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FelwineSarr
BénédicteSavoy
Rapportsurlarestitutiondupatrimoineculturelafricain.
Versunenouvelleéthiquerelationnelle
Novembre2018
N°2018-26
FelwineSarrBénédicteSavoy
Rapportsurlarestitutiondupatrimoineculturelafricain.Versunenouvelleéthiquerelationnelle
Novembre2018
avecleconcoursde
IsabelleMaréchal
Inspectricegénéraledesaffairesculturelles
MINISTEREDELACULTURE
VincentNégriJuristeetchercheuràl’Institutdessciences
socialesdupolitique
UMR7220(CNRS-ENSParis
Saclay-UniversitéParisNanterre)
«[…]onpillelesNègres,sousprétexted’apprendreauxgensàlesconnaîtreetlesaimer,c’est-à-dire,enfindecompte,àformerd’autresethnographes,qui ironteuxaussiles“aimer”etlespiller.»
Michel Leiris, lettre à sa femme,19 septembre1931 (in :MichelLeiris,Miroirdel’Afrique,éditionétablie,présentéeetannotéeparJeanJamin,Paris,Gallimard,1996,p.204)
« La conservation de la culture a sauvé les peuplesafricainsdestentativesdefaired’euxdespeuplessansâme et sans histoire […] et si [la culture] relie leshommesentreeux,elleimpulseaussileprogrès.Voilàpourquoi l’Afriqueaccorde tantdesoinsetdeprixaurecouvrementdesonpatrimoineculturel,àladéfensedesapersonnalitéetàl’éclosiondenouvellesbranchesdesaculture.»
«Manifeste culturel panafricain »,Souffles, no16-17, 4e trimestre1969,janvier-février1970,p.9-13.
Sommaire
Introduction:iln’yaplusd’impossible 1
0.Lalongueduréedespertes 5Lescaptationspatrimoniales:uncrimecontrelespeuples 5Butinsdeguerreetlégalitédesprises 7Nésd’uneèredeviolence 9Affairedefamille 11Prudencepolitiqueetinquiétudedesmusées 131960,annéezéro 14Unesilongueattente 15Missionimpossible 16Desopinionspubliquesmobilisées 18
1.Restituer 23Leverlesambiguïtés 24Cequerestituerveutdire 25Translocations,transformations 25Mémoireetamnésiedespertes 26Resocialiserlesobjetsdupatrimoine 27Delavieetdel’espritdesobjets 28Travaillerl’histoire,reconstruirelamémoire 30Circulationdesobjetsetplasticitédescatégories 31Unenouvelleéthiquerelationnelle 32Delacompensationetdelaréparation 33Laquestiondesarchives 35
2.Restitutionsetcollections 37Letempsdesretours 37Présenceafricaine 38QuelleAfriquepourquellesrestitutions? 39Surquellehistoireveut-onrevenir? 40Lesformeshistoriquesdesspoliations 42Butins 43Missionsd’«exploration»et«raids»scientifiques 46Donsdeparticuliers 50Aprèslesindépendances 51
Critèresderestituabilité 53Chronogrammepourunprogrammederestitutions 54Premièreétape(novembre2018-novembre2019) 54Deuxièmeétape(printemps2019-novembre2022) 57Troisièmeétape(novembre2022-…) 59
3.Accompagnerlesretours 61Aspectsjuridiques 61Commentsortirdel’impasseactuelle? 62Transactionsaveclesrèglesdeladomanialitépublique 62
Résonancesavecladémarchederestitutiondupatrimoineafricain 64Ledispositifjuridiqueenvisagé 66a.Lesélémentsdecontextequiontguidéleschoixdelaproposition 66b.Laprocédurederestitutionrequiertunemodificationducodedupatrimoine 67c.L’accorddecoopération 68
Lefinancementdesactionsderestitution 69Àquirendre? 70Garantirlapérennitédesrestitutionsetrenforcerlaluttecontreletraficillicite 71Appropriationpopulaire 73
Conclusion 75
Annexes 79Méthode 79Consultationgénérale 80«Criticalfriends» 80Musées 81Acteurspolitiques 86Marchédel’art 90
Inventaires 90Ateliers 91L’atelierdeDakar 92L’atelierjuridique 93
Documents 95Document1.Lettresdemission 95Document2.Ledispositifjuridique 99Document3.Programmedel’atelierjuridique 119
Figures 125
InventairesdumuséeduquaiBranly-JacquesChirac 185
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Introduction:iln’yaplusd’impossible
Le 28 novembre 2017, dans l’amphithéâtre bondé de l’université Ouaga 1 ProfesseurJoseph Ki-Zerbo à Ouagadougou, sous l’œil du président Roch Kaboré et de plusieurscentainesd’étudiantesetd’étudiantsburkinabés,leprésidentdelaRépubliquefrançaisea rompu verbalement avec plusieurs décennies de pratiques et de discours officielsfrançais en matière de patrimoines et de musées : « Je veux que d’ici cinq ans lesconditionssoientréuniespourdesrestitutionstemporairesoudéfinitivesdupatrimoineafricainenAfrique.»1Applaudissementsetsifflets.SurTwitter,l’Élyséeenfonçaitleclouen temps réel, filant la métaphore ancienne et convenue du musée comme espacecarcéral:«Lepatrimoineafricainnepeutpasêtreprisonnierdemuséeseuropéens.»
D’autantplusinattenduequ’elleavaitétéprécédée,unanplustôt,d’unrefuscatégoriquedelaFrancederestituerauBéninlamoindrepiècedesonpatrimoineenvertuduprinciped’inaliénabilitédescollectionspubliques françaises,cetteannonces’inscrivait fin2017dans une démarche plus générale de libération de la parole mémorielle : battantcampagne à Alger, Emmanuel Macron avait déjà qualifié quelques mois plus tôt lacolonisationde « crime contre l’humanité » : « La colonisation fait partie de l’histoirefrançaise.C’estuncrime,c’estuncrimecontrel’humanité,c’estunevraiebarbarie.Etçafaitpartiedecepasséquenousdevonsregarderen face,enprésentantnosexcusesàl’égarddecellesetceuxenverslesquelsnousavonscommiscesgestes.»JamaisenFranceonn’avaitsiexplicitementnommélachoseparsonnom.
AilleursenEurope,ilafallucentanspourquelaRépubliquefédéraled’Allemagneaccepteen2004deprésenterquelquesexcusesauxHerero,peupleduSud-Ouestafricain(actuelle1Discoursduprésidentde laRépubliqueEmmanuelMacron,à l’universitéOuagaIPofesseur JosephKi-Zerbo,àOuagadougou,publiéle29novembre2017surlesiteinternetdel’Élysée.
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Namibie)victimesd’ungénocideparempoisonnement,déportations, travaux forcésetmises àmort pour avoir résisté à la loi coloniale allemande en1904. En2008, l’Italiemettaitfinàquaranteansd’âpresrelationsaveclaLibyeens’excusantpourles«blessuresprofondes»infligéesàcetteanciennecolonieitalienneentre1911et1943.LeRoyaume-Uni a attendu soixante ans pour s’excuser en 2013, au terme d’une longue bataillejuridique,delarépressionsanglanteetdestorturesinfligéesauxMau-MauduKenyadansles années1950.Maisonest loinpourtantd’avoir soldé enEurope lepassé colonial :malgréquelquesavancées,laBelgiquepeinetoujoursàreconnaîtrelesmillionsdemortscausés par son exploitation du Congo entre 1885 et 1908 ; en France, les formulespercutantesd’EmmanuelMacronarriventaprèsdesdécenniesdedénioud’affirmationshasardeusessur lesbienfaitsde lacolonisation.Lapriseencharge(historiographique,psychologique,politique)decepasséquinepassepasestpour l’Europe l’undesdéfiscollectifsmajeursduXXIesiècle2.
Leseffetsetlesséquellesdecettehistoiresensiblesontnombreux.Ilssemanifestentsousdes formes multiples et à l’échelle mondiale : iniquités économiques, instabilitéspolitiques, tragédies humanitaires. Dans ce contexte, parler d’œuvres d’art et derestitutionsdupatrimoineafricainenAfrique,c’estouvrirunchapitre,unseul,dansunehistoire plus vaste et certainement plus difficile. Derrière le masque de la beauté, laquestion des restitutions invite en effet à mettre le doigt au cœur d’un systèmed’appropriationetd’aliénation, lesystèmecolonial,dontcertainsmuséeseuropéens,àleur corps défendant, sont aujourd’hui les archives publiques. Penser les restitutionsimpliquepourtantbiendavantagequ’uneseuleexplorationdupassé:ils’agitavanttoutdebâtirdesponts versdes relations futuresplus équitables.Guidépar ledialogue, lapolyphonie et l’échange, le geste de la restitution ne saurait en outre être considérécommeunactedangereuxd’assignationidentitaireoudecloisonnementterritorialdesbiensculturels.Ilinvitetoutaucontraireàouvrirlasignificationdesobjets,etàoffrirà«l’universel»auquelilssontsisouventassociésenEuropelapossibilitéd’êtreéprouvéailleurs3.
Lerapportquisuitconcernelaseulepartiesubsahariennedel’Afrique.Ilmetenévidencela spécificitéducasafricainetproposedes solutionsadaptéesà ce casprécis4. Il tientcomptedel’histoireetdesresponsabilitésparticulièresdelaFrancedanscetterégiondumonde(tutelleetexploitationcoloniale,décolonisationsratées,politiquespatrimoniales
2VoirCatherineCoquery-Vidrovitch,L’Afriquenoire,de1800ànousjours,avecHenriMoniot,Paris,PUF,2005[1974].3Surladistinctionentre«universel»et«universalisme»,voirSouleymaneBachirDiagneetJean-LoupAmselle,Enquêted’Afrique(s),Paris,AlbinMichel,2018.4Surleterritoireafricain,lecasdel’Algérie(quiafaitl’objetd’intensivesnégociationsdèslesannées1960etdonnélieuàd’importantsmouvementsderestitutionoudedépôtsàlongtermeaprèsl’indépendance)etlecasdel’Égypte(quis’inscritdansunelogiqued’exploitationmultilatéraledesrichessesdupaysparplusieurs États occidentaux), bien que présents dans les collections publiques françaises, relèvent decontextes d’appropriation et impliquent des législations très différentes du cas de l’Afrique au sud duSahara.Cescasdevrontfairel’objetd’unemissionetd’uneréflexionspécifiques.
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centralisatrices), bien différentes de celles de la Grande-Bretagne, de la Belgique, del’Allemagneoude l’Italie.Et ils’appuiesur leconstat,souvent formulépar lesexperts,selonlequellaquasi-totalitédupatrimoinematérieldespaysd’AfriquesituésausudduSaharasetrouveconservéehorsducontinentafricain5.C’estceconstat,cetabîmeentrelenombred’objetsenEuropeetenAfriquemême,quidéfinitetmesurelaspécificitéducasafricain.Alorsqued’autresrégionsdumondereprésentéesdanslescollectionsdesmusées occidentaux conservent chez elles une part significative de leur patrimoineartistiqueetculturel, l’AfriqueausudduSaharaenestpratiquementdépourvue.Encesens, le projet de restitution engagé par la France s’inscrit dans une triple logique deréparation,derééquilibragedelagéographieculturellemondiale,maisaussietsurtoutdenouveaudépart.
Suruncontinentoù60%delapopulationamoinsde20ans,ilenvad’abordetavanttoutde l’accèsde la jeunesseafricaineàsapropreculture,à lacréativitéetà laspiritualitéd’époquescertesrévoluesmaisdontlaconnaissanceetlareconnaissancenesauraitêtreréservéeauxsociétésoccidentalesouauxdiasporasquiviventenEurope.La jeunessed’Afrique,commelajeunessedeFranceoud’Europe,aun«droitaupatrimoine»,pourreprendrelaformuleconsacréeparleConseildel’EuropelorsdelaConventiondeFaroen2005.Undroitàtouslespatrimoines,faudrait-ilajouter,maisaumoins,etd’abord,etnaturellementauxressourceshéritéesdupassédel’Afrique,conservéessiloindecettejeunesse africaine qu’elle en ignore souvent la richesse et la potentialité, si ce n’estl’existencemême.Tombersouslecharmed’unobjet,êtretouché,frappé,ému,sidéréparunechosevuedansunmusée,admirersesformesousoningéniosité,aimersescouleurs,laprendreenphoto,selaissertransformerparelle:cesexpériences,quisontaussidesformes d’accès la connaissance, ne peuvent être réservées aux seuls héritiers d’unehistoireasymétrique,bénéficiantdesurcroîtduprivilègedelamobilité.
5Voir l’allocutiond’AlainGodonouau«Forumde l'UNESCOsur lamémoireet l'universalité»,5 février2007,dansTémoinsdel'histoire:Recueildetextesetdocumentsrelatifsauretourdesobjetsculturels,Paris,UNESCO,2011,p.63 :«Lasituationdespaysafricains,notammentausudduSahara,et jeneparlepasévidemment icide l’Égypte, est trèsdifférente. Il y aun constatdedéperditionmassive,quantitativeetqualitative. Statistiquement, je pense qu’on peut dire en faisant la somme des inventaires des muséesnationauxafricains,quitournentautourde3ou5000quandc’estdesgrossescollections,que90à95%du patrimoine africain sont à l’extérieur du continent dans les grandsmusées. Une autre partie de cesmusées,dontonneparlepasbeaucoup,maisquidisposentdecollectionsimpressionnantes(nousyavonstravaillé avec l’École du patrimoine africain que j’ai l’honneur de diriger), sont tous des muséesmissionnaires comme la Consolata à Turin, comme le musée national de Lyon ici, qui disposent decollectionsextraordinaireségalementsur l’Afrique.Doncilyaunedéperditionmassiveparrapportauxautressituations.Cen’estpaslecasdel’Égypte.VousallezauCaire,vousavezexposés63000objets,danslesréservespresque300000objets.Cen’estpaslecasdelaGrèce,ilyalesmarbresduParthénon,maisendehorsdeça,lesjeunesGrecssaventquelagrandecultureoccidentale,sijepuisdire,asesracinesdansettientbeaucoupdelaGrèceantique,doncc’estunélémentdefiertéenquelquesorte,decepointdevue.»Voir, plus récemment « Stéphane Martin : “L’Afrique ne peut pas être privée des témoignages de sonpassé”»,entretienavecÉricBiétry-Rivierre,LeFigaro,6décembre2017:«LaproportiondecequiaétéenlevédusolafricainetdisperséenFrancecommedanslerestedumondeestconsidérable.C’estpresquelatotalité.»
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LeprésentrapportaétérédigéentreDakar,BerlinetParisaucoursdel’été2018.Ilestlefruitd’unevasteconsultationd’expertsetd’acteurspolitiquesenFranceetdansquatrepaysd’Afriquefrancophone(Bénin,Sénégal,Mali,Cameroun)6.Nousavonséchangéavecplus de cent cinquante personnes (voir, en annexe, la partie « Méthode »). Cetteconsultationaeu lieuentremarset juillet2018.Elleapermisd’entendresur lesdeuxcontinentsdespersonnalités issuesdemilieuxmultiples :partisansdesrestitutionsetesprits sceptiques ; universitaires et chercheurs ; professionnels des musées,responsables politiques, parlementaires, acteurs du marché de l’art, collectionneurs,juristes, pédagogues, activistes. À Paris, nous avons bénéficié de l’appui constant deséquipesdumuséeduquaiBranly-JacquesChiracetdesonprésidentStéphaneMartin,notammentpourl’établissementd’inventairesparamétrésselonlesbesoinsdelamission,destinésàsaisirprécisémentlaqualité,laquantitéetlaprovenanceexactedescollectionsafricaines. Deux ateliers spéciaux ont permis d’aiguiser la réflexion sur la notion de«restitution»:l’«atelierdeDakar»,quiaréuniunevingtainedepersonnalitésd’Afriqueet d’Europe au musée Théodore-Monod d’art africain le 12 juin 2018 ; et l’« atelierjuridique»,quis’esttenuauCollègedeFranceàParisle26juin2018,plusspécifiquementdédiéàlaquestionducadrelégislatif(document3).
Lerapports’articuleentroispartiesprécédéesd’untourd’horizoninternationalsurl’étatdelaquestion.Lapremièrepartie(«Restituer»)dissipelesambiguïtésliéesàl’utilisationdutermede«restitution»,qu’ellemetenrelationaveclesquestionsplusgénéralesdetravaildemémoireetderéparation.Ladeuxièmepartie(«Restitutionsetcollections»)met en évidence, à l’appui de statistiques précises, l’étroitesse du lien entre tutellecolonialeetformationdescollectionsd’artetdecultureafricainsdanslesmuséespublicsfrançaispourendéduiredesrecommandationsconcrètesenmatièrederestitutions.Latroisièmepartie(«Accompagnerlesretours»)définitlecadrechronologique,juridique,méthodologique et financier dans lequel pourra s’effectuer le retour du patrimoineafricainenAfrique.
6 Comme il était impossible, en quelques mois, de parcourir tous les pays d’Afrique concernés pard’éventuellesrestitutionsetderencontrertousles intéressés,deschoixontéténécessaires.Nousavonsprivilégiél’Afriquefrancophone,plusmassivementreprésentéedanslescollectionsfrançaisesquel’Afriqueanglophone.Nousavonsenoutreprivilégiélespaysoùledébatestengagédepuislongtemps(laRépubliquedu Bénin), où le paysage muséographique est en train d’évoluer radicalement (le Sénégal, avecl’inauguration prévue en décembre 2018 duMusée des civilisations noires au cœur de Dakar), où desexpériences de restitution « temporaires et définitives » ont déjà été menées (Mali) et où des formesalternativesdemiseenvaleurdupatrimoinesontparticulièrementvivaces(Cameroun).
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0.Lalongueduréedespertes
Lescaptationspatrimoniales:uncrimecontrelespeuples
Lapriseetletransfertd’objetsd’art,deculteoudesimpleusageaccompagnentlesprojetsd’empire depuis l’Antiquité. Deux dynamiques se croisent. Appropriation esthétique,intellectuelleetéconomiquedupatrimoined’autrui,quidanslesvillesduvainqueur,sesmaisons, ses cercles savants et sur le marché de l’art acquiert une valeur et une viepropres, déconnectées des origines. Aliénation et déculturation intentionnelle despopulations soumises, dont l’équilibre psychologique est brisé, parfois définitivement,parledépartd’objets-repèrestransmisdegénérationengénération.Ilyadeuxmilleansetdeuxsiècles,l’historiengrecPolybeposaitlesfondementsd’unethéoriepolitiquedescaptationspatrimoniales.Lui-mêmeotagepolitiqueàRomependantplusdequinzeans,ildécritladoublepeinequelevainqueurinfligeauvaincuenleprivantnonseulementdeson patrimoine culturel, mais en l’invitant qui plus est à admirer dans ses villes lespectaclehumiliantdesesdépouillesdépaysées.Detelsspectaclesexcitentlacolèreetlahainedesvictimes,avertitPolybe,quiexhortelesvainqueursdufuturà«nepasfairedescalamitésd’autruil’ornementdeleurpatrie.»7
Autourde1800,lorsquelaFrancerévolutionnaireetimpérialerêvedetransformerParisen«capitaledel’univers»etd’ycentraliserlestrésorsartistiquesconquisparsesarméesdans l’Europe entière, le juriste et philosophe allemand Carl Heinrich Heydenreichdénonceun«crimecontrel’humanité»(VerbrechengegendieMenschheit).Ildéconstruitlarhétoriqueduvainqueurqui,faisantmined’êtreguidépar«lesmœurslesplusdouces»
7HistoiredePolybe,trad.fr.DomVincentThuillier,Amsterdam,Châtelain,1753,t.6,p.73.
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ens’intéressantàlacultureduvaincu,transformeenfaitsavictimeen«chose»(Ding),laprivedesnourrituresspirituellesquifondentsonhumanitéetluiadressepourainsidirece«verdictbarbare»:«Qu’iltesoitplusdifficile,àl’avenir,det’instruireetdetecultiver ! Que l’on arrache au génie et au goût de tes plus nobles fils lesmodèles quipourraientlesconduireàl’immortalité,quelesbelleschosesdel’art,quidiffusententrelesnationsdessentimentsaimablesethumainssoientsoustraitesdevosregardsàtoutjamais ! »8L’extractionet laprivationdebiensculturelsn’engagentpasseulement lesgénérationsquilespratiquentetlessubissent.Elless’inscriventdanslalongueduréedessociétés,conditionnentl’épanouissementdesunesetl’étiolementdesautres.Entempsdeguerre, de conquêtes ou d’occupation elles sont – comme le viol, la prise d’otages,l’emprisonnement ou la déportation d’intellectuels – des instruments dedéshumanisationdel’ennemi.
Encesens–c’estcequesuggèrentlesdébatsanciens–lesannexionspatrimoniales,parcequ’elles affectent l’individu et le groupedans ce qui fonde leur humanité (spiritualité,créativité, transmission), relèvent d’une catégorie à part : celle d’actes transgressifs,qu’aucundispositifjuridique,administratif,culturelouéconomiquenesauraitlégitimer.Dansl’undesgrandstextesdédiésàlaquestionduconsentementprésumédesvictimesdespoliationsartistiques,Cicéronbalaiedelamainl’argumentéconomique.Non,écrit-il,l’achatdepiècesconvoitéesparunvainqueurenpaysvaincunesuffitpasàlégitimerl’acted’appropriationetd’extractiondupatrimoined’autrui:«S’ilavaiteulafacultéduchoix,écrit-ilàproposd’unevictimesiciliennedeprédationsromaines, jamaisonn’auraitpul’ameneràvendrecequiétaitdanssonsanctuaireetquiluiavaitétéléguéettransmisparses ancêtres. »9 Et non, considèrent les milieux éclairés en Europe autour de 1800,l’inscription juridiquedecessionsartistiquesdans lesarmisticesou traitésdepaixdesguerres«modernes»nesauraitgarantirauvainqueurlapossessiondebiensculturelsconquisparlesarmes:onpeutbienestimer,danslaFrancede1815,quele«MuséumdeParis […] concédé par des traités, conservé par des capitulations, devait êtrenécessairement la propriété la plus inviolable »10 ; cela n’empêche les souverainseuropéens,encettemêmeannée,d’aborderlaquestiondesrestitutionssousl’anglemoraletnonlégal,éthiqueetnonjuridique:
«Lesalliésdonc,ayantjustementenleurpouvoirlesœuvresd'artdumusée,nepouvaient faire autrement que de restituer à leur pays ce qui, contrairement àl'usage de toute guerre entre peuples civilisés, en avait été arraché pendant lapériodedésastreusedelarévolutionfrançaiseetdelatyranniedeBonaparte.»11
8CarlHeinrichHeydenreich,«DarfderSiegereinemüberwundenenVolkeWerkederLitteraturundKunstentreißen? Eine völkerrechtliche Quästion », Deutsche Monatsschrift, t. 2, août 1798, p. 293 ; trad. fr.BénédicteSavoy,Patrimoineannexé,Paris,ÉditionsdelaMaisondessciencesdel’homme,2003,t.1,p.225.9Cicéron,L’AffaireVerrès,trad.fr.GermaineRoussel,Paris,LesBellesLettres,2015,p.87.10HyppoliteMazierduHeaume,Observationsd’unFrançais,surl’enlèvementdeschefs-d’œuvreduMuséumdeParis,Paris,Pélicier,1815,p.14.11LeducdeWellingtonauVicomteCastlereagh,septembre1815.
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Butinsdeguerreetlégalitédesprises
Dupointdevue juridiquepourtantet jusqu’à l’extrêmefinduXIXesiècle, le«droitderavageretdepillercequiappartientàl’ennemi»etle«droitdes’appropriercequiaétéprissurl’ennemi»,pourreprendrelaterminologiedujuristenéerlandaisHugoGrotius,sont des pratiques de guerre licites et codifiées12. Après le traumatisme et lesinnombrablesdébatspublics causés enEuropepar les « conquêtes artistiques » de laRévolutionetdel’Empire,lesnationseuropéenness’épargnentcertesmutuellement,letempsd’unsiècle, cegenred’outrages.Ellesenexportentenrevanche lapratiqueetyrecourent systématiquement lors des guerres de conquête et d’influence économiquequ’ellesengagentenAsieetenAfriqueàpartirdumilieuduXIXesiècle.
Il faut dire que partout dans lemonde, et l’Afrique ne fait pas exception, les sociétésentretiennent alors un rapport élaboré à leur « patrimoine matériel », transmis degénérationengénérationetconservéselondesmodalitésspécifiques:gardecollectived’objetssacrésoudemanuscritsprécieux(commeàTombouctouoù,depuisleXIVesiècle,se formentd’importantesbibliothèquesque lesvoyageurseuropéens«découvrent»13avec émerveillement au XIXe siècle) ; conservation des trésors dynastiques dans desespaces définis et protégés des palais royaux (comme à Benin City) ; existence danscertainesvillesdebibliothèques «modernes », commecelle forméeaumilieuduXIXesiècle par l’empereur éthiopien Tewodros II (1818–1868) à Magdala ; pratiquesd’évacuationoudemiseàl’abri,entempsdeguerre,desobjetssusceptiblesd’attirerlesconvoitisesdel’ennemi,lestrésorsd’Abomeyparexemplequel’arméefrançaiseretrouvapourpartiedansdescachessouterrainesaprèslaprisedelaville.
Au XIXe siècle, les annexions patrimoniales deviennent donc le corrélat naturel desguerresde conquêteset sontabsorbées, juridiquementetphysiquement,par lesÉtatsconquérants.En1854,SirRobertPhillimore,lepluscélèbrejuristeanglaisdesontemps,considère que « tous les États civilisés » reconnaissent lamaxime selon laquelle « lesacquisitionsdeguerreappartiennentàl’État.»14Cesacquisitions,lorsqu’ils’agitdebiensculturels,trouventdanslescapitaleseuropéennesduXIXesiècleuneplace«naturelle»auseindesgrandsétablissementsnationauxdédiésàl’instructionpublique,muséesetlesbibliothèques en tête, qui connaissent alors un accroissement considérable. Dès cetteépoqueetmalgrélalégalitémilitairedesfaits,deprestigieusesvoixs’élèventenEuropepourcondamnercequelaprétendue«civilisation»infligeàla«barbarie».«J’espère
12HugoGrotius,LeDroitdelaguerreetdelapaix(Dejurebelliacpacis),Paris,Buon,1625,livreIII,chap.5-6 ; voirMarianaMuravyeva, « “Nipillageni viol sansordrepréalable”.Codifier laguerredans l’Europemoderne»,Clio.Femmes,genre,histoire,no39,2014,p.55-81.13 Sur l'histoire ancienne et riche du continent africain, voir François-Xavier Fauvelle (dir.), L'Afriqueancienne.Del’AcacusauZimbabwe.20000avantnotreère–XVIIesiècle,Paris,Belin,2018.14SirRobertPhillimore,CommentariesuponInternationalLaw,Philadelphie(Pa.),Johnson,1854,t.1,p.240.
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qu’un jour viendra où la France, délivrée et nettoyée, renverra ce butin à la Chinespoliée»15écritVictorHugoaprèslaSecondeguerredel’opium.
En Chine en effet (1860), en Corée (1866), en Éthiopie (1868), dans le royaumeAshanti(ouAsante,1874),auCameroun(1884),danslarégiondulacTanganyika,futurCongo belge (1884), dans la région de l’actuel Mali (1890), au Dahomey (1892), auRoyaume du Bénin (1897), dans l’actuelle Guinée (1898), en Indonésie (1906), enTanzanie(1907),lesraidsmilitairesetlesexpéditionsditespunitivesdel’Angleterre,delaBelgique,del’Allemagne,desPays-BasetdelaFrancesontauXIXesièclel’occasiondeprisespatrimonialessansprécédent.Letypeetlaquantitéd’objetsconvoités,laprésenced’experts auprès de certaines armées, l’attention aiguë que plusieurs musées etbibliothèquesd’Europeprêtentàl’avancéelointainedestroupes,ladestinationmuséalesouventpréciseassignéeàcertainsobjetsdèsleurpriseprouventcombiencescaptationspatrimonialess’apparententdavantage,auXIXesiècle,àdessoustractionscibléesqu’àdepillages militaires stricto sensu (visant traditionnellement le numéraire, les armes etdrapeauxennemis).Audébutde l’année1897, ledirecteurdumuséeethnologiquedeBerlin se réjouit d’une « expédition punitive prévue contre les Ngolo (top secret !) àlaquelle doit participer l’un de [s]es élèves » : « On peut s’attendre à des choses trèsbrillantes.M.vonArnimestbieninformédecedontnousavonsbesoinettenteradefairequelquechosedetrèssoigné.Lescoûtsserontprobablementnuls.»16
Sur place, les butins culturels fraîchement saisis font souvent l’objet de premièressélections,detrisetdeventesinternesauxarmées.ArrivésenEurope,lesobjetslesplusspectaculaires sont intégrés directement dans les collections nationales (musée duLouvre, British Museum, British Library, bibliothèque nationale à Paris, muséesethnologiques ou coloniaux spécialement créés à cet effet). D’autres sont vendus auxenchèresetalimententenmasselemarchédel’art,quienassurelacapitalisationetlaredistributionàl’échelleeuropéenne.Lesmuséesdestouteslesnationspuisentàcettesource, y compris ceux que la fortune militaire n’a pas directement servis. Lescollectionneurs privés s’y approvisionnent aussi, dont les acquisitions font souventl’objet,àterme,delegsetdedonsauxmuséesdeleurspaysrespectifs.Certainespièces,enfin,demeurentpendantplusieursgénérationsdanslesfamillesdesmilitairesimpliquésetressortentaufildesgénérationssoitsurlemarché,soitdanslecadrededonationsàdesmuséesoudesbibliothèques.DanslecontextedesguerresduXIXesiècle,lacaptationviolenteet lacapitalisationéconomique(parlebiaisdumarché)etsymbolique(parlebiaisdesmusées)despatrimoinesd’Afriqueetd’Asievontmaindanslamain.
Ilfautdefaitattendre1899pourquela«Conventionconcernantlesloisetcoutumesdelaguerresurterre»,signéeàLaHayeparvingt-quatreÉtatssouverains,rendeilliciteslapratique du pillage et la prise de biens culturels lors de campagnes militaires. Deux
15VictorHugo,ActesetParoles.Pendantl’exil:1852-1870,Paris,Lévy,1875,p.201.16LettredeFelixvonLuschan,ArchivesduMuséeethnologiquedeBerlin,1897.
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articlesde lasection III («De l’autoritémilitairesur le territoirede l’Étatennemi»)yévoquentlaquestion:l’article46,quistipuleque«l’honneuretlesdroitsdelafamille,laviedesindividusetlapropriétéprivée,ainsiquelesconvictionsreligieusesetl’exercicedescultes,doiventêtrerespectés»etque«lapropriétéprivéenepeutêtreconfisquée»;l’article 47 selon lequel « le pillage est formellement interdit. » Lamême convention,renouveléeen1907,préciseensonarticle56que« lesbiensdescommunes,ceuxdesétablissementsconsacrésauxcultes,àlacharitéetàl’instruction,auxartsetauxsciences,même appartenant à l’État, seront traités comme la propriété privée. Toute saisie,destructionoudégradationintentionnelledesemblablesétablissements,demonumentshistoriques,d’œuvresd’artetdescience,estinterditeetdoitêtrepoursuivie.»
Nésd’uneèredeviolence
Àcetteépoqueprécisément,partoutenEuropeetalorsqu’auxguerresdeconquêteontsuccédé en maints lieux des situations d’occupation ou d’administration coloniale,l’anthropologie et l’ethnologie naissantes font valoir l’apport scientifique qu’ellesentendent fournir aux projets coloniaux de leurs gouvernements respectifs. En 1903,l’éminent anthropologuebritanniqueHenry LingRoth, directeur dumuséedeHalifax,écritdansunépaisouvragesurleRoyaumeduBénin(actuelNigeria):«Ilestdetoutepremière importance, sur leplanpolitique,quenosdirigeants aientune connaissanceprécise des races autochtones qui leur sont soumises – et c’est la connaissance quel’anthropologiepeut leurdonner–carcetteconnaissancemontrequellesméthodesdegouvernement et quelles formes de taxation sont les plus adaptées aux tribusparticulières,ouaustadedecivilisationdanslequelnouslestrouvons»17.Desravagesculturels provoqués par l’occupation européenne, qu’il connaît et décrit, Roth tireargument pour légitimer les pratiques de collecte et d’exfiltration patrimoniales, ycomprisentempsdepaix:
«ContrairementauxTasmaniensouauxanciensPéruviens,l’Afriquedel’Ouestnesera jamais effacéede la surfacede laTerre,mais la fréquentationde l’hommeblancmodifiesescroyances,sesidées,sescoutumesetsatechnologie,etilfautenprendrenoteavantdelesdétruire.Ladestructionsepoursuitàunrythmesoutenu,l’unedescausesprincipalesétant l’enseignementeuropéen inadaptédonnéauxracesindigènesengénéral–inadaptéàcelles-cienraisondesgrandesdifférencesphysiquesetmentalesquiexistententrel’hommeblancetl’hommenoir.»18
17HenryLingRoth,GreatBenin.ItsCustoms,ArtandHorrors,Halifax1903.18Id.
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Quelques lignes plus tôt, Roth se félicitait du transfert au BritishMuseum des chefs-d’œuvredebois,d’ivoireetdebronze–datantpourcertainsduXVIesiècle–saisisàBeninCityparl’expéditionbritanniquede1897.
Onpeutmultiplier les exemplesquiprouvent combien la la rechercheactivedebiensculturelsetleurtransfertdanslescapitaleseuropéennesontbienétéaucœur–etnonàlamarge–del’entreprisecoloniale.En1904,ledirecteurduMuséeethnographiquedeBerlin s’enthousiasme de ce que « le département colonial du ministère des AffairesétrangèresduReich,lamarine,lesgouverneursdesprotectoratsetungrandnombredemédecins,defonctionnairesetd’officiers[soient]imprégnésdel’importancescientifiqueetpratiquedel’ethnologieetapportentunsoutienofficieletappuyéauxefforts[dumuséedeBerlin].»19EnBelgique,lemuséecolonialdeTervureninauguréen1910,quiaccordeune place prépondérante à la section d’« économie politique », bénéficie d’un affluxconsidérable d’objets pris au Congo par des missions scientifiques, des expéditionsmilitaires, lors de déplacement d’agents territoriaux ou dans le cadre d’activitésévangélisatrices.
PartoutenEuropes’ajoutentàcesétablissementsd’Étatlesmuséesditsmissionnaires,oùsontrassemblésetexposésdemultiplesobjetsrituels(fétiches,masques,tombeauxentiers)soustraitspardesprêtrescatholiquesetprotestantsauxpeuplesd’Afriquevisésparleurseffortsdechristianisation.Lorsqu’ilsnesontpasdétruitssurplace,cestémoinsde l’obscurantismeafricain, ces« idolesaussi grossières […]qu’informes,barbouilléesd’huiledepalmeetdusangdesvictimes»20,pourreprendrelestermesdumissionnairelyonnaisThéodoreChautard,sonttransférésenEuropeetexposésàdesfinsd’édification:pourdonneràvoirlecouragedesmissionnairesetlesdangersauxquelsilss’exposent;pourrappelercombienestimportantelamissioncivilisatricedel’Églisedanslesténèbresafricaines.En1925estprésentéeàRomel’«Esposizionemissionariavaticana»,laplusgrande expositionmissionnaire du siècle, pour laquelle sontmobilisés dans lemondeentierdesdizainesdeprêtreschargésdecollecterauplusvite(parfoisàgrandpeine)despièces spectaculaires. Aujourd’hui encore, dans maintes villes d’Europe, les muséesmissionnaires accueillent un public parfois nombreux. En France, leurs collections nerelèvent pas du domaine public : elles excèdent à ce titre le périmètre imparti à nostravaux.
Audébutdesannées1930, leprojetde loiqui institueenFrance la célèbre«Missionethnographiqueet linguistiqueDakar-Djibouti » insiste sur le rôlepolitique crucialdel’ethnologie,qui«apporteauxméthodesdecolonisationunecontributionindispensableen révélant au législateur, au fonctionnaire, au colon, les usages, croyances, lois ettechniques des populations indigènes, [permettant ainsi] une exploitation plus
19FelixvonLuschan,AnleitungfürethnographischeBeobachtungenundSammlungeninAfrikaundOceanien,Berlin,KöniglichesMuseumfürVölkerkunde,1904.20CitéparLaurickZerbini,«Laconstructiondudiscourspatrimonial : lesmuséesmissionnairesàLyon(1860-1960)»,Outre-Mers.Revued'histoire,2007,356-357,p.127.
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rationnelledesrichessesnaturelles.»21Lemêmeprojetdeloisoulignel’urgencequ’ilyapourlaFrance,dansuncontextederedoutableconcurrenceinternationale,à«récolter»systématiquementdesobjets susceptiblesd’enrichir sesmuséesavantqu’au« contactchaque jour plus intime des Européens et des indigènes » ne disparaissent des pansentiersdelacultureautochtone.Ils’agit,préciseletexte,de«constituerméthodiquementetsurlevifdescollectionsd’unevaleurbiensupérieureauxdépensesengagéesetdontilneseraitpluspossible,d’iciquelquesannées,d’enrichirnosmusées,mêmeendisposantde crédits illimités. » L’exploitation des richesses naturelles et celle des richessesculturellesdespays colonisés (présentéeen termeséconomiques) sont indissociables.Appliquéà la translocationdebiensculturels, levocabulairede la«collecte»etde la«récolte»suggèred’ailleurslaparentédesdeuxopérations.Ellesuggèreaussi,avecunindéniablecynisme,qu’aprèslamoisson,lesobjetsrepousserontcommeleblé.C’estnierleprincipemêmedeculture,qui–enEuropecommeailleurs–segénèreetserégénèreau fil des siècles par la transmission, la reproduction, l’adaptation, l’étude et latransformationdesavoirs,deformesetd’objetsauseindessociétés.Certes,lescultureseuropéennes ont bénéficié de l’apport de ces objets lointains, bientôt intégrés aurépertoireoccidental.Mais leurdépartmassifpuis leur très longueabsenceont laissé,danslespaystouchés,desséquellesaumoinsaussiimportantes,bienqueplusdifficilesàmesurer(parcequ’ellesrelèventjustementdel’absence),quelesfécondationsculturellesspectaculairesqu’ellesontpermisesenEurope(dePicassoauxsurréalistesenpassantparlesexpressionnistesallemands).
En 1975, dans un retour critique sur l’histoire de sa discipline, Claude Lévi-Straussqualifiaitl’anthropologiede«fillenéed’uneèredeviolence.»22DansnoscapitalesduXXIesiècle,lesmuséesethnographiquesoudits«universels»,quiontaccueillilesmoissonscoloniales,ensontlesfilsplusoumoinsassumés.Destructionetcollectionsontlesfacesd’une même médaille. Les grands musées d’Europe sont à la fois les conservatoiresbrillantsde la créativitéhumaineet lesdépositairesd’unedynamiqued’appropriationsouventviolenteetencoretropmalconnue.
Affairedefamille
Parlerderestitutionsen2018,c’estdoncrouvriràlafoisleventredelamachinecolonialeet le dossier de la mémoire doublement effacée des Européens et des Africainsd’aujourd’hui, les uns ignorant pour la plupart comment se sont constitués leursprestigieuxmusées,lesautrespeinantàretrouverlefild’unemémoireinterrompue.Riend’étonnantdanscecontexteàcequelaquestionoccupelesespritsetlapressebienau-
21Pierre-ÉtienneFlandin,GastonDoumergue,MarioRoustan,«MissionethnographiqueetlinguistiqueDakar-Djibouti.Projetdeloi»,JournaldelaSociétédesAfricanistes,1931,t.1,fascicule2,p.300-303.22ClaudeLévi-Strauss,Anthropologiestructuraledeux,Paris,Plon,1973,p.69.
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delà du cadre franco-africain. Du British Museum (69 000 objets d’Afrique) auWeltmuseum de Vienne (37 000), du musée Royal de l’Afrique centrale en Belgique(180000)aufuturHumboldtForumdeBerlin(75000),desmuséesduVaticanàceluiduquaiBranly(70000)enpassantparlesnombreuxmuséesmissionnairesprotestantsetcatholiquesenAllemagne,auxPays-Bas,enFrance,enAutriche,enBelgique,enItalie,enEspagne:l’histoiredescollectionsafricainesestunehistoireeuropéennebienpartagée.Parcomparaison,AlainGodonou,alorsdirecteurdel’ÉcoledupatrimoineafricainàPorto-Novo,auBénin,estimaiten2007qu’«àquelquesraresexceptionsprès,lesinventairesdesmuséesnationauxafricainsnedépassentguère3000objetsdontlamajoritéestdequalité et d’importance relative. »23 Hors de France, l’annonce française de possiblesrestitutions a fait l’objet d’une attention constante et de commentaires médiatiquesnombreux.EnAfriqueethorsd’Afrique,ceuxquidepuislongtempsmilitentpourleretourdans leurs pays d’origine des patrimoines déplacés y voient l’avènement d’une èrenouvelle.«ThepostOuagadougouperiodhasbegun»24écrivaitlejuristeghanéenKwameOpokuendécembre2017.
EnAllemagne,l’initiativefrançaises’inscritdanslecontexted’unvifdébatsurl’amnésiecolonialedontsemblentfrappéslesconcepteursdufuturHumboldtForum,cettecopieduchâteau des rois de Prusse destinée à abriter au centre de Berlin les collectionsethnologiquesde l’ex-Étatprussienàpartirde2019.Dansune lettreouverteàAngelaMerkel, quarante organisations de la diaspora africaine d’Allemagne ont enjoint endécembre2017laChancelièrederéagirà«l’initiativehistorique»duprésidentfrançais–sansréponse.LesautoritésallemandesmisentsurlaProvenienzforschung,larecherchesurlaprovenancedesœuvresconservéesdanslesmusées,dansuncontextefédéraloùl’inventaireetlerécolement,cespilierssacrésdupatrimoine«àlafrançaise»,n’ontpasfait l’objet de politique systématique ces dernières décennies, laissant planer uneincertitude (toute relative) sur l’originedes collectionsethnographiquesallemandes25.Toutrécemment,souslapressiondel’opinionpublique,lesmuséesberlinoisontfiniparconcéder,documentsàl’appui,qu’unepartdeleurscollectionsestlerésultatdepillagesmilitaires. Ailleurs enEurope, les directeurs des plusieurs grandes institutions ont dûaussi quitter leur réserve. Dans une interview accordée au journal LeMonde, GuidoGryseels,directeurdepuisdix-septansdumuséedeTervuren,prèsdeBruxelles,déclaraiten juin 2018 : « L’Afrique est un continent qui a été pillé, vidé.Nous ne pouvons pasignorercesujetetnousdevonstrouverdessolutions.»Enavril2018àLondres,faceaux
23VoirAlainGodonou,«Àproposdel’universalitéetduretourdesbiensculturels»,Réinventerlesmusées.DossiercoordonnéparMalickNdiaye.Africulturesno70,mai-juin-juillet2007,p.114-117,icip.11624KwameOpoku, «Humboldt ForumandSelectiveAmnesia:Research InsteadofRestitutionofAfricanArtefacts»,ModernGhana,21décembre2017(enligne).25 Voir les Guidelines on Dealing with Collections from Colonial Contexts de l’Association des muséesallemands,paruesenmai2018(enallemand),puisenanglais(juillet2018),disponiblesenligne;ainsiquelesréactionsqu’ellesontsuscitées.Voir,parexemple,«EineRäuberbandewillBeweise»,entretiendeJörgHäntzscheletAndreasZielckeavecWolfgangKaleck,SüddeutscheZeitung,11octobre2018.
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revendicationséthiopiennes,ledirecteurduVictoria&AlbertMuseumconsidéraitpoursapartque«lavoielaplusrapide,sil’Éthiopieveutprésentercesobjets,estcelled’unprêtdelonguedurée.Ceseraitlamanièrelaplussimpledegérercettequestion.»26Delààproposerlarestitutiondespatrimoinespillés,ilyaunpasquelaplupartnefranchissentguère.Onpréfèreparlerdecoopérations,decirculationsoudeprêtsàlongterme.
Prudencepolitiqueetinquiétudedesmusées
Ilestvraiqu’aujourd’huiencorepartoutenEurope,etlaFrancenefaitpasexception,lesimplemotde«restitution»susciteunréflexededéfenseetderepli.Ceréflexe,FrançoisMitterrandenafaitladémonstrationpubliqueen1994,lorsquepourremercierHelmutKohldelarestitutionparl’Allemagnede27tableauxfrançaisvolésparlesNazispendantlaguerre,ildéclarait:«Quedeconservateursdansnospays,quederesponsablesdenosgrands musées doivent ce soir éprouver une certaine inquiétude. Et si cela segénéralisait ? Je neme risque pas beaucoup en pensant que cet exemple restera trèsparticulieretquelacontagions’arrêteraassezvite.»Restitutionsetcontagion;prudencepolitique et effroi des musées : nous sommes d’une génération qui n’a connu derestitutionsquedouloureusesouarrachéesdehautelutte.PersonneenFrancen’aoubliélarésistancemenéeen2010parlesconservateursdelaBibliothèquenationaledeFrance,lorsqu’enmargedetractationscommercialesNicolasSarkozys’estengagéàrendreàlaCoréeduSudprèsdetroiscentsmanuscritsprécieuxprovenantd’uneexpéditionpunitivedel’arméefrançaiseen1866.Personnen’oublieenItalieledemi-siècledenégociationsqu’ilaurafallupourquesoitrenduàl’Éthiopiel’obélisqued’Axoum,saisiparlestroupesdeMussolinien1937.Etpersonnen’aimeraitàBerlinqu’onrestitueunjouràlaTanzaniel’immensesquelettefossileduplusgranddinosauredumonde,leBrachiosaurusBrancai,idoledesmuséesdeBerlinrapportéeentre1909et1912deterritoiresalorsplacéssousleprotectoratduReich.
Enfaitetdemanièregénérale,enEurope,seulelarestitutionderesteshumainssembles’êtreprogressivementimposéeauxconsciencesetauxinstitutions:en2002,laFrances’estdotéed’uneloiautorisantlarestitutiondeladépouillemortelledeSaartjieBaartmanà l’Afrique du Sud («Vénus hottentote ») ; lamême année, plusieursmusées françaisrestituaientunevingtainedetêtesmaoriesàlaNouvelleZélande;enoctobre2017,lesmuséesdeDresderendaientàHawaïdesossementspillésdansdes tombesautourde1900 ; tout récemment encore, fin août 2018, les ossements de plusieurs victimes dugénocidedesHereroetdesNamaperpétréentre1904et1908parlapuissancecolonialeallemandeontétérenduspardifférentesinstitutionsallemandesàlaNamibie,ex-coloniegermanique.
26MarkBrown,«LootedEthiopiantreasuresinUKcouldbereturnedonloan»,TheGuardian,3avril2018.
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1960,annéezéro
En Afrique, certains pays ou communautés – Éthiopie et Nigeria en tête – réclamentdepuisprèsd’undemi-siècleleretourd’objetsdisparuspendantlapériodecoloniale.Lesarchivesdesmuséesbelges,allemands,britanniquesetfrançais,cellesdesministèresdesAffaires étrangères et des grands journaux d’Afrique et d’Europe, ainsi que plusieurstémoinsquenousavonsrencontrés,gardentlamémoiredecesréclamations,maisaussietsurtoutdusilenceassourdissantquilesaaccueilliespendantlongtempsetquicontinueparfoisdelesaccueillir.
En1957,lareined’AngleterrerestituaitàAccrauntabouretasantedegrandevaleuràl’occasiondescélébrationsdel’indépendanceduGhana.Depuiscettedate,onattendauGhana le retour d’autres pièces majeures du patrimoine asante, dispersées aprèsl’expéditionpunitivede1874contre laville royaledeKumasi, celuinotammentd’unespectaculaire tête enor conservéeà laWallaceCollection, officiellement réclaméedès1974–envain.En1960,justeaprèssonaccessionàl’indépendance,leZaïredemandaitàla Belgique le transfert à Kinshasa du « musée du Congo belge » (actuel musée deTervuren) obtenant quinze plus tard, après d’usantes négociations, le retour d’unecentainedepièces (sur les180000objetsethnographiquesdeTervuren).En1968, leNigeriasoumettaità l’ICOM(Conseil internationaldesmusées)unprojetderésolutiondemandantauxmuséesoccidentauxdisposantdecollectionsprovenantduRoyaumeduBénin d’offrir quelques pièces significatives aumusée national qu’il venait d’ouvrir àLagos–sansaucuneffet.En1969enfin,lemanifesteculturelpanafricaind’Algerinsistaitsur lanécessitéde«récupérer lesobjetsd’artet lesarchivespilléspar lespuissancescoloniales » et réclamait que soient prises « les mesures nécessaires pour arrêterl’hémorragiedesbiensculturelsquiquittentlecontinentafricain.»
Ducôtéeuropéenetmalgrécesrevendications,onévitedanslesannées1960d’aborderle sujet en face.Aucunenégociationd’enverguren’est engagée sur la questionpar lesanciennes puissances coloniales. Aucune réflexion structurée dédiée au rôle quepourraient jouer le patrimoine et les musées dans l’émancipation des pays d’Afriqueanciennementcolonisés.EnFrance,alorsqu’aprèslesindépendancesl’Étatsemobiliseàtouslesniveauxpourassurersaprésenceéconomique,militaire,industrielle,monétaireetmêmescolairesurlecontinentafricain,laquestiondesmilliersd’œuvrestransféréesdescoloniesdanslesmuséesfrançaisnesembleguèreseposer.
Maisenréalitéellesepose–etdemanièreplus intensiveetprécoceque ladiscrétionvolontairedesautoritésnelelaissepenser.Trèstôteneffet,alorsquelesjeunesÉtatsafricainssontencoreà la liessedes indépendances, l’administration françaises’efforcepardifférentsbiaisdesoustraireàdepotentiellesrevendicationslescollectionsforméesdans les colonies etd’enassurer à long terme lapleinepropriété et la jouissanceà laFrance. Dès 1960, les collections africaines et océaniennes de l’ancien « musée des
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Colonies»dupalaisdelaPorteDorée,jusqu’alorssoustutelleduministèredesColonies(«de l’Outre-mer»depuis1946)et conservéesaujourd’huiaumuséeduquaiBranly-Jacques Chirac, voient leur tutelle administrativement transférée à la direction desmuséesdeFranceduministèredelaCulture,manièredeles«absorber»symboliquementune seconde fois (la première ayant été celle de leur translocation) et d’affirmer leurinaliénable appartenanceaupatrimoinenational français.À lamêmeépoque,dansuncontexte certes différent, l’Algérie n’échappe pas à ce phénomène de raidissementpatrimonialfrançais:aulendemaindesaccordsd’Évian(1962)etquelquesmoisavantl’indépendancedupays,laFranceordonneletransfertàParisdetroiscentstableauxdumuséedesBeaux-Artsd’Algerquineserontrestituésàl’Algériequeseptansplustardautermederudesnégociations.Enfin,dansunelogiquetoujourssemblable,denombreuxobjetsprêtéspardesmuséesafricainsauxmuséesfrançaisentrelesannées1930etlesannées 1960 ne seront jamais rendus à leurs institutions d’origine après lesindépendances, comme en témoigne le cas de l’Institut fondamental d’Afrique noire(IFAN)àDakar,quiattendaittoujours,début2018,leretourdepiècesprêtéesen1937,1957et1967.
Unesilongueattente
Àlafindesannées1970,faceàl’inflexibilitédesanciennespuissancescolonialesetsousla pression de ses États membres, l’UNESCO décidait de prendre à bras-le-corps laquestiondesrestitutions.Le7juin1978,dansl’undesplusbeauxtextesqueleXXesièclea produits sur le sujet, Amadou-Mahtar M’Bow, alors directeur général de l’UNESCO,plaidaitenfaveurd’unrééquilibragedupatrimoinemondialentreleNordetleSud.Sonappel«Pourleretouràceuxquil’ontcrééd’unpatrimoineculturelirremplaçable»mérited’être lu et relu, tant il pose avec justesse et gravité laquestionqui continuedenousoccuperaujourd’hui–commesirienn’avaitétéditetpensédepuisquaranteans:
« Les peuples victimes de ce pillage parfois séculaire n’ont pas seulement étédépouillésdechefs-d’œuvreirremplaçables;ilsontétédépossédésd’unemémoirequilesauraitsansdouteaidésàmieuxseconnaîtreeux-mêmes,certainementàsefaire mieux comprendre des autres. […] [Ces peuples] savent, certes que ladestination de l’art est universelle ; ils sont conscients que cet art qui dit leurhistoire,leurvérité,neladitpasqu’àeux,nipoureuxseulement.Ilsseréjouissentqued’autreshommesetd’autresfemmes,ailleurs,puissentétudieretadmirerletravaildeleursancêtres.Etilsvoientbienquecertainesœuvrespartagentdepuistroplongtempsettropintimementl’histoiredeleurterred’empruntpourqu’onpuissenierlessymbolesquilesyattachentetcoupertouteslesracinesqu’ellesyontprises.Aussibienceshommesetcesfemmesdémunisdemandent-ilsqueleursoientrestituésaumoinslestrésorsd’artlesplusreprésentatifsdeleurculture,
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ceux auxquels ils attachent le plus d’importance, ceux dont l’absence leur estpsychologiquementleplusintolérable.Cetterevendicationestlégitime.»27
À la fin des années 1970, l’appel et les efforts deM’Bow ont touché les esprits et lesopinionspubliques,enFrancecommeailleurs.Desrestitutionssemblaientproches.Aujournaltéléviséde20heures,leprésentateurvedettedeTF1,RogerGicquel,expliquaitaux Français que « si l’on veut préserver les identités culturelles, il faut préserver cepatrimoineartistiqueetdoncquelquefoislerestituer»,ilajoutaitmême:«Ilfautbienseplieràcela».Unmouvementparaissaitlancé.L’UNESCOimprimaitentroislanguesun«formulaire-typepourlesdemandesderetourouderestitution»,largementdiffuséàlafindesannées1970,dontonretrouveaujourd’huimaintsexemplaires(vierges)danslesarchives.Enavril1982,toujoursdanscettelogiqued’ouverture,leministèredesRelationsextérieuresfrançaischargeaitPierreQuoniam,alorsinspecteurgénéralàlaDirectiondesmuséesdeFrance,d’unemissionderéflexionsur larestitutiondupatrimoineafricain.Entouré d’universitaires, de fonctionnaires ministériels, de conservateurs de musées,PierreQuoniamformaun«groupedetravailsurl’Afrique»envuededégagerlesmoyensd’action,lesmodalités,lesobjectifsduretour,«demanièreconcrèteetrapide».Remisesen juillet 1982, ses conclusions qualifiaient la restitution d’« acte d’équité et desolidarité».Dansuneinterviewilprécisait:«Uneffortd’intelligenceestàfaire.Leretourdesbiensculturels,desœuvresd’artetdesdocumentsd’histoirepermettraàcespeuplesderessaisirleursresponsabilités.Ilfautaidercespeuplesàretrouverleurpasséetleurconfiance»28.ÀlamêmeépoqueenAllemagnedel’Ouestlasecrétaired’ÉtatchargéedesaffairesétrangèresdanslegouvernementdeHelmutSchmidt,HildegardHamm-Brücher,plaidait-elleaussipourunegestion«généreuse»delaquestiondesrestitutions.
Missionimpossible
Leurcondescendanceverbalemiseàpart(cespeuplesqu’ilfautaider),lesconclusionsdela«missionQuoniam»nesontpastrèséloignéesdesconvictionsquianimentaujourd’huiles auteursduprésent rapport.Mais si, une génération aprèsQuoniam, nous sommeschargésd’unemissionsimilaireàlasienne–missiondontl’administrationfrançaisen’adurestegardéaucunemémoireetdontilafalluexhumerlatracedanslesarchives–c’estqu’en France et malgré cette ouverture passée rien n’a bougé en quarante ans. Aucontraire.Lesgouvernementssuccessifscontinuentd’opposerdesfinsdenon-recevoirauxdemandesderestitution,aumotifquelesœuvresréclaméessont intégréesdepuislongtempsaupatrimoinemobilierdel’Étatetqu’àcetitreellessontinaliénables.
27DiscourstenuàParis le7 juin1978,accessiblesur lesite internetde l’UNESCO.VoirAmadou-MahtarM'Bow,«Pourleretour,àceuxquil’ontcréé,d’unpatrimoineculturelirremplaçable»,Museum,vol.31,no1,1979,p.58.28CitéparA.S.,«Restituerlepassédel’Afrique»,Agecopliaison,n°62,1981,p.13.
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Àcetégard,l’exemplerécentduBéninestsignificatif:dansunelettreofficielledu26août2016,leministrebéninoisdesAffairesétrangèresetdelaCoopérationbéninois,AurélienAgbenonci, demandait la restitution des statues zoomorphes et des insignes royauxemportésparlecolonelfrançaisAlfredAmédéeDoddslorsdusacdespalaisd’Abomeyen1892etoffertsparcedernierauMuséed’ethnographieduTrocadéro,dontlescollectionsontintégrélemuséeduquaiBranly-JacquesChiracàParis.Lecourrierprécisaitquecespiècesontpourlanationbéninoiseunedoublevaleurhistoriqueetspirituelle;qu’ils’agitde biens irremplaçables, témoins d’un temps et d’une royauté révolus, certes, maissupportsvivantsdelamémoirecollectiveduBénin.Laréponses’estfaitattendrequatremois. Le 12 décembre 2016, le gouvernement français finissait par expliquer que laFranceelleaussiestattachéeàlacirculationetàlaprotectiondupatrimoine;qu’elleaconsciencedel’importancehistoriqueetculturelledecespiècespourleBénin;qu’ellearatifié en 1997 la convention de l’UNESCOde 1970 sur l’exportation illicite des biensculturels;maisquecetteconventionn’ayantpasdeportéerétroactiveetconformémentàlalégislationenvigueur,lestrésorsd’Abomeysontsoumisauprinciped’inaliénabilité.En2016,laFranceadmettaitdonclalégitimitédelademande,maisluiopposaitunpointdedroitpatrimonialfrançais.Missionimpossible.
Undemi-siècleaprèsl’accessiondespaysd’Afriqueàleurindépendance,laquestiondesrestitutionspatrimonialessemblaitalorsenliséedansunedoubletemporalité:celledel’attenteoudelarésignationdesuns;celledel’aplombqueconfèreauxautres,aprèsdelonguesdécennies,lesentimentdepropriété,delégitimitéscientifiqueetdebonsservicesrendusaupatrimoinede l’humanité.Cesdeuxtemporalitésserejoignentenunpoint :elles semblent avoir produit chez les uns et les autres une certaine ankyloseinstitutionnelle.Parminosinterlocuteurs,surtoutenFrance,ilestarrivésouventqu’onqualifie nos travaux de «mission impossible ». En avril 2018, OswaldHoméky, jeuneministreduTourisme,delaCultureetdesSportsauBénin,nousconfiaitpoursapartàCotonouquesilaFrance,unjour,restituaitvraimentàl’Afriquesonpatrimoineculturel,ceserait«commelachutedumurdeBerlinoularéunificationdesdeuxCorées».
Peut-on, dès lors, envisager des restitutions heureuses et consenties, motivées par ledoubleintérêtdespeuplesetdesobjets?Peut-onpenserdesrestitutionsdontl’enjeuneserait ni purement stratégique, ni simplement politique ou économique,mais aussi etvraiment culturel au sens premier du verbe colere, qui est « habiter », « cultiver »,«honorer»?L’annoncefaiteàOuagadougoulelaissepenser.Elletirepeut-êtresaforced’unchangementdegénération.Ellesuggèrequ’unnouvelavenirestpossible.Ellepostulelaspécificitéducasafricain.Etcontretouteattenteellen’apassuscitéenFrancelalevéedeboucliersinstitutionnelsàlaquellenousonthabituéslesdiscussionsdecesdernièresannées.Aucontraire.Invitéparplusieursmédiasàréagirauxdéclarationsd’EmmanuelMacron,leprésidentdumuséeduquaiBranly-JacquesChirac,StéphaneMartin,s’estpluàabonderensonsens,soulignantqu’onne«peutavoiruncontinentprivéàcepointdestémoignagesdesonpasséetdesongénieplastique»,quelasituation«n’apasvocationà
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durer»et«queledestindecespiècespasseracertainementparleretourd’unepartied’entreelles.»29Réunisàlademandedelamissiondébutjuillet2018,lesconservateursdesprincipauxmuséesdecollectivitésterritorialesetdel’Étatdétenantdescollectionsd’objets africains en France, se sont montrés tout aussi ouverts et intéressés par ladémarchederestitutionetlesperspectivesdecoopérationqu’elleouvre.
Desopinionspubliquesmobilisées
Ilfautdireque,partoutenEurope,lapressionexercéeparl’opinionpubliqueaugmente.Depuisledébutdesannées2010,ledossierdesrestitutionsn’estplusl’affaireprivilégiéedecénaclesrestreints,nienAfriquenienEurope.L’intérêtcroissantquelasociétécivileporteàcesquestionssemesureaunombrederomans,films,documentaires,installationsd’art contemporain, colloques universitaires, tweets et autres chansons de rap,chorégraphies même, qui lui sont consacrés. En France comme en Allemagne et enGrande-Bretagne,maisaussiauCameroun,auBénin,enÉthiopie,auNigeriaouauGhana,desassociationsmilitantesàbutnonlucratifsesontvigoureusementemparéesdusujetcesdernierstemps,exigeantdesréponsesdelaclassepolitique.
EnFrance,c’estleCRAN(Conseilreprésentatifdesassociationsnoires)etsonprésidentd’honneur,Louis-GeorgesTin,quiontmislaquestiondesrestitutionsàl’ordredujourpolitiqueen2013.LacampagneduCranauprèsdesprésidentsfrançaissuccessifs,ainsiqu’auBénin,alargementcontribuéàfaireprogresserledossier.Enrégionparisienne,desassociationstellesqu’AlterNatives.Héritagesculturels&usagessociauxsensibilisentdesjeunesdeParisetdeSeineSaint-Denis,parlebiaisdeconférences,devoyagesetd’ateliertenus dans leurs quartiers, à la question des patrimoines africains dans les muséesd’Europe.
Surlesited’informationenligneModernGhana.com,l’ancienfonctionnairedesNationsunies et citoyenmilitant Kwame Opoku a publié depuis 2008 plus de cent cinquantearticles richement documentés en faveur des restitutions du patrimoine africain àl’Afrique.EnÉthiopie, l’associationAfromet (Association for theReturnof theMagdalaEthiopian Treasures) milite pour le retour des biens culturels saisis par l’arméebritannique à Magdala en 1868. Au Cameroun et dans plusieurs villes d’Europe, lafondationAfricAvenirInternationalcrééeparl’historienKum’aNdumbeIIIs’estengagéedepuis2013dansplusieurscampagnesdesensibilisationàlaquestiondesrestitutions.AuBénin,lafondationZinsouetsaprésidente,Marie-CécileZinsou,mobilisentlajeunessesur le terrain comme sur les réseaux sociaux. Depuis 2013 également, à Berlin,l’associationNoHumboldt21fédèrel’oppositionaufuturmuséeethnologiqueauseinduHumboldt Forum et milite pour la restitution des restes humains et biens culturels
29«StéphaneMartin:“L’Afriquenepeutpasêtreprivéedestémoignagesdesonpassé”»,op.cit.
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d’origine africaine conservés en Allemagne. À l’université de Cambridge, un grouped’étudiantesetd’étudiantss’engagedepuisquelquesannéespourlarestitutiond’œuvresprovenantdupillagedeBeninCitypar l’arméebritannique en1897, conservéespourpartiedanslescollectionsdeleuruniversité.
Àcesinitiativesassociativesetmilitantess’ajoutentpartoutenEuropeetenAfriquelestravauxtoujoursplusnombreuxde(jeunes)universitaires:juristes–commeleWorkingGroup of Young Scholars in Public International Law, qui depuis 2018 anime un blogconsacréaupatrimoinecultureldansunmondepost-colonial («CulturalHeritage inaPost-ColonialWorld»);ethnologues–réunisparexempleautourdePaulBasuauseindugroupe « Museum Affordances: Activating West African Ethnographic Archives andCollectionsthroughExperimentalMuseologyàlaSchoolofOrientalandAfricanStudies»(SOAS)àLondres;historiensdel’art–commeceuxquiontparticipéautourdeFelicityBodensteinetDidierHouénoudé,en juillet2018,à l’universitéd’étédePorto-NovoauBénin sur le thème des processus de patrimonialisation (« Heritage-MakingProcesses»)30 ;ouencoreanthropologuesquis’interrogentsur lavaliditémêmeet lesusagesdelanotiondepatrimoinehorsd’Europe31.Àceux-làs’ajouteaussiunegénérationdejeunesconservateursdemuséestrèsengagés,quienAfriquecommeenEuropeetenFrance,àAngoulême,NantesouLyonparexemple,s’interrogeavectoujoursplusd’acuitésur lamanière de « réinventer lesmusées », pour reprendre le titre du remarquableouvragecollectifdirigéen2007parElHadjiMalickNdiaye,actuelconservateurdumuséeThéodore-MonodàDakar.Àcertainségards, lacréationrécente,par l’Institutnationald’histoire de l’art, d’un programme de recherche sur les « lieux et temps des objetsd’Afrique » et, par le Collège de France, en mars 2016, d’une chaire internationaleconsacréeà l’histoireculturelledespatrimoinesartistiquesenEurope,etdoncaussiàl’histoire des collections issues de la période coloniale, témoigne de la capacité desinstitutionsacadémiquesàs’emparerd’unequestiond’envergureglobale.
Maisau-delàdesmilieuxassociatifsetuniversitaires,c’estsansdoutedanslemondedelacréationcontemporaine–delaculturesavanteàlaculturepopulaire–quelaquestiondescollectionsforméesàl’époquecolonialeetdeleurpossiblerestitutionatrouvécesdernières années l’écho le plus significatif. En 2017, la documenta de Cassel, l’un desgrands rendez-vousmondiaux de l’art contemporain, accordait une place centrale aumotif des restitutions. Sous la plume de Philippe Dagen, LeMonde constatait en août2017 :«LadocumentadeCassel réunit lespillagescoloniauxetnazis.Désormais,desartistess’emparentdecessujetstuspendantdesdécennies,etplacentlepublicfaceàdesfaits,desdatesetdespreuves. »32Enmai2018, sous le titre«Reprendre», leCentrePompidouprésentaitunesériedefilmsd’artistesconsacrésaumêmesujet:TheVisitor
30VoirégalementThomasLaely,MarcMeyer&RaphaelSchwere(éd.),MuseumCooperationbetweenAfricaandEurope.ANewFieldforMuseumStudies,Bielefeld,TranscriptVerlag,2018.31VoirJulienBondaz,FlorenceGraezerBideau,CyrilIsnartetAnaïsLeblon(dir.),LesVocabulaireslocauxdu«patrimoine».Traductions,négociationsettransformations,Berlin,LITVerlag,2014.32LeMonde,17août2017.
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(2007),del’artistesuisseUrielOrlowetFang:AnEpicJourney(2001),delaréalisatriceaméricaine Susan Vogel. Tout récemment, en septembre 2018, l’artiste Kader Attias’interrogeait publiquement, lors d’un colloque organisé par ses soins à Paris, sur lespossibilitésde«décoloniserlacollection».Onpourraitmultiplierlesexemples,dansledomainede la littératureetde ladansenotamment,qu’il s’agissede l’astucieuse fabletisséeparArnoBertinaautourdelaréclamationfictived’unchef-d’œuvrebamilékéaumuséeduquaiBranly(Des lionscommedesdanseuses,2015),duromanoùFatoumataSissiNgommetenscèneuneconservatricedemuséeoriginaired’Afriquedontlavieestbouleverséeparladécouverted’unmasquedansunmuséeparisien(LeSilencedutotem,2018) ou de la performance du danseur et chorégraphe Faustin Linyekula auMetropolitanMuseumofArt deNewYork,Banataba (2017), inspirée d’une statuedel’ethnie des Lengola conservée dans le musée américain. Quant à l’industriecinématographique,elles’estemparéedepuislongtempsdusujet,avecuncertainnombredeblockbustersspectaculaires:ChineseZodiac12(2012)deJackieChan,oùilestquestiondelarepriseàParis,parlehérosdesartsmartiaux,d’objetspillésenChineparlaFranceet l’Angleterre au XIXe siècle ; Invasion 1897 (2014), du réalisateur nigérian LancelotOduwaImasuen,oùunétudiantnigérianvoleauBritishMuseum,àLondres,uneœuvreappartenant à ses ancêtres ; le foudroyantBlack Panther (2018) des Marvel Studios,milliardaireaubox-office,dontlatramesenouedevantlesvitrinesafricainesd’unmuséebritanniquefictif,lorsd’unfascinantdialogueentreunjeuneAfricain-Américainetuneconservatrice de musée… Dans le monde entier, la question des translocationspatrimonialesetdelapropriétéd’objetsmuséalisésenEuropeàl’époquecolonialeestdevenueaujourd’huiunsujetpartagéàtouslesniveauxdusavoiretdelaculture.
Last but not least, c’estmoinsparadoxal qu’il n’yparaît : dans lemilieu européendescollectionneursetdesmarchandsd’art,certainss’engagentdemanièreàlafoisdiscrèteet efficace, depuisquelques années,pourmener àbiendes restitutions «définitives »d’œuvresafricainesàl’Afrique,sansattendrepourcelal’appuidespouvoirspublics.C’estlecasparexempledugaleristeparisienRobertVallois,initiateuretmécèned’unmuséequise trouveauseind’uncentrecultureldeCotonouetoùsontexposésunecentained’objets dynastiques béninois (récades) acquis par ses soins et ceux d’un groupe deconfrères sur lemarché de l’art international. C’est aussi le cas de l’hommed’affairescongolais Sindika Dokolo qui possède une collection d’art africain contemporain etclassique très importante et qui, le 7 juin 2018 à travers sa fondation, a restitué augouvernement angolais sixœuvres dupatrimoine dupeuple Chokwé volées durant laguerre civile angolaise (1975-2002) qu’il a rachetées sur le marché de l’art. C’estégalementlecasducollectionneurnéerlandaisJanBaptistBedaux,quimèneactuellementd’importantesnégociationspouroffrirsonimposantecollectiond’objetsTellemetDogonau musée national du Mali à Bamako (650 pièces) ; et celui du collectionneur JoeMulhollandetdesafamille,àGlasgow,quienvisagentdedonnerunecentainedepiècesprécieuses au même musée. Ou encore celui d’un citoyen britannique, Mark Walker,héritierdebronzessaisisparsongrand-pèreàBeninCitylorsdel’expéditionpunitivede
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1897,quiadécidédelesrestituerdirectementàl’ObaduBéninen2014,accompagnantle geste de ce commentaire : « Il était très touchant d’être accueilli avec tantd’enthousiasmeetdegratitude,pourpasgrandchose.Jerapportaissimplementquelquesobjetsd’artàunendroitoùjesentaisqu’ilsseraientbienprisencharge.»33
33EllenOtzen,«TheManwhoReturnedhisGrandfather’sLootedArt»,BBC.com,25février2015(enligne).
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1.Restituer
«Quandleshommessontmorts, ilsrentrentdansl’histoire. Quand les statues sont mortes, ellesrentrentdansl’art.Cettebotaniquedelamort,c’estcequenousappelonslaCulture.»
Les statuesmeurent aussi (1953), ChrisMarker etAlainResnais
L’unedesquestionsquis’estimposéedèsledébutdelamissionestcelledusensquenousdevionsdonnerauterme«restitution».Lorsdesondiscoursdu28novembre2017àOuagadougou, leprésidentde laRépublique françaiseEmmanuelMacronannonçaitsavolonté d’œuvrer à ce que « d’ici cinq ans, les conditions soient réunies pour desrestitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique. » Dans lepréambulede la lettredemission(Document1)qui fixe lecadreduprésent travail, ilsoulignetoutaussiexplicitementsavolontéde«lanceruneactiondéterminéeenfaveurde lacirculationdesœuvresetdupartagedesconnaissancescollectivesdescontextesdans lesquels cesœuvres ont été créées,mais aussi prises, parfois pillées, sauvées oudétruites.»Cettecirculation,écrit-ilensuite,«pourraprendredifférentesformes,jusqu’àdesmodifications pérennes des inventaires nationaux et des restitutions ». L’objet duproposestclair:ils’agitdeprocéderàdes«restitutions»patrimoniales–d’ailleurs,letermeestmentionnéàtroisreprisesdanslalettre.
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Leverlesambiguïtés
Toutefois, cette lettre de mission, parce qu’elle évoque à la fois des « restitutionstemporaires»etdes«restitutionsdéfinitives»,estporteused’uneambiguïtéqu’ilaparuindispensabledelevertrèsvite.L’expressionde«restitutiontemporaire»fonctionneàpremièrevuecommeunoxymore:ellepeutlaisserpenserquelesobjetsconcernésserontrestituéspouruntempsseulement,c’est-à-direqueleurretourn’aurapasdecaractèredéfinitif.Cetteformulationouvrelaporteàdesquerellesd’interprétation,ainsiquel’ontmontréleséchangesavecquelques-unsdenosinterlocuteurs,persuadésqu’aufondilnes’agitpasd’unprojetde« restitutions»,maisplutôtd’uneseulevolontéde«miseencirculation»accruedesobjetsdupatrimoineafricain.Cettetensioninviteàconsidéreretproposer une lecture analytique des postures variées qui polarisent les débats. L’uned’entre elles revient à estimer que les musées aujourd’hui dépositaires des objetsdevraients’engageravecdavantagedevigueurdansleurmiseenmouvement,etamplifierlenombredepartenariatsetd’échangesaveclecontinentafricain,sesacteursculturelsetses institutions. Un autre discours, très souvent soutenu par les représentants desculturesdépossédées,poseplusfranchementlaquestiond’untransfertdepropriété,dontlaforcesymboliqueestjugéepluspuissante.Leprésentrapportexploreetdéfendlavoieversdesrestitutionspérennes.
Pour les adeptes d’une vision des restitutions comprises comme dynamiques de«circulations»d’objets,cettesubstitutionterminologiqueprésenteplusieursavantages.Ellepermetd’abordd’esquiverlachargemoraleliéeautermederestitution,etdefairel’impassesurlesbiographiescomplexesdespiècesconcernées,toutcommelesconditionsparfois problématiques dans lesquelles elles ont intégré les collections nationalesfrançaises.Ensuite,enfaisantl’économied’uneréflexionsurlaquestiondelapropriétélégitime, elleperpétueune formede surdité envers lesdiscoursdespaysdépossédés,pourlesquelscetaspectsetrouveaucœurdesdébats.Elleévitedeposerlaquestiondesconséquenceslégalesderestitutionsvéritables,cellesliéesautransfertdepropriété–àsavoirlamodificationnécessairedudroitpatrimonialfrançais,quigarantitl’inaliénabilitéet l’insaisissabilitéde cesobjets.Enfin, la circulationn’auraitde sensque si ellene sefaisaitpasentreunpôlequiatoutetunautrequi,encomparaison,n’aquetroisfoisrien.UneAfriqueexsanguedesesobjetsn’estpasensituationd’entrerdansunprocessusdecirculation,sil’onentendcetermedanssonsensplein,celuid’unmouvementdesobjetsdanstouteslesdirectionspossibles.
C’estpourquoi,danslecadredenotremission,nousavonschoisidedonneràl’expression« restitutions temporaires », telle qu’elle apparaît dans la lettre de mission, le senssuivant : solution transitoire, le temps que soient trouvés des dispositifs juridiquespermettant leretourdéfinitifetsansconditiond’objetsdupatrimoinesur lecontinentafricain.
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Cequerestituerveutdire
Littéralement,«restituer»signifierendreunbienàsonpropriétairelégitime.Cetermerappellequel’appropriationetlajouissancedubienquel’onrestituereposentsurunactemoralement répréhensible (vol, pillage, spoliation, ruse, consentement forcé, etc.) quidélégitime la propriété dont on se prévaut et la rend indue, sinon inquiète. Dès lors,restituerviseàré-instituerlepropriétairelégitimedubiendanssondroitd’usageetdejouissance,ainsiquedanstouteslesprérogativesqueconfèrelapropriété(usus,fructuset abusus). L’implicite du geste de restitution est bel et bien la reconnaissance del’illégitimitédelapropriétédontons’estjusque-làprévalu,qu’ellequ’ensoitladurée.Parconséquent, l’actede restitution tentede remettre les chosesà leur justeplace.Parlerouvertementdesrestitutions,c’estparlerdejustice,derééquilibrage,dereconnaissance,derestaurationetderéparation,maissurtout:c’estouvrirlavoieversl’établissementdenouveauxrapportsculturelsreposantsuruneéthiquerelationnellerepensée.
Lesquestionsque soulève la restitution sontdonc loinde se limiteraux seulsaspectsjuridiques relatifs à la propriété légitime. Elles sont également d’ordre politique,symbolique, philosophique et relationnel. Les restitutions engagent une réflexionprofondesurl’histoire,lesmémoiresetlepassécolonial,autantquesurl’histoiredelaformationetdudéveloppementdescollectionsmuséalesoccidentales;maiségalementsur les différentes conceptions du patrimoine, du musée et de leurs modalités deprésentationdesobjets;surlacirculationdeschoseset,enfin,surlanatureetlaqualitédesrelationsentrelespeuplesetlesnations.
Translocations,transformations
Aprèsdesdécennies,voireparfoisdessièclesd’absence,seposenaturellementpourlessociétés concernéespard’éventuels retoursd’objets la question fondamentalede leurréappropriationsymbolique.Est-ilpossiblederé-instituerdespiècesdansleursmilieuxetsociétésd’origine,delesvoirrecouvrerleursusagesetfonctions,aprèsunesilongueabsence ? Si certains dispositifs symboliques demeurent actifs, la plupart de cesenvironnementsontétésujetsàdeprofondesmutations,certainesgéographiessesontdéplacées,etl’histoireacontinuéàarpentersesimprévisibleschemins.
Cequeconstitue l’ensembledesobjetsdéplacésestensommeune«diaspora», selonl’expressionduspécialistedel’artmoderneafricainJohnPeffer34.Unefoisdéplacés,lesobjetssontpasséspardiversprocessusetépreuvesdere-sémantisationssuccessives,etontconnuunesurimpositiondeplusieurscouchesdesignification.LathéoriciennedelacultureLotteArndtnotequ’à laviolence littéralequesont levolou l’embargos’ajoutecelle infligée aux objets eux-mêmes, qui voient souvent leurs « accoutrements »
34JohnPeffer,«Africa’sDiasporasofImages»,ThirdText,vol.19,no4,juillet2005,p.339.
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dépouillés, vernis ou remodelés ; leurs dénominations, identités, significations etfonctions anéanties ou altérées35. Comment, donc, restituer à ces objets le sens et lesfonctions qui ont jadis été les leurs, sans négliger le fait qu’ils ont été capturés, puisremodelésparunepluralitédedispositifssémantiques,symboliquesetépistémologiquesplusieursdécenniesdurant.Danscertainscas,despiècessacréesoudesobjetsdecultesont devenus des œuvres d’art à contempler pour elles-mêmes, des objetsethnographiques,ouencoredesimplesartefactsàvaleurdetémoignagehistorique.Lorsdel’atelierderéflexionréuniàDakar,SimonNjamisoulignaitqueleretourdesobjetsnesignifiaitpasqu’onallaitlesrestituertelsqu’ilsfurent,maislesréinvestird’unefonctionsociale.Ilnes’agitpasduretourdumême,maisdu«mêmedifférent»36.
Ce sont toutes ces interrogations relatives à l’entremêlement, à l’addition et à lasoustractiondevaleursquesoulèvelarestitutiond’unpatrimoinedansunespace-tempsdifférentdeceluioùilaétécapturé.
Pourquoi donc restituer ? S’agit-il, pour les Français, de s’alléger de collectionssymboliquement«encombrantes»etdesolderàmoindresfraisunlourdpassécolonial,des’affranchirdel’exigencedesonintelligibilité?D’userdel’espacesymboliquecommed’unoutildesoftpowervisantà«revaloriser»l’imagedelaFranceauprèsd’unejeunesseafricainedemoinsenmoinsfrancophile?D’envoyerunmessageauxdiasporasafricainesen France ? Ou d’instituer une nouvelle éthique relationnelle entre les peuples encontribuantàleurrendreunemémoireempêchée?D’accompliruntravailnécessairesursaproprehistoireenacceptantunemiseendébatd’unchapitredesonpassécolonialavecledevoirdevéritéquienestlecorollaire?EtpourlesAfricains,quepourraientsignifierdesrestitutions?
Mémoireetamnésiedespertes
La majorité des objets présents dans les musées ethnographiques européens ont étéacquisdanslecadrecolonial.Pourlesnationsafricaines,ilseradanscertainscaspossiblederetrouverlecontextecultureletesthétiquedesœuvresunefoiscelles-cirestituées.Descommunautés ontmaintenu vivant leur rapport aux objets de leur patrimoine par laperpétuation de traditions et de rituels : chefferies dans l’Ouest du Cameroun,communautésreligieusesauBénin,auMali,auSénégal,ouencoreauNigeria.Danscescontextes, certains objets seront susceptibles de retrouver une fonction, mêmeréinventée,danslepaysagecultureldecescommunautés37.
35LotteArndt,«Réflexionssurlerenversementdelachargedelapreuvecommelevierpostcolonial»,bsno12.LejournaldeBétonsalon,2011-2012,p.11-19.36«Cequerestituerveutdire»(panel),atelierdeDakar,12juin2018.37 Lors de l’atelier de Dakar du 12 juin 2018, le prince Kum’a Ndumbe III rappelait que les objets neregagnerontpaslenéant,etquel’Afriquevit.Lesobjetsréintégrerontune«famille»etoffrirontunechance
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Pourd’autres,l’amnésieafaitsonœuvreetl’entreprised’effacementdelamémoireasibienréussiquecertainescommunautésignorentjusqu’àl’existencedecepatrimoineetlaprofondeurdelapertesubie.Celaexpliquelesécartsd’intérêtautourdelaquestiondesrestitutions sur le continent africain, comme nous avons pu le constater lors desentretiens menés sur place. Dans les pays où la perte du patrimoine est liée à desévénementsviolents,douloureuxoutragiques(finduRoyaumed’Abomeyen1892,sacdeBeninCity en1897, bataille deMagdala enÉthiopie en1868, etc.), lamémoire estencore vivace et la question est brûlante. Pour d’autres, elle semble secondaire, lestranslocations s’étant déroulées sans bruit ni fureur par le biais de missionsethnographiques ou de cession d’objets sur le marché de l’art. De toute évidence, laremémoration et le travail sur l’histoire sont aussi importants que les restitutions àproprementparler.
Resocialiserlesobjetsdupatrimoine
Ils’agitdonc,pourlespaysafricains,d’accomplirunedoubletâchedereconstructiondeleurmémoireetderéinventiondesoi,parunere-sémantisationetuneresocialisationdesobjets de leur patrimoine, en reconnectant ceux-ci aux sociétés actuelles et à leurscontemporanéités. C’est à ces communautés qu’il revient de définir leur vision dupatrimoine, les dispositifs épistémologiques et les écologies, nécessairement pluriels,danslesquelsellessouhaitentinsérercesobjets.
Nosséjoursdansplusieurspaysd’Afriquenousontfaitprendrelamesuredesvariétésdedispositifs d’accueil potentiels : de l’institution ultramoderne (comme le Musée descivilisationsnoires,àDakar)àla«casepatrimoniale»(palaisduroideBafoussam,auCameroun);desmuséesdefactureclassiqueetdehautetenue(muséenationalduMali,àBamako)àdesformestraditionnellesdeconservationvitaliséespardesarchitecturesetdesconceptsnovateurs (nouveaumuséedupalaisdesroisBamoun,àFoumban,auCameroun). Sur tout le continent africain, les lieux du patrimoine existent, ils sontnombreuxdanscertainspaysetrelèventdetypologiesvariées(fig.1).
Lesobjets,selonlesfonctionsquileurserontassignéesauretour,pourrontaussitrouverleurplacedansdes centresd’art, desmuséesuniversitaires, des écoles, ou au seindecommunautéspourleursusagesrituels,avecdespossibilitésd’allers-retoursentrecelles-ci et des institutions vouées à la conservation. C’est déjà le cas auMali, où lemuséenationalprêterégulièrementcertainsobjetspourdespratiquesrituellesetlesrécupèreensuiteafinde lespréserver, commeapunous l’expliquer l’actueldirecteurdes lieux,Salia Malé. Notre travail de terrain a ainsi révélé que la distribution des objets dupatrimoinedansl’espacesocialpouvaitseconcevoirselonunevariétédeconfigurations,
exceptionnellede « renaissance »pour le continent. Leur retour formulera la synthèse entre « cequi atoujoursétélà,cequirevientetrevit».
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etquelemodèledumuséecentralisantlesobjetsdupatrimoinenesedégagequecommeuneoptionparmid’autres.Cetéclatementspatialdupatrimoinepermetauxpiècesderemplirunefonctiondifférenteselonchaquelieu(pédagogique,remémorative,créative,spirituelle,médiatrice,etc.).
Les objets du patrimoine peuvent ainsi redéfinir et redessiner des territorialitésdébordant du cadre national. Certains objets ont été produits par des communautésaujourd’huiàchevalsurplusieursfrontièreshéritéesdufaitcolonial.Ici, lepatrimoineaurapourfonctiond’abolirlesfrontièrestracéesparlaconférencedeBerlin(1884-1885)enmobilisantdescommunautésautourdebiensmatérielssymbolisantleurunitéetleuridentité dynamique dans des géographies transfrontalières. La famille omarienne,descendante d’El Hadj Omar Foutiyou Tall, fondateur de l’Empire toucouleur, parexemple,setrouveàlafoisauSénégal,auMali,enMauritanieetenGuinée.Chaqueannée,elleorganiseunrassemblementautourdel’héritagespiritueld’ElHadjOmar,dontunepartie des reliques se trouve conservée auMuséum d’histoire naturelle de la ville duHavre,lesmanuscrits(518pièces)danslefondsArchinarddelaBibliothèquenationaledeFrance,etl’épéeaumuséedel’Armée,àParis.Cettecommunautéréclamedepuis1994aux autorités françaises le retour des reliques du fondateur et la numérisationde sesmanuscrits,envain.
Ils’agitd’uncasparmid’autres,quiinviteàpenserlanotiondepatrimoinesurunmodeouvertetfluide.Auseindessociétésafricaines,lerapportauxchosesetàleurcycledevie,àl’idéemêmedeconservationoudepropriétépartagée,maisaussilesmodalitésdeleurs appropriations par les communautés prennent des formes plurielles. Le retourd’objetsdevraainsiprendreencomptelarichesseetlamultiplicitédecesconceptionspatrimoniales alternatives, en se dégageant du seul cadre de pensée européen. Lesréflexionssurlesrestitutionsexigentaussidedémystifierlesconceptionsoccidentalesdupatrimoineetdelaconservation.
Delavieetdel’espritdesobjets
Laviedesobjetsestsouventpenséesouslaseuledimensiondeleurconservation.Celle-ci suscite une crainte non dissimulée de la part des professionnels des muséesoccidentaux et du grand public. Est ainsi régulièrement pointée l’absence de« compétences » adéquates en cedomainedans lesmusées africains, sansque l’on sedemandecommentcessociétésontconservé lespiècesqu’ellesontproduitespendantdes siècles, sous leurs climats et dans leurs écologies respectives. Si elle est en effetimportante,laquestiondelabonneconservationdesobjetsnesauraitremettreencausele projet de restitution : la situation des musées en Afrique est loin d’être aussidésastreusequ’onlaprésente.Ellevarieconsidérablementd’unpaysàl’autreetleretourdes objets ne manquera pas d’entraîner, là où c’est nécessaire, les aménagementsindispensables.L’histoiredesrestitutionsmontreque,lorsquelesœuvresreviennent,les
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Étatss’organisentpourlesaccueillirconvenablementetmettentenœuvrelespolitiquesinfrastructurelles adéquates, comme en témoigne en Europe la vague de création demuséessuscitéeparlesrestitutionsfrançaisesde1815.
S’ajouteàcettedonnéelaméconnaissancedurapportquecessociétésentretiennentaveclecycledeviedesartefactsqu’ellesontproduits.Dansbeaucoupdesociétésafricaineseneffet,lesstatuesmeurentaussi.Ellesontuneduréedevieetsontprisesdanslecycled’uneéconomierégénérativequise fondesuruneconceptionouvertede lamatérialitéetdel’identité ontologique. Certains objets sont dépositaires d’influx et de champsénergétiquesquienfontdesobjetsanimésetdespuissancesactives,médiatricesentrelesdifférentsordresderéalité.Desmasquessontenterrésauboutdequelquesannéesetrecréésafinqueserenouvellentlesinfluxénergétiquesquileurconfèrentunepuissanceopératoire.Cesobjetssontaussidesréservesd’imaginationetlamanifestationmatériellede savoirs. Des nasses de pêcheurs qui encodent des algorithmes et des fractales auxstatues zoomorphes, enpassantpar les gilets d’amulettes : le travail dedécodagedesconnaissancesqu’ilsrecèlent,maiségalementdecompréhensiondesépistémêsqui lesontproduites, est encore largementà faire. Les sociétés africainesont,dans la longueduréedeleurhistoire,produitdesformesinéditesdemédiationentrel’esprit,lamatièreet le vivant. AchilleMbembe explique qu’elles ont engendré des systèmes ouverts demutualisationdesconnaissancesauseind’écosystèmesparticipatifs,oùlemondeestuneréservedepotentiels38.D’ailleurs,certainsdecesartefactsnesontpasdesimplesobjets,maisbiendessujetsagissants.Etc’estparlebiaisdesrituels,descérémoniesetdecesrapportsderéciprocité,préciseMbembe,qu’unesubjectivitéétaitattribuéeàtoutobjetinanimé.Lesobjetssontdesmédiateursdecorrespondances,demétamorphosesetdepassages dans des écosystèmes caractérisés par la fluidité et la circularité. Dans ununiversréticulaire,ilssontlesopérateursd’uneidentitérelationnelleetplastique,dontlebutestdeparticiperaumondeetnondeledominer.
Souleymane Bachir Diagne, dans Léopold Sédar Senghor. L’art africain commephilosophie39, souligne que la statuaire africaine ne relève pas uniquement d’un artfiguratifouanalogique:elleestlesupportetlevecteurd’undiscoursphilosophiqueetsymboliqueainsiqu’uneexpressiondel’ontologiedelaforcevitale.Toutescesarchives,les savoirs, les univers et les ressources cognitives qu’elles recèlent, restent à êtreexplorés. Les processus de restitution pourront dynamiser les études actuellementmenées, et ouvrir la voie à de nouveaux et ambitieux programmes de recherche(académiquesouartistiques)enAfrique.
38AchilleMbembe,Notessurlesobjetssauvages,àparaître.39 SouleymaneBachirDiagne,Léopold Sédar Senghor. L’art africain commephilosophie, Paris,RiveneuveÉditions,2007.
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Travaillerl’histoire,reconstruirelamémoire
Lesmémoiresde la situation coloniale influent sur laprésenceaumondedespeuplesafricainscontemporains.Cerégimed’historicitécontinueàstructurerlesmanièresd’être,lesrelationsentrenationsanciennementcoloniséesetcolonisatrices,etentrelespeuplesquiensontissus,aussibiensurlecontinentafricainquedanssesdiasporas.Lesétudespostcoloniales, telles qu’elles se sont développées depuis les années 1980, révèlent lacolonialité latente et diffuse dans les rapports multiples (politiques, économiques,épistémologiques,culturels)qu’entretiennentlesnationsdésormaisindépendantesavecleursanciennesmétropoles.Sortirdesreprésentationsetdes impensés liésàcepasséexigeuntravailsurl’histoireetlesimaginairesd’unerelationqui,elle-même,resteàêtredécolonisée.
Danscecadre,ilsembleiciessentielderappelerquel’absencedupatrimoinepeutrendrela mémoire silencieuse, et difficile le travail sur l’histoire de jeunes nations devantaffronter la délicate question de la construction d’une communauté politique et d’unprojet d’avenir. Envisager les futurs possibles nécessite de solder les séquelles de lasituation coloniale. S’il accompagne le retour d’objets emblématiques, le travail demémoirepeutagircommeunopérateurdereconstructiondel’identitédessujetsetdescommunautés.Lorsquelecollectifconsidèrelepassécommeun«problèmeàrésoudre»,surtoutsicelui-cialaissédestraumatismes(violences,guerres,génocides…),untravailde réappropriation et de négociation vis-à-vis de ce passé est nécessaire afin ques’enclenchentunecureetunprocessusderésilience.L’histoireesticiindispensable:elledécoudlatrameduprésentetoffreuneintelligibilitédesdynamiquescontemporaines,en particulier de tout ce qui, en elles, est déterminé par le passé. Elle est, comme lesoulignaitl’historienMarcBloch,une«sciencedeshommesdansletemps»permettantdesepensercommeun«corpssocial»enmouvement.
L’historienneaméricaineLynnHuntindiquepoursapartquelavéritéhistorique,aussiirréfutable et prouvée soit-elle, c’est-à-dire fondée sur des archives, des traces et destémoignages,n’estjamaisàl’abridemenaces40.Cette«vérité»estd’autantplusfragilelorsquelestracescenséesladocumenterfontdéfaut.Comprendrelecontextedanslequelles archives et les objets du patrimoine africain ont été pris, spoliés ou déplacés estnécessaire.Cetravailpermetaussidesortirdurécituniqueetd’assumerunepluralitédeperspectives.
Lesjeunesgénérationsd’Africains,quin’ontpasvéculemomentcolonialmaisquisonthéritièresd’unehistoiretransmiseparfragmentsetd’unemémoireoccultéeparunrécittronqué,demeurentotagesd’unehistoireirrecevable,carnontravailléeparlaparoleetla représentation. Dans un récent travail sur le « trauma colonial », la psychanalysteKarimaLazalisoulignetrèsjustementque«lapartd’Histoirerefuséeparlepolitiquese
40LynnHunt,History:WhyitMatters,Cambridge(Mass.),PolityPress,2018.
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transmet de génération en génération et fabrique des mécanismes psychiques quimaintiennentlesujetdanslahonted’exister»41.Comprendreleseffetsdelacolonialitésur les subjectivités africaines et européennes contemporaines est fondamental.Ni enEuropenienAfrique,laquestioncolonialeetseseffetsneserontévacuéspardesslogansaffirmantqu’ilest tempsdepasseràautrechose,maisparuntravailsur les impensésd’unehistoiredontonhérite, et unemise au clairdes responsabilitésde chacunedesparties.Lespatrimoinesdéplacéssont l’undeces impensés.Lazalisouligneégalementl’importancedutraitement(ausenscliniqueduterme:prendresoinetexaminer)desrésidus sourds de la violence coloniale, notamment l’importance d’un examen dessurvivances qui ne font pas trace. Il s’agit ici d’un travail de reconstruction ou derécupérationdetracesmanquantes,quisontcommeunmembrefantôme,surtoutlorsquel’histoireestprivéed’archives.
Circulationdesobjetsetplasticitédescatégories
Depuis leXIXesiècle, lemuséeestconçuenEuropecommeunlieudeconservationdupatrimoinenationaletuniversel;unespaced’instructionetdeproductiondesavoirs,«unmicrocosme » « dans lequel les objets, systématiquement disposés, doivent pouvoirséduireetconvaincre»,selonlaformuledel’anthropologuePhilippeDescola42.Dèslesorigines, dans une logique d’affirmation nationale, le musée permet aux puissanceseuropéennesdemettreenscèneleuraptitudeàabsorberetàclassifierlemonde.Onyrivalised’inventivitétypologique.Onypenselesarts,lescultures,lesépoques,leschosesdelanature,lesmodesdevieetlesgensensystèmescohérents,susceptiblesd’êtremisensériesetcomparés.
Un problème surgit lorsque le musée n’est pas le lieu de l’affirmation de l’identiténationalemaisqu’ilestconçu,ainsiquelesoulignel’anthropologueBenoîtdeL’Estoile43,commeunmuséedesautres;qu’ilconservedesobjetsprélevésailleurs,s’arrogeledroitdeparlerdesautres(ouaunomdesautres)etprétendénoncerlavéritésureux.GermainViatte, directeur du projet muséologique du musée du quai Branly, précisait que cedernierétaitconsacré«àl’artetauxculturesdescivilisationsnonoccidentales44».Aussi,les musées ethnographiques, requalifiés pour certains d’« universels », où ont étéentreposésdesartefactsvenusd’Afrique,collectésenfonctiond’impératifsdivers,ontétéetdemeurentdeslieuxdeproductiondediscoursetdereprésentationssurlessociétésafricaines.Ortoutpouvoirestd’abordunpouvoirdemiseenrécit,commelesouligne
41KarimaLazali,Le traumacolonial.Une enquête sur les effetspsychiques etpolitiques contemporainsdel’oppressioncolonialeenAlgérie,Paris,EditionsLaDécouverte,2018.42PhilippeDescola,«Passagesdetémoins»,LeDébat,n°147,2007,p.138.43BenoîtdeL’Estoile,LeGoûtdesautres :de l’Expositioncolonialeauxartspremiers,Paris,Flammarion,2007.44.Ibid.,p.12.
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l’historienPatrickBoucheron45.Àtraverslesobjetsetlesrécitsportésparlescollectionsditesethnographiquessesontmisesenplacedesreprésentationscontrôléesdessociétés,souventessentialisées,ainsiqu’unecristallisationdecatégoriesparfoisproduitesparlacolonialitésurlespeuplesetculturesafricaines.Àcertainsdesartefactsontétéappliquésdesrégimesdocumentairesoudesparadigmesscientifiquesaujourd’huisujetsàdébat,sinoncaducs.Àcecis’ajoutelefaitqueladurée,latemporalitéetlesensdelacirculationdecesobjetsont fait l’objetd’uncontrôleexclusifde lapartdes institutionsmuséalesoccidentales,quidécidèrentdequipouvaitavoiraccèsàcesobjetsetpourquelledurée.
Certes,desprêtstemporairesàdesinstitutionsafricainesontétéorganisésdanslecadredecoopérationsinternationales.En2006-2007,àl’occasiondel’exposition«Béhanzin,roid’Abomey»,trenteobjetsdutrésorroyaldeBéhanzinayantintégrélescollectionsdumuséeduquaiBranlyontétéprésentésàlafondationZinsou,àCotonou.L’événement,prolongé en raison de son succès auprès du public béninois, a eu un retentissementimportantsurlecontinent.Unetellecirculationapourtantétécontemporainedurefuspar laFranced’ouvrir ledébatsur la restitutiondesobjetsconcernés.L’appropriationmatérielleetculturelledesobjetsanonseulementpermisuncontrôledeleurmobilité,mais également leur subversion sémantique. Les objets présents dans les collectionsethnographiquesfrançaisesontvuleurssignificationsfixéesdemanièreunilatéraleparceuxquidisposaientdupouvoirdeproduiredesrécitsàleursujet.
Larestitution,parletransfertdelapropriétéqu’ilpermet,romptlemonopoleducontrôledelamobilitédesobjetsparlesmuséesoccidentaux.Ceux-cipourrontcirculerànouveau,maisdansunetemporalité,àunrythmeetdansunsensdécidésparleurspropriétaireslégitimes.Ilspourrontredessinerdesterritorialitéstransfrontalièresquisontcellesdescommunautésdontilssontissus,maiségalements’offriràunecirculationcontinentaleetmondiale. La réappropriation des objets restitués permettra aussi de renverser lescatégories coloniales, de re-fluidifier des géographies rendues fixes et d’inverser lerapporthégémoniqueinstituéparlafixationdesobjetsetlemonopoledudiscourssurcesderniers.Reprendrelaréflexionsurl’histoiredesobjetsestunmoyend’avoiraccèsauxépistémogoniesquilesontétabliesdansununiverspremierdesens;maiségalementdefairecohabiterplusieursrégimesdesavoirssurlesobjetsdecescommunautés.
Unenouvelleéthiquerelationnelle
Les objets, devenus des diasporas, sont les médiateurs d’une relation qui doit êtreréinventée.Leur retourdans leurs communautésd’originenevisepasà substituerunenfermementphysiqueetsémantiqueàunautre,justifiécettefois-ciparl’idéede«justepropriété».Ils’agitbienévidemmentderéactiverunemémoireoccultéeetderestitueraupatrimoinesesfonctionssignifiantes,intégratives,dynamisantesetmédiatricesdanslessociétésafricainescontemporaines.Maisils’agitégalement,enseréappropriantces45PatrickBoucheron,Cequepeut l’histoire, leçon inauguraleauCollègedeFrance (17décembre2015),Paris,Fayard/CollègedeFrance,2016.
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objets,d’enredevenir lesgardienspour lacommunautéhumaine.Cesobjets,bienquesitués,sontl’expressiondugéniehumainetunetraductionmatérielledesacréativité.Lesvisages de l’expérience humaine qu’ils reflètent sont universels. La plupart desconservateurs de musée du continent africain avec lesquels nous avons discutél’envisagentainsietsontprêtsàfairecirculerlespiècesdansunegéographiecontinentaleetmondiale.Ilsenvisagentmêmedesdispositifspourcomblerlevidelaisséparcesobjetsdanslesmuséesoccidentaux,souslaformeparexempledeconfectiondedoubles,dontlacharge auratique serait assurée par des mécanismes de mise en récit usant despossibilitésqu’offrentlesoutilsnumériquesetlesnouvellestechnologies.EnArdèche,laCaverneduPontd’Arcproposeunfac-similédelagrotteChauvetdestinéauxvisiteurs,afindepréserverl’originaltoutenneperdantpaslachargeexpérientielleetémotionnelledelavisited’untelsite.
L’argumentselonlequelrestituerrevientàconsidérerquelesobjetsn’ontdevielégitimeque dans leurs environnements géoculturels d’origine, et que ceci équivaudrait àconsidérer que chaque objet doit rester chez soi, est irrecevable. Cette position faitl’impasse sur la longue et riche histoire des circulations entre l’Europe et l’Afriqued’œuvres et de collections par le biais de coopérationsmuséales.HamadyBocoum, ledirecteurduMuséedescivilisationsnoires,estimed’ailleursquelepatrimoineprésentéparlesmuséesafricainsnedoitpasselimiterauxseulsobjetsafricains.Ilestnécessairequed’autresculturessoientreprésentéesdanslesinstitutionsafricaines46.Demême,ilestimportantquedesobjetsdupatrimoineafricainrestentvisiblesdanslescollectionseuropéennesetmondialesafinquel’Afriqueassuresaprésencedansl’espacemuséaletl’imaginaireglobal.
CommelesouligneBenoîtdeL’Estoile,leretourdesobjetsnesignepasleurenclavementidentitaire,maisporteavecluilapromessed’unenouvelleéconomiedel’échange47.Lesobjetsétantdevenus lesproduitsderelationshistoriques, ilnes’agitpasduretourdumême : ils deviennent les vecteurs de relations futures. Ces objets peuvent avoir unenouvellevieetdevenircequeKrzysztofPomianappelledes«sémiophores»,c’est-à-diredesobjetsporteursdenouveauxsens48.
Delacompensationetdelaréparation
Cependant,cettenouvelleéthiquerelationnellenepeutfairel’économied’untravaildevéritéhistoriquesurlesconditionsdiversesdanslesquelleslesobjetsontétédéplacés;
46.«Cequerestituerveutdire»,panelcité.47InterventionauCollègedeFrancelorsducolloque«Dudroitdesobjetsàdisposerd’eux-mêmes»,21juin2018,organiséparBénédicteSavoyetYannPotin.48KrzysztofPomian,Collectionneurs,amateursetcurieux.Paris,Venise:XVI-XVIIIesiècle,Paris,Gallimard,Bibliothèquedeshistoires,1987,p.49.
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surlaréalitéetlaprofondeurdelapertequelessociétésafricainesontsubie,àl’issued’uneponctionquiperduredenosjourssousdemultiplesformes.
L’épineusequestiondelaréparationnepeutêtreéludée.Elleestsouventévoquéedanslecontextedecrimescontrel’humanité(génocidedesHereroetdesNama),demassacresviolentsliésàlaconquêtecoloniale,oudelaprédationderessourceséconomiques,pourlesquelleslapertesembleplusaisémentquantifiable.Ils’agitcependantdecomprendre,encequiconcernelepatrimoine,quecenesontpasseulementdesobjetsquiontétépris,maisdesréservesd’énergies,desressourcescréatives,desgisementsdepotentiels,desforcesd’engendrementde figuresetde formesalternativesdu réel,despuissancesdegermination;etquecetteperteestincommensurableparcequ’elleentraîneuntypederapport et un mode de participation au monde irrémédiablement obérés. Rendre lesobjetsnelacompenserapas.
Il s’agitainsimoinsdecompensations financièresqued’unrétablissementsymboliqueparuneexigencedevérité.Compenserconsisteicienunedémarchevisantàréparerlarelation. La restitutiondesobjets (devenusdesnœudsde la relation), un juste travailhistoriographiqueetunenouvelle éthique relationnelle, enopérantune redistributionsymbolique, peuvent réparer le lien et le renouer autour de modalités relationnellesréinventéesetqualitativementaméliorées.
Les communautés humaines se pensent aussi comme des corps physiques et parfoismystiques pour les communautés religieuses. Le membre manquant fonde lacommunauté.DansReflectingMemory, filmdocumentairesortien2016, l’artisteKaderAttiamontreque la reconnaissancede cemembreperdupermetde restituerquelquechose qui, s’il ne l’est pas, continue à réclamer d’être remis à sa place. Cettereconnaissanceopèrecommecemiroirqui,reflétantlemembremanquantchezl’amputé,luipermetdefaireledeuildecelui-ci,etd’apaiserladouleur,bienréelle,causéeparlemembre fantôme. L’analogie peut être faite entre les douleurs individuelles et lesblessures collectives immatérielles, opacifiées par un déni collectif (le refus dereconnaîtreetdetravaillersurlesmémoiresdouloureusesdufaitcolonial,parexemple).Larestitutionetlaproductiondesensquil’accompagneréparentl’absencedupatrimoinequimanqueetseseffetssurlapsychécollective.
Cependant,lacureliéeàunprocessusderéparation,pourlescommunautésaffectéesparlapertedeleurpatrimoine,siellenesefondequesurlareconnaissanceparl’autredupréjudice infligé, demeure inachevée. Une résilience, dépendant exclusivement de lareconnaissance de l’autre (et par l’autre), restera entravée. Un processus auto-sotériologique, prenant la forme d’une autoréparation, par un travail sur sa proprehistoire,devraits’enclencher,enlibérantcelui-cidel’acteetdelaparoled’autrui.
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Laquestiondesarchives
Intimement liéedans les consciences collectivesetdans lesprocessushistoriquesà laquestion de la restitution d’objets, celle des fonds d’archives constitués à l’époquecolonialejouedansleprocessusdereconstructionmémorielleunrôlecentral.Plusieursanciennescoloniesfrançaises,l’Algérieentête,réclamentdepuisdenombreusesannéesl’accèsauxarchivesdeleurproprehistoire.EnAfrique,tousnosinterlocuteursontinsistésur la nécessité de mettre en œuvre non seulement la restitution d’objets de muséeconservésenFrance,maisencorederéfléchirsérieusementàlaquestiondesarchives.Enmaints lieux, cesmissing links (« liens manquants ») sont devenus un véritable lieucommun, relayé par la presse, certains artistes contemporains, le personnel politiqueafricainetleshistoriensdesdeuxcontinents.
Pours’entenirauseulcasfrançais,aumomentdesindépendances,lesarchivesproduitespar les autorités coloniales sur le continent africain ont été divisées en deux grandsensembles:lesarchivesdel’AfriqueoccidentalefrançaisesontdemeuréesàDakard’uncommunaccordentrelaFranceetleSénégal;cellesdel’AfriqueéquatorialefrançaiseenrevancheontététransféréespourpartieauxArchivesnationalesd’outre-mer,àAix-en-Provence (archives de souveraineté), et pour une autre partie sont demeurées àBrazzaville(archivesdegestion),cettedivisionn’étantpastoujoursbienstricte.D’autrestypesdedocuments,issusparexempledesenquêtesethnographiquesmenéesenAfriquedans les années 1930, ont été versés dans les archives de musées ou d’institutsuniversitaires.Depuisquelquesannées,deseffortsponctuelsontétémenésenEuropepourremédieràcetteprivationdesourcesetderessources49.Danslecadredelamissionquinousoccupe,seuleslesarchivesactuellementconservéesdansdesmuséespublics(ouétablissementsapparentés)sontprisesencompte:dossiersd’œuvres,inventaires,toutesformesdeplus-valued’expertiseproduiteautourdesobjetslorsdeleurmuséalisation,d’unepart ; etmatériel audiovisuel issud’enquêtes ethnographiques, enregistrementssonores,photographies, filmsdocumentairessur lessociétésafricaineset les individusétudiés par les scientifiques français, d’autre part. La question centrale des archivesadministratives,militaires,diplomatiques,dépasseamplement,quantàelle,laquestiondela«restitutiontemporaireoudéfinitivedespatrimoinesafricainsàl’Afrique»voulue
49 En 2013, dans le cadre d’un programme général sur les frontières de l’Afrique, la France a remisofficiellement à l’Union africaine des copies papier et numérisées d’archives françaises documentant leprocessusdedélimitationdesfrontièresenAfriquedepuislemilieuduXIXesiècle.En2015,deuxhistoriensspécialistesdel’Afrique,Jean-PierreBat(Archivesnationales,France)etVincentHiribarren(King’sCollegeLondon)ont,avecleconcoursdeBriceIsnoveOwabira(directeurdesArchivesnationalesduCongo)etdeRaoulNgokaba(directeurdesaffairesadministrativesetfinancièresàlaDirectiongénéraledupatrimoineetdesarchives),crééunsiteinternetoffrantunaperçudesfondsconservésàBrazzaville,quiconcernentnonseulementlaRépubliqueduCongomaisencoreleGabon,laCentrafrique,leTchad.Toutrécemment,finseptembre2018,laBelgiques’estengagéeànumériser«touteslesarchivesenpossessiondumuséedel’AfriquecentraleàTervurenetdesarchivesroyales»etdeles«rendre»auRwandaenfonctiondeprioritésdéfiniesparunedélégationd’archivistesrwandais.Leprojetdoitdurerdeuxansetengagerunesommede400000euros.
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parEmmanuelMacron.Elledoitfaireselonnousl’objetd’unemissionspécifique,confiéeàdesspécialistesdesarchivesetdel’histoiredel’Afrique.Ilyauneurgencecertaineàmenercetteréflexion.
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2.Restitutionsetcollections
Vouloir « restituer le patrimoine africain à l’Afrique », comme le propose EmmanuelMacron,exigeuneconnaissanceprécisedescollectionsafricainesconservéesenFrance(où sont-elles et que sont-elles ?) ; une clarté totale sur les contextes historiques etscientifiques à la faveur desquels les objets sont arrivés dans les collections qui lesconserventaujourd’hui;ainsiqu’unélancommundesprofessionnelsdesmuséesetdupatrimoinequi,enFrancecommeenAfrique,serontlesacteurshistoriquesd’unprojetcomplexe.Latemporalitédesrestitutions,lechoixdesobjetsdontleretourestdésirédemanière prioritaire, l’élaboration commune d’un « savoir-faire » des départs et desretourssontaussiimportantsetrichesdesensquel’actederestitutionlui-même.
Letempsdesretours
EnFrance, l’arrivéemassive et lamuséalisationdupatrimoine africainne se sontpasfaitesenunjour.Elless’échelonnentsurunepérioderelativementlongue,duderniertiersduXIXesiècleàlasecondemoitiéduXXesiècle.Personneévidemment,nienFrancenienAfrique,n’envisageaujourd’huileretourenblocdecesensembleshistoriquementformés,etprogressivementtransformésparl’usagesymbolique,économiqueouscientifiquequienaétéfaitenFrance.Personneneveut«vider»lesmuséesdesunspour«remplir»ceuxdesautres.
En outre, et il faut bien insister là-dessus aussi, le processus de restitutionne peut, àl’heureactuelle,concernerqu’unepartiedesobjets.Ildoitêtreprogressif.S’appuyersurunexamenrigoureuxdecritèreshistoriques,typologiquesetsymboliques.Tenircompte
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de la place occupée par les patrimoines déplacés dans les imaginaires et les combatspolitiques des communautés d’origine. Faire preuve de souplesse. Et il faut garder àl’espritque,danslesmuséesoccidentaux,desémotionsindividuellesetcollectives,desfécondations esthétiques et des cristallisations inattendues ont eu lieu pendant dessiècles,quisontaucœurdel’idéedecultureetd’humanité.Culturenonpasausensarrêtéde«sommedeconnaissances»,maisausensdynamiqued’élaborationetdeconstruction,demétissageetd’hybridation.
Ilparaîtvain,étantdonnélesmodesd’appropriationtrèsvariésdespatrimoinesafricainspar la France et compte tenu des émotions (colères, revendications, aspirations) toutaussivariéesqueleurabsenceapususciter(ounon)dansleurspaysd’origine,devouloirformaliseràl’extrêmelescritèresderestituabilité.Certes,ceux-cidoiventêtreclairementénoncésetservirdeboussole.Maisl’«effortd’intelligence»,pourreprendrelaformuledéjàcitéedePierreQuoniam,consistesurtoutàposerentrelesdifférentsparamètres,aucasparcas,uneéquationéthiquement fondéeet juridiquementviable.Lesrestitutionsdoiventêtrenégociéesparlesdeuxparties,dansdesdélaisadaptésaurythmedechacun.
Présenceafricaine
Oncompteactuellementdanslescollectionspubliquesfrançaisesaumoinsquatre-vingt-huitmilleobjetsprovenantde l’AfriqueausudduSahara(fig.2).Prèsdesoixante-dixmilleauseulmuséeduquaiBranly;dix-huitmilleaumoins,sansdoutebiendavantage50,dans les musées de plusieurs villes portuaires (Cherbourg, Le Havre, La Rochelle,Bordeaux,Nantes,Marseille),lelongdefleuvesquilientcesvillesàl’intérieurdesterres(Angoulême, Rennes), ainsi qu’à Lyon, Grenoble, Toulouse, Besançon, Dijon et dansplusieurs musées parisiens, comme le musée de l’Armée, ou dans les collectionspatrimonialesdelaMonnaiedeParis.Cettegéographietrèsparticulièresedoubled’unsecondréseau,celuidesbibliothèques,quiontgénéralementbénéficiédelapartitionpargenred’ensemblespatrimoniauxinitialementcohérents,lesobjetsétantmajoritairementaffectésauxmusées,leslivresetmanuscritsdemêmeprovenanceauxbibliothèques.Cesdeuxtypesd’institutions(muséesetbibliothèques)ainsiqueplusieursarchivespubliquesconservent par ailleurs des collections photographiques, cinématographiques et desdocumentssonoresformésàl’époquecoloniale,quireprésententpourlespaysafricainsunesourcemémorielledetoutpremierordre.
50D’aprèslesinformationspartiellesqueleministèredelaCultureapurecueillirdanslecadredecettemission, environ 17 636 objets originaires de la partie subsaharienne de l’Afrique seraient aujourd’huiconservésdansunecinquantainedemuséespublicsfrançais.Fauted’informationsfiablesaumomentdelarédactiondecerapport,cetteestimationnetientpascomptedecollectionspourtantimportantes,cellesdeMarseilleetduHavreparexemple.Onpeutdoncconsidérerquel’estimationprésentéeiciesttrèsinférieureàlaréalité.
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TroisdynamiquesexpliquentenFrancecetterépartitioninégaledupatrimoineafricain.Dynamique d’État qui, depuis la Révolution française et dans une double logiqued’affirmation nationale et de concurrence internationale, pousse la France à« hypercentraliser » à Paris les collections patrimoniales jugées les plus importantes.Dynamiquedeflux,ensuite,quiexpliquelaprésencedenombreuxobjetsafricainsdanslesvillescôtièresimpliquéesdanslecommerceavecl’Afrique,pointd’arrivéedesnaviresmarchandsoumilitaires.Dynamiquedelegs,dons,dationsoudonations,enfin,àl’origineparexempledel’importantecollectionafricainedumuséedesConfluencesàLyonoudesensemblesafricainsàBesançon,ToulouseouGrenoble.Àcettegéographiedesmuséesd’Étatoudecollectivitésterritorialess’ajoutecelledesmuséesmissionnaires,qui,tellemuséeafricaindeLyon(ferméaupublicdepuis2017),abritentparfoisplusieursmilliersd’objetscollectésenAfriquepardescongrégationsreligieuses;ainsiquedescollectionsuniversitairesparfoisimportantes,celledel’universitédeStrasbourgparexemple.
À l’exception de celles du musée du quai Branly et de quelques musées régionaux(Angoulême,Lyon),lescollectionsafricainessontassezmalconnuesenFrance,toutesnesont pas accessibles au public, les politiques demise en valeur n’ont pas été partoutmenéesaveclemêmeélan,etdesinventairesnesontpastoujoursdisponibles.ÀdéfautdecataloguecollectifdescollectionsafricainesenFrance,laréflexionsurlescritèresderestituabilités’appuieiciplusparticulièrementsurlesdonnéesrelativesauxsoixante-dixmilleobjetsdel’unitépatrimoniale«Afrique»conservésaumuséeduquaiBranly.Àcesobjetss’ajoutentauseulmuséeduquaiBranlyenvironquatre-vingt-dixmilledocumentscompris dans l’iconothèque (photographies, arts graphiques, dessins, cartes postales,affiches, estampes…) concernant la quasi-totalité des pays d’Afrique et présentsmatériellementdanslesarchives(plaquesdeverre,négatifs,tiragespapier,pellicules…).
QuelleAfriquepourquellesrestitutions?
Tous les pays d’Afrique situés au sud du Sahara, dans leurs frontières actuelles, sontreprésentésdanslescollectionsdumuséeduquaiBranly-JacquesChirac(fig.3,fig.4)51.Avec près de dix mille pièces inventoriées, le Tchad, qui fait géographiquement etculturellementtransitionentrel’AfriqueduNordetlapartiesubsahariennedel’Afrique,arriveen tête (9296objets). Il est suividuCameroun (7838),de l’îledeMadagascar(7590),duMali(6910),delaCôted’Ivoire(3951),duBénin(3157),delaRépubliqueduCongo(2593),duGabon(2448),duSénégal(2281)etdelaGuinée(1997).Cegroupede tête, constitué exclusivement d’anciennes colonies françaises, comprend aussi
51Leschiffresindiquésiciprennentencomptelesobjets(horsiconothèque)conservésauseindel’unitépatrimoniale«Afrique»dumuséeduquaiBranly-JacquesChirac;maisaussi,pourunefaibleproportiond’entreeux,del’unitépatrimoniale«Mondialisationhistoriqueetcontemporaine».Ceschiffrespeuventfairel’objetdelégèresvariationsenfonctiondel’outilutilisépourlesgénérer,baseTMSousiteinternetdescollectionsdumusée.
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l’Éthiopie(3081pièces),demeuréesouveraineavantetaprèssonoccupationparl’Italie,entre1936et1941.Parmilesanciennescoloniesbritanniques,seulsleGhana(1656)etle Nigeria (1 148) sont largement représentés, de même que l’actuelle RépubliquedémocratiqueduCongo(1428),anciennementbelge.Lesobjetsenprovenanced’Afriqueaustrale (1 692, sans Madagascar) et de l’Afrique de l’Est (2 262) sontproportionnellementpeuprésentsdanslescollectionsparisiennes,etplusgénéralementenFrance.
Quenousditcetaperçu?QuelagéographiedescoloniesfrançaisesenAfriqueetcelledescollections africaines dumusée du quai Branly sont strictement convergentes. Que leprojetderestitution,parconséquent,doitposerlaquestiondurapportentreloicolonialeetextractionspatrimoniales,etavecellecelleduconsentement(ounon)despaysd’originelorsduprélèvementdesobjetsetdeleurenvoienmétropole.
EnFrance,ceuxissusdel’Éthiopie,delaRépubliquedémocratiqueduCongo,duNigeriaetduGhanaformentlegroupeleplusimportant–desÉtatsquisesontfortementengagés,depuislesannées1960,danslarevendicationdeleurspatrimoinesdéplacés(surtoutauRoyaume-Uni).Qu’ilfautparconséquentleurapporterdansleprocessusderestitutionuneattentionsemblableàcellequiseraconsacréeauxobjetsprovenantdesanciennescoloniesfrançaises.
Ceschiffresmanifestentenfinque,sil’onveutcomprendreaumieuxlesmécanismesquiontconduitlaFranceàposséderaujourd’huitantd’objetsissusdesesanciennescoloniesafricaines, il faut, au-delà de l’approche simplement géographique, dresser unechronologiedesacquisitions,pourvoirnotamments’ilexisteunavantetunaprèsdelacolonisationenmatièred’accroissementdescollections.Celarevientàs’interrogersurlalégitimitédesacquisitionsàchacunedesépoques–jusqu’àunepérioderécente.
Surquellehistoireveut-onrevenir?
L’histoiredel’intégrationparlaFrancedupatrimoineafricainàsescollectionsnationalesestunehistoirelongue,dontlesoriginessontantérieuresàlapériodecolonialeetquis’estprolongée après les indépendances. Trois grandsmoments se succèdent : le premierprécède la conférence de Berlin, qui fixe les règles du partage de l’Afrique entre lespuissanceseuropéennes(1884-1885).Ledeuxièmecouvrelapériodecolonialejusqu’auxindépendances (1960). Le troisième est celui qui, de 1960 à nos jours, continued’alimenterlescollectionsfrançaises.
Appliquée aux collections actuellement conservées au musée du quai Branly-JacquesChirac, cette tripartition fait apparaître ceci : avant 1885, les collections africainesinventoriéessontencored’enverguremodeste,moinsd’unmillierd’objets(fig.3,fig.4a).Pourlapériode1885-1960,leseffectifsaugmententdemanièrespectaculairepourpasser
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à plus de 45 000 pièces, un chiffre qui représente près de 66% de l’ensemble descollections de l’unité patrimoniale « Afrique » du musée (fig. 5a, fig. 4b), égalementrépartisentre laphasedeconquêtecoloniale(jusqu’à1914)etcellede lacolonisationinstallée (jusqu’à1960). Cette augmentation significative s’expliquenotammentpar ledéveloppementdesmissionsethnographiquesàlafindesannées1920:lorsdelaseuledécennie1928-1938,plusde20000objets fontainsi leurentréeà l’inventaire.Après1960,lescollectionscontinuentdes’enrichirdeprèsde20000objets(fig.4c), jusqu’àatteindreenviron70000piècesaujourd’hui,maisl’originegéographiquedecesobjets,lesmodeset les lieuxd’acquisition changent, les anciennes colonies françaisesn’étantplusaussidirectementmisesàcontributionqu’auparavant52.
LecasduCamerounestexemplairedecephénomène:jusqu’en1884,seulestroispiècesoriginairesdecetterégionsontrépertoriéesdansl’inventairedumuséeduquaiBranly-JacquesChirac(fig.5b).Entre1885et1960,oncompte6968arrivéessupplémentaires,contreseulement713depuis1960.Àl’inverse,lespiècesoriginairesduGhana(fig.5c)oudu Nigeria (fig. 5d), ex-colonies britanniques, voient leur nombre augmenter aprèsl’accessiondecespaysàl’indépendance,l’institutionparisiennes’engageantalorsdansunepolitiquesystématiquedediversificationdesescollections:41objetsnigérianssontrépertoriés dans les inventaires du musée avant 1885, on compte seulement 254nouvelles entrées entre 1885 et 1960, contre 840 acquisitions après 1960. Mêmeévolutionpourl’actuelGhana:5avant1885,376entre1885et1960,1258depuiscettedate.
Detouteévidence,lapériodecolonialeadonccorrespondupourlaFranceàunmomentd’extrême désinhibition en matière d’« approvisionnement » patrimonial dans sespropres colonies, de boulimie d’objets. C’est donc naturellement aux translocationspatrimoniales intervenuesdanscettepériodequ’il fautsongerenpremier lieudans leprocessus de restitution. La période qui suit, toutefois, exige une attention tout aussisoutenue,àplusieurstitres.
Après1960d’abord, l’entréedans les collectionsd’objetspris sur le territoireafricainpendantlesguerresdeconquêtecolonialesoulapériodededominationcolonialen’estpasrare,soitquecesobjetsaientétégardésletempsd’uneoudeuxgénérationsdansles52Cesstatistiquesontétéélaboréesd’aprèslabasededonnéesdescollectionsdumuséeduquaiBranly-Jacques Chirac, consultable via le logiciel de gestion des collections TMS. Chaque numéro d’objet descollectionsdumuséeestconstituéd’unpremierchiffreserapportantàsoninstitutiond’origine.Lechiffre«71»serapporteainsiauxanciennescollectionsmuséedel’Homme(auparavantmuséed’EthnographieduTrocadéro);lechiffre«73»auxcollectionsafricainesduMuséenationaldesartsd’Afriqueetd’Océanie(MAAO);lechiffre«75»auxfondshistoriquedecettemêmeinstitution;lechiffre«70»auxacquisitionsdu musée du quai Branly-Jacques Chirac depuis sa constitution. Ce chiffre est suivi de l’année del’enregistrementdel’objetàl’inventairedescollectionsnationales.Sicettedatenecoïncidepasexactementaveclemomentprécisdel’arrivéedel’objet,elleendonnenéanmoinsunindicateurrelativementfiable.Sont également à prendre en compte les objets collectés au cours des XIXe et XXe siècles, mais dontl’enregistrement à l’inventaire s’est fait de manière rétrospective. Les derniers chiffres des numérosd’inventaireserapportentaunumérodecollection,suivid’underniernuméroidentifiantchaqueobjetauseindecettecollection.
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familles d’anciens officiers ou administrateurs coloniaux avant d’être donnés à desinstitutionspubliques ; soitparcequ’ilsontcirculépendantplusieursdécenniessur lemarché de l’art avant d’intégrer les collections françaises – aumusée de l’Armée, parexemple, l’entrée des dernières pièces africaines provenant de missions colonialesremonteà1994,soitprèsd’unsiècleaprèslemomentdeleurcollecte53;aujourd’huiaumuséeduquaiBranly-JacquesChirac,plusieursobjetsissusdusacd’Abomey,en1892,sont entrés au sein des collections nationales dans le cadre de dons ou dationss’échelonnantdelafinduXIXesiècleàl’année200354.Après1960,parailleurs,letraficde l’art africain se développe en Europe comme en Afrique, porté par des acteursprofessionnelsdesdeuxcontinentsqui,prenantappuisurdesrelais locaux formelsetinformels, contribuent à « l’injection dans un flux commercial licite d’objets d’origineillicite»55.Iln’estpasrareque,parlebiaisdedons,delegsoud’achats,cesobjetsaientfinileurtrajectoireinternationaledanslesmuséespublicsfrançais(voirinfra,«Aprèslesindépendances»).
Lesformeshistoriquesdesspoliations
Ilaétéquestiondansl’introductiondelaprisegénéraliséedebutinsdeguerrependantles conflits coloniaux, et de l’appui militaire et administratif systématique dont ontbénéficié les missions ethnologiques chargées officiellement de « collectes » dans lesrégionscolonisées.Lesconditions–d’échange,d’achat,dedon,deviolencesymboliqueouphysique–dans lesquellessesonteffectués lesprélèvementsontsur lesmémoirescollectives une incidence au moins aussi forte que la nature des objets déplacés. Laréflexion sur les critères de restituabilité doit impérativement s’appuyer sur uneconnaissanceprécisedesgestesdel’appropriation.
D’une manière générale et jusqu’aux indépendances, l’État français encourage lesprélèvements d’objets in situ. Tradition militaire, curiosité esthétique et scientifique,conscienceaiguëdelavaleuréconomiquedesobjetsrapportéssurlemarchéeuropéen,besoinnonmoinsaigud’entreteniràParisdesmuséescapablesderivaliseravecceuxdeLondresoudeBerlin:touscesélémentsentrentenjeudanslamiseenplacedusystèmefrançaisd’extractionculturelleenAfrique (etdans le restedumonde).Dès lesannées1880,militairesetcivils,administrateurscoloniauxetsavantssontinvitésàrecueillirdes
53 Voir Olivier Kodjalbaye Banguiam, Les officiers français : constitution et devenir de leurs collectionsafricainesissuesdelaconquêtecoloniale,thèsededoctoratréaliséeàl’universitéParisOuestNanterreLaDéfensesousladirectiondeDidierMusiedlak,soutenuele19mai2016.54Surle«TrésordeBéhanzin»,voirGaëlleBeaujean-Baltzer,L’Artdecourd’Abomey: lesensdesobjets,thèsededoctoratréaliséeàl’EHESSsousladirectiondeJean-PaulColleynetHenryJohnDrewal,soutenuele25novembre2015.55BernardDarties,in:«Rapportd'informationn°361(2002-2003)deM.JacquesLegendre,faitaunomdeladélégationfrançaiseàl'AssembléeparlementaireduConseildel'Europe,déposéle24juin2003»,surlaprotectiondesbiensculturelsafricains.
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échantillonsmatérielsdesculturesafricainessoumisesouàsoumettre,etd’enassurerletransfert enmétropole. Laprisedebiens culturels assureune formed’empriseque laseuleobservationintellectuellenegarantitmanifestementpas.Desinstructionscirculentsurlanaturedespiècesàchoisiretsurlamanièredelesconditionner.Deretourd’Afrique,enpermission,pendantleursvacancesenFrance,lesacteursimpliquésdansleprocessuscolonial prennent l’habitude de déposer leursmeilleures trouvailles dans lesmusées,parisiensounon.«Vousm’avezdemandédescrânesdelavalléeduNiger,j’enairamassédeuxprovenantdeguerriersdeSamorytuésàBamako»56,écritunofficierfrançaisaudirecteurdumuséed’ethnographieduTrocadéroen1883.Lestributsmilitairescôtoientdes groupesd’objets rassemblésdemanière fortuite, en fonction souventdes intérêtsparticuliers de tel ou tel agent. Au fil des décennies toutefois, et notamment dans lesannées1930,l’organisationdemissionsspécifiquementdédiéesauprélèvementdebiensculturelssegénéralise.
Butins
Danslesmémoirescollectives–enAfriquecommeailleurs–,lesviolencesdeguerre,quiplus est lorsqu’elles ont mis fin à des dynasties centenaires, occupent une placeparticulière et les objets d’art, manuscrits, bijoux, emblèmes dynastiques, ornementsarchitecturaux, armes et armures spoliés à ces occasions cristallisent des émotionsspécifiques.LaréflexionengagéeenFrancesurlesrestitutionsdoittenircomptedecetteévidence:parmilesobjetsesthétiséslorsdeleurarrivéeenFrance,muséalisésetintégrésdans des séries chronologiques, stylistiques, typologiques (y compris des séries demanuscrits),nombreuxsontceuxquiontgardédansleurscontextesd’origine–endépit,oujustementàcausedeleurabsence,endépit,oujustementàcausedeladestructiondesroyaumesauxquelsilsontétéenlevés–,unstatutdereliqueouderegalia,certainsétantdevenus au fil des décennies des symboles de la résistance locale face à l’agresseurcolonial. Même dans les contextes où la mémoire de ces objets est perdue, celle desévénementsquiontconduitàleurperteestgénéralementviveetlaconnexionviteétablie(ycomprisàdesfinsd’instrumentalisationpolitique).Danscescasparticuliers,lasurditédes institutions françaises détenant aujourd’hui les pièces réclamées par les anciensvaincusexciteparticulièrementlesesprits.
Plusieursbutinsdeguerreformésàl’époquecolonialesontconservésdanslescollectionsfrançaises.Ilssontdifficilesàidentifiercommetelspourtroisraisonsaumoins:d’abord,les ensembles cohérents qu’ils formaient lors de leur capture (« trésors ») ont étédémembrés en France et répartis entre différentes institutions ; ensuite, dans lesinventairesde ces institutions, les objets sont leplus souvent répertoriés – lorsque larubrique est renseignée – comme des « dons » de particuliers ; enfin, les militairesresponsablesdeces«dons»nesesontpaslimitésàlaprisedes«trésors»del’ennemi:
56CitéparOlivierKodjalbayeBanguiam,op.cit.,p.264.
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certainsont,avec leurstroupes,pratiquédescollectesd’envergureycomprishorsdeschampsdebataille,cequicompliquel’identificationdesbutinsstrictosensu.Enfait,ilfautinverserlaperspectivepourrepérercesbutinsdanslescollectionsfrançaises:nepasenchercherlatraceàpartirdesinformationsparcimonieusesfourniesparlesinstitutionselles-mêmes, mais à partir de l’historiographie militaire coloniale, d’une part, et dusouvenirlaisséparcespillagesdanslesrégionsqu’ilsontconcernées,d’autrepart.
Ségou,1890
LesprisesducolonelLouisArchinardcomptentparmilesplussignificativesetlesmoinsbienétudiées.Autotal,oncomptedanslescollectionspubliquesfrançaisessansdouteplusd’unmillierd’objetsrépertoriéscomme«dons»successifsdecegénéral français originaire du Havre. Parmi eux, un important groupe d’objetsprécieux,debijoux,d’armesetdemanuscritsvientdusacdupalaisroyaldeSégou,capitale de l’Empire toucouleur dans l’actuel Mali, et de la prise sanglanted’Ouossébougouenavril1890,quimarquent la finde l’Empire toucouleuret laprisedecontrôledelarégionparlaFrance,quiycréeleSoudanfrançais.Lesobjetsprécieux et les manuscrits saisis à Ségou y avaient été rassemblés par le chefspirituelElHadjOmar,etparsonfilsAhmadou.ÀsonarrivéeenFrance,le«trésorde Ségou » est partiellement vendu aux enchères au profit de la nation maisArchinardfaitdondespiècesjugéeslesplusimportantesàdifférentesinstitutions.On le trouve aujourd’hui réparti entre le musée de l’Armée, le musée duquaiBranly-JacquesChirac(129pièces),laBibliothèquenationaledeFrance(518volumes57) et le Muséum d’histoire naturelle du Havre. Depuis 1994, lesdescendantsd’ElHadjOmarrevendiquentleretourdecesobjets(fig.14-15)58.
Abomey,1892
LesprisesdeguerreducolonelAlfredAmédéeDoddsformentunensemblemieuxconnuauseindescollectionsfrançaises.Ellesconcernentlavilleroyaled’Abomey,dansl’actuelBénin,vidéedesesrichessesetdesesemblèmesdynastiquesaprèsune série de sanglants combats le 17 novembre 1892. La chute d’Abomey etl’humiliante capture du roi Béhanzin, puis sa déportation hors d’Afrique, ontmarquélafind’unroyaumemultiséculaire,dontlesterritoiressontalorsintégrésàlacoloniefrançaiseduDahomey.Entre1893et1895,plusieursofficiersfrançais,
57VoirLouisBrenner,NoureddineGhali,SidiMohamedMahibou,InventairedelabibliothèqueumariennedeSégou,Paris,CNRSÉditions,1985.58Surl’histoiredecespieces,leurinventaire,ainsiquesurlevold’unequarantainedecolliersetbraceletsennovembre1937(alorsqu’ilsetaientpresentesaumuseedelaFranced’outre-mer),voir,auxarchivesdumusee du quai Branly-Jacques Chirac, la cote D004164/46980, fonds de la section Afrique du Museenationaldesartsd’Afriqueetd’Oceanie.
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dontAlfredAmédéeDodds,donnentaumuséed’ethnographieduTrocadérounepartiedubutindeguerresaisiauDahomey,vingt-septobjetsexactement.D’autrespièces, « données » par d’autres officiers ou leurs familles, sont aujourd’huiconservéesdans lesmuséesdePérigueuxetdeLyon59.Lesobjetsprovenantdupillage d’Abomey sont réclamés depuis plusieurs années par la République duBénin.
CampagnedereprésaillescontreSamoryTouré,1898
Samory Touré fait dans l’historiographie postcoloniale figure de héros de larésistance africaine à l’expansion coloniale. Alpha Blondy lui a consacré unechanson(«BorySamory»,1984).Fondateurde l’Empirewassoulou, ilarésistépendantdeuxdécenniesà lapénétrationfrançaiseenAfriquede l’Ouest,surunterritoireactuellementsituéentrelaGuinéeetlaCôted’Ivoire.Àl’automne1898,SamoryTouré fait l’objet d’une campagnede représaillesmenéepar le généralfrançaisHenriGouraud.IlestarrêtéetdéportéauGabon,oùilmeurtdeuxansplustard.Le«trésordeSamory»,saisilorsdesareddition,estévaluéà200000ou300000francsdel’époqueetremplitdouzecaisses.Danssesmémoires,legénéralGouraudnote:«AvecletrésorpartentlessouvenirsdeSamorydestinésd’unepartaumuséedel’Armée,laselle,lesabre,lebonnetdeguerredel’almamy,undesesfusils[…],desdialas,lescolliersdeSarankéMoryetd’AhmadouTouré,desbaguesbizarres, un porte-allumettes et surtout le boubou de guerre de SarankéMory,riche pièce. D’autre part, nous envoyons au général de Trentinian la hache deguerre,lechasse-mouchesforméd’unequeued’éléphantengainéed’argentetlesabrequem’avaitremisSarankégnyMoryaumomentdesareddition60.Cespiècessont aujourd’hui conservées pour partie au musée de l’Armée61. Elles ont faitl’objetd’une«visite»dereconnaissancedumaraboutCheikhOusmaneBadjiàlafindesannées1960.
Àcesprisesdeguerre«françaises»bienidentifiéess’ajoutent:
• Les objets issus de butins formés par des armées étrangères (notammentbritannique) dans des circonstances sanglantes qui ont laissé de profondestraces dans lamémoire collective des pays concernés (sac deBeninCity en
59 Voir Gaëlle Beaujean-Baltzer,L’Art de cour d’Abomey : le sens des objets, thèse de doctorat réalisée àl’EHESSsousladirectiondeJean-PaulColleynetHenryJohnDrewal,soutenuele25novembre2015.60 Henri Gouraud, Au Soudan. Souvenir d’un Africain, Paris, Tisné, 1939, chap. « Le trésor ». Voir Julied’Andurain, « Le général Gouraud, parcours d’un colonial (1867-1946) »,Outre-mers, n°370-371, 2011,p.21-30.61Chasse-mouchesdeSamory,numérod’inventaire04739;bonnetdeguerredeSamory,n°2292;hachedeSamory,n°8870;tuniquedeguerredesonfils,n°2300.
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1897,parexemple).Cesobjetsontparfoiscirculépendantplusieursdécenniessurlemarchédel’artavantd’êtreacquisparlesmuséesfrançais.
• Les centaines d’objets africains (d’usage militaire ou non) donnés auxinstitutionsfrançaisespardesofficiersoudesmédecinsmilitairesimpliquésdansdiversesopérationsdereconnaissance,deconquêteoudemaintiendel’ordre.Mêmesitouscesobjetsn’ontpasétérecueillisdanslevifdescombats,le contexte militaire des prises et l’autorité qu’a pu conférer aux futursdonateurslepouvoirdesarmesinvitentàpostulerl’absencedeconsentementdespopulationslocaleslorsdel’extractiondesobjets–àmoinsquedespreuvespositivesdececonsentementn’existent (onen trouveparexempledans lesdossiers concernant les dons de l’officier Pierre Savorgnan de Brazza auxmusées français, soit environ deux cent cinquante pièces au seulmusée duquaiBranly-JacquesChirac).
Nous préconisons d’accueillir favorablement les demandes de restitutionsconcernant lesobjetssaisisdans lescontextesmilitairesdécritsci-dessus,endépitdustatutjuridiqueparticulierdestrophéesmilitairesavantl’adoptionen1899delapremièreConventiondelaHayecodifiantledroitdelaguerre.
Missionsd’«exploration»et«raids»scientifiques
Pendanttoutelapériodecoloniale,lesmuséesfrançaisbénéficientdel’apportsuccessifde missions d’exploration coloniale (jusqu’au début du XXe siècle) et de missionsscientifiquesdanslapartiesubsahariennedel’Afrique(àpartirde1925environ).
Danslesannées1890,sousl’égided’organismespublicsouprivéscommelaSociétédegéographiedeParisouleComitédel’Afriquefrançaise,plusieursmissionsd’explorationsesuccèdentsurlecontinentquivisentàconsoliderleszonesd’influencefrançaisesfaceàlaGrande-Bretagneetàl’Allemagne.Confiéespourcertainesàdejeunesscientifiques,cesmissionshybrides,à la foispolitiquesetcommerciales,sont l’occasiondecollectespatrimoniales parfois spectaculaires. En témoigne celle que le Comité de l’Afriquefrançaiseconfieen1891àl’agronomeJeanDybowski,chargéderetrouverlatraced’unemissionsemblableàlasienne,engagéeunanplustôtmaisportéedisparue.Sa«petitetroupe, lit-on dans un compte-rendu, se compose de quarante-quatre Sénégalais[entendre:tirailleurs]etdequarante-huitporteurs.»62ÀBangui(capitaledel’actuelle62BulletinduComitédel’Afriquefrançaise,avril1892,p.3.
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République centrafricaine), le naturaliste indique : « J’ai pu expédier 29 caisses decollections en Europe. Je désire qu’elles soient conservées au Muséum jusqu’à monretour; j’enferaialorsuneexpositiongénéraleetellespourrontensuiteêtrerépartiesentrediversmusées.»63L’expositionabienlieuen1893.Autotal,onévalueà7000lenombred’échantillonsd’histoirenaturelle(mammifèretuésetoiseauxnotamment),ainsique d’armes, de parures, de textiles et autres objets systématiquement collectés parDybowskidans le territoirede l’actuelleRépubliquecentrafricaineetrépartisdans lesmusées français. Lors de l’exposition de 1893 au Muséum d’histoire naturelle, lastratégique vitrine numéro 1 présente des « vêtements et objets trouvés sur [des]hommes tués dans la nuit du 22 au 23 novembre 1891, […] ainsi que trois de leurscrânes.»64LeseulmuséeduquaiBranly-JacquesChiracconserveaujourd’huiplusde600pièces (armes, bijoux, instruments demusique, amulettes) expédiés d’Afrique par sessoins.
Une génération plus tard, l’extraction patrimoniale se professionnalise. Alors quel’administrationcolonialequadrilledésormaislesrégionssoumises,quel’explorationdesterritoiresacédélepasàleurexploitationetqu’enFrancel’ethnologies’imposecommeune discipline scientifique à part entière, des missions exclusivement dédiées auprélèvement d’objets et d’informations ethnographiques semettent en place. Créé en1925et financépar leministèredesColonies, l’Institutd’ethnologiede l’universitédeParisjouealorsunrôlecentral.Entre1926et1940,ilparraineunecentainedemissionsethnographiques,dontunetrentaineenAfrique.Certainess’apparententàdevéritables« raids » scientifiques (selon l’expression d’Éric Jolly), alliant technologies nouvelles(cinématographie,photographie,reconnaissanceaérienne),performancescientifiqueettraverséeaventureuse.Leurprincipalinitiateuretdirecteurd’expéditionestl’ethnologueMarcelGriaule.Danscesannées,«l’objectifdesethnographesestdetoutvoir,toutsaisiretéventuellementtoutemporterselonunprotocolecomplexe,ycomprislesobjets,lescroyancesetlesfaitslesplussecrets,tapisderrièrelesmursdesmaisonsoulesilencedesinformateurs.»65
Descentainesdefichessignalétiquesaccompagnentdésormais lesobjetstransférésenFrance.Griauleconçoitsontravailsuruntriplemodèlemilitaire, judiciaireetmédical.UnecampagnedefouillesmenéelorsdelamissionSahara-Camerounen1936-1937estcomparéeà«unesériedecoupsdesondedansleterrainetdansleshommesvivants,uneauscultation » ; les objets pris aux Africains sont des « pièces à conviction », dont la«réunionformedesarchivesplusrévélatricesetplussûresquelesarchivesécrites».«Le63Id.64VoirAlbinArnera,«Scienceetcolonisation:lamissionDybowski(1891-1892)»,Outre-mers,no336-337,2002,«Traitesetesclavages:vieuxproblèmes,nouvellesperspectives?»,OlivierPétré-Grenouilleau(dir.,),p.328.65 Éric Jolly, «Marcel Griaule, ethnologue : La construction d’une discipline (1925-1956) », Journal desafricanistes,2001,tome71,fascicule1,«Lesempreintesdurenardpâle»,sousladirectiondeMarc-HenriPiaultetJoëlleHauzeur,p.168.Voiraussi lapréfacedeJeanJamin, in :MichelLeiris,Miroirdel’Afrique,op.cit..
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Noir » est un « auxiliaire » qu’il « suffirade faireparler », cequi « n’est pasdespluscommodes […] mais on y arrive. »66 Dans L’Afrique fantôme (1934) et dans sacorrespondance,MichelLeirisdécritetdénoncelalogiquedesoupçon,d’intimidationetd’effractionàl’œuvredanslesprisesd’objetslorsdelacélèbremissionDakar-Djibouti(1931-1933),dont il assure le secrétariatetquienrichit considérablement lesmuséesfrançais.Parcequ’elleopèreàlafoisdansdesterritoiressousautoritéfrançaiseetdansl’empirealorsindépendantd’Éthiopie,etparcequ’elleestextrêmementbiendocumentée,cette mission permet de mesurer combien l’encadrement colonial favorise et facilitel’exportationmassive de biens culturels, qui se heurte en revanche à des résistancesmultipleshorsdescolonies.EnÉthiopie,troisansavantsonannexionparl’Italiefasciste,la mission française cherche et trouve l’appui du consul italien (fasciste) de Gondar,RaffaeleDiLauro,quil’autoriseàcamperpendantplusieursmoisdanslaconcessionduconsulat.Lesprisesd’objets(parmilesquelssoixantemètrescarrésdepeinturesmuralesdémarouflées morceaux après morceau d’une église de cette ville) suscitent desrésistances nombreuses et bien documentées. Par crainte des autorités éthiopiennes,certainespiècessontsoigneusementdissimuléesavantd’êtreexfiltréesvers l’Érythrée(alorscolonieitalienne),l’uned’elles,unautelportatifenbois,estmêmebrûléeavantlepassageendouane67.
Lors des missions ethnographiques des années 1930, certes, l’immense majorité desobjets est achetée et les sommes versées sont souvent connues68. Pour un masquezoomorphedelarégiondeSégouaujourd’huiprésentédanslessallesd’expositionsdumuséeduquaiBranly(71.1931.74.1048.1),lamissionDakar-Djiboutidépense7francs,soit l’équivalentd’unedouzained’œufsàcetteépoque–alorsquedes travauxrécentsmontrentqu’encettemêmeannée1931leprixmoyend’adjudication,enFrance,pourdesmasquesafricains,estde200francsparpièce69.LorsdupassageenventedelacollectiondePaulÉluardetAndréBretonàl’hôtelDrouotles2et3juillet1931,leplushautprixd’adjudication pour unmasque africain est de 1 150 francs (no16, « Masque. FéticheM’Gallé. Figurehumaine styliséedont la coiffure en formede croissant est surmontéed’une rangée de spirales doubles. Bois recouvert de cuivre. Gabon, région de l’Ogoué,h53cm »). Toujours lamême année, le prix record obtenu à Drouot pour unmasqueafricains’établità2300francs(venteDrouotdu7mai,no27,«MasqueDanenboissculptépatinénoir.Visagedefemmeauxgrandsyeux.Côted’Ivoire,h24cm»).
66MarcelGriaule,citéparÉricJolly,«MarcelGriaule,ethnologue…»,op.cit.,p.163etp.168.67 Voir ClaireBosc-Tiessé, avecAnaïsWion,Peintures sacrées d’Éthiopie. Collection de lamissionDakar-Djibouti,Saint-Maur-des-Fossés,Sépia,2005.68 Voir notamment le deuxième carnet d’inventaire des objets deDakar-Djibouti (fondsDakar-Djibouti,FDD_A_d_2),citésparJolly,op.cit.69MerciàLéaSaint-RaymondetÉlodieVaudrydenousavoirfournicesprécieusesinformationsetcellesqui suivent, tirées de l’importante base de données qu’elles ont constituée sur le prix des objets noneuropéens sur lemarché de l’art à Paris. Cf. Léa Saint-Raymond,Le Pari des enchères : le lancement denouveaux marchés artistiques à Paris entre les années 1830 et 1939, thèse réalisée à l’université Paris-NanterresousladirectiondeSégolèneLeMen,soutenuele26octobre2018.
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De l’aveumêmedesacteurs impliquéssur le terrain, les transactionss’apparententenréalitéà«desméthodesd’achatforcé,pournepasdirederéquisition»(MichelLeiris);voire à « une sorte de perquisitionmenée par une troupe d’Européens qui, crayon etmètre en main, fouillaient partout »70 (Éric Lutten). Difficile dans ces conditionsd’interpréter leversementd’argent lorsdes«missionsscientifiques»comme le signed’unconsentementdespopulationsvisées.D’autresformesd’acquisition, letrocoulesdons, s’inscrivent dans la même logique d’urgence et de contrainte plus ou moinsexplicite.Encontextecolonial,l’autoritédesBlancs,ainsiquelapressiondel’impôtetlamenace(souventfictive)dereprésailles,«inciteouoblige»lespersonnesconcernées«àaccepterlesoffresd’achatdesethnographes.»71
Aujourd’hui,lemuséeduquaiBranly-JacquesChiracconserveplusieursmilliersdepiècesafricaines issues de ces missions civiles (d’abord hybrides puis plus exclusivementscientifiques). 640 pièces proviennent de la mission Dybowski en Afrique centrale(1893)72,688delamissiondeRobertDuBourgdeBozasenAfriqueorientaleetcentrale(1901-1902);493desmissionsdeLouisDesplagnesdansl’actuelMali(1903-1904)etauBénin(1907-1909);147delapremièremissionconfiéeàHenriLabouretdansl’actuelBurkinaFaso(1929);212objetsdelapremièremissiond’Émile-GeorgesWaterlotdansl’actuelMali(1930);3600delamission«Dakar-Djibouti»(1931-1933),395objetssontissusdelasecondemissiond’HenriLabouretauSénégaletenGuinée(1932);1245desatroisièmemissionauCameroun (1934),161de lamission confiéeàDenisePaulmeetDeborahLifchitzauMali(1934);247proviennentdelamissionconfiéeàCharlesLeCœurauTchad(1933–1935);plusde350ontétéprélevéslorsdelamission«Sahara-Soudan»(1935), 297 lors de la seconde mission d’Émile-Georges Waterlot au Soudan, enMauritanie et enGuinée (1936), environ800 lors de lamission « Sahara-Cameroun »(1936–1937),etplusde500delamissionNiger–LacIro(1938–1939)pourneciterquelesexpéditionslesplusimportantes.Plusieurscentainesdepiècesdemêmeprovenancesont par ailleurs conservées aujourd’hui dans les musées de plusieurs grandes villesfrançaises(parexempleàToulouse,oùlacollectionLabouretjoueunrôleimportant).
Loind’êtreuneadditionfortuitedemissionsrépétées,cettesommerévèlel’existenced’unvéritablesystèmerationaliséd’exploitationpatrimoniale,comparableàcertainségardsàl’exploitationdesrichessesnaturelles.
70ÉricLutten,«Lesenfantsnoirsontaussidespoupées»,LeMondecolonialillustré,129,mai1934,p.79(citéparÉricJolly).71Éric Jolly,«Lescollectesd’objetsethnographiques»,dansÀ lanaissancede l’ethnologie française.LesmissionsethnographiquesenAfriquesubsaharienne(1928-1939),2016,NaissanceEthnologie.fr.72Leschiffresquisuiventpeuventvariersensiblementselonlesméthodesdecomptage.Ilsontétéformulésd’aprèslesbasesdedonnéesdisponibles,oudanscertaincas,d’aprèslestravauxuniversitairesconsacrésàl’uneoul’autredesmissionsmentionnées.
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Nous recommandons d’accueillir favorablement les demandes de restitutionsportant sur des objets collectés en Afrique lors de ce type de « missionsscientifiques », à moins que n’existent des témoignages explicites73 du pleinconsentement des propriétaires ou gardiens des objets au moment où ils seséparentdetelouteld’entreeux.
Donsdeparticuliers
Lesmuséesfrançaisonttraditionnellementcomptéplusqued’autres,pendantlongtemps,sur les dons et les legs de collectionneurs particuliers. Au musée du quai Branly, larubrique«donateur»recenseungrandnombredenomsd’hommesetdefemmesparfoisassortis,maiscen’estpaslarègle,d’unprénom.Ilestquelquefoisdifficiled’identifiercesdonateurs.AilleursenFrance,certainsmuséespublicsdoiventlaquasi-totalitédeleurscollectionsafricainesauxdonsdeparticuliers,quitelsledocteurLhommeàAngoulêmeouMarieet JosephColombàGrenobleontchoisidecéder leurscollectionsà leurvilled’origine.Detempsentemps,lesdonsinterviennentplusieursannéesaprèslamortdescollectionneursetilestsouventdifficiledereconstituerlesconditionsdanslesquelleslespièces offertes ont été acquises en Afrique. Parmi ces donateurs, les agents del’administration coloniale (ou du corps diplomatique dans les pays d’Afrique noncolonisésparlaFrance)formentungroupeparticulier:selonleurscentresd’intérêtetleurscompétences,cespersonnelsenposteenAfriqueontpuformerdescollectionstrèsspécifiques(manuscritsanciens,piècespréhistoriques),ouaucontraire«touristiques»,acquises au hasard desmarchés ou commandées auprès d’artistes vivants spécialisésdanslaproductionoulacopiedepiècesafricainescorrespondantaugoûtdesEuropéens.Àl’heureactuelle,lemarchédel’artopèreunevigoureusedistinctionentrecesœuvrescrééespourplaireauxEuropéens,dontlavaleurestjugéefaible,etlespiècesafricaines«authentiques»,portantdestracesd’usageoud’inscriptiondansdesrites.Lesdonationsdont bénéficient lesmusées français relèvent des deux catégories : celle de ChristianMerlodansladécennie1930parexemple,quiconcerneunecentained’objetsdefacturemajoritairementcontemporaine,rassemblésauDahomey(actuelBénin),oùledonateurfutadministrateur ; cellede l’ethnographeFrançoisArthurFloriandeZeltner,nommé«adjointprincipaldesaffairesindigènesdansl’Afriqueoccidentalefrançaise»en1918(offerte également en 1930), compte 1 213 pièces ethnographiques : textiles, bijoux,
73Cetterecommandationtientcomptedel’évolutiondudébatjuridiqueinternationalsurl’inversiondelachargedelapreuveenmatièredebiensculturelsdéplacésouspoliés.Elleélargitaucontextecolonialunprincipe énoncénotammentpar laConventionUNIDROITde1995, reprisepar la directive européenne2014/60/UEdu15mai2014.
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récipientsetquelquesmasquesdedanseoriginairesprincipalementdel’actuelMali,duBurkinaFasoetduNiger.
Nousrecommandonsd’accueillirfavorablementlesdemandesderestitutionsquipourraientportersurdesobjetsdonnésauxmuséesfrançaispardesagentsdel’administrationcolonialeouleursdescendants,àmoinsqueleconsentementduvendeur (commandede copies, achat surdesmarchésd’artisanat)puisse êtreattesté.L’effortprincipalconsistepourcettecatégoried’objetsàdéterminerquiétaientlesdonateurs,au-delàdeleursseulsnomsetprénoms(implicationdansl’appareilcolonial?descendantsd’agentscoloniauxoudemilitaires?).
Aprèslesindépendances
Àlasuitedel’accessionàl’indépendancededix-septpaysd’Afriqueaulongdel’année1960,l’entréed’objetsafricainsdanslesmuséesfrançaisnecessepasmaislessourcesd’approvisionnementchangent.Lescollectesscientifiquesmenéesdirectementdanslesanciennes colonies françaises, telles qu’elles avaient été pratiquées auparavant,disparaissent;denouvellesrégions(commeleNigeriaanciennementbritannique)fontl’objetd’uneattentionplussystématique;lesachatssemultiplientetlemarchédel’artinternationals’affirmecommeacteurcléauprèsdesmusées.Lesrèglesdecemarchésont(faiblement)encadrées,àpartirde1970,par laconventionde l’Unescoconcernant lesmesuresàprendrepourinterdireetempêcherl’importation,l’exportationetletransfertdepropriétéillicitesdesbiensculturels,tardivementratifiéeparlaFranceen1997;ainsiqueparl’adoptionprogressiveenAfrique,ÉtatparÉtat,delégislationsdeprotectiondupatrimoineculturel,ycomprisarchéologique.
Cesmesures n’empêchent pas le développement du trafic illicite à l’échellemondiale.Plusieursentretiensmenésdans le cadrede lamissionnousontpermis,documentsàl’appui,decomprendrecommentdepuisdenombreusesannéesetjusqu’àl’heureactuelleestpourpartieorganiséel’exportationillicitedebiensprécieuxoriginairesd’Afriquedel’Ouest,duMalietduNigerianotamment.Leslégislationsactuelles,etladéontologiedesprofessionnelsdemuséesfixéeparl’ICOM,empêchentlesmuséesdeseporteracquéreursoudeprésenterdetellespièces.LeurprésenceenEuropeestsouvententouréed’ungrandsecret.Lanébuleuseliéeàcetraficdépasselecadreimpartiànotremission,quiconcernelesseulescollectionspubliques.Néanmoins,laquestiondesrestitutionsestindissociabledecelledutrafic illicite,quicauseactuellementd’importantespertesà l’Afriqueetquicontinuerad’encausersirienn’estfait.
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Aumilieudesannées1990,avecl’ouvertureannoncéedumuséeduquaiBranly(inauguréle 20 juin 2006), l’État français mène une énergique campagne d’acquisitions, trèslargementdotée,quiimpliqueàlafoislemarchédel’artinternational,descollectionneurset des donateurs français parfois proches du pouvoir politique. Entre son annonce etl’ouverturedumusée,c’estprèsd’unmillierdepiècesquiviennentenrichirl’institutionparisienne,parfoisàl’occasiond’achatsenbloc.Leplusspectaculairedecesachatsestsanscontesteceluidela«collectionnigérianeBarbier-Mueller»:276piècesacquisesparl’Étatfrançaispour48millionsdefrancsen199774.Danslacourseauxbellespièces,lecaractèreliciteouillicitedesprovenancesn’estpasprimordial.Entémoignel’affairebienconnuedesstatuettesNok(Nigeria)actuellementexposéesaupavillondesSessionsdumuséeduLouvre.Achetéesen1998pourlemuséeduquaiBranlyauprèsd’unmarchandbelge,alorsquecettecatégoriedepiècesétait interdited’exportationpar la législationnigérianeadoptéeen1979et figuraitsur la listerougedesobjetsaffectéspar le traficillicite identifiés par l’ICOM, ces prestigieuses statuettes ont valu à la France uneimportante polémique internationale, le New York Times déclarant par exemple ennovembre2000:«ChiracExaltsAfricanArt,Legaland(Maybe)Illegal»75.Aprèsquelquesatermoiements, la France reconnaissait finalement en 2002 que ces pièces étaient lapropriétéduNigeria,quipoursapartacceptaitleurmaintienàParisdanslecadred’unprêtdevingt-cinqansrenouvelable.Àl’époque,l’ICOMdéploraitlecynismedesmusées,qu’ilinvitaitàadopter«desrèglesscrupuleusesenmatièred’acquisitiond’objets».En2007, leprésidentdumuséedécrivaitcetteacquisitionen termesde«prisederisqueéthique»:«NousavonsachetécesstatuesNokdansdesconditionsparfaitementlégalesauregarddelalégislationfrançaisedel’époque,déclaraitStéphaneMartin.Notreprisederisqueétaitéthiquemaispasjuridique.[…]Nousavonsdoncestiméquelerisquevalaitla peine au regard du message que nous voulions faire passer. Ces acquisitions ontdéclenchéunedoubleprotestation.[…]Nousavonsdécidédefairemachinearrière.Nousavonsfaitamendehonorableetavonsdécidédelesrestituer,delesoffrirauNigeria.»76La«prisederisqueéthique»estentréeen jeudansplusieursautresacquisitionsdesannées1990.
74ArchivesdumuséeduquaiBranly,«CollectionnigérianedumuséeBarbier-Mueller»,D004970/49349,fondsdelasectionAfriqueduMuséenationaldesartsd’Afriqueetd’Océanie.75AlanRiding,«ChiracExaltsAfricanArt,Legaland(Maybe)Illegal»,TheNewYorkTimes,25novembre2000.76 « “Lemusée du quai Branly est un outil évolutif”. Entretien d’AyokoMensah et Malick Ndiaye avecStéphaneMartin»,Africultures,«Réinventerlesmusées»,no70,2007/1,p.126.
Nous recommandons la restitution des pièces acquises après 1960 dans desconditionsavéréesdetraficillicite.
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Critèresderestituabilité
L’intégrationmassiveetcontinue,surplusd’unsiècleetdemi,dupatrimoinematérieldel’Afriquedans lescollections françaises inviteàrépondreauxdemandesderestitutionvenantd’Afriqueenfonctionduschémasuivant:
1. Restitution rapide, et sans recherches supplémentaires de provenance, desobjets prélevés en Afrique par la force ou présumées acquis dans desconditionsinéquitables:
a.lorsd’affrontementsmilitaires(butins,trophées),quecespiècessoientvenuesdirectementenFranceouqu’ellesaienttransitésur lemarchédel’artinternationalavantd’intégrerlescollectionsb. par des personnelsmilitaires ou administratifs actifs sur le continentpendantlapériodecoloniale(1885-1960)ouparleursdescendantsc.lorsdemissionsscientifiquesantérieuresà1960d.Certainsmuséescontinuentparailleursd’abriterdesœuvresd’origineafricainequileuravaientétéprêtéespardesinstitutionsafricainespourdesexpositionsoudescampagnesderestauration,maisqu’ilsn’ontjamaisétérendues. Ces pièces doivent faire l’objet d’un retour rapide à leursinstitutionsd’origine77.
2. Recherchescomplémentaireslorsquelespiècesréclaméessontentréesdanslesmusées après 1960 et par le biais de dons,mais qu’on peut néanmoinssupposer qu’elles ont quitté l’Afrique avant 1960 (cas des pièces restéespendant plusieurs générations au sein de familles). Dans les cas où lesrecherches ne permettraient pas d’établir de certitudes quant auxcirconstances de leur acquisition à l’époque coloniale, les pièces réclaméespourraient être restituées sur justification de leur intérêt pour le paysdemandeur.
3. Maintiendanslescollectionsfrançaisesdespiècesafricainesdontilestétabliqu’ellesontétéacquises:
77 Quelques cas singuliers pourraient ici être mentionnés, concernant notamment la situation d’objetsprêtésàdesinstitutionsfrançaisesmaistoujoursprésentdanslesréserves.ChristineLorre,conservatriceenchefaumuséed’ArchéologienationaledeSaint-Germain-en-Laye,aainsiattirénotreattentionsurunlotd'outillage lithiqueenprovenancedeMelkaKunture(Éthiopie).Lespiècesavaientétédéplacéesdusitepoureneffectuerdesmoulages(parailleursexposésdanslasalled'archéologiecomparéedumusée)etsetrouventtoujoursconservésaumusée,dansl’attentedelarégularisationdelasituation.
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a. àlasuited’unetransactionfondéesurunconsentement,àlafois,libre,équitableetdocumenté
b. avec la vigilance nécessaire sur le marché de l’art après l’entrée envigueurdelaconventionUNESCOde1970,autrementditsans«prisede risque éthique ». Les dons de chef d’État souverains aux chefs degouvernementsfrançais,restentacquisàlaFrancesaufdanslescasoùleschefsd’Étatconcernésontétécondamnésdansleurspaysd’originepourdétournementdebienspublics.
Chronogrammepourunprogrammederestitutions
Noussuggéronsunprocessusderestitutionentroisétapesàcompterdelaremisedecerapport.Lestranslocationspatrimonialesquiontaffectél’AfriqueauprofitdelaFrancesesontdérouléessuruntempslong.Leprocessusderestitution,pourêtrepérenneetnepasfairecourirderisquesinutilesauxobjets,pourlaisseràtouslesacteurs,surlesdeuxcontinents, le temps d’élaborer un « savoir-faire » commun des restitutions, doitnotamments’adapteraurythmeetàl’étatdepréparationdespaysafricainsconcernés.Surcesquestionsculturellessensibles,l’ÉtatfrançaisnedoitpasimposersonrythmeetsonagendapolitiqueauxÉtatsafricains.Ilfautnéanmoinsdonnerrapidementdesgagesdeconfianceauxpaysd’Afrique,enparticulieràceuxquisontengagésdepuislongtempsdansdesdémarchesderéclamation(adresséesàlaFranceouàd’autrespayseuropéens).
Premièreétape(novembre2018-novembre2019)
RemisesolennelleauxÉtatsafricainsconcernésdesinventairesd’œuvresissuesdeleurterritoire(selonlesfrontièresactuelles)etconservéesactuellementdansdescollectionspubliquesfrançaises.●RestitutionsolennelledequelquespièceshautementsymboliquesréclaméesdepuislongtempspardifférentsÉtatsoucommunautésafricains,pourprouverlaréellevolontéderestitutiondel’Étatfrançais.●Élaborationcommune,entreexpertsdesmuséesetdupatrimoineenFranceetenAfrique,d’uneméthodologiepratiquedesrestitutions ● Transfert (c’est-à-dire retour matériel) de ces pièces dans leurs paysd’origine si les pays réclamants considèrent que les infrastructures destinées à lesaccueillirsontprêtesàlefaire.●Parallèlement,adoptiondemesureslégislativesetderègles pour rendre ces restitutions irrévocables. ● NB: L’organisation d’expositionstemporaires pour marquer le « retour » d’œuvres qui seraient ensuite renvoyées enFranceenattendantquelesÉtatspropriétairessoientéquipésdoitselonnousêtreévitée,plusieursexemplespassésayantmontrél’effetdélétèreproduitsurlespublicsafricainsparle«seconddépart»d’œuvresqu’ilscroyaientrevenues(exposition«Béhanzin,roid’Abomey » à la Fondation Zinsou au Bénin en 2006-2007 ; exposition « Ciwara,collectionsdumuséeduquaiBranly»auMuséenationaldeBamakoauMalien2011).
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Cettepremièreétapepourraitconcernerlesobjetssuivants78:
1. Bénin.Lesstatuesetregaliaprovenantdusacd’Abomeyde1892,enparticulierlespièces suivantes (musée du quai Branly-Jacques Chirac), objet de réclamationsdéjàanciennes:
▪Statuebochioàl’imageduroiGhézo(71.1893.45.1,fig.6)
▪Statueroyaleanthropo-zoomorphe(71.1893.45.2,fig.7)
▪Statueroyaleanthropo-zoomorphe(71.1893.45.3,fig.8)
▪Quatreportesdupalaisroyal(71.1893.45.4à71.1893.45.7,fig.9-10)
▪Siègeroyal(71.1893.45.8,fig.11)
▪SculpturedédiéeàGou(71.1894.32.1,fig.12)
▪TrôneduroiGlèlè(71.1895.16.7,fig.13)
▪TrôneduroiGhézo(71.1895.16.8,fig.14)
Lesautrespiècesdemêmeprovenanceseraientrestituéesdansunsecondtemps(voirci-dessous).
2. Sénégal.LespiècessuivantesissusdubutindeguerrefaitàSégou(trésord’ElHadjOmarTall /Ahmadou) conservées aumuséeduquaiBranly-JacquesChirac, aumuséedel’ArméeetauMuséumd’histoirenaturelleduHavre:
▪Sabred’ElHadjOmarFoutiyouTall(muséedel’Armée,no6995,fig.15)
▪ObjetsconservésauMuséumd’histoirenaturelleduHavre
▪Colliers,pendentifs,perlesetmédaillons(muséeduquaiBranly-JacquesChirac,75.8142,75.8148,75.8159.1-2,75.8160,75.8162,75.8164,fig.16)
Lesautrespiècesdemêmeprovenancepourraientêtrerestituéesoufairel’objetd’accords de numérisation (manuscrits de laBibliothèquenationale de France)dansunsecondtemps(voirci-dessous),enaccordaveclafamilleTall.
3. Nigeria.LespiècessuivantesconservéesaumuséeduquaiBranly-JacquesChirac,provenantdusacdeBeninCityparl’arméebritanniqueen1897etquiontcirculédanslesmuséeset/ousurlemarchédel’arteuropéenavantd’êtreacquisesplustardivementetd’intégrerlescollectionsnationales.Larestitutiondesobjetssaisis
78Lalistequisuitestunepropositionouverte,elleneprétendpasàl’exclusivitéetconcerneenpremièrelignedespiècesréclaméesdepuislongtempsparlespaysd’origine.
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lorsdecetteexpéditionpunitiveestréclaméedepuisplusieursdécenniespar leNigeriaetoccupeunegrandeplacedansl’imaginairepublic(plusieursfilmsgrandpublicsurlesujet,existenced’un«BeninDialogueGroup»international,etc.).Lespiècessontclasséesiciparordredepriorité:
▪Plaquefigurative(71.1931.49.19,fig.17)
▪Défensesculptée(73.1962.7.1,fig.18)
▪Têteanthropomorphe(73.1969.3.1bis,fig.19)
▪Plaque(73.1997.4.1,fig.20)
▪Têted’autelroyal(73.1997.4.3,fig.21)
Lesautrespiècesdemêmeprovenanceseraientrestituéesdansunsecondmoment(voirci-dessous),enaccordaveclesautoritésnigérianesetlafamilleroyale(Oba).
4. Éthiopie.Lespeinturessacréesdétachéesdesmursdel’égliseSaint-Antoine(AbbāAntonios)deGondäretexportéesillicitementd’Éthiopieen1932(missionDakar-Djibouti) conservées au musée du quai Branly-Jacques Chirac. L’Éthiopie étaitopposée à ces exportations aumomentmêmeoù elles ont eu lieu. Elle compteparmi les États africains qui réclament le plus activement le retour de leurpatrimoinedepuisplusieursdécennies.
▪Peinturesdel'égliseAbbāAntonios(71.1931.74.3584à71.1931.74.3595,fig.22)
Nombre d’autres pièces de même provenance (y compris de nombreuxmanuscrits) peuvent être restituées, si elles sont réclamées, dans un secondmoment(voirci-dessous).
5. Mali. Certaines des pièces suivantes « collectées » lors des missionsLabouret(1932),Dakar-Djibouti(1931-1933),Sahara-Soudan(1935)etNiger-LacIro(1938-1939):
▪ Masque zoomorphe Ciwara kun (71.1930.26.3, musée du quai Branly-JacquesChirac,fig.23)
▪Masqueetpoitrinepostichedejeunefille(71.1930.31.22.1-2,muséeduquaiBranly-JacquesChirac,fig.24)
▪ Masque anthropomorphe Satimbe (71.1931.74.1948, musée du quaiBranly-JacquesChirac,fig.25)
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▪ Mère desmasques Imina na (71.1931.74.2002,musée du quai Branly-JacquesChirac,fig.26)
▪Objetcultuelcomposite,Boli,(71.1931.74.1091.1(muséeduquaiBranly-JacquesChirac,fig.27)
▪ Masque Sim (71.1935.60.169, musée du quai Branly-Jacques Chirac,fig.28)
▪ Masque Sim Kalama Nãngala (2002.0.241, Institut d’ethnologie del’universitédeStrasbourg,fig.29)
IlfautquelechoixdespiècesdontleretourdoitintervenirenprioritésoitfixédansundialogueetsuivantunprotocoleétablisavecledirecteurdumuséenationalduMali, et en accord avec les autorités maliennes. D’autres pièces de mêmeprovenancepourrontêtrerestituéesdansunsecondtemps79(voirci-dessous).
6. Cameroun. Trône « collecté » au Cameroun dans le cadre de la mission HenriLaboureten1934:
▪Trône(muséeduquaiBranly-JacquesChirac,71.1934.171.1,fig.30)
Lesautrespiècessaisiesdanslemêmecontextepourrontêtrerestituéesdansunsecondtempsendialogueavecl’Etatcamerounaisetlescommunautésconcernées(cf.ci-dessous)
Deuxièmeétape(printemps2019-novembre2022)
La deuxième étape est celle de l’inventaire, du partage numérique et d’une intensiveconcertationtranscontinentale.Ellesedécoupeenquatrevoletsdistinctsetdoitconduireà lamise en ligne en libre accès, ou à la restitution bien ordonnée, d’ici cinq ans, dumatérieliconographique,cinématographiqueetsonoreconcernantlessociétésafricaines,ainsiqued’uncertainnombred’œuvresauthentiquesjugéesimportantesparlesÉtatsoulescommunautésconcernés.
a. Inventaires
79Parexemple,aumuséeduquaiBranly-JacquesChirac:71.1931.74.1048.1,masquezoomorphe(Dakar-Djibouti) ; 71.1931.74.1907, masque zoomorphe Omono (Dakar-Djibouti) ; 71.1931.74.1948, masqueanthropomorphe (Dakar-Djibouti) ; 71.1931.74.1999, masque facial zoomorphe Dyodyomini (Dakar-Djibouti);71.1935.60.198,masquezoomorphe(Sahara-Soudan);71.1935.60.233,masquefacialanthropo-zoomorpheGomitogo (Sahara-Soudan) ;71.1935.60.286,masqueanthropo-zoomorpheKanaga (Sahara-Soudan);71.1935.60.325,masqueanthropomorpheIminana(Sahara-Soudan);71.1935.105.27,masquezoomorpheNa;71.1935.105.34,masquezoomorphe(MissionPaulme-Lifchitz).
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Mobilisation de tous les moyens humains et financiers nécessaires àl’établissement rapide et à la mise en ligne d’un inventaire des collectionsafricainesconservéesdanslesmuséespublicsfrançais.Cetinventairefaitencoredéfautpourungrandnombredemusées. Sans inventaire et sans accès facile àcelui-ci,lesdemandesderestitutionnepeuvents’opérerquedansunfloudélétère.Letravaild’inventairedoitêtremenémaindanslamainentreprofessionnelsdesmuséesetdupatrimoineenFranceetenAfrique.Ilconstituepourlecôtéafricainunpremierpasdansla(re)prisedecontactavecdescollectionsdontl’existence(àdéfaut d’inventaires facilement accessibles) est souvent ignorée par lesprofessionnelsafricainseux-mêmes,etafortioriparlessociétés.
b. Partagenumérique
Partage radical, dans le cadre du projet de restitution, des objets numérisés, ycomprisencequiconcernelapolitiquedesdroitsàl’image.Ungrandnombrededocuments photographiques, sonores ou cinématographiques concernant lessociétésafricainesautrefoissoumisesàlatutellecolonialefrançaiseonteneffetété l’objet ces dernières années de campagnes de numérisation intensives (parexemple,l’iconothèquedumuséeduquaiBranly-JacquesChirac).Étantdonnélamultitude d’institutions françaises concernées et la difficulté qu’il y a, pour unpublicétranger,às’orienterparmicesinstitutions,nouspréconisonsl’élaborationd’unportailuniquedonnantaccèsàcetteprécieusedocumentationenlibreaccès.Unplandenumérisationsystématiquedesdocumentsconcernant l’Afriquenonencorenumérisésdoit êtrepar ailleurs établi, qui devra concerner aussi, aprèsconcertationaveclespartiesimpliquées,lescollectionsdemanuscrits(éthiopiens,omariens,etc.)delaBibliothèquenationaledeFrance.Ilvasansdirequel’actuellepolitique de droits de reproduction des images doit faire l’objet d’une révisioncomplèteencequiconcernelesdemandesémanantdespaysd’Afriquepourlesœuvresetsociétésafricainesphotographiées,filméesouenregistrées.Lagratuitéd’accèsetd’usagedecesimagesetdocumentsdoitêtrevisée.
c. Ateliers
Tenue régulière et structurée, en France et dans les pays africains concernés,d’ateliers bilatéraux ou multilatéraux permettant aux acteurs directementconcernés par les restitutions (conservateurs de musée, responsables dupatrimoine,représentantsdecommunauté,restaurateurs,mécènes)departagerou d’élaborer en commun des « savoir-faire » de la restitution et del’accompagnementdesretours(etdesdéparts)enFrancecommeenAfrique.
d. Commissionsparitaires
CréationdecommissionsparitairesentrelaFranceetchacundesÉtatsafricainsdésireuxderecouvrerleurpatrimoine.Ellesviseraientàstructureretàmodérer
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ledialogueentre les institutions françaises,d’unepart, et les représentantsdesmuséesetdescommunautésconcernés,désignéspar lesÉtatsafricains,d’autrepart.
● Examiner les demandes de restitution et émettre un avis selon laprocédureexposéedanslatroisièmepartie.Àcetitre,chaquecommissionveilleraitàuneinformationpartagéeentretouslesacteursetinstitutionsconcernés,enFrancecommeenAfrique,surlesmodalitésderestitution.
● Définir des axes de recherche destinés à établir des listes d’objetsrestituables.Àcetitre,lescommissionsseraientinforméesdespartenariatsmisenplaceentreexperts,chercheursouconservateursdespaysetmuséesconcernéspourétablirlaprovenancedesobjets
●Préconiser,aucasparcas,lesmesuresd’accompagnementindispensablesàlaréussitedesopérationsde«départ»etde«retour»,etnotammentdesactions de coopération scientifique, la fourniture d’équipements pourl’accueiletlaconservationdesobjetsrestitués,laformationdespersonnelschargésdelaconservation,delamédiationetdelarecherchedemécénatsprivés.
●FormulerdesrecommandationspourlaprésentationdesobjetsafricainsdanslesmuséesdeFrance.Lescommissionsseraientinforméesd’éventuelsprojetsd’exposition.
Troisièmeétape(novembre2022-…)
Lestranslocationspatrimonialesquiontaffectél’AfriqueauprofitdelaFrancesesontdérouléessurunelonguedurée.Leprocessusderestitutionnedoitpasêtrelimitédansletemps.Ilfautéviterdedonnerl’impressionquelafenêtrehistoriquequis’estouvertelorsdudiscoursdeOuagadougouennovembre2017risquedeserefermertrèsviteetéviter du même coup les actions précipitées d’États qui, pour des raisons sociales,politiques,économiquesouautres,nesesentiraientpasencoreconcernésouprêts.LesÉtats africains doivent être assurés que leurs éventuelles demandes de restitutionpourrontencoreêtreaccueilliesau-delàde«cinqans»(pourreprendrel’agendafixéparEmmanuelMacron),lorsque,parexemple,lasituationpolitiqueoulepaysagemuséalleurpermettra d’envisager sereinement le retour, la réinstallation et/ou la circulation despièces récupérées. Dans cette optique, il est particulièrement important que lacommissionet lesateliersmisenplacedans ledeuxième temps (voir ci-dessus) soientconçuspourdureretqueleurfinancementsoitassuré.
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3.Accompagnerlesretours
Organiser les retours des objets africains est un travail à plusieurs dimensions. Lapremière–cellequimarqueralaruptureaveclasituationantérieure–estd’instituerendroit interneunevoiede restitutiondéfinitivepar la créationd’uneprocédureadhocposantlesbasesd’unprocessusapaisé.Ils’agitégalementderationaliseretdedévelopperdansuncadrebilatéral,aucasparcas,lesdiversesactionsdecoopérationquientourerontladécisionderestitutionetquifonderontunnouveaucontextederelationsculturellesentrelaFranceetchaquepaysafricain80.
Aspectsjuridiques
L’ambitionderefonderdesrelationsaveclespaysafricainsenmatièrepatrimonialepasseparl’étapesymboliquementnécessairedelarestitutiondéfinitived’objetsconservésdanslescollectionsfrançaises.Cetterestitutiondéfinitives’inscritdansuncadreplusglobaldecoopérationculturelle,cequiparailleursoffreuneissueaudébatdifficilesurlemaintienduprincipegénéraldel’inaliénabilitédescollections.
Laprocédurederestitutionsupposeuneévolutiondudroitpositif,danslecadred’unemodification du code du patrimoine, articulée avec le principe d’inaliénabilité descollectionspublique.
80 Les réflexions et recommandations qui suivent ont étémûries notamment dans le cadre d’un atelierjuridiquetenu le26 juin2018auCollègedeFranceàParis,coordonnépar IsabelleMaréchaletVincentNégri.
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Surunautreversant,larestitutiondesobjetsmetenlumièrelaquestiondelaluttecontreletraficdesbiensculturels;lesobjetsafricains,au-delàdessortieseffectuéespendantlapériodecoloniale,ontétéunecibleprivilégiéedestrafiquantsetdesfaussaires,detoutesnationalités,pendantlesdécenniesquiontsuivi.Ladémarchederestitutionnepeutqueconduireàquestionnerlesoutilsactuelsdelutteoumieux,depréventiondecestrafics,pourinscrirelesobjetsrestituésdansundispositifrenforcédeprotection(voirinfra).
Commentsortirdel’impasseactuelle?
Ledroitactuelquis’opposejusqu’iciauxdemandesderestitutionsreposesurlejeucroisédesdispositionsducodedupatrimoineetducodegénéraldespropriétésdespersonnespubliques (CG3P). Le code du patrimoine et le CG3P, adoptés par voie d’ordonnancesrespectivementen2004et2006,ontproduitunesituationformellementplusverrouilléequeprécédemment,oùlaprotectiondescollectionsdemuséesreposaitessentiellementsur la jurisprudence. Le droit actuel pose une définition du domaine public mobilierenglobanttouslesbiensculturels–notammentdescollectionspubliques–générantuneprotectionadosséeauxrèglesd’imprescriptibilitéetd’inaliénabilitédudomainepublicfaisantdefaitobstacleauxdemandesderestitutions.
Ceblocagenousparaitrésulterd’uneapplicationstrictedelalettredestextesmaispeuconformeàleuresprit.Lesparlementairesontàplusieursreprisestentédelégiférerpouratténuer le caractère absolu de l’inaliénabilité des collections d’objets de musées,principalobstacleauxrestitutions.
Transactionsaveclesrèglesdeladomanialitépublique
Lesrarescasderestitutiondesvingtdernièresannéesn’ontétépossiblesquepardestransactionsaveclesrèglesdeladomanialitépublique.Deuxmoyensontétéutilisés:
a.Lasolutionlaplussimpleaétélerecoursàuneloid’exception,dérogeantauxtextesapplicablesenmatièredepatrimoineetdedomanialitépublique.Ceprocédéaétéutilisépourlarestitutiondes«restesdeladépouillemortelledelapersonneconnuesouslenomdeSaartjieBaartman»,diteVénushottentote,en2002(loino2002-323du6mars2002relative à la restitution par la France de la dépouillemortelle de Saartjie Baartman àl’Afrique du Sud), puis pour celle des « têtes maories conservées par desmusées deFrance»en2010(loino2010-501du18mai2010visantàautoriserlarestitutionparlaFrancedestêtesmaoriesàlaNouvelle-Zélandeetrelativeàlagestiondescollections);ilseraégalementutiliséprochainementpourleretourdescrânesdesrésistantsalgériensàlacolonisation.
Parsavisibilitéetsasolennité–arméeparledoubleprincipededignitéetderespectdûauxmorts–,illimiteàl’extrêmelescasderestitution.
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Cesloisspécialesmettentenavantlecaractèreparticulierdes«resteshumains»etladiscussion sur leur appropriation, qui s’apprécie d’ailleurs de façon inégale : lajurisprudence a admis que les dispositions du code du patrimoine, qui rendentinaliénableslesbiensd’unepersonnepubliqueconstituantunecollectiondesmuséesdeFrance,placentcesbienssousunrégimedeprotectionparticulière,auquelne faitpasobstaclelecodecivil,etnotammentl’article16-1quiplacehorscommerce(exclusiondetouteappropriation)lecorpshumain,sesélémentsetsesproduits81.
Au-delà de cette jurisprudence, le respect dû auxmorts corrélé à l’importance de cesresteshumains,notammentpourleurcommunautéd’origine,apermisd’écarter,parvoielégislative et dans un consensus certain, l’application des procédures normales dedéclassementdudomainepublic,quin’auraientd’ailleurspuconduirequ’àunrefus.
b. Le deuxièmemoyen est d’écarter l’application à l’objet considéré des textes sur ledomainepublic,aumotifdesanon-appartenanceàlacollectiondumusée.
Lanon-appartenancepeutêtredefait...
OnsaitquelesœuvresestampilléesMNR(MuséesNationauxRécupération)depuis1953,reliquat non restitué des 60 000œuvres pillées par l’occupant nazi, n’ont jamais étéintégréesauxcollectionspubliques,afinprécisémentdepermettreleurrestitutionunefois les propriétaires ou les ayants-droits identifiés ou reconnus. Dans une autreperspective,lesrestitutionsdebiensculturelschinois82,opéréesen2015,ontétérenduespossiblesparleretrait,àlademandedel’Etat,dudonfaitquelquesannéesauparavantparuncollectionneurprivéauMuséeGuimet.Dèslors,redevenuspropriétéprivée,cesobjetsontpuêtrerestituésdirectementparledonateuràl’Etatchinois.
…ourésulterdeladécouverted’unviceoriginelirréparableentachantl’acquisition:
Ainsi,lesbiensissusdetraficsillicitesquiseraiententrésdanslescollectionspubliquespostérieurement à 199783, par suite d’une négligence dans la vérification de laprovenance lorsde l’acquisition, oudont le caractère illicite serait révélédu faitde ladécouverte d’éléments nouveaux, peuvent faire l’objet depuis la loi LCAP du 7 juillet
81TARouen,27décembre2007,PréfetdelaSeine-MaritimeC/VilledeRouen,no0702737;CAADouai,24juillet2008,VilledeRouen,no08DA00405.Lejugeadministratifécartel’argumentairedelavilledeRouenqui faisait valoir qu’en tant que reste humain, les têtes maories étaient insusceptibles d’appropriationpublique ou privée, et que ces objets ne pouvant faire partie de ce fait de la collection du musée, lesprocéduresconsultativesprévuesparlecodedupatrimoinenepouvaientluiêtreopposées.82Quatreplaquettesenorinciséesd’imagesstyliséesd’oiseaux,sortiesdeChineavantlaratificationdelaconventionUNESCOetdontlesoriginessesontavéréesdouteusesàlasuited’untravailcommund’analysesd’expertsfrançaisetchinoiseffectué20ansplustard...83RatificationparlaFrance,le7janvier1997,delaconventionUNESCOde1970concernantlesmesuresàprendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicites desbiensculturels.
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201684d’uneannulationparvoiejudiciairedeleuracquisition(parvente,don,oulegs)àl’initiativedelapersonnepubliqueabusée85.
L’objet étant ainsi réputé n’être jamais entré dans le domaine public, évitant ainsi laquestiondudéclassement,l’articleL.124-1nouveauducodedupatrimoineprévoitquelejugepeutordonnersarestitutionàsonpropriétaired’origine.
Résonancesavecladémarchederestitutiondupatrimoineafricain
Cesprocéduresoucesmontagesquiontpermisdesrestitutionsponctuellesnepourraientrépondreà ladémarchederestitution, tellequ’elles’estdessinéeau longdesdiversesconcertationsconduitesaucoursdelamission:
Ils’agiteneffetavanttoutderemédierà lasituationde latrèsgrandeexpatriationdupatrimoineafricain.Sararetédanslespaysd’origineestnonseulementpréjudiciableàlapréservation des cultures nationales et communautaires, mais elle handicape aussidurablementlesperspectivesdeconstitutiond’uneoffremuséaleprestigieuseporteusededéveloppementéconomique.Ilestdoncnécessairedeposerlesbasesd’uneréflexionglobalesurlescollectionsafricainesconservéesenFrance,laprovenance86desobjets,etdedétermineruneprocédure,intégrantdesobjectifsscientifiques,pourunprocessusderestitutionportantpotentiellementsurunnombresignificatifd’objets.
Le traitement d’une demande de restitution nécessite de prendre en compte deuxdifficultésmajeures,outrecelledel’inaliénabilitédescollections.
a. Lapremièreestquedenombreuxobjetsdescollectionsdesmuséesontétéacquisauprès de leur propriétaire d’origine par la violence ou la ruse ou dans desconditions iniques liéesnotammentà l’asymétriedu«contextecolonial»,maispourunelargepartàuneépoque,antérieureauxconventionsdelaHayede1899et1907,où lapratiquedubutinet celledu trophéeétaient encoreadmises. Lacollectepardesmissionsscientifiques,financéesparl’Etataufuretàmesuredel’exploration et de la conquête de nouveaux territoires, a été un autre modelargement mis en œuvre en parallèle ou en accompagnement d’opérationsmilitaires.
Le contexte d’acquisition va donc être déterminant dans le traitement desdemandesderestitutions,alorsmêmeque,pourinacceptablesqu’ilssoientpour
84Loino2016-925du7juillet2016relativeàlalibertédelacréation,àl’architectureetaupatrimoine.85Cettepossibilitéessentiellementàdécouragerletraficdebiensculturelsetnotammentlespillagesliésaufinancementduterrorisme.LestravauxpréparatoiresdelaLCAPenvisageaientégalementcedispositifderemiseencausedel’entréedanslescollectionssurinitiativedupropriétairepourlesresteshumainsetpourlesbiensspoliésdufaitdunazisme,maiscesdeuxdernierscasn’ontpasétéretenusdanslesarbitragesinterministériels.86Lesrecherchessurla«provenance»concernentl’originegéographiqueetculturelledel’objet,sonusage,lesmodalitésdesonacquisitionauprèsdesonousespropriétairesoriginels,lescirconstancesdesasortieduterritoirenaturel,etdesonentréedanslescollectionsdumuséeenFrance.
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notreregardd’aujourd’hui,cesactesnesontpasjuridiquementqualifiésdecrimesauregarddudroitinternational,contrairementauxspoliationsnazies,enregarddesquellesfutadoptéunactejuridiquespécifique87,etauxpillagesetdestructionsentantdeguerrepostérieursàlaConventionUNESCOde1954pourlaprotectiondesbiensculturelsencasdeconflitarmé.
Pourautant,dèslorsqueledroitinternationalcontemporainouvriraitundroitàréparation pour des faits commis aujourd’hui et analogues à des situationspassées,tantdupointdelaviolencecommisequedesconséquences,ilestlégitimede poser la questiond’undroit à restitutiondes objets issus de faits similairescommispendantlapériodecoloniale.
b. Ladeuxièmedifficulté estque lesobjets africainsdes collectionspubliquesontpournombred’entreeuxété léguésoudonnésauxmusées,par leshéritiersdecolons,demilitairesengagésdanslesopérationsdeconquête,d’administrateursdescoloniesoudemissionnairesparfoisplusieursdécenniesaprèsledécèsdeleuraïeul.Lesmodalitésdel’acquisitioninitialedecesobjetsquis’étalesurpresqueunsiècleetdemipeuventavoirététrèsdiverses:butindeguerrebiensûr,vols,donsplusoumoinslibrementconsentis,maisaussitrocs,achats88,équitablesounon,oumêmecommandesdirecteauprèsd’artisansoud’artisteslocaux.
Le plus souvent le musée bénéficiaire de dons déjà anciens n’a que peud’informationssur lesconditionsde l’acquisitionpremièredesobjets,etparfoismêmesurleurprovenanceexacte.
Or les objets des musées issus de dons et legs bénéficient d’une inaliénabilitéexplicite,autitreducodedupatrimoine,etlamatièreestrégieparlecodecivilquinefaitpasdedistinctionselonqueledonataireestpersonnepubliqueouprivée.
Enfin, le plus important sans doute dans l’approche nouvelle, est la volonté d’unpartenariat franco-africain pour l’établissement de la liste des objets susceptibles dedemandesderestitution,pourconduire,suivantlescasetlorsquecelaseranécessaire,desrecherchessurlaprovenancedel’objetetpourélaborerdes«savoir-faire»communsdelarestitutionetdesonaccompagnementmuséographiquesurlesdeuxcontinents.
Dans ces conditions, c’est dans le sens de la création d’une procédure entièrementnouvelleetspécifiquequecesontorientéslestravauxdelamission,àl’issuedel’atelierjuridiqueorganiséle26juin2018(document3)etdelaconcertationaveclesdirecteursdemuséesorganiséele4juillet2018.
87DéclarationinteralliéeàLondresen1943contrelesactesdedépossessioncommisdanslesterritoiressousoccupationetcontrôleennemis.88Plusoumoinséclairés:onapuconstatertrèstôtl’apparitiondecontrefaçons,fabriquéespoursatisfaireàlademandedecette«clientèle»nouvelle…lesplusanciennesdateraientdesconquêtesespagnolesauMexiqueauXVIesiècle.
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Ledispositifjuridiqueenvisagé
Ils’articuleautourdesdeuxaxesessentielsdeladémarcheinitiée:larestitutiondéfinitiveest l’élément clé fondateur d’une coopération culturelle accrue, concrétisée par lasignature d’un accord bilatéral, qui légitime la nouvelle procédure de restitutionintroduiteaucodedupatrimoine.Ilfaitlechoixd’uneprocédured’exception,maisquineselimitepasauxobjetsdemusées.
a.Lesélémentsdecontextequiontguidéleschoixdelaproposition
Ladifficultédecetexerciceaétédepermettrel’engagementd’unprocessusderestitution,sanspourautantremettreencauseleprincipegénérald’inaliénabilitédesobjetsculturelspropriétéspubliques–principefondateurdelalégislationdesmuséesdeFrance.
Lasolutionproposéereposesur le lien indissociableentre laprocédurederestitutionnouvelleintroduiteauCodedupatrimoineetl’accorddecoopérationbilatéralquifondeladérogationauprincipegénérald’inaliénabilitéetlalimiteàcetteseulehypothèse.
Ceprocédéexistedansd’autresdomaines,notammentenmatièremédicale,quipermetde soumettre à l’existence d’un accord bilatéral une dérogation au droit communlégislatif89aubénéficed’unpaystiers.
Cette procédure nouvelle s’insèrerait au Livre 1 du Code du patrimoine consacré aux«Dispositionscommunesàl’ensembledupatrimoineculturel»;cechoixduLivre1estdictéparlesoucidenepaslimiterlesrestitutionsauxbiensformellemententrésdanslescollectionsdesmusées.Bienqu’ellessoientcertainementdeloinlesplusrichesenobjetsafricainsrestituables,leprocessuspourraconcernerd’autresobjetsrelevantducodedupatrimoine(archives,ouvragedesbibliothèques).
La deuxième difficulté était de concilier le caractère volontariste de l’intention derestitution,alorsquenotreconnaissancedelaprovenancedesobjetsconservéssurnotreterritoire est très inégale. Or ainsi qu’il a été exposé plus haut, la connaissance descirconstancesd’acquisitioninitialeestessentielledansnotredémarche.
Le cadreprocéduralproposéest suffisamment souplepourpermettredes restitutionsrapidesdèslorsquelesquestionsdeprovenancedesobjetssontconnues,etquelevicedeconsentementlorsdel’acquisitiondesobjetsestmanifesteoufortementprésumé,cequiseraemblématiquedelaréalitédelavolontéderuptureaveclesblocagesantérieurs.
Mais il lui faut également s’adapter à la diversité des situations et de l’état desconnaissancesdescollectionsafricainesenFranceetainsiqu’àladiversitédesattentesdespayspartenaires.Cecinécessitedelaisserlaplacenécessaireàuntravailcommunde89ArticleL.4111-1-2ducodedelasantépublique
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rechercheetde concertation, soitpourétablir les circonstancesd’acquisitionde façoncertaine, soit pour réunir les éléments de présomption suffisante d’une acquisitioncontrainte.Ilviseenfinàpermettreponctuellementlarestitutiond’objetsdont,malgrédes recherches, les conditions d’acquisition resteront inconnues, mais dont l’intérêtscientifiquepourlescollectionsafricainess’avèreracertain.
Enfin,ilimportedes’assurerqueleprocessussoitsoutenabledanssamiseenœuvre;cequipourraitêtregarantipardeuxélémentsprocéduraux:
• ledialoguepartenarialet leconsensusscientifiqueentreexpertsafricainsetfrançaissurl’originedesbiens,
• l’examenpouravisdesdemandesparunecommissiond’expertsscientifiquesdésignéspar lesdeuxÉtatsparties, dont la saisineobligatoirepermettra enoutreunsuivinationaldesrésultatsduprocessusderestitutionpaysparpays
b.Laprocédurederestitutionrequiertunemodificationducodedupatrimoine
CetteprocédurenouvelleprendraitplaceauLivre1duCodedupatrimoineconsacréaux«Dispositionscommunesà l’ensembledupatrimoineculturel»,dans le chapitre2duTitre1,oùseraitinséréeunesection5relativeàlarestitutiondebiensculturelssurlefondementd’unaccordbilatéraldecoopérationculturelleavecdespaysanciennementcolonies, protectorats ou gérés sur mandat français (voir la proposition législative,présentéesousformedetableau,enannexeauprésentrapport,document2).
Elleestentreprisesurlabasedelademandeformelledupaysdemandeur,quipourraêtredéposée rapidement pour les objets dont l’origine et les conditions d’acquisition sontsuffisammentconnuespourquel’établissementdudossierd’instructionnenécessitepasde travaux de recherches. Pendant la durée de validité de l’accord de coopération,renouvelable selon lavolontédesParties,d’autresdemandespourrontporter surune(des)liste(s)d’objetsdontl’intérêtetlaprovenanceaurontétéétudiésdanslecadredespartenariatsderechercheprévusparle(s)programme(s)d’actiontriennaux(voirinfra:b)L’accorddecoopération).
Lacommissionparitaired’expertsdésignésparlesdeuxEtatsparties,dontlacompositionet les missions sont fixées par chaque accord de coopération, évalue les dossiersd’instructiondesobjetsdelalistequiluisontsoumis.Pourformulersonavis,elleapprécielesélémentsrelatifsàlaprovenancedesobjetset,silesconditionsdel’acquisitioninitialenepeuventêtreclairementétablies,leurcomplémentaritéavecd’autresobjetsrestituésouleurintérêtpourlepaysoulacommunautéd’origine.
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Ellevérifieégalementl’étatdescollectionsnationalesaprèsrestitution,etestinforméelecaséchéantdesmesuresenvisagéespourgarantirlacontinuitédelaprésencedel’artetdel’histoiredupayscontractantsurleterritoirenational.
Son examen devrait donc êtremodulé, selon le degré de connaissance de l’origine del’objet:
• Ils’agiraitd’unesimplevérificationdesconclusionsdestravauxderecherchesdeprovenanceeffectués,lorsqueceux-ciconclurontàunvicedeconsentementlorsdel’acquisitiondesobjets,manifesteoufortementprésumé,
• Enrevanche, elledonneraunavisd’opportunité sur la restitutionau regarddel’intérêtscientifiquedel’objetpourlescollectionsdupaysdemandeurlorsquequelescirconstancesd’acquisitiondel’objetdemandérestentinconnues,malgrélesrecherches.
L’avisfavorabledelacommissiond’expertspermetlasortiedel’objetdelacollectiondumuséedans laquelleelleétait conservée,et sa restitution, surdécisionde lapersonnepubliquepropriétaire,aupaysdemandeur.
Ce schéma de procédure de restitution est détaillé et explicité dans la propositionlégislative,annexéeauprésentrapport.
Uneanalysedesincidencesdecetteprocédureetdesonapplicationauxobjetsissusdedonsetlegsfigureégalementenannexe(document2).
c.L’accorddecoopération
L’accordde coopération culturelle, conclu entre la France et chaquepays demandeur,dont un modèle-type, à adapter au cas par cas, figure en annexe au présent rapport(document2),apoursoclel’objectifderestitutiondéfinitive.
Dans ce but, l’accord de coopération culturelle prévoit, entre autres mesures,l’établissementoul’achèvementdel’inventairedesobjetsenprovenancedupaysafricaincontractant, la définition de programmes de recherches partenariales triennaux,renouvelables, pour déterminer la provenance des objets dont on ne connait pasactuellementlesconditionsd’acquisitioninitiale,lacréationd’unecommissionparitaired’expertsdésignésparlesdeuxpayspourexaminerlesdemandesdesrestitutions,desmodalitésdecoopérationculturelleetscientifiquesurlelongtermeainsiquedesactionsdeformationdeprofessionnelsetdesensibilisationdupublic,ladésignationd’uncomitédesuividel’ensembledecesactions.
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Laliste(ouleslistes)d’objetsétabliedanslecadredecetaccordfondelademandederestitution.Saufsielleestdéjàconnueavantlaconclusiondel’accord90,l’établissementde cette listenécessiteque les inventairesdesobjets africainsdans lesmusées soientachevésetrendusaccessibles,etquesoientmisenplacelespartenariatsentreexperts,chercheursouconservateursdespaysetmuséesconcernéspourétablir laprovenancedesobjets.
L'accord prévoit un programme de coopération scientifique et d'actionsd'accompagnement (équipements d'accueil et de conservation des objets restitués,formationéventuellementnécessairedespersonnelschargésdelaconservationetdelamédiation). Le programme précisera les modalités de financement des actions qu'ildéfinit..
Sous l’égidede laCommissionbilatéraled'experts, les institutionset lescommunautésconcernéesenFrancecommeenAfrique,serontinforméesetassociéesauxdémarchesderestitutions,selonlesmodalitésdéfiniesparceprogramme.
Ilintègreégalementunecoopérationaccrueenmatièredeluttecontrelestraficsdebiensculturels.
Suivantlescas,laratificationdel’accordseraitunebonneprécautionpourgarantirlesengagementsfinanciers,endépitdudélaiquecetteprocédureengendre.
Lefinancementdesactionsderestitution
Les programmes de recherches partenariaux pourraient concourir, lorsqu’il estnécessaire, à un inventaire des collections africaines, à partir duquel pourront êtreétudiéeslesquestionsdeprovenanceetformuléeslesdemandesderestitution.
Les autres actions de coopération (soutien à l’investissement de création ou demodernisation de musées, formation des conservateurs et restaurateurs, expositionstemporaires, partage d’information sur les trafics de biens culturels) pourront êtrefinancées selon les modalités habituelles, dès lors qu’une enveloppe dédiée seraitréservéeàlamiseenœuvredesaccordsbilatérauxderestitution.
Le retour des œuvres nécessite en tout état de cause un budget dédié aux frais detransportetd’assurance,dontonsaitqu’ilspeuventêtretrèsélevésselonlafragilitédel’œuvreencauseetsavaleurmarchande91.
Côtéfrançais/européen,deuxpistesdefinancementparaissentpouvoirêtremobilisées:
90Cequipeutêtrelecaspourlesrevendicationsanciennes.91 A titre d’exemple, le retour de 96 objets dumusée du quai Branly-Jacques Chirac destiné aumuséeThéodore-Monodd’artafricainàDakaracouté42000eurospourlesfraisd’emballage,deconvoyageetdefretaérien,horsassurance.Lecoûtdel’assurances’élevaità200euros.
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• L'Agencefrançaisededéveloppementdansledomaineculturelfinancedepuispeu essentiellement des investissements dans le domaine des industriescréativesetdelaformationprofessionnelle.LeprojetexpérimentalencoursdemontageàYaoundépourunchantierderéservesetdecollectionsduMuséenationalcorrespondbienàlatypologiedesactionsenvisageablesdanslecadred'une opération de restitution. La duplication de ce type de projet seraitcependantsoumiseàdesconditionsstrictesdans l'étatactueldumandatdel'AFD(voirannexeXCRd'entretien),enrevanchelefinancementd'actionsdeformation pourrait être renforcé sur les bases actuelles. Enfin, lesinvestissementsmuséauxpeuventégalements'inscriredanslecadredeprojetsplusglobauxd'aménagementurbain.
• Le fonds européen du partenariat Union européenne/Union africaine,mécanismeeuropéend’appui audéveloppement auquel la France contribuepour17%pourlapériode2017/2020,soit5,5Mds€92pourraitégalementêtreapprochépourcontribueràcettedémarchederestitutionsousl’angledel’aideaudéveloppement.
Enfin,ilnedoitpasêtrepassésoussilencelecoûtdegestiondescommissionsbilatéralesd’experts qui devra être pris en compte dans l’allocation des moyens attribués à ladémarche de restitution, et ce indépendamment des emplois nécessaires au sein duservicedesmuséesdeFrance93.
Àquirendre?
Dans le cadre de ses relations internationales, l’État français veille au respect de lasouverainetédesÉtats;àcetitre,lesprocéduresderestitutionserontengagéesdansunerelationd’ÉtatàÉtat,cequin’exclutpasquedesarrangementsadministratifspuissentconsacrerdes collaborationsdirectesd’institutionsde l’Étatoud’administrationsavecleurshomologuesd’unautrepays.Iln’enestpasdemêmedescollectivitésterritorialesquipeuventdévelopperdesrelationsdecoopérationavecd’autrescollectivitéslocalesouinstitutionsétrangères94.
92Elleenestledeuxièmecontributeuraprèsl’Allemagne(20%),devantlaGrande-Bretagneetl’Italie.93 On peut évaluer à environ 20 000 euros la réunion (déplacement, hébergement) d’une commissionfranco-africainede12personnes (6 experts français, 6désignéspar lepays africain concerné)dedeuxjournées.Enadmettantquecelle-cineseréunissequ’unefoisparanetqueleministèredelaculturemetteenœuvreleprocessusaveccinqpaysdifférentschaqueannée,lecoûtprévisionnelestdel’ordrede100000euros.94Dans lesillagedesConventionsdeLoméetde l’AccorddeCotonou, lePartenariatAfrique-UE–cadreofficielde lacoopérationentre l’Unioneuropéenneet lecontinentafricainadoptéen2007par leschefsd’ÉtatetdegouvernementlorsdudeuxièmesommetUE-Afrique–positionnelescollectivitésterritorialescomme acteurs potentiels dans la politique européenne d’aide au développement, communémentdénomméedanscecadre«coopérationdécentraliséepourledéveloppement.»Parailleurs,danslesannées
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Lesbiensdel’Étatseraientdoncrendusàl’Étatdemandeur,àchargepourcelui-ci,aprèsnégociation,derendrel’objetàsacommunautéoupropriétaireinitial.C’estainsiqueles«têtesmaories»ontétérenduesàlaNouvelleZélande,legouvernementnéo-zélandaisquireprésentejuridiquement,danslecadredesrelationsinternationales,lesintérêtsdelacommunautéd’origine95.
L’importancemêmedesrestitutionspourcertainescommunautésetlesoucidenepasinterférerdanslapolitiqueintérieuredesÉtatsafricainsinciteàprivilégieruneprocédureconduited’ÉtatàÉtat,parailleursplus facileà consolider sur leplan scientifiqueet àévaluerdanssaréalisation.
Laprocédureenvisagéenécessitequel’Étatd’originesoitseulhabilitéàprésenterunedemandederestitutionquiseraprésentéeàl’Étatfrançaisetluiseul,cequin’empêchepasenamontdescoopérationsdirectesentremuséesouuniversités..SilademandeestinstruiteauplusprèsduterrainparlesexpertsdesmuséesconcernésenFrancecommeenAfrique, sonexamenestcentralisépar lepassageobligatoiredevant lacommissiond’expertsbilatérale,ainsiqueparl’enregistrementdesrestitutionsaufuretàmesuredeleurintervention.
Les objets des collectivités territoriales pourront être restitués par leur représentant,maislaremisedesobjetsnepourraêtrefaitequ’aureprésentantdel’Étatdemandeur.
En revanche, lesmesures d’accompagnement et les travaux de recherches trouveronttoute leurplacedansun cadrede coopérationdécentraliséequi pourrait s’inscrire encohérenceavecl’accorddecoopérationbilatéral.
Garantirlapérennitédesrestitutionsetrenforcerlaluttecontreletraficillicite
Restituer le patrimoine africain en Afrique refonde une relation entre les Étatseuropéens dontlaFranceetlesÉtatsafricains,adosséenotammentàl’écritured’unehistoirepartagée.
Le dessein politique de cette refondation commande, pour garantir la pérennité descollectionsafricainesenAfrique,laformulationd’undroitcommunentrelaFranceetlesEtatsafricainssurl’avenirdesrestitutions.
Cetteproblématiqued’écritureetd’adoptionderèglescommunesentredesEtatspourgarantir des restitutions de biens culturels a d’abord émergé en Europe, et plusprécisémententrelesEtatsmembresdel’Unioneuropéenne.AinsicesEtatseuropéens
1990,émergentdenouvellesmodalitésdel’actioninternationaledescollectivitésterritoriales,celle-ciétantdevenueunmoyend’insérerlesterritoiresdanslamondialisation.95 Les têtes restituées sont dévolues auMuséenational TePapaTongarewa àWellington, où elles sontconservées dans une salle particulière accessible aux seules personnes agréées par la communautéd’origine.
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disposent d’instruments d’intégration économique, culturelle et normativeparticulièrement développés sur certains aspects, et notamment sur la restitutiondesbiens culturels ; mais la mise en jeu et le bénéfice de cesmécanismes de restitutionautomatiquedebiensculturelsvolésouillicitementexportéssontcirconscritsauxseulsÉtatsmembresdel’Unioneuropéenne.Ladirective2014/60/UEduParlementeuropéenet du Conseil du 15mai 2014 relative à la restitution de biens culturels ayant quittéillicitement le territoire d’un État membre formule ce droit à restitution de biensculturels96.
Il en ira différemment lorsque la demande de restitution émanera d’un État extra-européen.Danscettehypothèse,laprotectiondel’acquéreurdebonnefoietleprincipedeterritorialitédeslois–principeselonlequellejugeneseprononcequ’envertudelaseuleloidupaysoùestsituélebienaumomentdelarevendication–ferontobstacleàlasatisfactiondelademandederestitution97.Ausurplus, laconventionUNESCOde1970concernantlesmesuresàprendrepourinterdireetempêcherl’importation,l’exportationetletransfertdepropriétéillicitesdesbiensculturels,ratifiéeparlaFranceen1997,estdépourvue de tout effet s’agissant de biens culturels qui seraient retrouvés enmainsprivés.Surcettequestion, rappelons la jurisprudenceàproposde larevendication,en2000,destatuettesNokparleNigeria:«Lesdispositionsdecetteconventionnesontpasdirectementapplicablesdansl’ordrejuridiqueinternedesEtatspartiesdesortequeM.X.est fondéàsoutenirqu’ellenestipuledesobligationsqu’à lachargedecesderniersetqu’ellenecréeaucuneobligationdirectedanslechefdeleursressortissants…»98
Quantàlabonnefoi,laCourdecassationaconfirméunarrêtdelaCourd’appeldeParis,rappelantque«labonnefoiesttoujoursprésuméeetqu’ilappartientàceluiquiinvoqueunefraudedelaprouver»;danscetteaffairelejugerelèvequ’«unementionducatalogueindiquesouslasignatured’unexpert‘qu’uncertainnombred’objetssontissusdefouillesclandestines»99,sansquececonstataltèrelaqualitédelabonnefoidel’acquéreurdesobjetsarchéologiques.
Ledéséquilibre,entreledroitenvigueurdanslecercledesÉtatseuropéens,d’unepart,etlesprincipesquelejugeopposeauxÉtatsextra-européens,d’autrepart,affectel’avenir
96 Cettedirective opèreune refontede la directive93/7/CEEduConseil du15mars1993 relative à larestitutiondebiensculturelsayantquittéillicitementleterritoired’unÉtatmembre,dontellerenforcelesprincipesderestitution.97Àproposdelarevendicationparl’Irand’objetsarchéologiques,issusdefouillesclandestinesetpropriétésdel’Iranenapplicationdelalégislationiraniennede1979surlepatrimoinearchéologique,lejugefrançaisstatueencestermes:«lesobjetslitigieuxétantsituésenFrance,laRépubliqueislamiqued’Irann’estpasfondéeàsolliciterl’applicationdelaloiiranienne»(CAParis,6juin1989,M.Y.c/Républiqueislamiqued’Iran,aff.no88/20267:confirméeparCass.Civ.1,4avril1991,no89-18020).98CAParis,5avril2004,RépubliquefédéraleduNigeriac/M.X.,aff.2002/09897;confirméeparCassciv.1,20sept.2006,no04-115599.99CAParis,6juin1989,M.Y.c/Républiqueislamiqued’Iran,aff.no88/20267:confirméeparCass.Civ.1,4avril1991,no89-18020).
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desrestitutions.Lacompensationdecedéséquilibreetl’écritured’undroitcommundesrestitutionsentreleFranceetl’Afriquerequiertquesoitratifiée,parlaFranceetparlesÉtats africains concernés, la Convention d’UNIDROIT sur les biens culturels volés ouillicitementexportés,adoptéele24juin1995;cetteconventionmetenjeu,pourl’avenir,unmécanismederestitutionautomatiquequis’imposerait.
CetteConventionestleseuloutiljuridiquesusceptibledecompenserledéséquilibreetdefonderundroitcommunàrestitutionpourassurerlapérennitéduprocessusengagépourlesbiensculturelsaccaparéspendantlapériodecoloniale.
End’autres termes, la ratificationde laConventiond’UNIDROITde1995 inscrirait lesrestitutionsdansuneperspectivededurabilité.
OnrelèveraquelesEtatseuropéens,entreeux,ontnouéunetelleambitioneninfusantlesprincipesdelaConventiond’UNIDROITde1995dansladirectiveeuropéennedu15mai2014,susmentionnée,relativeàlarestitutiondebiensculturels.Dèslors,l’extensionde ces principes vers des Etats extra-européens, par le ressort de la Conventiond’UNIDROITde1995,nedevraitpasposerdedifficultés.
Appropriationpopulaire
Accompagner les restitutions, c’est également travailler à ce que les communautésconcernées ainsi que le grand public puissent s’approprier cette démarche dansl’ensembledesesaspects.Aupremierrang,lesjeunessesafricaines,cellesissuesdesesdiasporas,etlesjeunesseseuropéennes,quisemontrentdeplusenplusconcernéesparlaquestion.Enpartenariataveclescollectifsetlesassociationsagissantdéjàsurleterrain,grâceàl’implicationdelacommunautéscientifique,maisaussid’auteurs,d’artistes,decinéastesoudocumentaristesdesdeuxcontinents,untravailimportantdemiseenrécitpolyphoniqueseraparallèlementàsoutenir.
Crucial, ce travailpermettrad’évoquer, sousune formeaccessibleà touteset tous, lesitinéraires souvent sinueux des pièces concernées, et d’initier à travers elles à uneréflexion de fond sur les notionsmêmes demémoire, de « patrimoine » et d’histoirepartagée.Cesdémarchespourraientaboutiràlaproductiond’ouvrages,debrochuresetde films documentaires, à l’organisation d’événements permettant de stimuler leséchangesetledialogue(conférencesetdébatspublics,concerts,installations),maisaussiàdesexpositionsitinérantesquipourraientenconstituerlecadreidéal.L’établissementd’unportailenlignesurlathématiquedelacirculationdesobjets,quicontiendraitdesinformationsgénéralessur lasituationet la répartitiondupatrimoineculturel issuducontinentafricainhorsd’Afrique,toutenproposantdesrécitsdétaillésdelatrajectoirede certaines pièces à l’aide de textes et de documents multimédias, serait une pisteengageante.
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Enfin,continuerderepenserlesmodalitésdelamédiatisationdesdonnéesdeprovenanceauseinmêmedesmuséessembleprimordial.Loind’êtreréductiblesàunelistededates,delieuxetdenomsdepersonnessurdescartels,cesconnaissancessontnonseulementréclaméesparlesjeunespublics,maisenmesured’accompagner–toutenl’enrichissant–lerapportintuitifousensorielauxœuvres.L’objectifesticidefaireensortequelesenjeuxmatérielsetsymboliquessoulevésparlaquestiondesrestitutionsneselimitentpasauxcerclesd’initiés,maispuissentrencontrerleplusgrandnombre,dansl’espacedumuséecommeendehors.
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Conclusion
Lafenêtrehistoriquequis’estouvertele28novembre2017àOuagadougou,enpréparantle chemin vers des restitutions d’objets du patrimoine africain présents dans lescollectionsnationalesfrançaises,instaureunenouvelleèredanslesrelationsculturellesentrel’AfriqueetlaFrance,etpluslargementl’Europe.Enreconnaissantlalégitimitédesdemandesdespaysafricainsderecouvrerunepartsignificativedeleurpatrimoineetdeleurmémoire,toutenœuvrantàunemeilleureintelligibilitédecemomentdel’histoirecoloniale, ce processus de restitution permet l’écriture d’une nouvelle page d’histoirepartagéeetpacifiée,oùchaqueprotagonistelivresapartjuste.
Cesobjets,quipourunegrandepartontétéarrachésà leurs culturesd’originepar laviolencedufaitcolonial,quiontpérégrinéàleurcorpsdéfendant,maisontétéaccueillisetsoignéspardesgénérationsdeconservateursdansleursnouveauxlieuxdevie,portentdésormaiseneuxunepartirrémédiabled’Afriqueetd’Europe.Ayantincorporéplusieursrégimesdesens,ilssontdevenusdeslieuxdelacréolisationdesculturesetsontdecefaitarméspourœuvrercommelesmédiateursd’unenouvellerelationalité.
Carl’ultimesensdeladémarchedesrestitutionsdebiensculturelsafricainsestdefonderune autre éthique relationnelle. En travaillant l’espacedu symbolique, celui-ci devienttectonique ; ses répliques et les nouvelles valeurs qu’il charrie ne laisseront indemneaucun lieu d’échange entre les sociétés africaines et européennes (l’économique, lepolitique, le sociétal). Les restitutions des biens culturels africains initient donc unenouvelleéconomiedelarelation,dontleseffetsnesauraientselimiteràl’espaceculturelouàceluideséchangesmuséographiques.
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Voicivingtans,l’unedesgrandesvoixdelapoésieafricaine,leNigérianNiyiOsundare,néen1947,interrogeaitlaluneetlessaisonsdanslepoème«Africa’sMemory»100.Ilyestquestiondequatreobjetsdispersésauxquatrecoinsdumonde,deroyaumesafricainsetdevillesoccidentales,duventquiemportelamémoireetdecharmesrompus.Aucreuxde la syntaxe anglaise se nichent en langue yoruba, la langue maternelle du poète,quelquesmotschimériques,composésoucondensésdemotsréels,uniquescommedesnoms propres et chargés de sensmultiples, bien éloignés des simples dénominationsgénériquesàl’occidentale,quiréduisentleschosesàuneentréedelisteoudecataloguedemusée:
IaskforOluyenyetuyebronzeofIfeThemoonsaysitisinBonn
IaskforOgidigbonyingboyinmaskofBeninThemoonsaysitisinLondon
IaskforDinkowawastoolofAshantiThemoonsaysitisinParis
IaskforTogongorewabustofZimbabweThemoonsaysitisinNewYork
IaskIaskIaskforthememoryofAfricaTheseasonssayitisblowinginthewind
Thehunchbackcannothidehisburden
Cetexteestunpuissanttémoignaged’absenceetdequête.Ilestaucœurdusujetquinousoccupe:celuidel’inégalerépartitiondupatrimoineafricaindanslemonde,desabelleprésence dans les musées occidentaux, des failles de mémoire que son absenceoccasionneenAfriqueetdelaresponsabilitédechacunpourqu’auregarddelaluneetdessaisons,àl’avenir,l’équitésoitrétablie.
Lerapportauxautresestsouventmédiatiséeparl’histoire(passée).Laconditiondelalibertén’estpasd’êtregouvernéparl’histoire,maisdelaréécrireau(temps)présent.Lesrestitutions, par la mise en désordre des anciennes modalités relationnelles qu’ellesentraînent, préfigurent une nouvelle cosmologie où la captation patrimoniale,mœursd’unautretemps,cèdelaplaceàunenouvellemiseenrelationdumonde,quisebasesur
100NiyiOsundare,HorsesofMemory,Ibadan1998,p.43.«JechercheOluyenyetuye,bronzed’Ife/IlestàBonn,répondlalune//JechercheOgidigbonyingboyin,masqueduBénin/IlestàLondres,répondlalune//JechercheDinkowawa,trôned’Ashanti/IlestàParis,répondlalune//JechercheTogongorewa,busteduZimbabwe/IlestàNewYork,répondla lune//Jecherche/ Jecherche/ Jecherche lamémoiredel’Afrique/Lessaisonsdisentqu’ellesouffledanslevent//Lebossunepeutdissimulersonfardeau.»
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lareconnaissancedenotreinterdépendancemutuelleetducaractèrefondamentalementrelationneldenosidentités.Etcen’estqu’enprenantsoindecelles-ciquenousrendronscemondehabitablepourtous.
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AnnexesMéthode
Le présent rapport a été conçu et rédigé entre Dakar, Nantes, Paris et Berlin. Il tientcomptede l’évolutionrapidedudébatpublicsur lesrestitutionsenEuropecommeenAfrique.Ilsefonde:
• surunevasteconsultationd’expertsetd’acteurspolitiquesenFranceetdansquatrepaysd’Afriquefrancophone(Bénin,Sénégal,Mali,Cameroun);
• sur l’établissement d’inventaires et de statistiques permettant de cerner laqualité,laquantitéetlaprovenancedescollectionsafricainesdanslesmuséesfrançais;
• surleséchangesmenéslorsdedeuxateliersderéflexionspécifiques:l’«atelierdeDakar»etl’«atelierjuridique».
ISABELLEMARECHAL,inspectricegénéraledesaffairesculturellesauministèredelaCulture,a veillé au bon déroulement institutionnel de la mission et en a assumé le versantjuridique avec VINCENTNEGRI, juriste et chercheur à l’Institut des sciences sociales dupolitique(ISP/UMR7220:CNRS–ENSParisSaclay–UniversitéParisNanterre).
VICTORCLAASS,docteurenhistoiredel’art,acoordonnél’ensembledesactivités,contribuéàl’élaborationdesinventairesetaccompagnélarédactiondurapport.
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Consultationgénérale
«Criticalfriends»
Dèsréceptiondelalettredemissiondatéedu19mars2018,nousavonsinvitéuncercled’« amis critiques » à s’associer à la réflexion. La composition transcontinentale etinterdisciplinairedecepremiercerclevisaitàgarantirlapluralitédesvuessurunsujetaux implications symboliques, politiques et juridiques multiples et controversées. Legroupes’estréunienplénumàdeuxreprises,auxmoisdemarsetdeseptembre2018.Toutaulongduprocessus,plusieursdesesmembresontétéconsultésindividuellement.
Lespremierséchangesonteulieule26mars2018auCollègedeFranceàParis.Étaientprésents:CHRISTIANEFALGAYRETTES-LEVEAU(directricedumuséeDapper,Paris),STEPHANEMARTIN(PrésidentdumuséeduquaiBranly-JacquesChirac,Paris),BONAVENTURENDIKUNG(fondateuretdirecteurartistiquedeSAVVYContemporary,Berlin),VINCENTNEGRI(juristeetchercheuràl’Institutdessciencessocialesdupolitique,ISP/UMR7720),LOUIS-GEORGESTIN(alorsprésident,depuisprésidentd’honneurduConseilreprésentatifdesassociationsnoires de France, Paris), MARIE-CECILE ZINSOU (présidente de la Fondation Zinsou,Paris/Cotonou). Étaient également invités mais n’ont pu se joindre à cette réunion :SOULEYMANEBACHIRDIAGNE(philosophe,ColumbiaUniversity,NewYork),HAMADYBOCOUM(archéologue, directeur du musée des Civilisations noires de Dakar), KWAME OPOKU(ancienconseillerjuridique,retraitédubureaudesNationsuniesàVienne).
Lesparticipantsont rappelé leur rôledans ledébat sur les restitutions, exprimé leursconvictions ou leurs doutes quant à la faisabilité du projet. Ils ont contribué àproblématiser la question et à révéler une pluralité de dimensions à partir de leursperspectives singulières. Ils ont assuré les auteurs de ce rapport de leur soutieninstitutionneletintellectuel.
Uneseconderéuniondes«amiscritiques»s’esttenuele24septembre2018àParisauCollègedeFrance. Étaientprésents : CLAIREBOSC-TIESSE (Institutnational d’histoiredel’art, Paris), CHRISTIANEFALGAYRETTES-LEVEAU (directricedumuséeDapper,Paris),ANNELAFONT(directriced’étudesàl’EHESS,Paris),ISABELLEMARECHAL(inspectricegénéraledesaffairesculturelles,ministèredelaCulture,Paris),STEPHANEMARTIN(présidentdumuséeduquaiBranly-JacquesChirac,Paris),VINCENTNEGRI(juristeetchercheuràl’Institutdessciences sociales du politique, ISP / UMR 7720), KWAME OPOKU (Ancien conseillerjuridique,retraitédubureaudesNationsuniesàVienne)LOUIS-GEORGESTIN(présidentd’honneurduConseilreprésentatifdesassociationsnoiresdeFrance,Paris),MARIE-CECILEZINSOU(présidentedelaFondationZinsou,Paris/Cotonou).
Cetteseconderéunionapermisdefairelepointdel’avancementdurapportetdediscuterdesaformefinale.Leséchangesontégalementportésurlaplaceàaccorderàlarecherche
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scientifiquedanslesdébatssurlesrestitutions,etréaffirméladimensionprospectiveetopérationnelledurapport.
Musées
Étant donné la spécificité des relations que, partout dans le monde et depuis quel’institutionexiste,lesconservateursdemuséeentretiennentaveclescollectionsdontilsont la garde, nous avons tenu, au-delà du cercle des « amis critiques » à engager undialoguesoutenuaveccegroupedeprofessionnels,quienFrancecommeenAfrique,seralepremierconcernépard’éventuellesrestitutions.Àdéfautderépertoiresdocumentantles coopérations scientifiques déjà existantes entre musées français et africains, ils’agissaitaussi,aufildesentretiens,d’élaborerunecartographiedeslienslesplusvivants(etlesplusprometteurs)entrecesinstitutions.
MuséeduquaiBranly-JacquesChirac
AumuséeduquaiBranly-JacquesChirac,nousavons tenu le26avril2018uneréunion à laquelle ont été associés : GAËLLE BEAUJEAN-BALTZER (responsable decollections au sein de l’unité patrimoniale « Afrique »), SARAH FRIOUX-SALGAS(responsable de la documentation des collections et des archives), AURELIENGABORIT(responsabledecollectionsauseinde l’unitépatrimoniale«Afrique»),HELENE JOUBERT (responsable de l’unité patrimoniale « Afrique »), EMMANUELKASARHEROU(adjointaudirecteurduDépartementdupatrimoineetdescollections,responsabledelacoordinationscientifiquedescollections),YVESLEFUR(directeurdu Département du patrimoine et des collections). Le président du musée,STEPHANEMARTIN,aégalementassistéàunepartiedelaréunion.Elleanotammentdébouchésurunecollaborationétroiteetfructueuseavecleservicedesarchivesdu musée pour l’usage et l’analyse des inventaires. Hélène Joubert et GaëlleBeaujean-Baltzerontparailleursapportéleurexpertiseenmatièred’histoiredescollections et de provenance de certains objets lors de l’« atelier juridique »organiséle26juin2018(voirci-dessous).
Autresmuséesparisiensetmuséesdescollectivitésterritoriales
Une séance organisée le 4 juillet 2018 à l’auditorium du C2RMF aumusée duLouvreapermisauxauteursdecerapportd’élargirl’horizondeleurconsultationauxmuséesetcollectionsdescollectivitésterritoriales.Ontétéinvitésàparticiperà cet échange les directeurs et directrices (ou leurs collaborateurs etcollaboratrices)desmuséespublics qui, horsdumuséeduquaiBranly-JacquesChirac,abritentenFrancedescollectionsafricainesimportantes(pourlesmuséesd’État) : CHRISTOPHE PINCEMAILLE (pour le musée de l’Île d’Aix), MICHEL GUIRAUD(directeurdecollectionsauMuséumnationald’histoirenaturelle)etANNENIVARD(conservatrice au Muséum national d’histoire naturelle), ANDRE DELPUECH
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(directeurdudépartementmuséedel’Homme),ARIANEJAMES-SARAZIN(directriceadjointedumuséedel’Armée),FREDERIQUECHAPELAY(conservatriceaumuséedelaMarine), EROL OK et JOHAN POPELAR (musée Picasso), CHRISTIAN LANDES(conservateurauMuséed’archéologienationaledeSaint-Germain-en-Laye).Pourlesmuséesdecollectivités:JEAN-FRANÇOISTOURNEPICHEetÉMILIESALABERRY(muséed’Angoulême), CEDRIC CREMIERE (Muséum d’histoire naturelle du Havre), MARIE
PERRIER(conservatriceaumuséedesConfluencesdeLyon),FLORIANEPICARDHARDY(MuséedelaVieilleCharitéàMarseille),FRANÇOISCOULON(muséedesBeaux-artsdeRennes), PIERREDALOUS (Muséumd’histoire naturelle deToulouse). Pour lesinstitutionsprivées :LAURICKZERBINIet JEAN-PAULKPATCHA(SociétédesmissionsafricainesdeLyon),AUDELEVEAU(FondationDapper).Àcesnomss’ajoutentceuxd’ISABELLE NYFFENHEGGER (Bibliothèque nationale de France), SYLVIE WATELET(C2RMF),CLAIRECHASTANIERetBENEDICTEROLLAND-VILLEMOT(ServicedesmuséesdeFrance),etceuxdesconseillersmuséesenDRAC:NICOLASBELetMARIE-FRANÇOISEGERARD (Aquitaine), BERTRAND BERGBAUER et SANDRA PASCALIS (Grand Est), FLORECOLLETTE(Occitanie),ÉLISEFAU(PaysdelaLoire),LAURENCEISNARDetSYLVIEMULLER(Île-de-France), ÉVELYNESCHMITT (Bretagne), LIONELBERGATTO (Auvergne-Rhône-Alpes),DIANAGAY(Centre-ValdeLoire).
Ladiscussionadonné lieuàuneréflexioncollectivesur la typologievariéedesfonds africains dans les musées français (trophées militaires, collectesethnographiques, collections privées formées par des négociants, collectionsd’artistes).Elleaenoutrepermisdefairelepointsurl’existence(ounon)et,lecaséchéant,surlaqualitéscientifiquedesinventairesd’objetsprovenantdel’AfriqueausudduSaharadanslesmuséesdescollectivitésterritoriales.LeséchangesontégalementportésurlescoopérationsfructueusesentreinstitutionsdeFranceetd’Afriquedéjàmenéespar certainsmusées ;notamment celle entre leMuséumd’histoire naturelle du Havre et des musées dakarois (Cédric Crémière) ; lesinitiatives du musée d’Angoulême pour le partage de connaissances et lestransfertsdecompétencesavecleSénégal(ÉmilieSalaberry),ouencorecelledelarégionRégionRhône-Alpesetl’exposition«L’Afriquedenosréserves»,présentéeen2011-2012aumuséeduchâteaud’Annecy(LaurickZerbini).
Sénégal
Plusieurs entretiens avec EL HADJI MALICK NDIAYE, conservateur au muséeThéodore-Monod d’art africain, et HAMADY BOCOUM, directeur du Musée descivilisationnoires(dontl’ouvertureestprévuepourle6décembre2018)ontétémenésàDakarentremarsetnovembre2018(notammentles2et3mai2018enmargede labiennaledeDakarainsiqu’àdiversesreprisesenaoût2018),maisaussi à Paris lors de la conférence internationale sur la Circulation des biensculturelsàl’UNESCOle1erjuin2018.C’estparailleursaumuséeThéodore-Monod
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d’artafricain,àl’invitationd’ElHadjiMalickNdiaye,ques’esttenule12juin2018unatelierderéflexionorganisédanslecadredelamission.
L’échangeavec les conservateursdakaroisa confirmé l’intérêtqu’ilsportentauprojetderestitutionetleurvolontéd’offriruncadreinstitutionneletintellectuelàl’indispensable débat public qui doit être mené sur la question au Sénégal. Lapertinencedelacatégorie«ethnographique»aétélonguementdiscutée.ÀDakar,lelieninstitutionnelspécifiquequiunitlemuséeThéodore-Monodd’artafricainàl’universitéCheikh-Anta-Diopinvitetoutparticulièrementàpenserlesrestitutionsentermesdecoopérationsfuturesentreuniversitésetmusées,enparticulierdansle domaine de l’épistémologie – certains objets traditionnels encapsulant dessavoirs mathématiques ou astronomiques, par exemple). La question dessignifiants du terme « restitution », celle de la resocialisationdes objets et desenjeuxd’uneréappropriationdupatrimoine,celledelacirculationdecespiècesont été abordées en profondeur lors de l’« atelier de Dakar » du 12 juin 2018mentionnéci-dessous.
Mali
AuMuséenationalduMaliàBamako,nousavonspuéchangerdébutjuin2018avecSALIAMALE, ledirecteurdel’établissement,etSAMUELSIDIBE,sonprédécesseuretactuel directeur du Parc national duMali, ainsi qu’avec BABAKEITA (consultantauprèsdel’UNESCO).Toussaluentleprojetderestitutions.LeMuséenationalduMaliàBamakocompteparmilesmuséesducontinentafricainlesplusliés,pardescoopérations passées, avec le musée du quai Branly-Jacques Chirac. Le parcnationalquil’entoureetluisertd’écrinaétéconçudanslecadred’unpartenariatpublic-privéentre legouvernementmalienet leTrustAgaKhanpour laculture(AKTC).
TroispointsémergentdesdiscussionsmenéesauMali.L’existencedenégociationsdéjàavancéesavecdesinterlocuteursprivésdésireuxdepromouvoirleretourauMali de leur collection. Un sentimentmitigé face au concept de « circulation »,ensuite, s’il est dissocié de celui de « restitution » avec le souvenir encore trèsprésent, à la fois heureux et amer, d’expositions itinérantes. Ainsi, SALIA MALEévoquait « Ciwara, collections du musée du quai Branly », une exposition quiprésentaitdesobjetscommunsàlaculturedecesrégions,maisqui,aprèsavoirenthousiasmélespublics,acauséunevivedéceptionlorsquelesœuvresontétéréexpédiéesenFrance.Uneréflexionavancéesurla«viesocialeetrituelle»desobjetsdemusée,enfin,etsurlaquestiondumusée«national»engénéraletdurapportaveclescommunautésdontsontissueslescollections.
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Nosinterlocuteursdéplorentdetropfaiblesmoyensenpersonnel,leseffetsdelacrise qui depuis 2013 menace directement et indirectement l’institution(tarissement de l’activité touristique, craintes liées au terrorisme…) et lespratiquesdumarchédel’art,quicontinuedes’approvisionnerdemanièreillicitesurleterritoiremalien.
Cameroun
La géographie des musées au Cameroun se caractérise par la coexistence destructuresd’État prestigieuses et demuséesprivés (dynastiques) extrêmementengagés.Nousnoussommesefforcésdeconsulterlesunsetlesautres.
• MuséenationalduCameroun.NousavonséchangéavecRAYMONDASOMBANG
NEBA’ANE,directeurduMuséenationalduCameroun,danslecadredel’atelierdu12juin2018àDakar,etnousavonsvisitésonmuséeàYaoundéle18juillet2018. Nous avions eu au préalable une entrevue rapide avec SEBASTIENZONGHERO,chargéparleministèredelaCulturefrançaisd’unRapportdemissiond’évaluation du Musée national de Yaoundé dans le cadre des financementsaccordésparl’Agencefrançaisededéveloppement(AFD).
Le musée de Yaoundé est un lieu d’affirmation nationale. Il est abrité parl’ancienpalaisprésidentiel,lui-mêmeancienpalaisdesgouverneursfrançais,transformé en musée en 1988. Il a fait entre 2009 et 2015 l’objet d’uneimportanterénovationavantderouvrirsesportesle16janvier2015.Ysontjuxtaposéesdessallessurl’histoireancienneetlesculturesduCameroun,unmuséeprivéprésentantdel’artcontemporainetdessallesapologétiquessurl’actionpolitiquerécentedesprésidentsAhmadouAhidjo(1960-1982)etPaulBiya(depuis1982).L’idéederestitutionsyestaccueillietrèsfavorablement,dans une logique de présentation centralisée des différentes cultures etpopulationsformantleCameroun.
• MuséeroyaldeFoumban–MuséeroyaldeBafoussam.Notreéchangeavec
ledirecteurdumuséeroyaldeFoumbanet lafamilleduSultan,représentéeparlaPRINCESSERABIATOUNJOYA,aeulieuàFoumbanle17juillet2018.Toussaluentleprojetderestitutionetinsistentsurlanécessitédecoopéreraveclesanciennes puissances coloniales. De très nombreux objets provenant deFoumbansontactuellementconservésàParisetàBerlin.LesreprésentantsduSultan ont attiré notre attention sur les frais considérables investis dans laconstruction et l’entretien du nouveau musée, dont l’inauguration estimminenteetquitémoignedel’intérêtqu’ilsportentàlanotiondepatrimoinedynastiquepublic. L’initiativede cemusée revient à l’actuel sultan, Ibrahim
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Mbombo Njoya, qui en a confié la conception à l’architecte IssofouMbouombouo. Jusqu’à présent et depuis les années 1930, les collections dumusée étaient présentées dans le palais des rois Bamoun, à proximitéimmédiatedel’actuelmusée.Ellescomptentdouzemilleobjetsd’art,trophéesdeguerreetreliquesliésàl’histoiredecettedynastiefondéeauXIVesiècle.
• D’autres chefferies traditionnelles, celles notamment du roi Fo Njitack
NgompePélédeBafoussam,quenousavonsrencontrédanssonpalaislorsdenotrevoyagedejuillet2018,possèdentdevastescollectionsd’objetsrituels.ÀBafoussam,unmuséeestencoursdeconstructionauxabordsimmédiatsdupalaisroyal.D’autrestypesdemuséesprivésexistentégalementauCameroun.NousavonsvisiténotammentleMuséeethnographiquedespeuplesdelaforêt,à Yaoundé, et échangé avec sa fondatrice et directrice, Thérèse Fouda,pharmaciennedeprofession.Elledéploieuneimportanteactivitépédagogiqueencoopérationaveclesécolesdesonquartier.
Bénin
AuBénin,oùtroismuséespublicssontencoursdeconstruction,l’échangeaveclesacteursdupatrimoines’estfaitentrele19et25avril2018danslecadred’une invitation conjointede l’ambassaded’Allemagneetde l’ambassadedeFrance adressée à Bénédicte Savoy. Ce séjour, prévu avant l’annonce de lamissionsurlesrestitutionsetorganiséparl’Institutfrançais,adonnélieuàuneimportantesériedevisitesetderencontresàPorto-Novo,Ouidah,AbomeyetCotonou.Lapremièrepartiedelamissionaétéconsacréeàlavisitedesitespatrimoniauxetàdesrencontresavecunediversitéd’acteursimpliquésdansledéveloppementdelacultureetlavalorisationdupatrimoineauBénin.Ainsi,Bénédicte Savoy a pu prendre connaissance des patrimoines matériel etimmatérieldePorto-Novo,lesitedemémoiredeOuidahetlespalaisroyauxd’Abomey, visiter la Fondationpanafricainepour le développement culturel(FONPADEC)etrencontrersonfondateur,NOUREINITIDJANI-SERPOS,découvrirlesdeuximplantationsdelafondationZinsou(àCotonouetàOuidah)etlePetitmuséedelaRécade(Abomey-Calavi).
Cesvisitesontalternéavecdesrencontresdereprésentantsdelasociétécivilebéninoise et de professionnels de la culture et de la conservation dupatrimoine, ainsi que de représentants du ministère de la Culture. Cespersonnalités comprennent JOSE PLIYA (directeur de l’Agence nationale depromotion des patrimoines et de développement du tourisme, Cotonou),CAROLEBORNA (directrice adjointe du patrimoine culturel auministère de laCulture)etRICHARDSOGAN(conseillerduministredelaCulture),ainsiqueGabin
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Djimassè (directeur de l’Office du tourisme d’Abomey, chargé de projet deconstructionduMuséedel’épopéedesroisd’Abomey).
Des échanges fructueux ont également eu lieu avec des artistes plasticiens,notamment ROMUALDHAZOUME et DOMINIQUE ZINKPE, responsable d’un centreculturel, ainsiqu’avecdesenseignants-chercheursde l’universitéd’Abomey-Calavi (UAC), avec des étudiants de l’Institut national des métiers d’art,d’archéologie et de la culture (INMAAC) et du département d’étudesgermaniques de l’UAC ou d’anciens étudiants en master « Patrimoine » del’université Senghor d’Alexandrie. Dans le cadre de deux conférencespubliques, Bénédicte Savoy a pu éclairer les enjeux soulevés par lestranslocationsd’objetsculturels.
Ces temps d’observation et d’interactions ont pu nourrir notre réflexion,notamment sur la richesse et les conditions actuelles de valorisation dupatrimoine béninois, sur les projets des autorités béninoises enmatière deculture et de patrimoine, et sur le niveau de maturation du débat sur larestitutiond’objetsculturelsetleuracceptationparlesdifférentescatégoriesdelapopulation.Ilsattestentaussidelacomplexitéd’unretoureffectifd’objetsculturelsversleursairesd’origineetlivrentdesindicationsprécieusessurlahiérarchisation des défis à relever par les décideurs politiques. Ces tempsparticulièrementprofitablesconfirmentqueledébatestengagéetouvert,aumoins dans certaines franges de la population souvent partagées entrepessimismedelaraisonetoptimismedel’action.
Acteurspolitiques
EnFrance
Ministèredel’EuropeetdesAffairesétrangères.Endatedu25juin2018s’esttenue à Paris une réunion de travail au ministère de l’Europe et des Affairesétrangères. Étaient présents LAURENCE AUER (directrice de la culture, del’enseignement, de la recherche et du réseau), PATRICKCOMOY (adjoint du sous-directeur de l’enseignement et de la recherche), GAETAN BRUEL (conseiller duministre),LUCILEBORDET(chefdubureaurecherche),MAELLESERGHERAERT(chefdupôle sciences humaines et sociales, archéologie et patrimoine), AXEL BENREGIER(rédacteurpatrimoine,bienculturels),ALEXISMOCIO-MATHIEU(rédacteursuividesquestions liées au patrimoine, trafic des biens culturels et restitutions de bienculturels Unesco-Patrimoine), ainsi que STEPHANE GATTA (chargé de missionAfrique),IsabelleMaréchal(inspectricegénéraledesaffairesculturelles).
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Leministèrereçoitrégulièrementdesdemandesderestitutionémanantd’Étatsoudecommunautés.Celles-ciconcernentaussibienlesbiensculturelsquelesresteshumains.Ilenfaitlatypologie,maisneconsidèrequelesdemandesprovenantdesÉtats et dûment renseignées. Compte tenu du cadre juridique, il opposegénéralementunefindenon-recevoiràcelles-ci.Lepointsurlesrestitutionsdéjàeffectuées nous a été fait (têtesmaories,manuscrits coréens…), comme sur lesprojetsdecoopérationsmuséalesetsurlesquestionspendantes(restitutionsdescrânesalgériens).Leministères’estmontrédisposéàaccompagnerlamissionetaexprimé le souhait d’une évolution du cadre juridique relatif au droit dupatrimoine français qui lui permettrait de répondre à un certain nombre dedemandesquiluisontadresséesetdefluidifierainsisesrelationsdiplomatiquesavec certains pays. À Cotonou, en avril 2018, Bénédicte Savoy a été reçuesuccessivementparS.E.VERONIQUEBRUMEAUX,ambassadricedeFranceauBénin,etparsonhomologueallemand,ACHIMTRÖSTER.ÀYaoundé,nousavonsétéreçusle18juillet2018parl’ambassadeurdeFranceauCameroun,S.E.GILLESTHIBAULT.ÀDakar,nousavonséchangéen juin2018avecLUCBRIARD,premierconseillerdel’ambassadedeFranceauSénégal.Nousavonsparailleursétéaccueillisàplusieursreprises à l’ambassade de France à Berlin pour évoquer avec S.E. ANNE-MARIE
DESCOTES,ambassadrice,etGUILLAUMEOLLAGNIER,ministreconseiller,lesenjeuxdenotremissiondanslecontexteallemand.
MinistèredelaCulture.ÉtaientprésentsVINCENTBERJOT(directeurgénéraldespatrimoines),BLANDINECHAVANNE(sous-directricedelapolitiquedesmuséesàlaDirection générale des patrimoines), CLAIRE CHASTANIER (attachée principaled’administration à la sous-direction des collections au Service des musées deFrance),SEBASTIENZONGHERO(chefdeprojetvalorisationdel’expertisetechniquepatrimoniale),IsabelleMaréchal(inspectricegénéraledesaffairesculturelles).
Ontétéévoquéslepérimètredenotremission,sanature,ledroitdupatrimoine,notamment les clauses de l’inaliénabilité et de l’incessibilité qui empêchent larestitution des biens culturels. Il est ressorti de la réunion que le droit étaitplastiqueetque,silepolitiquelesouhaitait,ilévoluerait.Aucoursdelaréunionontégalementétéévoquéslaquestiondel’inventairedesprincipalescollectionsfrançaisesd’objetsafricains,ladifficultédel’étudedelaprovenancedesobjets,lesprojetsdecoopérationmuséalesaveclecontinentafricain–notammentceluiencoursaveclemuséenationaldeYaoundévial’Agencefrançaisededéveloppement(contratdedésendettement).Ontégalementétéévoquéslorsdeceséchangeslesprocessusderestitutiondesmanuscritscoréens,desplaquesfunéraireschinoisesetdestêtesmaories.
Assemblée nationale. En date du 4 juillet 2018, à Paris, nous avons étéauditionnés, en présence d’Isabelle Maréchal, par le groupe d’études
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«Patrimoine»àl’Assembléenationale,quicomprenddesparlementairesdediversbords politiques. Les débats ont été menés par CONSTANCE LE GRIP et RAPHAËLGERARD, coprésidents du groupe et membres de la commission des affairesculturellesetd’éducation,enprésencedeJACQUELINEDUBOIS,deBRIGITTEKUSTERetdeMAXIMEMINOT,ainsiquedesattachésparlementairesreprésentantcesdéputés.
Cette audition d’environ deux heures nous a offert l’occasion de rappeler lesobjectifsdenotremissionetdefairelepointsurnotredémarche.Unediscussionasuivi,aucoursdelaquellelesparlementairesnousontinterrogéssurlasituationdesmuséesenAfriqueetcelledudroitdupatrimoinesurlanaturedesobjetsàrestituer,etc.Lesentimentquenousavionsautermedel’échangeestquenouslessommes parvenus à convaincre la commission de l’importance et des enjeuxpolitiques et historiques de notre démarche pour la relation entre la France etl’Afrique.
UNESCO. En amont de la conférence internationale « Circulation des biensculturelsetdupatrimoinecommun:quellesnouvellesperspectives?»,organiséeparl’Unescole1er juin2018,BénédicteSavoys’estentretenuelonguementavecAUDREYAZOULAY,directricegénéraledel’Unesco,puisavecPATRICETALON,présidentdelaRépubliqueduBénin.Laconférenced’ouvertureavaitétéconfiéeàBénédicteSavoy et s’intitulait « Retour vers le futur ». Les ministres de la Culture, duTourismeetdesAntiquitésdeFrance,d’Allemagne,duBurkinaFaso,duGabon,deJordanie, du Liban, du Pérou, du Sénégal et de la République du Congo sontintervenussurlaquestiondesrestitutions,lesreprésentantsdecespayssesentantdépossédéssouventdemanièretrèsclaireet franche.L’auditoireétaitcomposéd’environ quatre cents ministres, universitaires, représentants d’organisationinternationale, professionnels des musées et du patrimoine venus du mondeentier. De toute évidence, l’Unesco, qui dans les années 1970 a faitconsidérablementavancerlaquestiondesrestitutions,tenaitàgarderuneplacedans la redéfinition du débat induite par l’annonce d’Emmanuel Macron àOuagadougou.
EnAfrique
Enmarge de la Biennale de Dakar s’est tenue le 4 mai 2018 une réunion desministres de la Culture de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, àlaquellenousavionsétéconviésparleministredelaCultureduSénégal,ABOULATIFCOULIBALY, afin de parler de notre travail sur les restitutions. Nous avons eul’opportunitéderencontreràcetteoccasionplusieursministresdelaCultureducontinentAfricainetdelessensibiliserauxquestionsposéesparnotremission.
UnerencontredeFelwineSarravecleprésidentdelaRépubliqueduMali,IBRAHIMBOUBACARKEÏTA,aeulieuendatedu3juin2018àsondomicile,àBamako.Celle-ci
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a permis de lui faire le point sur la mission, d’évoquer le patrimoine malienconservédanslesmuséesfrançais,dediscuterdumuséenationalduMalietdesmusées régionaux, ainsi que de revenir avec lui sur les enjeux de la mission,notamment pour le Mali, au regard des questions liées à l’histoire et à laconstructionnationale.
FelwineSarrpuisBénédicteSavoyontrencontréàParisl’ambassadeurduBénin,S.E. AUGUSTE ALAVO, assisté de son conseiller à la coopération et aux affairespolitiques,AngeloDan.LademandederestitutionduBénin,quiavaitfaitl’objetd’unefindenon-recevoirparJean-MarcAyrault,ministredesAffairesétrangèresfrançais en 2016-2017, a été abordée, ainsi que les efforts entrepris par l’Étatbéninois pour la construction de nouveauxmusées et pour la définition d’unepolitiquepatrimoniale.
Àdeuxreprises,àCotonouetàParis,BénédicteSavoyaeul’occasiond’échangeravecOSWALDHOMEKY,ministreduTourisme,delaCultureetdesSportsduBénin.Cedernier,commetoutlegouvernementbéninois,estextrêmementengagédansleprojetderestitution.Ilinsisteparticulièrementsurlaportéehistoriquedusujet,enparticulierpourlesjeunesgénérations.
ÀBamako,noussommesallésàlarencontred’AMINATADRAMANETRAORE,ancienneministredelaCultureetduTourismeduMali(1997-2000).AminataTraorés’estbeaucoupengagéesurlaquestiondutraficillicitedebiensculturelsautempsdeson mandat. Elle a en outre publié en 2006 un texte clé sur la question desrestitutionsdebiensculturelsintitulé«Ainsinosœuvresd’artontdroitdecitélàoùnoussommes,dansl’ensemble,interditsdeséjour».Noustenionsàrecueillirsonavissurl’évolutiondudiscoursenFrance.ElleaattirénotreattentionsurlacriseprofondequetraverseleMali,surleseffetsdelaguerresurlespopulationsciviles,notammentlesfemmes,surladifficilequestiondesvisas.Elleestrevenueavecnoussursapolitiqueenmatièrepatrimonialedanslesannées1990.Ellesalueletravailquenousmenons.
Communautés
UnerencontreaeulieuaveclafamilleomarienneàDakarle6août2018.Étaientprésents,ducôtédelafamille,M.SY,l’undesescollaborateurs,etTHIERNOMOUNTAGATALL,soncalife.Ce dernier nous a indiqué que, depuis 1994, la famille s’occupe de la question desrestitutionsdesobjetsappartenantàElHadjOmar(manuscrits,sabre,bijouxenor,objetsdivers).ElleaeffectuéplusieursmissionsenFranceàsespropresfrais.Elleapuconstaterlaprésencedesmanuscritsd’ElHadjOmar,saisisàSégou,àlaBibliothèquenationaledeFrance, dans le fondsArchinard, de ses reliques auHavre, de son sabre aumusée del’Armée.Celui-ciaétéprêtéetmontréàDakaràdeuxreprises,en1998eten2008.La
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familleindiquequ’àsesdemandesderestitutionaétéopposéeunefindenon-recevoirinvoquant l’inaliénabilité des collections nationales françaises. La famille a égalementémis le souhait d’unenumérisation à son intentiondesmanuscrits de laBibliothèquenationaledeFrance,dont le fondsArchinardn’est toujourspasàce jouraccessibleenligne.
Le16juillet2018,nousavonsrencontréàlafondationAfricAvenir,situéedanslequartierde Bonabéri, à Douala, un certain nombre de chefs traditionnels du Cameroun. CesderniersavaientétéconviésparleprinceKUM’ANDUMBEIIIàunerencontreautourdelaquestion des restitutions. Nous avons pu, après leur avoir présenté l’objet de notremission,échangeraveceuxdurantdeuxheuressurlesujet.Ilsnousontfaitpartdeleurspréoccupationsquantauretourdesobjetsdeleurpatrimoineprésentsdansdesmuséeseuropéensetnousavonspumesurerlegrandintérêtqu’ilsportaienttousàlaquestionde leurrestitution,ainsiqu’à l’état trèsavancéde leurréflexionsur le sujet.Les jourssuivants, nous avons voyagé dans l’Ouest du Cameroun, à Dschang, Bafoussam etFoumbam,afinderencontrerd’autreschefstraditionnels(certainsétaientprésentsàlarencontredeDouala)etdevisiterlescasespatrimonialesetmuséestraditionnelsdanslesquels ils conservent leurs objets. Ces visites nous ont édifiés sur la pluralité desdispositifsdeconservationetsurleurrichesse,ainsiquesurlegrandintérêtportéparleschefferiesàlaconservationdeleurpatrimoine.
Marchédel’art
Nous nous sommes efforcés d’entrer en dialogue, individuellement, avec plusieursreprésentantsdumarchédel’artafricain,enFrancecommeenAfrique.Ducôtéeuropéen,nousavonsassocié lesgaleristesROBERTVALLOIS (Paris)et l’antiquairebelgo-congolaisDIDIER CLAES (Bruxelles) à nos réflexions, en les invitant notamment à participer àl’«atelierdeDakar»dumoisdejuin2018.Ducôtéafricain,nousavonstenuàcomprendrelesmécanismesdutraficilliciteenallantàlarencontred’unmarchanddeLomé,plaquetournantedutraficd’artafricainentrel’Afriquedel’Ouestetl’Europe,quinousaéclairéssurleslieux,lesméthodesetlesacteursdecemarché–enparticulierencequiconcernel’exfiltrationversl’EuropedepiècesduNigeriaetduMali.Cetterencontreetlesméthodesdécrites nous ont convaincus de l’absolue nécessité d’une action ferme contre lespratiquesillicites.
Inventaires
Iln’existeàcejourpasdecartographiepréciseouderépertoirecentralisédupatrimoineafricainenFrance,quiauraitreprésentéunoutildetravailessentieldanslecadredelarédactionduprésentrapport.Endehorsdequelquesinstitutionsspécifiquesdontl’état
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des inventaires permet un chiffrage précis, une quantification globale du nombre depiècesàl’échellenationaleestainsidifficileàréaliser.
LescollectionsdumuséeduquaiBranly-JacquesChirac(70000milleobjetspourl’unitépatrimoniale«Afrique»),biendocumentéesetpourpartieaccessiblesenlignesurlesitedumusée,ontétéunebasedetravailcapitalepourleprésentrapport.Leschiffres,cartesetstatistiquesqu’ilcomporteontétéélaborésd’aprèslabasededonnéesdescollectionsdumusée,consultéesurplaceviale logicieldegestiondescollectionsTMS.Cedernierproposedesinformationsplusdétailléesquelesfichesenligneetpermetl’exportationdetableursetde«rapports»oulacompilationdefichiersCSV,quirendentletravailautourdesmétadonnéesdespiècesconcernéesplusefficace.ÀlaDocumentationdescollectionsetarchives,nousavonséchangéavecSARAHFRIOUX-SALGAS(responsableduservice)etétéorientésparJEAN-ANDREASSIEetANGELEMARTIN,ainsiqueparTHOMASCONVENT(dupôleinventaire et gestion informatisée des collections d’objets) pour la compilation des«rapports»relatifsàchaquepays.
Laréuniondu4juillet2018aveclesreprésentantsdemuséesdescollectivitésalaisséentendreque lamiseàdispositiondemoyens importantspour ladocumentationet lamise en ligne des collections du musée du quai Branly-Jacques Chirac n’avait pasforcément initié unmouvement similaire au seindes autres institutions. Lesbasesdedonnées des objets desmusées de France accessibles en ligne (« Joconde »), dont lenombredenoticesestlargementinférieuràlaréalitédescollections,nepermettentpasde parvenir à un nombre fiable – pour un patrimoine partagé entre musées d’art,d’ethnographieetdesciencesnaturelles,voired’institutsuniversitaires.Lesinventairesqui nous ont été communiqués varient ainsi grandement en format et en degré deprécisionsurlaprovenancedespièces.Nousnoussommesiciefforcés,aveclesoutiendeVINCENT LEFEVRE (sous-directeur des collections au Service des musées de France) etd’IsabelleMaréchal,deregrouperunmaximumd’informationssurl’étatdupatrimoineafricainenFrance.
Un travail d’inventaire important reste donc àmener, qui pourrait appuyer certainesdémarchesetinitiativesexistantes.L’associationMuseoArtPremierproposeainsi,viauneplateforme en ligne, un premier recensement des collections extra-européennesconservéesparlesmuséesfrançais(MuseoArtPremier.com)etpromeutleurvalorisation.Leprogramme«Vestiges,indices,paradigmes:lieuxettempsdesobjetsd’Afrique(XIXe-XIXesiècle)», lancéen2018à l’Institutnationald’histoirede l’artsous ladirectiondeClaireBosc-Tiessé,aégalementpourobjectifd’élaborerunebasededonnéesd’objetsdecetteprovenanceetdecettepériodeconservésdanslescollectionspubliques.
Ateliers
Lesdeuxateliersderéflexionorganisésdanslecadredel’élaborationdecerapportontpermisde recueillir les idées et opinions ainsi que les critiquesd’experts et d’acteurs
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situés dans des champs d’action variés. L’« atelier deDakar » a permis d’explorer enprofondeur toutes les problématiques liées aux restitutions, des aspects les pluspragmatiquesauxdimensionssymboliques.Sonorganisation(transport,hébergement,repas)aétéconjointementfinancéeparleministèredel’EuropeetdesAffairesétrangèresetleministèredelaCulture,aveclesoutiensurplacedel’ambassadedeFranceauSénégaletdumuséeThéodore-Monodd’artafricain.L’«atelierjuridique»(voirdocument3)seconcentraitpoursapart,grâceàlaréuniond’unlargepaneld’experts,surlaquestiondudroitetauxexpériencespasséesderestitutions.Sonorganisationareçu lesoutienduministèredelaCultureetbénéficiédel’hospitalitéduCollègedeFrance.
L’atelierdeDakar
Cetatelierderéflexions’esttenule12juin2018aumuséeThéodore-Monodd’artafricain,à Dakar, en présence des personnalités suivantes : HAMADY BOCOUM (archéologue,directeurduMuséedescivilisationsnoires,Dakar),CAROLEBORNA(directriceadjointedupatrimoine culturel au ministère de la Culture, Cotonou), VIYE DIBA (artiste peintre,Dakar),GABINDJIMASSE(directeurdel’Officedutourismed’Abomey,chargédeprojetdeconstruction du Musée de l’épopée des rois d’Abomey), prince KUM’A NDUMBE III(fondateur d’AfricAvenir International, Douala), DIDIER HOUENOUDE (historien de l’art,directeurdel’INMAAC,Cotonou),SALIAMALE(ethnologue,directeurdudépartementdelaconservationaumuséenationalduMali,Bamako),ELHADJIMALICKNDIAYE(historiendel’art,conservateuraumuséeThéodore-Monodd’artafricain,Dakar),SIMONNJAMI(critiqued’art, commissaire d’exposition, Paris), JOSE PLIYA (directeur de l’Agence nationale depromotiondespatrimoinesetdedéveloppementdutourisme,Cotonou),ROBERTVALLOIS(galeriste,PetitmuséedelaRécade,Paris-Cotonou),DANIELEWOZNY(consultante,experteencultureetpatrimoine).Égalementinvités,l’historiennedel’artANNELAFONT(directriced’étudeàl’Écoledeshautesétudesensciencessociales)etCEDRICCREMIERE(directeurduMuséumd’histoirenaturelleduHavre)ontmalheureusementétéempêchésinextremisetn’ontpusejoindreaugroupe.
Leformatdel’atelier,àhuisclosdansunespace-tempstrèsconcentré,avaitétéchoisipour favoriser l’émergence d’une réflexion collective, transcontinentale et autonome.Nousavonsconsacrétroisséancesdetroisheuresenvironàchacundesvoletssuivants:
I. Cequerestituerveutdire:pragmatique,symbolique,temporalites
Lasessioninauguraleapermisdequestionner,demanièregénérale,legestedelarestitutiondanslamultiplicitédesessignifications,etdeposerlestermesetenjeuxdudébat.L’existencedeplusieursconceptionsdupatrimoineetdedifférentsrégimesmémorielsaégalementétéaucœurdesdiscussions.
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II. Resocialiserlepatrimoine:espacesepistemologiquesetregimesdeculture
Cettedeuxièmesectionportaitplusconcrètementsur lespotentialitésd’uneréintégrationdesobjetsdansleurenvironnementd’origine,etdespossibilitésoffertesparleurresocialisationetre-symbolisation.Ladiscussionaportésurla variété des situations culturelles et territoriales, à travers des exemplesprécis,etsurlaredéfinitiondelafonctiond’objetsdontlessignificationsontétéaltéréesparl’histoire.
III. Panserl’aveniretlogiquesdedistribution:lamutualitecommehorizon?
Le dernier panel, plus prospectif, explorait les possibilités ouvertes par lesrestitutions dans le cadre d’une redéfinition des relations interafricaines etintercontinentales. La circulation des œuvres et la géographie muséale del’Afriqueontétéabordées.
Leséchangesaucoursdecetatelierdetravailontfaitl’objetd’unecaptationaudiovisuelleintégrale.UneconférencedepresseorganiséedansunesalledumuséeThéodore-Monodd’artafricainàl’issuedeséchangesapermisd’informerlesmédiassurlesrésultatsdecettejournéeet,plusgénéralement,surlesenjeuxetl’avancementdelamission.
L’atelierjuridique
L’« atelier juridique » s’est tenu le 26 juin 2018 au Collège de France à Paris (voirdocument 3). Sa conception et son organisation ont été conjointement assurées parIsabelleMaréchal(inspectricegénéraledesaffairesculturellesauministèredelaCulture)etVincentNégri(ISP/UMR7220:CNRS–ENSParisSaclay–UniversitéParisNanterre),associé à la mission à titre de « critical friend » pour sa connaissance du droit dupatrimoineafricainetdudroitinternationalenmatièredepatrimoine.
Cetévénementétaitdestinéàunpublicrestreintd’intervenantsetd’invités(ministèredelaCulture,ministèredel’EuropeetdesAffairesétrangères,Sénat,ICOM,universitaires,juristesethistoriens,conservateursetpraticiens)choisispourleurexpérienceenmatièrederestitutions.Sontintervenusàl’occasiondecettejournée:LAURENCEAUER(directricedelaculture,del’enseignement,delarechercheetduréseauauministèredel’EuropeetdesAffairesétrangères,GAËLLEBEAUJEAN-BALTZER(responsabledecollectionsauseindel’unité patrimoniale « Afrique » du musée du quai Branly-Jacques Chirac), CLAIRECHASTANIER(adjointeausous-directeurdescollectionsauServicedesmuséesdeFrance),MARIECORNU(directricederechercheauCNRS–InstitutdesSciencessocialesdupolitique,ISP/UMR7220),STEPHANEDUROY(professeurdedroitpublicàlaFacultéJeanMonnet–Université Paris-Sud Paris Saclay), MANLIO FRIGO (professeur de droit international àl’universitédeMilan,avocataucabinetBonelliEredeMilan),HELENEJOUBERT(responsable
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del’unitépatrimoniale«Afrique»aumuséeduquaiBranly-JacquesChirac),EMMANUELKASARHEROU (adjoint au directeur du Département du patrimoine et des collections,responsable de la coordination scientifique des collections aumusée du quai Branly-Jacques Chirac), SEBASTIEN MINCHIN (directeur du Muséum d’histoire naturelle deBourges),KWAMEOPOKU(ancienconseillerjuridique,retraitédubureaudesNationsuniesà Vienne), XAVIER PERROT (professeur d’histoire du droit à l’université de Limoges),JULIETTERAOUL-DUVAL(présidenteducomitéfrançaisdel’ICOM).
Leprogrammeapermisdefairelepointsurlasituationdudroitinternational,dudroitinternefrançais,dudroitafricain,maisaussidelivrerdescommentairessurledocumentméthodologiquerendupublicparl’Associationdesmuséesallemands.Plusieurscasderestitutionsdéjàeffectuéesontétéanalysés.Surlabased’uneprésentationdetroisobjetsafricainsdescollectionsdumuséeduquaiBranly-JacquesChiracquiysontparvenusdanslescollectionsselondesmodalitésetàdespériodesdel’histoiredifférentes,ils’estagienoutred’engageruneréflexionconcrètesurlesmodalitésetprécautionsàprendredansl’hypothèsederestitutionsàvenir,etdepermettreuneconfrontationdespointsdevuedesdiversfutursacteursdeceprocessus.
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Document2.Ledispositifjuridique
L’élaborationdudispositif juridiqueproposé,permettantde lever lesobstaclesactuelsopposésauxdemandesderestitutionaétéeffectuéesurlabasedestravauxdel’atelierjuridiquedu26juinetdesconcertationsassuréesenjuilletetseptembreaveclesservicesjuridiquesdeladirectiongénéraledespatrimoinesetdusecrétariatgénéralduMinistèredelaCulture.
Ladifficultépremièreétaitbiensûrdedonnerunesécurité juridiqueauprocessusderestitutionqui concerneraunepartiedesobjetsdes collections conservées enFrance,alorsquelalégislationsurlepatrimoineestglobaleets’appliqueindistinctementàtouslesélémentsdescollections.
Afindenepasremettreencauselalégislationpluriséculairequiprotègelepatrimoinenationaltoutenfaisantdroitàl’exigenceéthiquedesrestitutions,uneissueaététrouvéedanslerecoursàuneprocédured’exception,élaboréeadhoc,pourcebesoinspécifique.
Lesréunionsdeconcertationetl’atelierontpermisdemettreenlumièreunconsensussur les objectifs, mais ont fait apparaitre différentes approches pour résoudre lesdifficultés auxquelles les restitutions sont confrontées dans notre droit actuel, qu’ilsembleutiled’évoquerenindiquantleschoixfaitsparlamission.
Troissujetsontretenul’attentiondelamissionetfontl’objetdepropositionssurleurtraitementjuridique:
1°)lechoixdel’insertionaucodedupatrimoinedesdispositionslégislatives,oudel’élaboration d’un texte de loi autonome, jugée plus symbolique du caractèred’exceptiondudispositifderestitution.Cettesuggestiond’untextedeloiautonomeestapparue tardivement dans la discussion et a conduit la mission à proposer les deuxversionsdansletableauci-après;
2°)lesmodalitésdesortiedudomainepublic,concernantlesobjetsàrestituer;cesmodalités découlent du jeu croisé du code général de la propriété des personnespubliques(CG3P)etducodedupatrimoine,d’unepart,etdelafutureprocédure,d’autrepart;
3°)letraitementdesobjetsrestituablesdontlapropriétépubliquerésultededonsoulegs.
Cesdeuxdernierssujetsontfaitl’objetd’analysesetdedébats,quiontguidéleschoixdelamission(voirl’analysedétailléedanslesdeuxfichesthématiquesjointes):
Surlasortiedudomainepublic
Les objets concernés par les restitutions sont, pour ce qui concerne les collectionspubliques,incorporésdansledomainepublic,etsaufperted’intérêt,cesobjetsn’ontpasvocationàêtredéclassésdudomainepublicpourpermettreleuraliénation.Faceàcettedonnéeetàlanécessitédenepasremettreencauseleprincipegénérald’inaliénabilitédudomainepublic,deuxpistesontétéexplorées:
- L’élaboration d’une procéduread hoc, pour les besoins de la restitution desobjetsafricains,danslaquelleledéclassementdudomainepublicapparaitcommeuncorollaireimplicitedeladécisionderestitution,sanssignificationpropre.Cettepistemetenavantl’objectifderestitutionetdecoopération,privilégielepartenariat
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scientifique dans le processus de restitution et ouvre la possibilité de rendre desobjetsdontlesconditionsd’acquisitionresterontincertainesmalgrélesrecherchesdeprovenance,afindeconstituerdesensemblesscientifiquementcohérentsd’objetsrestitués.
- L’annulationdel’entréedesobjetsdanslescollectionsetdoncdansledomainepublic,pourlaquelleuneprocédureesteffectivementprévueaucodedupatrimoine,dans des cas précis d’acquisition frauduleuse reconnue par les conventionsinternationales. L’annulationde l’entréedans les collections résoutd’elle-même laquestiondel’inaliénabilité:n’étantplusdomainepublic,l’objetpeutêtrealiéné.
Bienquetentante,cettedernièreoptiondel’annulationdel’entréedanslescollectionsn’apasétéretenueparlamission,pourlesraisonsdétailléesdanslafiche1.Peuréalistedansuncontextederestitutionsconcernantunnombrepotentiellement importantd’objets,ellenepermettrait,parsaradicalitémême,quederendrelesobjetsdontonconnaitaveccertitudelesconditionsd’acquisitionsansconsentement,etfragiliselestatutdesobjetsnonrevendiquésquiresterontdanslescollections.Enoutre,elleprovoqueuneffacementdel’histoiredel’objet.
Pourtoutescesraisons,lamissionabâtiledispositifdeprocédurederestitutionsurlapremièreoption,telqu’ilestdécritdanslapartie3durapport.
Surlesdonsetlegs:
LesdispositionsduCG3Petducodecivil(auquelrenvoieleCG3P)nesemblentpasfaireobstacleàunerévisiondesconditionsetchargesdeslibéralitésdanslesconditionsdudroitcommun,pouvantconduireàl’aliénationdesbiensconcernés,dèslorsquepourlesbesoinsdelarestitutionilseraitdérogéaucodedupatrimoine.Unedesquestionsàtraiterconcernealorslafacultédepasseroutrelesclausesdesdonsetlegssansrecoursaujuge,etsansdevoirrecherchernécessairementl’accordpréalabledel’auteurdelalibéralitéoudesesayantsdroits.
Le consensus s’est stabilisé sur l’idée que les objets initialement acquis sansconsentement,defaçoncertaineoufortementprésumée,puisdonnésultérieurementauxcollections publiques, pourraient être restitués à leur pays d’origine sur décisionadministrativeendépitdel’existenced’unelibéralité.
Suivantceprincipe,deuxschémasontétéexaminés:
Unepistesuggéraitqu’ilnepourraitêtrepasséoutreceslibéralitésques’ilétaitavéréquele donateur avait connaissance des conditions d’acquisition éthiquement critiquables,l’essentieldesprocéduresducodecivilrestantapplicablesdanslecascontraire.
Lamissionn’apasretenucettepiste,pourlesraisonsexposéesenfiche2.
Lamissionproposequeledispositifderestitutionadhocdérogeaucodecivilpourpasseroutrel’existenced’undonoulegs,quellequesoitsonanciennetéetsesclauses,pourlesobjets initialement acquis sans consentement (ou fortementprésumés tels) et dont larestitutionestdemandée.
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Pourlesobjetsdela«zonegrise»,dontleretouraupaysd’origineestdemandépourmotifs scientifiques, la mission propose d’introduire un critère d’ancienneté : lesconditionset chargesdes libéralitésdeplusde cinquanteanspourraient êtrepasséesoutre pour les besoins de la restitution ; pour celles demoins de cinquante ans, unedéclarationd’intentionderestituerserait,selonlescas,notifiéeoupubliéeafind’informerl’auteurdelalibéralitéousesayantsdroits.
Enl’absenced’opposition,larestitutionpourraitêtredécidée,danslecascontraire,l’objetpourraitêtredéposéouprêté,endépitdesinconvénientsdecetteformule,maisenaucuncasunerésiliationjudiciairedelalibéraliténepourraitêtreengagéeparledonateurousesayantsdroitspourcemotif.
Letableauci-après,présentantlesdeuxversions(codifiéeetloiautonome)neconcerneque le dispositif législatif permettant de rendre possible des restitutions définitives,traduisant en droit le résultat des concertations et réflexions de la mission. Lesmodificationsdecohérenceavec lesautresdispositionsducodedupatrimoine,ets’ilss’avéraientnécessaires,ducodegénéraldelapropriétédespersonnespubliquesetducodecivilserontàenvisagerdanslecadredutravaild’élaborationlégislative.
Enfin, la mission présente également à titre indicatif une trame d’accord bilatéralélaborée, parallèlement à la préparation de la proposition législative, en lien avec lesservicesdeladirectiongénéraledelamondialisation(ministèredel’Europeetdesaffairesétrangères).
102
PROPO
SITIONDE
PRO
CEDU
REDERE
STITUT
ION
Renvoiaudescriptifdurapport
Procédureproposée
Versioncodifiée
Observations
Cetteprocédureestproposéeselon
lesorientationsquisedégagentdes
discussionsdesateliersprésentées
danslecorpsdurapport.
Ellepeutconcernerpotentiellement
tout
bien
culturel,
d’où
le
positionnementenlivre1,mêmesile
sujetconcerneraessentiellementles
musées.
Ellesecaractérisepar4éléments.
1°)Unsoclesousform
edetraité
bilatéralentreleFranceetchaque
Étatpotentiellementintéressé,qui
devraprévoirlesprincipesdela
démarchederestitutions:mention
delapériodecolonialevisée,letravail
d’expertisebilatéralepourétablirsi
besoinlalistedesbiensetdanstous
lescas,laprovenance,lacomposition
d’une
commission
d’experts
bilatérale
et
la
définition
d’un
programme
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Prop
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fond
emen
tdeceta
ccord
sontinstruitesselonlaprocédu
redéfinie
parlaprésen
tese
ction.
Articleintroductif
Unm
odèletyped’accordbilatéralest
proposéci-après.
Lesbiensconcernéspeuventêtre
propriétésdel’État,decollectivités
territoriales
ou
d’établissements
publics(Universités,établissements
hospitaliers).Pourcetteraisononne
parlepasde«M
uséesdeFrance»,
troprestrictif
103
2°)Laprocéd
ured’instruction:
-un
ede
man
ded’Étatà
État,
-un
einstruction
conjointe
parles
expe
rtsdu
paysde
man
deure
tdu
muséedéten
teurdubien
, L’ob
jectif
estqu
elad
émarche
de
restitu
tionpe
rmettel’établiss
emen
td’un
ecollection
scientifiqu
emen
tcohé
rente
constitué
esur
un
parten
ariatscie
ntifiqu
e,au-de
làdela
logiqu
eprem
ièred
erestitu
tion
de
bien
sacquiss
ansc
onsentem
ent.
Article3:Lademandederestitutionest
présentéeparl’Étatd’origineculturelledu
bienàl’Étatfrançaisetdésigneprécisément
leoulesobjetsconcernés.
L’instructiondelademandeviseàm
ettre
enévidence,pardestravauxderecherches
associantlesexpertsfrançaisetceuxde
l’Étatafricainconcerné:
-les
élémentsdeprovenancedubien,
notammentsonoriginegéographique,les
circonstancesdesapremièreacquisition,
les
modalités
desonentréedans
les
collectionspubliques,
-l’im
portancedubienpourlepatrim
oinede
l’État
d’origineculturelleoupour
les
communautésquilecomposent,
-lecaséchéant,lacohérencescientifique
avecd’autresobjetsdontlarestitutionest
demandéeouavecd’autresobjetsdéjà
restitués
en
application
de
l’accord
bilatéral.
Le
dossier
d’instruction
indiquera
également
la
localisation,
dans
les
collectionsfrançaises,desobjetsdenature
similaire
perm
ettant
d’assurer
la
Article
L.112-29.
–
La
demande
de
restitutionestprésentéeparl’Étatd’origine
dubienetdésigneprécisémentlesobjets
concernés.
L’instructiondelademandeviseàm
ettre
enévidence,pardestravauxderecherches
associantlesexpertsfrançaisetceuxde
l’Étatconcerné:
-lesélémentsdeprovenancedubien,
notammentsonoriginegéographique,les
circonstancesdesapremièreacquisition,
les
modalités
desonentréedans
les
collectionsdum
usée,
-l’im
portancedubienpourlepatrim
oine
del’Étatd’origineculturelleoupourles
communautésquilecomposent,
-lecaséchéant,lacohérencescientifique
avecd’autresobjetsdontlarestitutionest
demandéeouavecd’autresobjetsdéjà
restitués
en
application
de
l’accord
bilatéral.
Le
dossier
d’instruction
indiquera
également
la
localisation
dans
les
collectionsfrançaisesdesobjetsdenature
similaire
perm
ettant
d’assurer
la
Lad
eman
ded
oitêtreformellee
tprécise
.Ellesup
poserala
plupa
rtdu
tempsu
ntravailde
reche
rche
en
amon
t,bilatéral,
que
letraité
de
coop
ération
vise
égalem
ent
àorganiser.
L’instruction
viseraà
rechercher
l’orig
inede
sbien
s,leurhistoire,leu
rusageafin
-d’établirsil’acquisitionprem
ièrea
étéfaite
sansco
nsen
temen
touno
n,
-en
l’ab
senced’inform
ationprécise
surlescir
constancesdelapremière
acqu
isitio
n,
étab
lir
son
intérêt
scientifiqu
eau
regardde
sau
tres
objetsre
stitu
és.
Ils’a
gitd’organiserlap
résentation
des
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ans
les
meilleurescond
ition
s,etlecas
éché
antde
susciterd
esp
rêtso
uécha
ngesentrem
uséesafric
ainset
français.
Lacommiss
ion
scientifiqu
esera
constitué
epa
ys
par
pays.
Son
princip
eetm
odalité
sde
désigna
tion
devron
tfigureràl’accordbilatéral.
104
3°)
commiss
ion
scientifiqu
epo
ur
validerlesé
rieuxdel’instructio
netla
reconn
aissan
cedelaprovena
ncedu
bien
etde
lape
rtinen
cede
la
restitu
tion,elleassureégalem
entle
respectde
laparité
franco-afric
aine
da
nsl’app
récia
tionde
l’opp
ortunité
dure
tourdubien
,
continuitéde
laprésen
tatio
nsur
le
territo
irenationa
ldelaculture,d
esartset
del’h
istoirede
l’État
béné
ficiaire
de
srestitu
tions.
Artic
le4:Ladem
ande
derestitu
tionetle
sélém
entsdel’instructio
nsontsou
mispo
ur
avis
àun
ecommiss
ion
scientifiqu
ecréé
epo
urla
durée
del’accordbilatéral,qu
ien
fixelacom
positionde
façonàassurerun
ereprésen
tatio
néq
uilib
réede
personn
alité
sscientifiqu
esdu
pa
ysd’origine
etde
sinstitu
tionsfran
çaise
scon
cernée
s,ainsique
de
pe
rson
nalitésqu
alifiée
sno
mmée
sà
partsé
galesp
arlesd
euxpa
rties.
Cettecommiss
ionap
précierale
sélém
ents
del’instructio
nrelatifs
aux
cond
ition
sd’acqu
isitio
ndu
bien.Celui-cip
ourraêtre
restitu
édu
seu
lfait
dud
éfau
tavéréou
fortem
entprésum
éde
con
sentem
entdu
prop
riétaire
lorsde
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initiale,
quelleque
soitladated’en
trée
dan
sles
collections
et
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bstant
l’existen
ce
éven
tuelled’undo
nou
legs.
Lorsqu
eles
recherches
des
expe
rts
bilatéraux
n’au
ront
pu
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lir
les
circon
stan
cesd’acqu
isitio
ndu
biensoum
isàsonexam
en,lacommiss
ionscientifiqu
ebilatérale
appréciera
la
cohé
rence
scientifiqu
edu
bien
avecd
’autresob
jets
faisa
ntl’ob
jetd
eladem
ande
derestitu
tion
oua
yanté
téren
dus
précéd
emmen
ten
ap
plicationde
laprésenteprocéd
ure.
continuitéde
laprésen
tatio
nsur
le
territo
irenationa
ldelaculture,d
esartset
del’h
istoirede
l’État
destinatairede
srestitu
tions.
Artic
leL.11
2-30
.–La
dem
ande
estso
umise
po
uravisà
une
commiss
ion
scientifiqu
ecréé
epo
urladurée
del’a
ccordbilatéralqui
enfixelacom
positionde
façon
àassurer
une
représen
tatio
néq
uilib
rée
de
person
nalités
scientifiqu
es
du
pays
d’origine
et
du
ou
des
institu
tions
fran
çaise
sconcerné
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ainsi
que
de
person
nalitésextérieuresnom
mée
sàparts
égalesparlesd
euxpa
rties.
Cettecommiss
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précierale
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del’instructio
nrelatifs
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cond
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ndu
bien.Celui-cip
ourraêtre
restitu
édu
seu
lfait
dud
éfau
tavéréou
fortem
entprésum
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con
sentem
entdu
prop
riétaire
lorsde
l’acquisition
initiale,
quelleque
soitladated’en
trée
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sles
collections
et
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bstant
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ce
éven
tuelled’undo
nou
legs.
Lorsqu
eles
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des
expe
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bilatéraux
n’au
ront
pu
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lir
les
circon
stan
cesd’acqu
isitio
ndu
biensoum
isàsonexam
en,lacommiss
ionscientifiqu
ebilatérale
appréciera
la
cohé
rence
scientifiqu
edu
bien
avecd
’autresob
jets
faisa
ntl’ob
jetd
eladem
ande
derestitu
tion
oua
yanté
téren
dusprécéd
emmen
ten
ap
plicationde
laprésenteprocéd
ure.
Lafo
rmalisa
tiond’un
cad
recom
mun
po
ur
la
compo
sition
de
ces
commiss
ionsapp
araitu
neprécaution
prop
reàra
ssurerto
uteslesp
artie
s. Ilap
paraitné
cessairedeprécise
rles
compé
tencesdelacom
miss
ionda
ns
lesde
uxsitu
ationsa
uxqu
elleselle
seracon
frontée:b
ien
acqu
issans
consen
temen
tou
bienau
xorigines
incertaine
smalgrérecherches.
Son
exam
en
se
limite
ra
àla
vérifica
tion
des
cond
ition
sd’acqu
isitio
nda
nsle
prem
iercas,
alorsq
uedan
slede
uxièmecase
llese
pron
onceraenop
portun
itésurdes
critè
ress
cientifiqu
es.
105
Ilconvientdetraiterlecasd
esobjets
entrésdan
slesmuséespa
rdo
nsou
legs,
qui
posent
une
difficulté
spécifiqu
e.
Làencorelapropo
sitionestd
ecréer
und
ispositifd’exception,lim
itéa
ube
soinprécis
derestitu
tion,organ
isé
dansleca
drede
saccordsbilatéraux.
Artic
le5:Lare
stitu
tionde
sobjetsp
eutê
tre
décidé
epa
rlepropriétaire
delacollection
dontestissule
bienen
cau
se,n
onob
stan
tlesclau
seséven
tuellesde
don
setle
gs,s’il
estétab
liqu
ecesbien
son
tfaitl’o
bjetde
vol,
pillages,
accapa
remen
tforcésou
acqu
isitio
ninéq
uitablepe
ndan
tlapériode
coloniale,ouqu
el’instructio
nscientifiqu
ede
ladem
ande
conclutq
u’ilexisteun
eforte
présom
ption,v
alidée
parla
commiss
ion
d’expe
rtsb
ilatérale,q
ueleuracquisitionait
étéfaite
dan
sdesco
ndition
sincom
patib
les
avecleconsen
temen
tlib
reetéclairé
du
prop
riétaire
d’orig
ine.
Enl’absen
ced
’inform
ation
suffisantesur
lesc
onditio
nsdeleuracquisitioninitiale,et
sur
avis
favo
rable
delacommiss
ion
d’expe
rts
bilatérale,leretourau
pa
ys
d’originede
sobjetsissusdedo
nsetlegsd
emoinsdecinq
uantean
spe
utêtredé
cidé
pa
rlap
ersonn
epu
blique
don
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ulégataire
du
bien
aprèsinformation
des
dona
teurse
ttestateurso
ude
leursh
éritiers
directs.
Ceux-cid
isposen
td’un
délaid’unan
pou
rfaire
con
naitreleurposition
.A
défautde
répo
nse
àl’issue
de
cedé
lai,
leur
conten
temen
testré
putéacquis.
Silesd
onateu
rse
ttestateu
rso
uleurs
héritiersdire
ctsn
epe
uven
têtreretrou
vés,
l’informationestd
iffusée
parinsertiond’un
commun
iqué
da
ns
deux
journa
ux
L.11
2-31
–La
restitu
tionde
sobjetse
stpeu
têtredé
cidé
epa
rleprop
riétaire
de
la
collectiondo
ntestis
sule
bienen
cau
se,
nono
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lauseséventue
llesd
edo
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uecesbiensontfa
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remen
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isitio
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ant
la
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nscientifiqu
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sentem
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suffisantesur
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bien
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Silesd
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rse
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héritiersdire
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iffusée
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commun
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. Lapropo
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uelq
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te,lorsque
il
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véréque
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pillage(ou
autrea
cte
cité),ou
,si
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ily
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isitio
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consen
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t. Ilestprop
osé,pou
rlesob
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zone
grise,deconserverleprin
cipe
ducod
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ilde
laconsultatio
nde
l’auteu
rde
la
libéralité
ou
deses
ayan
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aissouscon
ditio
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dé
lai:le
srestitu
tionsd’objetsiss
us
delibéralité
sde
plusde
cinqu
ante
ans
d’an
cienn
eté
neseraientpa
ssoum
isesà
cetteob
ligation.
106
4°)d
écision
form
ellederestitu
tion:
ledéclassem
entd
ubien
dudo
maine
pu
blic
estde
faitconten
uda
nsla
décis
ion
derestitu
tion
des
bien
s,do
ntil
est
uneffet
indu
it,sans
significationprop
re.
nationaux.
Le
même
délai
d’un
an
s’appliqueàcompterdecettepublication.
L’intentionderestituern’estpasunm
otif
derésiliationjudiciairedelalibéralité.
Undécret
enConseild’État
fixeles
modalitésd’applicationduprésentarticle.
Article6:Ladécisionderestitutionest
prononcéepar
lapersonnepublique
propriétairedescollectionsdontlebien
restituéestissu.Ladécisionmentionne
l’Étatbénéficiaireetpréciselesmotifsdela
restitutionetladestinationdubien.
Article7:Larestitutionàl’Étatbénéficiaire
estassuréedanslesconditionsfixéespar
l’accordbilatéraldecoopérationculturelle.
Art8:
Undécret
enConseild’État
déterm
inelesmodalitésd’enregistrement
desbiensrestituésainsiquelesconditions
detransfertdeladocumentationafférente
auxbiensrestituésetdesanumérisation.
nationaux.
Le
même
délai
d’un
an
s’appliqueàcompterdecettepublication.
L’intentionderestituern’estpasunm
otif
derésiliationjudiciairedelalibéralité.
Undécret
enConseild’État
fixeles
modalitésd’applicationduprésentarticle.
ArticleL.112-32.–Ladécisionderestitution
estprononcéeparlapersonnepublique
propriétaire.Ladécisionm
entionnel’État
bénéficiaireetpréciseles
motifsdela
restitutionetladestinationdubien.
ArticleL.112-33.
–Larestitutionàl’État
bénéficiaireestassuréedanslesconditions
fixéesparl’accordbilatéraldecoopération
culturelle.
ArticleL.112-34.–UndécretenConseil
d’État
déterm
ine
les
modalités
d’enregistrementdesbiensrestituésainsi
queles
conditions
detransfertdela
documentation
afférente
aux
biens
restituésetdesanumérisation.
L’intentionde
restitue
rne
pou
rrait
ouvrir
droit
àun
erequ
ête
en
résiliatio
nde
la
libéralité
,qu
idé
possèd
eraitlacollectionpu
blique
de
l’ob
jetlégué
. Dé
cision
-du
ministredelaculturepou
rles
bien
sdel’État,
-du
maired
elacom
mun
eou
du
présiden
tdel’assem
bléedélibéran
te
pourlesb
iensdesautresc
ollectivité
sterrito
riales,
après
avis
duc
onseil
mun
icipa
loude
l’assemblée,
-lecasé
chéant,du
présid
entde
l’établiss
emen
tpu
blic
prop
riétaire
,ap
rèsa
visd
uconseild’adm
inistratio
nde
l’étab
lissemen
t. Lerythm
ede
srestitu
tionsdép
endra
aussidu
niveau
d’éq
uipe
men
tdu
pa
ysdestin
ataireetde
sactio
nsde
coop
ération
défin
ies
dansl’accord
bilatéral.
107
Propositiondemodèled’accordbilatéral
ACCORD
decoopérationentrelaRépubliquefrançaiseetl’Étatdu….envueduretourdebiensculturelsissusdel’Étatdu….
etdudéveloppementdespartenariatsculturels
LaRépubliquefrançaiseetl’Étatdu…..ci-aprèsappelés«lesparties»PropositiondepréambuleAnimésparledésird’encouragerleséchangesculturelsentreelles,Souhaitantaccompagnerlarestitutionetledépôtdelongueduréed’objetsconservésdanslescollectionsdesmuséesdeFrance,notammentdufaitdelaprésencecolonialefrançaisedudateàdate
Souhaitant développer les échanges scientifiques et la coopération culturelle entre lesinstitutionsculturellesetuniversitairesdesdeuxpays,
SouhaitantaméliorerlaconnaissanceréciproquedespublicsdesdeuxÉtatspartiessurl’artafricainetlaprovenancedesobjetsprésentésdansleursmusées,
Soucieuxdeprévenirlestraficsdebiensculturelsetderenforcerlacoopérationmutuelledanslaluttecontrecefléau,
Article1er.–ObjetLespartiesconviennentdemettreenœuvreunprogrammepourladuréedel’accorddanslesdomainessuivants:
- établissement conjointe d’une liste d’objets africains figurant à l’inventaire descollectionspubliquesfrançaisesdontleretourpourraêtredemandéparl’Étatdu…enapplicationdesdispositionsdelaloiXXXX/desarticlesL..àL.…ducodeduPatrimoine
- partage d’informations, de formation et d’expériences dans le domaine de laconservation,larestauration,lamiseenvaleurdescollections,
- expositionstemporairesdanslesinstitutionsetsitespatrimoniauxdesdeuxpays,
- miseencommundeleursdonnéessurletraficdesbiensculturels
(àcompléter,enadaptantaucasd’espèce)
Pouratteindrecesobjectifs,lespartiesconviennentnotammentde:
- Mettreenplaceunecommissionbilatéraled’examendesdemandesderetourd’objetsprésentéesparl’Étatdu…composéedespersonnalitésdésignéespourleurexpertiseparlesdeuxpays,selonlesmodalitésdéterminéesenannexe,
108
- D’assurer l’instruction conjointe des demandes de restitution par des travauxcommunsde recherchepardes expertsdésignéspar lesparties visant à établir laprovenancedesobjets,
- De définir un programme de missions d'assistance technique, de coopération etd'expertise relevant de leurs domaines de compétences dans les domaines de laconservation,larestaurationetlamiseenvaleurdesbiensculturelsenfonctiondesobjectifsduprésentaccord.
Article2.–ProgrammeLespartiesélaborentconjointementunprogrammed'actionspourtroisansannexéauprésentaccord.Lespartiesétablissentunbilanconjointàl’issuedestroisans,quiserviradebaseàuneéventuelleactualisationduprogrammed’actionspouruneautrepériodedetroisans.Article3.–MoyensLespartiess'efforcentdemobiliserlesmoyensfinanciersetautresnécessairesàlamiseenœuvredesactionsprévuespar leprésentaccorddans lecadreet la limitede leursressourcesbudgétaires.Lebudgetdechaqueprogrammed'actionparticulieretsarépartitionentrelespartiessontdécidésd'uncommunaccordaprèsdéfinitiondechaqueprogramme.Cebudgetetsarépartitionentrelespartiesfiguredansl’annexedéfinissantlesprogrammesd’action.Chaqueparties'engageàrechercherdesaidesetsubventionspourlebondéveloppementdesactionsduprogramme.Lespartiespeuventfaireappeld'uncommunaccordàdespartenairesextérieurs,publicsouprivés,pourmeneràbienlesactionsdéfinies.Article4.–SuiviUncomitédepilotageseréunitunefoisparanpoursuivrelebondéroulementdesactionsetleurcorrectphasage.IlrassembledesreprésentantsduministèrechargédelaCulturedu(Étatpartie)etdesministèresfrançaischargésdelaCultureetdesAffairesétrangèresainsiquedeuxdesmembresducomitéd’expertsdésignésparchaquepartie.Article5.–ÉvaluationdelaréalisationdesactionsLespartiess'engagentàfournirunbilandesactionsmenéesetdescréditsconsommésaucoursd'uneannée1(2?)moisavantladateduComitédepilotage.Lecomitédepilotageétablitlebilandesactionsréaliséesetdéfinitlesactionsdel'annéesuivante.Article6.–DuréeLeprésentaccordestprévupouruneduréede6ansàcompterdesasignature.Ilestreconductibleunefois,partacitereconduction.
109
Article7.–AmendementLe présent accord peut être amendé par accord écrit entre les Parties, après avis ducomitédepilotagesaisideuxmoisavantladatedesaréunion.Article8.–DénonciationEncasdenon-respectpar l'unedespartiesdesengagementsprévusdans lecadreduprésentarrangement,celui-cipeutêtredénoncéparl'autrepartie.Ladénonciationprendalorseffetdansundélaidedeuxmois.Article9.–RèglementdeslitigesTout différend lié à l’interprétation ou à l’application du présent accord est réglé àl’amiable,aumoyendenégociationsdirectesparvoiedeconsultationoudenégociationentrelesParties.Faità…le…endeuxexemplairesoriginaux.
110
Le schéma ci-dessous donne un aperçu visuel d’une procédure de restitution selon qu’il existe une
liste d’objets revendiqués (à droite), ou que son élaboration nécessite une coopération bilatérale (à
gauche). En grisé les étapes partenariales, en bleu, celles reposant sur les institutions françaises.
Accordbilatéral
Listeàdéfinir Listeétablie
Revendicationdel’Étatd’origineauprèsdel’État
français
MinistèreCulture
Miseenplacedepartenariatsscientifiquesfranco-africains(Université,Cvtmusées,INP,
Labos…DRAC
MuséesÉtat
Etablissementd’unelisted’objetsrestituables
Collectivitésterritoriales
MuséesÉtat
Constitutiondudossierscientifiqueenpartenariataveclesconservateursdupays
d’origine
MuséesCT
DRACetCvtmusées
MuséeÉtat
CvtEPouSCN
Miseenplacecommissionexpertsbilatérale
Revendicationdel’Étatd’origineauprèsdel’Étatfrançais
AvisCommissionexpertsbilatérale
-Validationtravauxderecherchessurprovenance,-Siprovenancenonétablie,avissuropportunitéderestitution
Décisionrestitutionpar-arrêtéduMinistreculturepourl’État,-décisiondumaireouPrésidentdelaCTaprèsconsultationassembléedélibérante
Commissionexpertsbilatérale
Préconisationssurlespartenariatsderecherche
Collectivitésterritoriales
MinistèreCulture
Ministèreculture
Constitutiondudossieraveclesconservateursdupaysd’origine
Ministèreculture
Loirestitutions
Abréviations:CT CollectivitésterritorialesCvt conservateurDRAC Directionrégionaledes
affairesculturellesEP EtablissementpublicSCN Serviceàcompétence
nationale
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Fiche1:Commentsortirdudomainepubliclesobjetsrestituables?
Lasolutionproposéeparlamissionconsisteàtraiterlademandederestitutioncommeune exception réservée aux États, dont les territoires correspondent à d’anciennescoloniesfrançaises,ayantconcluunaccordbilatéralderestitution/coopérationaveclaFrance.Danscesconditions,larestitutionestunactederelationsinternationales,opéréeparconclusiond’untraité,etlarestitutionaupaysd’originefaitsortirdejurel’objetdescollections publiques et, en droit, du domaine public de la personne publiquepropriétaire;larestitutionactéeparletraitéinternationalvautdéclassementdudomainepublic.
Cedéclassement,ainsiencadré,nesauraitêtre interprétécommeuneremiseencause du principe d’absolue inaliénabilité des collections des musées, principeconsolidédepuis2002parl’élaborationcroiséeduCG3P,delaloide2010etdeladoctrinedelaCommissionscientifiquenationaledescollections.
Lorsdesconcertations,uneautrevoieaétéexplorée:undispositifquiauraitétéinspirédel’actuelarticleL.124-1ducodedupatrimoine,crééparlaloiLCAPdu7juillet2016,qui permet au propriétaire d’une collection publique d’agir par voie judiciaire enannulationd’uneventeoud’unelibéralitéportantsurunobjetdontl’originefrauduleuseseraitrévéléepostérieurementàl’acted’acquisitionparlemusée.
L’extension de ce dispositif aux restitutions d’objets issus de l’histoire coloniale, enl’adaptant pour supprimer l’obligation de recours au juge, aurait alors permis à lapersonnepubliquepropriétaire«d’annulerl’entréedanslescollectionspubliques»desobjets reconnus comme acquis sans consentement du propriétaire initial pendant lapériodecoloniale,à l’issuede l’instructionde lademandederestitutionconformeà laprocédure.
La fiction juridique de la « l’annulation de l’entrée dans les collections publiques »permettraitseloncedispositifderestituerdesobjetsàleurpaysd’originesansrecouriràundéclassementdudomainepublic.
Cette voie, examinéepar lamission,nousa semblédevoir être écartéepour lesraisonssuivantes:
1°)Laplusimportanteestqu’elleréduitlarestitutionauxseulsobjetsdontilseraétabliqu’ilsaurontétéacquissansleconsentementdupropriétaire,etnepermetpas larestitutionpourdesmotifsscientifiquesd’objetsdont,malgrédesrecherches, ilseraimpossibledeconnaitreaveccertitudelescirconstancesd’acquisition.
Or,comptetenude l’anciennetédesacquisitions,desmouvementsdesobjetsavantdeparvenir aumusée, de l’ « écran » en termes d’information sur les origines, que peutconstituerl’acquisitionenblocpardonoulegsdetouslesobjetsd’unecollectionprivée(les cabinetsde curiositénotamment,pouvant être composésdedivers typesd’objetsparmilesquelslesobjetsafricainspeuventnepasavoirétéladominante),àdesépoquesoù la recherche de provenance n’avait pas cours, il est à prévoir que dans un grandnombre de cas, les circonstances d’acquisition soient bien difficiles à établir aveccertitude,nimêmesousformede«présomptionsgravesetconcordantes».
Dans le dispositif proposépar lamission, la restitutiond’objets à l’originedemeurantincertainemêmeaprèsrecherches(la«zonegrise»),serapossibledèslorsqu’unintérêtscientifique, reconnu par la commission d’experts bilatérale, s’attacherait à leur
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restitutionenmêmetempsquedesobjetsacquissouscontrainteavéréeou fortementprésumée.
Unelogiquedecohérencescientifiquedesobjetsrestitués,gagedudynamismefuturdelamise en valeur des collections, de la portée dumessage culturel au public et de lacoopérationmuséaleàvenirviendraits’ajouteràcelledelarestitutionpureetsimple.
Leschémaproposédel’annulationdel’entréedanslescollections,quinepeutparnatureconcernerquedesbiensacquissansconsentementdefaçoncertaineet,danslecasdedons,enconnaissancedecausedelapartdudonateur,resteendeçàdecettedynamique,etlaperspective,avancéeenréponseàcetteobjection,demultiplierlesdépôtsdelongueduréepourlesobjetsdela«zonegrise»neparaitpasnonplussatisfaisante(v4°).
2°)«L’annulationdel’entréedanslescollections»estunefictionjuridiquequipeutse justifier ponctuellementmais son extension aux objets en cause est à la foisinutilejuridiquementetproblématiquepolitiquement.
ElleexistedepuislaloiLCAP,pourdesbiensissusdetraficspostérieursàlaratificationdelaconventionUNESCOparlaFranceen1997etdontlecaractèreilliciteserévèleraitaprèsleuracquisitionparunmuséefrançais,postérieurementà1997.Ellenedevraitentout état de cause concerner qu’un très petit nombre d’objets compte tenu desprécautions normalement prises pour les acquisitions destinées aux collectionspubliques.Cettepossibilité,quisupposel’interventionjudiciaire,constitueavanttoutunemesuredissuasivedestinéeauxtrafiquantsetreceleurs.
Enrevanche,permettreaupropriétairepublicd’annulerdesapropreautorité l’entréedanslescollectionspubliquesdetouslesbiensafricainsdontlarestitutionestdemandéeetdont l’acquisitionsansconsentementdupropriétaired’origineestétablie,nerésoutquepartiellement ladifficulté.Eneffet, selon l’interprétationconstantedu servicedesmuséesdeFrance,lasortied’unobjetd’unecollectiondemuséeneluifaitpasperdresonintérêtauregarddel’histoire,del’artetc…qualitéquidéterminesonappartenanceaudomainepublicselonladéfinitionduCG3P.
Leur restitution nécessitera donc malgré tout un déclassement du domaine publicnational,àtoutlemoinsimplicite,toutcommelaprocédureproposéeparlamission,cequi prive quelque peu d’intérêt ce montage dont la motivation sous-jacente estd’entretenirintactleprinciped’inaliénabilitédescollectionsdudomainepublic.
Cette réticence est compréhensible, car ce principe, encore récemment rappelé enréponseàuneQPCparleConseilconstitutionnel(QPCn°2018-743du26octobre2018)estfondateurdenotrelégislationsurlesbiensculturelspublics,etiln’estpasquestionicideleremettreencause.
Danslapropositiondelamission,lerisquede«banalisation»estcependantécarté:larestitution ne serait possible que pendant la validité des traités de restitution etcoopération, accessiblesàunnombre limitédepays,pourdesobjets répondantàdescritères précis, et sur une procédure spécifique offrant des garanties scientifiques. Ledéclassementimplicitedudomainepublicenfindeprocédurequ’impliquelarestitutionapparait comme collatéral de cette décision, concluant unprocessus entrepris très enamont,etnoncommeuneinitiativepersedupropriétairepublic.
Enfin,quecesobjetsaientétéprésentés,étudiés,restaurés,misenvaleuretvisitésdanslesmuséesfrançaisdepuisdesdécennies,ouaucontraireoubliésdansdesréserves, il
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noussemblequelaresponsabilitédesgestionnairesdesmuséespublicsàleurégardestentière et qu’une décision radicale « d’annulation de l’acquisition » serait peurespectueuse de leur travail et de l’importance de ces collections pour l’histoire desmusées.Ellen’effaceraitpasnonpluslefaitquelepublicetlescréateursfrançaissesontculturellement appropriés ce patrimoine, alors qu’elle viendrait a posteriorisymboliquementdélégitimerenquelquesortecetteappropriationintellectuelleetnierplusieursdécenniesdel’histoiredel’objet.
3°)Parailleurs,«l’annulationdel’entréedanslescollections»neconcerneraitquelesobjetsdontlarestitutionestofficiellementdemandée,etfragiliseraitlestatutdesobjetsrestants.
Lamissionestime,d’aprèsleséchangesaveclesresponsablesdesmuséesafricains,queleprocessusderestitution,mêmeorganisésurplusieursannéesparlestraitésbilatéraux,neconcerneraqu’unepartiedescollectionsafricainesdesmuséesfrançais.
Dès lors, comment justifier lemaintien dans les collections publiques des objets nonréclamésmaisacquisdanslesmêmesconditionsquelesobjetsrendusaupaysd’origineaprèsannulationdel’entréedanslescollections?
En bonne logique devrait être annulée l’entrée dans les collections de tous les objetsacquissansconsentementpendantprèsde200ansd’histoirecoloniale,maisquelseraitleursortsileurrestitutionn’estpasdemandée?S’ilsnefontpluspartiedescollections,resterontilsdomainepublicalorsqueleuracquisitionseraentachéedeceviceoriginel?Sinon,commentdissuaderlespropriétairespublicsdelesvendreet lesconvaincreaucontrairedecontinuerd’assumerleurconservationetleurprésentationaupublic?
L’extensiondel’annulationdel’entréedanslescollections,jusqu’iciréservéeàdesobjetsdontl’acquisitionfrauduleuseestrégieparlesconventionsinternationalesnousparaitégalementtrèscontestable.S’ilpeutêtreenvisagéderecouriraumêmeprocédépourlesobjetsissusdespoliationsnazies,suivantlaDéclarationdeLondresde1943,oudesresteshumains,enraisondeleurnaturespécifique,lerecoursàunprocédéidentiquepourdesobjets dont les textes internationaux en vigueur ne condamnent pas les conditionsd’acquisitionestdifficilementdéfendable.
Deplus, leprocédéseraitparadoxalementmoins sécuriséquepour lesbiens tombantsouslecoupdelaconventionUNESCOde1970,puisqu’iln’yauraitpasderecoursaujuge,alorsquelesbiensconcernéssontpotentiellementbeaucoupplusnombreuxetqueleurorigineseraplusdifficileàétablirdufaitdel’anciennetédeleuracquisition.
4°)Enfin, laperspectivededévelopperencomplément ledépôtdelongueduréepourlesobjetsissusdela«zonegrise»neparaitpasnonplustrèsréalistesiungrandnombred’objetsdevaitêtreconcerné.
Pratiquédansquelquescasprécédentspournepasdérogerauprinciped’inaliénabilitédes collections publiques, le dépôt de longue durée est contestable dans son principeparcequ’ilconstitueenréalitéuntransfertdepropriétédéguisé,etilestperçu(lorsqu’ils’agitd’undépôtde laFranceà l’étranger)commeun« fauxsemblant»ouun«entredeux », une mesure transitoire en attendant une possibilité de reconnaissance d’untransfertdepropriétédéfinitif.
Il met cependant à la charge des musées dépositaires des obligations précises deconservation du bien déposé, réputé rester dans le domaine public français, qui
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pourraientêtreperçuescommeuneingérencedanslagestiondesmuséesafricainssiellesdevaientconcernerunnombresignificatifd’objets.Deplus,gérerdefaçonhomogèneunecollection juridiquement hétérogène mêlant objets « français » déposés et objets« africains » sera source de difficultés, notamment lorsque les objets déposés serontamenésàcirculerentrepaysafricainsouàl’extérieurpourdesexpositionstemporairesoupourdestravauxderecherche.
Siaucontraire,pourévitercetécueil,laconventiondedépôtestpeucontraignante,elleplacera lepropriétairepublicqui consent ledépôtde longueduréedansunepositiondélicatecarilresteracomptabledelaconservationdebienssurlesquels iln’auraplusqu’uncontrôlelointainetthéorique.
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Fiche2:Commenttraiterlesobjetsacquispardonsetlegs?
Inaliénabilitédesbiensetrévisiondesconditionsetcharges.
Lecodecivilrégitprécisément lesdonset legsentrepersonnes,sansfairetoujoursdedistinction entre personnes publiques et privées, sauf peut-être sur les conditionsd’exécutiondeslibéralitésetsurlaquestiondel’inaliénabilitédesbiensdonnésoulégués.
Laclaused’inaliénabilitéquipeutaffectercertainesdonationsoulegsentrepersonnesphysiquesestuneclauseadmise,maisquidoitrestercadréedansletempsetdoitêtrejustifiée.
L’articleL.900-1ducodecivilnousindiqueque«lesclausesd’inaliénabilitéaffectantunbiendonnéouléguénesontvalablesquesiellessonttemporairesetjustifiéesparunintérêtsérieuxet légitime.Mêmedanscecas, ledonataireou légatairepeutêtre judiciairementautoriséàdisposerdubiensil’intérêtquiajustifiélaclauseadisparuouqu’iladvientqu’unintérêtplusimportantl’exige».
L’articlepoursuitparunalinéa2plusspécifiquementconsacréauxpersonnesmorales(pourcequinousconcerne,publiques):leprésentarticle«nepréjudiciepasauxlibéralitésconsenties à des personnes morales ou même à des personnes physiques, à charge deconstituerdespersonnesmorales».
Il en ressort que les dons et legs aux personnes publiques peuvent, plus facilementqu’entre personnes physiques, être assortis d’une obligation d’inaliénabilité. Lajurisprudence montre toutefois une application quasi privatiste de cette règle (CE, 8décembre2000,n°205000)quireconnaitspécifiquementàlaFondationdeFranceque«neconstituepasensoi,uneillégalité»,lefaitden’avoiracceptéunlegsgrevéd’unetelleclausesanslimitationdetempsqu’aveclamentiond’uneréservefondéesurl’article900-1ducodecivildelapossibilitédedemanderl’autorisationjudiciairededisposerdubien.
La jurisprudence civile admet en outre que le juge est souverain pour apprécierl’existenced’un«intérêtplusimportant»pourledonatairequiexigeraitquelaconditiond’inaliénabilitésoitlevée.
L’exécution des charges de la libéralité répond à la même logique. L’article 900-2permeteneffetaugratifiédedemanderenjusticelarévisiondesconditionsouchargeslorsqu’ilfaitfaceà«unchangementdecirconstances»ayantpourconséquencesderendre«soitextrêmementdifficilesoitsérieusementdommageable»l’exécutiondecesconditions.
Surcettequestiondel’exécutiondescharges,lecasdespersonnespubliquesesttraitéparle CG3P, qui renvoie largement au code civil. L’article L.2222-12 du CG3P prévoitexpressémentlecasoùilpeutêtreprocédéàlarévisiondesconditionsouchargesouàlarestitutiondeslibéralités,pourdesraisonsreprenantmotpourmotlestermesdu900-2ducodecivil.
Encecas,lejeucroisédesdispositionsdesdeuxcodespermetdeconclurequepourcequi concerne la révision des charges, un accord amiable avec le donateur permet demettreenœuvredesmesuresprévuesparl’article900-4ducodecivil,surautorisationdel’autoritéadministrative(etnondujuge)allantdela«réductionenquantitéetquotitédesprestationsliéesàlalibéralité»à«l’aliénationdetoutoupartiedesbiensfaisantl’objetde la libéralitédès lorsque leprixseraemployéàdes finsenrapportavec lavolontédudisposant».
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Aucunedispositionspécifiquen’estprévueencecaspourlesbiensculturelsentrésdansledomainepublicpardonsoulegs101.
C’estsansdoutedansl’intentiondepalliercettelacunequelecodedupatrimoine,indiqueàsonarticleL.451-5d’unepartque«lesbiensconstituant lescollectionsdesmuséesdeFranceappartenantàunepersonnepubliquefontpartiedudomainepublicetsontàcetitreinaliénables », leurdéclassementnepouvant intervenir «qu’aprèsavis conformed’unecommission scientifiquenationale… » et d’autrepart, à l’article L.451-7, que « les biensincorporésdanslescollectionspubliquespardonsoulegsou….nepeuventêtredéclassés».
Ce faisant, il ne déroge pas spécifiquement au code civil ni surtout au CG3P qui, s’ilreconnait aux biens culturels une appartenance quasi naturelle au domaine publicmobilier«sanspréjudicedesdispositionsapplicablesenmatièredeprotectiondesbiensculturels » ne prend pas du tout la même précaution quand il s’agit de traiter del’inaliénabilitéoudesrévisonsdedonsoulegsauxpersonnespubliques.
Ilestdoncpermisdeconclurequelesrévisionsdesdonsetlegsdebiensculturelssuiventles règles du droit commundes dons et legs faits aux personnes publiques, et il en ad’ailleursétéfait,trèsponctuellement,application.
Ainsi, restituer des biens des collections africaines des musées sur simpleprocédure administrative pourrait être envisagé en adoptant les principessuivants:
-lavolontépolitiquederestituer(formaliséeparuneloietuneprocédurenouvelle)etl’existence d’une demande de restitution formelle fondée sur cette procédure sontconstitutifs d’un« changement de circonstances »mettant enquestion lapoursuitedumaintiendanslescollectionsdebiensissusdedonsetlegscomportantunetellechargedontl’exécutiondeviendraitdefait«extrêmementdifficile»,voire«dommageable»pourl’image de l’institution. On peut également invoquer l’apparition d’un « intérêt plusimportant»surlefondementdel’articleL.900-1ducodecivil,autorisantl’aliénation;
-danscesconditions,peutêtremiseenœuvrel’aliénationdetoutoupartiedesbiensdeladonationoudulegs(articleL.900-4ducodecivil),leprixdeventedevantêtreconsacré«àdesfinsenrapportavecl’intentiondudisposant».
Le propriétaire public restituant les objets demandés du fait du « changement decirconstances»concrétiséparlademandederestitutionprocèdeàunealiénationcertesgratuite,maisquiacontrariolégitimelemaintiendanslacollectiondumuséedesobjetsnonrevendiqués.
Enconclusion,cettealiénationgratuiteprésentel’avantagedeconsoliderlefondsrestant,etsitoutelacollectiond’unmuséedevaitêtrerestituée,l’effetdelégitimationacontrarioconcerneraitlesautrescollectionsdesmuséesdeFrance.
Laprocédurederestitutiontellequenousl’envisageonsneseraitdoncpascontraireauxprincipesducodeciviletduCG3Prégissantlesdonsetlegsauxpersonnespubliques.
101absenced’autantplusfrappantequepourlarestitutionaudonateurilestprévuunepossibilitéd’exceptionpourcertaines catégories : les objets classés et immeubles classés ou inscrits au titre desMHpourraient ne pas êtrerestitués,maisleCG3Pnefaitaucunementmentiondescollectionsdemusées
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Toutefois,cesprincipesainsidécritssupposentunaccorddudonateuroutestateurouleurshéritiers,danslecascontraire,uneprocédurejudiciairedoitêtreengagée.Unedérogationàcetteobligation,troplourdepours’appliquerauxdonsetlegsdesobjets restituables en vertu de la nouvelle procédure mise en place, doit êtreintroduite.
Quantàsesmodalités, leséchangesont faitapparaitreunepistequen’apasretenu lamission,maisqu’ilestapparuutiledeprésenter,etquisesituaitdanslacontinuitédelapistede«l’annulationdel’entréedanslescollections»(fiche1)
Celle-ci partiellement fondée sur le code civil, se divisait en plusieurs branches,distinguantenpremierlieudeuxhypothèses,fondéessurledegréd’informationoudeconsciencedudonateur.
Danslapremière,ledonateuroutestateurdelalibéralitéavaitconnaissanceducaractèrenonconsentidel’acquisitiondel’objetdonné.Encecas,«l’annulationdel’entréedanslescollections»seraitpossiblesansformalitéàl’égarddesauteursdelalibéralitéoudeleurshéritiers). Dans le second cas, la libéralité aurait été faite de « bonne foi » par unpropriétaire privé convaincu d’avoir acquis légitimement les biens qu’il cède à lapersonnepublique(casévidemmentmajoritaire),troissituationsendécouleraient:
-siledonateurestencorevivant,illuiestdemandéderévoquerlalibéralitéetderendrelui-mêmel’objetaupaysdemandeur(casdesplaquesQing)s’ilrefuse,etsilepropriétairepublicnesouhaitepasconserverl’objet,celui-ciestrenduaudonateur,
-siledonateuroutestateurestdécédéetaucunhéritiern’estidentifié:lalibéralitépeutêtreannuléeparvoiejudiciaire,etl’objet,restituéaupaysdemandeur,
-silesayantsdroitsdudonateuroutestateurdécédésontidentifiés:leuraccordseraitrequispourpermettrelarestitution,encasderefus,silapersonnepubliquenesouhaitepasconserverl’objet,celui-cileurseraitrendu.
Lamissionn’apasretenucetteproposition.
La solutiondoit certes tenir comptedes circonstancesd’acquisitionde l’objet,mais lecritère premier de la « bonne foi » du donateur quant aux conditions de premièreacquisitiondesbiensobjetsdudonoulegsnenousparaitpasdevoirêtreretenu,carilsera invérifiable en réalité, et n’a guère de sens lorsque la libéralité a été faite à uneépoque où les d’acquisitions non consenties n’étaient pas considérées commerépréhensibles.
Parailleurs, lesdonset legsquiont constitué les collectionsafricainesdesmuséesdeFrance sont intervenus sur plus de cent cinquante ans, ce qui rend assez irréaliste larecherched’unconsentementdeshéritiersàlarévisiondeschargesdeceslibéralitésetàl’aliénationqueconstituelarestitutiondesobjets.
Enfin, en cas de refus, ces hypothèses conduisent potentiellement à des situationsd’impasse,contrairesauxobjectifsrecherchés,lorsquel’intentionderestitutionaupaysd’originepourraitsesolderendéfinitiveparunretourdesbiensencauseaudonateurousesayantsdroits.
Lamissionpréconisedoncde s’écarterde la législationapplicablepour ledroitcommundesdonsetlegsetdeprivilégierunesolutiond’exceptionpragmatique,
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dontl’économiesefondesurlescirconstancesd’acquisitionetsurl’anciennetédelalibéralité:
Larestitutiond’unobjetissudedonsetlegsseraiteffectuéeparvoieadministrative,sansrecherchedel’accorddesayantsdroit,quellequesoitladatedecettelibéralité,dèslorsqu’ilestétabli,ouqu’ilexisteunfaisceaudeprésomptionsgravesetconcordantes,quel’objetaétéacquissansconsentementdupropriétaireinitial.
Enrevanche,pourlesobjetsdela«zonegrise»,dontlaprovenanceresteincertaine,etdont la restitution serait fondée par des motifs de cohérence scientifique, la missionproposequelarecherchedel’accorddesayantsdroitssoitrequisesilalibéralitéaétéeffectuéemoinsdecinquanteansavantlademandederestitutionetqu’ellecontientdesclausesexplicitescontrairesàlarestitutionéventuelledubienaupaysd’origine.
Cedélaiglissantlaisseeneffetunechancedepouvoirconsulterl’auteurdelalibéralités’ilest encore vivant, ou du moins des ayants droits encore facilement identifiables. Ladécision de restitution serait précédée d’une période de publication de l’intention derestituer,permettantauxauteursdelalibéralitéouleursayantsdroitsd’enêtreinformésconformémentauCG3P(articleL.2222-13duCG3P,renvoyantauxarticles900-2à900-8ducodecivil,etarticleR.2222-21etsuivantsduCG3P),etlecaséchéantdecontesterladécision de restitution, sans que cette contestation ne puisse déboucher sur uneannulationdelalibéralité,nisurunretourdubienentrelesmainsdudonateur.
L’hypothèsed’uneimpossibilitéderestituern’estdoncpasexcluedansnotreproposition,toutefois,elleseraitréduiteauxobjetsdela«zonegrise»ayantfaitl’objetdelibéralitésrécentes.
Diverses solutionspourraient alors s’envisager : recherched’un autre objet denaturesimilairedansuneautrecollection,remised’unecopie,dépôtdelonguedurée,(endépitdesinconvénientsdecettesolution).
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Document3.Programmedel’atelierjuridique
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AtelierjuridiquesurleretourdupatrimoineafricainenAfrique
organisé par l’Institut des Sciences sociales du Politique (UMR 7220) & le Ministère de la Culture
avec le concours du Collège de France
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CollègedeFrance
26juin2018 gefh
Motsd’accueil,présentationdelamissionetintroduction(9h-9h20)
⋅ Accueildesparticipantsetprésentationdelamission:BénédicteSavoyetFelwineSarr⋅ Introductionàl’atelier:IsabelleMaréchaletVincentNégri Session1(9h20-11h15)–L'étatdudroitsurlesujetdesrestitutions:droitinternational,droitcomparéetsourcesnormativesafricaines
▪ LaformationetlesévolutionsdudroitàrestitutionendroitinternationalXavierPerrot(UniversitédeLimoges)
▪ LaquestiondesrestitutionsdansledroitfrançaisIsabelleMaréchal(MinistèredelaCulture)
▪ CommentairesduLeitfadenSammlungsgutauskolonialen[Guidesurletraitementdesobjetsdecollectionprovenantdecontextescoloniaux],publiéenAllemagne
KwameOpoku(retraitédubureaudesNationsuniesàVienne)▪ Lessourcesnormativesafricainessurlesrestitutions
VincentNégri(CNRS/InstitutdesSciencessocialesduPolitique)
Discussions(Pause)
Session2(11h30-13h)–Desprécédents:étudesdecasdebiensculturelsrestitués
▪ LarestitutiondestêtesmaoriesàlaNouvelle-ZélandeSébastienMinchin(Muséumd’histoirenaturelledeBourges)
▪ Leretourdesarchivescoréennes,remisesparlaFranceàlaCoréeduSudStéphaneDuroy(FacultéJeanMonnet–UniversitéParis-SudParisSaclay)
▪ LesaccordsderestitutionentreleministèreitaliendelaCultureetdesmuséesétrangersManlioFrigo(UniversitédeMilan&CabinetBonelliEredeMilan)
Discussions
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Session3(14h30-16h00)–EtudesdecassurlaprovenanceàpartirdetroisobjetsafricainsconservésaumuséeduquaiBranly-JacquesChirac
▪ Têted’ancêtreroyal,Edo Inv.73.1997.4.3.
[Origine : Bénin City 1897 ; entrée aumusée en 1997 par achat auprès de Jean-Paul etMoniqueBarbier-Mueller(anciennecollectionMuséeBarbier-Mueller)]
▪ Objetcultuelcomposite Inv.71.1931.74.1091.1.
[Origine:Mali/MissionDakar-Djibouti1931]
▪ StatuedeGhezo Inv.71.1893.45.1.
[Origine:Abomey,dondugénéralDodds]
Présentationdesobjets etde leurprovenanceparHélène Joubert (MuséeduquaiBranly-JacquesChirac)
InterventiondeGaëlleBeaujean(MuséeduquaiBranly-JacquesChirac)etdesmembresducomité scientifiquede l’agencenationaledupatrimoineauBénin [interventions par skypedepuisleBénin]
Discussions
(Pause)
Session 4 (16h30-18h00)– Réflexion prospective sur lesmodes opératoires et lesmodèlesjuridiquesverslaconstructiond’unelégislationadhoc
Réflexionsetdiscussionssurlesmodesopératoiresetlesmodèlesjuridiquesverslaconstructiond’unoudemodèle(s)adhoc pour«unobjectifde restitutions temporairesoudéfinitivesdupatrimoineafricainenAfrique».
Avec:-LaurenceAuer(Ministèredel'EuropeetdesAffairesétrangères)-ClaireChastanier(Directiongénéraledespatrimoines–ministèredelaCulture)-MarieCornu(CNRS/InstitutdesSciencessocialesduPolitique)-EmmanuelKasarherou(MuséeduquaiBranly-JacquesChirac)-KwameOpoku(retraitédubureaudesNationsuniesàVienne)-JulietteRaoul-Duval(ComitéfrançaisduConseilinternationaldesmusées)
etenprésencedel’ensembledesintervenants.
DiscussionsaniméesparIsabelleMaréchaletVincentNégri.
Conclusions
BénédicteSavoyetFelwineSarr
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Intervenants
LaurenceAuer Directricedelaculture,del'enseignement,delarechercheetduréseau(ministèredel'EuropeetdesAffairesétrangères)
GaëlleBeaujean ResponsabledecollectionsAfriqueaumuséeduquaiBranly-JacquesChirac
ClaireChastanier Adjointeausous-directeurdescollections,ServicedesmuséesdeFrance(Directiongénéraledespatrimoines–ministèredelaCulture)
MarieCornu DirectricederechercheCNRS–InstitutdesSciencessocialesduPolitique(ISP/UMR7220)
StéphaneDuroy ProfesseurdedroitpublicàlaFacultéJeanMonnet–UniversitéParis-SudParisSaclay
ManlioFrigo Professeurdedroitinternationalàl’UniversitédeMilan,avocataucabinetBonelliEredeMilan
HélèneJoubert Responsabledel'unitépatrimonialedescollectionsd'AfriquedumuséeduquaiBranly-JacquesChirac
EmmanuelKasarherouAdjointaudirecteurdudépartementdupatrimoineetdescollections(muséeduquaiBranly-JacquesChirac)
IsabelleMaréchal Inspectricegénéraledesaffairesculturelles–ministèredelaCulture
SébastienMinchin Directeurdumuséumd’histoirenaturelledeBourges
VincentNégri Chercheuràl’InstitutdesSciencessocialesduPolitique(ISP/UMR7220)
KwameOpoku Ancienconseillerjuridique,retraitédubureaudesNationsuniesàVienne
XavierPerrot Professeurd’histoiredudroitàl’UniversitédeLimoges
JulietteRaoul-Duval PrésidenteduComitéfrançaisduConseilinternationaldesmusées
FelwineSarr Professeurd’économieàl’UniversitéGastonBergerdeSaint-Louis(Sénégal),écrivainetessayiste
BénédicteSavoy Professeured’histoiredel’artàlaTechnischeUniversitätdeBerlin,titulairedelachaireinternationale«HistoireculturelledespatrimoinesartistiquesenEurope,XVIIIe-XXesiècle»auCollègedeFrance
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Personnalitésinvitées
AuroreBassy AdministratriceauSénat,Commissiondelaculture,del'éducationetdelacommunication
LucileBordet ChargéedemissionPatrimoine(Directiondelaculture,del'enseignement,delarechercheetduréseau–ministèredel'EuropeetdesAffairesétrangères)
BlandineChavanne Sous-directricedelapolitiquedesmusées,servicedesmuséesdeFrance(Directiongénéraledespatrimoines–ministèredelaCulture)
AndréDelpuech Directeurdumuséedel’Homme,administrateurauComitéfrançaisduConseilinternationaldesmusées
BrunoFavel ChefduDépartementdesaffaireseuropéennesetinternationales(Directiongénéraledespatrimoines–ministèredelaCulture)
CarolineGaultier-KurhanChargéedemissionpourlesmuséesetpatrimoinesafricainsauDépartementdesaffaireseuropéennesetinternationales(Directiongénéraledespatrimoines–ministèredelaCulture)
GenevièveKoubi Professeurdedroitpublicàl'UniversitéParis8VincennesSaint-Denis
FrançoisLaurent Sous-directeurdesaffaireseuropéennesetinternationales(SecrétariatgénéralduministèredelaCulture)
VincentLefevre Sous-directeurdescollections,servicedesmuséesdeFrance(Directiongénéraledespatrimoines–ministèredelaCulture)
StéphaneL'host Adjointdusous-directeurdesaffairesjuridiques,servicedesaffairesjuridiquesetinternationales(SecrétariatgénéralduministèredelaCulture)
FrançoisMairesse Professeuràl'UniversitéParis3Sorbonnenouvelle,expertenmuséologie
AlexisMocio-Mathieu ChargédemissionPatrimoine(Directiondelaculture,del'enseignement,delarechercheetduréseau–ministèredel'EuropeetdesAffairesétrangères)
PaulinaRestrepo AttachéeaubureaudesaffairesjuridiquesàlaDirectiongénéraledespatrimoines(ministèredelaCulture)
NathanSchlanger Professeurd’archéologieàl’Ecolenationaledeschartes
MaëlleSergheraert ResponsabledupôleSHS,archéologieetpatrimoine(Directiondelaculture,del'enseignement,delarechercheetduréseau–ministèredel'EuropeetdesAffairesétrangères)
DidierTouzelin ChefdubureaudesaffairesjuridiquesàlaDirectiongénéraledespatrimoines(ministèredelaCulture)
DavidZivie ChargédemissionauprèsduSecrétairegénéralduministèredelaCulture
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Mémo pour la table-ronde de la session 4
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Réflexion prospective sur les modes opératoires et les modèles juridiques vers la construction d’une législation ad hoc
Position liminaire
0) Restitutions ou circulations ? (Bénédicte Savoy et Felwine Sarr) Provenance et arguments 1°) Quelle place donner à la provenance des objets lors de l'instruction d'une demande de
restitution ? Doit-on traiter différemment les objets issus de « pillages » ou de transferts non-consentis et les autres objets ?
2°) Quelle place donner, dans l'examen de la demande, à l'argument scientifique du musée
demandeur ? Le simple fait d'être un objet « pillé » ou transféré sans consentement suffit-il à fonder la demande de restitution ?
3°) Quelle place donner aux actions de coopération/ formation des conservateurs des musées
d'accueil ? 4°) L'objet peut-il être rendu à sa communauté d’origine, et donc ne pas être conservé dans
un musée ? Procédures 5°) Instruit-on les demandes de restitution, objet par objet, ou admet-on des demandes pour
des ensembles d'objets ? Un musée ‘restituant’ peut-il de sa propre initiative élargir le champ de la restitution à d'autres objets, non réclamés initialement, dont il dispose et qui forment un tout cohérent ou un ensemble complémentaire ?
6°) La demande de restitution s'instruit-elle de musée à musée, ou y a-t-il une commission
nationale ou un service centralisant ces actions ? 7°) Quelles seraient l'(es) instance(s) à consulter avant déclassement pour restitution ? 8°) L'UNESCO, l’Union africaine, l’ICOM ou l’ICCROM doivent-ils jour un rôle dans ce
processus ? et, si oui, lequel ? (inventaire, tenue d'un registre international des restitutions, avec photos et moyens d'identifier chaque objet, …)
126
Fig.1
Carte:LéaSaint-Raymond,2018
InstitutionsmuséalesenAfriqueausudduSahara.Source:répertoireduWestAfricanMuseumProgramme(WAMP),complétéparlesdonnéesd’Andrea
Meyer(TechnischeUniversitätBerlin)
127
Fig.2
Carte:LéaSaint-Raymond,2018
Nombred’objetsprovenantd’AfriqueausudduSaharaconservésdansdesinstitutionsmuséalesetuniversitairesfrançaises,d’aprèslesinventairesdisponibles(octobre2018).Lessitesmarquésparun
pointconserventégalementdescollectionsafricainesparfoissignificatives,maisdontlesinventairessontindisponiblesàcejour.
128
Fig.3
Pays …-1884 1885-1960 1961-… Ind. Total
AfriqueduSud 23 125 310 458
Angola 414 43 457
Bénin 14 2284 596 263 3157
Botswana 12 56 68
BurkinaFaso 733 302 53 1088
Burundi 3 11 14 28
Cameroun 3 6968 713 154 7838
Cap-Vert 2 2
Comores 93 78 4 175
Côted'Ivoire 1463 2292 196 3951
Djibouti 50 589 15 68 722
Érythrée 57 44 1 102
Éthiopie 29 1691 1329 32 3081
Gabon 149 1543 687 69 2448
Gambie 15 18 2 35
Ghana 5 376 1258 17 1656
Guinée 21 1861 267 61 2210
Guinéeéquatoriale 2 43 49 94
Guinée-Bissau 1 46 23 55 125
Kenya 101 80 181
Lesotho 24 75 99
Libéria 25 19 2 46
Madagascar 76 3083 4196 426 7781
Malawi 37 1 38
Mali 89 5863 795 163 6910
Maurice 2 2
Mauritanie 9 880 522 14 1425
Mozambique 167 4 171
Namibie 7 7
Niger 9 998 592 16 1615
Nigéria 41 257 840 10 1148
Ouganda 5 180 24 1 210
RépubliqueCentrafricaine 1505 382 56 1943
RépubliquedémocratiqueduCongo 5 697 551 173 1426
RépubliqueduCongo 7 1801 723 62 2593
Rwanda 3 9 32 3 47
SaoTomé-et-Principe 9 9
Sénégal 66 675 1522 13 2276
129
Seychelles 2 2
SierraLeone 1 32 41 1 75
Somalie 53 251 62 57 423
Soudan 72 502 92 29 695
SoudanduSud 3 31 4 38
Tanzanie 13 334 23 2 372
Tchad 1 8557 627 111 9296
Togo 99 138 3 240
Zambie 4 126 8 1 139
Zimbabwe 1 68 9 78
Total 785 44691 19388 2379 66980
Pays …-1884 1885-1960 1961-… Ind. Total
Nombred’objetsconservésaumuséeduquaiBranly-JacquesChiracauseindel’unitépatrimoniale«Afrique»,parpays(frontièresactuelles),selonlapériodedeleurenregistrementàl’inventaire.Lacolonne«indéterminé»concernelespiècesdontlenumérod’inventairenecomportepasl’année
d’enregistrement.
130
Fig.4
Carte:LéaSaint-Raymond,2018
Nombred’objetsdel’unitépatrimoniale«Afrique»dumuséeduquaiBranly-JacquesChirac(Paris)enregistrésàl’inventairedescollectionsnationalesentre1878et2018,parprovenancegéographique,d’aprèslesfrontièresactuelles.Lesanciennescoloniesfrançaises(AOF,AEF,Madagascar)sontmarquées
engris.
131
Fig.4a.Nombred’objetsdel’unitépatrimoniale«Afrique»dumuséeduquaiBranly-JacquesChirac(Paris) enregistrés à l’inventaire des collectionsnationales avant 1885, par provenancegéographique,d’aprèslesfrontièresactuelles.Lesanciennes colonies françaises (AOF, AEF,Madagascar)sontmarquéesengris.
Fig.4b.Nombred’objetsdel’unitépatrimoniale«Afrique»dumuséeduquaiBranly-JacquesChirac(Paris) enregistrés à l’inventaire des collectionsnationalesentre1885et1960,parprovenancegéographique,d’aprèslesfrontièresactuelles.Lesanciennes colonies françaises (AOF, AEF,Madagascar)sontmarquéesengris.
Fig. 4c. Provenance géographique et nombred’objets de l’unité patrimoniale « Afrique » dumusée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris)entrés dans les collections nationales après lesindépendances, d’après les frontières actuelles.Les anciennes colonies françaises (AOF, AEF,Madagascar)sontmarquéesengris.
132
Fig. 5a. Enregistrement à l’inventaire de la totalité des objets del’unité patrimoniale « Afrique » du musée du quai Branly-JacquesChirac
- envert:avant1885- enbleu:entre1885et1960- enjaune:aprèslesindépendances
Fig. 5b. Enregistrement à l’inventaire des objets du territoire del’actuelCameroundumuséeduquaiBranly-JacquesChirac
- envert:avant1885- enbleu:entre1885et1960- enjaune:aprèslesindépendances
Fig. 5c. Enregistrement à l’inventaire des objets du territoire del’actuelGhanadumuséeduquaiBranly-JacquesChirac
- envert:avant1885- enbleu:entre1885et1960- enjaune:aprèslesindépendances
Fig. 5d. Enregistrement à l’inventaire des objets du territoire del’actuelNigeriadumuséeduquaiBranly-JacquesChirac
- envert:avant1885- enbleu:entre1885et1960- enjaune:aprèslesindépendances
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Appellationoutitre:Statuebochioal’imageduroiGhezoAuteurs:BokossaDonvide,SossaDede,EkplekendoAkati(pourleslames)Lieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérod’inventaire:71.1893.45.1Matériauxettechniques:Bois,fer,pigmentsDimensions:214×82×45cm,22kgToponyme:Abomey<Zou<Benin<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:XIXesiecleDescription:Statueenboisreprésentantunhommedebout,lebrasdroitlevé,l’avant-brasgaucheplié.Ceintureenmétalsupportantpeut-êtreautrefoisuncache-sexe(?).Lamesdefersurlesépaulesetàlataille.Caleçonrayénoiretjaune.Maingaucheabimée.Personne(s)etinstitution(s):Donateur:AlfredAmedeeDodds*Precedentecollection:museedel’Homme(Afrique)Annéed’enregistrementàl’inventaire:1893**Source:fiched’objetdelabasededonneesdescollectionsdumuseeduquaiBranlyJacquesChirac*AlfredAmedeeDodds(1842,Saint-Louis-du-Senegal-1922,Paris)estungeneralfrançais,metisparsesdeuxparents,commandantsuperieurdes troupes françaisesauSenegal apartirde1890.Entre1892et1894,ilmenelaconqueteduDahomey(actuelBenin)surleroiBehanzin.**PrisedeguerreducolonelAlfredAmedeeDoddsaAbomey(actuelBenin)en1892.
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Appellationoutitre:Statueroyaleanthropo-zoomorpheAuteur:SossaDedeLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérod’inventaire:71.1893.45.2Matériauxettechniques:Boispolychrome,cuirDimensions:179×77×110cm,56kgToponyme:Abomey<Zou<Benin<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:Entre1858et1889Description:StatueévoquantlerègneduroiGlélé(1858-1889)représentésouslaformed’unpersonnageàtêtedelion.Tête,torseetbraspeintsenrougedelatailleauxjarrets,cuissesjusqu’auxgenouxpeintesenvert(figurationd’unpantalon?),molletsetpiedsrouges.Poilsetcrinièreindiquéspargravuresurlatêteetletorse.Queuerouge.Avantbraslevés,poingsfermés,cache-sexeencuir.Personne(s)etinstitution(s):Donateur:AlfredAmedeeDodds*Precedentecollection:museedel’Homme(Afrique)Annéed’enregistrementàl’inventaire:1893**Source:fiched’objetdelabasededonneesdescollectionsdumuseeduquaiBranlyJacquesChirac*AlfredAmedeeDodds(1842,Saint-Louis-du-Senegal-1922,Paris)estungeneralfrançais,metisparsesdeuxparents,commandantsuperieurdes troupes françaisesauSenegal apartirde1890.Entre1892et1894,ilmenelaconqueteduDahomey(actuelBenin)surleroiBehanzin.**PrisedeguerreducolonelAlfredAmedeeDoddsaAbomey(actuelBenin)en1892
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Appellationoutitre:Statueroyaleanthropo-zoomorpheAuteur:SossaDedeLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérod’inventaire:71.1893.45.3Matériauxettechniques:Boispolychrome,metalDimensions:168×102×92cm,55kgToponyme:Abomey<Zou<Benin<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:Entre1889et1892Description:Statued’hommedeboutdontlatêteetletorseévoquentunrequin.Quatreaileronssontfigurésauniveaudutorse.Brasdroitlevé,brasgauchetendu,poingsfermés,écaillesindiquéessurletorse.Personne(s)etinstitution(s):Donateur:AlfredAmedeeDodds*Precedentecollection:museedel’Homme(Afrique)Annéed’enregistrementàl’inventaire:1893**Source:fiched’objetdelabasededonneesdescollectionsdumuseeduquaiBranlyJacquesChirac*AlfredAmedeeDodds(1842,Saint-Louis-du-Senegal-1922,Paris)estungeneralfrançais,metisparsesdeuxparents,commandantsuperieurdes troupes françaisesauSenegal apartirde1890.Entre1892et1894,ilmenelaconqueteduDahomey(actuelBenin)surleroiBehanzin.**PrisedeguerreducolonelAlfredAmedeeDoddsaAbomey(actuelBenin)en1892.
141
Appellationoutitre:Portesdupalaisroyald’AbomeyAuteur:SossaDedeLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérosd’inventaire:71.1893.45.4–71.1893.45.5Matériauxettechniques:Boispolychrome,pigments,metalDimensions:173×109×7cm,25kgToponyme:Abomey<Zou<Benin<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:Vers1889Description:Décorenbas-relieforganiséendeuxregistres.Unegrenouilleestreprésentéedanslesquatrecoinsdechaqueregistre.Registresupérieur,degaucheàdroite:récade,éléphant,couteau,oiseau,cheval,couteaudumigandeKpengla(cf.71.1936.21.54)Registreinférieur,degaucheàdroite:animalassis,récade,yeuxetnezhumains,fusil.Endessous,antilopetachetée(jotodeGlèlè).Personne(s)etinstitution(s):Donateur:AlfredAmedeeDodds*Precedentecollection:museedel’Homme(Afrique)Annéed’enregistrementàl’inventaire:1893**Source:fiched’objetdelabasededonneesdescollectionsdumuseeduquaiBranlyJacquesChirac*AlfredAmedeeDodds(1842,Saint-Louis-du-Senegal-1922,Paris)estungeneralfrançais,metisparsesdeuxparents,commandantsuperieurdes troupes françaisesauSenegal apartirde1890.Entre1892et1894,ilmenelaconqueteduDahomey(actuelBenin)surleroiBehanzin.**PortestrouveesdansdescachessouterrainesparlacolonneexpeditionnairefrançaiseaAbomeyen1892.
143
Appellationoutitre:Portesdupalaisroyald’AbomeyAuteur:SossaDedeLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérosd’inventaire:71.1893.45.6–71.1893.45.7Matériauxettechniques:Boispolychrome,pigments,metalDimensions:168×97,5×7cm,25kg–168,5×94×5cm,23kgToponyme:Abomey<Zou<Benin<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:Vers1889Description:Décorenbas-relieforganiséendeuxregistres.Registresupérieur:uncaméléonmarchantsurunfilentrelaluneetlesoleilaudessusd’unsabreetd’unerécade.LecaméléonestlesymboledeladivinitéLisa,dieusuprêmedupanthéondahoméen,unique,toutpuissant,maislointain,nibon,nimauvais,inaccessibleauxprièresdeshommes.LecultedeMahouetLisafutimportéàAbomeyparNaWangélé,mèreduroiTegbessou(1728-1775).Lisa,principemasculin,représentel’Orientetlesoleil,Mahou,principeféminin,représentel’Occidentetlalune.Lisaestreprésentéparlecaméléonquirappellelesdiversescolorationsqueprendchaquematinl’horizonàl’Est.(P.Verger,1954).Personne(s)etinstitution(s):Donateur:AlfredAmedeeDodds*Precedentecollection:museedel’Homme(Afrique)Annéed’enregistrementàl’inventaire:1893**Source:fiched’objetdelabasededonneesdescollectionsdumuseeduquaiBranlyJacquesChirac*AlfredAmedeeDodds(1842,Saint-Louis-du-Senegal-1922,Paris)estungeneralfrançais,metisparsesdeuxparents,commandantsuperieurdes troupes françaisesauSenegal apartirde1890.Entre1892et1894,ilmenelaconqueteduDahomey(actuelBenin)surleroiBehanzin.**PortestrouveesdansdescachessouterrainesparlacolonneexpeditionnairefrançaiseaAbomeyen1892.
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Appellationoutitre:SiegeroyalLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérod’inventaire:71.1893.45.8Matériauxettechniques:Bois,pigmentsDimensions:94×72×32cm,26kgToponyme:Cana<Bohicon<Zou<Benin<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:Avant1893Description:Siègeenbois,rectangulaireàquatrepieds.Deuxétagesdepersonnagessculptésetpeintsoutiennentleplateauincurvéformantlesiège.Niveauinférieur:11personnagesdont2soldatsaucentrecoiffésd’unbonnetettenantunfusilet9prisonniersentravésauniveauducou.Niveausupérieur:11personnagesdontaucentreleroi,assissousunparasol,entouréde10femmes,traitéesdefaçonindividualisée.Ellessontfiguréesvêtuesd’unpagne,lebustenu.CesiègeprestigieuxàdeuxétagesaétécollectédanslavilledeCana,enprogressantversAbomey,parlecolonel,futurgénéral,DoddsaucoursdelacampagneduDanhomè.Personne(s)etinstitution(s):Donateur:AlfredAmedeeDodds*Precedentecollection:museedel’Homme(Afrique)Annéed’enregistrementàl’inventaire:1893**Source:fiched’objetdelabasededonneesdescollectionsdumuseeduquaiBranlyJacquesChirac*AlfredAmedeeDodds(1842,Saint-Louis-du-Senegal-1922,Paris)estungeneralfrançais,metisparsesdeuxparents,commandantsuperieurdes troupes françaisesauSenegal apartirde1890.Entre1892et1894,ilmenelaconqueteduDahomey(actuelBenin)surleroiBehanzin.**SaisiapreslaprisedeCanaausudd’Abomey(actuelBenin)ennovembre1892.
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Appellationoutitre:SculpturededieeaGouAuteur:AkatiEkplekendoLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérod’inventaire:71.1894.32.1Matériauxettechniques:Fermartele,boisDimensions:178,5×53×60cm,entre100et150kg.Toponyme:Abomey<Zou<Benin<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:Vers1858Description:Statueentierementfabriqueeapartirdeferraillesd’origineeuropeenne.Lespiedsenferforgesontrivesausocleformed’uneplaqueentoled’acier.Lesjambes,barresdefermartelees,sontpourvuesdeprolongementss’enfonçantdanslespiedsauxquelslesfixentdesrivets.Ellessontrelieesaucorpsparrivetagesurunaxehorizontalquitraverselehautdescuisses.Lecorpslui-memeestfaitd’unefortebarredeferasectionrectangulaire.Auniveaudesepaulesunebarrehorizontale(perceeaumilieupourlepassageducou)s’adapteaucorpssurlequelelleestfixeeparunenormeclou.Verslehaut,lecorpsdevientuncylindremunid’unboulonausommetetdestinearecevoirlecou,tubedetolequ’entoureuncolletetquisupportelatete.Celle-ci,boulecreusesurlaquellelevisageestattachecommeunmasque,estcoiffeed’unchapeausurmonteparunecrouvissesurleboulon.Lesbrastubesadaptesauxepaules,enveloppentlesbarresdefertraitesplusbasenavant-brasetenmains.Desepaulesjusqu’aumilieudescuisses,lecorpsest revetud’une tuniquesansmanchesen tolemincedont les feuilles,decoupeesauciseau,recreentl’ampleurdestuniquesdeguerredahomeennes.Souslatunique,Gouporteunpagnefaitd’uneepaissebarredeferaplatieetcourbee.Lamaingauchetenaitautrefoisuneclochetteetlamaindroiteungrandsabreauferajoure.
Personne(s)etinstitution(s):Donateur:EugeneFonssagrives*Precedentecollection:Museedel’Homme(Afrique)Annéed’enregistrementàl’inventaire:1894**Source:fiched’objetdelabasededonneesdescollectionsdumuseeduquaiBranlyJacquesChirac*Eugene-Jean-Paul-MarieFonssagrives(1858-1937),coloneld’infanteriecoloniale.**ObjetprisaOuidah(villecotiereduroyaumeduDahomey,actuelBenin)parl’armeefrançaisealasuited’unebataillecontrelestroupesdanhomeennes.
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Appellationoutitre:TroneduroiGleleLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérod’inventaire:71.1895.16.7Matériauxettechniques:Bois,pigments,metalDimensions:188×97×75cm,136kgToponyme:Abomey<Zou<Benin<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:Entre1858et1889Description:Treshautsiegerectangulaireenbois;partiesuperieureincurvee.Deuxetages:etageinferieuradecorgeometrique(palmes)sculpteetpeintenbleuetjaune.E� tagesuperieur;lesquatremontantsseulssoutiennentlesiege.Lionsculpteetpeintenjaunedechaquecote.Largetrourectangulaire,avecplacepouruncoussinaumilieudusiege.Chaıneajouree,sculpteesurlesquatremontants.Troiseminencescirculairesjaunessouslescotesrelevesdusiege.«Fabriqueparassemblagedeplusieurspanneauxetlamellesdeboistravailles.Differentesproceduressemblentavoireteutiliseespourfairetenirlespartiesensemble,sansdoutedesmortaisesetdestenons,maisaussi,pourfairetenirlapartieincurveeaveclefutdes“agraffes”»(AlexandreAdande,thesede3ecycle,octobre1984).Personne(s)etinstitution(s):Donateur:AlfredAmedeeDodds*Precedentecollection:Museedel’Homme(Afrique)Annéed’enregistrementàl’inventaire:1895**Source:fiched’objetdelabasededonneesdescollectionsdumuseeduquaiBranlyJacquesChirac*AlfredAmedeeDodds(1842,Saint-Louis-du-Senegal-1922,Paris)estungeneralfrançais,metisparsesdeuxparents,commandantsuperieurdes troupes françaisesauSenegal apartirde1890.Entre1892et1894,ilmenelaconqueteduDahomey(actuelBenin)surleroiBehanzin.**PrisedeguerreducolonelAlfredAmedeeDoddsaAbomey(actuelBenin)en1892.
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Appellationoutitre:TroneduroiGhezoLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérod’inventaire:71.1895.16.8Matériauxettechniques:Bois,pigments,metalDimensions:199×122×88cm,130kgToponyme:Abomey<Zou<Benin<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:1818-1848Description:Treshautsiegerectangulaire,enbois,entierementsculpte.Partiesuperieureincurvee.Decorgeometriquesurl’avantetl’arriere.Chaineajouree,sculptee,surlesquatreangles.Personne(s)etinstitution(s):Donateur:AlfredAmedeeDodds*Precedentecollection:Museedel’Homme(Afrique)Annéed’enregistrementàl’inventaire:1895**Source:fiched’objetdelabasededonneesdescollectionsdumuseeduquaiBranlyJacquesChirac*AlfredAmedeeDodds(1842,Saint-Louis-du-Senegal-1922,Paris)estungeneralfrançais,metisparsesdeuxparents,commandantsuperieurdes troupes françaisesauSenegal apartirde1890.Entre1892et1894,ilmenelaconqueteduDahomey(actuelBenin)surleroiBehanzin.**PrisedeguerreducolonelAlfredAmedeeDoddsaAbomey(actuelBenin)en1892.
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Appellationoutitre:SabreayantappartenuaElHadjOmar*Lieudeconservation:Museedel’Armee,ParisNumérod’inventaire:6995Matériauxettechniques:Metal,laiton,cuivre,cuirDimensions:Longueur:81cmDatation:?Description:Lamecourbeàunseultranchant,àunévidement,etunegorge.Surledosonlit«ManufacturedeKlingenthal…etCie».Suruncôté,prèsdutalon,deuxpoinçons,poignéeencuivreciselé,fortecroisière,pommeauenformedebecd’oiseauterminéparunpetitanneau,fuséegarnied’unfiligraneenfildefer.Fourreauencuiraveccordonnetdesuspension,garnituresencuivre.Lesabreaétéréuniaufourreauparunetressedecuirqueledonateuracoupé.Source:fiched’objetdel’inventairedescollectionsdumuseedel’Armee*SaisilorsdelaprisedeSegou(actuelMali)parlecolonelLouisArchinard(1850-1932)en1890,donneparcedernieraumuseedel’Armeeen1909.
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Appellationoutitre:Colliers,pendentifs,perles,medaillons*Lieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,Paris;deposant:museedel’Armee,ParisNumérosd’inventaire:75.8142,75.8148,75.8159.1-2,75.8160,75.8162,75.8164Matériauxettechniques:Or,cuirToponyme:Segou<Segou(region)<Mali<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:XIXesieclePersonne(s)etinstitution(s):Deposant:museedel’ArmeeCollecte:LouisArchinard**Precedentecollection:Museenationaldesartsd’Afriqueetd’Oceanie(Afrique)Source:fiched’objetdelabasededonneesdescollectionsdumuseeduquaiBranlyJacquesChirac*Objetsdu«tresor»dupalaisroyaldeSegou.**TresorsaisilorsdelaprisedeSegou(actuelMali)parlecolonelLouisArchinard(1850-1932)en1890,endepotaumuseedel’Armeedes1910,recupereparl’officecolonialpouretredeposeaumuseedesColonies(ouunepartieaetederobeeen1937).
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Appellationoutitre:PlaquefigurativeLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérod’inventaire:71.1931.49.19Matériauxettechniques:Laiton,fontealacireperdueDimensions:52×37×9cm,16,25kgToponyme:BeninCity<Nigeria<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:XVI-XVIIesieclesDescription:Cinqpersonnagesenhautreliefsedetachentsurunfondgravedefeuillesd’eau.Aucentre,l’Obaestentourededeuxguerriersetdedeuxmusiciens.Ilportelesattributsdesadignite:unecoiffureetdescolliersenperlesdecorail,unbaudriercomposedeplusieursrangsdeperlesbarreletorse,uncollierendentsdeleopard,ainsiquedesbracelets,deschevillieresetdesjambieres.Sonpagnedrapeestnouesurlecoteetestfixeparunmasquedeceintureanthropomorphe.Ilbranditl’eben,sonepeeceremonielle.Lesdeuxguerrierscasquessontarmesd’unelanceetd’unbouclier.Uneclochetronconiqueestaccrocheealeurcollierendentsdeleopard.Lesdeuxmusiciens,unjoueurdetrompetraversiereetunjoueurdeclochedouble,sontfiguresconventionnellementdeproportionpluspetite.Personne(s)etinstitution(s):Donateur:GeorgesHenriRiviere*Precedentecollection:museedel’Homme(Afrique)Annéed’enregistrementàl’inventaire:1931Source:fiched’objetdelabasededonnéesdescollectionsdumuséeduquaiBranlyJacquesChirac*GeorgesHenriRivière(1897-1985,alorsassistantdePaulRivetaumuséed’EthnographieauTrocadéro)fitl’acquisitiondecetteplaquesurlemarchélondonienenjuillet1931,àunepériodeconsécutiveàlacrisede1929oùlesayantsdroitsdesmembresdel’expédition«punitive»britanniquede1897àBeninCityvendaientlesbutinsenleurpossession.Desplaquessimilaires,initialementdestinéesàladécorationdupalaisroyaldeBeninCityetsaisiesàlasuitedusacdelaville,ontététransféréesenEuropeetdisperséessurlemarchédel'art.
159
Appellationoutitre:DefensesculpteeLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérod’inventaire:73.1962.7.1Matériauxettechniques:IvoireDimensions:148,1×11,8×11,8cm,18,12kg.Toponyme:Nigeria<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:PremierquartduXIXesiecleDescription:Reliefsculpte,successivementdebasenhaut:-motifd’entrelacs-pantheredeboutdefaceentresoldatsportugaisavecmanillesetfusils,l’unporteurd’unecroixpectorale-Obadontlesjambesseterminentendoublequeuesdepoisson,portantuneteted’ennemialaceinture.Ilestentourededignitaires,dontcertainssontrevetusd’unecottedemaille.-portugaisacheval-Obasoutenupardesdignitaires,l’unencottedemaille,l’autresurunepantheredeprofil-ausommethommequitientunepanthereparlaqueue(animalrepresentelateteenbas)Personne(s)etinstitution(s):Vendeur:CharlesRattonAnciennecollection:JacobEpsteinPrecedentecollection:Museenationaldesartsd’Afriqueetd’Oceanie(Afrique)Anciennecollection:CharlesRattonAnnéed’enregistrementàl’inventaire:1962Source:fiched’objetdelabasededonnéesdescollectionsdumuséeduquaiBranlyJacquesChirac*DespiècesenivoiresimilairesontétédisperséessurlemarchéinternationalaprèslesacdeBeninCityparlestroupesbritanniquesen1897.
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Appellationoutitre:TeteanthropomorpheLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérod’inventaire:73.1969.3.1bisMatériauxettechniques:LaitonDimensions:40,5×24,5×26cm,27,52kg.Toponyme:Nigeria<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:FinXVIIIesiecleDescription:Figurationd’uncollieraplusieursrangsdeperles,danslequellecouestengonce,ainsiqued’unecoiffureperleealongsfilets;descarificationsfrontales,etd’animauxs/labasecirculaire.Trouausommetdelatetepourfixationd’unedefensesculptee,manquanteici.Personne(s)etinstitution(s):Acquisitionindeterminee:Personneinconnue*Ancienneaffectation:Museed’archeologienationalePrecedentecollection:Museenationaldesartsd’Afriqueetd’Oceanie(Afrique)Annéed’enregistrementàl’inventaire:1969Source:fiched’objetdelabasededonnéesdescollectionsdumuséeduquaiBranlyJacquesChirac*PièceacquiseparlemuséedeMarineduLouvreen1899pour650francsauprèsdelamaisonSchilllingetCie,déplacéevers1908auMuséed’archéologienationaledeSaint-Germain-en-Laye,puisauMuséenationald’artsd’Afriqueetd’Océanie.Voir,auxArchivesnationalesdePierrefitte-sur-Seine,ledossier20144780/13comprenantl’arrêtéd’acquisitiondatédu8août1899.
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Appellationoutitre:PlaqueLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérod’inventaire:73.1997.4.1Matériauxettechniques:AlliagedecuivreDimensions:40×33,5×10,5cmToponyme:Nigeria<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:XVIe-XVIIesieclesDescription:Plaquefigurantdeuxguerriersidentiquesenhautreliefsurunfonddecoredefleursquadrilobees.Lesvisagessontstylises.Lesdeuxpersonnagessonttrespares,sousuncollierendentsdeleopardilsportentdesclochettescarreessurlapoitrinepartiellementcacheespardescolliersdeperlesentortilles.Ilstiennenttousdeuxlesabre«eben»etunbouclier.Lacunedanslecoinsuperieurgaucheetenbasdelaplaque.Lepieddroitduguerrierdedroiteadisparu.Personne(s)etinstitution(s):Vendeur:JeanPaulBarbier-MuellerAnciennecollection:LouisCarreAnciennecollection:MuseeBarbier-MuellerPrecedentecollection:Museenationaldesartsd’Afriqueetd’Oceanie(Afrique)Annéed’enregistrementàl’inventaire:1997Source:fiched’objetdelabasededonnéesdescollectionsdumuséeduquaiBranlyJacquesChirac*Desplaquessimilaires,initialementdestinéesàladécorationdupalaisroyaldeBeninCityetsaisiesàlasuitedusacdelavilleparlestroupesbritanniquesen1897,ontététransféréesenEuropeetdisperséessurlemarchédel'art.
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Appellationoutitre:Teted’autelroyalLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérod’inventaire:73.1997.4.3Matériauxettechniques:AlliagecuivreuxDimensions:52×34×34cmToponyme:Nigeria<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:PremieremoitieduXIXesiecleDescription:Teteauvisagestylise.Lacoiffureestcomposeed’unecalotteenresilleavecdeuxailetteslaterale,letoutenperlesdecorail.Lecouestengoncedansplusieurscolliersdeperlessuperposesrecouvrantlementonjusqu’alalevreinferieure.Scarificationssurlefront.L’embaseestdecoreedemotifsfiguratifs(hache,bras,leopards,poisson,main,tetedevache)enhautreliefsymbolisantlepouvoirroyal.Personne(s)etinstitution(s):Precedentecollection:Museenationaldesartsd’Afriqueetd’Oceanie(Afrique)Vendeur:JeanPaulBarbier-MuellerAnciennecollection:MuseeBarbier-MuellerAnciennecollection:JosefMuellerAnciennecollection:LouisCarreAnciennecollection:ArthurSpeyerAnciennecollection:EthnologischesMuseum(Berlin)Anciennecollection:EduardSchmidtAnnéed’enregistrementàl’inventaire:1997Source:fiched’objetdelabasededonnéesdescollectionsdumuséeduquaiBranlyJacquesChirac*PiècetransféréeenAllemagneviaHambourgparleconsulallemandàLagosEduardSchmidtvers1898,vendueparl’EthnologischesMuseumdeBerlinaumarchandArthurSpeyerentre1923et1929.
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Appellationoutitre:Peinturesdel’eglised’AbbaAntoniosLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérod’inventaire:71.1931.74.3584–71.1931.74.3595Matériauxettechniques:PeinturesmaroufleessurtoilesDimensions:De70×49cma233×367cmToponyme:Gondar<Gonder(region)<Amara(etat)<E� thiopie<Afriqueorientale<AfriqueDatation:FinduXVIIesiecleDescription:Lesquatreroisetlesprophetes;deuxpersonnagesdefenetres(murEst);sainte;laNativite;deuxPeresdel’E� glise;neufsaintsd’E� thiopie;saintAntoine;saintFilatewos;cavalier;cavaliersetmartyrs;DieulepereetlePactedegracePersonne(s)etinstitution(s):Mission:MissionDakar-Djibouti*Precedentecollection:museedel’Homme(Afrique)Annéed’enregistrementàl’inventaire:1931Source:fiched’objetdelabasededonnéesdescollectionsdumuséeduquaiBranlyJacquesChirac*Peinturesdémaroufléesdel’églised’AbbāAntoniosàGondär(Éthiopie)parMarcelGriauleetGaston-LouisRouxlorsdelamissionDakar-Djibouti.
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Appellationoutitre:MasquezoomorpheTitrevernaculaire:CiwarakunLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérod’inventaire:71.1930.26.3Matériauxettechniques:Bois,coton,fibresvegetales,ficelleDimensions:50,3×20×25cm,503g.Toponyme:Bamako<Bamako(district)<Mali<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:Avant1930Description:Masquecimier.Calotteenvannerieabordsspiralessurmonteed’unesculptureenboisfigurantschematiquementuneantilopereposantsurunquadrupede.Personne(s)etinstitution(s):Donateur:HenriLabouret*Precedentecollection:museedel’Homme(Afrique)Annéed’enregistrementàl’inventaire:1930Source:fiched’objetdelabasededonnéesdescollectionsdumuséeduquaiBranlyJacquesChirac* HenriLabouret(1878-1959),militaireetadministrateurcolonialenAfriqueoccidentalefrançaise;setourneversl’ethnologieetdevientdirecteurdel'Institutinternationalafricainen1927,etprofesseurdecivilisationafricaineàl'ÉcolecolonialeàParisde1926à1945.
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Appellationoutitre:MasqueetpoitrinepostichedejeunefilleLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérod’inventaire:71.1930.31.22.1-2Matériauxettechniques:Fibresvegetales,cauris,fruitsdebaobabDimensions:110×50×14,5cm,20,44kg.Toponyme:Sanga(village)<Mopti(region)<Mali<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:DebutduXXesiecleDescription:Masquecagouleenfibresvegetalesdontlevisageestevoqueparlapresencededeuxouverturescirculairesfigurantlesyeux,entouresderangeesconcentriquesdecaurisetseprolongeantalapartieinferieureparunesortedebavettedecauris.Levisageestsurmonted’unecoiffureenfibresfigurantlachevelureformantuncimiercentralsoulignedecauris.Cemasquecagoulesecompleted’un"soutien-gorge"enfibresetcaurisousontattacheesdeuxdemi-coquesdefruitsdebaobabquifigurentlesseinsfeminins.Personne(s)etinstitution(s):Acquisitionindeterminee:PersonneinconnueMission:HenriLabouret*Precedentecollection:museedel’Homme(Afrique)Annéed’enregistrementàl’inventaire:1930Source:fiched’objetdelabasededonnéesdescollectionsdumuséeduquaiBranlyJacquesChirac*HenriLabouret(1878-1959),militaireetadministrateurcolonialenAfriqueoccidentalefrançaise;setourneversl’ethnologieetdevientdirecteurdel'Institutinternationalafricainen1927,etprofesseurdecivilisationafricaineàl'ÉcolecolonialeàParisde1926à1945.
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Appellationoutitre:MasqueanthropomorpheNomvernaculaire:SatimbeLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérod’inventaire:71.1931.74.1948Matériauxettechniques:Boisdekapokier,pigments,fibresvegetalesDimensions:138×33,5×21,5cm,31,18kg.Toponyme:Sanga(village)<Mopti(region)<Mali<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:Avant1931Description:Masqueconstitued’unvisagedeboisrectangulairesurmontededeuxcourtesoreillesverticalesetd’unefigurefeminineenpieddontlesbrasarticulessontrepliesetdresses.Levisagedumasqueestmarqueparunearetenasalecentralequiseparedeuxcavitesrectangulairesal’interieurdesquellessesituentlesorbitestriangulaires,pointesverslebas,desyeux.L’ensembleestcouvertdemotifsgeometriquespolychromes(noirsetblancs)etsecompleted’unecoiffuredefibresrougesetd’uncouvre-nuqueenvannerie.Lepersonnagefemininporteuneceinturedefibresauniveaudelatailleetdesbraceletsdefibresauniveaudescoudes,desavant-brasetdespoignets.Personne(s)etinstitution(s):Acquisitionindeterminee:PersonneinconnueMission:MissionDakar-DjiboutiPrecedentecollection:museedel’Homme(Afrique)Annéed’enregistrementàl’inventaire:1931Source:fiched’objetdelabasededonnéesdescollectionsdumuséeduquaiBranlyJacquesChirac
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Appellationoutitre:MeredesmasquesNomvernaculaire:IminanaLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérod’inventaire:71.1931.74.2002Matériauxettechniques:Bois,pigmentsDimensions:1020×35×8cm,38kg.Toponyme:Sangadonu<Sanga(environsde)<Mopti(region)<Mali<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:Avant1931Description:Visageschematiquesurmonted’unelonguelamedebois.Personne(s)etinstitution(s):Acquisitionindeterminee:PersonneinconnueMission:MissionDakar-DjiboutiPrecedentecollection:museedel’Homme(Afrique)Annéed’enregistrementàl’inventaire:1931Source:fiched’objetdelabasededonnéesdescollectionsdumuséeduquaiBranlyJacquesChirac
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Appellationoutitre:ObjetcultuelcompositeNomvernaculaire:BoliLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérod’inventaire:71.1931.74.1091.1Matériauxettechniques:Terremeleeadelacired’abeille,sangcoagule,boisDimensions:44×59×24cm,20,25kg.Toponyme:Dyabougou<Segou(region)<Mali<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:EntrelemilieuduXIXesiecleet1930Description:CetobjetetaitconservedansunsanctuairedelasocieteinitiatiquediteKono.L’animalrepresenteseraitunhippopotameouuncheval.Personne(s)etinstitution(s):Acquisitionindeterminee:PersonneinconnueMission:MissionDakar-DjiboutiPrecedentecollection:museedel’Homme(Afrique)Annéed’enregistrementàl’inventaire:1931Source:fiched’objetdelabasededonnéesdescollectionsdumuséeduquaiBranlyJacquesChirac
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Appellationoutitre:MasqueNomvernaculaire:SimLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérod’inventaire:71.1935.60.169Matériauxettechniques:Bois,fibrevegetale,pigmentsDimensions:243×69×18,5cmToponyme:Mopti(region)<Mali<Afriqueoccidentale<AfriqueDatation:EntrelafinduXIXesiecleetledebutduXXeDescription:Tetehumainetresstyliseesurmonteed’uneimmensecroixdeLorraine.Personne(s)etinstitution(s):Acquisitionindeterminee:PersonneinconnueMission:MissionSahara-SoudanPrecedentecollection:museedel’Homme(Afrique)Annéed’enregistrementàl’inventaire:1935Source:fiched’objetdelabasededonnéesdescollectionsdumuséeduquaiBranlyJacquesChirac
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Appellation:MasqueSimKalamaNangalaLieudeconservation:Institutd’ethnologiedel’universitedeStrasbourgNumérod’inventaire:2002.0.241Matériaux:Palmier,cuir,metalDimensions:17,5×64cm,2,5kg.Lieudeprovenance:Afrique,Mali(Dogon)Description:MasqueSimouKalamaNangalaconstitueessentiellementdeboisdepalmierronier,sculpteetentaille,delanieresdecuiretdefibresvegetales.Latetedumasquerepresentel’antilope.Elleestteinteedeblancetsuituneformerectangulaireavecdelonguesfossesoculaires,surmonteesd’unfrontbombetriangulaireetdeuxpetitsappendicessedecoupantauxcoinsexterieurs,evoquantdespetitesoreilles.Cetteteteestsurmonteed’unhautcimierprenantlaformed’unedoublecroixcomposeed’etroitesplanchettesverticales,toutespointeesverslehaut,partantdedeuxbranchestransversales.L’axemedianprendnaissancedansunlosangeevide.Desliensencuirfixententreeuxlesdifferentselements.Lesextremitesdesplanchettesverticalessonttailleesenpointesetentailleessur2a3cm.Desmotifsdechevrons,alternativementblancsetnoirs,parcourentcesdifferentesplanchettes.Lessurfacesd’intersectionsontuniformementnoires.Cettecroixadoublebranchesrepresenteungenied’apparencehumaine.Al’arrieredumasque,ondecouvreuncache-nuque(longueur:moinsde20cm)enfibresvegetalescordees,tresseesetnouees,glisseesdansdesorificesdupourtourarrieredelatetedumasque.Surlesflancsdumasqueonaperçoitdeuxtrousservantayglisserlemorspermettantaudanseurdemaintenirlemasque.Collection:Collectioninitiale:collectionLebaudy-GriauleDatedecollecte:1938-1939Missiondecollecte:missionscientifiqueNiger-LacIroSource:fiched’objetdelabasededonnéesdescollectionsethnographiquesdel’universitédeStrasbourg
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Appellationoutitre:TroneLieudeconservation:MuseeduquaiBranly-JacquesChirac,ParisNumérod’inventaire:71.1934.171.1Matériauxettechniques:BoissculpteDimensions:180×100×100cmToponyme:Foumban<Noun(departement)<Ouest<Cameroun<Afriquecentrale<AfriqueDatation:Avant1934Description:Deuxsculpturesanthropomorphesformentledossierd’untronederoioudesultanBamoun.Representationdel’elementmasculind’uncouple.Tresmauvaisetat.Restaureen1987.Personne(s)etinstitution(s):Acquisitionindeterminee:PersonneinconnueMission:HenriLabouret*Precedentecollection:museedel’Homme(Afrique)Annéed’enregistrementàl’inventaire:1934Source:fiched’objetdelabasededonnéesdescollectionsdumuséeduquaiBranlyJacquesChirac* HenriLabouret(1878-1959),militaireetadministrateurcolonialenAfriqueoccidentalefrançaise;setourneversl’ethnologieetdevientdirecteurdel'Institutinternationalafricainen1927,etprofesseurdecivilisationafricaineàl'ÉcolecolonialeàParisde1926à1945.
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InventairesdumuséeduquaiBranly-JacquesChirac
Lespagessuivantesdonnentunaperçudel’inventairedesobjetsconservésauseindel’unitépatrimoniale«Afrique»dumuséeduquaiBranly-JacquesChiracparpays(frontièresactuelles).Cesinventairescompletssont attachés auprésent rapport en format numérique (soit environ8 300pages pourprès de 70000pièces).