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1 IRFSSA Moulins Promotion 2014 – 2017 Année 2016 RAPPORT DE STAGE : MONGOLIE Du 14 mars au 12 avril 2016 Etudiants infirmiers : Bayarjargal Galt, Khulaka Nemekhbaatar, Quentin Corjon, Marie Busserolles Maitre de stage : Marie Vacher Interprète : Bayanjargal Chinges

RAPPORT DE STAGE : MONGOLIE - Auvergne …irfss-auvergne-rhone-alpes.croix-rouge.fr/index.php/content... · Pour le stage à l’international de la ... En effet, on trouve par exemple

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IRFSSA Moulins Promotion 2014 – 2017

Année 2016

RAPPORT DE STAGE : MONGOLIE

Du 14 mars au 12 avril 2016

Etudiants infirmiers : Bayarjargal Galt, Khulaka Nemekhbaatar, Quentin Corjon, Marie Busserolles

Maitre de stage : Marie Vacher

Interprète : Bayanjargal Chinges

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SOMMAIRE

Introduction…………………………………………………………………………………………….Page 1

Présentation du pays……………………………………………………………………………….Page 2

Oulan-Bator…………………………………………………………………………………….Pages 3 et 4

Arvaikheer……………………………………………………………………………………………….Page 4

Bayangol…………………………………………………………………………………………Pages 5 à 11

Bat-Ulzii………………………………………………………………………………………………….Page 12

Karakorum……………………………………………………………………………………………..Page 13

Dakhan…………………………………………………………………………………………………..Page 14

Facilités rencontrées………………………………………………………………………………Page 15

Difficultés rencontrées…………………………………………………………………………..Page 15

Conseils……………………………………………………………………………………….Pages 15 et 16

Conclusion……………………………………………………………………………………………..Page 16

Remerciements………………………………………………………………………………………Page 17

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INTRODUCTION

Pour le stage à l’international de la période du 14 mars au 12 avril, nous avons

décidé de partir en Mongolie. Nous avions donc tout d’abord un thème de stage à

choisir en lien avec la mère et l’enfant. Après réflexion et en accord avec le président

de l’association APAU (Association Pays d’Allier Uvurkhangaï), Mr Desvignes, notre

choix s’est porté sur les accidents domestiques. En effet ceux-ci faisant partie

intégrante des causes d’hospitalisation dans le pays, nous avons trouvé judicieux de

se pencher sur cette question.

APAU est une association locale qui mène des actions dans la région de

l’Uvurkhangaï, depuis de nombreuses années. Elle envoie chaque année des

professionnels (Infirmiers, médecins, sages-femmes, cuisiniers…) afin de mener des

projets éducatifs et non matériels au plus proche de la population mongole.

Nous avons donc dans un premier temps réfléchis aux causes possibles et

aux conséquences en se basant sur les chiffres et constatations recensés en France

et en essayant de les adaptés au mieux à ceux de la Mongolie. En parallèle aux

recherches concernant notre thème principal, nous avons aussi travaillé sur

différents autres thèmes sanitaires (IST, contraception, hygiène, puberté…) afin de

se constituer un stock de données et documentations pour nos interventions.

En arrivant dans le pays nous nous sommes rendu compte que notre réflexion

effectuée en amont était proche de la réalité du quotidien mongol. Puis, arrivés dans

notre lieu de stage, Bayangol, et après une discussion avec notre maître de stage,

ils nous a semblé bon de construire les projets autour de notre thème en totale

collaboration avec les étudiantes infirmières mongoles et la population.

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PRESENTATION DU PAYS

La Mongolie, pays de 1 566 500 km², se situe entre la Russie et la Chine. Elle compte

plus de 3 millions d’habitants répartis inégalement dans ce vaste pays puisque la moitié d’entre

eux vivent à Oulan-Bator, la capitale.

La monnaie est le Tugrik, à savoir qu’un euro équivaut environ à 2 253 Tugriks (le cours

peut varier). Le salaire moyen est d’un peu plus de 510 000 Tugriks soit environ 230

€/mois/habitants. Sur le plan économique, une grande partie de la population vie de l’élevage de

chèvres, bovins, chameaux, ovins... Le pays se place par conséquent en première place de la

production mondiale de cachemire et exporte aussi de la viande.

La langue officielle est le mongole mais certaines personnes parlent aussi le russe suite à

la période soviétique qu’a connu le pays. Au point de vue géographique, la Mongolie dispose de

reliefs divers. En effet, on trouve par exemple le désert de Gobi au sud, de grandes steppes et

des reliefs montagneux au centre du pays; ainsi que de vastes forêts (taïgas) au nord. Les

températures peuvent atteindre -40°C en hiver et dépassées les 35°C en été.

Système de santé

Nous avons constaté que l’organisation des établissements de santé mongols est

adaptée à la densité du pays, c’est-à-dire que dans la capitale sont présentes les spécialités

comme la célioscopie, maternité N°1, traumatologie…

Puis l’organisation se divise au niveau régional, avec un hôpital de référence, de

nombreux moyens y sont présents. Dans cette même ville se trouve souvent le centre de santé

qui est l’équivalent mongol de nos ARS (Agence régionale de santé).

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Enfin, le pays étant vaste, les hôpitaux de région peuvent se trouver loin, c’est donc pour

cela que les villages ont un hôpital de type « dispensaire » afin de permettre aux habitants d’avoir

accès rapidement à des soins que nous qualifierons de « bases » (antibiothérapie, suivi de

grossesses dit sans risques, soins de premier secours…). Pour toutes complications ou

traitements plus importants, le patient doit aller à l’hôpital de région.

OULAN BATOR :

Oulan-Bator est la capital du pays, le nombre d’habitant est de près de 50% de la

population du pays. Son développement est très rapide malgré la crise financière.

C’est une ville très polluée notamment à cause du chauffage au charbon et à la

circulation. De plus, nous avons été logés dans une Guest-House c’est-à-dire chez

l’habitant mais avec pour contrepartie une rémunération.

Maternité N°1

Nous nous sommes rendus dans cette grande maternité, aux 16 000 accouchements

l’an passé, où nous avons rencontré Unurjargal, chef du département de gynécologie de

cette maternité.

Après avoir échangé sur notre stage à venir et sur les futures missions de

l’association APAU, nous avons pu visiter une partie de cette maternité qui compte 150

personnes issues des domaines médical et paramédical (Infirmières, pharmaciens et aides-

soignantes qui sont l’équivalent des agents de services hospitaliers en France), 50 sages-

femmes ainsi que 3 médecins chefs. Nous avons pu du départ nous intéresser au métier

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d’infirmière dans le pays et avons donc appris qu’en Mongolie pour être reconnu comme

infirmier, il fallait étudier 3 ans, puis pratiquer 1 an.

Au niveau du déroulement de l’accouchement dans cette maternité il existe 3 salles

différentes : la salle prénatale, la salle d’accouchement puis la chambre post-natale.

Chaque salle d’accouchement fonctionne par paire afin que chacune d’entre elles ne soient

utilisées qu’un jour sur deux pour assurer la meilleure des désinfections.

Nous avons appris également que la pratique de la péridurale n’était pas aussi

systématique qu’en France, au contraire seul 10 à 15% des mères bénéficient de celle-ci.

Cette pratique se fait sur demande, ou bien si elle semble vraiment nécessaire au médecin.

De plus, si l’établissement n’a plus d’anesthésiques en réserve, celle-ci revient à la charge

financière de la mère.

Enfin la durée moyenne de l’hospitalisation est de 1 à 2 jours si l’accouchement c’est

fait par voie basse et de 3 à 4 jours si jamais la césarienne a été nécessaire.

ARVAIKHEER :

Arvaikheer est le chef-lieu de la région de l’Uvurkhangai dans laquelle nous sommes

intervenus. Durant notre passage dans cette ville nous avons pu rencontrer Mme

Dulamsuren, homologue du président de l’association APAU, qui a pu nous éclairer sur le

déroulement de notre stage. Nous avons aussi pu rencontrer la chef de la santé, Mme

Serchmaa a qui nous avons présenté notre projet sur les accidents domestiques à Bayangol,

qu’elle a pu approuver. Elle a pu aussi nous éclairé sur les accidents domestiques les plus

rencontrés dans les villages, à savoir : les chutes de moto ou de cheval ainsi que les

brulures, les noyades…Nous lui avons aussi expliqué que nous souhaitions intervenir sur

d’autres sujets comme par exemple : les soins d’urgence, l’hygiène ou encore les IST. Nous

avons aussi pu visiter l’hôpital régional d’Arvaikheer, qui compte 328 employés et qui a une

capacité de 302 lits. On trouve au sein de l’établissement 11 différents services tels que les

services de pédiatrie, d’hémodialyse, d’urgence, de réanimation…

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BAYANGOL : (17 mars au 3 avril)

Le soum de Bayangol se trouve dans la région de l’Uvurkhangai, c’est aussi la ville

où nous avons effectué la majeure partie de notre stage. Elle se situe à 85 km d’Arvaikheer

et compte 3 822 habitants, nomades compris. Nous avons pu tout d’abord rencontrer la

directrice de l’hôpital de la ville, Mme Saraa et lui expliquer notre projet. On a pu planifier

avec elle les différentes actions prévues et donc l’organisation de notre stage. Ainsi, il a été

convenu que nous intervenions à l’école primaire, au collège/lycée, à l’école maternelle et au

sein de l’hôpital.

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Nous avons donc commencé par intervenir au sein de l’école primaire où nous

avons pu instaurer des séquences d’éducation à la santé sur différents thèmes

adaptés aux âges et choisis en collaboration avec le médecin scolaire. Pour les plus

petits nous nous sommes orientés sur les lavages des dents et des mains en leur

montrant les gestes à effectuer et en leur expliquant quand les faire. Nous avons finis

ces séquences en leur proposant de faire un dessin récapitulant ce qu’ils avaient

appris. Ensuite, pour les plus grands nous avons vu les gestes d’urgence à effectuer

lors d’accidents domestiques tels que les brûlures et l’étouffement, ainsi que la prise

en charge de l’inconscience. Ils ont donc pu pratiquer par petits groupes les

différentes techniques que nous leur avions montrées. A la fin de nos différents jours

d’intervention, les élèves ont pu présenter ce qu’ils avaient appris à leurs parents lors

de nos séquences, durant un rassemblement dans le centre culturel du village. Nous

avons affiché les dessins des plus petits, fais défilés un diaporama avec les photos

des enfants prises dans la semaine et différents ateliers sur le thème des soins

d’urgence encadrés par les enfants étaient à disposition. Nous avons eu plusieurs

retours positifs sur ces différentes interventions. En effet, certains parents nous ont

fait part que leurs enfants en rentrant de l’école leur avaient montré les gestes appris

dans la journée.

Ensuite nous avons pu effectuer des interventions au sein de l’hôpital se situant au

centre du village. Il compte 22 employés à savoir : 4 infirmières, 2 médecins, 5 petits

médecins, 2 sages-femmes (dont une spécialisée en santé publique), 1 laborantine,

1 chauffeur, 1 cuisinière, 2 ASH. En ce qui concerne le rôle des petits médecins,

métiers n’existant pas en France, il est environ équivalent à celui d’une infirmière

ayant le droit de poser des diagnostics médicaux. Pour devenir petit médecin

l’infirmière doit effectuer un an d’étude en plus mais cette formation n’est plus

possible d’accès et le métier tend donc à disparaitre. Il a une capacité de 10 lits mais

tous n’ont pas été occupés durant notre présence. Le roulement des infirmières

s’effectue de la sorte : une journée de 8h, une journée et nuit de 16h puis deux jours

de repos.

Dans les premiers jours nous avons pu nous présenter à la totalité de l’équipe

de l’hôpital et parler de l’association APAU. Chacun a pu se présenter en expliquant

sa fonction et nous leur avons aussi expliqué les notions suivantes : promotion à la

santé, éducation à la santé, les différents types de préventions… Ensuite, afin de

connaitre les représentations de chacun, nous leur avons proposé d’effectuer un

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photo-expression autour du thème de la santé. Pour la majeure partie de l’équipe

soignante le terme santé a souvent été associé à la nature et à la famille.

Nous avons pu passer du temps à l’hôpital où nous avons eu une place

d’observateur. Nous avons pu noter certaines différences par rapport aux pratiques

vues dans nos stages passés. A savoir, quasiment la totalité des médicaments sont

administrés par voies intra veineuse et musculaire ; l’utilisation des traitements per os

est pratiquement inexistante car, pour la population, vu comme moins efficaces. Le

port des gants est aussi différent de chez nous, leurs réserves sont moindres, le

changement de gants ne se fait donc pas à chaque patient. De plus, nous avons pu

observer une utilisation de produit hydro alcoolique sur les gants sur laquelle nous

nous sommes questionné. Il nous a été expliqué que cette pratique venait du fait

qu’ils considéraient que les gants sortant de la boite n’étaient pas assez propres.

Puis, à l’heure de l’injection, les patients viennent d’eux même, traitements à la main,

dans une salle dédiée à cet acte. La confiance est donc maitre mot et l’infirmière ne

ressent pas le besoin de vérifier la prescription médicale. Cela peut aussi s’expliquer

par le faible nombre de patients et donc une meilleure connaissance des traitements

de chacun.

Ensuite, avec la directrice de l’hôpital et l’infirmière spécialisée en santé publique,

nous sommes partis toute une journée en vaccination chez les nomades. Nous avons

donc été dans 15 yourtes différentes à plusieurs kilomètres les unes des autres dans

la steppe mongole. Pour la plus part des visites il s’agissait de la vaccination

d’enfants, avec à chaque fois les mesures de la taille et du poids de ceux-ci ainsi

qu’une traçabilité dans le carnet de santé. Pour les autres visites il s’agissait de

visites de courtoisie ou encore de prise de tension artérielle. Les nomades peuvent

aussi à ce moment-là acheter quelques médicaments.

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Nous avons aussi pu travailler avec un groupe d’habitants sur notre thème principal

de stage : les accidents domestiques chez les enfants. L’objectif était d’inclure

totalement la population du village et de travailler en collaboration avec eux. Nous les

avons réunis une première fois afin de poser un diagnostic de situation à travers

différents outils tels qu’un brainstorming ou encore la méthode des « 5 M » (milieu,

matière, main d’œuvre, matériel et méthode). A l’issue de cette séance nous avons

décidé avec la population de s’orienter en priorité sur les brûlures. Lors de la

deuxième séquence nous avons commencé à chercher les causes de survenue des

brûlures ainsi que des solutions. Enfin lors de la dernière séance, nous leur avons

proposé de choisir parmi différentes propositions d’actions sur la prévention et la

prise en charge des brûlures chez les enfants. Ils ont donc pu choisir à l’issue d’un

vote : la prévention à domicile lors des journées de vaccination chez les nomades, la

mise à disposition d’un diaporama avec des images d’une yourte pour les

maternelles dans le but que les enfants repères les dangers qui les entourent et enfin

la publication d’un article dans le journal de la ville.

Ensuite nous nous sommes rendus au collège où, toujours en accord avec le

médecin scolaire, nous avons pu effectuer des interventions d’environ une heure sur

le thème de la puberté à 6 classes différentes. Nous les avons tout d’abord

questionnés sur leurs connaissances et nous sommes donc aperçu que le sujet était

très tabou et qu’ils ignoraient pour la plus part les détails de cette étape de la vie.

Nous leurs avons donc expliqué les changements physiques, les changements

affectifs et d’humeur, l’évolution des relations interhumaines et quelques explications

sur l’importance de l’hygiène corporelle. Nous avons terminé ces séquences par

quelques conseils sur les personnes vers qui se tourner pour parler de la puberté et

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tous les changements l’accompagnant, à savoir : les parents, les amis, le médecin

scolaire, les professeurs, faire des recherches dans les livres… Enfin nous avons

consacré un temps pour discuter et échanger autour des questions qu’ils pouvaient

se poser. Il a parfois été difficile dans certaines classes de débattre car ils ont pu

exprimer que le sujet les gênait.

Nous avons aussi réuni un groupe de onze lycéens, pour travailler sur le thème de

l’alcool chez les jeunes à la demande d’un policier du village et du médecin scolaire.

Nous avons donc lors de la première séquence fait faire au groupe l’Abaque de

Régnier avec ces différentes affirmations : « l’alcool c’est pour le plaisir », « c’est

sympa de boire entre amis », « on boit pour défier ses parents » et « l’alcool permet

de s’intégrer dans un groupe ». Puis nous leur avons demandé d’écrire le scénario

d’une vidéo orientée vers la prévention de l’alcool chez les jeunes. Après qu’ils aient

trouvé eux-mêmes les idées pour la vidéo, nous les avons filmés puis avons créé un

petit film de 2min. Ce support a été remis au médecin scolaire qui pourra l’utiliser

avec différentes classes.

Nous sommes aussi intervenus à l’école maternelle du village où nous avons pu

présenter un support créé spécialement pour cette intervention. Celle-ci fait partie

des actions mises en place avec le groupe de travail. Le diaporama créé comprenait

des photos de l’intérieur d’une yourte avec des objets dangereux pour les enfants

spécialement mis en évidence. Le but était, autour de l’histoire d’une petite fille, de

faire repérer les dangers de leur quotidien aux enfants. Nous avons pu faire cette

séquence de moins d’une heure à deux reprises. Les enfants ont facilement repérer

les dangers et ont été très participatifs.

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Nous avons effectués une intervention au sein du centre culturel afin de présenter

aux lycéens quelques thèmes choisis en collaboration avec le médecin scolaire.

Nous avons donc abordé la contraception, les infections sexuellement transmissibles

ainsi que l’avortement. Plusieurs classes étaient présentes en même temps, le grand

nombre d’élèves n’a pas été idéal pour ces types de sujets qui restent tabous dans le

pays. Enfin, les lycéens ont été peu participatifs, plutôt gênés et mal à l’aise.

Cependant nous avions anticipé ceci en confectionnant une « boîte à questions »

dans laquelle les élèves pouvaient déposer un papier avec leurs interrogations

anonymement. De plus, nous leur avons dit qu’ils pouvaient venir discuter avec nous

un peu plus intimement à la fin de la séquence, à l’hôpital ou même dans notre

yourte. En résultat de ces moyens facilitant l’échange nous avons obtenu deux

questions dans notre boîte et des jeunes filles sont venues nous voir dans notre

habitation.

Lors de la venue du gouverneur de Bayangol à l’IRFSSA en octobre 2015, il a été

soulevé la question des violences conjugales en Mongolie. Il a donc été naturel que

ce thème soit abordé lorsque nous sommes venus nous présenter à ce dernier à

Bayangol. Nous lui avons expliqué qu’un travail sur un tel sujet serait difficile à notre

niveau et qu’il appartenait plus à nos confrères du secteur social d’aborder les

choses. Nous avons tout de même pu dresser un état des lieux et discuter avec

différentes personnes sur la question. Tout d’abord avec le policier du village qui

nous a expliqué qu’il y avait peu de plaintes des femmes et qui a pu nous livrer qu’un

seul fait. Ensuite nous avons demandé à la statisticienne de l’hôpital si

l’établissement recensait beaucoup d’hospitalisations dues aux violences conjugales.

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La recherche n’a pas abouti, aucunes hospitalisations passées n’entraient dans ces

critères. Enfin nous avons pu constituer un groupe de travail avec 10 femmes du

village aidant au quotidien l’hôpital. En effet, ces femmes ont pour mission d’aller à

domicile pour par exemple peser les nouveau-nés… Nous leur avons tout d’abord

demandé ce qu’étaient pour elles les violences conjugales. Nous nous sommes

rendus compte que les critères n’étaient pas les même qu’en France. Par exemple,

un coup donné à une femme une seule fois est pour elles un évènement ponctuel qui

n’entre pas dans le terme violence conjugale. Ou bien, les violences verbales, ne font

pas non plus parti, pour ces femmes, des violences conjugales. Nous avons donc pu

relater ces faits dans un document remis par la suite à la directrice de l’IRFSSA.

Suite à nos interventions dans les écoles et surtout celles sur les soins d’urgence,

nous avons été sollicité par le médecin scolaire pour former les professeurs. Nous

avons donc préparé notre intervention en amont en adaptant une nouvelle fois celle-

ci au public visé. En effet, la même intervention que pour les enfants de l’école

primaire n’aurait pas été pertinente face aux adultes que sont les professeurs. Nous

leur avons donc apporté plus de théorie en essayant d’être le plus complet possible

dans un temps très court. En effet, nous avons pu faire cette formation qu’en

seulement l’espace de 3h ce qui semble court par rapport aux interventions de ce

type effectuées en France. Apres la théorie (1h15 environ) nous avons mis en place

des cas concrets pour mettre en action les apprentissages. Plusieurs scénettes se

sont suivis avec à chaque fois des professeurs différents pour intervenir. La

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séquence semble avoir plu au corps enseignant ainsi qu’au médecin scolaire. Les

gestes semblaient être acquis en fin d’après-midi et les prises en charge durant

chaque cas pratique étaient adaptées.

BAT-ULZII :

Bat Ulzii est un village d’environ 7 000 habitants. Il fait partie de l’Aïmag (région) de

l’Uvurkhangai, dans la vallée de l'Orkhon.

Nous avons pu être accueillis dans le village par le personnel de l’hôpital (le directeur

n’étant pas présent). Nous avons été logés dans un hôtel gracieusement financé par l’hôpital

de Bat-Ulzii où nous avons passé qu’une seule nuit.

L’objectif de notre courte venue était de visiter la structure de soins et, aux vues des

interventions de l’association faites dans ce village les années précédentes, évaluer les

évolutions.

Nous avons donc pu constater que les éléments tels que les distributeurs de savon

fixés au mur ou les supports essuie-mains ont bien été mis en place. Cependant, les

consommables ne sont pas présents à l’intérieur. Nous sommes donc arrivés à la conclusion

que ces dispositifs étaient peu utiles.

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De plus un trou au fond de la cours de l’hôpital avait été constaté durant les stages

précédents, celui-ci ayant pour rôle l’évacuation des fœtus et placentas suite aux

accouchements. A notre belle surprise, ce trou a été rebouché.

KARAKORUM :

Khakhorin ou Karakorum est une ville de 15 000 habitants, à environ 450Km d’Oulan

Bator. Elle était la capitale de l’Empire de Chinggis Khaan, le plus grand conquérant que le

monde ait connu. Cette ville est aussi très connue pour son monastère bouddhiste d’Erdene

Züü.

Nous avons, dans cette ville, visité l’hôpital qui compte une centaine de personnels

hospitaliers. Notre visite était surtout une visite de courtoisie mais encore une fois en gardant

pour but d’évaluer les évolutions suite aux stages précédents.

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Nous avons donc sensiblement fait le même constat avec du matériel présent mais

non utilisé par faute de consommables achetés. De plus, une mise à niveau aux gestes de

premier secours avait été suggérée, mais cela n’a pas été effectué par l’établissement pour

des raisons sans doute économiques.

Constatation des évolutions (Bat-Ulzii et Kharakorum)

Au cours de nos visites au sein de ces deux hôpitaux nous avons constaté que très

peu d’évolution. Ceci peut s’expliquer par le fait que les hôpitaux ont que très peu de moyens

financiers, racheter des consommables parait donc impossible pour eux. Ces derniers

comptent alors énormément sur les associations européennes et américaines intervenant en

Mongolie afin de leur apporter du matériel jetable afin de laisser paraitre à un mode de vie à

l’occidental. Seulement l’ensemble de ces biens n’est pas utilisé à bon escient et vite

consommé lors de visite de personnes extérieures. En revanche, nous avons pu remarquer

que ce manque de budget n’entravé pas la réalisation de soins dans les règles de bonnes

pratiques. De plus, tout l’hiver et une partie du printemps la ville n’a pas accès à l’eau

courante; étant venus en cette période nous ne pouvons pas avoir un réel avis objectif. On

peut supposer que le reste de l’année, lorsqu’il y a l’eau courante des consommables

peuvent être utilisés.

DAKHAN :

Nous avons passés 2 jours et une nuit dans la ville de DAKHAN afin de visiter la

Mongolian National University of Medical Sciences, qui est un établissement formant, les

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infirmiers, mais également les futures sages-femmes, ainsi que d’autres professions

médicales ou scientifiques…

Dans cet établissement nous avons rencontré les différents directeurs, et nous avons

présenté, accompagnés des deux étudiantes infirmières mongoles, notre stage face aux

différentes promotions infirmières de l’école. Ce compte rendu s’est suivi d’un échange sur

les pratiques infirmières françaises.

Suite à notre visite nous avons fait le constat que leur école est très différente des

écoles françaises. En effet, ils ont des salles de TP pour chaque partie de l’anatomie et les

étudiants pratiques beaucoup de TP contrairement à notre formation française. Seulement

nous avons compris que cela était dû à leur manque de pratique sur le terrain puisque dans

leur formation seulement 28 jours de stage sont effectués par an. Leur formation dure donc 4

ans afin que la dernière année soit consacrée aux terrains, comparable à du tutorat.

Nous avons logé dans leur internat, car dans leur école, les étudiants sont logés de

cette façon par chambre de 4 à 6 personnes. Nous avons été très bien accueillis par les

étudiants qui ont entre eux une certaine solidarité de par leur proximité dans ces logements.

Les étudiants nous ont fait part de leur volonté d’effectuer eux aussi des stages à

l’international, notamment en France.

Facilités rencontrées :

L’organisation du stage : APAU est une association qui organise entièrement le

stage, Mr DESVIGNES saura vous donner de bons conseils

Partir avec Marie VACHER, qui était partie elle-même en Mongolie lorsqu’elle était en

deuxième année, nous a paru rassurant. De plus, le fait qu’elle soit en Master de

Santé publique nous a permis de travailler d’une façon très professionnelle sur place

Deux étudiantes mongoles très motivées pour nous accompagner

Le village de Bayangol était un village très dynamique avec une population active et

participative

Un accueil très chaleureux de la part des mongols dans tous les villages visités

Avoir une interprète très compétente dans le vocabulaire médical et aussi en ce qui

concerne le tourisme et la culture de son pays

Un accès internet dans beaucoup de lieux visités (hôpitaux, restaurants…)

Les visites des différents lieux touristiques ainsi que des activités typiques

Difficultés rencontrées :

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Climat plutôt rude

Nourriture très répétitive et très grasse, essentiellement à base de mouton et de

féculents

Le manque de pratique de l’anglais dans le pays et donc les conversations à travers

une interprète

Deux semaines et demie passées en yourte avec un confort spartiate

L’alcoolisme (toutefois moins rencontré que les années précédentes)

La culture très différente de la nôtre notamment face à des sujets tels que la puberté,

les violences conjugales…

Conseils :

Prendre une assurance qui précise que c’est un stage en Mongolie où des soins

infirmiers vont être pratiqués

Prévoir des vêtements chauds et des chaussures de marche bien étanches

Bien vous renseigner sur la météo avant le départ afin de ne pas vous surcharger

Prévoir une tenue un peu plus habillée pour les repas importants

Prévoir un gant et du savon ou bien des lingettes intimes pour effectuer sa toilette

lorsque rien d’autre n’est à disposition

Emmener des photos des services hospitaliers français et des protocoles pour

expliquer nos pratiques plus simplement aux professionnels et aux étudiants

infirmiers

Apprendre des chansons françaises

Apporter un ordinateur pour pouvoir travailler sur place (diaporamas…)

Essayer de prendre contact avec l’école de Dakhan afin de choisir un thème commun

avec les étudiants mongols

Apporter quelques gourmandises françaises et/ou des échantillons de parfums

Ne pas hésiter à nous poser des questions si besoin

Conclusion

Durant cette période de stage nous avons pu mobiliser différentes

compétences. En effet, nos différentes interventions étant en majorité basées sur la

promotion à la santé, l’éducation à la santé et la prévention, nous avons pu travailler

notre compétence 5 « Initier et mettre en œuvre des soins éducatifs et préventifs ».

Ensuite, ce stage s’est effectué dans l’optique d’un échange sur nos savoirs,

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connaissances et pratiques avec les équipes de soins rencontrées mais aussi un

échange avec les patients, les élèves et autres acteurs rencontrés. Cela nous a donc

permis de travailler notre compétence 6 « Communiquer et conduire une relation

dans un contexte de soins ». Puis, lors de la préparation de nos interventions et

supports, nous avons effectué diverses recherches sur de nombreux thèmes de

santé différents grâce à l’accès internet. Nous pensons donc avoir mobilisé notre

compétence 8 « Rechercher et traiter des données professionnelles et

scientifiques ». Enfin en ce qui concerne la mobilisation de compétence nous

pensons avoir travaillé la 10 « Informer et former des professionnels et des

personnes en formation ». En effet, de par nos actions à visées éducative et

préventive auprès des personnels de l’hôpital, des professeurs et des deux

étudiantes mongoles, nous avons su développer des qualités pédagogiques tout au

long du stage.

Nous pensons que ce stage à l’étranger nous a apporté autant

professionnellement qu’humainement. Nous avons pu comparer la place de

l’infirmière en France et en Mongolie mais aussi les différences dans les pratiques

médicales et paramédicales. En effet nous nous sommes rendu compte que la place

de l’infirmière en Mongolie est relativement la même qu’en France, malgré tout leur

référentiel de compétences est quelque peu différent du nôtre. Par exemple, en

Mongolie, les soins de confort et de bien-être ne sont pas effectués par les

infirmières, mais par les proches des patients. De plus, l’organisation des services

est différente, car contrairement à la France, les patients sont plus autonomes vis-à-

vis de leurs traitements. En effet tout leur est donné en début d’hospitalisation et

c’est à eux de venir voir les infirmières dans la salle de soin. Enfin les évolutions de

carrières sont différentes, mais impensables en France. C’est le cas de la directrice

de l’hôpital de Bayangol qui a commencé sa carrière en tant qu’infirmière et qui suite

à son expérience et à de courtes formations a évolué en tant que petit médecin, puis

médecin. Nous avons aussi pu nous rendre dans plusieurs structures de soins et

constater les différences d’organisations et de moyens comparés à notre pays.

Cependant, nous restons agréablement surpris face au sens de l’adaptation des

professionnels qui réussissent, avec peu de moyens à disposition, à effectuer des

soins dans des règles d’hygiène correctes.

De plus, la facilité du déroulement du stage a été des plus appréciables et a

permis un grand investissement de notre part à tous. Chacun de nos projets ont pu

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être élaborés avec les étudiantes mongoles et la population. Nous avons pu mener à

bien toutes les missions et objectifs que nous nous étions fixés notamment grâce au

dynamisme de toutes les personnes rencontrées.

Nous avons fait la connaissance d’une population très chaleureuse, avec une

réelle identité culturelle et ayant un sens du partage inouï. Nous avons été

extrêmement bien accueillis dans chaque endroit visité.

Remerciements

Nous tenons tout d’abord à remercier l’IRFSSA qui offre chaque année à ses

étudiants infirmiers de deuxième année l’opportunité d’effectuer un stage à

l’étranger.

Ensuite, un grand merci à l’association APAU qui donne toute sa confiance à

notre école et accompagne tous les ans deux étudiants en Mongolie. Merci tout

particulièrement à Monsieur Desvignes qui s’est tenu à notre disposition pour la

préparation de ce stage ainsi qu’à Marie Vacher notre maître de stage. Ainsi que le

conseil départemental qui finance cette association.

Puis, nous tenons à remercier Mme Dollet qui est en charge de la bonne

préparation des stages à l’international au sein de l’école.

Enfin, nous remercions tous les acteurs mongols qui sont entrés en jeu dans

le bon déroulement de notre stage : Mme Dulamsuren, Mme Unurjargal, Mme Saraa,

l’agence DMD… Mais surtout notre interprète Bayanjargal Chinges ainsi que nos

deux homologues Bayarjargal Galt et Khulaka Nemekhbaatar.

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