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0 Hélène Deraison Master 2 Sciences Technologies Santé Parcours Ecologie Fonctionnelle, Comportementale et Evolutive Université de Rennes 1 Année 2009-2010 RAPPORT DE STAGE Analyse de la structure de la communauté de Carabidae en système céréalier intensif Organisme d'accueil : Centre d’Etudes Biologiques de Chizé (CNRS / INRA) Sous la direction de : Vincent Bretagnolle, Directeur

Rapport de stage de M2 H l ne Deraison M2EFCE · 5 la raréfaction de nombreuses espèces et une dégradation globale de la qualité des habitats dans les agro-écosystèmes (Benton

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Hélène Deraison Master 2 Sciences Technologies Santé Parcours Ecologie Fonctionnelle, Comportementale et Evolutive Université de Rennes 1 Année 2009-2010

RAPPORT DE STAGE

Analyse de la structure de la communauté de Carabidae en système céréalier intensif

Organisme d'accueil : Centre d’Etudes Biologiques de Chizé (CNRS / INRA) Sous la direction de : Vincent Bretagnolle, Directeur

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Sommaire

REMERCIEMENTS p.2 INTRODUCTION p.3 MATERIEL ET METHODES p.6

1. Site d’étude p.6

2. Présentation du jeu de données p.7

3. Méthode d’échantillonnage des Carabidae p.7

4. Validation de la méthode d’échantillonnage des coléoptères carabiques p.8

5. Description sommaire de la communauté des Carabidae de la Zone Atelier p.9

6. Analyse des traits biologiques des espèces p.10

7. Influence de la surface des parcelles sur les communautés de Carabidae p.11

RESULTATS p.11

1. Robustesse de la méthode d’échantillonnage des coléoptères carabiques p.11

2. Description de la communauté de Carabidae de la Zone Atelier « Plaine

& Val de Sèvres » p.13

3. Comparaison des communautés de coléoptères carabiques entre les cultures p.15

4. Influence de la surface des parcelles sur des communautés des Carabidae p.21

DISCUSSION p.22 CONCLUSION p.24

BIBLIOGRAPHIE p .26 Annexe 1. Tableau récapitulatif des espèces échantillonnées sur la Zone Atelier Plaine & Val de Sèvre p.28 Annexe 2. Tableau récapitulatif des traits biologiques p.29 Annexe 3. AFC sur différents jeux de données p.30

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REMERCIEMENTS

Je remercie tout particulièrement Vincent Bretagnolle de m’avoir accueillie dans son

équipe et son laboratoire et de m’avoir offert cette opportunité de stage. Merci également de

m’avoir accompagnée, fait partager ses connaissances et son expérience, et de m’avoir

conseillée tout au long de la réalisation de ce rapport.

Merci à David Pinot pour ses formations R et ArcGIS.

Egalement un grand merci à Kevin pour sa patience et ses conseils avisés sur

l’utilisation du logiciel R.

Merci à Jérôme pour sa disponibilité. Nos nombreux échanges m’ont enrichie sur ce

groupe.

Je tiens également à remercier les étudiants du bureau M2 : ambiance et bonne humeur

à toute épreuve.

Merci enfin à Orianne pour son soutien dans les moments difficiles, une belle

complicité s’est construite au fil des mois.

3

INTRODUCTION

L’écologie des communautés est une discipline qui vise principalement à comprendre et

prédire les patterns de distribution de la biodiversité afin notamment de comprendre le rôle de

la biodiversité dans les écosystèmes (Holyoak et al., 2005). L’impact des activités

anthropiques sur l’environnement renforce notre volonté d’étudier les mécanismes régissant

les communautés et ce dans un but de conservation et de gestion des écosystèmes (Loreau et

al., 2001). En effet, les activités humaines ont bouleversé l’environnement global en altérant

profondément l’utilisation des terres et des eaux, les cycles biogéochimiques, la chimie

atmosphérique, la distribution et la dynamique de la biodiversité à l’échelle planétaire (Sala et

al., 2000). La transformation et la fragmentation des habitats naturels apparaissent clairement

comme les principales causes à l’origine de l’extinction et du changement d’abondance des

espèces et constituent une véritable menace pour la biodiversité (Schweiger et al., 2005).

Actuellement, le taux de disparition des espèces est 1000 fois supérieur au taux naturel et

nous entraîne vers la 6ème crise de la biodiversité.

Depuis 50 ans, de nombreuses théories ont été proposées pour expliquer et prédire la

structure et la dynamique des communautés. La première théorie est celle de la Biogéographie

Insulaire proposée par Mac Arthur et Wilson en 1963. Elle considère un réservoir d’espèces

correspondant à un continent. Autour de ce dernier se trouve un ensemble d’îles de taille

variable plus ou moins éloignées du continent. Le nombre d’espèces de chaque île va

dépendre de deux processus : le taux de colonisation à partir du continent et le taux

d’extinction des espèces une fois sur les îles. Le premier taux dépendant lui-même de la

distance entre l’île et le continent (plus l’île est éloignée du continent, plus le taux de

colonisation sera faible et inversement). Le second taux dépend de la taille de l’île, sous

l’hypothèse implicite qu’un milieu plus grand est plus hétérogène et diversifié (Tscharntke &

Brandl, 2004). Cette théorie considère les espèces de la communauté comme indépendantes

les unes des autres, et l’explication de leur distribution ne tient pas compte des interactions

éventuelles qui peuvent se produire entre elles.

Une autre théorie est celle des Métapopulations, proposée par Levins en 1969. Elle se

réfère, à l’inverse de la première théorie, à un ensemble de réservoirs d’espèces ou patches

d’habitat entourés d’une matrice hostile. Le nombre d’espèces sur chaque patch va dépendre

des mêmes paramètres que précédemment : le taux de colonisation et le taux d’extinction des

espèces. Les espèces sont toujours considérées comme indépendantes. En revanche, les

patches varient les uns par rapport aux autres en termes de qualité. Un patch de meilleure

4

qualité présentera une plus forte probabilité d’être colonisé qu’un patch de moins bonne

qualité.

La troisième théorie est celle des Métacommunautés (Holyoak, 2005), apparue

récemment. Elle considère un ensemble de communautés locales reliées par le phénomène de

dispersion. Cette théorie présente l’avantage de pouvoir expliquer des patterns de distribution

aussi bien à l’échelle locale que régionale. De plus, elle présente la caractéristique de prendre

en compte les processus intervenant dans les relations interspécifiques, telles que les relations

trophiques, susceptibles d’affecter le taux d’extinction et de colonisation des espèces au sein

des patches. Cette théorie reste cependant récente et encore très conceptuelle par rapport aux

autres.

Enfin la dernière théorie est la théorie neutraliste (Hubbell, 2001 in Alonso, 2006). Elle

prédit une distribution aléatoire des espèces dans leur environnement : par exemple, un milieu

riche présentera une richesse spécifique plus importante qu’un milieu pauvre. Les espèces

possèdent des capacités de compétition égale et leur distribution est toujours liée aux

processus de colonisation et d’extinction, mais le processus principal est ici stochastique.

Enfin, ces théories étant assez proches les unes des autres, il est difficile de les départager.

Les agro-écosystèmes apparaissent de ce fait comme des milieux parfaits pour ces études

sur les communautés. En effet, les paysages agricoles peuvent être considérés comme une

mosaïque hétérogène de « patches » ou d’îles, car ce sont des systèmes spatialement

complexes composés d'éléments divers plus ou moins proches, contrastés et de qualité

variable, chaque élément correspondant à une parcelle. Les contraintes spatiales y sont donc

claires et fortes. Par ailleurs, les agro-écosystèmes sont des milieux particulièrement perturbés

par l’action de l’homme (via l’agriculture), et dans ces systèmes, les populations animales

comme végétales sont soumises à des extinctions régulières et répétées. Les populations ne

peuvent donc se maintenir à l’échelle du paysage agricole que par la dispersion et la

colonisation de nouveaux habitats (Elzinga, 2007). Enfin, les conséquences des activités

anthropiques vont également dépendre des espèces et de leurs capacités à disperser (ainsi bien

sûr que de la structure du paysage agricole), et on peut donc s’attendre à ce que les différentes

espèces composant les communautés réagissent différemment au régime de perturbation.

Les agro-écosystèmes ont été soumis à une forte perte de biodiversité due à

l’intensification agricole qui agit à travers plusieurs aspects : une simplification du paysage,

une mécanisation des pratiques ainsi qu’une forte augmentation de l’usage des intrants

(Schweiger, 2005). Cette intensification a entrainé une uniformisation de l’occupation du sol,

5

la raréfaction de nombreuses espèces et une dégradation globale de la qualité des habitats

dans les agro-écosystèmes (Benton et al., 2003 ; Duelli et al., 2003). La mise en œuvre de la

PAC a de plus eu comme conséquence l’abandon de milieux naturels tels que les prairies bien

qu’important pour la biodiversité (Bàldi & Kisbenedek, 1997). Les communautés des agro-

écosystèmes sont donc numériquement plus faibles que ce qu’elles devraient être, mais elles

sont toutefois encore suffisamment riches pour des études pertinentes.

Les coléoptères carabiques représentent un modèle biologique original et pertinent pour

des études sur les communautés. D’une part, ils comportent une diversité spécifique élevée et

les espèces qui composent la communauté présentent des traits d’histoire de vie très

diversifiés (Dajoz, 2002). En effet, ils regroupent des taxa réagissant différemment aux

conditions biotiques et abiotiques de l'environnement et sont sensibles aux microclimats

(Gutierrez et al., 2004 ; Lambeets et al., 2008). Ces caractéristiques en font ainsi de bons bio-

indicateurs (Melnychuk et al., 2003). D’autre part, au sein des agro-écosystèmes de l’Europe

tempérée, les Carabidae constituent le groupe dominant d’Arthropodes épigés (Dajoz, 2002).

Ils forment un des maillons de base du réseau trophique dans ces milieux, en tant que proies

d’insectes, de reptiles, d’oiseaux et de mammifères et possèdent une position clef du point de

vue de l’agro-écologie en tant qu’auxiliaire des cultures (Melnychuk et al., 2003). Enfin, leur

forte abondance dans les zones agricoles permet de les utiliser pour des analyses statistiques

(Duelli, 1999).

Objectifs de cette étude

L’objectif de ce travail est d’étudier la communauté de Carabidae dans un paysage

agricole intensif, en particulier d’essayer de déterminer les règles d’assemblages d’espèces au

sein de la communauté et entre les cultures. En effet, de nombreuses études montrent que

d’une part les groupes d’espèces se distinguent selon le régime de perturbation agricole du

milieu considéré et d’autre part que les groupes d’espèces occupant ces milieux présentent des

traits d’histoire différents (Dufrêne, 1999 ; Niemela, 2001). Il est important de noter que les

Carabidae présentent un gradient de taille associé à leur capacité de dispersion. En effet, les

petites espèces sont macroptères, c'est-à-dire qu’elles possèdent des ailes fonctionnelles et

sont donc capables de disperser par le vol sur de plus grandes distances que les espèces de

grande taille, aptères, qui se déplacent uniquement par la marche (noter toutefois que quelle

que soit l’espèce, le mode de déplacement privilégié reste cependant la marche). Ainsi, au

sein de milieux plus faiblement perturbés, tels que les praires ou les luzernes, par rapport aux

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cultures annuelles (colza, blé), on s’attend à trouver des espèces qui résistent difficilement aux

perturbations, c'est-à-dire des espèces de grande taille, spécialistes et brachyptères à faible

capacité de dispersion (Gobbi, 2008). A l’inverse, dans des milieux fortement perturbés

comme les céréales ou le colza, les espèces seraient des espèces généralistes de petite taille et

macroptères à forte capacité de dispersion. Cela leur permettant de se déplacer dans un

environnement favorable voisin pour s’alimenter.

Le deuxième enjeu de ce travail est d’analyser l’influence de la surface des parcelles sur la

richesse spécifique. Sous l’hypothèse que les parcelles de grande taille sont plus hétérogènes

et renferment des micro-habitats plus ou moins favorables on s’attend à ce que les espèces

spécialistes occupent des parcelles de grande taille et inversement pour les espèces

généralistes. Ces premières espèces présentent des exigences particulières puisqu’elles ont

une durée de vie plus longue et un plus faible taux de reproduction (Dufrêne, 1999). Ainsi,

une grande parcelle leur offre de meilleure condition de vie qu’une petite parcelle.

Le troisième enjeu de cette d’étude consiste à analyser la covariance entre les cultures et

les traits d’histoire de vie des espèces, ce qui permettra de confirmer ou non, que les cultures

telles que le colza et les céréales sont des habitats plus perturbés que les luzernes et les

prairies et ainsi que confirmer les hypothèses du première enjeu.

Au préalable, la qualité et la robustesse du protocole d’échantillonnage des Carabidae en

tant que moyen d’estimer la richesse spécifique à l’échelle de la zone d’étude et à l’échelle de

la parcelle sera étudiée.

MATERIEL ET METHODES

1. Site d’étude

Cette étude est réalisée au sud du département des Deux-Sèvres en région Poitou-

Charentes (France) dans la plaine céréalière de Niort Brioux (Fig1). Il s'agit d'une plaine

céréalière intensive, sur laquelle une Zone Atelier d’environ 500 km2 (et dont la moitié

environ appartient au réseau Natura 2000) a été labellisée. Elle comprend comme cultures

principales des céréales, du maïs, du tournesol, du pois et du colza ainsi que des élevages

bovins et caprins mais en diminution. Les plaines agricoles de la région Poitou-Charentes sont

des milieux abritant une très grande richesse biologique ayant une valeur patrimoniale comme

l'outarde canepetière (Centre d’études biologiques de Chizé : Zone atelier - Plaine & Val de

Sèvre [en ligne]. Disponible sur : <http://www. zaplainevaldesevre.fr /present.php> (consulté

le 28.03.2010)).

7

2. Présentation du jeu de données

Sur cette Zone Atelier, des piégeages de carabes sont réalisés depuis 1994, mais au fil des

années et des études spécifiques, 7 protocoles d’échantillonnage différents ont été mis en

place entre 1994 et 2009. Les données sont spatialement référencées et le type de culture

échantillonné est noté. Elles se présentent sous forme d’abondance ou de présence/absence et

ont été compilées dans une base de données avec le logiciel Access version 97. Cette base

regroupe un total de 94 espèces de coléoptères carabiques (Annexe 1) (ordre des coléoptères,

sous ordre des adephaga, famille des Carabidae ; Dajoz, 2002) et 1199 parcelles

échantillonnées. Seules les données comprises entre 2005 et 2009 sont analysées dans ce

travail afin d’éviter un biais inter-année ainsi qu’un biais d’identification (une seule personne

a en effet réalisé la totalité des identifications entre 2005 et 2009).

3. Méthode d’échantillonnage des Carabidae

Chaque protocole est réalisé avec des pièges de Barber, également appelés pots pièges, de

7cm de hauteur et de 8,5cm de diamètre. Ces pièges sont enfouis dans le sol de manière à ce

que le pot ne dépasse pas la surface du sol. Ils sont remplis avec de l’éthylène-glycol dilué à

50% avec de l’eau.

La méthode d’inventaire des Carabidae est spécifique à la zone d’étude en termes de

durée de piégeage utilisée et de nombre de pots par parcelle. En fait, il n’existe pas de

méthode standardisée (Pearsall, 2007). Ainsi, lors de cette étude la durée de piégeage est de 5

Fig1 : Localisation de la région Poitou Charentes sur la carte de la France. A droite : Localisation de la zone d’étude sur la carte de la région Poitou Charentes

Photographies de deux espèces de coléoptères carabiques. A gauche Poecilus cupreus, à droite Anchomenus dorsalis. Source : http://www.kerbtier.de

8

jours, alors que d’autres études en Europe sont basées sur une durée de piégeage pouvant aller

de 7 à 10 jours.

4. Validation de la méthode d’échantillonnage des coléoptères carabiques

La validation de la méthode d’inventaire des carabidae utilisée dans cette étude a consisté

à déterminer si le nombre de parcelles totales échantillonnées, le nombre de pièges placés par

parcelle ainsi que la durée de piégeage, permettent d’estimer correctement la richesse

spécifique présente dans une parcelle ou sur une culture donnée. La richesse spécifique est un

indice de diversité simple et facilement analysable (Gotelli & Colwell, 2001). Il sera alors

utilisé afin de déterminer si l’effort d’échantillonnage appliqué estime correctement cet

indice.

En ce qui concerne la validation de l’effort d’échantillonnage en termes de nombre de

parcelles échantillonnées et de nombre de pots placés par parcelle, elle fait classiquement

référence aux courbes de raréfaction (Colwell et al., 1994 ; Gotelli & Colwell, 2001 ; Colwell

et al., 2004). Cette méthode consiste à effectuer un tirage aléatoire sans remise de N parcelles

et à calculer la richesse spécifique cumulée obtenue en fonction du nombre de parcelles tirées.

Pour de nombreux taxa plus l’effort d’échantillonnage augmente plus on collecte de nouvelles

espèces. Les espèces généralistes sont capturées en premier puis lorsque l’effort

d’échantillonnage devient très grand on n’ajoute plus que des espèces rares. Cependant il peut

être difficile d’utiliser un effort d’échantillonnage approprié permettant d’obtenir la richesse

spécifique maximale de la zone étudiée. Ainsi, les courbes de raréfaction permettent à partir

de données observées, d’obtenir une estimation de la richesse spécifique cumulée en fonction

de l’effort d’échantillonnage fourni. Cette méthode présente également l’avantage de pouvoir

comparer différents jeux de données récoltés avec un effort d’échantillonnage différent. Cette

analyse est réalisée sur l’ensemble du jeu de données de 2005 à 2009 puis sur quatre sous jeux

de données qui séparent les parcelles selon le nombre de pots-pièges qu’elles contiennent.

Afin d’estimer la richesse spécifique maximale du jeu de données considéré la formule de

Chao est utilisé. Les analyses sont effectuées sous le logiciel R avec le package vegan

(Oksanen et al., 2009).

En ce qui concerne la durée de piégeage, elle est évaluée à partir d’un protocole spécifique

réalisé sur une unique parcelle (jachère sous contrat d’agriculture durable) en 2005. Dans

cette parcelle 150 pots ont été placés le même jour, puis tous les jours pendant 10 jours, 15

pots sont récoltés aléatoirement parmi les pots restant. Le nombre moyen d’espèces est

calculé par durée de pose de piège. Le test de Kruskall Wallis suivi d’un test post hoc avec

9

une correction de holm ont été utilisés afin de déterminer si le nombre moyen d’espèces

différait selon le nombre de jours de pose des pièges.

5. Description sommaire de la communauté des Carabidae de la Zone Atelier

Les 94 espèces identifiées depuis 1994 ne sont pas nécessairement présentes tous les ans

ou tous les mois, car les coléoptères carabiques sont des espèces sensibles aux conditions

abiotiques et présentent des variations dans leur période de reproduction. Ainsi, la richesse

spécifique et l’abondance des espèces sont comparées entre les années et les différents mois

échantillonnés. La description de la communauté se réfère également à l’étude de la

répartition des espèces sur la zone d’étude à partir d’une étude de la fréquence d’occurrence

des espèces et d’une analyse de la distribution de la richesse spécifique entre les parcelles.

Afin d’éviter tout biais relié à l’effort d’échantillonnage, seules les cultures présentant un

nombre suffisant de parcelles échantillonnées ont été analysées, et au final deux grandes

catégories de cultures ont pu être étudiées. Le premier type concerne les céréales et le colza,

qui sont des milieux considérés d’une part comme très perturbés d’un point de vue chimique

de par l’application des pesticides et d’autre part comme des milieux instables car les terres

sont labourées tous les ans. Le second type de culture à l’inverse se réfère aux prairies et aux

luzernes qui sont des habitats plus stables dans le temps car le labour n’est pas appliqué

chaque année et ce sont des milieux moins perturbés chimiquement. Les perturbations

physiques (fauche) y sont en revanche plus présentes.

Différents indices de diversité sont calculés afin de comparer la distribution des espèces

entre les cultures. Les indices sont les indices de Shannon, d’équitabilité et de biomasse.

L’indice de Shannon a pour formule : H’=-∑(Ni/N) x log(Ni/N) où Ni est le nombre

d’individus d’une espèce donnée (i allant de 1 à S (nombre total d’espèces)) et N est le

nombre total d’individus. Cet indice est égal à zéro lorsque la population est représentée par

une seule espèce et devient maximal lorsque la population est répartie de manière homogène

entre toutes les espèces. L’Indice d’Evenness ou Indice d’équitabilité est basé sur l’indice de

Shannon. La formule est : H=H’/log(S) où S est le nombre total d’espèces. Cet indice varie

entre 0 et 1, il est maximal lorsque la répartition de la population est homogène entre toutes

les espèces et minimal lorsque une espèce domine (Graham, 2009). Ces deux indices sont

calculés avec le logiciel PAST. En ce qui concerne la biomasse présente dans chaque pot-

piège, elle est calculée à partir de 5 classes de tailles, en multipliant le nombre d'individus de

chaque classe par le poids moyen des individus déterminé avec les équations de Hodar

(1996).

10

L’utilisation des courbes de raréfaction décrites précédemment permettront également de

comparer la diversité maximale entre les cultures.

Au-delà de la simple analyse quantitative des communautés (richesse spécifique), nous

avons également comparé ces communautés du point de vue de leur composition. Pour cette

analyse, les données étant des données de type « présence/absence », une analyse factorielle

des correspondances a été réalisée. Cependant les analyses de type AFC accordent un poids

relativement disproportionné aux espèces atypiques, c'est-à-dire rares ou particulières. Nous

avons donc dans un deuxième temps restreint le jeu de données, en retirant d’abord les

espèces rares, ou en ne conservant que les 10 espèces les plus communes, ou enfin les 10

parcelles (par culture) de plus forte richesse spécifique et en ne gardant que les espèces de

fréquence d’occurrence supérieure à 15 parcelles. Notre objectif était ici de séparer les

communautés par type de culture.

6. Analyse des traits biologiques des espèces

L’analyse des traits des espèces permettra d’expliquer les assemblages observés entre les

cultures. Chaque espèce recensée dans la base de données est caractérisée selon 6 catégories

de traits biologiques (Annexe 2) qui sont les suivantes : le régime alimentaire (généraliste,

spécialiste), le type de proie consommée (carnivore, phytophage, omnivore), la période de

reproduction (printemps, automne), le type d’habitat préférentiel (milieu sec, milieu humide,

milieu rivulaire, culture, milieu boisé), le mode de déplacement (macroptère, brachyptère,

dimorphique) et la taille séparée, en quatre classes (T1 :de 0 à 5 mm, T2 :de 5 à 10 mm, T3 :

de 10 à 15 mm, T4 :de 15 à 20 mm). Les informations ont été obtenues à partir d’articles

scientifiques (Purtauf et al., 2005 ; Desender et al., 2010), de livres de biologie des Carabidae

(Dajoz, 2002 ; Holland, 2002) ou encore de livres d’identification (Forel & Leplat, 2003a et

b).

Une analyse des correspondances multiples (ACM) est réalisée entre les espèces et leurs

traits biologiques. Seules les espèces renseignées pour chacune des variables sont gardées

pour réaliser cette analyse ce qui regroupe 55 espèces. Puis une analyse canonique (ACC) des

correspondances est réalisée entre la fréquence d’occurrence des espèces selon les cultures et

leurs traits d’histoire de vie afin de déterminer si les assemblages d’espèces entre les cultures

diffèrent selon les traits biologiques des espèces.

11

0 200 400 600 800 1000 1200

020

4060

80

7. Influence de la surface des parcelles sur les communautés de Carabidae

Le calcul de la surface des parcelles a demandé un travail préalable de création de fichier

de forme contenant la localisation des parcelles échantillonnées dans la zone d’étude, à l’aide

du logiciel ArcGis9.2. La taille des parcelles est obtenue directement à l’aide des outils de

calculs statistiques du logiciel.

Le test de corrélation de Pearson est appliqué sur l’ensemble du jeu de données entre la

richesse spécifique et le log de la surface des parcelles. Il en est de même sur le jeu de

données des cultures entre les mêmes variables. Enfin, la corrélation sera également testée à

une échelle d’étude plus fine entre le log de l’abondance et la surface des parcelles pour les 10

espèces communes au sein des quatre cultures.

Les analyses statistiques sont réalisées avec le logiciel R version 2.9.2 (R Development

Core Team).

RESULTATS

1. Robustesse de la méthode d’échantillonnage des coléoptères carabiques

Les protocoles d’échantillonnage des Carabidae sont très variables selon les études, en

termes de nombre de parcelles échantillonnées, de nombre de pots pièges placés par parcelle

et de durée de piegeage. Dans cette première section nous nous intéresseront à la précision et

la robustesse de notre méthode d’échantillonnage de la richesse spécifique, à la fois dans les

parcelles (richesse alpha) et dans la Zone Atelier (richesse beta). Nous nous focaliserons tout

d’abord sur l’effort d’échantillonnage en termes de nombre total de parcelles échantillonnées.

Fig 1 : Courbe de raréfaction. La ligne en trait plein correspond au nombre moyen d’espèces selon l’effort d’échantillonnage et la zone grisée représente l’écart type obtenu à partir de permutations aléatoires des données utilisant un ré-échantillonnage sans remise. Tous les protocoles de chaque année ont été pris en compte dans cette figure.

Nombre de parcelles

Nom

bre

d’es

pèce

s cu

mul

ées Au total, 94 espèces ont été identifiées sur la

zone d’étude pour un total de 1199 parcelles

échantillonnées. La richesse spécifique

moyenne observée par parcelle est de 8.2

espèces pour l’ensemble du jeu de données.

La courbe de raréfaction (Fig. 1) indique

qu’afin de capturer 75% de la richesse

spécifique totale, un effort d’échantillonnage

de 700 parcelles est nécessaire ! De même, un

effort d’échantillonnage standard (au sens

statistique) de 30 parcelles ne permettrait

d’obtenir que 10% de la richesse spécifique

totale de la Zone Atelier.

N=1199

12

0 50 100 150 200 250 300 350

020

4060

80

0 50 100 150 200 250 300 350

020

4060

80

0 50 100 150 200 250 300 350

020

4060

80

0 50 100 150 200 250 300 350

020

4060

80

De plus, la formule de Chao évalue la richesse spécifique totale à 98 espèces (4 de plus

qu’actuellement), ce qui indique qu’avec 1200 parcelles échantillonnées, 96% de la richesse

spécifique de la zone est observée.

On pourrait imaginer que l’écart entre la richesse spécifique moyenne par parcelle (8

espèces) et la richesse totale (98 espèces) provient pour une large part d’un effort

d’échantillonnage insuffisant pour déterminer la richesse spécifique de la parcelle, en

particulier parce que le nombre de pots est trop faible (par exemple le protocole proposé par le

CEMAGREF considère qu’il faut poser au moins 20 pots par parcelle). Nous avons donc dans

un premier temps évalué l’effet du nombre de pots sur la mesure de la richesse spécifique par

parcelle.

La dernière variable analysée pour déterminer la robustesse du protocole

d’échantillonnage est la durée de pose des pièges. L’objectif étant de comparer la durée de

piégeage classique utilisée dans l’ensemble des protocoles (qui est de 5 jours) avec un effort

de piégeage supérieur ou inférieur.

Entre 1 jour et 5 jours de piégeage, la richesse spécifique obtenue augmente en moyenne

de 3 espèces (un gain de 150%). La différence est de plus significative entre ces deux durées

(Kruskal-Wallis chi-squared = 64.9, df = 9, p-value = 1.466e-10 – Test post hoc avec

correction de Holm p-value=0,02). La différence de richesse spécifique moyenne obtenue

Nombre de parcelles

Nom

bre

d’es

pèce

s cu

mul

ées

Fig 2 : Courbes de raréfaction générées selon le nombre de pots présent par parcelle. Les lignes en trait plein correspondent au nombre moyen d’espèces selon l’effort d’échantillonnage et les zones de couleur représentent l’écart type obtenu à partir de permutations aléatoires des données utilisant un ré-échantillonnage sans remise. n correspond au nombre de parcelles échantillonnées

─ Parcelles à 1 piège (n=225) ─ Parcelles à 2 pièges (n=369) ─ Parcelles à 3 pièges (n=289) ─ Parcelles à 4 pièges (n=316)

Entre les parcelles contenant 1, 2, 3 ou 4

pièges, la richesse spécifique maximale

estimée par la formule de Chao correspond

respectivement à 48%, 59%, 70%, 78% de la

richesse spécifique totale observée sur la zone

d’étude. Rappelons que notre protocole

standard repose sur 3 pièges. Ainsi, un effort

d’échantillonnage de 4 pièges par parcelle,

même s’il augmenterait la richesse spécifique

(environ de 10%) (Fig. 2), n’est pas

judicieux, d’autant que les intervalles de

confiance des courbes des parcelles à 3 et 4

pièges se chevauchent. Par contre, entre 1 et 3

pots, la richesse spécifique est plus que

doublée.

13

analyse a posteriori.

Ces résultats indiquent que la communauté de coléoptères carabiques est extrêmement

riche et avec plus de 300 parcelles échantillonnées, on atteint plus de 70% de la richesse

spécifique. L’effort d’échantillonnage à fournir afin d’obtenir la totalité est considérable (plus

de 1200 parcelles). Par ailleurs, la méthode d’échantillonnage retenue (3 pots par parcelle, de

5 jours de piégeage) s’avère très satisfaisante, puisqu’elle permet de capturer 70% de la

communauté en termes de richesse spécifique.

2. Description de la communauté de Carabidae de la Zone Atelier « Plaine & Val de

Sèvres »

Après avoir vu que l’effort d’échantillonnage permettait d’estimer correctement la richesse

spécifique par parcelle, nous allons maintenant nous intéresser aux caractéristiques de la

communauté de Carabidae de la zone d’étude à travers cinq indices de diversité. Plusieurs

facteurs agissant potentiellement sur cette communauté seront étudiés ici : l’année, le mois et

la culture.

Malgré une forte variation intra-annuelle, l’abondance moyenne et la richesse spécifique

varient de manière significative entre les années (Abondance : glm loi de Gauss pvalue<0.05 ;

Richesse spécifique : glm loi de Poisson pvalue<0.05). Les mêmes tendances se dégagent

entre les deux indices avec une augmentation principale d’en moyenne 4 espèces et 30

individus supplémentaires entre l’année 2007 et 2009 (Fig. 4 et 5).

Fig 3 : Nombre moyen d’espèces par jour de pose de pièges ± écart type. Les données sont issues du protocole « durée de piégeage ».

entre une durée de piégeage de

piégeage de 5 jours et une durée de

piégeage de 10 jours est faible

puisqu’elle n’est que d’une seule

espèce (Fig 3), soit un gain de 20%.

De plus, les analyses statistiques n’ont

relevé aucune différence significative

(p-value=0,92). La durée de 5 jours

est donc tout à fait confortée par cette

14

02

46

En ce qui concerne les variations de l’abondance et de la richesse spécifique entre les mois

de mars et d’août, les analyses révèlent une différence significative inter-mensuelle malgré la

forte variation intra-mensuelle (Abondance : glm loi de Gauss pvalue<0.05 ; Richesse

spécifique : glm loi de Poisson pvalue<0.05) (Fig. 6 et 7). On observe une plus forte richesse

spécifique et abondance au cours des mois printaniers.

En ce qui concerne la fréquence d’occurrence, par parcelle, la figure suivante indique

clairement que peu d’espèces sont dominantes, de manière écrasante (Fig 8). En effet, la

communauté est composée de deux espèces très dominantes : Poecilus cupreus (Pcup) et

Anchomenus dorsalis (Ador) présentes respectivement dans plus de 80% et 60% de la totalité

des parcelles échantillonnées. Les autres espèces se distinguent en trois groupes. Un groupe

composé de 4

Fig 6 : Comparaison du nombre d’individus par mois. Les mois sont inscrits par ordre chronologique de mars (M) à août (A). N correspond au nombre de parcelles échantillonnées

M A M J J A M A M J J A

Fig 7 : Comparaison du nombre d’espèces par mois. Les mois sont inscrits par ordre chronologique de mars (M) à août (A).

Fig 4 : Comparaison du nombre d’individus par année. N correspond au nombre de parcelles échantillonnées

Fig 5 : Comparaison du nombre d’espèces par année.

Log(

nom

bre

d’es

pèce

s)

Log(

nom

bre

d’in

divi

dus)

2005 2006 2007 2008 2009

02

46

N= 107 N= 318

N= 307 N=129

N=265

2005 2006 2007 2008 2009

01

23

N= 33

N= 72 N= 376 N= 467 N= 224 N= 17

Log(

nom

bre

d’in

divi

dus)

Log(

nom

bre

d’es

pèce

s) 0

12

3

15

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Pcu

p

Ador

Bsc

l

Oru

f

Hdim

Tqua

Cfu

s

Bcr

e

Haf

f

Mlu

c

Aae

n

Nbre

Pvu

l

Pm

ad

Lqua

Cch

r

Oaz

u

Nqua

Lpil

Hsm

a

Afu

l

Am

on

Mm

in

Nru

f

Zten

Agl

a

Aeur

Tobt

Hdis

Pir

i

Ola

t

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19

0.00

0.05

0.1

00.

15

d’occurrence inférieure à 10%.

D’après la figure 9, la majorité des parcelles possèdent une faible richesse spécifique. En

effet, plus de 80% d’entre elles possèdent moins de 7 espèces. La valeur moyenne étant de

6,67 espèces pour les parcelles contenant 3 ou 4 pots. Cette distribution suit une loi de

présentes dans moins de 5% des parcelles, et 51 espèces totalisent moins de 1% des captures).

Enfin, le nombre d’espèces par parcelle suit une loi de Poisson, distribution aléatoire attendue

pour ce type de variable, même si nous avons mis en évidence des effets de l’année et des

saisons.

3. Comparaison des communautés de coléoptères carabiques entre les cultures

Les coléoptères carabiques présentant des exigences alimentaires et des préférendum

d’habitat stricts pour la plupart des espèces, nous allons maintenant nous intéresser à la

distribution des coléoptères carabiques à une échelle d’analyse plus fine, celle de l’habitat et

Fig 8 : Fréquence d’occurrence par parcelle des 31 espèces les plus communes. Seules les parcelles contenant 3 ou 4 pièges sont utilisées.

Nom des espèces

Fré

quen

ce d

’occ

urre

nce

(%)

Nombre d’espèces

Nom

bre

de p

arce

lle

(fré

quen

ce)

espèces (soit 4,3% de la richesse

spécifique totale) qui présente une

fréquence d’occurrence comprise

entre 35 et 45%. Le deuxième

groupe se réfère à 12,8% des

espèces de fréquence d’occurrence

variant de 10% et 25%. Enfin, le

dernier groupe comprend plus de

74% des espèces de fréquence

Fig 9 : Distribution des fréquences d’occurrence des espèces en pourcentage de parcelles. La courbe bleue représente la distribution théorique de la loi de Poisson de moyenne 6,67. Seules les parcelles comprenant 3 ou 4 pièges sont utilisées.

Poisson. La richesse spécifique par

parcelle est donc aléatoire, autour d’une

valeur moyenne de 7-8 espèces. Ainsi,

cette communauté de Carabidae est

composée de deux espèces ultra-

dominantes, puis de 3 espèces dominantes.

A elles seules, ces 5 espèces totalisent

90% du total des captures. Viennent

ensuite un très grand nombre d’espèces

rares voire très rares (19 espèces sont

16

0

100

200

300

400

500

600

Cer Luz Prai LMT Col LP Jac RG

No

mb

reto

tal

de p

arc

elles

échan

tillo

nnées

Cultures

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1

Col Luz Prai Cer LP LMT Jac RG

Tau

x d

'occ

up

atio

n d

es

cultu

res

Cultures

Col

JachCerLMT

Luz

PraiLP

RG

ColJach

Cer

LMTLuz

Prai

LP

RG

y = 1,415x + 0,4327R² = 0,7814

y = 0,9374x + 1,0193R² = 0,8785

0

0,5

1

1,5

2

2,5

0

0,5

1

1,5

2

2,5

0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2

log(

Biom

asse

moy

enne

)

log

(nom

bre

moy

en d

'indi

vidus

)

log(nombre moyen d'espèces)

Nombre moyen d'individusBiomasse moyenne

plus particulièrement à l’échelle des cultures. Nous nous intéresserons d’abord à une

description de la communauté des Carabidae parmi toutes les cultures échantillonnées, puis

nous focaliserons notre analyse sur les quatre cultures à la fois les plus riches et les mieux

échantillonnées : céréales, colza, luzernes et prairies.

Le nombre total de parcelles échantillonnées varie fortement selon les cultures (Fig 10).

En effet, l’effort d’échantillonnage est presque deux fois plus fort pour les céréales, avec 528

parcelles échantillonnées, que pour les luzernes et plus de cinq fois supérieure pour les autres

cultures. Cependant pour chaque culture, les coléoptères carabiques sont récoltés dans plus de

60% des parcelles (Fig. 11). Ainsi les coléoptères carabiques sont non seulement présents,

mais dominants, dans chacune des cultures échantillonnées.

Fig 10 : A gauche - Nombre total de parcelles échantillonnées par culture. Pour des raisons de lisibilité le nom des cultures est abrégé de la manière suivante : Cer : céréales, Luz : luzernes, Prai : praries, LMT : labour-maïs-tournesol, Col : colza, LP : lin-pois, Jac : jachère et RG : ray-grass. Fig 11 : A droite - Taux de parcelles occupées par les coléoptères carabiques. Rapport entre le nombre de parcelles occupées sur le nombre total de parcelles par culture.

Nous nous sommes également

intéressés à la relation entre

richesse spécifique et abondance

(ou biomasse totale), par parcelle

et entre cultures. Le nombre

d’espèces et la biomasse sont

fortement corrélés (t = 58.448, df

= 1187, p-value < 2.2e-16). Il en

est de même avec le nombre

d’individus (t = 22.6101, df =

1187, p-value < 2.2e-16). Ce

pendant, la figure 12 nous indique

Fig12 - Corrélation entre le nombre moyen d’espèces par parcelle avec le nombre moyen d’individus ainsi qu’avec la biomasse moyenne par parcelle par culture. Pour des raisons de lisibilité le nom des cultures est abrégé de la manière suivante : Cer : céréales, Luz : luzerne, Prai : Praire, LMT : labour-maïs-tournesol, Col : colza, LP : lin-pois, Jach : jachère et RG : ray-grass

17

0

20

40

60

80

100

120

Cer Col Luz Prai

Nom

bre

moy

en d

'esp

èces

Cultures

Richesse spécifique moyenne observée Richesse spécifique maximale estimée par la formule Chao

Cer Col Jach LMT LP Luz Prai RG

0.0

0.5

1.0

1.5

2.0

Cultures

Indi

ce d

e S

hann

on

Cer Col Jach LMT LP Luz Prai RG

0.2

0.4

0.6

0.8

1.0

Cultures

Equ

itabi

lité

que les prairies abritent plutôt des espèces de grande taille, que Lin-Pois et Colza abritent

beaucoup d’individus plutôt de petite taille comparativement à leur richesse spécifique et

qu’enfin céréales et jachères sont plutôt riches en espèces. Colza abritent beaucoup

d’individus plutôt de petite taille comparativement à leur richesse spécifique et qu’enfin

céréales et jachères sont plutôt riches en espèces.

La richesse spécifique moyenne varie très peu entre les quatre cultures considérées et

correspond à une valeur moyenne de 7 espèces pour les parcelles contenant 3 ou 4 pots(Fig

13). De plus, cette valeur est très éloignée de la richesse spécifique totale de la communauté.

Les parcelles sont donc pauvres en espèces comparées au potentiel de la communauté totale.

Les analyses révèlent une différence significative de l’indice de Shannon entre culture

(glm loi de Gauss : F-statistic: 11.94 on 7 and 1181 DF, p-value: 9.028e-15). Il en est de

même pour l’équitabilité entre les cultures (glm loi de Gauss : F-statistic: 19.83 on 7 and 1181

DF, p-value: < 2.2e-16) (Fig 14 & 15). Les valeurs d’équitabilité, étant comprises entre 0,4 et

1, mettent en évidence que la répartition des espèces de Carabidae est plutôt homogène au

sein des cultures et entre les cultures.

Fig 13 : Comparaison entre la richesse spécifique moyenne observée et la richesse estimée par la formule de Chao. Pour des raisons de lisibilité le nom des cultures est abrégé de la manière suivante : Cer : céréales, Luz : luzernes, Prai : prairie, Col : colza

N=528

N=99

N=9

N=82

N=10

N=315

N=131

N=21

Fig 14 : Comparaison de l’indice de Shannon par culture. N correspond au nombre de parcelles échantillonnées

Fig 15 : Comparaison de l’équitabilité par culture

18

Les courbes de raréfaction permettent de comparer la richesse spécifique entre les

différentes cultures malgré la différence d’effort d’échantillonnage. De plus, la formule de

Chao donne une idée de la richesse spécifique maximale au sein de chacune de ces cultures.

La formule de Chao estime la richesse spécifique maximale à 96 espèces pour les céréales, 95

pour les luzernes, 79 pour les prairies et à 57 pour le colza. Ainsi la richesse spécifique

estimée varie fortement entre ces cultures. Cependant, l’effort d’échantillonnage effectué pour

chaque culture permet d’estimer plus de 70% de la richesse spécifique observée pour le milieu

considéré.

La richesse spécifique moyenne par parcelle entre les cultures est proche mais cela ne

présume en rien de la similarité entre les communautés de ces milieux. Ainsi, la suite des

analyses consiste à comparer les assemblages d’espèces entre les cultures à partir d’AFC. Sur

le jeu de données regroupant les dix espèces de plus forte fréquence d’occurrence ainsi que

sur les données rassemblant les 10 parcelles de plus forte richesse spécifique contenant

uniquement les espèces de fréquence d’occurrence supérieure à 15. Le même code couleur est

utilisé pour les représentations graphiques. Le vert correspondra aux luzernes, le rouge aux

céréales, le bleu au colza et le orange aux prairies.

Nombre de parcelles

Nom

bre

d’es

pèce

s cu

mul

ées

Fig 16 : Courbes de raréfaction générées par culture. Les lignes en trait plein correspondent au nombre moyen d’espèces selon l’effort d’échantillonnage et les zones de couleur représentent l’écart type obtenu à partir de permutations aléatoires des données utilisant un ré-échantillonnage sans remise. n correspond au nombre de parcelles total échantillonnées et s à la richesse spécifique observée.

Les luzernes et les céréales présentent une

richesse spécifique très proche et sont deux fois

plus riches que le colza et les prairies. Aucune

culture n’a atteint la richesse spécifique observée

sur la zone d’étude (Fig. 16). La richesse

spécifique estimée pour les céréales présente une

valeur supérieure à celle estimée pour l’ensemble

de la zone d’étude de la richesse spécifique (78

espèces). Les cultures présentent une richesse

spécifique très variable les unes par rapport aux

autres. Cependant la répartition des espèces au

sein des parcelles est assez similaire avec peu

d’espèces mais réparties équitablement. Enfin, la

richesse spécifique intra parcelle est très éloignée

de la richesse de la zone d’étude et de la culture

considérée.

─ Céréales (n=528, s=79) ─ Colza (n=99, s=44) ─ Luzerne (n=315, s=70) ─ Prairie (n=131, s=59)

0 100 200 300 400 500

020

4060

80

rand

om

0 100 200 300 400 500

020

4060

80

rand

om

0 100 200 300 400 500

020

4060

80

rand

om

0 100 200 300 400 500

020

4060

80

rand

om

19

d = 1

Cer Col Luz Prai

d = 1 d = 1

Ador Bcre

Bscl Cfus Haff

Hdim

Mluc

Oruf

Pcup Tqua

d = 0.5

Cer

Col Luz Prai

d = 1 d = 1

Aaen

Ador

Bcre

Bscl Cfus

Cchr

Haff

Hdim

Hsma

Lqua

Mluc

Oazu Oruf

Pcup

Pmad

Pvul Tqua

La figure 17 ne fait ressortir aucune structuration nette entre les communautés des quatre

cultures considérées pour les 10 espèces de plus forte fréquence d’occurrence. En effet, les

quatre ellipses se superposent d’une part et les relevés sont centrés sur le plan factoriel. Ceci

est confirmé par le plan factoriel des espèces sur lequel la répartition des espèces se fait de

manière isotrope. Cela suggère que les espèces sont communes à tous les relevés et donc à

toutes les cultures. Les communautés ne diffèrent pas pour les 10 espèces de plus forte

fréquence d’occurrence centrale sur le plan factoriel et le dernier regroupe rassemble les

parcelles de luzerne et de colza.

En ce qui concerne les 40 parcelles de plus forte richesse spécifique les résultats de

l’analyse montrent une ségrégation principale en deux groupes avec d’un côté les prairies et

les céréales et de l’autre les luzernes et le colza (Fig 18). Les parcelles incluses dans ces deux

groupes contiennent donc des espèces communes. Sur le plan factoriel des espèces, deux

paires d’espèces sont corrélées de par le faible écart séparant les flèches. La première paire

correspond à Harpalus affinis (Haff) et Amara aenea (Aaen) et la seconde correspond à

Ophonue rufipes (Oruf) et à Ophonus azureus (Oazu). Ces paires d’espèces sont donc

toujours simultanément dans les mêmes parcelles.

D’autres analyses ont été effectuées (Annexe 3) en se basant sur d’autres ensembles du jeu

de données, mais les résultats ne diffèrent pas avec ceux présentés ci dessus.

Fig 17 : A gauche : Répartition des cultures de luzerne (Luz), céréales (Cer), colza (Col) et des prairies (Prai) - A droite : Répartition des 10 espèces les plus communes (à droite) le long des axes 1 et 2 de L’AFC. L’inertie obtenue avec deux axes est de 30%. n correspond au nombre de parcelles et s à la richesse spécifique

Axe 1 (16,7%)

Axe

2 (1

3,3%

)

Axe

2 (1

4,6%

)

n=529 ; s= 10

Fig 18 : A gauche :Répartition des 10 parcelles de plus forte richesse spécifique des cultures de luzerne (Luz), céréales (Cer) , colza (Col) et des prairies (Prai) - A droite : répartition des 17 espèces de fréquence d’occurrence supérieure à 15 parcelles le long des axes 1 et 2 de L’AFC. L’inertie obtenue avec deux axes est de 39,8%. n correspond au nombre de parcelles et s à la richesse spécifique

Axe 1 (21,2%)

n=40 ; s= 17

20

Les résultats obtenus sont donc contraires aux prévisions : non seulement les cultures

diffèrent très peu entre elles, mais de plus il n’existe pas de ségrégation entre cultures selon le

degré de perturbation lié aux travaux agricoles. Nous avons donc décidé de nous intéresser

aux traits biologiques des espèces afin de comprendre ce pattern.

Les deux axes de l’ACM contribuent fortement à l’explication de la variance du nuage de

points de l’analyse avec une inertie de 20,23% (Fig. 19). Le premier axe oppose d’un côté des

espèces macroptères omnivores de classe de taille 2 préférant des conditions d’habitat sec et

se trouvant dans des milieux cultivés et de l’autre côté, des espèces généralistes dimorphiques

carnivores de reproduction printanière préférant des conditions abiotiques humides. Le second

axe regroupe des espèces de plus grande taille caractéristiques des milieux boisés,

brachyptères de reproduction automnale de régime alimentaire phytophage et pouvant

également se trouver dans les cultures.

L’ACC (Fig. 20) montre une forte corrélation entre les quatre cultures. Ces dernières ne se

distinguent alors pas selon les traits biologiques des espèces.

Fig 19 : Répartition des traits biologiques des espèces le long des axes 1 et 2 de L’ACM. L’inertie obtenue avec deux axes est de 20,23%. 55 espèces sont retenues dans cette analyse. En rouge sont représentées les traits biologiques et en orange les espèces. Omni : Omnivore, Car : Carnivore, Phy : phytophage, m : macroptère, b : brachyptère, d : dimorphique sp :printemps, au : automne Cu : culture, CuMb :culture et milieu boisé, g : généraliste d’habitat, Hh : habitat humide, Hs : habitat sec, Mr : milieu rivulaire ; T1 : taille de 0 à 5 mm, T2 taille de 5 à 10 mm, T3 : taille de 10 à 15 mm, T4 taille de 15 à 20 mm ;Spé : type de régime alimentaire - G :Généraliste, S : spécialiste.

Fig 20 : ACC entre la fréquence d’occurrence des espèces par culture et leurs traits biologiques. Les axes 1 et 2 expliquent 39.67% de la variance du nuage de points. En rouge sont représentées les cultures et en noir les traits biologiques des espèces.

-2 -1 0 1

-10

12

Dim 1 (18.71%)

Dim

2 (1

5.41

%)

Aaen

AbinAcon

AdorAeur

Aful

Amer

Amon

Amul

Aova

Apar

AsimAvid

BcreBhumBillBlunBqumBqup Bscl

Cerr

Cnem

Cnig

Cpur

Datr

Dger

Haff

HattHdim

HdisHsma

Htar

LcomLpil

Lqua

LspiMlucMmin

Nbig

Nbre

NpalNqua

OcalOruf

PbigPcup

Piri

Pmau

Pmel

SpumTnan

TobtTqua

Zten

Car

Omni

Phy

b

d

m

au

sp

spau

Cu

CuMb

Hh

Hs

Hsa

Mb

Mr

T1

T2

T3

T4

G

S

21

4. Influence de la surface des parcelles sur les communautés des Carabidae

Après avoir étudié la distribution des espèces selon leur trait biologique nous allons

maintenant nous intéresser à l’influence de la surface de la parcelle sur la structuration de la

communauté de Carabidae.

Le nombre moyen d’espèces est faiblement, mais positivement corrélé avec la surface des

parcelles (t = 3.682, df = 593, p-value = 0.00025) (Fig 21). Par contre, lorsque l’on distingue

les quatre types de cultures, cette relation disparait : les tendances sont toujours la, mais

l’effet statistique ne l’est plus. Aucune corrélation n’est significative entre la surface des

parcelles et la richesse spécifique par culture (Cer : p-value=0,05 ; Col : p-value=0,23 ;Luz :

p-value= 0,16 ; Prai : p-value=0,09) (Fig 22).

Nous avons aussi testé cette relation chez les 10 espèces les plus communes (Fig. 23).

Seules les corrélations des espèces suivantes sont significatives avec la surface de la parcelle

(p-value < 0,05) : Brachinus crepitans, Anchomenus dorsalis, Poecilus cupreus, Mocrolestes

luctuosus et Harpalus dimidiatus. De plus, cette relation s’applique seulement pour la culture

de prairies pour Brachinue crepitans, et pour la culture de céréales pour les quatre autres

espèces. Cependant, les corrélations restent très faibles puisque l’indice varie entre 0,2 et 0,3.

0 1 2 3 4

05

1015

2025

30

Log(surface)(ha)

Nom

bre

d’es

pèce

s

Fig 21 : Corrélation entre le nombre d’espèces et la surface des parcelles pour l’ensemble du jeu de données. La ligne rouge représente la droite de régression entre les deux variables

Fig 22 : Corrélation entre le nombre d’espèces et la surface des parcelles par culture. La ligne rouge représente la droite de régression entre les deux variables.

0 1 2 3 4

510

1520

MTailcer$a

MT

ailc

er$R

S

0.5 1.0 1.5 2.0 2.5

510

1520

MTailcol$a

MT

ailc

ol$R

S

0.5 1.0 1.5 2.0 2.5

510

15

MTailluz$a

MT

aillu

z$R

S

0.5 1.0 1.5 2.0

05

1015

2025

30

MTailprai$a

MTai

lpra

i$R

S

Log(surface )(ha)

N e

spèc

es

N e

spèc

es

N e

spèc

es

N e

spèc

es

Log(surface )(ha)

Log(surface )(ha) Log(surface )(ha)

Cer

Luz

Col

Prai

22

DISCUSSION

L’analyse de la distribution de la richesse spécifique de la Zone Atelier révèle une très

forte différence entre les richesses spécifiques α et γ. En effet, la communauté de Carabidae

est extrêmement riche à l’échelle du paysage (94 espèces) par rapport à la diversité spécifique

observée à l’échelle de la parcelle (7 espèces en moyenne). Très peu d’études ont tenté

d’analyser ce pattern de distribution en comparant la richesse à l’échelle de la parcelle avec

celle de l’ensemble d’une grande zone d’étude. De plus, différents articles suggèrent une

distribution similaire à celle précédemment décrite. Par exemple, Booij (in Desender, 1994) et

French en 2001 obtiennent respectivement un total de 48 espèces et de 94 espèces mais ils

observent en moyenne 10 et 9 espèces par unité d’échantillonnage. Cependant, une des

particularités liée à cette étude est le fait qu’avec seulement 5 espèces, on comptabilise plus

de 90% de la totalité des captures.

Deux espèces (Poecilus cupreus et Anchomenus dorsalis) occupent plus de 60% de la

totalité des parcelles échantillonnées. Les coléoptères carabiques sont composés d’espèces de

traits d’histoire de vie très divergeant. Ainsi les espèces à forte mobilité (Luff, in Holland,

2002) et densité élevée (Dufrênes, 1992) auront plus de chance de se retrouver capturées.

Fontaine observe en 2007 que chez de nombreux taxa d’invertébrés, la majorité des espèces

sont sténoèces (possèdent une gamme de distribution d’habitat très restreinte). Ceci explique

alors le besoin d’un effort d’échantillonnage considérable à fournir pour atteindre le

maximum de diversité spécifique (Gotelli & Colwell, 2001).

Fig 23 : Corrélation entre l’abondance de cinq espèces de Carabidae et la surface des parcelles. La ligne rouge représente la droite de régression entre les deux variables

0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0

0.0

1.0

2.0

3.0

Brachinus crepitans

Surface

log(

abon

danc

e)

0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0

01

23

4

Anchomenus dorsalis

Surface

log(

abon

danc

e)

0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0

01

23

45

Poecilus cupreus

Surface

log(

abon

danc

e)

0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0

0.0

1.0

2.0

Microlestes luctuosus

Surface

log(

abon

danc

e)0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0

0.0

0.5

1.0

1.5

2.0

2.5

Harpalus dimidiatus

Surface

log(

abon

danc

e)

23

Les analyses multivariées ne révèlent aucune structuration nette des communautés entre

les cultures pérennes et les cultures annuelles. Ainsi, l’hypothèse selon laquelle les espèces,

étant sensibles aux conditions abiotiques, se ségrégent selon leur préférence d’habitat (Dajoz,

2002) n’est pas confortée. La Zone Atelier Plaine & Val de Sèvre fait partie d’un paysage

agricole très intensif. Les cultures pérennes telles que les luzernes et les prairies seraient donc

gérées de manière tout aussi intensive que les cultures annuelles, au moins du point de vue

d’un coléoptère carabique. Ainsi, des milieux considérés comme relativement stables dans le

temps et moins perturbés chimiquement peuvent être perçus par la microfaune comme

particulièrement perturbés car ce sont des milieux fauchés régulièrement et retournés tous les

deux ou trois ans détruisant ainsi les larves se développant dans le sol (Gobbi, 2008).

L’impact des perturbations physiques et mécaniques sur la communauté de coléoptères

carabiques en milieu pérenne serait alors tout aussi fort que les perturbations chimiques

(herbicides, insecticides) dans les cultures annuelles. De plus, les milieux pérennes incluent

les luzernes qui peuvent être gérées très intensivement par d’importants traitements

phytopharmaceutiques. Dans ce cas, leur gestion se rapproche davantage de celle d’une

culture annuelle comme le colza que de la gestion d’une prairie de graminées. Or l’ACM met

en évidence que certaines espèces se rassemblent selon des traits biologiques communs. On

aurait alors pu s’attendre à ce que des groupes d’espèces se distinguent selon les cultures

selon leurs traits d’histoire de vie. Toutefois, les résultats de l’ACC ne permettent pas

d’observer ce pattern de distribution ce qui conforte l’idée que les pratiques agricoles des

cultures pérennes et annuelles ont un impact similaire sur la structure de la communauté de

Carabidae. Une seconde explication pourrait permettre de comprendre l’absence de

structuration des communautés. Au sien d’une parcelle de céréales, avant le labour des terres,

le sol est ouvert et sec puis après le labour, les graines sont semés avec de l’engrais organique

rendant ainsi les conditions du sol plus humide (Thomas et al., in Desender 1994). Au cours

d’une saison, les conditions abiotiques au sein de cette culture sont alors très variables. Les

espèces, selon leurs exigences biologiques, peuvent avoir besoin de se réfugier dans des

habitats adjacents lorsque l’environnement devient défavorables afin d’y trouver de la

ressource et à termes se maintenir dans le paysage (French et al., 2001). Ainsi, les espèces

telles que Pterostichus niger dispersant facilement, peuvent modifier rapidement leur

distribution dans le paysage. Les cultures pérennes ont plusieurs fois montré leur rôle en tant

qu’habitat complémentaire dans les milieux perturbés (Le Roux et al., 2008). Ainsi, la

similarité de richesse spécifique entre les cultures pérennes et annuelles s’expliquerait par une

dispersion fréquente des espèces entre ces deux types de milieux (Diekotter et al., 2010).

24

En ce qui concerne l’influence de la surface des patches d’habitat sur la richesse

spécifique, une corrélation positive modeste apparait, ce qui est conforme aux prédictions

attendues par les différentes théories des communautés. D’après Dajoz (2002), la théorie de la

biogéographie insulaire ne s’applique pas dans ce type de systèmes car les facteurs

prédominants sur la richesse spécifique sont la perturbation et l’hétérogénéité de l’habitat. A

l’inverse, à l’échelle de la culture, aucune corrélation significative n’est observée. Bien que

l’on soit sur une plaine céréalière intensive, la taille des parcelles est petite (en moyenne

5.2Ha pour les céréales, 5.7Ha pour le colza, 2.7Ha pour les prairies et 3.8Ha pour les

luzernes) alors que d’autres études présentent des surfaces moyennes beaucoup plus grandes

(Moreby, 1999 : >20Ha ; Clark, 2006 : 16Ha). Ainsi, la faible variabilité de surface au sein de

chaque culture ne permettrait pas de détecter d’effet de la surface des parcelles sur la richesse

spécifique. Pour ce qui est de l’abondance (densité locale) des espèces, les résultats indiquent

que la surface de la parcelle a un effet significatif sur la moitié de ces espèces testées, mais

seulement 2 d’entre elles présentent une corrélation positive avec l’augmentation de la surface

de la parcelle, alors que trois espèces présentent une relation négative dans les cultures de

céréales contre une positive dans les céréales et une seconde positive dans les prairies. En

comparant les traits biologiques de ces espèces, on constate qu’elles possèdent cependant des

traits d’histoire de vie similaires. Ce sont des espèces de petite taille à forte capacité de

dispersion, spécialistes ou généralistes. La fragmentation des habitats provoquant une baisse

de la qualité des milieux, on aurait pu s’attendre à ce que l’abondance des espèces spécialistes

décroisse dans les petits patches de moins bonne qualité que dans les grands patches et que

l’effet soit nul pour les espèces généralistes, étant capable de disperser dans l’environnement

voisin en cas de perturbation du milieu. Ces résultats sont en accord cette prédiction pour

Brachinus crepitans et pour Microlestes luctuosus qui sont deux espèces spécialistes. A

l’inverse les trois autres espèces généralistes, présentent une tendance inverse aux prédictions.

Ceci peut être rattaché à l’hypothèse de Dajoz qui affirme que la taille du patch peut ne pas

être le facteur dominant à l’origine de la distribution des espèces. Il serait intéressant alors

d’approfondir les études en prenant en considération la structure spatiale de l’environnement

voisin ainsi que les variables environnementales associées telles que l’humidité ou l’ouverture

du paysage pour tenter de confirmer ou non l’hypothèse de Dajoz.

25

CONCLUSION

Cette étude est la première étude réalisée sur la base de données de Coléoptères carabiques

de la Zone Atelier Plaine & Val de Sèvre. Elle reste ainsi très exploratoire et descriptive.

Cependant, des grandes tendances se dégagent et laissent ainsi place à de nombreuses

perspectives afin d’analyser plus précisément les résultats obtenus. En effet, la richesse

spécifique présente sur la zone d’étude est très inégalement répartie. Nos résultats indiquent

que les parcelles sont composées d’une ou deux espèces dominantes dans la communauté et

que sur les sept espèces présentes en moyenne au sein de ces patches d’habitats, les cinq

restantes sont des espèces de fréquence rare, qui différent selon les parcelles. Cela nous

suggère que la communauté de Carabidae fonctionnerait davantage selon un modèle

neutraliste, avec une répartition stochastique des espèces dont la dynamique serait gérée par le

taux de natalité, de mortalité et de dispersion des espèces (Alonso et al., 2006). Cependant,

cette théorie a été très controversée dans la littérature (Ricklefs, 2003 ; Adler, 2004). En effet,

ces auteurs affirment que certains processus, tels que les relations interspécifiques, sont

manquants dans cette théorie alors qu’ils sont nécessaires afin d’étudier des patterns de

distribution d’espèces. Ainsi, il serait intéressant de prendre en considération de tels

mécanismes pour de futures études de fonctionnement des communautés de coléoptères

carabiques. Apporter une dimension spatiale à cette étude permettrait de confirmer ou non la

non structuration des communautés observée sur la Zone Atelier en intégrant la densité des

éléments favorables ainsi que la distance entre les patches pouvant influencer le taux de

colonisation et d’extinction des espèces.

26

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28

Genre espece Genre especeAbax ovalis Gynandromorphus etruscusAbax parallelepipedus Harpalus affinis

Acinopus picipes Harpalus attenuatusAcupalpus meridianus Harpalus dimidiatus

Agonum lugens Harpalus distinguendusAgonum mulleri Harpalus rubripesAgonum viduum Harpalus serripesAmara aena Harpalus smaragdinusAmara consularis Harpalus tardus

Amara equestris Laemostenus complanatus

Amara eurynota Leistus spinibarbis

Amara familiaris Lionychus quadrillumAmara fulva Loricera pilicornisAmara fulvipes Microlestes luctuosusAmara glabrata Microlestes minutulusAmara montivaga Nebria brevicollisAmara similata Notiophilus biguttatusAnchomenus dorsalis Notiophilus palustris

Anisodactylus binotatus Notiophilus quadripunctatus

Anisodactylus intermedius Ophonus ardosiacusAnthracus consputus Ophonus azureusAsaphidion flavipes Ophonus calceatusBadister bipustulatus Ophonus diffinisBembidion humerale Ophonus griseusBembidion illigeri Ophonus laticollisBembidion lunulatum Ophonus punctatulusBembidion quadrimaculatum Ophonus rufipesBembidion quadripustulatum Ophonus schaubergerianusBrachinus crepitans Parophonus hirsutulusBrachinus psophia Parophonus maculicornisBrachinus sclopeta Philochthus biguttatusCalathus erratus Philochthus iricolorCalathus fuscipes Philochtus guttulaCalathus luctuosus Poecilus cupreus

Calathus melanocephalus Polistichus connexusCarabus coriaceus Porotachys bisulcatusCarabus nemoralis Pterostichus macerCarabus problematicus Pterostichus madidus aquitanusCarabus purpurascens Pterostichus melanariusCarterus fulvipes Pterostichus minusChlaenius chrysocephalus Scybaslicus oblongiusculusChlaenius nigricornis Stomis pumicatus

Cymindis variolosa Syntomus obscuroguttatusDemetrias atricapilus Tachyta nanaDiachromus germanus Trechus obtusus obtususDixus capito Trechus quadristriatus

Elaphrus ruparius Zabrus tenebrioides

Annexe 1

Tableau récapitulatif des espèces échantillonnées sur la Zone Atelier Plaine & Val de Sèvre

29

Genre espèce Abr Alim Dpl Repro Hab Taille SpéAmara aena Aaen Omni m sp Cu T2 GAnisodactylus binotatus Abin Car m sp Mr T3 GAmara consularis Acon Omni m au Hs T2 GAnthracus consputus Acos NA NA NA Hh T1 NAAnchomenus dorsalis Ador Car m sp Cu T2 GAmara equestris Aequ NA m au Hs T3 NAAmara eurynota Aeur Phy m sp Cu T3 GAmara familiaris Afam Phy m sp Cu T2 SAsaphidion flavipes Afla Car m NA Hh T1 SAmara fulva Aful Omni m au HS T2 GAmara fulvipes Afuv Omni m NA Hs T3 GAmara glabrata Agla Omni m NA Hs T2 GAnisodactylus intermedius Aint NA NA NA NA T3 NAAgonum lugens Alug NA NA NA Hh T2 NAAcupalpus meridianus Amer Car m sp Hh T1 GAmara montivaga Amon Omni m sp Cu T2 GAgonum mulleri Amul Car m sp Mb T2 GAbax ovalis Aova Car b sp Mb T3 GAbax parallelepipedus Apar Car b au Mb T4 GAcinopus picipes Apic Omni NA NA Hs T3 GAmara similata Asim Omni m sp Cu T2 GAgonum viduum Avid Omni m sp Mr T2 GBadister bipustulatus Bbip NA NA NA NA T2 NABrachinus crepitans Bcre Car m sp Hh T2 SBembidion humerale Bhum Car m sp Hh T1 SBembidion illigeri Bill Car m sp Mr T1 SBembidion lunulatum Blun Car m sp Mr T1 SBrachinus psophia Bpso Car m sp NA T2 SBembidion quadrimaculatum Bqum Car m sp Mr T1 SBembidion quadripustulatum Bqup Car m sp Mr T1 SBrachinus sclopeta Bscl Car m sp Cu T2 SChlaenius chrysocephalus Cchr Car m NA Hh T2 GCarabus coriaceus Ccor Omni NA au Cu T4 GCalathus erratus Cerr Car d au Hs T3 GCarterus fulvipes Cful Omni m NA Hs T2 GCalathus fuscipes Cfus Car d sp Mb T3 GCalathus luctuosus Cluc NA NA NA Mb T3 NACalathus melanocephalus Cmel Car m NA Cu T2 GCarabus nemoralis Cnem Car b sp Mb T4 GChlaenius nigricornis Cnig Car m sp Mr T3 GCarabus problematicus Cpro NA m au G T4 NACarabus purpurascens Cpur Car b au Mb T4 GCymindis variolosa Cvar NA NA NA Hs T2 NADemetrias atricapilus Datr Car m sp Hh T2 GDixus capito Dcap Omni m NA Mb T3 G

Genre espèce Abr Alim Dpl Repro Hab Taille SpéDiachromus germanus Dger Omni m sp Hs T2 GElaphrus ruparius Erup NA m sp Hh T2 NAGynandromorphus etruscus Getr NA m NA Hs T3 NAHarpalus affinis Haff Omni m sp CuMb T3 GHarpalus attenuatus Hatt Omni m sp Hs T2 GHarpalus dimidiatus Hdim Omni m sp Hs T3 GHarpalus distinguendus Hdis Omni m sp Cu T3 GHarpalus rubripes Hrub Phy m au G T3 SHarpalus serripes Hser NA m sp Hs T3 NAHarpalus smaragdinus Hsma Omni m au Hs T2 GHarpalus tardus Htar Omni m sp Hs T2 GLaemostenus complanatus Lcom Car m sp Hh T3 SLoricera pilicornis Lpil Car m sp Mr T2 SLionychus quadrillum Lqua Car m sp Mr T1 SLeistus spinibarbis Lspi Car m au Hh T2 SMicrolestes luctuosus Mluc Car d sp Hh T1 SMicrolestes minutulus Mmin Car d sp Hh T1 SNotiophilus biguttatus Nbig Car d sp CuMb T1 SNebria brevicollis Nbre Car m spau Mb T3 GNotiophilus palustris Npal Car d sp CuMb T2 SNotiophilus quadripunctatus Nqua Car d sp Hh T1 SOphonus ardosiacus Oard NA NA NA Hs T3 NAOphonus azureus Oazu Omni m NA Hs T2 GOphonus calceatus Ocal Omni m au Hs T3 GOphonus diffinis Odif NA NA NA Cu T3 NAOphonus griseus Ogri Omni m NA Cu T3 GOphonus laticollis Olat Omni m NA CuMb T3 GOphonus punctatulus Opun NA NA NA Hs T3 NAOphonus rufipes Oruf Omni m sp Cu T3 GOphonus schaubergerianus Osch Omni m NA Hs T2 GPhilochthus biguttatus Pbig Car d sp Hh T1 SPorotachys bisulcatus Pbis Car d NA Mr T1 SPolistichus connexus Pcon NA NA NA Mr T2 NAPoecilus cupreus Pcup Car m sp Cu T3 GPhilochtus guttula Pgut NA NA NA Hh T1 NAParophonus hirsutulus Phir Omni m NA NA T2 GPhilochthus iricolor Piri Car d sp Hsa T1 SPterostichus macer Pmac NA m NA G T3 NAPterostichus madidus aquitanus Pmad Car b au CuMb T4 GParophonus maculicornis Pmau Omni m sp Hs T2 GPterostichus melanarius Pmel Car d au Cu T4 GPterostichus minus Pmin NA NA NA Mb T2 NAScybaslicus oblongiusculus Sobl Omni m NA Hs T3 GSyntomus obscuroguttatus Sobs NA NA NA NA T1 NAStomis pumicatus Spum Car b sp Cu T2 GTachyta nana Tnan Car m sp Ar T1 STrechus obtusus obtusus Tobt Car d au CuMb T1 GTrechus quadristriatus Tqua Car m au CuMb T1 GZabrus tenebrioides Zten Phy m au Cu T4 S

ANNEXE 2

Tableau récapitulatif des traits biologiques : Abr : abréviation ; Alim : régime alimentaire - Omni : Omnivore, Car : Carnivore, Phy : phytophage ; Dpl : mode de locomotion - m : macroptère, b : brachyptère, d : dimorphique ; Repro : saison de reproduction- sp :printemps, au : automne ; Hab : habitat - Cu : culture, CuMb :culture et milieu boisé, g : généraliste d’habitat, Hh ; habitat humide, Hs : habitat sec, Mr : milieu rivulaire ; T1 : taille de 0 à 5 mm, T2 taille de 5 à 10 mm, T3 : taille de 10 à 15 mm, T4 taille de 15 à 20 mm ;Spé : type de régime alimentaire - G :Généraliste, S : spécialiste.

30

ANNEXE 3 AFC sur différents jeux de données *

Axe 1 (4,5 %)

Axe

2 (

4 %

)

d = 5

Cer Col Luz Prai

d = 10 d = 10

Aova Apar

Apic Amer Alug

Amul

Avid Aaen

Acon Aeur Afam

Aful Afuv

Agla Amon Asim

Ador Abin Aint Acon.1

Afla Bbip Bhum Bill Blun

Bqum Bqup Bcre Bpso

Bscl Cerr Cfus Cluc Ccor Cnem Cpur Cful Cchr Cnig

Datr Dger Dcap Erip

Getr Hatt Haff Hdim Hdis Hsma Htar Lcom Lspi Lqua Lpil Mluc Mmin Nbre Nbig Nqua

Npal Nruf Oard

Oazu Ocal Odif Ogri

Olat Opun Oruf Osch Pgut Phir

Piri Pcup Pcon Pbis Pbig Pmac Pmad Pmin Pvul Sobl

Sobs Spum

Tnan Tobt Tqua n= 538; s=88

A gauche : Répartition des cultures de luzerne (Luz), céréales (Cer), colza (Col) et des prairies (Prai) et des espèces à droite le long des axes 1 et 2 de L’AFC. L’inertie obtenue avec deux axes est de 6,5%. n correspond au nombre total de parcelles échantillonnées et s à la richesse spécifique

Axe 1 (3,5 %)A

xe 2

(3%

)

n= 529; s=68

A gauche : Répartition des cultures de luzerne (Luz), céréales (Cer), colza (Col) et des prairies (Prai) et à droite des 88 espèces le long des axes 1 et 2 de L’AFC. L’inertie obtenue avec deux axes est de 8,5%. n correspond au nombre total de parcelles échantillonnées et s à la richesse spécifique.

n= 485; s=12

Axe 1 (13,3 %)

Axe

2 (

11,8

%)

Axe 1 (6,3 %)

Axe

2 (

5,2%

)

n= 521; s= 34

A gauche : Répartition des cultures de luzerne (Luz), céréales (Cer), colza (Col) et des prairies (Prai) et des espèces à droite le long des axes 1 et 2 de L’AFC. L’inertie obtenue avec deux axes est de 25,1%. n correspond au nombre total de parcelles échantillonnées et s à la richesse spécifique

A gauche : Répartition des cultures de luzerne (Luz), céréales (Cer), colza (Col) et des prairies (Prai) et des espèces à droite le long des axes 1 et 2 de L’AFC. L’inertie obtenue avec deux axes est de 11,5%. n correspond au nombre total de parcelles échantillonnées et s à la richesse spécifique

31

Résumé

Depuis 50 ans, de nombreuses théories ont été proposées pour expliquer et prédire la structure et la dynamique des communautés. Ces théories présentent des caractéristiques communes liées au processus d’extinction et de colonisation des espèces dépendant de facteurs environnementaux tels que la taille ou la qualité du patch. Les agro-écosystèmes apparaissent comme des milieux parfaits pour ces études de communautés car ce sont des mosaïques hétérogènes de « patches » divers plus ou moins proches, contrastés et de qualité variable. Les coléoptères carabiques représentent un modèle biologique original et pertinent pour ce type d’étude de par leur diversité spécifique élevée et leur importance en termes d’agroécologie. L’objectif de ce travail est d’étudier la communauté de Carabidae dans un paysage agricole intensif, et en particulier les règles d’assemblages des espèces au sein de la communauté et entre les cultures. Le deuxième enjeu est d’étudier l’influence de la surface de la parcelle sur les communautés et enfin d’analyser la covariance entre les cultures et les traits d’histoire de vie des espèces. Les résultats montrent que la communauté est composée de quelques espèces dominantes et de beaucoup d’espèces rares. De plus la répartition des espèces semble suivre une distribution aléatoire entre les parcelles. Aucune structuration nette des communautés ni dominance des traits d’histoire de vie entre les cultures n’ont été mises en évidence. L’influence de la surface de la parcelle se fait ressentir seulement à une échelle globale mais pas à l’échelle de la culture. Les résultats suggèrent que l’effet des pratiques agricoles au sein cultures pérennes est tout aussi importance que celui des cultures annuelles et expliquerait l’absence de structuration de la communauté. De part la répartition des espèces dans l’environnement nous pouvons supposer un fonctionnement de la communauté selon un modèle neutraliste.

Summary

For 50 years, many theories have been proposed to explain and predict the structure and community dynamics. These theories have common features related to the process of extinction and colonization of species dependent on environmental factors such as size or quality of the patch. Agro-ecosystems are seen as ideal settings for these studies because the communities are heterogeneous mosaics of "patches" more or less similar, contrasting and varying quality. The carabid beetles are an original and relevant biological model for this type of study because of their high species diversity and their importance in terms of agroecology. The objective of this work is to study the community ofCarabidae in intensive agricultural landscapes, and especially the rules of assemblages of species within communities and between cultures. The second issue is to study the influence of the patch size on the communities and to analyze the covariance between cultures and life history traits of species. The results show that the community is composed of a few dominant species and many rare species. Moreover, the distribution of species seems to follow a random distribution between plots. No clear structure or community dominance of life history traits between cultures have been identified. The influence of the surface of the patch is felt only at a global scale but not at the culture level. The results suggest that the effect of agricultural practices in perennial crops is as important as that of annual crops and explain the lack of community structure. Due to the distribution of species in the environment we can assume that the community follows as a neutralist model.