir des conseils avisés depuis une tour d’ivoire.

Elle sera de vous aider, Monsieur le Secrétaire général, dans vos efforts pour que les conclusions des scientifiques trouvent leur traduction dans des politiques réalistes.

Un premier test pour cette ambitieuse entreprise sera le débat que j’ai évoqué tout à l’heure sur les objectifs de développement à long terme de l’agenda post-2015. Nous envisageons tous avec un vif intérêt à la fois les travaux que vous allez mener et notre future collaboration.

Nous vous souhaitons plein succès dans vos premiers pas. Vous êtes tout particulièrement les bienvenus ici, au Ministère des affaires étrangères – aujourd’hui comme demain. Et vous pouvez compter, bien sûr, sur la coopération et le soutien actifs de l’Allemagne.

Merci beaucoup.

Remarques de M. Ban Ki‐moon, Secrétaire général de l’ONU à la réunion inaugurale de son Conseil consultatif scientifique

Bienvenue à cette cérémonie d’ouverture qui marque le lancement des travaux du Conseil consultatif scientifique.

Je me réjouis de voir aujourd’hui réunies en ce lieu d’aussi éminentes personnalités.

Cela confirme le rôle important des avis scientifiques s’agissant de définir notre action collective pour promouvoir le développement durable, réduire les inégalités et vaincre la misère.

Ce Conseil consultatif a été établi sur la recommandation du Groupe de haut niveau sur la viabilité mondiale, coprésidé par Mme [Tarja] Halonen, Présidente de la Finlande et M. [Jacob] Zuma, Président de l’Afrique du Sud.

Lorsque je me suis adressé à l’Assemblée générale lors de la séance informelle de la plénière sur le rapport du Groupe de haut niveau sur la viabilité mondiale, j’ai souligné combien il importait de resserrer les liens entre la communauté scientifique mondiale et les Nations Unies, de manière que la science puisse être mieux utilisée dans les processus de formulation des politiques.

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Ce Conseil consultatif apportera aux Nations Unies un soutien supplémentaire dans leurs efforts pour relever les défis mondiaux, selon une approche intégrée, holistique.

Nous devons asseoir plus solidement nos processus décisionnels sur tout un éventail de disciplines scientifiques, sans oublier les savoirs traditionnels et autochtones.

Je suis reconnaissant à l’Allemagne d’accueillir cette réunion.

Je remercie l’UNESCO d’assurer le secrétariat du Conseil consultatif et salue la sagesse et l’autorité de sa Directrice générale, Mme Irina Bokova.

Et je remercie tout particulièrement les membres du Conseil consultatif d’avoir répondu à mon invitation.

Votre présence ici, alors que votre emploi du temps est déjà très chargé, témoigne de notre volonté collective d’engager le monde sur la voie du développement durable.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Cela fait trop longtemps que nous brûlons et consommons nos ressources au nom de la prospérité. Ce modèle n’est pas viable.

Nous sommes entrés dans une nouvelle ère, à laquelle on a donné le nom d’« anthropocène ». L’activité humaine a désormais un impact direct et mesurable sur les systèmes vitaux de la planète.

Nous avons besoin de la science pour comprendre notre environnement, pour le protéger et l’utiliser de manière avisée. Nous avons besoin de comprendre les multiples forces économiques et démographiques à l’œuvre dans notre monde en pleine mutation.

Et nous avons besoin de prendre à bras-le-corps les grands enjeux – la faim et la sécurité alimentaire, le creusement des inégalités, la prévention des catastrophes, l’urbanisation, des conditions de vie saines et des sources d’énergie durables pour tous.

La célèbre scientifique Marie Curie a dit un jour, je la cite : « Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre. Il est maintenant temps de mieux comprendre, afin que nous puissions craindre moins ». Fin de citation.

Mais savoir ne suffit pas. Nous avons besoin de nouvelles manières de penser et d’agir.

Nous sommes confrontés à une multitude de crises, de risques et de facteurs de vulnérabilité qui sont trop étroitement liés pour être résolus par une nation agissant isolément.

Aucun organe de décision ne peut à lui seul y faire face.

Aucun domaine de recherche unique ne peut en démêler l’écheveau.

Nous avons besoin de politiques mieux intégrées.

Nous devons accorder un poids égal aux dimensions sociales, économiques et environnementales du développement durable, dans le cadre d’un programme unique. Tel est le principal message de la Conférence sur le développement durable Rio + 20. Le Conseil économique et social, lors de l’examen ministériel, a lui aussi appelé à renforcer les liens entre science et politique.

Le Conseil consultatif est une avancée concrète vers la réalisation de ces objectifs.

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Nous avons besoin d’approches scientifiques qui lèvent les barrières entre les disciplines et les méthodes. Nous avons besoin d’une vision holistique des défis pour définir des réponses intégrées. Et nous avons besoin de responsables politiques locaux et mondiaux éclairés par des données scientifiques solides et par des approches novatrices de la résolution des problèmes.

Le Conseil consultatif réunit quelques-unes des meilleures compétences scientifiques du monde.

Il émettra des avis indispensables sur l’interface entre science et politiques de développement durable.

Les deux prochaines années seront décisives pour trois raisons.

Premièrement, nous sommes convenus de mettre au point un instrument juridique mondial sur le climat avant la fin de 2015. Il nous faut limiter l’élévation de la température du globe ou nous ne parviendrons jamais à instaurer le développement durable ou à vaincre la misère. C’est la raison pour laquelle j’accueillerai le 23 septembre pour un Sommet sur le climat les chefs de gouvernement et les dirigeants du monde des affaires, de la finance et de la société civile. J’entends stimuler une action ambitieuse sur le terrain et susciter une volonté politique plus vigoureuse.

Deuxièmement, 2015 est l’échéance qui a été fixée pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Nous devons accélérer notre action.

Troisièmement, les États membres s’emploient à définir le programme pour le développement de l’après‐2015. Nous devons faire fond sur les OMD et définir un cadre qui permette de mettre un terme à la grande pauvreté, de réduire les inégalités et de promouvoir le développement durable.

Je compte que le Conseil consultatif proposera des idées utiles dans tous ces domaines, et chaque fois que nous aurons besoin d’une réflexion pionnière sur l’interface entre la science et les politiques.

Je vous remercie.

Allocution d’Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO

Permettez-moi pour commencer de dire mon enthousiasme de me trouver aujourd’hui dans ce grand pays de la science et de la technologie – et de remercier toutes celles et tous ceux qui ont travaillé d’arrache-pied pour organiser cette première réunion.

Je voudrais exprimer ma profonde gratitude au Gouvernement fédéral allemand, au Ministère des affaires étrangères et à la Commission nationale allemande pour l’UNESCO pour leur généreuse invitation.

Je salue la présence de tant de figures de proue de la communauté scientifique et des instances décisionnelles de l’Allemagne.

Je voudrais remercier M. Ban Ki‐moon de sa décision de créer le Conseil consultatif scientifique et de la confiance qu’il a placée en l’UNESCO – c’est pour elle un honneur et une responsabilité.

Je crois pouvoir affirmer que sont ici rassemblés quelques-uns des penseurs scientifiques les plus éminents de la planète.

Et nous entendons rien de moins que forger une réponse nouvelle à une très ancienne question.

Cette question est de savoir comment réunir la diversité des savoirs existants en vue de dessiner une vision plus cohérente de notre monde et de promouvoir une action plus efficace.

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Beaucoup ont appelé à une meilleure intégration de tous les aspects – économiques, sociaux et environnementaux – du développement durable.

Beaucoup ont réclamé une interface plus solide entre les disciplines scientifiques et des liens resserrés entre la science, la politique et la société. La spécialisation scientifique a permis des progrès sans précédent au cours du siècle dernier.

Mais les scientifiques ont parfois progressé si loin dans leurs disciplines respectives qu’ils nous semblent parler des langues différentes et travailler isolément les uns des autres, et que nous avons besoin de regrouper des informations et des connaissances qui sont dispersées – pour promouvoir le développement durable et pour éliminer la pauvreté au Sud comme au Nord, dans le monde entier.

L’échelle et la complexité des défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui appellent une unité nouvelle de toutes les branches de la science.

Elles appellent une meilleure gouvernance de la riche palette d’outils scientifiques qui existent au sein des Nations Unies.

Elles appellent une approche nouvelle, qui transcende les disciplines, les frontières politiques et les découpages sectoriels.

Telle est la raison d’être du Conseil consultatif scientifique – veiller au plus haut niveau à ce que les décisions soient éclairées, rendues possibles et accompagnées par les meilleures connaissances disponibles, rassemblées selon une optique holistique.

Je n’imagine pas de lieu plus propice pour engager cette action que l’Allemagne, un pays si profondément attaché au savoir, pays de Leibniz, qui était lui-même un esprit universel, pays de Goethe, qui a dit un jour : « Savoir ne suffit pas, il faut aussi appliquer. Vouloir ne suffit pas, il faut aussi agir ».

La tâche du Conseil consultatif scientifique est, essentiellement, d’agir.

Elle porte sur la santé, l’amélioration de l’agriculture et des moyens d’existence de millions d’individus, sur la réduction des risques, la sécurité alimentaire, l’élimination de la pauvreté, et la dignité humaine.

Les avis des scientifiques sont vitaux pour la formulation de politiques dans tous ces domaines.

Les politiques sont elles aussi d’une importance vitale pour déterminer le type de science dont nous avons besoin, dans lequel nous devrions investir. Notre avenir dépend de la relation que nous établirons entre ces deux champs d’action.

Ce n’est pas chose aisée.

Renforcer l’interface entre science et politique ne signifie pas subordonner l’une à l’autre. L’indépendance est cruciale pour la recherche, de même que pour des choix politiques avisés et véritablement démocratiques.

La formulation des politiques consiste à trouver des solutions à des besoins urgents, tandis que l’entreprise scientifique répond à des visées à moyen et à long termes.

Comment surmonter cette contradiction ? C’est pour trouver la réponse que je me tourne vers vous, distingués membres du Conseil consultatif scientifique.

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Mesdames et Messieurs,

Permettez‐moi de vous dire d'abord mon admiration.

Vous êtes une source d'inspiration pour nous tous, pour tant de jeunes chercheurs, dans cette salle et au‐delà. Vous avez été choisis pour la diversité de votre expertise, dans les sciences exactes et naturelles, sociales et humaines, dans les systèmes de savoirs traditionnels.

Vous exercez des responsabilités diverses, en relation avec les politiques, et cette expérience nous est précieuse. Vous avez été choisis à parité d’hommes et de femmes – il en va aussi de la crédibilité de cette assemblée. Nous attendons beaucoup de vous :

D’abord, que vous nous aidiez à définir ce que le renforcement des liens entre la science, la politique et la société implique concrètement – quels mécanismes, quelles modalités ?

Ensuite, que vous nous aidiez à travailler plus efficacement pour éviter les doublons entre les instances scientifiques existantes, qui sont déjà nombreuses.

Enfin, que vous puissiez dire ce que sont les problèmes scientifiques les plus urgents – et où investir pour faire la plus grande différence.

Mesdames et Messieurs,

Cette réunion marque un engagement clair des Nations Unies en faveur du renforcement de la science, de la technologie et de l'innovation, pour la paix et le développement durable.

Ce potentiel a été en grande partie ignoré dans les Objectifs du Millénaire pour le développement.

Monsieur le Secrétaire général a décidé d’en faire une priorité de l’agenda pour le développement, afin d’accélérer les progrès et de mieux formuler le débat sur l’après‐2015.

L’UNESCO est déterminée à tirer le meilleur parti de cette opportunité, avec l'appui de tous les organismes des Nations Unies qui sont ici réunis, et qui vont bénéficier de vos conseils.

Nous sommes ici pour vous entendre, n’hésitez pas à nous bousculer. Cet espace doit être un espace de libre pensée. Soyez audacieux, au nom des peuples que nous avons la responsabilité de soutenir, au nom des jeunes générations à qui nous devons remettre une planète durable.

Merci.

Déclaration des jeunes scientifiques

C’est véritablement un grand honneur que d’être invités à prendre la parole en tant que membres de la communauté mondiale des jeunes scientifiques.

Imaginez un monde d’abondance, où la richesse des nations ne se mesure pas à l’aune du PIB, mais de l’inclusion sociale et du bien-être écologique. Imaginez une économie mondiale où le succès s’évalue par rapport aux seuils planétaires et sociaux, à la transparence des entreprises et à la responsabilité des institutions. Ce monde n’est pas celui dans lequel nous vivons aujourd’hui. C’est le monde en gestation du développement durable, un monde d’inclusion et d’équité sociales, de justice redistributive et de résilience environnementale.

Les jeunes scientifiques peuvent et doivent jouer un rôle important dans les efforts pour réaliser la durabilité. Nous sommes ici devant vous, non pas seulement comme des individus venus de régions et de disciplines diverses, mais aussi comme les futurs héritiers des décisions, quelles qu’elles soient, qui seront prises aujourd’hui. Nous sommes donc concernés au premier chef – et il nous importe tout spécialement que les décisions soient prises sur la base d’une juste exploitation

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des données factuelles. Veiller à ce qu’il en soit ainsi est la tâche principale du Comité consultatif scientifique.

Dans cet esprit, nous encourageons en particulier le Conseil consultatif à envisager des mécanismes qui facilitent une science publique réflexive et inclusive. Une science publique est une science qui contribue par les idées et par l’innovation au bien public, conforte l’engagement des pouvoirs publics dans la science et assure une meilleure autonomie de la production de connaissances vis-à-vis des utilisations commerciales. La science publique et la démocratisation des connaissances reposent sur la conviction que le développement humain doit prendre le pas sur la recherche du profit.

Le Conseil consultatif scientifique peut contribuer grandement à promouvoir une science publique :

en soutenant le libre accès aux données, à l’infrastructure et aux résultats de telle façon que le savoir puisse être partagé plus largement et plus équitablement entre les nations ;

en encourageant l’utilisation transparente des connaissances pour renforcer la confiance du public dans les processus décisionnels ;

en facilitant un engagement plus direct de la communauté scientifique auprès des décideurs, des médias et du grand public. L’objectif est de faire en sorte que les connaissances axées sur la durabilité répondent avec pertinence aux besoins locaux, et complètent les partenariats établis de longue date entre la science et l’industrie.

Nous, jeunes scientifiques, sommes prêts et résolus à aider le Conseil consultatif dans ses efforts pour prodiguer les conseils les plus avisés aux décideurs. Nous encourageons vivement le Conseil consultatif et les autres organes apparentés des Nations Unies à faire appel aux réseaux en pleine extension des jeunes scientifiques, y compris les Académies des jeunes, afin que la prochaine génération de scientifiques soit consciente de cette mission commune tournée vers la durabilité.

En outre, nous encourageons le Conseil consultatif à réfléchir à d’autres mécanismes propres à promouvoir la sensibilisation du public, la mobilisation et la transparence dans ses activités. Des plates-formes regroupant les secteurs scientifiques et politiques traditionnels, y compris les institutions en matière de développement durable créées par les Nations Unies, seraient particulièrement adaptées.

Il importe de renforcer l’engagement pour un avenir viable, non pas seulement dans les mots, mais dans les processus politiques du quotidien. Le Conseil consultatif peut jouer un rôle décisif en démocratisant la production et le partage des connaissances, en renforçant la confiance du public et en soutenant un partenariat actif des réseaux de scientifiques et de ceux de la société civile en vue d’éclairer les décisions. Les jeunes scientifiques sont prêts à vous seconder. Merci.