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Relier santé et travail Rapprocher médecine du travail et soins primaires pour améliorer la santé des travailleurs Résumé d’orientation Conférence mondiale organisée sur le thème « Relier santé et travail : rôle de la médecine du travail dans les soins de santé primaires » à La Haye (Pays-Bas), du 29 novembre au 1er décembre 2011

Rapprocher médecine du travail et soins primaires pour améliorer la santé des ... · le nombre d’interventions en privilégiant la prévention primaire des risques professionnels

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Relier santé et travail

Rapprocher médecine du travail et soins primaires pour améliorer

la santé des travailleurs

Résumé d’orientation

Conférence mondiale organisée sur le thème « Relier santé et travail : rôle de la médecine du travail

dans les soins de santé primaires » à La Haye (Pays-Bas),

du 29 novembre au 1er décembre 2011

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R É S U M É D ’ O R I E N T A T I O N

Principaux messages :

l La santé des travailleurs fait partie intégrante de la santé en général et de la vie quotidienne

l Les systèmes de santé devraient faciliter l’application de stratégies locales pour répondre aux besoins sanitaires des travailleurs

l Pour parvenir à la couverture universelle, il faut tenir compte en priorité de ceux qui sont exposés aux plus grands risques ou qui ont les plus grands besoins

l Tous les acteurs concernés devraient prendre part à l’élaboration des politiques portant sur la santé des travailleurs

l La formation de tous les professionnels de la santé devrait comprendre une formation dans le domaine de la santé et du travail

l Pour promouvoir la santé et la sécurité des travailleurs, il est crucial de donner les moyens d’agir aux travailleurs et d’encourager les décideurs

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Introduction

1. Un certain nombre de pays sont en train de réformer leur système de santé sur la base des valeurs et des principes des soins de santé primaires pour améliorer la prestation des services, les rendre plus performants et plus équitables. Dans le débat national sur les réformes de la santé, il est souvent question du manque de collaboration entre les secteurs de la santé et du travail, de l’organisation de services préventifs et curatifs pour la population active et de leur relation avec les soins primaires.

2. La Déclaration d’Alma-Ata (1978) appelait à dispenser les soins de santé le plus près possible de l’endroit où les gens vivent et travaillent. Récemment, l’Assemblée mondiale de la Santé a

invité instamment les pays à faire en sorte que tous les travailleurs soient couverts par des interventions de prévention des maladies et traumatismes d’origine professionnelle (résolution WHA60.26, 2007) et à appliquer des programmes de santé verticaux dans le contexte des soins de santé primaires intégrés (résolution WHA62.12, 2009).

3. La Déclaration de La Haye s’inscrit dans un processus mondial visant à étendre la couverture des services de médecine du travail et à en faciliter l’accès, comme l’a demandé l’Assemblée mondiale de la Santé en 2007, et elle contribue au débat engagé par de nombreux États Membres et par l’OMS.

Santé et travail

4. Les conditions d’emploi et de travail ont une forte influence sur l’équité en santé. Quand elles sont bonnes, elles peuvent être un gage de protection sociale et de statut social, de développement personnel, de relations sociales et d’estime de soi, elles peuvent protéger des dangers physiques et psychosociaux et avoir des effets positifs sur la santé. La santé des travailleurs conditionne le revenu du ménage, la productivité et le développement économique. Par conséquent, les services de santé ont pour fonction importante de préserver et de restaurer la capacité de travail.

5. À l’inverse, des conditions de travail dangereuses et des modalités d’emploi médiocres créent une charge considérable de traumatismes et de problèmes de santé qui entraînent des coûts importants pour le système de santé et l’économie nationale et qui perpétuent la pauvreté.

6. Il existe de nombreuses interventions efficaces pour prévenir les risques professionnels, créer des lieux de travail sains, préserver et restaurer les capacités fonctionnelles. La couverture des services de médecine du travail reste faible malgré tout et, quand ils existent, il est rare qu’ils répondent aux attentes des travailleurs et mettent à leur portée les interventions préventives les plus fondamentales et les mesures de protection contre les maladies professionnelles.

7. Parallèlement, le fait que les soins prodigués soient rarement axés sur la santé des travailleurs a un impact négatif sur la capacité de travail.

Médecine du travail et soins primaires

8. Alors que la médecine du travail et les soins primaires partagent des valeurs communes importantes pour la santé des individus et des populations, il n’existe pas partout des services de santé qui tiennent dûment compte de la santé des travailleurs. Sont particulièrement notables :

a. l’approche globale, qui envisage les individus dans le contexte dans lequel ils vivent ;

b. l’importance accordée à la communauté, que ce soit la communauté de travail ou de la communauté de vie, pour garantir l’équité et la participation des plus démunis ;

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c. l’idée d’améliorer le fonctionnement des individus (au travail et dans d’autres domaines de la vie) et pas seulement les résultats sanitaires.

9. Actuellement, les services de santé fondés sur ces valeurs ne sont pas aussi répandus qu’il le faudrait. Une collaboration plus étroite entre la médecine du travail et les services de soins

primaires multiplierait les possibilités d’accroître la productivité et de prolonger la vie professionnelle. Pour cela, il faut passer d’un modèle de soins axés sur les maladies et les problèmes de santé à des soins qui privilégient l’optimisation des capacités fonctionnelles des individus.

Vers une approche intégrée qui inclut la santé des travailleurs dans les services de santé

10. Une approche intégrée de la médecine du travail et des soins de santé primaires aura plus d’effets sur la santé de la population que chacun de ces deux éléments pris séparément si l’on veut que les soins soient axés sur la santé des travailleurs. Les modalités concrètes de cette intégration dépendent de la situation nationale et locale. Compte tenu des grandes tendances démographiques observées dans le monde (vieillissement, migrations, etc.) et de l’évolution des problèmes de santé et de la nature du travail, cette approche intégrée prendra plus d’importance encore dans les décennies qui viennent. Il faudra dispenser davantage de soins, sans qu’il soit certain que les effectifs augmenteront. Les expériences menées par un certain nombre de pays et dans différents contextes de par le monde sont utiles pour instaurer cette collaboration.

11. L’élaboration d’une approche intégrée de la médecine du travail et des soins primaires devrait s’appuyer sur les principes suivants :

a. La santé des travailleurs fait partie intégrante de la santé en général et de la vie quotidienne.

b. Les systèmes de santé devraient faciliter l’application de stratégies locales pour répondre aux besoins sanitaires des travailleurs.

c. Pour parvenir à la couverture universelle, il faut tenir compte en priorité de ceux qui sont exposés aux plus grands risques ou qui ont les plus grands besoins.

d. Tous les acteurs concernés devraient prendre part à l’élaboration des politiques portant sur la santé des travailleurs.

e. La formation de tous les professionnels de la santé devrait comprendre une formation dans le domaine de la santé et du travail.

f. Pour promouvoir la santé et la sécurité des travailleurs, il est crucial de donner les moyens d’agir aux travailleurs et d’encourager les décideurs.

Assurer des services de médecine du travail dans le cadre des soins primaires intégrés

12. Lors de tables rondes consacrées à la couverture universelle, aux soins centrés sur la personne, au leadership participatif et à la prise en compte de la santé dans toutes les politiques, les participants à la conférence ont défini les orientations stratégiques suivantes pour exercer la médecine du travail dans le cadre des soins primaires intégrés.

13. Tous les travailleurs devraient avoir accès aux interventions essentielles et aux services de santé de base destinés à prévenir les maladies et

traumatismes d’origine professionnelle. Pour cela, il faut :

a. insister sur la façon dont les gouvernements nationaux et locaux peuvent contribuer à garantir l’accès de tous les travailleurs à des soins curatifs et préventifs qui leur permettent d’avoir une vie professionnelle pleine et productive ;

b. inclure des interventions essentielles pour la santé des travailleurs et la capacité de travail dans la prestation de soins primaires complets

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et intégrés, par exemple des services de conseil qui aident à améliorer les conditions de travail et à promouvoir la santé au travail, le dépistage précoce des maladies d’origine professionnelle, une aide à la reprise du travail et la préservation de la capacité de travail ;

c. prévoir le financement des services de médecine du travail de base pour les plus démunis ou les plus exposés aux risques professionnels dans les dispositifs existants de financement des soins primaires. Il faudra peut-être instaurer de nouveaux mécanismes quand ceux qui existent ne suffisent pas pour répondre aux besoins prioritaires. Ces mécanismes devront, autant que possible, être intégrés dans les systèmes de financement de la santé nationaux ou locaux existants ;

d. grâce à la formation, à la concertation, à l’information et à des outils comme la télémédecine, développer les ressources humaines et les moyens technologiques au niveau des soins primaires pour assurer avec efficacité les interventions essentielles et les services de santé de base destinés à prévenir les traumatismes et les maladies d’origine professionnelle ;

e. renforcer et étendre les services de médecine du travail spécialisés, services de base compris, élargir l’accès à ces services et augmenter le nombre d’interventions en privilégiant la prévention primaire des risques professionnels ;

f. évaluer les modèles de prestation et de financement des services de médecine du travail et des soins primaires, et faire des recherches sur les obstacles qui bloquent l’accès aux interventions préventives et qui en limitent la couverture.

14. Les soins de santé doivent être centrés sur la personne dans son environnement, y compris son cadre de travail. Pour cela, il faut :

a. renforcer le rôle et accroître les responsabilités du personnel qui dispense les soins primaires concernant tous les aspects de la vie personnelle liés à la santé, s’agissant notamment de dépister de bonne heure les problèmes de santé d’origine professionnelle et de préserver et restaurer la capacité de travail des individus ;

b. renforcer les capacités des centres de soins primaires afin qu’ils puissent répondre aux attentes et aux besoins généraux et spécifiques de la population active dans la zone qu’ils desservent, notamment en dispensant au personnel une formation de base à la médecine du travail et en lui fournissant des outils qui facilitent les interventions ;

c. relier les services de médecine du travail et les centres de soins primaires au sein de réseaux locaux de soins primaires, grâce notamment à une formation conjointe, à des systèmes d’orientation-recours, à la diffusion d’informations sur les risques professionnels et à d’autres mécanismes de collaboration et de continuité des soins ;

d. fournir aux professionnels de santé des directives et des normes cliniques qui tiennent compte de l’impact du travail et de l’emploi, et de la capacité de travail ;

e. encourager les individus et les communautés de travailleurs à prendre en main leur propre santé, à se protéger contre les risques professionnels et à promouvoir la santé sur leur lieu de travail, et leur en donner les moyens, par exemple en leur dispensant une formation, en mettant sur pied des programmes de santé au travail, en leur proposant des outils d’auto-évaluation et d’amélioration des conditions travail, et en soutenant les représentants qui militent pour la santé et la sécurité des travailleurs et pour la santé communautaire ;

f. faire des recherches sur l’utilité des outils censés aider les travailleurs et les communautés de travailleurs à prendre en main leur santé, notamment des études sur l’efficacité des techniques d’amélioration des conditions de travail et des études participatives menées au sein de la communauté.

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15. Pour protéger et promouvoir la santé au travail, il faut un nouveau leadership participatif dans le domaine de la santé qui prévoie notamment :

a. une réponse intégrée de tous les éléments constitutifs du système de santé1 aux besoins sanitaires des travailleurs dans le cadre de la réforme des soins de santé, qui considère comme prioritaires les besoins des travailleurs du secteur non structuré, des travailleurs migrants, des auto-entrepreneurs et des petites entreprises ;

b. la participation des acteurs du monde du travail – employeurs, syndicats, pouvoirs publics, société civile et secteur privé – aux débats sur la réforme des soins de santé et à l’élaboration de stratégies et de plans de santé nationaux et régionaux (stade préclinique, district) ;

c. l’établissement et la mise à jour continue de profils nationaux concernant la santé des travailleurs, s’agissant notamment de mesurer les résultats sanitaires et la performance des systèmes de santé et de recueillir des informations de base sur les conditions de travail, le mode de vie des travailleurs, leur formation, les interventions et les services ;

d. le renforcement de la collaboration entre les secteurs de la santé et du travail pour la ratification et l’application d’instruments internationaux essentiels dans le domaine de la santé et de la sécurité des travailleurs, notamment la Convention 155 sur la sécurité et la santé des travailleurs, la Convention 161 sur les services de santé au travail et la Convention 187 sur le cadre promotionnel pour la sécurité et la santé au travail, la création de passerelles entre l’inspection du travail et la médecine du travail, et la promotion des bonnes pratiques dans les domaines de la santé et de la sécurité des travailleurs et des soins primaires.

16. La santé des travailleurs devrait être prise en compte lors de l’élaboration et de l’application des politiques de tous les secteurs. Pour cela, il faut :

a. recenser les effets sur la santé des travailleurs et les avantages communs des politiques et stratégies nationales dans les domaines du

travail, de l’environnement, de l’éducation, de l’agriculture, du développement économique, du commerce, etc., faire valoir ces avantages et ces risques et faire en sorte que les politiques publiques qui créent des conditions favorables à la santé offrent un espace de dialogue entre tous les secteurs ;

b. élaborer des plans d’action nationaux pour la santé des travailleurs auxquels soient associés tous les acteurs et secteurs concernés et qui, parce qu’ils impliquent l’ensemble des pouvoirs publics, offrent un point de convergence, et recenser les avantages autres que sanitaires retirés de l’action en faveur de la santé des travailleurs ;

c. veiller à ce que les services de soins primaires contribuent à l’élaboration et à l’application de programmes publics nationaux pour la santé et la sécurité des travailleurs, recenser, mesurer et mettre en valeur les avantages que présentent ces programmes pour dispenser des soins primaires intégrés et complets ;

d. tenir compte des besoins des travailleurs et des conditions de travail dangereuses dans les politiques concernant le secteur économique non structuré, le développement rural et les migrations de travailleurs, notamment en prévoyant des services de santé pour ces populations.

1 Selon l’OMS, le système de santé se compose des éléments suivants : direction et gouvernance ; produits et technologies sanitaires essentiels ; information sanitaire ; financement de la santé ; personnel de santé ; et services de santé.

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Prochaines étapes

17. L’OMS et son réseau de centres collaborateurs dans les domaines de la médecine du travail et des soins primaires collaboreront avec l’OIT, les organisations non gouvernementales en relations officielles avec l’OMS et avec les autres entités internationales concernées comme la Banque mondiale et l’Association internationale de la sécurité sociale, en vue :

a. de formuler des recommandations, de mettre au point des méthodes, de faire des études de cas et d’élaborer des mécanismes de financement intégrés, notamment pour calculer le coût des interventions essentielles de médecine du travail au niveau des soins primaires ;

b. d’encourager la collaboration entre les associations professionnelles de médecine du travail et de soins primaires, comme la Commission internationale de la Médecine du Travail et la World Federation of Family Physicians (Wonca) ;

c. de créer un système mondial d’archivage des matériels de formation et des documents d’information destinés à développer les compétences de base en médecine du travail

des équipes de soins primaires – médecins, infirmières, techniciens et agents de santé communautaires –, dans le but de faciliter l’inclusion de la médecine du travail dans les études de médecine et de soins infirmiers et les formations apparentées ;

d. de rassembler, évaluer et diffuser des études de cas et des exemples de prestation d’interventions essentielles et de services de médecine du travail de base dans le cadre des soins primaires intégrés, et de définir un programme de recherche interdisciplinaire sur la médecine du travail dans les systèmes de santé et dans la prestation des services de santé ;

e. de fournir un appui aux pouvoirs publiques pour qu’ils adoptent des politiques fondées sur les résultats de la recherche sur les risques professionnels et s’appliquent à promouvoir un environnement sain au travail et à réduire le plus possible l’absentéisme pour raisons de santé, les incapacités de travail et les coûts qu’ils entraînent.

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