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LureluLa seule revue québécoise exclusivement consacrée à la littérature pour la jeunesse

Rats et souris de toutes les couleursCéline Rufiange

Volume 33, Number 1, Spring–Summer 2010

URI: https://id.erudit.org/iderudit/60901ac

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Publisher(s)Association Lurelu

ISSN0705-6567 (print)1923-2330 (digital)

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Cite this articleRufiange, C. (2010). Rats et souris de toutes les couleurs. Lurelu, 33(1), 104–105.

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lurelu volume 33 • no 1 • printemps-été 2010

bilité : des caractères de grande taille, desmots bien espacés. La structure répétitivefacilite l’anticipation. Les illustrations soutien-nent la compréhension du texte, bien qu’el-les requièrent parfois une lecture attentive.Chaque titre propose un lexique imagé sousforme de rabat à la fin du livre, ce qui en per-met la consultation continue en cours de lec-ture. Les mots illustrés sont soulignés dansle texte. Ces mots sont choisis selon une thé-matique donnée : les parties du corps, lescouleurs, les légumes, etc. Bien que le textesoit très court, quatorze phrases, il raconteen général une histoire toute simple, maisamusante, touchant les intérêts des enfants.Ces histoires sont souvent écrites et illustréespar des créateurs que les enfants peuventreconnaitre dans d’autres albums de littéra-ture jeunesse : Danielle Simard, RobertSoulières, Bertrand Gauthier, Fil et Julie,Gabrielle Grimard, Philippe Béha… Il devientalors possible d’établir des réseaux littérai-res à partir de ces titres : réseau d’auteurs,d’illustrateurs, thématiques. Par exemple, àpartir du titre En pyjama d’Andrée-AnneGratton, on peut établir un réseau qui abordele thème des vêtements et présenter des al-bums tels que Mon pyjama à moi, Doux avecdes étoiles, Un kimono pour Suki, Un mer-veilleux petit rien. Le livret de lecture dépassealors son statut pédagogique et revêt unedimension davantage littéraire.

«Rat de bibliothèque»

La collection «Rat de bibliothèque»s’adresse aux enfants qui débutent l’appren-tissage de la lecture, c’est pourquoi l’éditeurla destine aux lecteurs de 6 à 8 ans. Elle estdivisée en quatre séries de niveau de diffi-culté croissant. Chacune comprend actuel-lement dix-neuf titres. Tout comme ceux des«Mini Rat de bibliothèque», ces récits sontécrits et illustrés pour la plupart par des créa-teurs de littérature jeunesse. De format pluspetit (16,5 cm x 19,5 cm), ils laissent égale-ment une grande place aux illustrations si-tuées dans la partie supérieure de la page.

En 2001, les Éditions ERPI publiaient les pre-miers titres de la collection «Rat de biblio-thèque». En 2010, elles soulignent le lance-ment de leur centième livret Trois rats sur unradeau, de Robert Soulières, initialementpublié en 1987 dans la collection «Cœur depomme» aux Éditions Pierre Tisseyre. Aucours des dernières années, des maisonsd’édition jeunesse se sont lancées dans lapublication de livrets de lecture. Ainsi, en2008, Dominique et compagnie inaugurait sacollection «À pas de souris». En 2009, lesÉditions de La courte échelle entraient dansla danse avec la collection «Premières lectu-res».

Dans le cadre de cette chronique, je po-serai un regard tant pédagogique que litté-raire sur les livrets des Éditions ERPI et surceux de Dominique et compagnie. De soncôté, ma collègue Danièle Courchesne com-mentera les livrets publiés à La courteéchelle, ainsi que ceux de la collection «Che-val masqué» chez Bayard Canada.

Sur le plan pédagogique, je tiendraicompte des «huit facteurs à considérer dansle choix des livres pour lecteurs débutantset apprentis», décrits par Yves Nadon1, pourévaluer le niveau de difficulté d’un livre.

• Taille et espacement des caractères• Nombre de mots et de lignes par page• Disposition du texte• Lien entre les illustrations et le texte• Structure répétitive et prévisible• Proximité du langage oral des enfants• Sujet proche des préoccupations des enfants• Difficulté des mots

«Mini Rat de bibliothèque»

Je m’attarderai tout d’abord aux livrets pu-bliés à partir de 2006 par les Éditions ERPIpour les enfants du préscolaire et du débutde la première année, les «Mini Rat de bi-bliothèque». Présentés dans un grand format(21 cm x 21 cm), ces livrets laissent une placeprépondérante aux illustrations. Le texte,composé d’une courte phrase par page etsitué en bas de celle-ci, offre une bonne lisi-

M O N L I V R E À M O I

Rats et souris de toutes les couleursCéline Rufiange

Les thèmes diversifiés sont près des inté-rêts des enfants.

En plus des couleurs, les séries sont iden-tifiées par des fruits : rouge/fraise, jaune/poires, bleu/bleuets, vert/pommes... Dans laSérie rouge, la taille et l’espacement descaractères sont un peu plus petits que dans«Mini Rat de bibliothèque». La majorité deshistoires ont une structure répétitive, ou desrépétitions de phrases ou de mots, procédéfavorisant l’anticipation, ce qui facilite la lec-ture du lecteur apprenti. Cependant, les tex-tes ne sont pas tous du même niveau en cequi concerne le nombre de lignes et de motspar page. Plusieurs comportent une à deuxlignes, alors que d’autres en comptent jus-qu’à cinq. Le nombre total de mots varieentre quatre-vingt-dix et cent-quatre-vingts.Chaque livre présente une histoire simple;plusieurs sont écrites en rimes, ce qui leurdonne beaucoup de rythme et de musica-lité. Les récits sont pour la plus grande partréalistes, alors que d’autres sont agrémen-tés d’une touche de fantaisie ou relèventd’un univers imaginaire. Les illustrationsapportent des indices pour soutenir la lec-ture.

La majorité des titres de la Série jaunecontiennent de trois à quatre lignes de textepar page, n’excédant pas six lignes. Le nom-bre total de mots se situe entre deux-centset trois-cent-cinquante. La taille des carac-tères est plus petite, tout comme l’espaceentre les mots. Encore ici, la structure répé-titive ou la répétition de phrases ou de motssont très souvent utilisés dans des histoiresréalistes, parfois pimentées d’éléments fan-taisistes.

La Série bleue offre des histoires plusélaborées qui font parfois jusqu’à huit lignesde texte, occupant près de la moitié de lapage. Le nombre total de mots varie entretrois-cents et un peu plus de quatre-cents.La taille des caractères diminue encore lé-gèrement. La structure répétitive est pré-sente dans un moins grand nombre de ré-cits. J’ai eu un coup de cœur pour la tendrehistoire d’amitié Aux pinceaux Domino, de

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Léo-James Lévesque, illustrée par FabriceBoulanger.

La Série verte présente des histoiresplus complexes aux phrases plus longues,ayant plus de lignes par page, entre cinq etneuf, un nombre total de mots allant jus-qu’à cinq-cents. La taille des caractères estencore plus petite. Deux titres pourraientêtre qualifiés de contes réinventés : Le clipde Cendrillon, écrit par Dominique Demerset illustré par Christine Battuz, et Coassonsavec Ouaouaron de Bertrand Gauthier, illus-tré par Chantale Audet. Leur lecture peutservir de déclencheur à un projet sur lescontes, chaque récit pouvant être comparéavec le conte original qui l’a inspiré.

Bien que la collection «Rat de bibliothè-que» ait été conçue par une maison spécia-lisée dans l’édition de manuels scolaires, ellepropose des livrets pédagogiques permet-tant aux lecteurs débutant de s’initier à l’uni-vers littéraire. Les textes représentent devéritables récits. Les préoccupations littérai-res semblent dominer par rapport aux inté-rêts pédagogiques. Les enfants sont mis encontact avec différents styles d’écriture : réa-liste, fantaisiste, imaginaire et même poéti-que; à titre d’exemple, le texte fort touchantde Danielle Simard, illustré par Louise-Andrée Laliberté, Dans le cœur de mongrand-père. La richesse et la diversité de sty-les de nos illustrateurs sont également icitrès bien représentées. D’ailleurs, une im-portance est accordée aux créateurs du li-vre. Sur la deuxième page de couverture,l’auteur et l’illustrateur sont présentés àl’aide d’une photo et d’un court texte en lienavec l’histoire. Sur la troisième page de cou-verture, des idées de prolongement sontproposées. Un outil pédagogique aux qua-lités littéraires indéniables.

«À pas de souris»

Lancée en 2008 par les Éditions Dominiqueet compagnie, la collection «À pas de sou-ris» se divise en trois séries de difficultécroissante. Vingt-quatre titres sont actuel-

lement disponibles, tous écrits par BéatriceRichet, mais mis en images par différentsillustrateurs. On trouve sur la deuxièmepage de couverture un lexique illustré com-portant de six à douze mots choisis en fonc-tion d’un thème, et non en fonction de leurdifficulté. Les mots illustrés dans le lexiquesont imprimés en couleur dans le texte.L’emplacement du lexique rend sa consul-tation moins pratique que dans la collection«Mini Rat de bibliothèque».

La série Souris rouge compte dix titres,chacun écrit en moins de cent mots, soit uneà deux lignes par page. Les textes ne racon-tent pas une histoire, ils consistent davan-tage en une suite de phrases liées à une thé-matique. Seul Je viens d’avoir un petit frèrepeut être qualifié de récit. La répétition destructure de phrases et de mots facilite lalecture, tout comme les indices apportés parles illustrations.

Les huit titres de Souris verte font en-tre cent et cent-cinquante mots. Ici, six li-vres racontent une histoire très simple, réa-liste. Les répétitions et les illustrationsfacilitent toujours la lecture.

Souris bleue s’avère la série la plus in-téressante. Un animal, des ani-mots expli-que douze expressions, qui incluent le nomd’un animal. Les illustrations ajoutent unpoint de vue amusant. Moi, ma valise abeaucoup voyagé… et Tourne, tourne, belleTerre! sont deux petits récits documentai-

res qui abordent le thème de l’immigrationpour ce qui est du premier album et, pour lesecond, une attraction touristique de sixpays différents. Tous les textes comptententre cent-cinquante et deux-cents mots.

Le catalogue annonce pour cette collec-tion des liens Internet. En fait, ces liens serésument en l’écoute d’une chanson com-posée à partir du texte du livret, de la musi-que et de la version karaoké, chanson etmusique pouvant être téléchargées. Ellessont également disponibles sur CD. Les ac-tivités consistent en une dictée qui reprendintégralement le texte du livret et en desdessins à colorier.

Contrairement aux collections «Mini Rat»et «Rat de bibliothèque», dans «À pas desouris» la préoccupation pédagogiqueprime au détriment de la qualité littéraire.Les textes sont plus rigoureusement calibréset construits dans le but de l’apprentissagede mots de vocabulaire. Ainsi, le plaisir n’esthélas pas souvent au rendez-vous.

Note

1. Yves Nadon, Lire et écrire en première année etpour le reste de sa vie, Chenelière/McGraw-Hill,2002, p. 53.