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:HIKLNJ=[UW]U\:?n@k@e@b@a" M 01396 - 3041 - F: 2,80 E - RD LE MAGAZINE DE LA MARINE NATIONALE N°3041 — JUILLET-AOÛT 2015 www.colsbleus.fr Les frégates L’épine dorsale de la Marine RENCONTRE VICE-AMIRAL D’ESCADRE BRUNO PAULMIER PAGE 28 RH SERVIR SUR FREMM PAGE 36 IMMERSION LE PRAIRIAL EN SON JARDIN PAGE 42

- RD Les frégatescols-bleus-fr.s3.amazonaws.com/exemplaires/pdf/CB3041.pdf · Le Prairial en son jardin passion marine 16 Les frégates : l’épine dorsale de la Marine rencontre

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LE MAGAZINE DE LA MARINE NATIONALE N°3041 — JUILLET-AOÛT 2015

www.colsbleus.fr

Les frégatesL’épine dorsale de la Marine

RENCONTREVICE-AMIRAL D’ESCADREBRUNO PAULMIERPAGE 28

RHSERVIR SUR FREMMPAGE 36

IMMERSIONLE PRAIRIAL EN SON JARDINPAGE 42

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Le rang d’une marine moderne se jauge souvent à de nombreux critères, comme le tonnage, l’âge des unités, la performance du système de combat... L’aptitude à remplir le contrat opérationnel reste pourtant la mesure la plus pertinente et le meilleur reflet de ses ambitions.

Notre marine est océanique. C’est donc son aptitude à « tenir la mer » qui est le premier critère. Etre présent sur les mers c’est le cœur de la mission. Une présence toujours en alerte, dans la durée et dans la profondeur, pour y assurer la liberté d’action des flottes de commerce, celle des forces navales ainsi que nos responsabilités dans les zones sous notre juridiction. Les frégates répondent à cette exigence. Navigant avec d’autres unités navales ou opérant seules, spécialisées ou polyvalentes, elles sont les unités de référence des savoir-faire et du combat navals. Elles tirent leur valeur militaire à la fois de leurs performances techniques, pour voir loin, agir tôt et de façon coordonnée, et de l’excellence de leur équipage. Leur complémentarité et leur nombre en établit la cohérence opérationnelle. Leur nombre est un facteur d’efficacité en soi : les zones à couvrir sont en effet à l’échelle de nos responsabilités en mer, que la mesure en soit la superficie de nos ZEE, la part de nos approvisionnements transitant par les grandes voies maritimes, ou les enjeux de la stratégie générale.

Elles apportent une contribution essentielle à l’invulnérabilité de nos sous-marins stratégiques et à l’action des grandes unités de combat. Avant-garde de nos sentinelles du littoral, les frégates prennent également une part déterminante dans la protection militaire du territoire. En agissant dans la profondeur, elles sont en effet complémentaires des bâtiments agissant plus près des côtes et des dispositifs statiques (chaîne sémaphorique). Qu’il soit sous-marinier, marin du ciel ou fusilier, chaque marin a vocation à servir sur une frégate, un jour ou l’autre. Les sous-mariniers qui doivent connaître les modes d’action du bâtiment de surface ; les hélicoptéristes qui constituent une partie de leur système d’armes ; les équipages des avions qui les appuient et qu’elles contrôlent ; les fusiliers marins dont elles peuvent constituer la plateforme de projection. Tous font partie de l’écosystème des frégates.À leur bord réside en effet le socle des savoir-faire maritimes et se forge le creuset des valeurs de la marine. Sur tous les théâtres d’opérations aéronavales comme lors des périodes de préparation opérationnelle, mille défis relevés chaque jour permettent à la force d’action navale et aux équipages de frégates de développer nos savoir-faire en perpétuant nos valeurs pour que la Marine soit au rendez-vous de l’horizon 2025.

COLS BLEUS - N°3041 — 3

Éditorial

Les frégates, références du savoir-faire naval

Rédaction : Ministère de la Défense, SIRPA Marine parcelle Est Tour F, 60 bd du général Martial Valin CS 21623 – 75509 Paris cedex 15 Téléphone : 09 88 68 57 17 Contact internet : redaction.sirpa@marine. defense.gouv.fr Site : www.colsbleus.fr Directeur de publication : CV Didier Piaton, directeur de la communication de la Marine Directrice de la rédaction : CC Sabine Rivayrol Rédactrice en chef : LV Caroline Ducret Rédacteurs en chef adjoints : EV2 Pauline Franco, ASP Paguiel Kohler Secrétaire : QM2 Anthony Berthet Rédacteurs et journalistes : Stéphane Dugast, Laurence Ollino, LV Grégoire Chaumeil, EV1 Virginie Dumesnil, ASP Paguiel Kohler, Vanessa Quelen Infographie : EV1 Paul SénardConception-réalisation : Idé Édition, 33 rue des Jeûneurs 75002 Paris Direction artistique : Gilles Romi-guière Secrétaires de rédaction : Céline Le Coq, Mathilde Martinez-Socard Rédacteurs graphiques : Bruno Bernardet, Nathalie Pilant Photogravure : Média Grafik Couverture : Jonathan Bellenand/MN 4e de couverture : ECPAD/France/J. Salles/2015 Imprimerie : Roto France, rue de la Maison Rouge 77185 Lognes. Abonnements : 01 49 60 52 44 Publicité, petites annonces : ECPAD, pôle commercial – 2 à 8 route du Fort 94205 Ivry-sur-Seine Cedex – Christelle Touzet – Tél : 01 49 60 58 56 Email : [email protected] –Les manuscrits ne sont pas rendus, les photos sont retournées sur demande. Pour la reproduction des articles, quel que soit le support, consulter la rédaction. Commission paritaire : n° 0211 B 05692/28/02/2011 ISBN : 00 10 18 34 Dépôt légal : à parution

LE MAGAZINE DE LA MARINE NATIONALE

Capitaine de vaisseau

Didier PiatonDirecteur de la publication

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actus 6 30 planète merLa renaissance des forteresses navales

36 RHServir sur FREMMSondage semestriel sur le moral : des marins fiers de servir, prêts à relever les défis opérationnels

32 vie des unités Opérations, missions, entraînements quotidiens Les unités de la Marine en action

40 portraitMajor Constantin P., major conseiller de la FAN

46 histoireLa tragédie du BouvetLa bataille des Dardanelles (avril 1915 – janvier 1916)

focus 26Déménagements de l’échelon central de la Marine

Qui va où ?

COLS BLEUS - N°3041 — 5

42 immersionLe Prairial en son jardin

passion marine 16Les frégates : l’épine dorsale de la Marine

rencontre 28« MARCOM est chargé de la planification, du contrôle

opérationnel, de la conduite et de l’évaluation des opérations maritimes de l’OTAN », VAE Bruno Paulmier

48 loisirsUne bande dessinée de Yan Le Pon

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6 — COLS BLEUS - N°3041

actusJUILLET 2015

instantané

TIRS RÉUSSIS ! Le 18 juin, deux équipages de patrouille maritime ont été qualifi és aux procédures de tir GBU12 avec désignation autonome. Des tirs réalisés sur le champ de tir de Biscarosse. Ce vol marque la fi n d’un cursus de formation exigeant qui permet aux équipages de conduire des missions d’appui air-sol, grâce notamment à la tourelle électro-optique WESCAM MX20HD embarquée sur l’Atlantique 2 standard V.

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COLS BLEUS - N°3041 — 9

instantané

UN V22 SUR LE DIXMUDEAppontage, le 5 juillet dernier au large de Djibouti, d’un Boeing V-22 Osprey sur le BPC Dixmude. Croisement entre un avion de transport militaire et un hélicoptère, le V-22 Osprey peut décoller et atterrir verticalement grâce à ses rotors basculants. Une nouvelle preuve de l’interopérabilité entre l’US Navy et la Marine nationale. Good job !

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actus

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Amers et azimutInstantané de l’actualité des bâtiments déployés

OCÉAN PACIFIQUE

Antilles

GuyaneClipperton

OCÉAN ATLANTIQUE

OCÉAN ARCTIQUE

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DONNÉES GÉOGRAPHIQUES

ANTILLESZEE : env. 138 000 km2

GUYANEZEE : env. 138 000 km2

TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUESFRANÇAISESZEE : env. 1 727 000 km2

CLIPPERTONZEE : env. 434 000 km2

MÉTROPOLEZEE : env. 434 000 km2

POLYNÉSIE FRANÇAISEZEE : env. 4 804 000 km2

SAINT-PIERRE-ET-MIQUELONZEE : env. 10 000 km2

NOUVELLE-CALÉDONIE – WALLIS ET FUTUNAZEE : env. 1 625 000 km2

LA RÉUNION – MAYOTTE – ÎLES ÉPARSESZEE : env. 1 058 000 km2

OCÉAN ATLANTIQUE

OPÉRATION CORYMBE Aviso LV Le Hénaff

OPÉRATIONS DE SURVEILLANCE MARITIMEPSP Flamant • BRS Antares • Patrouilleur austral Albatros • F50

MISSION GRAND NORD FASM Primauguet • Goélette Étoile

DÉPLOIEMENT HYDROGRAPHIQUEBH Lapérouse • BHO Beautemps-Beaupré

TALL SHIPS RACE 2015Goélette Belle Poule • Côtre Mutin

PRÉPARATION OPÉRATIONNELLEFREMM Provence • BCR Somme • Aviso PM L’Her • PSP Fulmar

Points d’appui

Bases permanentes en métropole,

outre-mer et à l’étranger

Zones économiques exclusives françaises

Source Ifremer

OCÉAN PACIFIQUE

OPÉRATIONS DE SURVEILLANCE MARITIME Patrouilleur La Glorieuse • Remorqueur Révi

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COLS BLEUS - N°3041 — 11

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MISSIONS PERMANENTES

MARINS

BÂTIMENTS

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34Sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE)Sous-marin nucléaire d’attaque (SNA)

Fusiliers marins (équipes de protection embarquées - EPE)Commandos (opérations dans la bande sahélo-saharienne opération Barkhane)

Équipes spécialisées connaissance et anticipation

OCÉAN PACIFIQUE

Polynésie française

Walliset Futuna

Nouvelle-Calédonie

Mayotte

La Réunion

Kerguelen

Saint-Paul

Crozet

OCÉAN INDIEN

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MÉDITERRANÉE

DÉPLOIEMENTFDA Forbin

OPÉRATIONS DE SURVEILLANCE MARITIMEAviso EV Jacoubet • RHM Tenace • BSR Taape • F50

OPÉRATIONS DE GUERRE DES MINES CMT Capricorne • CMT Orion

PRÉPARATION OPÉRATIONNELLEBBPD Pluton

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OCÉAN INDIEN

OPÉRATION CHAMMALAtlantique 2

TF 150BCR Var • FLF Surcouf

MISSION JEANNE D’ARCBPC Dixmude • FLF Aconit

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1 14/07/2015FÊTE NATIONALELes unités de la Marine engagées dans l’année ont été mises à l’honneur lors du défilé sur les Champs- Élysées. En haut, le bloc Charles de Gaulle et groupe aérien embarqué. En bas, le bloc Atlantique 2 composé de délégations de la 21 F et 23 F.

2 03/07/2015BALARDL’amiral Bernard Rogel, chef d’état-major de la Marine, a participé à la première prise d’armes organisée sur le nouveau site de Balard présidée par le général d’armée Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées.

3 04/07/2015KING OF THE ROCKLe BPC Mistral a accueilli la finale nationale de street basket « King of the Rock » organisée par Redbull. Quatre marins ont pris part à cet événement.

4 24/06/2015ÉQUIPAGE RÉCOMPENSÉL’équipage du Jean Bart a reçu à titre collectif un témoignage de satisfaction du CEMA, une citation sans croix simple et la médaille de l’Outre-Mer pour sa contribution aux succès des opérations Enduring Freedom, Overlord (D-day 70), Chammal et Inherent Resolve.

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5 24/06/2015CARLESIMO SUR LA SOMME Le BCR Somme a embarqué, lors de son retour vers Brest via le canal de Kiel, six enfants gravement malades de l’association Louis Carlesimo.

6 22-26/06/2015RCMNLe Rugby Club de la Marine nationale (RCMN) remporte le championnat de France militaire de rugby pour la huitième fois en 10 ans. Il était opposé aux deux autres armées et à la Gendarmerie.

7 01/07/2015LUTTE CONTRE LE TERRORISMELe BPC Dixmude et la FLF Aconit déployés en mission Jeanne d’Arc ont été ravitaillés par le Var, navire amiral de la Combined Task Force 150 (CTF 150), qui lutte contre le terrorisme en océan Indien et en mer Rouge.

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D EPUIS LE 6 AVRIL, LA FRANCE ASSURE LE COMMANDEMENT – DEPUIS LE BCR VAR – de la Task Force 150 chargée de lutter contre le terrorisme international et les activités illégales qui parti-cipent à son financement. Fin mai, la frégate Surcouf a rejoint

le Var dans sa mission de sécurisation des espaces maritimes en océan Indien. Dans le cadre des opérations de sécurité maritime conduites par la Combined Task Force 150 en océan Indien, les deux bâtiments français entrent régulière-ment en contact avec la communauté maritime afin de recueillir du renseigne-ment d’ambiance et des informations sur les éventuels trafics dont les équipages pourraient être témoins. Le 3 juillet dernier, la frégate australienne HMAS Newcastle, qui opère actuellement au sein de la Combined Task Force 150 (CTF 150), a effectué sa sixième saisie d’héroïne à bord d’un boutre qui naviguait au large de la Tanzanie. En tout, 138 kilogrammes d’héroïne ont été saisis, pour une valeur estimée à 32 millions d’euros sur le marché européen. Au total, 1,7 tonne d’héroïne a été récupérée et détruite par les équipes de visite de la force navale multinationale depuis la prise de commandement de la force par la France en avril dernier. Ces cargaisons représentent près de 7 millions de doses individuelles, pour une valeur totale estimée à environ 418 millions d’euros sur le marché européen. La participation à la TF 150 offre également des opportunités de coopérer avec les marines alliées. Le 17 juin, le FLF Surcouf s’est entraîné avec la frégate nippone Ikazuchi. Les hélicoptères français et japonais ont réalisé des manœu-

vres en commun, effectuant notamment des séries de « Touch and Go » sur les plates-formes hélicoptère des deux bâtiments. Ces exercices interalliés sont primor-diaux pour améliorer la fluidité des manœuvres aviation entre des marines dont les procé-dures et le matériel sont parfois différents. Ces exercices permettent, d’améliorer l’interopéra-bilité de nos forces.

LE 30 JUIN, L’AVION DE PATROUILLE MARITIME ATLANTIQUE 2 (ATL2), ENGAGÉ DANS L’OPÉRA-TION CHAMMAL a été relevé par un autre avion et un nouvel équipage en provenance de la base d’aéronautique navale de Lann-Bihoué. Cette rota-tion est la 11e relève d’équipage depuis le début de l’engagement des ATL2 dans les opérations au-dessus de l’Irak au mois de septembre 2014 et la 6e relève d’avion. En effet, une rotation des appareils est planifiée après un certain nombre d’heures de vol, afin de gérer au mieux leur « potentiel utilisable ». Ces avions ont réalisé au cours de ces derniers mois de nom-breuses missions de rensei-gnement, reconnaissance et surveillance au-dessus de l’Irak. Outre ces missions, l’ATL2 réalise également des missions de recherche d’objectifs et de guidage pour les avions de chasse de la coalition.

ChammalRelève de l’Atlantique 2

Océan Indien

La France engagée dans la TF 150

dixit

le chiffre

20 000 C’est le nombre de visiteurs lors de l’événement « La Marine en escale à Lyon ».

« Quel que soit le lieu, c’est toujours le même cérémonial qui accompagne une cérémonie des couleurs : immuable, il est simple, dépouillé ; il est beau et lourd de sens. Le silence se fait et les regards convergent. Pour nous tous, qui sommes engagés au service de la défense de notre pays, les plis de notre drapeau renferment les raisons de vivre qui sont autant de raisons de s’engager pour sauver ce qui donne un sens à la vie. » Général d’armée Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, dans son ordre du jour de la 1re cérémonie des couleurs à Balard.

« Nous laissons derrière nous dix de nos grands anciens sur les murs des salons d’honneur. Ils témoigneront, depuis leur perchoir, de notre passé glorieux. Peut-être, de temps à autre, verseront-ils une larme, nostal-giques de notre présence. Mais qu’ils se rassurent, quel que soit leur port d’attache, les marins continue-ront à courir les mers pour porter haut et fièrement les couleurs de notre pays. » Amiral Bernard Rogel, chef d’état- major de la Marine, à l’occasion du départ de l’hôtel de la Marine.

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Retrouvez le récit d’une mission pendant l’opération Chammal.

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aux 8 ECUME déjà ad-mises au service actif dont 5 l’avaient été lors du SOFINS, Salon des forces spéciales qui s’est tenu à Souge et Arcachon du 14 au 16 avril. À terme, la Marine disposera de 15 ECUME.

COMMÉMORATIONMERS-EL-KEBIRLa frégate Courbet a fait escale à Oran (Algérie) les 3 et 4 juillet afin de parti-ciper aux commé-morations du 75e anni versaire de la tragédie de Mers-el-Kébir.

BH LAPLACEFIN DE MISSIONLe bâtiment hydro-graphique Laplace a achevé le 24 juin une mission de trois mois dans la Zone militaire atlantique oriental (ZMATO). Mission qui consistait en une mise à jour de cartes marines autour de deux ports : Cotonou (Bénin) et Lomé (Togo).

ASSOCIATIONFONDATION DE LA MERLe lancement de l’association pour la Fondation de la mer a eu lieu le 23 juin à l’Hôtel de la Marine à Paris. Elle œuvrera à la promotion du fait maritime. Tourner le regard vers le large, c’est le leitmotiv de Sabine Roux de Bézieux, présidente de l’association pour la Fondation de la mer : « Du fait de sa présence sur toutes les mers de la planète, la France est le seul pays du monde où le soleil ne se couche jamais. Pourvue d’une façade maritime exception-nelle, elle détient le deuxième espace maritime du monde et possède une exper-tise reconnue dans tous les domaines. La mer est l’avenir de notre pays, l’avenir de l’Europe.»

DU 24 AU 26 JUIN, UN SÉMINAIRE CONSACRÉ AUX QUESTIONS DE SÉCURITÉ ET DE SÛRETÉ DANS LE GOLFE DE GUINÉE s’est déroulé à Brest à

l’invitation de l’amiral Bernard Rogel, chef d’état-major de la Marine (CEMM).Dix-sept CEMM d’États riverains du golfe de Guinée et trois CEMM d’États européens (Danemark, Espagne et Portugal) ont participé à ce séminaire. Celui-ci portait notamment sur les actions de coopération destinées à lutter efficacement contre la piraterie, les trafics illicites et les actes de brigandage dans la zone.Ce séminaire fait suite au sommet de Yaoundé, qui avait rassemblé le 25 juin 2013 les chefs d’État de onze pays du golfe de Guinée autour des questions de sécurité et de sûreté maritime. Il constitue une nouvelle opportu-

nité de dialogue entre les différents CEMM du golfe de Guinée et permet à la Marine française de partager son savoir-faire dans le domaine de la pro-tection et de l’action de l’État en mer.

Atlantique

Séminaire des chefs d’état-major des marines riveraines du golfe de Guinée

LUNDI 6 JUILLET, LE VICE- AMIRAL D’ESCADRE EMMANUEL DE OLIVEIRA, commandant la zone maritime de l’Atlantique, a présidé la céré-monie de dissolution de la base navale de l’Adour. Il a rappelé les grandes étapes de la base navale avant de rendre hommage à tous les marins qui s’y sont succédé. À Bayonne, une antenne Marine continue de traiter les affaires transfrontalières avec les auto rités militaires de la Marine espagnole. Vendredi 3 juillet, les patrouilleurs de surveillance de site (PSS) Athos et Aramis avaient appareillé pour la dernière fois de Bayonne afin de rejoindre Cherbourg. Ils écriront un nouveau chapitre à leur his-toire, cette fois sous l’appellation de « patrouilleurs côtiers de la gendarmerie maritime ».

Base de l’AdourDissolution

BMPMHOMMAGE

Mercredi 1er juillet, le bataillon de marins-pompiers de Marseille (BMPM) a participé à une céré-monie, à bord de l’USS New York en escale à Marseille. Marins français et américains ont rendu un vibrant hommage aux 343 pompiers décédés lors des attaques contre le World Trade Center, le 11 septembre 2001.

JUMELAGELE TERRIBLE/RICMDécor surprenant : un AMX10 RC et un Véhicule blindé léger sont rangés le long du quai où est amarré Le Terrible. Le 24 juin a eu lieu à l’île Longue le jumelage entre le SNLE Le Terrible et le Régiment d’infan-terie chars de Marine (RICM) basé à Poitiers. Ce jumela ge favori-sera les échanges et per mettra à chacun une meilleure compré-hension de leur enga-gement respectif au service de la France.

FUSILIERS ET COMMANDOSARRIVÉE DE L’ÉCUME

Le 15 juin, deux nou-velles ECUME (Embar-cation commando à usage multiple et embarquable) sont arrivées sur la base des fusiliers marins et des commandos à Lorient pour une série de tests avant leur admission au service actif. Elles s’ajoutent

enbref

LE 3 JUILLET, UN AVION DE SURVEILLANCE MARITIME FALCON 50 DE LA MARINE a survolé la Méditerranée cen-trale afin de collecter du rensei-gnement sur le trafic de migrants dans la zone. Il s’agissait de la première contribution opération-nelle de la France à l’opération EUNAVFOR MED, lancée le 22 juin par l’Union européenne. Cette mission est consacrée à la surveillance et à la collecte de renseignements sur les réseaux de trafic de clandestins.

EUNAVFOR MEDVols français de renseignement

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passion marine

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L’épine dorsale de la Marine

Les frégates

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COLS BLEUS - N°2983 — 17

passion marine

La Marine met en œuvre, 365 jours par an, 24/24 h, des moyens navals sur tous les océans du globe, tout en continuant d’assurer ses missions permanentes comme la dissuasion ou la protection des intérêts de la France. Pour assurer l’ensemble des missions de haute comme de basse intensité, la Marine s’appuie sur une fl otte de surface (1) cohérente et moderne. Les frégates en sont l’épine dorsale. Naviguant isolément ou au sein d’une force (2), les frégates couvrent tout le spectre des missions de la Marine, incarnant parfaitement le leitmotiv : « Tenir longtemps, à la mer, en équipage. » DOSSIER COORDONNÉ PAR LE LV MAGALI CHAILLOU

ET STÉPHANE DUGAST

COLS BLEUS - N°3041 — 17

(1) Regroupée au sein de la Force d’action navale (FAN).(2) Task Force dans la terminologie OTAN.

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passion marine

18 — COLS BLEUS - N°3041

ALFAN

« La frégate est un outil en parfaite adéquation avec les besoins opérationnels » Placé sous l’autorité du chef d’état-major de la Marine, l’amiral commandant la Force d’action navale (ALFAN) est chargé de la préparation de la flotte à ses missions et notamment de la disponibilité du matériel et de l’entraînement. Entretien avec le vice-amiral d’escadre Philippe Coindreau.

Amiral, pourquoi dit-on que les frégates sont l’épine dorsale de la Marine ?Les frégates illustrent, à elles seules, par leur endurance et leur polyvalence, la capacité de la Marine à agir en haute mer, en tout lieu et en tout temps. Les frégates sont de toutes les missions. Il suffit de regarder le spectre des opérations aéromaritimes passées ou présentes auxquelles elles participent. Vous remarquerez que les frégates sont omnipré-sentes, capables d’évoluer aussi bien seules qu’au sein d’un groupe pour mener indiffé-remment des opérations au profit de la Force océanique stratégique que des missions de prépositionnement.Les frégates de premier rang, par leur endu-rance et leur aptitude à détecter et attaquer un adversaire dans les trois dimensions

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maritimes, jouent un rôle indispensable dans toutes les opérations majeures : projection de puissance ou de forces, couverture des opé-rations « précurseurs » comme les opérations spéciales ou de guerre des mines.

Amiral, pourquoi la Marine ne dispose-t-elle pas d’un seul et même type de frégates pour remplir ses missions, cela simplifierait tout ?Disposer d’un seul type de frégates serait une fausse bonne idée ! Pour mener l’ensemble des missions qui lui sont confiées – allant du combat au sauvetage en mer, en passant par la prévention et la projection de forces ou de puissance – la Marine dispose de frégates de différents types adaptées à la diversité des opérations à conduire.Les FAA, FDA, FREMM et FASM, frégates dites « de premier rang », offrent ainsi des capacités de combat majeures dans tous les domaines de lutte pour conduire des opéra-tions de haute intensité ou garantir la liberté d’action de nos forces navales et interarmées. Les frégates de premier rang agissent au sein d’un groupe aéronaval (GAN), d’un groupe expéditionnaire autour d’un bâtiment de projection et de commandement (BPC),

ou de manière isolée, sous menace adverse.Avec les FLF, la Marine dispose d’unités de combat qui ne sont pas aussi puissantes dans tous les domaines de lutte, mais qui lui permettent d’agir en complément des unités précédentes, que ce soit de manière isolée ou intégrée dans une force navale. D’ici quelques années, les FLF seront moder-nisées. Dotées d’un sonar, elles disposeront de capacités anti-sous-marines leur permet-tant de développer leur domaine d’action. Enfin, les FS, des unités construites aux normes civiles, permettent de durer et de se projeter loin et longtemps. Disposant d’un hélicoptère qui leur donne une excellente allonge, les FS sont parfaitement adaptées au contrôle de vastes espaces maritimes, en particulier dans les approches métro-politaines et ultra marines, et aux missions d’AEM comme la lutte contre le narcotrafic ou la piraterie.FREMM, FASM, FDA, FAA, FLF ou FS, ces différentes unités incarnent le « principe de différenciation » : chaque frégate est parfai-tement adaptée aux missions qui lui sont confiées, et ce en fonction de l’intensité des opérations à conduire.

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En termes d’emploi opérationnel, comment les frégates sont-elles mises en œuvre ?Nos frégates prouvent chaque jour leur effi-cacité opérationnelle dans leurs différentes missions, que cela soit en précurseur, au sein du groupe aéronaval (GAN) ou encore en autonomie. À titre d’illustration de la diver-sité de leurs engagements, lors de l’opération Harmattan au large de la Libye, les frégates ont fourni un appui feu et un appui en renseigne-ments importants. Elles ont plus récemment été au cœur d’opérations d’évacuation de ressortissants en Libye ou au Yémen. Citons également les FDA déployées en Méditerranée orientale dans le cadre de la crise régionale.Autre exemple, celui des FAA et des FDA qui ont assuré la défense antiaérienne des groupes aéronavals français et américain lors de l’opération Chammal.Je n’oublie pas bien sûr les FS, déployées dans les départements et les communautés d’outre-mer, ou encore les FLF. Que les frégates soient engagées sur des théâtres variés – seules ou intégrées à des forces aéronavales, en inter-armées ou interalliées –, elles comptent bon nombre d’opérations significatives à leur actif : contribution aux opérations de pro-

jection de puissance et de force, maîtrise des espaces aéromaritimes indispensable à notre liberté d’action, mais aussi lutte contre le terrorisme, lutte contre la piraterie maritime, évacuation de ressortissants, lutte contre les trafics illicites. Enfin, les frégates sont toujours mises en œuvre avec un hélicoptère embarqué, qui permet entre autres d’accroître l’allonge du bâtiment ou encore « d’éclairer » un théâtre d’opérations. Le couple frégate/hélicoptère est indissociable ! FDA, FLF, FREMM, FAA, FASM, FS… Tous ces bâtiments nous démontrent chaque jour la cohérence des moyens navals de notre Marine et que les frégates en sont bien l’épine dorsale. Qu’un SNLE parte en patrouille ou que le GAN soit déployé, les frégates sont là !

Comment la Marine gère-t-elle la compo-sante frégates au sein de laquelle naviguent des bâtiments modernes et des bâtiments d’ancienne génération ?Le défi est bien de faire coexister des frégatesanciennes – au matériel vieillissant, mais maintenu à niveau – avec des frégates de nouvelle génération, où l’optimisation impose une nouvelle organisation. Les

frégates de défense aérienne et les frégates multimissions succèdent respectivement aux frégates lance-missiles, aux frégates de types F67, F70 et aux frégates antiaériennes à l’horizon post-2020. L’arrivée échelonnée des FREMM permet de les intégrer progres-sivement au sein de la FAN. FREMM et FDA ont bénéficié de l’expérience des bâtiments précédents, dont le changement le plus concret est la maintenance facilitée. Les FDA et les FREMM ont profité des progrès tech-niques et technologiques réalisés depuis la génération antérieure. Développées dans un contexte de fortes restrictions budgétaires, ces frégates ont également été pensées en termes de conduite avec un équipage optimisé. Cette optimisation a été rendue possible grâce au développement technologique et à une forte automatisation.

Pour la FAN, que change concrètement l’arrivée des nouvelles frégates ?L’optimisation nous pousse à revoir notre organisation traditionnelle. Aujourd’hui encore sur les frégates d’ancienne génération, la formation à l’emploi repose sur le « compa-gnonnage », qui permet aux plus jeunes de se former auprès de marins plus chevronnés qui leur apprennent leur métier. Ce système n’est plus adapté aux nouvelles frégates beau-coup plus exigeantes en termes de formation à l’emploi. Les FREMM, dont l’équipage est réduit, nécessitent de fonc tionner avec un Groupe de transformation et de soutien (1) composé de marins qui viennent épauler et compléter l’équipage. Ainsi, c’est toute notre organisation qu’il faut repenser, en termes de formation à l’emploi (c’est à dire préa-lable à l’affectation), d’entraînement et de maintien en condition opérationnelle. Pour l’entraînement notamment, nous avons ainsi désormais recours à des outils plus modernes et performants, comme l’utilisation accrue de la simulation reproduisant des conditions proches du réel afin de faire acquérir rapide-ment au marin les compétences requises sur nos nouveaux bâtiments.

(1) Anciennement reachback FREMM.

1 « Tenir longtemps, à la mer, en équipage : un leitmotiv pour les marins et la vocation première de nos fré-gates », VAE Philippe Coindreau.

2 Préparation au tir d’un missile Aster au central opérations du Chevalier Paul en décembre 2014.

3 Arrêt technique de l’Aquitaine dans la base navale de Brest en février dernier.

4 Poste de manœuvre général plage avant du Chevalier Paul déployé en en Méditerranée orientale pour une mission de surveil-lance maritime.

5 Navires pratiquant jadis la « guerre de course » chère aux corsaires, les frégates sont aujourd’hui des bâtiments aptes au combat de haute intensité. Ci-contre, le CO moderne de l’Aquitaine.

Les principaux acronymes• FAA : frégate antiaérienne.• FDA : frégate de défense aérienne• FREMM : frégate multimisson • FREMM DA : frégate multimisson –

défense aérienne • FASM : frégate anti-sous-marine• FS : frégate de surveillance• FLF : frégate de type La Fayette

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Outil militaire de la haute mer, la FREMM est un bâtiment poly-valent offrant des capacités opérationnelles majeures et nouvelles. La FREMM

regroupe de nombreux systèmes d’armes et permet la mise en œuvre du missile de croisière naval (MdCN) (cf. encadré ci-contre). La présence sur zone d’une FREMM constitue un signal politique et militaire fort. La FREMM est, sur l’échiquier naval, une pièce maîtresse, capable d’être aussi bien un bâtiment d’escorte, le gardien d’un espace aéromaritime qu’un navire amiral d’une force nationale ou interalliée. La FREMM est ainsi un redoutable adversaire en mesure d’atteindre des cibles en mer comme à terre. Une capacité d’action démultipliée, c’est donc l’atout principal de la FREMM à même de remplir tout le spectre des missions aéro-maritimes. Baptisées « multimissions », les FREMM peuvent ainsi agir dans tous les domaines de lutte – anti-sous-marin, anti-aérien, antisurface, contre des objectifs à terre ou contre les menaces asymétriques –, et ce jusqu’au combat de haute intensité en haute mer ou dans la zone littorale. La FREMM remplace les frégates anti-sous- marines du type F70 ASM – dont deux, le Georges Leygues et le Dupleix, ont été désar-mées en 2014 –, ainsi que deux unités du type F67 : le Tourville et le De Grasse, retirés respectivement du service actif en 2011 et en 2013. Les actuelles FAA seront remplacées à l’horizon post-2020 par des FREMM DA offrant à la fois des capacités de lutte sous-marine, mais également des capacités renforcées de défense aérienne. Fortement armées, les FREMM sont dotées

FREMM

Les frégates du 21e siècle

de 8 missiles antinavires Exocet MM40, de missiles antiaériens Aster, de torpilles anti-sous-marines MU90 et de missiles de croisière navals (MdCN). Un système d’armes puissant et surtout complet. Taillée pour la lutte anti-sous-marine, la FREMM dispose également d’un sonar remorqué (actif et passif) de très basse fréquence, d’un sonar de coque et surtout d’une « arme » supplémentaire : l’hélicoptère Caïman Marine (NH90), arme redoutable et com-plémentaire, équipé d’un sonar, de bouées acoustiques et de torpilles. Afin de neutrali-ser la menace des sous-marins, des torpilles légères MU90 peuvent être ainsi lancées depuis le bâtiment et le Caïman. Face aux menaces aériennes, la FREMM dispose d’ex-cellentes capacités d’autodéfense apportées

par son radar Herakles, ses 16 missiles Aster 15, tirés verticalement depuis l’avant du bateau, juste derrière la tourelle du canon de 76 mm. Ce canon multirôle peut également tirer contre des objectifs à terre. Les capaci-tés de guerre électronique très développées de la FREMM lui permettent de se défendre contre les menaces missiles qu’elle pourrait rencontrer au cours de ses déploiements.Les FREMM sont donc un maillon essentiel de la stratégie navale et l’épine dorsale d’une Marine à vocation océanique. Leur endurance et leur autonomie en font un élément de premier plan pouvant « tenir la mer », comme l’ont été en leur temps les frégates de type Tourville dans les années 1970 et, vingt ans après elles, la série des La Fayette.

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FRÉGATES MULTIMISSIONSFREMM

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FASM

À cœur vaillant…Depuis 30 ans, les frégates anti- sous-marine sont une référence en la matière. Elles l’ont encore prouvé lors de leur participation à de récents exercices multinationaux (Joint Warrior, Dynamic Mangoose…). Principal atout de ces frégates : leur capacité à traiter les menaces sous-marines. Centre névral-gique de la FASM, le central opérations (CO) s’articule autour des consoles du Système d’exploitation naval des informations tactiques (SENIT) permettant notamment d’établir une situation tactique unique par collecte des informations venant des équipements de détection du bord. Une FASM dispose également de toute une pano-plie de capteurs travaillant en actif et en pas-sif, comme le DUBV 24C, un sonar de coque

sous l’étrave. Il s’agit d’un sonar actif basse fréquence très efficace lorsqu’il fonctionne simultanément avec un autre sonar, le DUBV 43C (portant jusqu’à 30 kilomètres dans des conditions optimales), sonar remor-qué à immersion variable ou VDS (Variable Depth Sonar). Outre ces moyens de détection et cet armement, les FASM disposent aussi d’une autre force : le Lynx, un hélicoptère spécialisé dans la lutte sous-marine. Complé-mentaire et efficace, malgré son âge, le Lynx excelle dans l’art de repositionner le sous- marin détecté par la frégate, de le poursuivre et de le frapper. Les FASM peuvent également assurer des missions de sûreté maritime d’une zone dans un environnement multinational dense et complexe.

1 Le La Motte-Picquet naviguant dans les eaux norvégiennes en novembre 2014 durant le déploiement Narval en Atlantique nord et dans l’océan Arctique. Une mission de connaissance-anticipation dans une région du globe à l’intérêt stratégique croissant.

2 Juillet 2014, base navale de Tripoli en Libye. Un secrétaire et l’infirmière du Montcalm vérifient les identités des ressor-tissants avant leur évacuation par embar-cations nautiques depuis la terre vers la frégate.

3 Au CO du Primauguet, le chef de quart opérations suit les manœuvres des bâtiments ennemis durant Joint Warrior, le plus grand exercice naval et amphibie OTAN en Europe, qui s’est déroulé au large de l’Écosse en avril 2015.

Embarquez à bord de la FASM Latouche-Tréville à l’occasion de l’exercice OTAN de lutte anti-sous-marine Dynamic Mangoose.

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MdCN : une nouvelle èrePremière réussie ! Le 19 mai dernier, l’Aquitaine a tiré, avec succès, un missile de croisière naval (MdCN) au large de l’île du Levant. Conçu pour frapper depuis la mer des objectifs terrestres situés dans la profondeur du territoire adverse, le MdCN est une arme redoutable, du point de vue militaire autant que dans une perspective stratégique ou diplomatique. Son domaine d’emploi est ainsi varié, allant de la simple action d’intimidation – un arsenal poin-té ostensiblement sur une menace – jusqu’à la frappe de rétorsion. Le MdCN offre également de nouvelles perspectives au CEMA, celles de pouvoir tirer un missile sans préavis et au moment voulu, facteur d’autant plus détermi-nant lorsque les zones de crise sont éloignées du territoire national ou éloignées des points d’appui français à l’étranger. Outre l’allonge qu’il offre aux FREMM (et bientôt aux sous-ma-rins de type Barracuda), le MdCN va apporter à la Marine la permanence d’une capacité de frappe en profondeur sur la plupart des objectifs potentiels.

Vivez en vidéo le tir du missile de croisière naval depuis l’Aquitaine.

1 Le 19 avril au large de Toulon, premier tir d’un missile de croi-sière naval (MdCN) depuis l’Aquitaine. Missile de dimen-sion stratégique, le MdCN confère à la France des capacités inédites en Europe en termes de frappes dans la profondeur.

2 Appontage immi-nent d’un hélicoptère Caïman Marine sur l’Aquitaine. Outre son système de combat, la frégate dispose avec cet hélicoptère de capacités opéra-tionnelles nouvelles, notamment en termes de lutte sous-marine, à la surface ou de contre-terrorisme maritime.

3 À bord de l’Aquitaine durant l’exercice Gabian en mai dernier. Neuf bâti-ments de la Marine basés à Toulon ont participé à cette manœuvre d’en-traînement mutuel

organisée tous les trimestres au profit des unités de la Force d’action navale (FAN).

4 Navires furtifs et de nouvelle généra-tion, les FREMM sont endurants et souples d’emploi, dotés d’au-tomatismes poussés et mis en œuvre par un équipage à effectif optimisé. Équipées du MdCN, elles offrent aux décideurs poli-tiques et militaires des options stratégiques supplémentaires

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FRÉGATES ANTI-SOUS-MARINESFASM

D 642 MontcalmD 643 Jean de VienneD 644 PrimauguetD 645 La Motte-PicquetD 646 Latouche-Tréville

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Les FDA Forbin et Chevalier Paul sont spécialement conçues pour la défense aérienne. Elles sont ainsi principalement chargées d’assurer la protection d’une force navale, d’un convoi ou d’une zone définie contre des avions et des missiles. Elles sont à l’aise en haute mer

pour protéger le groupe aéronaval ou dans une région littorale aux côtés d’un BPC engagé dans une opération amphibie ou une évacuation de ressortissants.Les FDA peuvent suivre le trafic aérien et coordonner toute l’activité aérienne dans de vastes espaces, et bien sûr guider des avions de combat vers leurs cibles. Pendant l’opération Harmattan en Libye, la présence à proximité des côtes des FDA s’est révélée fort précieuse, notamment pour coordonner les interventions au-dessus du sol libyen des avions ou des hélicoptères de combat.Les FDA sont également des bâtiments de guerre capables de prendre le commande-ment de la défense aérienne au sein d’une force navale interalliée en opération, mais aussi dans un dispositif interarmées de défense aérienne. Elles peuvent assurer la gestion et le contrôle de l’espace aérien d’un théâtre d’opérations, que la mission concerne de la projection de puissance ou des opérations de sauvegarde.Pour mener à bien ces missions, les FDA disposent de différents senseurs, dont un radar de veille à longue portée permettant d’établir une situation d’une exceptionnelle précision jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres. Tout en haut du mât avant se trouve également un second radar, abrité sous radôme : l’EMPAR. Ce radar sert à la détection de cibles et au guidage des missiles antiaériens Aster 15 et Aster 30. Une FDA peut contrôler un vaste espace aérien, soit

FDA

Une « bête de guerre »

l’équivalent de tout le bassin de la Méditer-ranée occidentale.Embarqués respectivement à 16 et 32 exem-plaires, ces missiles très récents ont été développés pour l’interception des menaces modernes qu’il s’agisse de missiles anti-navires supersoniques ou d’avions. D’une portée de plus de 50 km, l’Aster est en mesure de contrer des missiles assaillants très rapides, manœuvrants, à vol rasant et fort piqué final. Il s’agit d’un missile prêt à l’emploi. Tous les Aster sont, en effet, logés dans 48 cellules situées à l’avant du bâtiment dans des lanceurs verticaux. Ce concept autorise le tir en salve, permet d’éviter la manœuvre de rechargement, ainsi qu’une

éventuelle avarie de la rampe de tir des systèmes de génération précédente. Grâce à la puissance de son système de combat et d’un tel système d’armes, une FDA peut ainsi s’opposer à une attaque saturante et lancer en quelques secondes de nombreux missiles contre des cibles multiples.En matière de guerre électronique (GE), la FDA dispose là aussi de solides atouts comme des systèmes d’interception d’émis-sions radio et radar d’une rare précision et couvrant de larges spectres de fréquences. En fonction des émissions électromagné-tiques perçues, il est possible de savoir quel type de radar emploie l’adversaire, voire d’identifier précisément et instantanément le porteur. Les moyens actifs comprennent,

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FRÉGATES DE DÉFENSE AÉRIENNE FDA

D 620 ForbinD 621 Chevalier Paul

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les ondes radar… pour évoluer en toute discrétion et tromper l’ennemi, une FDA peut également compter sur sa furtivité. La signature électromagnétique et infrarouge du bâtiment a été, dès sa conception, réduite à son minimum. Au radar, une FDA longue de 153 mètres et jaugeant 7 000 tonnes peut être aisément confondue avec un inof-fensif bateau civil long de quelques dizaines de mètres seulement.Le panel des équipements des FDA comprend également un sonar d’étrave actif/passif et une antenne linéaire remorquée. Renforcées de leur hélicoptère Caïman elles sont donc,

FAA

Fidèles au posteChargées d’assurer la protection contre les menaces émanant d’aéronefs ou de missiles, les FAA ont vocation à intervenir en toute zone, dans un cadre national ou inte-rallié ou encore international au sein d’un groupe aéronaval. Ainsi, le Cassard et le Jean Bart contribuent à la protection aérienne du groupe aéronaval, devenant les « chiens de garde » du porte-avions. Les FAA peuvent également assurer la couverture antiaérienne d’un théâtre, comme à Djibouti

en 1996. Héraclès (2) en 2001 et Agapanthe en 2004 en océan Indien – Baliste en 2006 ou Harmattan en 2011 en Méditerranée –, les FAA ont joué un rôle majeur durant ces opérations, attestant de leur efficacité opérationnelle. Plus récemment, le Jean Bart s’est illustré pendant l’opération Chammal, au cours de laquelle il a assuré quatre mois durant la protection aérienne d’un porte-avions américain, le USS Carl Vinsson.

Les FAA – ci-contre le Cassard juste avant un ravitaillement à la mer (RAM) avec le PR Meuse – vont demeurer en service jusqu’en 2022, date à laquelle elles seront rempla-cées par 2 FREMM DA, des FREMM disposant à la fois de capacités de lutte sous-marine, mais également de capacités renforcées de défense aérienne.

Témoignage du CC Christophe V.

« Le cœur du métier ? les opérations ! »« Le système de combat d’une frégate de défense aérienne se décompose entre le système de direction de combat (CMS – version actuelle des SENIT), des senseurs (radar LRR (1) et conduite de tir EMPAR (1), sonar DUBV41, antenne linéaire remorquée, senseur optronique EOMS NG, guerre électronique), des armes (missiles Aster 15 et 30 (1) et MM40/3, canons de 76 mm et de 20 mm, torpilles MU90 et munitions DAGAIE) et des différents systèmes d’information et de communication (SIC21, L11, L16, Syracuse). Pour permettre la rédaction des consignes de paramétrages du système de combat avant tout départ en mission ou exercice, l’expert doit coordonner et animer les actions préventives et correctives des différents chefs de service du groupement opérations aux fins d’optimiser leurs installations, leur apporter également un soutien technique en cas de problème, en validant notamment les choix “bord” ou “industriel” faits. L’état final recherché étant de rendre, en tout temps et en tout lieu, le système de combat de la FDA pleinement disponible et opérationnel pour remplir la mission ordonnée. »

1 Avril 2014, un Caïman Marine en phase d’appontage sur le Forbin. FDA et Caïman Marine : un couple gagnant !

2 Le Chevalier Paul durant une mission en Méditerranée orientale en sep-tembre 2013. Les FDA sont des frégates aptes à affronter tout type de menaces, grâce notamment à un système de combat optimisé, fruit d’un haut niveau d’automaticité et de technicité.

3 Exercice de tirs tous calibres à bord du Chevalier

Paul en mission de surveillance en Méditerranée orientale.

4 CO du Chevalier Paul pendant un tir ASTER. Si la puis-sance de feu des FDA, grâce entre autres aux missiles Aster et Exocet, est indéniable, leur plus-value repose également sur leur capacité de détec-tion, d’identification et de classification des mobiles air/sur-face et sous-marins. Les FDA sont ainsi capables de « sanc-tuariser » un espace dans les 3 dimen-sions.

quant à eux, deux brouilleurs en mesure d’opérer sur 360°. Particulièrement puis-sants, ces équipements peuvent déstabiliser les autodirecteurs de missiles antinavires, mais aussi brouiller les radars adverses y compris en zone littorale.Superstructures inclinées, mâts pleins, plage avant dépourvue de tout appendice, niches des embarcations masquées par des rideaux, panneaux fermant les ouvertures, emploi de matériaux composites pour absorber

en matière de lutte anti-sous-marine, en mesure non seulement d’assurer leur autodéfense, mais aussi d’apporter une contribution significative à l’action conduite par une FREMM, bâtiment dont les capa-cités sont spécifiquement développées pour ce domaine de lutte tout aussi pointu et exigeant que la défense aérienne.

(1) Élément constitutif du système PAAMS (Principal Anti Air Missile System).(2) Opération entérinée le lendemain du 11 septembre 2001 et menée par la Marine nationale, via son groupe aéronaval (GAN), visant à appuyer depuis la mer la lutte contre le terrorisme et les talibans en Afghanistan.

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FRÉGATES ANTIAÉRIENNESFAA

D 614 CassardD 615 Jean Bart

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Dès leur conception dans les années 1990, les FLF ont été pensées en termes de réduction de la vulnérabilité et de furtivité. Celle-ci se traduit dans l’archi-tecture du bâtiment, constitué de formes

simples et planes, offrant un minimum d’angles aux ondes radar. Pour ce faire, les concepteurs ont utilisé au maximum des surfaces planes et une forme globalement convexe. De petits détails pouvant augmen-ter significativement la signature radar, les embarcations annexes ont ainsi été cachées derrière des rideaux. Même discrétion concernant les antennes des différents systèmes de détection et de communication, qui sont camouflées et protégées grâce à des réflecteurs sur le mât. Parce que les maté-riaux composites ne réfléchissent peu ou pas les ondes radar, une grande partie des superstructures de ces frégates a été construite en composite verre-résine, une matière absorbant les ondes radar. Puisque la chaleur émise est visible dans l’infrarouge, les matériaux utilisés sont également de bons isolants thermiques et les fluides chauds sont dilués avant d’être expulsés. Un grand soin a également été apporté à la réduction de la signature acoustique du bâtiment comme réponse à l’amélioration des dispositifs

FLF

Tous terrains

d’écoute des sous-marins. L’armement des FLF est essentiellement antinavire. Son principal système d’armes est le missile Exocet. La FLF est également parfaitement adaptée à la mise en œuvre de l’hélicoptère Panther standard 2 avec lequel elle forme un couple redoutable. Autant d’atouts qui ont permis aux FLF de jouer un rôle majeur en opérations. La mission Héraclès en 2002,

« Regarder plus intensément »« Vous savez, la FLF, c’est un bâtiment à part, surtout pour un bosco. La mise à l’eau des embarcations y est plus facile, plus rapide et s’effectue quelles que soient les conditions de mer. C’est un plus par rapport à des bâtiments d’ancienne génération. Du fait de leur furtivité, les plages avant et arrière sont, en revanche, couvertes. Cela oblige le bosco à beaucoup marcher pendant les manœuvres d’accostage, d’appareillage ou de remorquage ! Car il faut passer vite d’un bord à l’autre, passer la tête par le sabord et constamment jauger. Cette configuration oblige à mieux regarder, ou plutôt à regarder plus intensément. » Maître Jonathan, bosco sur le Courbet

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1 Plus de 20 ans après leur conception, les FLF demeurent des bâtiments modernes. Elles seront prochaine-ment modernisées et gagneront des capa-cités notamment dans le domaine de la lutte anti-sous-marine.

2 L’artillerie d’une FLF se compose d’un canon de 100 mm appelé 100 TR (100 mm Technologie rénovée). Une FLF est également armée de missiles Crotale naval 2.

3 Les FLF peuvent mener des missions à vocation humanitaire, mais aussi des missions au profit des opérations spéciales grâce à l’automatisation poussée de la mise à l’eau ou de la récupération d’embarcations légères. Ci-contre, les essais de l’embar-cation ECUME de la FORFUSCO avec le Courbet.

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Enduring Freedom 2006, Baliste 2006-2007, Atalante en 2008 ou Harmattan en 2011… Des opérations durant lesquelles les FLF ont montré leur performance et leur polyva-lence. Fréquemment déployées outre-mer, en Méditerranée orientale ou en océan Indien, les FLF peuvent opérer indépen-damment en faisant preuve d’endurance, grâce à leur large autonomie.

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FRÉGATES TYPE LA FAYETTEFLF

F 710 La FayetteF 711 SurcoufF 712 CourbetF 713 AconitF 714 Guépratte

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COLS BLEUS - N°3041 — 25

passion marine

Les frégates de surveillance se voient confier de nombreuses missions grâce à leur capacité à surveiller, à renseigner ou à s’opposer à un élément per-turbateur. Des qualités opé-rationnelles qui permettent aux FS de largement s’im-pliquer dans des opérations de surveillance de pêches en

zone économique exclusive (ZEE) ou dans des opérations de lutte contre les narcotra-fiquants, comme l’attestent les opérations de narcops menées au large des Antilles. Souples d’emploi et également aptes à mener des missions de mise à terre d’éléments d’intervention ou encore adaptées pour réa-liser des évacuations de ressortissants, les FS sont basées outre-mer : à la Réunion, en Polynésie, aux Antilles et en Nouvelle- Calédonie. Des ports-bases depuis lesquels elles se déploient afin de renforcer la sécu-rité dans les zones françaises outre-mer et dans les zones maritimes voisines. Autant de caractéristiques et d’atouts opérationnels faisant dire à un ancien commandant de FS : « La FS est, par excellence, un bâtiment corsaire ! Agissant souvent seule et dans des zones éloignées, travaillant en forte autonomie et parfois jusqu’à ses limites opé-rationnelles, la FS est un bâtiment corsaire chassant les “contrebandiers” d’aujourd’hui : les go-fast comme les slow-movers .»

FS

L’âme corsaire

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1 Les FS – ci-contre le Germinal en mer des Antilles – répondent d’abord à un double besoin opérationnel : le contrôle de vastes espaces maritimes éloignés de la métropole sur les-quels la France étend sa souverai-neté, ainsi que l’action en zone de crise.

2 Février 2015, retour du Ventôse après une mission de lutte contre le narcotrafic en mer des Antilles. Les marins ont inter-cepté un voilier qui s’apprêtait à traverser l’océan Atlantique en direction de la métropole. Lors de sa fouille, 86 kg de cocaïne ont été découverts, repré-sentant une valeur estimée à 2,7 millions d’euros sur le marché européen.

3 Pour venir en aide aux victimes du cyclone Pam qui a frappé durement le Vanuatu le 13 mars dernier (avec des rafales dépassant les 320 km/h et environ 166 000 personnes affectées sur 22 des 80 îles de l’archipel), le Vendémiaire a appareillé le 18 mars depuis Nouméa en Nouvelle-Calédonie avec 30 tonnes de fret humanitaire de la Croix Rouge et de l’ONG Solidarité Tanna. L’Alouette III et le Puma de l’armée de l’Air embarqués à bord du Vendémaire, ont permis d’accéder sur zone à des lieux isolés et difficiles d’accès.

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FRÉGATES DE SURVEILLANCEFS

F 730 FloréalF 731 PrairialF 732 NivôseF 733 VentôseF 734 VendémiaireF 735 Germinal

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Déménagements de l’écheloncentral de la MarineQui va où?Les déménagements de l’état-major de la Marine s’inscrivent dans le processus global de modernisation du ministère de la Défense. En facilitant les synergies, la colocalisation à Balard des armées, services et directions permettra le renforcement de l’efficacité globale du ministère. Pour la Marine, « l’enjeu est de conserver l’efficacité de notre système qui, aujourd’hui, fonctionne remarquablement (1) ».

(1) Vice-amiral d’escadre Arnaud de Tarlé, major général de la Marine, Cols bleus – juin 2015

BalardAntoine Jérôme Balard est un chimiste(1802-1876). On lui doit la découverte du brome, corps simple métalloïde qu’il parvient à isoler et pour lequel il trouva de nombreuses applications dans les domaines scientifiques et industriels.

RUE DE LA PORTE D’ISSY

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BOULEVARD PÉRIPHÉRIQUE

BOULEVARD PÉRIPHÉRIQ

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Balard ouestChef d’état-major de la Marine (CEMM)

État-major de la Marine (EMM)

État-major des opérations (EMO)Centre opérationnel

de la fonction garde-côtes (CoFGC)

Inspection Marine nationale (IMN) Direction du personnel

militaire de la Marine (DPMM) :- Sous-direction études et politique des ressources humaines (SDEPRH)

composée des bureaux :• Politique des ressources humaines

(PRH)• Personnel civil (PC)

• Effectifs militaires (EFF)• Pilotage de la masse salariale (PMS)

• Condition du personnel de la Marine (CPM)

• Finances (PM/FIN)

Service d’information et de relations publiques de la Marine (SIRPA-M)

Balard estDivision Plans programmes (PP)Équipe de marque technique aéronef (EMTA)Centre de pilotage des systèmes d’information de la Marine (CPSIM)Service de soutien de la flotte (SSF)

Service d’information et de relations publiques de la Marine (SIRPA-M)

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focus

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Paris

Paris

DPMM Tours Adjoint au directeur (ADIR)

Sous-direction gestion du personnel (SDG)Personnel militaire officier (PM1)

Équipages de la flotte et marins des ports (PM2)

Bureau écoles et formation (FORM)Droits financiers Individuels (DFI)

Bureau système d’information des ressources humaines (BSIRH)

Réglementation générale et des affaires juridiques (PM/JUR)

Condition du personnel de la Marine / entraînement physique

militaire et sportif (CPM/EPMS) Cellule Validation des acquis

de l’expérience (Cellule VAE)

Hôtel de la MarineL’hôtel de la Marine fut construit et aménagé par Jacques Ange Gabriel, de 1757 à 1774, pour Louis XV, avec son monumental péristyle à colonnade sur la place Louis XV aujourd’hui place de la Concorde, à Paris. Il sera conservé dans le patrimoine de l’État et géré par le Centre des monuments nationaux (CMN).

Fort de VincennesDirection du personnel militaire de la Marine (DPMM) :- Service de recrutement de la Marine (SRM)- Service de psychologie de la Marine (SPM)- Centre d’évaluation du personnel de

la Marine (CEPM)- Antenne pour l’emploi des réservistes (APER)- Aumôniers- Habillement

École militaireCommandement d’arrondissement maritime de Paris (COMAR PARIS)

Centre d’études stratégiques de la Marine (CESM)Service commun des

cercles et foyers (SCCF)Commission de patrimoine

de la Marine (CPMAR)

Balard

Rue de Presles Association pour le développement des oeuvres sociales de la Marine (ADOSM)

InvalidesCellule marine bulletins officiels (CMBO)Cellule d’aide aux blessés et d’assistance aux familles de la Marine (CABAM)

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Vincennes

Tours

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rencontre

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COLS BLEUS : Amiral, 300 personnes servent au sein du commandement maritime de l’OTAN, quelles sont leurs missions ?VAE BRUNO PAULMIER : Point focal de l’action maritime de l’Alliance, MARCOM est chargé de la planification, du contrôle opérationnel, de la conduite et de l’évalua-tion des opérations de l’OTAN et de toutes les phases maritimes des exercices de l’OTAN. Pour cela, un centre opérationnel (où sont actuellement affectés cinq marins français) est armé, 24 h sur 24, notamment par des représentants du NATO Shipping Center (interlocuteur OTAN de la com-munauté maritime) et des spécialistes des composantes aéronavales et sous-marines.Cette permanence opérationnelle permet de commander les quatre groupes de forces de réaction rapide déployés en permanence sous la bannière OTAN (deux groupes maritimes et deux groupes de guerre des mines) et les deux opérations maritimes de l’OTAN, de lutte contre la piraterie dans l’océan Indien (Ocean Shield) et de lutte contre le terrorisme en Méditerranée (Active Endeavour).MARCOM cherche aussi à favoriser toutes

Le VAE Bruno Paulmier est le « deputy commander » ou commandant adjoint du commandement maritime (MARCOM) de l’OTAN depuis septembre 2014 basé à Northwood ; il est aussi le marin français le plus gradé dans l’Alliance atlantique. Pour Cols bleus, il revient sur le rôle de cet état-major, les marins français qui y sont affectés et l’expansion de la place du maritime dans l’Alliance.

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« MARCOM est chargé de la planification, du contrôle opérationnel, de la conduite et de l’évaluation des opérations maritimes de l’OTAN » VAE Bruno Paulmier, « deputy commander » du commandement maritime de l’OTAN

les occasions d’interaction entre ses forces navales et les navires déployés sous contrôle opérationnel national. Il organise ainsi de nombreux entraînements. Dynamic Mangoose, organisé par MARCOM en mai dernier a permis à des sous-marins allemands, norvégiens, suédois et américains et à 13 navires de surface canadiens, allemands, français, néerlandais, norvégiens, polonais, espagnols, turcs, britanniques et américains, ainsi qu’à des avions de patrouille maritime français et allemands de s’entraîner à la lutte anti-sous-marine et antisurface au large de la Norvège.En juin dernier, les manœuvres BALTOPS, qui étaient orientées autour de la défense de cette région stratégique qu’est la Baltique, ont fortement accru le niveau d’interopéra-bilité des 49 navires, des aéronefs de 17 pays (dont 14 pays membres de l’OTAN) et des 5 600 soldats déployés. Le BCR Somme et le CMT Éridan ont ainsi intégré un dispo-sitif naval qui a conduit un assaut amphibie, commandé depuis le navire britannique HMS Ocean et le bâtiment américain USS San Antonio, au nord de la Pologne.

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rencontre

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COLS BLEUS : MARCOM vient de déclarer sa pleine capacité opérationnelle, que cela signifie-t-il ?VAE B. P. : Le commandant suprême des opérations de l’OTAN (SACEUR) vient de certifier la pleine capacité opérationnelle de MARCOM. Cette qualification vient recon-naître son aptitude à conduire l’ensemble des opérations prévues au sommet de Chicago. Il s’agit, en particulier, d’assurer le comman-dement d’une opération multinationale interarmées à forte composante maritime.

COLS BLEUS : Le plan de réactivité revient souvent dans les discours des autorités de l’Alliance. De quoi s’agit-il ? Quel en est l’impact maritime ?VAE B. P. : Tous ces exercices constituent, pour les forces alliées, des occasions excep-tionnelles de s’entraîner ensemble et de mettre en œuvre des procédures, protocoles et tactiques standardisés. Ces expériences partagées d’interopérabilité permettent de se déployer et d’opérer ensemble, à court préavis, lors de crises réelles comme lors de l’opération Unified Protector au large de la Libye en 2011.C’est bien l’état d’esprit du plan d’action réactivité (Readiness Action Plan – RAP), décidé lors du sommet de Newport en septembre 2014. Il prévoit le développement en continu de l’interopérabilité au sein des marines de l’OTAN et avec les partenaires. Dans le domaine maritime en particulier, le

Cette proposition française a été bien accueillie et l’OTAN va maintenant étudier comment se l’approprier.

COLS BLEUS : Quel regard portez-vous sur le contingent français de MARCOM ?VAE B. P. : Force est de constater la mécon-naissance au sein de la Marine de l’apport des marins français aux états-majors de l’OTAN. De cette première année au sein de l’Alliance, je retiens le très grand profes-sionnalisme des militaires français affectés à MARCOM. Leur investissement est d’ailleurs reconnu et fortement apprécié, en particulier dans certains domaines opéra-tionnels peu répandus au sein des nations maritimes de l’Alliance. La France en retire une influence importante sur les méthodes et les savoir-faire mis en œuvre par l’OTAN.

but est de faciliter une transition des opéra-tions de temps de paix à la réponse crédible aux crises potentielles futures.La prochaine étape de ce processus est Trident Juncture 2015 qui se déroulera à l’automne prochain – en Méditerranée occidentale, dans le détroit de Gibraltar et au large du Portugal pour les phases maritimes – et impliquera plus de 25 000 militaires, 70 bâtiments de surface, 8 sous-marins et de nombreux aéronefs dont une dizaine d’avions de patrouille maritime.

COLS BLEUS : Le ministre de la Défense vient d’annoncer une initiative française pour la stratégie maritime de l’Alliance, quel impact pour le maritime dans l’Alliance ?VAE B. P. : Le ministre a tout récemment annoncé un projet maritime français « qui pourrait répondre à de nombreux besoins alliés identifiés dans le plan de réactivité et la stratégie maritime de l’Alliance ». Ce projet cherche l’optimisation et la valorisation des moyens existants au sein de l’Alliance : il vise notamment à améliorer la connaissance de la situation maritime ; renforcer la présence dissuasive et la réactivité des marines alliées ; améliorer leur interopérabilité ; renforcer les relations avec les différents partenaires ou les autres grandes organisations internationales. Pour ce qui est de l’Union européenne, il faut toujours rappeler que 22 de ses 28 États membres sont également des nations de l’OTAN.

Le Latouche-Tréville, la Somme et un Atlantique 2 ont participé à Dynamic Mangoose au large de la Norvège.

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MT Sébastien N., staff assistant administration, division opérations, MARCOM« Cette fonction correspondrait à celle d’un secré-taire de division dans un état-major français. Je travaille au profit de toute la division auprès d’un capitaine de vaisseau turc. Mon but est de faire en sorte que les problèmes administratifs, logistiques et financiers (budget missions) n’entravent pas l’accomplissement de nos missions.À mes yeux, l’intérêt premier de mon poste est le travail dans un environnement vraiment interna-tional. Je côtoie au quotidien pas moins de 8 nationalités ; mon anglais ne peut donc être que meilleur ! Je suis particulièrement satisfait par le fait d’être acteur, à mon niveau, des opérations maritimes de l’OTAN. Arrivé en août 2013, j’ai rapide-ment pris mes marques au sein de MARCOM et ai bénéficié d’un excellent accueil, tant au sein de la division que dans la communauté française. Côté personnel et professionnel, deux mois après mon arrivée, j’ai fait partie de l’équipe “management de l’information” lors de l’exercice Brillant Mariner 2013. Je dois avouer avoir été très fier d’avoir été félicité pour ma participation. »

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Planète mer

La renaissance des forteresses navales

Fort Boyard évoque aujourd’hui le père Fouras, Passe-Partout… Tout sauf une forteresse navale. C’est pourtant ce qu’il a failli être avant que l’évolution de l’artillerie ne le condamne à devenir une prison, puis un site de tournage. L’idée d’une installation militaire défensive, bâtie en pleine mer pour éloigner la menace du littoral, a traversé les siècles et, passé une période d’oubli, retrouve de nos jours une nouvelle jeunesse.

Les premières forteresses navales naissent en France à partir du XVIe siècle. Ces ouvrages sont le fruit d’un État fort ayant les moyens d’engager de telles constructions pour protéger les ports et passages mari-times sensibles. Bénéficiant des progrès

de l’artillerie, Vauban et ses successeurs choisissent les lieux appropriés à la construc-tion d’installations couvrant les sorties des rades ou arsenaux afin de lutter contre les menaces hollandaises ou anglaises. Loin d’être une spécificité française, les for-

teresses navales ont traversé les frontières, se retrouvant en Suède à Göteborg, en Allemagne à Heligoland, en Norvège à Oscarsborg et même aux États-Unis sur la côte est. Les progrès techniques, notam-ment dans l’artillerie et la mobilité des bâti-ments, ont conduit à leur déclin progressif. L’inanité d’un système avancé rassemblant plusieurs forteresses navales américaines à Corregidor, aux Philippines, face à l’invasion japonaise, marque symbolique-ment leur abandon en Occident, celui-ci devenant effectif dès la fin de la Seconde Guerre mondiale.

LES FORTERESSES NAVALES IRANIENNESDe nos jours, les forteresses navales semblent retrouver un nouvel élan. Les îles fortifiées du détroit d’Ormuz s’inscrivent ainsi dans la volonté de Téhéran de sécuriser ce passage stratégique, pour les exportations mondiales de pétrole et de gaz comme pour la sécurité nationale. Les forteresses navales des îles de Qeshm, de Larak, de Sirri, d’Abou Moussa et des Petite et Grande Tonb ont été confiées aux Gardiens de la Révolution (Pasdarans), lesquels peuvent y déployer jusqu’à 20 000 hommes et 1 500 embarcations. Les forces navales

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Planète mer

iraniennes veulent, grâce à ces infrastructures, tenter de dévier l’accès à une force aéronavale hostile en lui infl igeant de lourdes pertes en comparaison des moyens déployés.

LES FORTERESSES NAVALES CHINOISESEn mer de Chine méridionale, le concept de forteresse navale dépasse le cadre tradi-tionnel hérité des doctrines occidentales de défense pour prendre des proportions dont les conséquences sont inédites : les pays de la région emploient cet instrument pour occu-per des îles disputées et imposer de facto une souveraineté contestée de jure. Les premières forteresses navales taïwanaises et chinoises sont apparues sur les îles du détroit de Taïwan et sur l’archipel des Paracels au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Dans l’archipel des Spratleys, les progrès techniques et le désir d’asseoir une souverai-neté largement contestée ont créé une course à l’édifi cation de forteresses navales sur des récifs longtemps impropres à toute construc-tion permanente. Dans cette course, la république populaire de Chine a rapidement dépassé ses concurrents taïwanais, viet-namiens, malais et philippins. Après avoir enlevé plusieurs récifs par la force et établi

des garnisons dans des cabanes construites sur pilotis, Pékin a entrepris, dès la fi n des années 1980, la construction de structures militaires permanentes disposant de moyens de détection performants.Les forteresses navales de la zone sont aujourd’hui devenues bien plus que des ins-truments militaires défensifs. Elles appuient manu militari les ambitions chinoises dans les Spratleys, poussières d’îles stratégiques autant pour leur position au cœur du trafi c maritime de la zone que pour les richesses halieutiques à proximité. La Chine a ainsi poursuivi dès 2014 des travaux destinés à transformer les sept récifs qu’elle occupe en véritables îles artifi cielles. Les images aériennes en libre accès révèlent l’ampleur des aménagements en cours, les petites plates-formes d’origine devenant de véritables points d’appui capables d’accueil-lir une forte garnison avec des infrastruc-tures facilitant leur ravitaillement. Cette poldérisation (1) s’inscrit dans la volonté de Pékin de légitimer ses revendications mari-times, la fameuse « ligne en neuf traits », en cherchant à faire d’îlots recouverts à marée haute – qui ne peuvent bénéfi cier d’une zone économique exclusive (ZEE) – de véritables

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LégendeÎles et récifs occupés par :

Capitale d’ÉtatCapitale provincialeAutre ville d’importance

Frontière

Couloir maritime

Terminal pétrolier

Aéroport militaire

Base navale

Forteresses navalesiraniennes

Territoires occupéspar l’Iran dont la souveraineté est revendiquée par les Émirats arabes unis

IRAN

ÉMIRATS ARABESUNIS

DubaïSharjah

Fujaïrah

Abu Dhabi

Umm al Qaywayn

Ra’s al Khaymah

Qeshm

Subi Reef

Gaven Reef

Hauts-fondsForteresses navaleschinoises en coursde poldérisation

Vietnam

Malaisie

Taïwan

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îles au sens de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) (2). Toutefois, ces demandes ont peu de chance d’aboutir, car la CNUDM n’accorde pas de ZEE aux îles artifi cielles.

LES FORTERESSES NAVALES DU XXIE SIÈCLELa forteresse navale connaît un incontestable renouveau en Asie avec une utilisation qui peut être « classique », comme en Iran, ou sortir d’une simple conception défensive pour deve-nir un véritable outil de souveraineté, comme en Chine. À l’inverse, les fl ottes occidentales, dotées de moyens modernes adaptables à des menaces protéiformes, ont clairement délaissé cet outil malgré de rares tentatives récentes : les États-Unis ont mis au point, puis laissé sans suite, une plate-forme radar fl ottante mobile (le Sea-based X-band Radar, dit « SBX-1 »), et Israël a envisagé, puis écarté, l’idée d’armer ses plates-formes pétrolières en Méditerranée.

VINCENT JAYER, ASSISTANT DE RECHERCHE AU CENTRE D’ÉTUDES STRATÉGIQUES DE LA MARINE

(1) Poldérisation : conquête de terres sur la mer ou les zones humides par endiguement, remblaiement et assèchement.(2) La CNUDM énonce dans son article 121 paragraphe 1 qu’« une île est une étendue naturelle de terre entourée d’eau qui reste découverte à marée haute ».

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vie des unités

32 — COLS BLEUS - N°3041

Siroco 16 ans d’opérationsGriffin Rise La CJEF en mouvementÉvénement La Marine fait escale à Lyon

Admis au service actif le 21 décem-bre 1998, le transport de chalands de débarquement

(TCD) Siroco a pris sa retraite, après 16 années bien remplies. Comptabilisant en moyenne cinq à six mois d’absence de son port-base par an, il a conduit, sur toutes les mers, des missions de tous types : opérations amphibies et aéromobiles, son cœur de métier, mais également évacuation de ressortissants, transport opérationnel et assistance humanitaire. Retour sur 10 temps forts d’une carrière exceptionnelle. • 20 janvier 1999. Un mois après son admission au service actif, le Siroco part pour sa première opération Corymbe en Afrique de l’Ouest. Cette opération devient sa mission de prédi-lection puisque, en 16 ans de service, il a été déployé dix fois en Corymbe.• Juin 1999. Mission Trident (Kosovo). Le bâtiment transporte entre Toulon et Thessalonique (Grèce) un escadron de chars Leclerc et des soldats de la légion étrangère, de l’infanterie de Marine et de la gendarmerie qui participent à la force armée multinationale OTAN KFOR. Ses capacités font de lui un vecteur efficace pour les missions de transport opérationnel.• 17 septembre 1999. Le Siroco appa-reille en urgence en direction du Timor oriental dans le cadre de l’opération Santal qui vient d’être déclenchée. Il apporte un soutien humanitaire et logistique au profit de la Force internationale pour le Timor oriental. Son hôpital embarqué lui permet

d’apporter une assistance essentielle aux populations locales.• 8 février – 4 mars 2003. Dans le cadre de l’opération Licorne en Côte-d’Ivoire, le Siroco déploie des éléments de l’armée de Terre à Abidjan afin d’appuyer les forces déjà présentes. • Juillet – août 2006. Opération Baliste au Liban. Au total, 13 000 ressortis-sants ont été évacués par voie aérienne et maritime. Le Siroco met en œuvre ses hélicoptères lourds et sa batellerie afin de livrer du fret, d’assurer plu-sieurs opérations de débarquement, ainsi que l’hospitalisation et les soins aux blessés.• Janvier – mars 2010. À la suite du tremblement de terre qui a secoué Haïti, le Siroco est dépêché pour venir en aide à la population. Après avoir chargé du fret, des hommes et des véhicules, le Siroco utilise ses moyens amphibies et aériens pour débarquer son aide. Ses marins prêtent ensuite main forte aux organisations humani-taires et le Siroco traite les blessés grâce à son hôpital embarqué.• Décembre 2013 – avril 2014. Commandement français de l’opéra-

Siroco

16 ans d’opérations

tion Atalante, assuré depuis le Siroco. Neuf nationalités et plus de trente personnes composent alors l’état-major de la Task Force 465, commandée par le CA Hervé Bléjean, à bord du Siroco. • Novembre – décembre 2014. Le Siroco participe à l’opération Chammal, en convoyant des pièces de rechange et des munitions pour les aéronefs déployés.• Février – mai 2015. Le Siroco effectue sa dernière mission Corymbe. Celle-ci a été marquée notamment par la conduite d’entraînements communs menés par le Siroco et le Commandant Bouan avec les marines européennes patrouil lant dans le golfe de Guinée. Le Siroco a également accueilli plus de soixante-dix élèves de l’École nationale à vocation régionale de Bata pour une corvette d’instruction de dix jours.• 7 juillet 2015. Le Siroco est retiré du service actif et passe « en complément ».

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ET APRÈS ? Pour rallier le format de la flotte amphibie défini par le Livre blanc et la loi de program-mation militaire, le désarmement du Siroco, prévu en 2028, a été avancé en juillet 2015. Compte tenu de son âge et de son potentiel opéra-tionnel, le Siroco a été proposé à la vente à des ma-rines étrangères. Dès cet été, le bâtiment sera mis en configuration de cession avec le débarquement de certains maté-riels, mais restera « safe to sail ». Un nouveau pavillon devrait permettre au Siroco de pour-suivre sous un autre nom des missions opérationnelles.

Le Siroco rentre à Toulon après sa dixième et dernière mission Corymbe en avril 2015.

En janvier 2010, à la suite du tremblement de terre en Haïti, un blessé haïtien est pris en charge par l’équipe médicale du Siroco.

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vie des unités

COLS BLEUS - N°3041 — 33

Du 3 au 17 juin, la France et la Grande-Bretagne ont conduit conjointement l’entraînement

Griffin Rise, visant à l’établissement d’une force expéditionnaire inter-armées franco-britannique (Combined Joint Expeditionary Force – CJEF) à l’horizon 2016. La CJEF est une force bilatérale non permanente, qui peut être déployée dans l’urgence pour une durée maximum de 90 jours. Griffin Rise est une des étapes majeures dans la montée en puissance de cette force, dont la création est inscrite dans la feuille de route issue de la signature des accords de Lancaster House entre les deux pays en 2010. Depuis, les forces armées des deux pays ont organisé chaque année un exercice, dans le cadre de la montée en puissance de la CJEF.

PLANIFIER ET CONDUIRE UNE OPÉRATION MAJEUREGriffin Rise a pour sa part permis de vérifier la capacité des états-majors binationaux à planifier et conduire une opération majeure engageant cette force. Dans l’entraînement, en l’absence de solution diplomatique et alors que leurs intérêts stratégiques et la sécurité de leurs ressortissants sont menacés, la France et le Royaume-Uni décident d’engager la CJEF en précurseur d’une force de l’OTAN. S’appuyant sur le déploie-ment fictif d’une force, cinq états- majors ont simultanément armé les différents postes de commandement, répartis entre le poste central et les commandements terrestres et aériens en France, ainsi que la composante maritime, déployée réellement à bord du HMS Ocean en mer Baltique. Au total, ce sont près de 1 200 personnes, dont 700 militaires français, qui ont pris part à Griffin Rise.À bord du HMS Ocean, une trentaine de marins de l’état-major de la Force aéromaritime de réaction rapide (FRMARFOR) ont été intégrés au battlestaff du contingent britannique. Auprès de leurs homologues, ils ont occupé toutes les cellules de

Griffin Rise

La CJEF en mouvement

InterviewRear Admiral Tony RadakinCOMUKMARFOR

Amiral, pourquoi un tel rapproche-ment entre nos deux marines ? Français et Britan-niques partagent une histoire com-mune parsemée de rivalité en haute mer entre deux marines de très bon niveau. Nous avons construit à partir de ces anciennes querelles une ambi-tion qui nous anime et nous réunit ce jour : l’ambition de deux puissances

équivalentes qui partagent des inté-rêts et des valeurs, et décident de les défendre ensemble. Il ne s’agit d’ailleurs pas seulement d’additionner nos moyens humains et matériels, mais de démultiplier leurs effets. C’est tout l’esprit du traité de Lancaster House, côte à côte, Fran-çais et Britanniques prennent l’enga-gement commun d’une coopération

militaire bilatérale accrue, conduisant à la création d’une force expédition-naire interarmées et interalliée. Par ailleurs, la Royal Navy disposera bientôt à nouveau d’un porte-avions : les Français nous font donc bénéficier de toute leur exper-tise en ce domaine, qui nous sera précieuse lorsque le bâtiment sera admis au service actif.

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Les états-majors français et britannique sur le pont d’envol du HMS Ocean.

l’état-major, sous le commandement du rear admiral Tony Radakin, commandant de l’UKMARFOR. À ses côtés, son bras droit français, le capitaine de vaisseau Jean-Michel Martinet témoigne : « J’étais chargé de conseiller l’amiral sur l’emploi des forces maritimes et aéronavales françaises. Je lui ai apporté mon expérience sur les capacités des moyens français afin d’optimiser leur emploi et de faciliter la coordination entre nos forces. Ensemble, nous prenons acte des marges de progrès afin de renforcer notre interopérabilité. Nos sensibilités sont complémentaires, et cela n’est que plus profitable à la conduite de l’action. » Griffin Rise aura non seulement éprouvé la chaîne de commandement de la CJEF, mais il aura surtout permis, dans le scénario, de conduire une action

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Quelles perspectives offre Griffin Rise ?Griffin Rise est une nouvelle pierre à l’édifice que nous bâtissons ensemble, qui permettra à terme de disposer d’une véritable force bilatérale capable d’intervenir en précurseur d’une force multinatio-nale, dont l’OTAN. La Grande- Bretagne pourra donc prendre le commande-ment de cette

force composée d’unités françaises et britanniques, et vice-versa. Déployer simultanément autant de moyens serait parfaitement impossible si nous le faisions seuls. Au-delà de Griffin Rise, il s’agit de notre capacité à peser ensemble sur la scène interna-tionale.

majeure et déterminante pour défendre des intérêts communs. Un rendez-vous est d’ores et déjà pris en 2016 entre les deux marines, qui seront cette fois déployées à l’échelle d’une force interarmées pour la prochaine et ultime étape : Griffin Strike.

LV MAGALI CHAILLOU

L’amiral Radakin, le capitaine de vaisseau Martinet et leur état-major planifient l’opéra-tion de débarque-ment des troupes.

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vie des unités

Événement

La Marine fait escale à Lyon

Comme chaque année depuis 2011, la Marine a « fait escale » dans une grande ville française,

pour présenter ses missions et faire partager son esprit d’équipage à des Français installés loin des côtes et des ports militaires. Après Cahors, Besançon, Nancy et Rennes, l’édition 2015 a été organisée à Lyon, du 26 au 28 juin 2015, dans le quartier de Confluence, où se rejoignent Saône et Rhône. La Marine a souhaité ainsi aller à la rencontre des Lyonnais sur ces terres éloignées du littoral. Au-delà de la pré-sentation de ses missions, la Marine était aussi là pour faire connaître ses métiers et susciter des vocations. Ainsi, une vaste palette de métiers dans des domaines très différents a été présentée aux parti-cipants. Ce fut l’occasion de rappeler que la Marine recrute et forme chaque année 3 000 jeunes de 16 à 29 ans, de la 3e à Bac+5. En complément des nombreuses démonstrations proposées (treuillage d’un naufragé par un hélicoptère Dauphin, initiation aux techniques de combat rapproché par le groupement de fusiliers marins de Toulon, sauvetage aquatique avec le bataillon de marins pompiers de Marseille…), le village était organisé en différents stands : un pôle « Interactif » présentant des ateliers pour les enfants, un simulateur de navigation, une exposition et le jeu « Connaissez- vous la Marine ? » ; un pôle « Forces » présentant sous forme d’ateliers ou d’expositions les différentes unités de la Marine (sous-mariniers, fusiliers…) ; et un pôle « Recrutement » avec les marins du Centre d’information et de recrute-ment des forces armées (CIRFA) et de la préparation militaire Marine de Lyon.

ASP PAGUIEL KOHLER

1 Cérémonie militaire avec les stagiaires des préparations militaires Marine de Villefranche- sur-Saône et de Lyon.

2 Les plongeurs démineurs de Méditerranée et la CEPHISMER ont organisé des baptêmes de plon-gée pour les petits et les grands.

3 Sur le stand « Enfants », des séances photo étaient organisées afin de garder un souvenir « Marine » de cet événement.

4 Le bagad de Lann-Bihoué, symbole de l’univers maritime, était présent pour participer à l’ani-mation du village, accompagnant par diverses aubades les acti-vités du week-end.

5 Le groupe-ment de fusiliers marins de Toulon a organisé des démonstrations de techniques de combat rapproché.

6 Démonstration à la lance à incendie animée par le BMPM.

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Servir sur FREMM

Être affecté sur une frégate multimission (FREMM) ou au groupe de transformation et de renfort (GTR)… pourquoi pas vous ? Cols bleus est allé à la rencontre des marins qui servent au quotidien au sein de ces unités.LV MAGALI CHAILLOU, ASP LAURIE FOURQUET, ASP SARAH VIOLANTI

À BORD D’UN BÂTIMENT INNOVANTAffectée sur la Provence, le SM Sofia M., navigateur timonier, raconte : « En passerelle, je suis adjoint de quart. Sur FREMM, il faut être curieux et s’intéresser à toutes les installations, car nous pouvons assurer la mise à l’eau des embarcations de drome opéra-tionnelle (EDO), être barreurs en cas d’avarie de barre et présents pour les manœuvres. Actuelle-ment, nous sommes trois naviga-teurs timoniers, notre charge de travail est importante, mais nous apprenons à être organisés et à aller à l’essentiel. À ma sortie du BAT, j’avais le choix, j’ai demandé une affectation sur FREMM pour découvrir un armement, créer toute la documentation, être embarquée sur une unité de dernière génération. Toutes les installations sont nouvelles : passerelle intégrée, écrans tactiles… À ceux qui hésitent à demander une affectation sur FREMM, je leur dis : lancez-vous, la marine de demain commence ici ! Il faut se projeter dans le futur, aller de l’avant. »« Ce qui pousse les marins à vouloir embarquer sur FREMM, c’est

d’abord l’innovation en termes d’équipements et de techno-logie, explique le LV Robert H., chef des ressources humaines à ALFAN Brest. Unités ultramodernes, les FREMM disposent d’un large éventail d’installations à la pointe de la technologie, au fort degré d’automatisation, qui leur per-mettent d’assurer des missions opérationnelles diversifiées. Elles sont synonymes de challenge à relever pour les jeunes marins et de défi personnel permettant d’insuf-fler un nouvel élan à la carrière des anciens. L’autre point attractif, ce sont les conditions de vie et de travail améliorées telles qu’une passerelle à 360°, un central opé-rations en ambiance “jour”, des postes dans lesquels vivent quatre personnes maximum… Tout cela contribue à en faire une affecta-tion prisée. Pour preuve, les deux tiers de la promotion juin 2015 de l’École des mousses demandent à être affectés sur FREMM. »

UN CONCENTRÉ DE SAVOIR-FAIRESelon le CF Fabrice L., autorité de domaine de compétences d’ALFAN, « la FREMM est un concentré de savoir-faire. Toutes

les spécialités embarquées à la FAN sont représentées (OPS, MECAN, ELECT, NAVIT, MANEU, SIC…), mais, par secteur, la compétence ne repose plus que sur une ou deux personnes quand, sur frégate anti-sous-marine (FASM), elle reposait sur quatre. D’autre part, les spécialités doivent s’adapter à l’informatisation et à l’automatisation poussées des systèmes : l’équipage est donc hautement spécialisé pour mettre en œuvre les derniers équipements. »Pour assurer la formation à l’emploi, les brevets de maîtrise (BM), véritables viviers de connais-sances, sont particulièrement recherchés. « Après 20 années sur FASM, la FREMM était une occasion de découvrir un autre type d’unité : un bâtiment en armement, témoigne le MP Éric V., chef de secteur lutte au-dessus de la surface sur la Provence. Mon rôle à bord consiste à garantir le fonctionnement et la mise en œuvre du Combat Management System (CMS), c’est à dire l’interface entre les senseurs et les armes de la frégate. Je dois m’assurer que le CMS est utilisé de façon optimale afin de garantir

l’accomplissement des missions du bâtiment. La détention d’un BM n’est pas un prérequis, mais certaines connaissances, acquises durant le BM, sont nécessaires pour appréhender et maîtriser le CMS. Comme chef de secteur, j’aide les jeunes à se former dans cette filière qui permet de découvrir tous les domaines techniques et opéra-tionnels. »

GTR : FORMATION, RENFORT, ALERTEPour soutenir les équipages des FREMM qui comptent un peu plus de 100 marins, le Groupe de transformation et de soutien (GTR – anciennement appelé « reachback ») a été mis en place. « Le GTR Brest est une unité marine à terre qui remplit une triple mission au profit des FREMM, explique le CF Emmanuel Sagorin (1), commandant du GTR Brest. Tout d’abord, assurer la formation des marins pour un emploi optimal sur FREMM dès le premier jour de leur affectation. Ensuite, renforcer l’équipage embarqué pour exécuter des missions spécifiques. Tous les marins du GTR assurent l’alerte, ce

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qui permet de remplacer un marin embarqué au pied levé. Il existe un GTR à Brest pour les frégates Aquitaine et Provence. Le GTR Toulon sera créé physiquement le 1er septembre 2015, en prévision de la réception des futures frégates multimissions à Toulon. » L’ancien commandant de l’Aquitaine, le CV François Drouet, confirme : « Le GTR est un réservoir de forces pour l’équipage de l’Aquitaine qui doit pouvoir compter sur lui durant un déploie-ment ou une période d’entretien. Ce fut notamment le cas durant l’exercice Global Sea Trial destiné à évaluer la capacité de l’Aquitaine à faire face, dans la durée, à des menaces multiples et de haute intensité. Les marins du GTR ont été parfaitement intégrés à l’équipage et l’ont renforcé dans chaque spécialité, au fil des attaques imprévues. Pour que le système d’un équipage optimisé fonctionne, nous avons besoin du GTR. »Côté encadrement, les tuteurs du GTR Brest, responsables de la formation initiale des marins, sont souvent d’anciens chefs de secteur embarqués sur FREMM dont les solides connaissances sont fondées sur l’expérience acquise à bord. Ils dispensent des cours théoriques, suivis de séances sur des simulateurs, avant que ne débutent les stages de mise en situation réelle à bord des FREMM. Le GTR Brest propose depuis peu des formations complémentaires de premier niveau (BE, BAT) sous licence du centre d’instruction naval Saint-Mandrier. Une fois le processus d’acquisition des compétences achevé, les marins du GTR sont prêts à renforcer l’équipage d’une FREMM. « Le marin du GTR qui embarquera à bord d’une unité s’apprêtant à conduire une mission opération-nelle sera celui dont la transforma-tion sera la plus aboutie. Chaque marin formé a vocation à faire partie d’un équipage FREMM. Le GTR est le prolongement de ces équipages. Les marins ne s’enfer-ment pas dans une filière puisque ce modèle de gestion sera repris sur les composantes des futures unités de surface (B2M, BSAH, FTI…). Nous aurons besoin des

savoir-faire acquis sur FREMM pour les reproduire sur nos futurs bâtiments », complète le CF Sagorin.

UN ESPRIT D’ÉQUIPAGE… MODERNISÉ ?Le commissaire Alban M. (photo ci-contre), commissaire de la Languedoc depuis deux ans, fait le point sur l’esprit d’équipage : « À mon sens, il est identique à celui des autres bâtiments. Certes, le niveau de confort est supérieur à celui des bâtiments plus anciens, mais l’essentiel de l’ambiance, et donc de l’esprit d’équipage, est créé par les marins. Par leur modernité, les carrés, espaces de détente, ne présentent pas encore le caractère chaleureux et chargé de la mémoire des anciens de ceux des bâtiments plus vieux, mais cela viendra avec l’esprit d’équipage au fil des déploiements. L’effectif réduit engendre une responsabilisation des différents acteurs. Cela favorise l’esprit d’initiative, diversifie les compétences et suppose de surcroît une bonne communica-tion et une bonne cohésion entre tous. Cet équilibre, me semble-t-il, a été trouvé avec les membres de mon service. Les marins sont

employée en première ligne dans toutes les missions pour lesquelles elle a été conçue, sur divers théâtres d’opérations. Lors des récents essais à la mer, il n’a suffi que de quelques jours pour que tous développent cet esprit de cohésion qui caractérise les équipages des unités navigantes. »

(1) Nouveau commandant de l’Aquitaine.

d’autant plus impliqués du fait des effectifs optimisés, mais, comme sur les bâtiments de dernière génération, la Marine sait pouvoir compter sur des marins volon-taires, soucieux de s’adapter rapidement », poursuit le commis-saire. « Les marins de la frégate Languedoc ont hâte de s’appro-prier leur outil de travail : une frégate moderne qui sera

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Sondage semestriel sur le moral

Des marins fiers de servir, prêts à relever les défis opérationnels

Tous les six mois, près de 5 000 marins, militaires et civils, sont sélectionnés pour participer au sondage sur le moral organisé par le ministère de la Défense. Tour d’horizon des résultats du dernier I2M(1), réalisé du 16 mars au 10 avril 2015.BUREAU CONDITION DU PERSONNEL DE LA MARINE – SECTION SUIVI DU MORAL

EV1 BENOÎT DELACOUR – ASP SARAH VIOLANTI

Après une baisse constatée au premier semestre 2013, consé-cutive aux incertitudes qui pesaient sur le Livre blanc et

la loi de programmation militaire (LPM), le moral a retrouvé un niveau globale-ment bon. La tendance observée est donc positive.Toutes affectations confondues, les marins trouvent du sens à leur métier (utilité, intérêt, efficacité) et sont satis-faits des responsabilités exercées. L’engagement opérationnel, en équipage, loin et longtemps, est une source de motivation. Dans leur grande majorité, les marins jugent élevées leur adhésion aux valeurs de l’institution et leur fierté d’appartenir à la Marine. La qualité des relations humaines et la cohésion sont fréquemment mention-nées. La communication menée au sein de la Marine est appréciée et les marins reconnaissent l’attention portée à leurs préoccupations, dans un contexte budgétaire qu’ils savent difficile.« Ce que je retiens : la fierté d’appartenir à la Marine, une haute idée du sens de la mission, le travail avec du personnel qualifié et professionnel ; la diversité et la richesse des postes que j’ai occupés,

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Info Votre avis est important, alors rendez-vous en septembre pour la prochaine édition du sondage semestriel sur le moral !

MéthodologiePour chaque édition, la section Études sociolo-giques et suivi du moral du bureau Condition du personnel de la Marine (DPMM ELAB/CPM/ESSM) sélectionne un échantillon représentatif de près de 5 000 marins (par sexe, région d’affectation, catégorie de grade) invités à répondre anony-mement à un questionnaire en ligne et à faire part de leurs principaux motifs de satisfac-tion et d’insatisfac-tion. Le taux de réponse observé est proche de 50 %.

Erratum Deux erreurs se sont glissées dans le tableau de l’article « Paroles de marins » du n°3039 du magazine Cols bleus. L’ancienneté de service moyenne est en réalité de 12 ans (hors service national), et 13 % des marins sont pacsés.

des opérations auxquelles j’ai participé ; l’esprit d’équipage au sein de chaque unité et au sein de la Marine, malgré une société plus individualiste qu’au-paravant », témoigne l’un des marins interviewés.

DES PRÉOCCUPATIONS RÉCURRENTESLe constat d’un bon moral ne doit pas masquer certaines fragilités. Les marins expriment sans fard leurs préoccu-pations, qui restent sensiblement les mêmes d’un sondage à l’autre et qu’ils soulignent dans les rapports sur le moral.Près d’un marin sur deux fait part de ses inquiétudes pour l’avenir de l’institution. Celles-ci sont en légère baisse, proba-blement en raison des perspectives dessinées par l’actualisation de la LPM et la parution du plan stratégique Horizon Marine 2025. Les marins sont attentifs au renouvellement de la flotte, avec l’arrivée en cours ou à venir d’unités modernes et performantes, et aux nombreux succès en opérations. Les déflations d’effectifs entretiennent toutefois une appréhension à l’égard de la capacité à remplir la mission et de la lente dégradation de l’environne-ment de travail.Celui-ci a été complexifié par la succes-sion des réformes, dans le domaine du

soutien notamment. Les changements liés aux restructurations ne sont pas encore totalement assimilés, malgré la bonne volonté de l’ensemble des acteurs concernés. Les marins soulignent une perte de repères et la multiplication des procédures et des intervenants. La dynamique du plan d’action « simplifi-cation », dont les premiers effets com-mencent à se faire sentir, ne contient pas encore le sentiment que la charge de travail diminue. « Le soutien, qui était jusqu’ici concentré autour de personnes facilement identifiables, s’est déplacé jusqu’à l’utilisateur qui devient l’acteur de nombreux processus et se perd devant la multitude des intervenants ; la charge de travail est de plus en plus lourde, l’administratif et le juridique ont pris le pas sur le bon sens », témoigne un autre marin.Les perspectives de carrière sont également un thème fréquemment abordé. La politique de fidélisation mise en œuvre par la Marine rassure, et les marins sont légitimement attachés à l’escalier social offert par l’institution, qui permet à chacun de progresser par son travail. La réforme à venir de la gestion de proximité doit répondre encore mieux à cette attente en favorisant l’alternance des postes embarqués et

à terre, et un déroulement de carrière centré sur l’acquisition et la valorisation des compétences.La rémunération, en ces temps de crise économique, est également une préoccupation légitime des marins. Ils sont conscients des efforts accomplis pour soutenir leur pouvoir d’achat (mise en œuvre du nouvel espace statutaire, amélioration du traitement des dysfonc-tionnements du calculateur de solde de Louvois) et aspirent à une meilleure prise en compte des contraintes et sujétions de leur métier (vie embarquée, responsabilités exercées, difficulté pour les conjoints à trouver du travail, frais de garde d’enfants).Enfin, les problématiques liées aux conditions de vie (foyers, cercles, infrastructures vie), de travail (habille-ment, moyens matériels et financiers) et à la conciliation des vies professionnelle et personnelle (programme d’activité des unités, célibat géographique) sont au cœur de la condition du personnel. Des difficultés subsistent, mais des avan-cées existent. « Pour la première fois depuis huit ans (quatre changements de région), je peux concilier vie de famille et vie professionnelle, mais également profiter d’une qualité de vie certaine », témoigne un autre marin interviewé.

POURQUOI PARTICIPER ?Les préoccupations exposées par les marins sont présentées à la Marine, aux armées et aux plus hautes autorités du ministère. Pour en obtenir la perception la plus fine et la plus fidèle possible, le taux de participation donne du poids à ces enquêtes. En complément d’autres données (rapports sur le moral, études sociologiques) et des remon-tées de terrain via le dialogue interne (conseil de la fonction militaire de la Marine, correspondant du personnel officier, réseau des majors conseillers), l’analyse de ces données permet de recenser les préoccupations des marins, de mieux comprendre les contraintes et les besoins. Il s’agit ainsi d’un réel outil d’aide au commandement, qui a notamment contribué à bâtir plusieurs plans d’action récents (« simplification , « habillement », « infrastructures »).

(1) Indicateur de mesure du moral.

Principaux motifs de satisfaction (mars-avril 2015)

1 L’UTILITÉ DE VOTRE TRAVAIL

2 L’INTÉRÊT DE VOTRE TRAVAIL

3 LES RESPONSABILITÉS EXERCÉES

4 L’AFFECTATION GÉOGRAPHIQUE

5 L’EFFICACITÉ

6 LES RELATIONS AVEC LES SUPÉRIEURS

7 LES CONDITIONS PHYSIQUES DE TRAVAIL

8 LA COHÉSION AU SEIN DU SERVICE OU DE L’UNITÉ

Principaux motifs d’insatisfaction (mars-avril 2015)

1 LES ÉVOLUTIONS ACTUELLES QUE CONNAÎT LA MARINE

2 VOS POSSIBILITÉS DE PROGRESSION PROFESSIONNELLE

3 VOTRE RÉMUNÉRATION

4 LES MOYENS HUMAINS

5 LES MOYENS MATÉRIELS

6 LES FORMATIONS DISPENSÉES

7 LA CONCILIATION VIE PRIVÉE ET VIE PROFESSIONNELLE

8 LA RESTAURATION

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Major Constantin P. Major conseiller de la Force d’action navale (FAN)

Son parcours1977 : Incorporation au centre d’instruction naval de Querqueville.1981 : Obtention du brevet d’aptitude technique de manœuvrier.1991 : Obtention du brevet supérieur de manœuvrier.2003 : Promotion au grade de major et désignation comme officier de détail, en charge des infrastructures à l’état-major de la FAN à Toulon.2009 : Désignation comme major conseiller de la FAN.

Temps fortLa création de la journée d’information des présidents En 2014, j’ai activement participé à la création de la première journée d’information des prési-dents de catégorie par façade maritime. Fruit d’un travail de longue haleine porté et sou-tenu par le réseau des majors conseillers, cette journée vise à obtenir une meilleure cohérence au niveau de la concertation et de la représentation. C’était un événement souhaité et très attendu par de nombreux prési-dents et quartiers-maîtres majors pour découvrir le monde de « la condition militaire » et pour avoir une définition plus précise de leur fonction.

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U n réseau de 14 majors conseillers anciennement CPNO, animé par le major

conseiller du CEMM, est mis en place depuis 2001 en métropole auprès d’une autorité organique (ALFAN, ALFOST, ALAVIA, ALFUSCO) ou territoriale (CECLANT, CECMED, PARIS, MANCHE MER DU NORD), ainsi qu’outre-mer (Polynésie française, Nouvelle-Calédonie, Antilles, Réunion, Guyane, Djibouti), pour optimiser la communication interne, dans le sens montant comme dans le sens descendant.

Directement attachés à la fonction du commandement,les majors conseillers ont vocation à suivre, au profit de leur autorité, toutes les questions liées aux conditions des marins : condition militaire, conditions de travail, conditions de vie, etc. Pour cela, ils analysent en perma-nence les attentes et les facteurs de motivation du personnel officier marinier et équipage. Ils apportent ainsi un éclairage complémentaire aux informations recueillies par les autres voies institutionnelles.

Les majors conseillers sont les interlocuteurs privilégiés des prési-dents de catégorie, d’une part, et des commandants ou directeurs, d’autre part. Ils doivent connaître et appréhen-der les grandes orientations de la politique des ressources humaines pour pouvoir les expliquer.

Focus

Les majors conseillers

C ’est par vocation que Constantin P. est entré dans la Marine le 24 août 1977

au centre d’instruction naval de Querqueville, choisissant de servir dans la spécialité de manœuvrier. Après sa formation à l’école de manœuvre et de navigation de Lanvéoc-Poulmic, il est affecté en janvier 1978 au centre d’expérimen-tations du Pacifique sur l’atoll de Mururoa.En novembre 1983, il est affecté au centre d’essais de la Méditerranée sur l’île du Levant, avant d’être de nou-veau muté outre-mer, cette fois sur le bâtiment atelier polyvalent Jules Verne qu’il rejoint en océan Indien en janvier 1985. À son retour en avril 1986, il embarque sur le porte-avions Clemenceau. « J’ai alors participé à la mission Prométhée, du 30 juillet 1987 au 16 septembre 1988 durant le conflit Iran-Irak. À ce titre, j’ai reçu un témoignage de satisfaction du ministre de la Défense. »En septembre 1989, il rallie la base aéronavale d’Hyères en attendant son admission au cours du bre-vet supérieur de manœuvrier en février 1991. En septembre 1995, il embarque sur le bâtiment d’essais et d’expérimentations Le Denti en qualité de commandant en second.

Il est ensuite affecté sur la frégate anti aérienne Cassard en juin 2000, comme chef du secteur Drome, apparaux, gréements. Il prépare et réussit en 2002 le concours de major et se voit promu à ce grade en mars 2003. En septembre 2007, il embarque sur le pétrolier-ravitailleur Meuse comme chef de secteur drôme, apparaux, gréements. En septembre 2009, il est désigné par l’amiral commandant la Force d’action navale comme correspon-dant des présidents du personnel non officier. Il occupe depuis lors le poste de major conseiller de la FAN.« Mon rôle consiste à être à l’écoute de tout le personnel officier marinier et équipage, que ce soit pour des questions personnelles comme professionnelles. C’est un rôle de proximité qui exige de travailler de concert avec d’autres acteurs de gestion de ressources humaines, ou des services sociaux, psycho-logiques, ou encore médicaux. Je dois faire remonter, sans prendre parti, les problématiques générales qui peuvent émerger et veiller à ce que le personnel officier marinier et équipage soit correctement informé, de façon à renforcer son adhésion et entretenir sa confiance. »

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PAR STÉPHANE DUGAST

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Le Prairial en son jardin De Papeete à l’île de Pâques via les Marquises, Clipperton, le Mexique, le Pérou et le Chili, les 95 hommes et femmes de l’équipage de la frégate de surveillance (FS) Prairial ont été déployés pendant 3 mois dans le Pacifique oriental. La frégate F731 a assuré une mission de surveillance de la Zone économique exclusive (ZEE) française avant de conduire des opérations de police des pêches et de lutte contre le narcotrafic. Les marins du Prairial ont également contribué au soutien logistique d’une mission scientifique internationale sur un atoll inhabité appartenant à la France. Autant de missions variées qui sont le lot ordinaire des bâtiments de la Marine naviguant dans cette région du globe sur un océan finalement pas si Pacifique que cela…

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1 Papeete (Polynésie française), 7 avril 2015, la FS Prairial est prête à larguer les aussières. Cet appa-reillage concrétise un long travail de préparation pour l’équipage après une période d’entre-tien puis une Mise en condition opéra-tionnelle (MECO).

2 9 avril au matin. Le Prairial détecte un bâtiment de pêche en limite de ZEE fran-çaise. L’Alouette III (dé-tachement permanent de la 22S) a été d’un précieux recours pour notablement accroître l’allonge de la frégate. Quant au bâtiment, il s’agit d’un navire battant pavillon chinois. L’équipe de visite du bord est déployée. Aucune infraction ne sera fina-lement constatée.

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3 3 mai, 19 heures. Tension en passerelle. Le Prairial se déroute pour intercepter une embarcation de narcotrafiquants présumés repérée à 180 milles. Le jeu du chat et de la souris démarre.

4 Le lendemain matin, 6h30. Le soleil se lève sur un océan encore désespérément vide. La traque s’effectue à distance au CO. L’Alouette III décolle pour « éclairer » la zone et localiser précisément l’embar-cation suspecte qui aurait pu dériver.

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1 Les trois individus sont désormais visibles à la jumelle. Très coopératifs, ils déclarent d’emblée aux marins avoir été victimes de pirates. Les traces de poudre blanche trouvées au fond de leur embar-cation se révéleront être de la lessive.

2 26 avril. Le CF Nicolas Rossignol, le « pacha », est vigilant. La « Métoc » vient de lui annoncer que le Prairial faisait route droit sur un cyclone. Ce dernier infléchira finalement sa course et perdra en intensité. La météo près de l’Équateur dans la zone de convergence inter-tropicale (ZCIT) est parfois capricieuse.

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immersion

COLS BLEUS - N°3041 — 45

3 Au cours de son déploiement, la FS Prairial a mené une mission de souverai-neté à Clipperton et dans sa ZEE réputée comme l’une des plus riches au monde en thonidés. Grâce à de fréquentes visites de bâtiments de la Marine, la France continue d’afficher sa souveraineté sur un atoll longtemps convoité par les États voisins.

4 14 avril. GUNEX (exercice de tirs) au menu pour le cuisinier et la secrétaire du commandant qui arment le poste de combat pour cet en-traînement. « C’est la démonstration de la polyvalence des marins embarqués », dixit le commandant.

5 90 rotations aller/retour, 72 tonnes de matériel et 24 PAX débarqués… Les marins du Prairial apportent leur soutien logistique à la mission scientifique Passion 2015 sur l’atoll de Clipperton. Cette île du Pacifique oriental a reçu la visite de 14 scientifiques français et étrangers qui ont dressé un inventaire de sa faune et de sa flore.

6 Cérémonie des couleurs sur l’atoll de Clipperton, sous auto-rité française depuis 1931. Une cérémonie hautement symbo-lique en présence notamment de Philippe Folliot, député du Tarn et vice-président de la commission de la Défense et des forces armées de l’Assemblée nationale. Il est le premier élu de la République à s’être rendu sur cet atoll du bout du monde.

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histoire

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La tragédie du Bouvet

La bataille des Dardanelles (avril 1915 – janvier 1916)

Hiver 1914, la victoire de la Marne en septembre a sauvé Paris de justesse. Tandis que les armées des deux camps s’enterrent dans des tranchées, un conflit va opposer les troupes ottomanes (alliées aux troupes allemandes) à une force navale franco-britan-nique dans la péninsule de Gallipoli, l’actuelle Turquie. C’est la bataille des Dardanelles.

W inston Churchill en est convaincu : il faut abso-lument aider les troupes russes, car elles fixent les Allemands sur le front

de l’Est, soulageant ainsi les forces alliées en France. Contre l’avis de ses officiers généraux, le premier lord de l’Amirauté met sur pied une opération navale d’envergure intégrant des bâtiments français (1). Ses objectifs ? Forcer les détroits ottomans et menacer Constantinople pour contourner ses armées. Son modus operandi ? Une attaque depuis la mer des sites de défense ottomans concentrés dans la péninsule de Gallipoli, une bande de terre formant la partie nord du détroit des Dardanelles qui relie la mer Égée à la mer de Marmara.Le 19 février 1915, une escadre franco- britannique, menée par le tout récent

cuirassé HMS Queen Elizabeth, commence à pilonner les positions ennemies. Les premières fortifications sont écrasées tandis que l’ouverture du détroit des Dardanelles est déminée. « Du bruit, de la poussière, de la fumée, mais finalement peu de dom-mages… », diront plus tard les historiens. Agacé par la lenteur des opérations autant que par la mobilité des batteries ennemies qui échappent finalement aux bombarde-ments, Churchill exhorte ses troupes à accroître la pression. Des messages de leur allié allemand sont interceptés et révèlent que les forts ottomans sont presque à court de munitions. La confiance est de mise.Placées sous le commandement de l’amiral Paul Émile Aimable Guépratte (2), les forces françaises engagées font bonne figure au sein d’une flotte composée de 18 cuirassés

et de nombreux croiseurs et destroyers. Le 18 mars, l’attaque conjuguée contre les batteries côtières ottomanes est lancée. Au centre du dispositif, les navires de sa Majesté cherchent à localiser et à détruire les bastions de résistance. Les Français évoluent sur leur bâbord avec les cuirassés d’escadre Gaulois et Charlemagne, et sur tribord avec les cuirassés Suffren et Bouvet. Ce dernier est rapidement touché. Les huit impacts de l’artillerie ennemie ne lui causent cependant que des dommages légers. Plus probléma-tique, son canon de 305 mm situé à l’avant est hors d’usage à la suite d’une avarie. Lorsque l’amiral donne l’ordre de la relève, le Bouvet fait demi-tour, mais heurte une mine ennemie. Le cuirassé est touché au centre à tribord, sous la ligne de flottaison au niveau de sa tourelle de 274 mm. L’explosion est tel-lement violente qu’elle cause une voie d’eau et inonde les machines. Le Bouvet se couche très rapidement. Ce chavirage s’explique aisément selon le CA (2S) Éric Vicaire, passionné par cette affaire : « À cause d’une conception erronée du compartimentage de la coque, les cuirassés de ce type étaient réputés chavirables si l’on ne contrebalançait pas rapidement la voie d’eau. Même Émile Bertin (3), le grand ingénieur des constructions navales et du génie maritime, avait relevé cette défaillance. Il ne fut pourtant pas écouté et les modifications proposées ne furent pas retenues. » En moins d’une minute seule-ment, le cuirassé Bouvet coule, ainsi que la majeure partie de son équipage. Cette tragé-die coûtera la vie à 648 marins, dont celle du commandant Rageot de la Touche, mort en héros pour la France. Petit-fils de ce dernier, le CA (2S) Éric Vicaire s’explique : « Présent en passerelle, mon aïeul aurait pu se sauver, mais il choisira de ne pas abandonner son bateau et son équipage – code de l’honneur oblige. Le commandant en second le CF Autric et le CF Cosmao Dumanoir (4) adjoint chargé de la sécurité y ont également glorieusement laissé la vie. »Le cuirassé Bouvet coulé, l’escadre franco- britannique continue de subir de grosses pertes. Deux cuirassés britanniques, le HMS Ocean et le HMS Irresistible, coulent à leur tour

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histoire

COLS BLEUS - N°3041 — 47

La bataille des Dardanelles en 6 dates• 2 janvier 1915 : le grand-duc Nicolas de Russie demande l’aide des Britanniques à la suite d’une grande offensive des Ottomans dans le Caucase.• 17 février 1915 : un hydravion britannique réalise un vol de reconnaissance au-dessus des Dardanelles.• 17 mars 1915 : invoquant une santé déficiente et peu convaincu du résultat escompté, l’amiral Roben demande à être relevé de son commandement de la flotte franco-britannique. Son second, l’amiral de Robeck, le remplace au pied levé.• 18 mars 1915 : à 13 h 58, le cuirassé Bouvet heurte une mine ennemie et coule.• Mars 1915 : c’est le début de l’ascension de l’officier de carrière Mustafa Kemal Atatürk (1881-1938) qui œuvrera ensuite à la guerre d’indépendance et deviendra le premier président de la Turquie.• Avril 2015 : la bataille des Dardanelles sert de trame au long métrage La Promesse d’une vie (The Water Diviner) réalisé par Russell Crowe.

touchés par des mines dérivantes. Le Gaulois est atteint sous la flottaison à l’avant par un obus. Son commandant réussira cependant à s’échouer sur une île voisine. Renfloué, il sera équipé de caissons pour améliorer sa stabilité latérale. La tragédie du Bouvet fera la une de la presse de l’époque, dont celle du journal

L’Illustration, qui ne manquera pas d’exalter l’héroïsme de ses marins. Sur les quatre cuirassés français, seul le Charlemagne finira la guerre indemne.Fiasco retentissant ? Succès d’estime ? Pour les historiens, cet épisode sera longtemps sujet à controverses. Seules certitudes,

à Londres, la conclusion incertaine de cette opération entraînera la démission de Churchill de son poste de premier lord de l’Amirauté. Il commandera par la suite un bataillon d’infanterie écossais sur le front de l’Ouest en 1916. Quant aux stratèges de l’époque, l’issue de la bataille des Darda-nelles (5) leur fera propager la thèse selon laquelle des débarquements n’ont aucune chance contre des défenses modernes reprenant les mots de Nelson : « Quiconque part avec une flotte à l’assaut d’une forteresse à terre est un fou. » Cette idée perdurera jusqu’au débarquement allié en Normandie de juin 1944, contredisant ces thèses et influençant ainsi durablement la doctrine amphibie moderne.

STÉPHANE DUGAST

(1) À la suite d’une grande offensive menée par les Ottomans dans le Caucase, le grand-duc Nicolas de Russie demande, le 2 janvier 1915, l’aide des Britanniques. Ces derniers lancent alors une opé-ration navale conjointe avec les français, leurs alliés, afin de forcer les Ottomans à redéployer leurs forces dans les Dardanelles, et ainsi soulager les Russes. Depuis 1882, la France le Royaume-Uni et la Russie ont fait alliance, formant la « Triple-Entente ».(2) Alors commandant de la division de complément de l’armée navale opérant dans les Dardanelles, le contre-amiral Guépratte (1856-1939) – surnommé « Point d’honneur » – quittera son commandement en mai 1915 et sera nommé préfet maritime à Bizerte. (3) Louis Émile Bertin, dit « Émile Bertin » (1840-1924). Savant, ingénieur naval et auteur de nombreuses innovations dans la marine militaire et civile. Émile Bertin fit les plans et participa à la construction d’environ 150 bâtiments de surface. Il conduisit ainsi la France, dès 1898, au deuxième rang des marines mondiales, derrière le Royaume-Uni. Il est l’auteur de plus de cinquante ouvrages ou mémoires scientifiques et techniques.(4) Une rue de Brest porte aujourd’hui le nom du cuirassé Bouvet. Un boulevard de Lorient porte le nom d’Eugène Cosmao Dumanoir, capitaine de frégate chargé de la sécurité du Bouvet, qui se sacrifia pour faire évacuer le navire au moment du naufrage.(5) La bataille des Dardanelles sera également appelée « cam-pagne de Gallipoli ».

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loisirs

Salade de galons

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A - BrigadierB - LieutenantC - Sous-lieutenantD - Chef d’escadronE - Caporal-chef de 1re ClasseF - Capitaine de vaisseauG - MajorH - Quartier-maître de 2e Classe

I - Lieutenant-colonelJ - Enseigne de vaisseau de 1re ClasseK - Caporal-chefL - Maître principalM - AdjudantN- Maréchal des logis-chefO - AspirantP - Colonel

Gendarmerie, Armée de Terre, Armée de l’Air, Marine… Retrouvez à quel grade correspond chaque épaulette.

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La Marine nationale procède à la numérisation de la revue Cols bleus de 1945 à 1967.

Les fascicules numérisés en mode image et en mode texte seront rendus accessibles sur Internet, de façon libre et gratuite. Il est en conséquence demandé aux auteurs ayant collaboré à ce titre, ou à leurs ayants droit, de bien vouloir remplir le formulaire d’autorisation ci-joint et le retourner à :

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Lieu : .................................................................................. Date : ....................................................

Signature :

Au sujet de la BD Dans le cadre de « La Marine en escale » à Lyon et de la 10e édition du festival Lyon BD, la Marine nationale a fait embarquer Yan Le Pon, un auteur lyonnais dont le grand-père servait sur le Clorinde en 1917. Une expérience hors du commun qui a permis à cet auteur de découvrir le monde des sous-marins. Immersion retracée dans les deux planches de la double page précédente.

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Réponse en août sur colsbleus.fr

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