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1. Aru 2. Rethy 3. Bunia 4. Kamango 5. Beni 6. Kirotshe 1 2 3 4 5 6 RAPPORT DE SYNTHÈSE : RÉPONSES HOLISTIQUES DES ORGANISATIONS BASÉES SUR LA FOI FACE AU VIH ET AUX QUESTIONS DE GENRE À L’EST DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Introduction La République Démocratique du Congo (RDC) est en proie à un conflit depuis de nombreuses années. La crise aiguë est liée à des conflits armés localisés à l’Est du pays, à l’insécurité généralisée, à l’intensification des combats et à des tensions intercommunautaires récurrentes au Nord et Sud-Kivu et en Ituri. Plusieurs groupes armés opèrent dans l’Est du pays et la RDC devient rapidement synonyme d’instabilité. Les femmes sont couramment soumises à des violences sexuelles (VS). Le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) étant transmis principalement par l’acte sexuel, la fréquence des VS en RDC a contribué à une grave épidémie de VIH. La stigmatisation associée aux personnes vivant avec le VIH rend difficile l’évaluation de la véritable étendue de l’épidémie. C’est une maladie qui peut toucher tous les membres de la société, bien que certains soient plus vulnérables que d’autres, en particulier les femmes et les filles. Un long passé de mauvaise gouvernance et de guerre civile fait que le gouvernement de la RDC ne peut fournir à ses citoyens des services de base comme les soins de santé, plus particulièrement en dehors de la capitale Kinshasa. En conséquence, la pauvreté est extrême et très répandue, les droits de l’homme sont largement bafoués et l’infrastructure, les services judiciaires et les services sanitaires sont limités et peu développés. Les services sanitaires disponibles dans les zones rurales et les villes en dehors de Kinshasa sont en grande partie fournis par des organisations non gouvernementales (ONG), y compris des organisations basées sur la foi (OBF) établies de longue date. En avril 2009, Tearfund et UK Aid (aide du gouvernement britannique), ont conjointement financé le projet « Chemin pour la Vie » (CHEPVIE), un programme quinquennal pour la « Coalition des organisations basées sur la foi promouvant les réponses holistiques au VIH/SIDA et aux questions de genre à l’Est de la RDC ». Ce projet, qui a pris fin en mars 2014, a été mis en œuvre par le biais de six organisations partenaires chrétiennes locales : HEAL Africa 1 , Centre Médical Évangélique (CME), Communauté Évangélique au Centre de l’Afrique (CECA 20), Service Médical Aru/Diocèse Anglican d’Aru (SM/ARU), Programme de Promotion des Soins de Santé Primaires (PPSSP) et Province de l’Église Anglicane du Congo (PEAC). Les objectifs du programme étaient de réduire la prévalence du VIH et des violences sexuelles basées sur le genre (VSBG) et d’atténuer l’impact du SIDA et des VSBG dans la province du Nord-Kivu et dans le district de l’Ituri dans l’Est de la RDC, en couvrant au total 11 zones de santé. Le programme a été axé sur le développement du rôle des leaders religieux et communautés religieuses dans la remise en question et la redéfinition des normes sociales et comportementales concernant le VIH et les VSBG. De plus, leurs capacités de plaidoyer ont été renforcées dans les processus décisionnels locaux et nationaux, et associées aux éléments de promotion sanitaire et de mise en œuvre de services sanitaires. Une évaluation indépendante du projet CHEPVIE a été réalisée par des consultants du Groupe d’Appui aux Projets (GAP) du 3 au 31 mars 2014. Cartographie des interventions de Chemin pour la Vie en Province du Nord-Kivu et la Province Orientale Liste des acronymes et abréviations ARV : antirétroviral BCZS : Bureau Central de la Zone de Santé CDV : Conseil et dépistage volontaire CECA 20 : Communauté Evangélique au Centre de l’Afrique CHEPVIE : Chemin pour la Vie CME : Centre Médical Évangélique GAP : Groupe d’Appui aux Projets HEAL : Health Education Action Leadership (Leadership pour l’action sur l’éducation sanitaire) HGR : Hôpital Général de Référence IPASC : Institut Panafricain de Santé Communautaire OBF : Organisation basée sur la foi ONG : Organisation non gouvernementale PEAC : Province de l’Église Anglicane du Congo PNLS : Programme National de Lutte contre le SIDA PPE : Prophylaxie post-exposition PPSSP : Programme de Promotion des Soins de Santé Primaires PVV : Personne vivant avec le VIH RDC : République Démocratique du Congo SIDA : Syndrome d’Immunodéficience Acquise SM/ARU : Service Médical Aru/Diocèse anglican d’Aru TME : Transmission mère-enfant VIH : Virus de l’Immunodéficience Humaine VS : Violences sexuelles VSBG : Violences sexuelles basées sur le genre Orientale Nord-Kivu

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1. Aru2. Rethy3. Bunia4. Kamango5. Beni6. Kirotshe

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6

RAPPORT DE SYNTHÈSE : RÉPONSES HOLISTIQUES DES ORGANISATIONS BASÉES SUR LA FOI FACE AU VIH ET AUX QUESTIONS DE GENRE À L’EST

DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Introduction

La République Démocratique du Congo (RDC) est en proie à un conflit depuis de nombreuses années. La crise aiguë est liée à des conflits armés localisés à l’Est du pays, à l’insécurité généralisée, à l’intensification des combats et à des tensions intercommunautaires récurrentes au Nord et Sud-Kivu et en Ituri. Plusieurs groupes armés opèrent dans l’Est du pays et la RDC devient rapidement synonyme d’instabilité. Les femmes sont couramment soumises à des violences sexuelles (VS).

Le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) étant transmis principalement par l’acte sexuel, la fréquence des VS en RDC a contribué à une grave épidémie de VIH. La stigmatisation associée aux personnes vivant avec le VIH rend difficile l’évaluation de la véritable étendue de l’épidémie. C’est une maladie qui peut toucher tous les membres de la société, bien que certains soient plus vulnérables que d’autres, en particulier les femmes et les filles.

Un long passé de mauvaise gouvernance et de guerre civile fait que le gouvernement de la RDC ne peut fournir à ses citoyens des services de base comme les soins de santé, plus particulièrement en dehors de la capitale Kinshasa. En conséquence, la pauvreté est extrême et très répandue, les droits de l’homme sont largement bafoués et l’infrastructure, les services judiciaires et les services sanitaires sont limités et peu développés. Les services sanitaires disponibles dans les zones rurales et les villes en dehors de Kinshasa sont en grande partie fournis par des organisations non gouvernementales (ONG), y compris des organisations basées sur la foi (OBF) établies de longue date.

En avril 2009, Tearfund et UK Aid (aide du gouvernement britannique), ont conjointement financé le projet « Chemin pour la Vie » (CHEPVIE), un programme quinquennal pour la « Coalition des organisations basées sur la foi promouvant les réponses holistiques au VIH/SIDA et aux questions de genre à l’Est de la RDC ». Ce projet, qui a pris fin en mars 2014, a été mis en œuvre par le biais de six organisations partenaires chrétiennes locales : HEAL Africa1, Centre Médical Évangélique (CME), Communauté Évangélique au Centre de l’Afrique (CECA 20), Service Médical Aru/Diocèse Anglican d’Aru (SM/ARU), Programme de Promotion des Soins de Santé Primaires (PPSSP) et Province de l’Église Anglicane du Congo (PEAC).

Les objectifs du programme étaient de réduire la prévalence du VIH et des violences sexuelles basées sur le genre (VSBG) et d’atténuer l’impact du SIDA et des VSBG dans la province du Nord-Kivu et dans le district de l’Ituri dans l’Est de la RDC, en couvrant au total 11 zones de santé. Le programme a été axé sur le développement du rôle des leaders religieux et communautés religieuses dans la remise en question et la redéfinition des normes sociales et comportementales concernant le VIH et les VSBG. De plus, leurs capacités de plaidoyer ont été renforcées dans les processus décisionnels locaux et nationaux, et associées aux éléments de promotion sanitaire et de mise en œuvre de services sanitaires.

Une évaluation indépendante du projet CHEPVIE a été réalisée par des consultants du Groupe d’Appui aux Projets (GAP) du 3 au 31 mars 2014.

Cartographie des interventions de Chemin pour la Vie en Province du Nord-Kivu et la Province Orientale

Liste des acronymes et abréviations

ARV : antirétroviralBCZS : Bureau Central de la Zone de Santé CDV : Conseil et dépistage volontaire CECA 20 : Communauté Evangélique au Centre de l’AfriqueCHEPVIE : Chemin pour la VieCME : Centre Médical ÉvangéliqueGAP : Groupe d’Appui aux ProjetsHEAL : Health Education Action Leadership (Leadership pour l’action sur l’éducation sanitaire)HGR : Hôpital Général de RéférenceIPASC : Institut Panafricain de Santé Communautaire OBF : Organisation basée sur la foiONG : Organisation non gouvernementalePEAC : Province de l’Église Anglicane du CongoPNLS : Programme National de Lutte contre le SIDA PPE : Prophylaxie post-expositionPPSSP : Programme de Promotion des Soins de Santé Primaires PVV : Personne vivant avec le VIHRDC : République Démocratique du CongoSIDA : Syndrome d’Immunodéficience Acquise SM/ARU : Service Médical Aru/Diocèse anglican d’AruTME : Transmission mère-enfantVIH : Virus de l’Immunodéficience HumaineVS : Violences sexuellesVSBG : Violences sexuelles basées sur le genre

Orientale

Nord-Kivu

Recherche entreprise par les consultants du GAP

La proposition de projet, le cadre logique et le plan de mise en œuvre sont les trois outils utilisés par l’équipe de consultants. Ces outils leur ont permis d’élaborer un plan de recherche et des guides d’entretien pour structurer les entretiens formels et plus ouverts. Pour terminer, les questionnaires ont été produits afin d’interroger les différentes parties prenantes à la mise en œuvre du projet, les bénéficiaires directs et indirects ainsi que d’autres partenaires indirectement impliqués.

Les consultants ont sélectionné un échantillon aléatoire de personnes qui ont participé à des entretiens semi-structurés dans le cadre de groupes de discussion, dans sept zones de santé sur les 11 couvertes par le projet et dans quatre OBF sur six. Cela signifie que 63,6 pour cent des zones de santé et 66,6 pour cent des OBF ont été couvertes par le projet de recherche. Six groupes de discussion ont été organisés pour HEAL Africa, six pour la CECA 20, quatre pour le SM/ARU et huit pour le CME.

Des entretiens individuels ont été organisés avec les responsables et cadres des OBF, des leaders locaux, le bureau médical du district, le Bureau Central de la Zone de Santé (BCZS), le Programme National de Lutte contre le SIDA (PNLS), l’Institut Panafricain de Santé Communautaire (IPASC), des infirmiers, des membres du personnel du projet et des responsables d’écoles primaires et secondaires.

Les techniques employées pour cette recherche ont permis aux consultants de récolter des informations fiables leur permettant d’étayer la thèse selon laquelle le projet a réellement ciblé et soutenu les personnes vulnérables qui avaient besoin d’assistance. Chaque partenaire a identifié une zone de santé communautaire spécifique pour y intensifier la lutte contre le VIH et les VSBG par la fourniture de services de santé de qualité et l’accès à ces services.

À la fin de l’évaluation, les membres du personnel des deux autres organisations partenaires (PEAC et PPSSP) ont été interrogés afin de connaître leur opinion sur la mise en œuvre du projet dans leur organisation, étant donné que l’équipe d’évaluation n’a pu se rendre dans les sites où ces organisations intervenaient.

Résumé des principales conclusions de l’évaluationLes résultats de l’évaluation ont démontré les efforts déployés par Tearfund et ses partenaires pour renforcer les capacités des leaders religieux et communautaires, et ont fait état des vies qui ont été transformées par la lutte contre le VIH et les VSBG ainsi que par l’action sur les questions de genre et la protection de l’enfant. Voici quelques-unes des principales conclusions de l’évaluation :

Mobilisation des groupes religieux et groupes communautaires locaux

La sensibilisation du public au danger des VSBG, du VIH et du SIDA, entreprise par les partenaires, a touché 120 000 à 150 000 personnes à travers la radio, la télévision, les églises, les assemblées, les rassemblements de masse, les représentations théâtrales, les sketches, les pancartes et les affiches. Ces activités ont donné lieu à un changement d’attitude et de comportement : beaucoup plus de membres de la communauté se font maintenant dépister et la stigmatisation liée au VIH n’empêche plus les gens de divulguer leur statut de séropositivité.

Le projet a déployé des efforts considérables pour garantir que les leaders religieux seraient en mesure de former et d’éduquer les membres de leur Église et communauté locales. Malgré les ressources limitées, 487 leaders religieux et communautaires ont été formés pour agir en tant que défenseurs du changement, à l’aide de techniques de communication visant à changer les comportements.

95 actions de plaidoyer ont été entreprises par les OBF, leaders religieux et communautés dans le domaine du VIH et des droits de la femme, auprès de dirigeants des administrations locales et provinciales. 142 déclarations publiques ont été faites par les leaders religieux lors de rassemblements communautaires, d’événements et de réunions avec les administrations locales, sur la revendication des droits de chacun par rapport au VIH.

Les communautés reconnaissent aujourd’hui les leaders religieux en tant que champions de la réponse au VIH et aux VSBG. En conséquence, environ 80 pour cent des personnes qui ont maintenant été diagnostiquées séropositives ont révélé leur statut à leur leader religieux, qui les a acceptées et accueillies au sein de la communauté locale.

Environ 250 000 personnes du Nord-Kivu et de l’Ituri, sur une population totale estimée à 5,3 millions, ont bénéficié du plaidoyer sur le VIH, les VSBG, les questions de genre et la protection des enfants. Elles ont été influencées par les partenaires du projet, les leaders d’Église (dont des femmes influentes) et les partenaires du gouvernement local.

Les consultants ont constaté que les OBF étaient davantage axées sur le VIH et avaient parfois du mal à mettre au point des activités pratiques pour aborder les questions de genre et de la protection des enfants. Ils ont cependant découvert de bons exemples d’activités organisées par les partenaires : dans la ville de Sake, à l’Est de la RDC, un parlement d’enfants a été établi par les leaders religieux et approuvé par l’administration locale. Grâce au plaidoyer entrepris par ce parlement d’enfants auprès des administrations locales et scolaires, une fille survivante du harcèlement sexuel d’un professeur a été protégée et défendue. Des témoignages personnels recueillis à Sake, Rethy et Bunia indiquent que les filles ont retrouvé le chemin de l’école, grâce au projet.

Meilleur accès aux services sanitaires et sociaux

Selon les statistiques recueillies auprès des centres médicaux dans les sites du projet visités par les consultants du GAP, sur 269 personnes testées séropositives au cours des deux dernières années du projet, 156, soit plus de 60 pour cent, ont été effectivement prises en charge et ont reçu des antirétroviraux (ARV).

Le personnel médical des organisations partenaires et prestataires de services de santé a bénéficié d’une formation qui lui a permis d’améliorer son travail en matière de conseil et dépistage volontaire (CDV) et de prévention de la transmission mère-enfant (TME). Grâce à une bonne collaboration avec les services médicaux de l’État, les ARV sont aujourd’hui disponibles et des soins efficaces sont apportés aux personnes vivant avec le VIH.

La collaboration avec les services médicaux tels que l’Hôpital Général de Référence (HGR) a permis aux personnes diagnostiquées séropositives de bénéficier des ARV. Les prestataires de services de santé et les relais communautaires ont assuré un suivi psychosocial et dirigé des séances de conseil pour les personnes séropositives. Les activités génératrices de revenus ont permis aux personnes vivant avec le VIH d’améliorer leurs moyens d’existence, ce qui a contribué à réduire la pauvreté dans ce groupe de personnes vulnérables.

Des femmes locales membres de Solidarité pour les Femmes Sinistrées – SOFESI accueillent l’équipe d’évaluation du GAP. Marjo Huls/Tearfund.

Données essentielles sur la RDC

Le nombre de personnes vivant avec le VIH s’élève à environ 530 000 et le nombre de décès dus au SIDA est estimé à 36 0002.

Les femmes et les enfants sont tout particulièrement vulnérables : 260 000 femmes et 100 000 enfants sont atteints de cette maladie3.

Plus de 1,8 million de femmes et de filles ont indiqué avoir subi des violences sexuelles au cours de leur vie4 et le nombre de survivants du viol s’élève aujourd’hui à pas moins de 200 000.

Il est remarquable que 20 pour cent de femmes à l’Est de la RDC ont subi des VS. Ce taux en augmentation est le plus élevé chez les jeunes de 15 à 24 ans, les jeunes filles étant les plus vulnérables.

Les violences sexuelles conjugales sont la forme de violence envers les femmes la plus répandue5.

En ce qui concerne les soins et le soutien apportés aux personnes

vulnérables, les organisations partenaires ont rendu disponibles la prophylaxie post-exposition (PPE) et des traitements gratuits pour les survivants de VS dans 15 centres de santé ; le nombre de prestataires de services de CDV est passé de 3 à 10 ; le nombre de centres de santé offrant des services pour les infections sexuellement transmissibles (IST) et des soins palliatifs est passé de 0 à 6 durant le projet. Les services de santé des OBF ont distribué environ 175 183 préservatifs.

Le projet a également amélioré la qualité de vie de certains orphelins et enfants vulnérables, à travers des dons de nourriture du Programme alimentaire mondial et de fournitures scolaires et médicales.

Enfin, pour promouvoir le travail de transformation effectué par les OBF, Tearfund UK a facilité les visites d’une équipe de journalistes dans les sites du projet pour y recueillir des témoignages sur le travail effectué par les OBF et leurs structures de santé dans la lutte contre le VIH et les VSBG. Ces témoignages ont été utilisés pour informer les médias de Grande-Bretagne et mettre en relief l’influence des communautés religieuses pour changer les attitudes et les comportements.7

De plus, Tearfund UK a organisé à Kinshasa des ateliers de plaidoyer qui ont fait intervenir l’archevêque anglican de la RDC, le Révérendissime Henri Isingoma, ainsi que des leaders de l’Église catholique romaine, l’Église orthodoxe, l’Église méthodiste, l’Armée du Salut, et l’Église pentecôtiste. Tearfund est le membre fondateur de We Will Speak Out, une coalition formée de leaders religieux qui dénoncent le viol, s’attaquent à ses causes profondes, soutiennent les survivants du viol et agissent pour mettre fin à l’impunité.8

Témoignages sur la transformation

Suite à la campagne de sensibilisation du projet CHEPVIE, Mme Espérance Katot Kahombo, de la ville de Sake à l’Est de la RDC, est devenue la première femme chef du village de Murambi en succédant à son père. Cette pratique n’aurait jamais été possible auparavant.

Témoignage personnel : Mme Collette Nyandwi de Sake : « Je suis présidente de l’association dénommée ACLST (Association Chrétienne de Lutte contre le VIH/SIDA et la Tuberculose). Nous avons commencé notre association avec seulement 7 membres. Les autres PVV avaient honte d’adhérer par crainte d’être stigmatisées dans la communauté, elles avaient des difficultés à accepter leur état. Mais suite aux formations reçues auprès de HEAL-AFRICA et aux sensibilisations par le centre de santé, nous sommes maintenant au nombre de 72 membres. À notre tour, nous réalisons des sensibilisations avec témoignages, et les gens avec VIH+ viennent adhérer. »

Témoignage personnel : Mme Mike Niso, 40 ans, du territoire d’Aru, dans le district de l’Ituri : « Je suis PVV connue depuis 2012, j’ai fait le test quand j’étais très malade trois ans après la mort de mon mari et j’ai été testée VIH+. Avec cet état j’ai été abandonnée à mon propre sort, par la famille. Je pensais que le mieux c’était de me suicider. La chance est que je ne me suis pas enfermée dans ma décision. J’ai parlé à maman Henriette (Présidente de l’association des PVV), comme je l’avais vue un jour témoigner qu’elle aussi était PVV. Elle m’a amenée vivre chez elle, pendant 6 mois, j’ai eu un encadrement particulier en conseils. Aujourd’hui, j’ai retrouvé la joie de vivre, je prends mon médicament, je fais le petit commerce et je suis chez moi il y a 6 mois et je fais ma vie. Mon conseil pour ceux qui sont dans l’ignorance : ‘prenez courage de faire le dépistage, au cas où vous êtes VIH+, prenez les médicaments, tout ira bien’. À ceux qui ont honte de leur état, sachez que le SIDA est une maladie comme toute autre ».

Témoignage personnel : Mlle Bahati Maombi, 16 ans, élève à Sake : « En novembre 2013, on a organisé une collecte de fonds pour la promotion scolaire ; frais non reconnus officiellement par les parents. Je n’avais pas encore payé, le Directeur des Études est venu recouvrer, tous ceux qui n’avaient pas l’argent étaient fouettés. Arrivé à mon tour, il m’a frappée jusqu’à perdre connaissance, et me retrouver sous perfusion au centre de santé. Le parlement d’enfants ensemble avec les parents ont fait le suivi de cette affaire et je suis rétablie dans mes droits ; le Directeur des Études a été puni et déplacé de notre école ».

Témoignage personnel : Mme Jeannette Adjimnedi de Rethy : « Je suis PVV connue depuis 1997, j’ai fait le test en Ouganda quand j’étais très malade une année après la mort de mon mari, je suis sortie VIH+. Avec cet état j’étais abandonnée à mon propre sort. Mais aujourd’hui avec le soutien moral et financier du projet CHEPVIE, j’ai retrouvé la joie de vivre ; et comme présidente de l’association des PVV, je prends mon exemple pour aider la communauté à se faire dépister, ceux qui sont VIH+, d’accepter leur état et de prendre les médicaments. »

L’archevêque anglican de la RDC, le Révérendissime Henri Isingoma signe un engagement à Kinshasa avec des leaders religieux d’une coalition visant à dénoncer le viol, à s’attaquer à ses causes profondes, à soutenir les survivants du viol et à mettre fin à l’impunité. Prabu Deepan/Tearfund.

Discussion de groupe avec un comité de femmes du Centre Évangélique Kindia à Bunia lors de l’évaluation externe réalisée par le GAP. Marjo Huls/Tearfund.

Élèves de l’école primaire Goipka ayant participé à une formation au VIH, aux questions de genre et à la protection de l’enfant, à Rethy. Pascal Lodza/CECA 20.

Mme Collette Nyandwi

Mme Jeannette Adjimnedi

Mme Mike Niso

Mlle Bahati Maombi

Contact Tearfund : David McAllister, Directeur national, Tearfund RDCEmail : [email protected] graphique : Vernon Kingsley© Tearfund juillet 2014

Pour le rapport d’évaluation complet, visitez : www.tearfund.org/DRCreports

Ce rapport de synthèse est basé sur le rapport d’évaluation finale d’un projet financé par le Civil Society Challenge Fund. Il a été produit par des consultants indépendants, le Groupe d’Appui aux Projets (GAP) en RDC. Il s’agit d’une évaluation du programme de 5 ans mené dans l’Est de la RDC, cofinancé par Tearfund et UK Aid.

www.tearfund.org100 Church Road, Teddington TW11 8QE, Royaume-UniChallenge House, 29 Canal Street, Glasgow G4 0AD, Royaume-UniTŷ Catherine, Capel Cildwrn, Llangefni, Ynys Môn LL77 7NN, Royaume-Uni241 Newtownards Road, Belfast BT4 1AF, [email protected]

Œuvre n° 265464 (Angleterre et pays de Galles) Œuvre n° SC037624 (Écosse). 31253-(1014)

XXXXXXX

RECYCLÉPapier fait à partir de matériaux recyclés

Following Jesus where the need is greatest

Principales recommandations

L’évaluation du projet CHEPVIE a conclu que le projet avait contribué à la mobilisation d’OBF et d’organisations communautaires dans l’Est de la RDC sur les dangers du VIH et des VSBG, et qu’il avait apporté un secours à de nombreuses personnes vulnérables. Cependant, afin de progresser davantage, les consultants du GAP font les recommandations suivantes :

1. Au Gouvernement de la RDC

Investir pleinement dans la lutte contre les VSBG et dans la prise en charge conséquente des survivants.

Ramener le niveau de tolérance à zéro face à toute forme de violence basée sur le genre, en mettant définitivement fin à l’impunité à l’égard des criminels (auteurs et complices).

Inscrire la prévention des VSBG parmi les priorités de la politique nationale de santé.

Mettre fin à l’instabilité sociopolitique, aux conflits à caractère politico-militaire et rétablir l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national.

Promouvoir des études spécifiques sur chaque forme de VSBG (viol, mariage précoce, incitation des mineurs à la débauche, proxénétisme, prostitution forcée, harcèlement sexuel, trafic, exploitation des enfants à des fins sexuelles, grossesses forcées).

Mieux documenter la prévalence du VIH et ses liens avec les cas de violence basée sur le genre.

Mettre en place un système de surveillance des VSBG pouvant servir de baromètre et en appréhender l’ampleur.

Veiller au strict respect et à l’application effective des lois déjà promulguées.

2. Aux partenaires du développement intervenant dans les domaines de la lutte contre le VIH et les VSBG (UK Aid, Tearfund)

Aider les organisations partenaires à former leurs membres aux problèmes des VS, des VSBG et de la protection des enfants.

Aider les organisations partenaires à renforcer leurs capacités en matière de plaidoyer.

Appuyer le gouvernement pour la mise en œuvre d’une politique active en matière de prise en charge continue des PVV et des survivants des VSBG.

Renforcer les capacités des acteurs nationaux (organisations, associations, Églises et prestataires de services de santé au niveau étatique) pour, en particulier, l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies relatives aux questions de genre et à la protection des enfants.

Promouvoir les recherches sur les liens entre les VSBG et le VIH/SIDA afin d’optimiser la prévention (qui est la réponse la plus efficace et la plus économique à l’épidémie du VIH).

Tenir compte des observations et demandes des organisations partenaires et des bénéficiaires.

3. Aux organisations partenaires de lutte contre le VIH/SIDA et les VSBG et aux leaders communautaires

Valoriser et pérenniser les acquis du projet CHEPVIE, par la capitalisation des expériences vécues.

Aborder les questions des VS, des VSBG et de la protection des enfants au même titre que le VIH/SIDA.

Participer activement aux actions de sensibilisation et aux actions d’éducation des masses sur le VIH/SIDA, les VSBG et leurs conséquences.

Entreprendre un plaidoyer auprès des décideurs afin d’accroître l’utilisation des préservatifs, vu leur capacité de double protection pour minimiser d’autres IST et éviter le VIH/SIDA.

Utiliser des approches qui tiennent compte des spécificités culturelles pour pérenniser les changements de comportement par rapport au VIH/SIDA et aux questions de genre.

Offrir aux jeunes (en particulier aux jeunes femmes) une éducation sexuelle claire, soigneusement étayée scientifiquement, établie et fondée sur les valeurs universelles de respect, dans les contextes où l’ignorance et la désinformation peuvent représenter une menace pour la vie. L’éducation sexuelle relève aussi, parmi d’autres, de la responsabilité des autorités et institutions en charge de l’éducation et de la santé.

1 Voir la liste d’acronymes et abréviations pour une traduction en français.2 Estimations du VIH et du SIDA tirées d’UNAIDS : www.unaids.org/en/regionscountries/countries/democraticrepublicofthecongo3 ibid4 Amber Peterman, Tia Palermo et Caryn Bredenkamp (juin 2011), Estimates and Determinants of Sexual Violence Against Women in the Democratic Republic of Congo. American Journal of Public Health, Vol. 101, No. 6, pp. 1060-10675 Cochrane, Kira (2008-05-09). “The victims’ witness”. The Guardian (Londres) consulté le 2009-07-176 Amber Peterman, Tia Palermo et Caryn Bredenkamp (juin 2011). Estimates and Determinants of Sexual Violence Against Women in the Democratic Republic of Congo7 La visite des médias britanniques, l’atelier sur le plaidoyer à Kinshasa et la coalition We Will Speak Out n’ont pas été inclus dans le rapport d’évaluation. 8 ibid