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infos Avril 2018 n°83 Bulletin des Orthopédistes Francophones organe de liaison édité par la SOFCOT sommaire dossier Rédaction médicale en orthopédie 1. Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 2. Préalables avant de se lancer dans l’écriture . . . . . . . 4-9 3. L’écriture de l’article . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10-17 4. Le reviewing (relecture) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18-22 5. Les rédacteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22-30 6. Publication : rôle de l’éditeur . . . . . . . . . . . . . . . . . 31-36 7. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Déclaration des liens d’intérêts des auteurs. . . . . . . . . . . 36 congrès 2017 Remise des prix du 92 e congrès SOFCOT. . . . . . . . . . . . . . 38 comptes rendus Une année de fellowship à Londres, UK. . . . . . . . . . . . 39-41 Un an de mobilité à l’Institut Orthopédique Rizzoli de Bologne, Italie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42-43 Une année de recherche au CHU Sainte-Justine de Montréal, Canada. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44-47 réunions scientifiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48-50 Du 12 au 15 novembre 2018 Inscrivez-vous dès maintenant sur www.sofcot-congres.fr V oici dans ce numéro du BOF, un nouveau dossier thématique consacré à la rédaction médicale ; il fait suite aux 2 précédents qui traitaient de la recherche en orthopédie (Didier Mainard) et de l’éthique en orthopédie (Henry Coudane et Pierre Devallet). Les chapitres de ce dossier sont présentés selon une séquence qui reflète le circuit éditorial d’un ar- ticle, depuis son écriture par un auteur jusqu’à sa publication dans une revue à comité de lecture, justifiant donc un « reviewing », temps essentiel incombant aux rédacteurs et relecteurs. Cette vue d’ensemble démontre l’intrication des différentes étapes et la né- cessité pour tous de se plier à des contraintes techniques (et chro- nologiques) rigoureuses. Quelques- uns des articles de ce dossier ont déjà été publiés dans la « lettre du CNP » ou bien présentés en communications lors des tables rondes du congrès consacrées à la rédaction médicale. Ce dossier complet, pratique et didactique, sera utile pour les membres de notre société qui publient ou sont sollicités comme « reviewers »; ils pourront –devront- également le diffuser largement auprès des ju- niors de leur équipe. La publication, comme la réalisa- tion d’une intervention, suit un protocole qui s’apprend ! Mais cette tâche, qui prolonge si natu- rellement notre activité clinique et de recherche, peut sembler re- lever d’une « mission impossible » (suivi des instructions aux auteurs + conformation à la loi Jardé + déclaration des liens d’intérêts + strict respect de l’intégrité scien- tifique) dans un contexte régle- mentaire qui s’est durci, marqué aussi par le développement d’outils de « contrôle et de surveillance» ; ce dossier apportera, nous l’es- pérons, une réponse à nos doutes et des raisons de s’accrocher avec méthode à cet art… Nous remercions tous les auteurs qui ont contribué à ce dossier et en premier lieu Philippe Beaufils, rédacteur en chef de la Revue OTSR, qui a fait de celle-ci une publication en constante progres- sion au regard de son impact factor ; il est très impliqué dans la « bonne pratique » de la rédaction médicale et donc par son ensei- gnement (il anime depuis 7 ans une table ronde pendant le congrès ainsi que des séances de e-learning), Henri Migaud, son fidèle et rigoureux adjoint, et Hervé Maisonneuve qui nous fait partager sa culture grâce à son blog instructif et empreint d'humour ; merci aussi à Pascal Léger, chez Elsevier, grâce à qui s’est installée une synergie fruc- tueuse et cordiale entre l’éditeur et la rédaction, et enfin à Bernard Augereau, président de l’APCORT (Association des publications de chirurgie orthopédique et trau- matologique), qui veille au fonc- tionnement harmonieux des pu- blications sous l’égide de la SOFCOT (revue OTSR-RCOT et cahiers et conférences d’ensei- gnement) avec notre éditeur Elsevier. Rédaction médicale en orthopédie Par Franck FITOUSSI, Secrétaire général de la SOFCOT et Rémi KOHLER, Rédacteur du BOF et de la Newsletter SOFCOT éditorial www.sofcot.fr

Rédaction médicale infos - Elsevier...peut lui permettre, en cas de refus, de l’améliorer et de le soumettre ailleurs. • Le relecteur expert indépendant doit ap - précier

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infos

Avril 2018 n°83

Bulletin des Orthopédistes Francophonesorgane de l iaison édité par la SOFCOT

sommaire

dossier Rédaction médicale en orthopédie 1. Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 2. Préalables avant de se lancer dans l’écriture . . . . . . . 4-9 3. L’écriture de l’article . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10-17 4. Le reviewing (relecture) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18-22 5. Les rédacteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22-30 6. Publication : rôle de l’éditeur . . . . . . . . . . . . . . . . . 31-36 7. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Déclaration des liens d’intérêts des auteurs. . . . . . . . . . . 36

congrès 2017 Remise des prix du 92e congrès SOFCOT. . . . . . . . . . . . . . 38

comptes rendus Une année de fellowship à Londres, UK. . . . . . . . . . . . 39-41 Un an de mobilité à l’Institut Orthopédique Rizzoli de Bologne, Italie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42-43 Une année de recherche au CHU Sainte-Justine de Montréal, Canada. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44-47

réunions scientifiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48-50

Du 12 au 15 novembre 2018

Inscrivez-vous dès maintenant surwww.sofcot-congres.fr

V oici dans ce numéro duBOF, un nouveau dossierthématique consacré à

la rédaction médicale ; il faitsuite aux 2 précédents qui traitaientde la recherche en orthopédie(Didier Mainard) et de l’éthiqueen orthopédie (Henry Coudaneet Pierre Devallet).

Les chapitres de ce dossier sontprésentés selon une séquence quireflète le circuit éditorial d’un ar-ticle, depuis son écriture par unauteur jusqu’à sa publication dansune revue à comité de lecture,justifiant donc un « reviewing »,temps essentiel incombant auxrédacteurs et relecteurs. Cette vued’ensemble démontre l’intricationdes différentes étapes et la né-cessité pour tous de se plier à descontraintes techniques (et chro-nologiques) rigoureuses. Quelques-uns des articles de ce dossier ontdéjà été publiés dans la « lettredu CNP » ou bien présentés encommunications lors des tablesrondes du congrès consacrées àla rédaction médicale. Ce dossiercomplet, pratique et didactique,sera utile pour les membres denotre société qui publient ou sontsollicités comme « reviewers »; ilspourront –devront- également lediffuser largement auprès des ju-niors de leur équipe.

La publication, comme la réalisa-tion d’une intervention, suit unprotocole qui s’apprend ! Maiscette tâche, qui prolonge si natu-

rellement notre activité cliniqueet de recherche, peut sembler re-lever d’une « mission impossible »(suivi des instructions aux auteurs+ conformation à la loi Jardé + déclaration des liens d’intérêts+ strict respect de l’intégrité scien-tifique) dans un contexte régle-mentaire qui s’est durci, marquéaussi par le développement d’outilsde « contrôle et de surveillance» ;ce dossier apportera, nous l’es-pérons, une réponse à nos douteset des raisons de s’accrocher avecméthode à cet art…

Nous remercions tous les auteursqui ont contribué à ce dossier eten premier lieu Philippe Beaufils,rédacteur en chef de la RevueOTSR, qui a fait de celle-ci unepublication en constante progres-sion au regard de son impactfactor ; il est très impliqué dans la« bonne pratique » de la rédactionmédicale et donc par son ensei-gnement (il anime depuis 7 ansune table ronde pendant lecongrès ainsi que des séances dee-learning), Henri Migaud, sonfidèle et rigoureux adjoint, etHervé Maisonneuve qui nousfait partager sa culture grâce àson blog instructif et empreintd'humour ; merci aussi à PascalLéger, chez Elsevier, grâce à quis’est installée une synergie fruc-tueuse et cordiale entre l’éditeuret la rédaction, et enfin à BernardAugereau, président de l’APCORT(Association des publications dechirurgie orthopédique et trau-matologique), qui veille au fonc-tionnement harmonieux des pu-blications sous l’égide de la SOFCOT (revue OTSR-RCOT et cahiers et conférences d’ensei-gnement) avec notre éditeur Elsevier.

Rédaction médicale en orthopédiePar Franck FITOUSSI, Secrétaire général de la SOFCOT

et Rémi KOHLER, Rédacteur du BOF et de la Newsletter SOFCOT

é d i t o r i a l

www.sofcot.fr

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bof n° 83 2 Avril 2018

Dos s i e r - La rédac t i on méd i ca l e en o r t hopéd ie . . .

La rédaction médicale en orthopédie Dossier établi sous la direction de Philippe BEAUFILS, Rémi KOHLER, Hervé MAISONNEUVE et Henri MIGAUD

Sommaire du dossier

1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

2. Préalables avant de se lancer dans l’écriture . . . . 4

2.1. Pourquoi publier ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

2.2. Quel journal choisir pour publier ? . . . . . . . . . . . . . .5

2.3. Du bon usage de la bibliométrie : les dérives de l’évaluation de la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

2.4. Comment le CNU prend-il en compte les publications (nominations, promotions hospitalo-universitaires) ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

2.5. Les outils d’aide à la rédaction . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9

3. L’écriture de l’article . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10

3.1. Respect des instructions aux auteurs ;contraintes supplémentaires liées à la loi Jardé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

3.2. Qu’est-ce qu’un auteur, un co-auteur ? Qui signera l’article ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11

3.3. Les « medical writers » : améliorent-ils la qualité des publications ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

3.4. Règles essentielles pour la rédaction d’un mémoire original . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

3.5. Les conférences d’enseignement de la SOFCOT : aspects spécifiques . . . . . . . . . . . . .16

4. Le reviewing (relecture) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .18

4.1. Pourquoi reviewer ? Démarche subjective ou objective ? Indépendance et pluralisme . . 18

4.2. La revue Plos one : une alternative au système du peer-review . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

4.3. Technique du reviewing et outils à disposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

5. Les rédacteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

5.1. Le rôle du rédacteur en chef : l’exemple d’OTSR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

5.2. Rôle du comité de rédaction et des rédacteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .24

5.3. Liens et conflits d’intérêts dans la littérature médicale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26

5.4. Qu’est-ce que l’intégrité scientifique ? . . . . . . . .29

6. Publication : rôle de l’éditeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

6.1. Le circuit d’édition après acceptation . . . . . . . . . 31

6.2. Donnez de l’impact à vos publications ! . . . . . . 34

7. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .36

Déclarations des liens d’intérêts des auteurs . . . . . . . . . 36

Liste des auteurs ayantcontribué à ce dossier

Bernard Augereau (Paris) Président de l’association des publications en chirurgie

orthopédique (APCORT) [email protected]

Philippe Beaufils (Versailles)Rédacteur en chef d’OTSR-RCOT

[email protected]

Jean-Luc Besse (Lyon)Rédacteur d’OTSR

[email protected]

Stéphane Boisgard (Clermont-Ferrand) Président de la sous-section du CNU 50-02

(chirurgie orthopédique et traumatologique) [email protected]

Philippe Clavert (Strasbourg) Rédacteur d’OTSR

[email protected]

Denis Huten (Rennes) Rédacteur en chef des conférences d’enseignement

[email protected]

Rémi Kohler (Lyon) Rédacteur des conférences d’enseignement

[email protected]

Pascal Léger (Paris) Elsevier Masson, éditeur de revues

[email protected]

Peggy Lemaire (Paris)Elsevier Masson, éditrice de livres

[email protected]

Hervé Maisonneuve (Paris) Rédacteur médical, consultant

[email protected]

Philippe Massin (Paris) Rédacteur d’OTSR

[email protected]

Henri Migaud (Lille) Rédacteur d’OTSR

[email protected]

Joël Moret-Bailly (Paris) Avocat, Professeur de droit

(spécialiste en éthique et déontologie) [email protected]

Dominique Rouleau (Montréal) Rédactrice OTSR

[email protected]

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bof n° 83 3 Avril 2018

Dos s i e r - La rédac t i on méd i ca l e en o r t hopéd ie . . .

L a communication, sous toutes sesformes, a pris une grande place dansnotre vie professionnelle. Lorsque l’on

effectue un acte en chirurgie orthopédiqueet traumatologique ce dernier doit êtreconforme aux données acquises de la scienceau moment de sa réalisation. Ce qui sous-entend une remise en question permanentede nos connaissances sans cependant céderaux phénomènes de mode. Il faut doncs’appuyer sur la littérature. Pour répondre àcet impératif, la SOFCOT a créé 2 publica-tions : il y a 100 ans, une Revue de ChirurgieOrthopédique (RCO), devenue Revue deChirurgie Orthopédique et Traumatologique(RCOT) sous formes papier et numérique enlangue française, numérique exclusive enlangue anglaise : Orthopaedics TraumatologySurgery & Research (OTSR) et, il y a 50 ans,des « Cahiers d’enseignement » sous formede monographies et de conférences d’en-seignement, aujourd’hui intégrées dansOTSR. La gestion de ces publications a alorsété confiée à l’Association des publicationsde chirurgie orthopédique et traumatolo-gique (APCORT).

Publier ne doit pas être réservé aux universi-taires mais à tout chirurgien qui souhaitefaire part de son expérience dans le cadred’une innovation ou d’un sujet controversé.Mais il faut que son article réponde à descritères précis pour être accepté. Pour informerles membres de la SOFCOT sur le rôle précisdes différents acteurs de « la chaîne » depublication, Rémi Kohler a sollicité les deuxrédacteurs en chef et leurs rédactions, unexpert en publication médicale et notreéditeur commun, Elsevier, qui ont rédigé 17 articles très documentés. Ainsi :• L’auteur en fonction de son but (acquérir

une notoriété, mener une carrière acadé-mique) doit choisir la revue la mieuxadaptée à sa publication. Il peut alorsutiliser comme critères les 5 « A » : adé-quation, audience, accès, académie et at-tente qui nécessitent des notions de bi-bliométrie concernant le facteur d’impact(et ses limites, prises en compte par leCNU). Il rédige ensuite son article en suivantles recommandations de l’InternationalCommittee of Medical Journal Editors(ICMJE), les instructions aux auteurs propresà la revue choisie tout en respectant, pourune étude prospective hexagonale, les pré-requis de la loi Jardé. Il formule une

hypothèse de travail déclinée en 2 ou 3 questions auxquelles il répond. S’il estsollicité pour une Conférence d’enseigne-

ment, il propose 4 à 6 questions d’actualitésur le thème retenu, auxquelles il répond.

• Le rédacteur expert, nommé par le ré-dacteur en chef, étudie la forme et le fondde l’article soumis, qu’il rejette d’emblées’il ne peut être amélioré. Sinon, respectantle processus d’évaluation par les pairs (dif-férent de celui uniquement fondé surl’étude de la méthodologie de Plos one), ildésigne des relecteurs experts qui donnentleur avis sur le fond. In fine, le rédacteurexpert fait la synthèse de leurs avis objectifsargumentés pour décider de l’acceptationou non de l’article. La transmission àl’auteur de l’analyse critique de l’articlepeut lui permettre, en cas de refus, del’améliorer et de le soumettre ailleurs.

• Le relecteur expert indépendant doit ap-précier l’originalité, la validité interne etexterne et l’apport à la discipline de l’articlesoumis. Il peut, pour cela, s’aider d’unegrille et de logiciels consacrés à l’analysede base de données sur le même thème.

• Le rédacteur en chef a un rôle essentiel :responsable de l’éthique, il anime et assurela cohésion de sa rédaction. Il définit avecl’APCORT, puis avec Elsevier, la future po-litique éditoriale de RCOT/OTSR.

Ce survol du parcours d’un article de sonprojet à sa publication, que vous allez j’en suissûr vouloir approfondir, vous permettra àl’aune de l’immédiateté et du nombre croissantdes soumissions engendrés par le numérique,d’entrevoir le travail considérable assuré parles rédactions que je remercie vivement aunom de l’APCORT et de L’AOT. Merci égale-ment à H. Maisonneuve et P. Léger.

1. Introduction Par Bernard AUGEREAU

Nous mentionnons ci-dessous quelquesréférences princeps,fréquemment citées

• Les instructions aux auteurs de larevue OTSR RCOT (récemmentactualisées) cliquez ici

• Les recommandations de l’ICMJE(International Committee of Medi-cal Journal Editors) (ex-groupeVancouver) sont accessibles sur lesite www.icmje.org. C’est un docu-ment essentiel, dont dérivent lesinstructions aux auteurs de nom-breuses revues (OTSR-RCOT en par-ticulier) Il est possible de téléchar-ger la version française 2017 de cesrecommandations (traduites par H. Maisonneuve) cliquez ici

• Charte sur l’intégrité scientifique(Pierre Corvol) cliquez ici

• Charte éthique et déontologiquedes facultés de médecine et odon-tologie cliquez ici

• Blog rédaction médicale (Hervé Maisonneuve)http://www.redactionmedicale.fr

• Comité d’éthique des publications(COPE) https://publicationethics.org/

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Dos s i e r - La rédac t i on méd i ca l e en o r t hopéd ie . . .

bof n° 83 4 Avril 2018

« Savoir-faire et faire-savoir », « Publish or perish », « Ce quise conçoit bien, s’énonce clai-

rement… et les mots pour le dire arriventaisément… » (Boileau 1674) ; ces troismaximes introduisent utilement ce dossier :le savoir implique nécessairement de le par-tager et la publication scientifique en est undes relais essentiels.

Pourquoi publier ? Pour partager un savoirbien sûr, mais c’est un peu court ; par sim-plification, on pourrait distinguer (et les deuxsont évidemment liés) les objectifs de la pu-blication elle-même et les objectifs de l’au-teur.

Les objectifs d’une publication scientifiquesont de deux ordres :1. Informer ou former nos collègues. Il s’agit

là de « formation continue » au senslarge. A cet égard, la publication de confé-rences d’enseignement, de mises au point,de revues systématiques de la littérature,

de consensus, ou de données de registrepar exemple, relèvent de cet objectif. Ilest intéressant d’ailleurs de noter que lemaximum de téléchargements d’articlesà OTSR sont justement observés dans cesrubriques.

2. Participer à la circulation rapide de l’in-formation entre une communauté d’ex-perts dans un domaine particulier. Noussommes ici dans une perspective de par-tage de données « scientifiques » entreexperts. L’indicateur n’est plus ici le nombrede téléchargements (petite communautéde spécialistes du domaine) mais le nombrede citations de l’article par les autresacteurs de cette communauté (impactfactor, Altmetrics, réseaux sociaux scien-tifiques, etc.).

Les objectifs des auteurs peuvent être dif-férents, ou à tout le moins compléter cesdeux objectifs. La publication scientifiqueconstitue une tribune qui met en lumièrenon seulement les travaux scientifiques de

l’auteur ou d’une équipe, mais égalementl’auteur lui-même ou l’équipe elle-même : « publish or perish ». Dès lors, les objectifspeuvent se décliner en 4 catégories : jepublie :1. pour partager ma découverte : échange ;2. pour mes titres et travaux : carrière ;3. pour satisfaire les exigences de l’équipe :

hiérarchie ;4. pour montrer que je (l’équipe) suis (est)

présent(e).

Il ne s’agit pas ici d’émettre sur ces motivationsle moindre jugement de valeur mais simple-ment de considérer qu’elles existent. Et cen’est d’ailleurs pas un hasard si la grandemajorité des publications proviennent dumilieu universitaire et pas uniquement parceque seuls les universitaires ont le moyen defaire de la « recherche » (ce n’est plus vrai,en tous cas en recherche clinique). Maisparce que les moteurs de publication sontbeaucoup plus forts, y compris sur le plan fi-nancier (points SIGAPS par exemple).

À vos plumes donc ! Quelques semainesplus tard, vous recevrez la réponse. Bravo sil’article est accepté. Encore bravo s’il est accepté avec demandes de modifications.S’il est refusé, n’en concevez surtout pas del’hostilité vis-à-vis du journal. Chaque ré-daction essaie d’établir une politique éditorialefondée sur des critères les plus objectifspossibles, mais cette activité reste fonda-mentalement humaine. B. Reider, dans unéditorial récent de l’American Journal ofSports Medicine intitulé « le Salon desRefusés », titre en français ! (Am J Sp Med2016;44(12):3045-7 ) montre bien le caractèresubjectif de la décision d’acceptation : desarticles acceptés dans des revues de hautprestige ont été moins cités que d’autres ar-ticles refusés par ces revues et publiés ailleurs.D’où l’intérêt du pluralisme de la pressescientifique !

2. Préalables avant de se lancer dans l’écriture

2.1. Pourquoi publier ? Par Philippe BEAUFILS

«

Rédacteur en chef dubof : Franck FitoussiCorrespondance : SOFCOT, 56, rue Boissonade - 75014 PARIS - France

Tél. : 01 43 22 47 54 - Fax : 01 43 22 46 70 - e-mail : [email protected] - www.sofcot.fr

Acc

ent

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uRédacteur en chef dubof : Franck FitoussiCorrespondance : SOFCOT, 56, rue Boissonade - 75014 PARIS - France

Tél. : 01 43 22 47 54 - Fax : 01 43 22 46 70 - e-mail : [email protected] - www.sofcot.fr

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2.2.1. Introduction

Après avoir terminé votre travail (et mêmeavant !), le choix du journal, pour qu’il soitpublié, est une étape difficile. Il repose surl’analyse objective de votre travail qui nécessitede prendre du recul pour apprécier sa qualité,son originalité, son domaine afin de savoirdans quel type de journal il pourra êtrepublié. Il est utile de prendre des avisextérieurs qui seront plus objectifs que levôtre.

Il faut définir quel est le but de votre publi-cation : être lu par le plus grand nombre(pour votre reconnaissance personnelle oudiffuser vos idées), privilégier l’impact factor(IF) (pour des motifs hospitaliers ou decarrière) ou diffuser votre étude dans unpetit monde d’experts de la surspécialité(ces deux dernières propositions n’étant pasexclusives). Tout cela ne va pas nécessairementde pair : l’étude randomisée sur l’intérêt dela vitamine C dans la prévention de l’algo-dystrophie publiée dans le Lancet en 1999 afait bénéficier l’auteur du fort IF de la revue(28,6 points) mais elle est passée pratiquementinaperçue de la communauté orthopédique,ce qui n’aurait pas été le cas s’il l’avaitpubliée dans le JBJS Am (qui ne lui rapportaitque 2,8 points !).

Il faut connaître la (ou les) revue(s) dans les-quelles vous voulez soumettre, ce qui permetde voir quel type d’article y est publié etd’être familier avec la mise en forme. Parfois,on peut soumettre son article à une granderevue (tout en sachant que l’on a peu dechance d’y être publié) pour avoir une analysequi permettra d’améliorer la qualité de sonarticle et la soumettre ensuite à une autrerevue moins « prestigieuse » ; cependantcela retarde la publication et expose aurisque qu’une autre équipe publie ses résultatsavant vous. Un éditeur scientifique commeElsevier met à disposition un outil informatique(https://journalfinder.elsevier.com/) quivous propose une sélection de journaux àpartir du titre et de l’abstract de votre article.

Afin de vous aider dans votre choix, PhilippeHardy avait proposé de prendre en compte5 critères (les 5 « A ») : adéquation, au-dience, accès, académie, attente (cf sessionrédaction médicale, congrès SOFCOT 2015,http://www.sofcot.fr/Bibliotheque/(theme)/6260)

2.2.2. Adéquation

La principale cause de rejet est l’erreur de domaine d’expertise ou de type de ma-nuscrit.

Le type de manuscrit proposé (note de tech-nique, science fondamentale, fait clinique,etc.) est-il accepté par la revue choisie ? Il faut également se rappeler que les revuesà IF élevé ont un taux de rejet autour de90%.

Il faut connaitre les objectifs du journal, sonlectorat, les thèmes abordés. Pour cela ilfaut parcourir les sommaires des numéros,lire les résumés des articles publiés, consulterle site web du journal. Ainsi, le site webd’OTSR-RCOT (Orthopaedics TraumatologySurgery Research) précise que tous les mé-moires originaux, notes de technique…fontl’objet d’une double publication, du moinspour les manuscrits émanant d’équipes fran-cophones : en français en édition papier etélectronique (RCOT), en anglais en formatpurement électronique et seule version in-dexée (OTSR) dans les banques de donnéesinternationales.

2.2.3. Audience

Quel est votre but ? Transmettre un savoir etavoir une reconnaissance de la profession ?Quel lectorat visez-vous ? Chirurgiens or-thopédistes généralistes ou spécialisés, na-tional ou international, les cliniciens ou leschercheurs, etc. ? Regardez également lessommaires des revues sélectionnées afin devérifier si les auteurs des articles sont prochesde votre profil, et quelle est la provenancedes articles (articles nationaux, journal uni-quement organe de sociétés savantes, na-tionalité des auteurs, etc.).

2.2.4. Accès

C’est la visibilité du journal. Pour avoir uneaudience internationale, le journal doit êtreindexé dans les bases électroniques généra-listes ou spécialisées (Web of Science, Scopuset Google Scholar, etc.). Il peut être publiéen version papier et/ou électronique (OTSRest publié uniquement en version électro-nique). Ceci va conditionner la citation ulté-rieure de votre article, les articles de journauxnon indexés sont très peu cités. Attention, ilconvient de bien faire la différence entre re-vues indexées dans PubMed et revues in-dexées dans Clarivate Analytics (anciennementThomson Reuters) : la base Clarivate Analyticsest celle utilisée pour le calcul de l’IF.

Pour vérifier l’accessibilité des journaux sé-lectionnés, mettez les mots clés de votretravail dans votre base de données biblio-graphiques habituelle (Medline-PubMed parexemple) et vérifiez si le journal sélectionnéapparaît et à quel rang il est cité, cela vouspermettra de savoir si votre article a unechance d’être cité si vous publiez dans cejournal.

2.2.5. Académie

Que représente votre publication pour votrecurriculum vitae et votre promotion person-nelle ? Il est intéressant de regarder la com-position du comité éditorial de la revuechoisie, ainsi OTSR est reconnue commerevue de classe A par le CNU (ConseilNational des Universités) de chirurgie ortho-pédique (voir chapitre 2.4).

L’IF, indicateur de notoriété des revues, estle plus utilisé pour évaluer les publications. Ilsert également au calcul du score SIGAPSde votre établissement (intervenant dans lapart modulable de financement des établis-sements, basée sur la valorisation de sa pro-duction scientifique). L’IF dépend des spé-cialités médicales. Ainsi, certaines revues(New England Journal of Medecine, Lancet,Nature, etc.) ont un IF supérieur à 40, alorsque les meilleures revues d’orthopédie et detraumatologie du sport (American Journalof Sports Médecine, Journal of Bone andMineral Research, Sports Medecine, etc.)ont un IF entre 3 et 6. OSTR est en progressionrégulière depuis la création de sa versionanglaise en 2009 ; en 2016 il avait un IF de1,468 le classant au 41e rang sur 76 revues

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2.2. Quel journal choisir pour publier ? Par Jean-Luc BESSE et Philippe HARDYV

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d’orthopédie et traumatologie du sport (soitau 3e quartile - SIGAPS D).

2.2.6. Attente

Il est toujours difficile pour l’auteur d’attendrela réponse du journal à sa soumission. Ledélai de publication dépend des relecteurs(reviewers), de la rédaction mais égalementdu temps de réponse des auteurs. Il faut re-garder le volume de publication de la revue :un journal qui publie beaucoup répond engénéral plus rapidement. Le délai de publi-cation est souvent imprimé sur les articlespubliés (date de soumission et date d’ac-ceptation). Il dépend également du mode depublication ; l’open access est le plus rapide.

2.2.7. Conclusion

Le choix du journal dans lequel vous souhaitezpublier dépend de l’analyse objective devotre travail, du but de votre publication etde la connaissance du journal choisi. Avec lasoumission en ligne, le nombre d’articlessoumis augmente et la sélection est doncmathématiquement de plus en plus sévère.Pour OTSR, les soumissions ont été multipliéespar 3,5 en 8 ans (270 en 2009, 900 en2017), le taux d’acceptation en 2016 étaitde 25,9 %. Aussi, en cas de refus, ne vousdécouragez pas, soumettez à une autrerevue en tenant compte des commentairesfaits par les relecteurs, en respectant scru-

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puleusement les recommandations aux au-teurs de la nouvelle revue et en modifiantvos références pour inclure quelques réfé-rences de la revue choisie (taux d’autocitationmoyen de 15 à 20 %). N’envoyez surtoutpas un copier-coller du premier manuscritsoumis : de quoi irriter les rédacteurs du « nouveau » journal. Notre discipline a lachance d’avoir de multiples journaux indexés.Ce pluralisme vous donne la possibilité detrouver un journal susceptible de publiervotre travail, ce qui ne peut qu’être bénéfiqueà la diffusion de l’information.

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2.3. Du bon usage de la bibliométrie :les dérives de l’évaluation de la recherche Par Hervé MAISONNEUVE

2.3.1. De la scientométrie à labibliométrie

La scientométrie est la mesure quantitativede l’ensemble des activités scientifiquestoutes disciplines confondues. Ses donnéesincluent les montants investis pour la re-cherche et le développement, la formationdu personnel scientifique et la productiond’articles et brevets. La bibliométrie selimite à l’analyse des publications et de leurspropriétés. Les publications sont les articles,livres, thèses, la littérature grise (rapportsd’agences par exemple). La bibliométrie, ap-parue dans les années 1920, s’est surtoutdéveloppée après la deuxième guerre mon-diale. Des indicateurs ont été créés et large-ment diffusés à partir des années 1970, etles outils électroniques ont facilité les ana-lyses.

2.3.2. L’évaluation bibliométrique deschercheurs et de la recherche

La plupart des analyses bibliométriques per-mettent d’évaluer les laboratoires, universités,voire de comparer les pays. En France, nousavons des exemples vertueux comme lesanalyses faites par le Comité National deCoordination de la Recherche (CNCR) pourles CHU, et par les études de l’Inserm. Voiciun exemple de bonne utilisation de la bi-bliométrie, avec des extraits d’un communiquéde presse du CNCR : « À partir de 5 indica-teurs (la production, la part de productionen collaboration internationale, l’indice d’im-

pact normalisé et la part de publication dansTop 10 % et Top 1 %), le panorama montreque les CHU sont les premiers acteurs de larecherche biomédicale en France, au regarddu volume de publications. L’analyse permetégalement d’affirmer que cette productionprolifique (elle a augmenté de 35 % entre2006 et 2015), est de qualité : l’indice d’im-pact a augmenté de plus de la moitié,passant de 1 (la moyenne mondiale) à 1,5.L’impact des publications des CHU&R croîtplus rapidement que le volume. Les CHUsont les contributeurs majeurs de la pro-duction scientifique française : dans la clas-sification OCDE Medical & Health Science,les CHU&R contribuent à 30 % de la pro-duction française et ces publications corres-pondent à 45 % des citations. La collaborationinternationale est en hausse : en 10 ans, lapart d’articles des CHU&R en collaborationinternationale est passée de 27 à plus de 40 %. »

2.3.3. Les bases de données

Les principales bases connues sontPubMed/Medline (National Institute of Health),Web of Science (Clarivate Analytics), Scopus(Elsevier) et Google Scholar. Il existe desbases thématiques, et d’autres sont en dé-veloppement, par exemple iCite (https://icite.od.nih.gov/, National Institute of Health),ou I4OC (https://i4oc.org/#). Ces projetsveulent concurrencer les bases payantes.

2.3.4. Les indicateurs

Les bases permettent de calculer des indica-teurs pour faire des comparaisons entreéquipes de recherche ou entre institutions : • Il existe des indicateurs de notoriété

de revues, comme le facteur d’impact (IF)(Web of Science), ou Scimago (Elsevier).Ces indicateurs attribuent une notoriétéaux revues en fonction des citations desarticles sur des périodes de temps de 2 à 5 ans en général.

• Il existe des indicateurs qui mesurent lanotoriété des articles. Leurs noms dériventde « Article level metrics », ou « Alternativemetrics » et ils sont nombreux. Ces indica-teurs agrègent : 1) les téléchargements etconsultations (html, pdf, xml) ; 2) lescitations ; 3) les commentaires sur les ré-seaux sociaux (Nature.comblogs, Wikipedia,Research Blogging, Twitter, Google Blogs,Facebook, LinkedIn, ResearchGate, etc.) ;4) les partages et archivages dans Mendeley,CiteULike, Figshare, etc. Par exemple

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Altmetric (https://www.altmetric.com/) ouPlumX Metrics (https://plumanalytics.com/learn/about-metrics/) apparaissent sur lesarticles que nous consultons.

• Un indicateur a pour but de quantifierla productivité scientifique et l’impactd’un scientifique en fonction du niveaude citation de ses publications : l’indiceh (ou h-index de Hirsch). Un chercheur aun indice h si h de ses articles ont aumoins h citations. Cet indicateur favoriseles chercheurs seniors.

2.3.5. Les dérives de l’évaluation de larecherche

Le facteur d’impact (impact factor)

Dans les années 1970, les évaluateurs ontutilisé un critère de substitution (impactfactor) pour évaluer des carrières et pour al-louer des ressources. Ils ont cru que la noto-riété des revues était un bon indicateur pourévaluer les chercheurs. Le postulat était : sivous publiez dans une revue ayant unebonne notoriété (un facteur d’impact élevé),vos recherches sont de qualité. À partir desannées 1980, les acteurs ont compris ce quiétait demandé :• les comités de rédaction des revues ont

utilisé de nombreuses stratégies pour aug-menter les citations de leur revue : de-mander aux auteurs de citer la revue,mettre beaucoup d’articles en ligne dèsque possible, classer des articles dits « ci-tables » selon des négociations avec Clari-vate Analytics, etc. ;

• les auteurs ont compris qu’il fallait s’auto-citer, ils ont organisé des cartels de citations(je te cite, tu me cites), et des rédacteursde revues ont aussi optimisé le système…tout en évitant de dépasser 20 à 30 %d’autocitation de leur revue (car elles ris-quent alors de perdre leur facteur d’impactpour quelques années) ;

• les données utilisées pour calculer les fac-teurs d'impact d’une revue ne sont nitransparentes ni ouvertement accessiblesau public ;

• les évaluateurs n’avaient plus besoin delire et évaluer des travaux ou des articles,faisant une totale confiance au facteurd’impact. Ils gagnent du temps en compa-rant des indicateurs qui n’ont jamais évaluéla qualité des articles ou des recherches. Lefacteur d'impact d’une revue résulte d’unagrégat d'articles multiples et très diversifiés,mélangeant des travaux de recherche pri-maires et des revues de littérature.

Depuis le début des années 2000, desexperts ont attiré l’attention sur toutesces dérives.

En France, l’Académie des sciences a suggéréaux experts d’utiliser les indicateurs à bonescient. Un mouvement international gagnedu terrain depuis 2012. Il s’agit de DORA(Declaration On Research Assessment) quipropose à tous les acteurs d’utiliser correc-tement les indicateurs. DORA contient 18 recommandations, dont une recomman-dation générale (n'utilisez pas de paramètresfondés sur les revues, par exemple les facteursd'impact, comme mesure substitutive de laqualité des articles de recherche individuels,pour évaluer la contribution d'un scientifiqueou dans les décisions relatives à l'embauche,à la promotion ou au financement), deuxrecommandations pour les financeurs (êtreexplicite sur les critères d’évaluation), deuxpour les institutions (être explicite sur lescritères de promotion des chercheurs), cinqpour les éditeurs (développer d’autres indi-cateurs, être rigoureux sur les critères d’au-teurs, etc.), quatre pour les organisationsqui produisent les indicateurs (transparence),et quatre pour les chercheurs (dans les co-mités, évaluer sur la qualité scientifique et

non sur des indicateurs, citer la littératureprimaire plutôt que des revues de littéra-ture).

Pour en savoir plus

• Gingras Y. Les dérives de l’évaluation de larecherche. Du bon usage de la bibliométrie.Editions Raison d’Agir 2014, 122 pages.

• Académie des sciences. Du bon usage dela bibliométrie pour l’évaluation individuelledes chercheurs. Rapport remis le 17 janvier2011 à Madame la Ministre de l’ensei-gnement supérieur et de la recherche.http://www.academie-sciences.fr/pdf/rapport/avis170111.pdf

• Baudoin L, Devos P. Analyse bibliométriquedes publications des CHU-CHR 2005-2014.Cellule bibliométrique du CNCR. Février2016, 42 pages. http://www.cncr.fr/wp-content/uploads/2016/09/CNCR_Analyse-bibliometrique-20052014__def.pdf

• Maisonneuve H. L’autosuffisance des dic-tateurs des facteurs d’impact cache leurignorance de la bibliométrie. MédecineThérapeutique 2015;21(2):77-79.

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2.4. Comment le CNU prend-il en compte les publications (nominations, promotions hospitalo-universitaires) ? Par Stéphane BOISGARD

2.4.1. La publication est le marqueur del’activité de recherche de tout universi-taire, c’est donc une activité obligatoirepour qui veut accéder à un poste hospitalo-universitaire car sa valorisation par l’inter-médiaire des points SIGAPS (système d'in-terrogation, de gestion et d'analyse des pu-blications scientifiques) va contribuer à sanomination. Mais cette activité est tout aussiindispensable à celui qui est déjà nommé,qui est ou va devenir chef d’équipe. Elle estun des critères qui va permettre sa promotionde classe (ce qui n’est pas si anecdotiqueque cela même si cela n’est pas le but pre-mier). Mais surtout elle va assurer la mobili-sation de son équipe universitaire et sa co-hésion (et lui valoir une rétribution grâceaux MERRI) : on peut imaginer que leséquipes où des chirurgiens s’orientent surdes articulations et thématiques différentesconservent malgré tout des projets communs,et donc des publications communes.

2.4.2. Ces publications sont évaluées parl’intermédiaire des points SIGAPS qui ontl’avantage de mettre en place une règlecommune. Les points donnés étant directe-ment reliés au rang de la revue dans laquellela publication a été faite et à la place del’auteur. Ceci étant, cette clé d’évaluationne permet de comparer que les publicationsdans une même spécialité, le nombre de re-vues dans une spécialité ayant un impactpour l’attribution de la valeur du point SIGAPS.

L’évaluation quantitative étant la plus facile,les ministères de tutelle ont donné des seuilsqui ont été obligatoires pendant des annéeset qui sont, à l’heure actuelle, indicatifs.Chaque sous-section de CNU adapte cesseuils à la spécialité et au candidat. Il n’en

reste pas moins vrai que tout candidat pourun poste de MCU devra avoir un scoreSIGAPS proche de 200 points et pour unposte de PU de 400 points. Si les CNU ontune appréciation adaptative de ce score ilfaut savoir que certaines UFR ou universitésles considèrent comme des pré-requis indis-pensables.

Si la lettre, voire la « tyrannie », du score SI-GAPS est presque exigée par les ministèreset les UFR, pour le CNU, c’est l’esprit despublications qui est le plus important. Eneffet les publications sont le reflet d’une ac-tivité de recherche. Cette activité est untravail d’évaluation des pratiques via la re-cherche clinique et d’amélioration de la priseen charge des patients à l’aide de travauxplus fondamentaux. Cette démarche doitavoir une grande cohérence et être la tra-duction de la stratégie d’un HU, que celasoit pour une nomination ou pour la dyna-mique de son équipe.

2.4.3. Cette démarche est évaluée par lediplôme d’Habilitation à Diriger les Re-cherches (HDR) qui permet d’apprécierl’ensemble des travaux d’un candidat. Cettecohérence et la qualité des travaux qui peu-vent être très originaux permettent de validerun candidat proche du seuil.

2.4.4. Les publications sont aussi utiliséespour les promotions des candidats dansles différents grades, mais elles sont dansce cas laissées à l’entière appréciation desCNU : en orthopédie (sous-section 50-02)nous l’intégrons dans différents scores d’éva-luation, au même titre que les autres activitéscliniques, d’enseignement et également lesparticipations aux instances collectives qu’ellessoient hospitalières, facultaires dans l’ensei-gnement ou la recherche.

2.4.5. Le premier rôle du chirurgien HUdans la publication est d’être auteur lui-même mais aussi d’aider les membres deson équipe à écrire pour publier (d’autantplus quand l’âge avance !). Cette activité avaleur d’enseignement, elle permet d’ac-compagner un travail scientifique. C’est obli-gatoire pour passer sa thèse et valider sonDESC (publication nécessaire lors du passagede l’examen). Elle a également un rôle desoutien important aux membres de sonéquipe qui s’orientent vers une carrière HU,et lui permet de piloter la stratégie globalede son groupe.

Mais encore faut-il avoir des relecteurs im-pliqués et attentifs sous peine de ne plusavoir de publications de bon niveau enFrance. Et nous aurions alors des difficultés : • à former des enseignants ;• à avoir le niveau nécessaire à une formation

de haut niveau pour les internes durantleur cursus ;

• à assurer à la collectivité orthopédique ladiffusion suffisante des connaissances aumaintien de la qualité des soins.

La publication est donc un élément fonda-mental de la carrière d’un chirurgien HU :elle permet sa nomination, assure la pérennitéet le rayonnement d’une équipe, ainsi quesa cohésion.

Le chirurgien aura ensuite un rôle envers lacollectivité des orthopédistes en leur apportantaide et assistance pour publier leurs travaux,quel que soit leur mode d’exercice (activitéde reviewing). Le pilotage de l’activité depublication d’une équipe détermine unestratégie qui permet à la spécialité de garderla valence universitaire sur le long terme.

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2.5. Les outils d’aide à la rédaction Par Hervé MAISONNEUVE

R édiger un manuscrit pour une revuebiomédicale à comité de lecture né-cessite bien sûr de connaître et res-

pecter les instructions aux auteurs de larevue choisie mais aussi les méthodes de ré-daction. Il existe des outils pour vous aiderdans l’étape de rédaction (livres recomman-dations, sites, blogs, etc.).

2.5.1. Les livres sur la rédactionmédicale

Des livres en français : • Guide de rédaction scientifique par D.

Lindsay, P. Poindron avec comme sous-titre L'hypothèse, clé de voûte de l'articlescientifique, éditions Quae. www.quae.com/fr/resultat-recherche.html?action=RECHERCHE&searchtext=poindron ;

• Stratégies de publication scientifiquepar P. Volland-Nail (gratuit) pour bien ex-pliquer où, quand comment et avec quipublier, éditions Quae. http://www.quae.com/fr/resultat-recherche.html?action=RECHERCHE&searchtext=volland-nail ;

• La Rédaction Médicale. Maisonneuve H,Lorette G, Maruani A, Huguier M (2010).L’ouvrage étant épuisé, une rééditiondevrait avoir lieu en 2019.

Les classiques anglo-saxons :• How to write and publish a scientificpaper actualisé en 2016 ; B. Gastel et R.Day ont écrit un livre adapté à un publiclarge de scientifiques et facile à lire.https://www.abc-clio.com/ABC-CLIOGreenwood/product.aspx?pc=A4995C ;

• Deux ouvrages de l’American College ofPhysicians, écrits par un statisticien, T. Lang(http://www.tomlangcommunications.com/) :

• - How to report statistics in medicine.Annotated guidelines for authors, editorsand reviewers est un livre didactique ;

• - How to write, publish, & present inthe health sciences. A guide for clinicians& laboratory researchers a de bons conseilsgénéraux ;

• Citing Medicine de la National Library ofMedicine est très utile avec 26 chapitres,6 annexes, et tout en accès libre.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK7256/.

2.5.2. Les recommandations

Les recommandations de l’International Com-mittee of Medical Journal Editors (ICMJE)sont le texte le plus fédérateur. Vingt pagesde conseils de rédaction, avec des partiessur l’éthique du système. Version française :Recommandations pour la conduite, laprésentation, la rédaction et la publica-tion des travaux de recherche soumis àdes revues médicales. http://icmje.org/recommendations/translations/.

Equator Network (http://www.equator-network.org/) collecte les lignes directricespour écrire des articles originaux selon laméthode (essai randomisé, cohorte, cas cli-nique, étude médico-économique, étudeanimale, etc.). Plus de 200 recommandationsproposent des listes d’items que les auteurssuivent, ce qui facilite leur travail.

Des recommandations spécifiques pour lesétudes sponsorisées par un industriel : GoodPublication Practice for CommunicatingCompany-Sponsored Medical Research:GPP3. La version, publiée dans les Annals ofInternal Medicine (http://annals.org/aim/fullarticle/2424869/good-publication-practice-communicating-company-sponsored-medical-research-gpp3), ap-porte des conseils précieux pour faciliter letravail et les relations entre auteurs/investi-gateurs et promoteurs d’études industrielles.

2.5.3. Des outils pour choisir une revue

D’apparition plus récente, des sites internetproposent des noms de revues publiantvotre thème de recherche. Vous entrez soitdes mots-clés, soit votre abstract, voire lesdeux, et le système vous liste des revues parpertinence décroissante. J’en connais cinq,mais il doit en exister d’autres, et je ne saispas vers lequel orienter selon vos attentes : • Find the perfect journal for your article

par Elsevier (https://journalfinder.elsevier.com/) ;

• Find the right journal for your manuscriptpar Springer (http://www.springer.com/gp/authors-editors/journal-author/journal-author-helpdesk/preparation/1276) ;

• JournalGuide par Research square(https://www.journalguide.com/) ;

• Jane par The Biosemantics group (http://jane.biosemantics.org/) ;

• Journal Selector par Edanz (https://www.edanzediting.com/journal-selector).

2.5.4. Des conseils pour écrire

Il existe des ressources étonnantes commeAcademicPhraseBank, à l’Université deManchester (http://www.phrasebank.manchester.ac.uk) proposant des phrasestypes en anglais. Les maisons d’éditions pro-posent des conseils avec de nombreusesressources. Publishing with Elsevier: step-by-step apporte de bonnes idées (https://www.elsevier.com/authors/journal-authors/submit-your-paper#find). AuthorAcademy, proposé par Springer, est intéres-sant (https://www.springer.com/gp/authors-editors/authorandreviewertutorials).

2.5.5. Réviser votre anglais

Faire réviser localement par un rédacteurproche de votre laboratoire ou de votre dé-partement est la meilleure option. Il existede nombreux sites proposant ces services,et je ne sais pas choisir ceux qui peuventêtre recommandés. Si vous travaillez déjàavec un medical writer, il se charge de lacorrection en bon anglais. Les instructionsaux auteurs des revues donnent des conseilset orientent vers des sociétés de rédaction.

2.5.6. Les sites, blogs et forums dediscussion

J’anime un blog en français sur lequel jepublie chaque jour ouvrable un billet sur desproblématiques des revues biomédicales :Rédaction Médicale et Scientifique (www.redactionmedicale.fr) ; le premier jour dechaque mois, j’envoie à plus de 10 000 per-sonnes une newsletter résumant le moispassé (vous pouvez vous abonner gratuite-ment sur le blog ou m’adresser votre emailà [email protected]).

Retractionwatch (https://retractionwatch.com/) est un blog géré par deux journalistesaméricains (dont l’un est médecin), avecpour objectif de commenter toutes les ré-tractations d’articles. Ce blog s’est développé,a eu des ressources de fondations, emploiede jeunes collaborateurs, et publie plusieursbillets pas jour. La newsletter hebdomadaireest très documentée.

De nombreux forums existent, souvent crééspar des revues de spécialité. Les revues devos spécialités ont parfois des blogs dédiésaux discussions dans la spécialité.

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bof n° 83 10 Avril 2018

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L ’ICMJE (International Committee ofMedical Journal Editors, ex groupe deVancouver, composé de rédacteurs de

revues médicales dont le JAMA, le New En-gland Journal of Medicine, The Lancet, etc.)a proposé dans un document de « recom-mandations », les règles de la rédactionscientifique dans tous ses aspects : éthiques,légaux (précisant les droits et les devoirs desauteurs mais aussi des rédacteurs et la ques-tion des liens d’intérêt) et, bien sûr, lesrègles techniques de la rédaction scientifiquesuivant le fameux format IMRAD. Un grandnombre de périodiques médicaux y adhèrentet se sont engagés à respecter ces recom-mandations. De fait, la plupart des instructionsaux auteurs des différents journaux se rap-prochent de ce texte très complet ; des par-ticularités subsistent cependant d’un journalà l’autre, ce qui n’est pas pour simplifier latâche des auteurs.

3.1.1. La soumission d’un manuscrit àune revue passe donc par la lecturepréalable (et le respect) de cesinstructions aux auteurs

Des détails de présentation diffèrent d’unerevue à l’autre : ponctuation, format des ré-férences, nombre de mots de l’abstract, etimposent une mise en forme du texte quipeut paraître fastidieuse. En revanche, lesformats rédactionnels requièrent concision,précision avec exploration d’une hypothèsede travail déclinée en 2 à 3 questions : c’estla « question-driven form » préconisée pardes journaux anglo-saxons, qui tend à faciliterla compréhension du texte, donc à augmenterles chances d’être lu et cité. Les auteurs doi-vent comprendre que l’acceptation de leurtexte doit satisfaire aussi les intérêts de larevue en pourvoyant ses colonnes de ma-nuscrits faciles à lire, avec des titres accro-cheurs, délivrant un message et des abstractsbien construits et incluant les principales in-formations du travail. L’abstract est, en effet,bien souvent la seule partie du manuscritqui est lue par les auteurs en recherche deréférences à citer : il doit donc être autosuf-fisant. En ce qui concerne les références,de nombreux logiciels viennent à la rescoussedes auteurs permettant le formatage auto-

matique de la liste de ces références et deleur appel dans le texte en fonction des exi-gences du journal. Mais l’utilisation de cesprogrammes, dont les plus connus sont End-note et Zotero, doit être maîtrisée et ne dis-pense pas d’une vérification minutieuse desréférences et de quelques corrections sup-plémentaires.

Le chapitre méthodologie doit expliquer lafaçon dont on souhaite tester les questionsde l’hypothèse de travail. C’est souvent surla méthodologie que la décision de rejet durédacteur intervient, avant même la « peer-review ». Les résultats doivent correspondredirectement aux questions posées. Enfin, ladiscussion est probablement le chapitre leplus délicat. Elle doit commencer par la ré-ponse à l’hypothèse de travail et être conçuecomme une lecture autocritique des résultatsqui viennent d’être exposés, limitant la portéedes conclusions en fonction de la populationd’étude et en fonction des autres papiers dela littérature portant sur le même sujet. Ellenécessite donc d’avoir une bonne culturechirurgicale et d’être capable de prendre uncertain recul par rapport à un travail personnel,ce qui est un exercice difficile surtout pourles auteurs les plus jeunes. Pour Orthopaedicsand Traumatology : Surgery and Research,un guide rédactionnel sous la forme des «templates » (http://www.em-consulte.com/getInfoProduit/RCOT/instructionsAuteurs/RCOT.pdf) est proposé sur le site, guidantl’auteur sur le nombre de mots par sectiondu manuscrit et la présentation du protocolede recherche.

Le travail de rédaction ne doit donc être en-trepris qu’après une lecture complète et at-

tentive des instructions aux auteurs et aprèsavoir considéré le style global de la revue defaçon à s’assurer que le travail envisagé cor-respond bien au lectorat revendiqué par larevue. Trop de manuscrits sont encore pro-posés à des revues inadaptées, ce qui entraînerejet automatique d’emblée et perte detemps à la fois pour les auteurs et les rédac-teurs. On peut enfin conseiller une ultimerelecture de celles-ci, juste avant de soumettrele manuscrit, pour en faire une « check-list ».

3.1.2. La loi Jardé (2012) relative auxtravaux de « recherche impliquant lapersonne humaine » s’applique depuispeu car ses décrets d’application n’ont étépubliés qu’en mai 2017 !

Les modalités doivent en être parfaitementconnues, même si notre revue OTSR resteencore tolérante vis-à-vis de ce qu’il fautmaintenant considérer comme des obligationslégales. Mais ces dernières sont pour le mo-ment françaises et il est difficile d’imposer, àdes manuscrits de provenance internationale,toutes les subtilités de la loi française, mêmes’il est probable que l’ensemble de ce dispositifs’internationalisera à terme. La première dif-ficulté est de situer le niveau d’évidence del’étude entreprise (cf Lettre du CNP n°17Sept 2017).

Les exigences de la loi restent très modéréespour les études observationnelles rétros-pectives, incluant des patients traités selondes méthodes conventionnelles, sans quene soient pratiqués d’examens spécifiquespour les besoins de l’étude. Cela concerne,il faut bien le reconnaître, la plupart desmanuscrits soumis à OTSR. Les choses secompliquent lorsqu’on passe au stade desétudes prospectives, où apparaissent desnotions comme le consentement des patients,l’approbation par un Comité de protectiondes personnes (CPP) ou la déclaration debase de données auprès de la Commissionnationale de l’informatique et des libertés(CNIL). Sur le plan pratique, cela signifie quela phase préparatoire de l’étude, c’est-à-dire avant l’inclusion du premier patient,peut durer plusieurs mois. Un refus ou desmodifications demandées par le CPP peuvent

3. L’écriture de l’article

3.1. Respect des instructions aux auteurs : contraintes supplémentaires liées à la loi Jardé Par Philippe MASSIN

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3.2. Qu’est-ce qu’un auteur, un co-auteur ? Qui signera l’article ? Par Philippe CLAVERT

3.2.1. Contexte

Au fil du temps, la bibliométrie montre clai-rement une augmentation progressive dunombre d’auteurs. Cette augmentation peutavoir plusieurs raisons, dont notamment ledéveloppement des collaborations entre lesdifférentes unités de recherche, mais aussides raisons de promotions, avec toutes lesdérives que cela peut engendrer [1, 2]. Il estimportant de prendre conscience qu’êtreco-auteur d’un article scientifique confèreavantages, mais aussi solidarité et responsa-bilité [3].

3.2.2. Spécificités de la rédactionscientifique

La rédaction scientifique ne répond à aucuncadre juridique mais uniquement à un cadreéthique. En cas de fraude, la réglementationdiffère en fonction du pays, de l’universitéde rattachement, voire de l’institution dontdépendent les auteurs. De là, différents or-ganismes ou associations se sont constitués,pour éditer un certain nombre de recom-mandations, comme :• Committee on Freedom and Responsibility

in the conduct of Science ;

• Committee on Publication Ethics (COPE).Code of Conduct and Best Practice Guide-lines for Journal Editors ;

• Committee on Science, Engineering andPublic Policy, National Academy of Sciences ;

• Office of Research Integrity. AuthorshipGuidelines ;

• International Committee of MedicalJournal Editors (ICMJE).

Nos journaux ont intégré l’ICMJE et c’estpour cela qu’il est demandé aux auteurs designer leur déclaration ICMJE lorsqu’ils veulentpublier dans OTSR [4, 5].

3.2.3. L’International Committee ofMedical Journal Editors (ICMJE)

Aujourd’hui, plus de 3 000 journaux ontdéclaré adhérer à l’ICMJE (initialement appelé« groupe de Vancouver »). L’ICMJE édite uncertain nombre de règles éthiques (utilisationdes données patient, traitement des infor-mations, rôle des auteurs, etc.), de rédactionet de format des articles biomédicaux [4]. Laconclusion des travaux de cette organisationest que tous les auteurs sont collectivementresponsables de la globalité de la publication.

Si un auteur se retire car il refuse d’être co-responsable, la publication n’est envisageableque si les autres auteurs sont disposés à as-sumer la responsabilité pour la contributionde l’auteur qui s'est retiré [6].

3.2.4. Définition de l’auteur

Quatre conditions doivent être réunies pourqu’une personne puisse prétendre être consi-dérée comme un co-auteur d’un articlescientifique [7, 8] :1. sa contribution doit être substantielle,

dans la conception de l’étude, les méthodesde la recherche, l’acquisition, l’analyse oul’interprétation des données ;

2. le co-auteur doit avoir participé à la ré-daction préliminaire de l’article ou à sarévision critique impliquant une contribu-tion importante au contenu intellectuel ;

3. tous les co-auteurs doivent avoir approuvéla version finale à publier (et signé leurdéclaration d’intérêt) ;

4. chaque auteur s’engage à assumer l’im-putabilité pour tous les aspects de la re-cherche veillant à l’exactitude ou l’intégritéde toutes les parties du manuscrit.

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encore retarder le processus. Une organisationparticulière des services chirurgicaux est doncnécessaire, ne serait-ce que parce que certainsinvestigateurs, comme les internes, circulentde service en service à un rythme semestrielet qu’il leur sera donc impossible de suivrel’étude de sa conception à sa réalisation. Onvoit donc apparaître les notions d’investiga-teurs « de passage » ou « temporaires » etd’investigateurs stables, dernier groupe quidoit évidemment inclure les investigateurspilotes. Cela n’est pas sans conséquencedans la mesure où ce sont les investigateurstemporaires qui sont les plus jeunes et leplus en demande de publications en bonneplace pour valider leur diplôme. En pratique,la dernière place dans la liste des auteurs estparticulièrement valorisée et réservée à l’in-vestigateur principal, lui permettant ainsi dedégager les premières places à des investi-gateurs plus jeunes.

Les conditions de la loi se durcissent si letraitement des patients est modifié parrapport aux protocoles traditionnels, no-tamment s’il inclut la pratique d’examenscomplémentaires non indispensables au trai-tement (dont il faut évaluer la nocivité éven-tuelle) où l’utilisation de dispositifs médicauxinnovants ; une autorisation de l’ANSM(Agence Nationale de Sécurité du Médica-ment) est alors requise. On comprend doncque plus la sophistication du protocole aug-mente, plus la phase de préparation s’allonge.Il en résulte que les études plus sophistiquéeset significatives ne peuvent être entreprisesqu’au sein d’équipes disposant d’assistantsde recherche clinique et de méthodologistes,alors que les études observationnelles rétro-spectives restent plus accessibles. On pourraitégalement faire la même remarque pour lessymposiums organisés par la SOFCOT, àmoins que les sujets et les équipes ne soientdéfinis plusieurs années à l’avance, ce qui enpratique reste difficile pour certains sujets.

3.1.3. Conclusion

Il faut finalement prendre conscience queles instructions rédactionnelles, auxquellespeuvent s’ajouter les protocoles de soumis-sion, sont contraignantes : leurs objectifsrespectifs de qualité scientifique et de pro-tection de la personne humaine ont pourconséquence inéluctable de rallonger le pro-cessus de mise en place et de publicationdes études. Le but ultime est probable-ment de publier moins mais mieux, etdonc de privilégier la qualité à la quantité.La course aux publications en vue d’unepromotion est une démarche vaine à moyenet long terme (voir chapitre 2.4). Rappelonsles propos d’un des plus fameux prix Nobel,A. Einstein : « tout jeune chercheur effectuantune carrière universitaire est confronté à lanécessité de produire un grand nombre depublications scientifiques. Il s’agit là d’unecontrainte à laquelle il faut savoir résister ».

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3.2.5. Ordre des auteurs

Le premier auteur est responsable duprojet et a la responsabilité principale de lapublication. Le responsable du projet peutnéanmoins être en dernier s’il a moins contri-bué que le responsable des résultats.

Le dernier auteur : cette place est usuelledans des équipes de recherche au sein d’ins-titut, si la séniorité scientifique est supérieureaux autres. Il est souvent considéré commele principal responsable de la publication etdonc valide la publication.

Les autres auteurs sont tous ceux qui ontcontribué substantiellement à la rechercheet à la rédaction du manuscrit. Toutes lespersonnes qui remplissent les critères donnantdroit à la qualité d’auteur doivent être men-tionnées comme auteurs d’une publicationscientifique, y compris le chef de serviceet/ou de Laboratoire.

L’auteur correspondant : il est chargé defaire le lien entre l’éditeur et les autresauteurs. Il doit s’assurer que tous les auteurssont informés de l’état d’avancement de lapublication et vérifier que tous les coauteurssont et restent d’accord avec les résultats etle texte [9-11].

Une revue systématique [12] a montré qu’ilexistait des variations importantes dans lespratiques des auteurs, et que ces comporte-ments pouvaient nuire à l’intégrité de la re-cherche.

3.2.6. Les remerciements

Il s’agit d’une rubrique spécifique qui offrela possibilité ou l’obligation morale de rendrehommage à certaines contributions qui nedonnent pas droit à la qualité d’auteur touten étant dignes d’intérêt. Cette partie permetentre autres de signaler la contribution derédacteurs médicaux professionnels égale-ment appelés « medical writers » (voirchapitre 3.3) qui ont participé à l’écriture del’article ; mais aussi de remercier certainscollaborateurs ayant contribué à la dactylo-graphie, à l’amélioration rédactionnelle dumanuscrit ou enfin aux illustrations.

3.2.7. Conclusion et recommandations

Il semble donc indispensable de bien choisirles auteurs d’un article pour éviter les conflits.L’ordre doit être déterminé le plus tôt possibledans la démarche de publication d’une étude

et certainement jamais au moment du BAT(bon à tirer de l’article) [8].

Cinq recommandations peuvent être faites :1. toujours se renseigner sur ses collabora-

teurs ;2. établir d’emblée les règles de partage du

travail et donc les places ;3. conserver des traces des versions des ma-

nuscrits avec auteurs dès la V1 ;4. en cas de conflit : informer le senior qui

est au courant de la soumission ;5. rester positif.

Références

1. Mentzelopoulos S, Zakynthinos S. ResearchIntegrity, Academic Promotion, and Attri-bution of Authorship and NonauthorContributions. JAMA. 2017;318(13):1221-2.

2. Epstein R. Six authors in search o facitation: villains or victims ofthe Vancouverconvention? BMJ. 1993;306:765-7.

3. Stephenson J. ICMJE: All authors of medicaljournal articles have "responsibility tostand by the integrity of the entire work".JAMA. 2013;310(12):1216.

4. Zarin D, Tse T, Williams R, Rajakannan T.Update on Trial Registration 11 Years afterthe ICMJE Policy Was Established. N EnglJ Med. 2017;376:383-91.

5. Drazen J, Van der Weyden M, Sahni P,Rosenberg J, Marusic A, Laine C, et al.Uniform format for disclosure of competinginterests in ICMJE journals. N Engl J Med.2009;361:1896.

6. Resnik D, Wager E, Kissling G. Retractionpolicies of top scientific journals rankedby impact factor. J Med Libr Assoc.2015;103(3):136–9.

7. Fontanarosa P, Bauchner H, Flanagin A.Authorship and Team Science. JAMA.2017;318(24):2’433-2437.

8. Davidoff F. Who’s the author? Problemswith biomedical authorship, and somepossible solutions. Science Editor. 2000;23:111-9.

9. Sauermann H, Haeussler C. Authorshipand contribution disclosures. Science Ad-vances 2017;3(11):e1700404.

10. Dulhunty J, Boots R, Paratz J. Determiningauthorship in multicenter trials: a syste-matic review. Acta Anaesthesiol Scand.2011;55:1037-43.

11. Whellan D, Ellis S, Kraus W, HawthorneK, Piña I, Keteyian S, et al. Method forestablishing authorship in a multicenterclinical trial. Ann Intern Med. 2009;151:414-20.

12. Marusic A ,Bosnjak L, Jeroncic A. A sys-tematic review of research on the mea-ning, ethics and practices of authorshipacross scholarly disciplines. PLoS One, 6,2011,e-23477.

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3.3. Les medical writers : améliorent-ils la qualité des publications ? Par Hervé MAISONNEUVE

À côté des auteurs et co-auteurs, ilest nécessaire d’évoquer un inter-venant éventuel dans le processus

éditorial : le rédacteur médical professionnel(ou medical writer dans le jargon de laplupart des équipes) ; il peut aider les auteurspour préparer un manuscrit.

Les réactions des chercheurs sont variablesquand on évoque les medical writers pourles aider à écrire. Certains pensent que cetteassistance est inutile, voire dangereuse, etque le travail académique ne peut pas êtresous-traité ; d’autres au contraire expliquentqu’ils ne peuvent plus s’en passer et qu’écriren’est plus possible sans l’assistance d’unmedical writer. Tous ceux qui en ont uneexpérience disent que la qualité du serviceest inégale, car cette sous-traitance estdifficile, tant pour l’auteur que pour le ré-dacteur.

3.3.1. Qu’est-ce qu’un medical writer ?Sous-traitance « déclarée » enrecherche clinique

Des recommandations concernent les pra-tiques des medical writers [1] ; elles suiventles règles internationales du comité interna-tional des éditeurs médicaux ICMJE [2] ;elles stipulent que les medical writers doiventêtre « remerciés » dans les manuscrits, carles rédacteurs fantômes (« ghost writers »)ne sont pas acceptables ; les medical writersconnaissent bien les lignes directrices du ré-seau Equator (www.equator-network.org).

Le recours à des medical writers est courantdans la recherche clinique académique ouindustrielle. La plupart des étapes sont sous-traitées par les chercheurs qui conduisentdes expériences dont ils ont eu l’idée : ilsfont écrire le protocole par des méthodolo-gistes et des biostatisticiens ; ils délèguent lemonitoring à des attachés de recherche cli-nique ; la base de données est gérée pardes spécialistes et les analyses sont faitespar des statisticiens ; la rédaction de rapportsstatistiques et/ou cliniques de 500 à 1 000pages est faite par des statisticiens. L’étapesuivante, la rédaction d’un manuscrit à sou-mettre à une revue peut être confiée à unmedical writer.

De même, les industries doivent soumettrede nombreux rapports aux autorités desanté. Ces rapports sont écrits par desmedical writers qui suivent des recomman-dations appelées CORE pour Clarity andOpenness in Reporting: E3-based (http://www.core-reference.org/). Un medical wri-ter écrit les manuscrits des grandes étudesindustrielles de phase 3 publiées par lesrevues prestigieuses.

Un medical writer rédige les rapports pourdes agences sanitaires, des abstracts etposters des congrès, des dossiers de demandede financements, des documents de forma-tion professionnelle, etc.

Pour l’activité des cliniciens, le recours àun medical writer permet de valider, mettreen forme et retravailler un manuscrit ; lemedical writer s’assure de la pertinence dela discussion sur la base des documents quilui sont fournis, vérifie les données et les ré-férences. In fine, le but est de proposer unmanuscrit « propre » et rigoureux au comitéde rédaction de la revue qui l’analysera,avec de meilleures chances d’acceptation.

En pratique, l’apport des rédacteurs médicauxest surtout un gain de temps : en utilisantles lignes directrices CONSORT Abstractcomme critère de jugement, une étude acomparé la qualité de 463 résumés d’essaisrandomisés contrôlés publiés dans 5 revuesprestigieuses entre 2011 et 2014, selonqu’un rédacteur médical était présent ounon [3]. Il n’y avait pas de différence signifi-cative entre les deux groupes. L’interventiondu rédacteur médical faisait que les lieuxdes essais étaient moins bien décrits, alorsque les effets indésirables étaient mieux dé-crits.

3.3.2. Qui sont les medical writers etcomment les choisir pour écrire unarticle ?

Les medical writers travaillent soit au seind’industries de santé, d’universités, d’insti-tutions de recherche, d’agences de com-munication, de petites sociétés, soit en exer-cice libéral. Ils peuvent obtenir l’un des di-plômes professionnels organisés sous l’égidedes sociétés savantes (encadré 1). Il fautbien choisir le medical writer avec lequelcollaborer :

ENCADRÉ n° 1

Les medical writers ont leurssociétés savantes, leurs congrès,

leurs revues scientifiques

• L’European Medical Writers Asso-ciation (https://www.emwa.org/),créée en 1989, réunit 1 000 membresde 39 pays. L’EMWA organise deuxconférences annuelles et a un site in-ternet avec de nombreuses ressources,dont les recommandations profession-nelles. L’EMWA publie une revue Me-dical Writing avec 4 numéros par an.

• L’American Medical Writers Asso-ciation (https://www.amwa.org/),créée en 1940, réunit 4 000 membresde 30 pays. L’AMWA organise uneconférence annuelle qui change chaquefois de continent et a un site internetavec de nombreuses ressources, dontles recommandations professionnelles.L’AMWA publie une revue AMWAJournal avec 4 numéros par an.

• L’International Society for MedicalPublication Professionals (http://www.ismpp.org/), créée en 2005,réunit 1 500 membres avec une re-présentation internationale y comprisl’Asie. L’ISMPP organise une conférenceannuelle, a un site internet et une au-dience globale comparable à l’EMWAet l’AMWA. L’ISMPP ne publie pas derevue scientifique.

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3.4. Règles essentielles pour la rédaction d’un mémoire original Par Dominique ROULEAU

L e mémoire original est, avec les méta-analyses et les analyses systématiquesqui en découlent, le type de publication

le plus important en orthopédie. Son contenudoit avant tout porter sur une idée ou uneinformation nouvelle. Le présent texte estfortement inspiré du document d’instructionsaux auteurs disponible sur http://www.em-consulte.com/getInfoProduit/RCOT/instructionsAuteurs/RCOT.pdf. Nous invi-tons les auteurs à consulter les guides de ré-daction scientifique propres à chaque typed’étude (voir chapitre 2.5) (CONSORT : étuderandomisée, PRISMA : revue systématiqueet méta-analyse, STROBE : étude observa-tionnelle) [1-3].

Un mémoire original est un compte renduscientifique et doit donc obéir à des normesrigoureuses tant au niveau de la forme quedu fond. Il doit répondre avant tout à unequestion de recherche. Ce type d’article doitêtre suffisant en lui-même et contenir toutel’information permettant de comprendre leprocessus scientifique sous-jacent. Dans lecadre d’une étude clinique, la conclusion doitêtre limitée aux résultats de l’étude et doitguider les décisions médicales. D’autre part,une étude expérimentale doit inclure unejustification clinique en introduction et conclurepar des applications pratiques potentielles.

Les études originales doivent donc se confor-mer aux normes internationales et adhérerau style et à la structure scientifique IMRAD(Introduction, Matériel et Méthodes, Résultats,Discussion) dans la présentation de l'article.Bien sûr, chaque auteur écrit différemmentet sur certains points qui suivent il y auratoujours matière à débat [4-6].

3.4.1. Le titre

Le titre doit contenir le type d’étude, la pa-thologie étudiée, le traitement étudié et lesens du résultat. Par exemple : La prothèseinversée de l’épaule supérieure à la fixationdans les fractures de l’humérus proximal :étude prospective randomisée.

3.4.2. L’introduction

L'introduction doit inclure :• une revue ciblée de la littérature (quelles

sont les données acquises sur le sujet ?) etsurtout la justification de l'étude (qu’estce qui peut justifier cette publication ?) etl'hypothèse de travail ;

• des questions de recherche claires et simples(les meilleures sont celles auxquelles onpeut répondre par oui ou par non) dont laquestion n° 1 qui correspond à l’hypothèsede travail. Elles seront comparées aux ré-sultats obtenus dans la conclusion.

Les études pertinentes publiées dans la revuedans laquelle est soumis l’article ne doiventpas être oubliées (auto-citation). Il faut éviterles revues historiques ou trop générales afinde se concentrer sur la littérature contem-poraine justifiant le besoin de la nouvelleétude. Chaque paragraphe doit contenirune seule idée (un paragraphe par questionselon la norme « question driven », structureproposée par OTSR). Il doit être cohérent etfluide. La première phrase devra être courteet donner un survol du contenu du para-graphe en question [4].

3.4.3. Les méthodes

Elles doivent décrire les points suivants :• le protocole appliqué et le type d'étude

menée. Pour les études menées sur dessujets humains, la manière dont l'étuderépond aux normes éthiques requises parles comités d'éthique en place doit êtreexplicitement énoncée au titre de la « mé-thode ». En outre, les études sur lesanimaux doivent avoir suivi les exigenceséthiques dans le domaine ;

• les critères d'inclusion et d'exclusion et lemode de recrutement et, à ce titre, unflow chart est toujours le bienvenu, per-mettant une description plus précise quedu texte et en utilisant moins de mots ;

bof n° 83 14 Avril 2018

• travailler avec un rédacteur qualifié et qui,de préférence, connait le domaine etl’équipe de recherche, est la meilleure so-lution. Il existe des rédacteurs en France,la plupart travaillant au sein de sociétésunipersonnelles ou de moins de 10 rédac-teurs. Des rédacteurs sont utilisés par desdélégations de recherche clinique des hô-pitaux ;

• des agences et des sociétés internationalesproposent ces services pour toutes les dis-ciplines scientifiques, de la biologie au ma-nagement et aux sciences sociales, etc.Des sites internet proposent de nombreusesactivités, plutôt du type mise en forme etrelecture de la langue anglaise ;

• Les medical writers ont leurs propres re-commandations pour une bonne pratiqueen rédaction médicale (encadré 2).

Références

1. Battisti WP, Wager E, Baltzer L, et al.Good publication practice for communi-cating company-sponsored medical re-search: GPP3. Annals of Internal Medicine2015;163(6):461-464.

2. International Committee of Medical JournalEditors. Recommandations pour laconduite, la présentation, la rédaction etla publication des travaux de recherchesoumis à des revues médicales. Déc 2017http://icmje.org/recommendations/translations/

3. Mills I, Sheard C, Hays M, et al. Professionalmedical writing support and the reportingquality of randomized controlled trial abs-tracts among high-impact general medicaljournals [version 2; referees: 2 approved].F1000 Research 2017;6:1489.

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ENCADRÉ n° 2

Des recommandations pour unebonne pratique en rédaction

médicale

• L’AMWA, l’EMWA et l’ISMPP ont desdéclarations communes sur le rôle desmedical writers (https://www.emwa.org/about-us/position-statements/joint-position-statement-for-professional-medical-writers/français/). Ces déclarations précisentles responsabilités des rédacteurs etdes auteurs.

• Des sociétés savantes, avec des repré-sentants d’industries et des universitaires,mettent à jour des recommandationsconnues sous le sigle GPP3 pour bonnespratique des publications des étudessupportées par l’industrie [1].

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• les traitements étudiés si c’est le cas ;• le critère principal (outcome principal, ques-

tion n° 1 qui correspond à l’hypothèse) etla mesure des résultats ;

• les méthodes utilisées pour l'évaluationdes critères secondaires (outcomes secon-daires, question n° 2 à question n (jamaisplus de 4 à 5 questions)) ;

• les méthodes statistiques utilisées.

Pour une étude clinique les choix de typesd’études sont : • étude prospective, rétrospective ou trans-

versale ;• étude consécutive ou non ;• étude randomisée, comparative ou obser-

vationnelle.

Le critère principal est relié à la question derecherche et servira à calculer la taille del’échantillon. Dans un contexte d’évaluationd’une technique chirurgicale, celle-ci doitêtre détaillée dans la méthode avec desfigures claires et utiles. Les questionnairesrelatifs à la qualité de vie doivent être validéset traduits selon les normes [7]. Les référencesen lien avec ces questionnaires doivent êtrecitées.

Les tests physiques tels que les amplitudesarticulaires ou la force doivent être faitsselon des méthodes validées et publiées. Laprécision des instruments doit être décrite.Les références doivent encore être citées.

Le plan d’analyse statistique doit être clair(préciser quel test a été appliqué dans tellecondition). Les tests statistiques utilisés sontdéfinis de même que la valeur du « p »jugée significative. Le calcul d’échantillondoit être présenté et fondé sur la questionde recherche et le critère principal. Pour lecalculer, le « alpha » et le « bêta » choisisdoivent être mentionnés, de même que ladéviation standard de l’unité de mesure etla différence recherchée entre les deuxgroupes. Bien préciser le pourcentage dedonnées manquantes sur les valeurs princi-pales et le mode de gestion des donnéesmanquantes.

3.4.4. Les résultats

Les résultats doivent être énoncés avec pré-cision et concision :• Le 1er paragraphe présente l’échantillon

avec les données démographiques résu-mées. Le tableau 1 détaille habituellementles données démographiques. Le suivi, la

perte au suivi et les difficultés de recrute-ment doivent être mentionnés. Un gra-phique de type flow chart doit être faitpour détailler le recrutement, l’attributiondes traitements et le suivi. Dans des étudesrétrospectives, ce paragraphe doit figurerdans 2.1 patients, au sein de matériel etméthodes. Dans les études cas-témoin etles études randomisées, le tableau 1 doitmontrer la comparabilité des groupes ;

• le 2e paragraphe donne le résultat principalen lien avec la question de recherche. Ilconstitue le premier paragraphe pour lesétudes rétrospectives. Le tableau 2 les pré-sentera en détail avec le niveau de signifi-cation (valeur de p) ;

• le 3e paragraphe et suivants contiennentles résultats des questions n° 2 à n (résultatssecondaires). Les résultats doivent être pré-sentés dans le même ordre que la métho-dologie : par exemple, si, dans la méthode,on présente le questionnaire de qualité devie puis la mesure des amplitudes et fina-lement la force, on présentera les résultatsdans le même ordre. Des tableaux supplé-mentaires peuvent être faits au besoin.

Toutes les données numériques de variablecontinue doivent être présentées avec lamoyenne, l’étendue et la déviation standard.Le nombre de décimales ne doit jamais êtreplus grand que la valeur de la moitié de laplus petite unité de l’instrument de mesure :par exemple, un goniomètre précis au degréprès ne permet pas de donner des valeursplus précises que le dixième ; il est égalementinutile de mettre des décimales aux pour-centages pour les variables dichotomiquescar ce sont déjà des centièmes. Les valeursabsolues ou, encore mieux, les proportionsdoivent toujours accompagner les pourcen-tages.

3.4.5. La discussion

• Elle débute en comparant les résultats per-tinents obtenus aux objectifs de l'étude(réponse à la question n° 1) pour confirmer(ou réfuter) l'hypothèse initiale [3]. Ce pa-ragraphe permet de discuter ces résultatsdans la perspective des données de la lit-térature (quelles avancées, quelles appli-cations cliniques). Un tableau comparatifavec d’autres études peut être fort utileafin de raccourcir cette portion de la dis-cussion. Il faut aussi discuter la validité ex-terne, c’est à dire la généralisation du ré-sultat à la question n°1 à d’autres groupesou populations : par exemple, une étudefaite uniquement sur des sujets très âgésne peut pas être utilisée aveuglément pourguider un traitement chez un sujet jeune.

• Un 2e paragraphe contient l’interprétationdes données et la comparaison avec la lit-térature à propos de la question n° 2. Untableau comparatif avec d’autres étudespeut, là aussi, être fort utile afin deraccourcir cette portion de la discussion.La validité externe est surtout discutée surla réponse à la question n° 1 mais ellepeut aussi être discutée ici.

• Un 3e paragraphe doit discuter les résultatsselon la question n° 3. Des tableaux com-paratifs sont, là aussi, très utiles. En re-vanche, la validité externe des résultatsn’est pas jugée sur cette question.

• Un énième paragraphe doit discuter lesrésultats selon la question n.

• Ensuite, le dernier paragraphe rapporteles points forts et faibles de l'étude (typed'étude, nombre de cohortes, sujets perdusde vue, biais de sélection, biais de mesure,biais de confusion, etc.) et doit discuter leslimites du travail en expliquant pourquoices limites ne remettent pas en cause lesconclusions du travail.

3.4.6. La conclusion

Les auteurs doivent conclure en donnantdes recommandations cliniques, avec uneconviction proportionnelle à la puissance del’étude. Il est important de nuancer notreenthousiasme afin de préserver la rigueurscientifique. Il est aussi intéressant, à la fin,d’ouvrir sur les études futures qui devraientêtre faites afin de pousser plus loin lesconnaissances en lien avec le sujet de re-cherche.

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3.4.7. Les références

Les références ne seront pas trop nombreuses(une trentaine) et, on l’a dit, devront, quandc’est possible, inclure des travaux déjà publiésdans la revue (auto-citation). Surtout, leurprésentation (format) devra être rigoureu-sement conforme aux normes de la revue,détaillées dans les instructions aux auteurs.

Un article concis facilite la tâche et lacompréhension du lecteur. Une étudeoriginale ne doit pas dépasser 3 500 mots (y compris le titre, le résumé, le texte, les ré-férences, les tableaux et les légendes).

Le résumé ne dépassera pas 350 mots (y compris l'introduction, le matériel et lesméthodes, les résultats et la discussion) ; àla fin de celui-ci, l'auteur doit préciser laforce des conclusions relatives à la validitédes choix méthodologiques en termes deniveau de preuve :I. Essai prospectif randomisé de grande

puissance ou méta-analyse ;II. Essai randomisé prospectif de faible

puissance, étude comparative ;III. Étude cas-témoins ;IV. Séries rétrospectives ou historiques ;

étude transversale ;V. Avis d'expert.

L’article doit aussi mentionner tous les liensd’intérêts potentiels de tous les auteurs ETde leur institution (tels que brevets, lienscommerciaux, liens de consultant, finance-ment de recherche, financement d’éducation,implication dans des comités de rédaction(voir chapitre 5.3). La source de finance-ment de l’étude doit être mentionnée ainsique le rôle du commanditaire : a-t-il com-mandé l’étude ou est-ce une initiative duchercheur ? A-t-il eu un droit de regard surles données ou sur l’article ?

La nature de la contribution de chaqueauteur est maintenant demandée par unnombre croissant de revues.

Enfin, les articles originaux ne doivent pasavoir été publiés ailleurs, même dans uneautre langue, ni être simultanément soumispour publication dans une autre revue.Lorsque les résultats ont fait l’objet de pré-sentation ou d’affiche dans un congrès avecpublication de résumé, ceci doit être men-tionné dans la lettre de soumission.

Références

1. Schulz KF, Altman DG, Moher D; CONSORTGroup. CONSORT 2010 statement: up-dated guidelines for reporting parallelgroup randomised trials. Int J Surg 2011;9:672-7.

2. Hutton B, Moher D, Cameron C. ThePRISMA Extension Statement. Ann InternMed 2015;163:566-7.

3. Sheffler LC, Yoo B, Bhandari M, FergusonT. Observational studies in orthopaedicsurgery: the STROBE statement as a toolfor transparent reporting. J Bone JointSurg Am 2013;95:e14(1-12).

4. Fahy K. Writing for publication: the basics.Women Birth 2008;21:86-91.

5. O'Connor CM, Menendez ME, HughesK, Ring D. Questionable Word Choice inScientific Writing in Orthopedic Surgery.Arch Bone Jt Surg 2017;5:231-234.

6. Stahel PF, Moore EE. How to review asurgical paper: a guide for junior referees.BMC Med 2016;14:14:29.

7. Beaton DE, Bombardier C, Guillemin F,Ferraz MB. Guidelines for the process ofcross-cultural adaptation of self-reportmeasures. Spine (Phila Pa 1976) 2000;25:3186-91.

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3.5. Les conférences d’enseignement de la SOFCOT : aspects spécifiques Par Rémi KOHLER, Denis HUTEN, Peggy LEMAIRE

3.5.1. Les conférences d’enseignementde la SOFCOT ont 50 ans !

Elles ont été initiées en 1967 par J. Duparcpour constituer un support pédagogiqueessentiel de notre spécialité : «… il importaitde façon urgente que soient définies lesconnaissances de base indispensables à quiveut prétendre exercer avec conscience lachirurgie orthopédique et traumatologique...La publication de ces conférences constituel’amorce d’une bibliothèque d’enseignementde la spécialité destinée à un public de plusen plus nombreux, réunissant non seulementles plus jeunes, mais aussi des chirurgiensconfirmés, désireux de se recycler ».

Cet objectif a été atteint : le succès ne sedément pas après un demi-siècle, tant pourles conférences orales, prononcées lors d’uneséance du congrès, que par les textescomplets de celles-ci ; le « livre des confé-

rences », publié dès l’origine lors de chaquecongrès est complété 2 mois plus tard,depuis 5 ans, par un numéro supplémentairede la revue OTSR en ligne et en anglais quiles réunit toutes. Ce dernier a permis uneplus large diffusion de la « pensée orthopé-dique française » et surtout a permis leur in-dexation, jusque-là impossible. En retour,ces conférences, très téléchargées, ont etvont contribuer à la progression régulière etsignificative du sacro-saint impact factor.

Cette « histoire des cahiers et des conférencesd’enseignement » [1] a été marquée pardes évolutions constantes dans la forme, aufil des progrès techniques et des exigencesréglementaires de formation continue (au-jourd’hui DPC) et dans le contenu, pour ré-pondre aux attentes des membres de laSOFCOT. En même temps, s’opéraient deschangements importants dans les instanceset processus éditoriaux. Ces « nouveautés »,

« La forme, c'est le fond qui remonte à la surface »

Victor Hugo

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bof n° 83 17 Avril 2018

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en particulier ces 5 dernières années, justifientce petit complément aux autres articles dece dossier, pour identifier ce qui fait au-jourd’hui la spécificité de ces conférences.

3.5.2. Cette évolution a étéprincipalement marquée par unrapprochement avec la revue OTSR-RCOT, organe de notre société

Effectif depuis depuis 2013, grâce au concourstrès actif de B. Augereau et Ph. Beaufils,respectivement président de l’APCORT etrédacteur en chef d’OTSR, ce rapprochementétait d’autant plus facile et logique que c’estmaintenant le même éditeur (Elsevier, au-trefois Masson pour RCO et Expansion Scien-tifique pour les conférences) qui édite lelivre du congrès et la revue (en particulier lenuméro supplémentaire en anglais des confé-rences). Ainsi partageons-nous maintenant :• un secrétariat de rédaction unique :

[email protected]• une même plateforme éditoriale :

https://ees.elsevier.com/otsr-rco• des instructions aux auteurs, identiques

pour l’essentiel à celles d’OTSR (la gestiondes conflits d’intérêts selon ICMJE, la pré-sentation des références, des figures, etc.).Les textes des conférences, initialementtrès longs, ont été réduits à 6 000 mots (6 500 tout compris grand maximum avec30 à 40 références maximum), se rappro-chant ainsi des articles de la revue intitulés« Mise au Point ».

3.5.3. Forme et format particuliers desconférences d’enseignement actuelles

Actuellement sont présentées chaque année20 conférences réparties en 5 thèmesde 4 conférences chacune : généralités,orthopédie, traumatologie, orthopédie ettraumatologie pédiatriques, technique chi-rurgicale.

La forme rédactionnelle attendue estspécifique : une conférence n’obéit plus auplan classique d’une revue générale exhaustivemais se présente comme une mise au point,basée sur la réponse à 4 à 6 « questionsd’actualité » posées par l’auteur (et validéespar le Comité de rédaction auquel elles ontété soumises préalablement). Ainsi, le choixde sujets plus ciblés n’est-il pas incompatibleavec la concision demandée ; les instructionsaux auteurs (spécifiques des conférences,lien internet), que reçoivent les conférencierssollicités, insistent sur le respect de ce planet du volume imparti.

Enfin, le fait que les conférences soient désormais un élément permettant la vali-dation du DPC justifie (en synergie avecODPC-COT) que soit proposée par l’auteurune série de QCU en complément du textede la conférence : il s’agit de questions àchoix simple (une seule réponse correcte at-tendue) qui doivent être en relation directeavec le sujet (donc la réponse est implicitementcontenue dans le texte de la conférence).

3.5.4. Contraintes particulières liées àla « mécanique éditoriale »

Le circuit éditorial, tel que ce dossier du BOFle détaille (écriture, relecture, édition im-pression, traduction pour le fascicule anglais),est ici soumis à une contrainte de tempsque ne connaît pas un article adressé « spontanément » à la revue ; rappelonsbrièvement ce calendrier qui impose un res-pect strict des délais indiqués aux intervenants(auteurs et relecteurs). Pour une conférenceprononcée en novembre de l’année A, l’au-teur est sollicité par le comité de rédactionen novembre A -2 (au terme d’un processusde sélection qui s’est déroulé en amontparmi des propositions de sujets issues desSociétés associées, processus assuré par levote en ligne et l’arbitrage du comité de ré-daction). L’auteur doit s’engager, s’il acceptecette conférence, à rendre son manuscrit aubout de 10 mois, pour laisser ensuite auxrelecteurs un nouveau mois de correctionet, enfin, 6 mois à l’éditeur pour éditer etmettre en fabrication le livre (et le numéroanglais d’OTSR en février de l’année A +1qui justifie l’étape supplémentaire de tra-duction).

Par ailleurs, à la différence d’un article (mé-moire original) soumis à la revue par un au-teur, une conférence d’enseignement estun travail sollicité par le comité de ré-daction, et il n’est guère possible de le « rejeter ». Aussi, les relecteurs et rédacteursdevront-ils l’analyser avec rigueur et un senscritique « bienveillant » : si des remarquessont à formuler, elles doivent l’être pouraider l’auteur et lui permettre de rejoindrele plus vite et simplement possible le cadresouhaité, indiqué ci-dessus. Le choix d’unplan rigoureux, proposé par l’auteur et validépar le comité de rédaction, est un moyen depallier ces difficultés par anticipation.

3.5.5. Conclusion

En conclusion, cette évolution récente a puau début déconcerter certains auteurs, etêtre parfois source de difficultés et d’incom-préhensions (voire d’agacements) devantdes rappels issus du comité de rédaction.Avec l’éditeur, ce comité s’efforce d’accom-pagner au mieux ce processus rigoureux.Cette « mécanique » s’est maintenant bieninstallée, et contribue à fournir des confé-rences et des textes didactiques concis, degrande qualité comme l’ont toujours étéces conférences, mais plus dans l’esprit actuelgénéral de « débats et controverses ». C’estparti pour un nouveau demi-siècle !

Référence

1. Cahiers d’enseignement de la SOFCOT.D. Huten, R. Kohler, P. Thoreux, J. Duparc ;in Histoire de la SOFCOT, T 2 ,1998-2014G. Lecerf, R. Kohler, J.Y. Nordin, J. Caton ;111-6, Elsevier, 2015.

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L e relecteur (ou reviewer) constituel’élément central de l’activité scientifiqued’une revue : sans lui, pas d’analyse

pluraliste des articles, donc pas d’indépen-dance et, en le disant sur la pointe despieds, pas d’objectivité. Il est donc crucial deconserver et même de développer ce « peer-review process », évaluation par les pairs,en développant des stratégies d’attractivitédes relecteurs vers nos revues.

4.1.1. Pourquoi reviewer ?

Cette question nous est souvent posée. Plu-sieurs intérêts peuvent être avancés : • l’appartenance à une communauté justifie

en soi de s’y impliquer, et l’analyse d’articlesen fait partie. Cela est particulièrementvrai pour la communauté des enseignantsqui l’a bien compris dans sa très grandemajorité ;

• l’analyse d’un article est un exercice struc-turant la pensée, qui peut être utile pourles plus jeunes, y compris dans leur activitéquotidienne ;

• la connaissance en amont, au sein d’ungroupe d’experts de la surspécialité, desnouveautés, des tendances, des évolutionsdans son domaine de compétence permetau relecteur de se tenir informé au plusprès.

Mais il faut aussi admettre que cette activitébénévole, chronophage, vient en surplusdes autres activités avec une reconnaissancequi trop souvent se cantonne à des remer-ciements de la part de la rédaction ou àquelques gratifications pour les plus méritants.Nous travaillons à améliorer cette recon-naissance, en particulier dans le domainedu DPC ou dans la mise en place de plate-formes comptabilisant cette activité et sus-ceptibles d’alimenter la liste des titres et tra-vaux.

4.1.2. Activité objective ou subjective ?

Quel rédacteur n’a pas reçu ce type decourrier de la part d’un auteur mécontent :« mon article a été analysé sans objectivité,et cette analyse met en doute l’impartialitéet la qualité de vos relecteurs ».

Quel relecteur n’a pas fait état, un jour oul’autre, de ses doutes sur la recommandationà fournir pour un manuscrit qu’il avait enanalyse ?

L’analyse d’un manuscrit est une activitéhumaine. Elle peut donc en première ap-proche être considérée comme subjective.Elle l’est bien sûr : et il faut à tout prix se dé-fendre d’analyses agressives ou tendancieusesqui ne sont porteuses d’aucun élémentconstructif. À l’inverse, mais dans le mêmeesprit, une analyse succincte très élogieusen’est pas contributive. En fait, nombre d’élé-ments tempèrent considérablement cetteimpression de subjectivité :• les relecteurs travaillent selon une grille de

lecture établie par la rédaction qui passeen revue tous les éléments d’une analyseefficace : originalité par rapport à la litté-rature existante, fond (en particulier la re-cherche des biais de sélection, d’omission,de contamination (préjugés), statistiques,etc., qui affaiblissent ou polluent le messagedu manuscrit), apport scientifique, validitéinterne et externe et, à un moindre niveau,évaluation de la structure et de la formequi reviennent plutôt au rédacteur. À celas’ajoute nombre d’outils informatiquesd’aide à la décision (voir chapitre 4.3).Ainsi est obtenue une certaine homogénéitédans le rendu des analyses ;

• les relecteurs travaillent à plusieurs. Deux,trois, voire quatre relecteurs sont nomméssur un article par un rédacteur en chargedu manuscrit. Ce travail de groupe est unélément majeur qui réduit le risque deconflits d’intérêts et est le fondementd’une décision la plus indépendante possible(renforcée par l’anonymat absolu des re-

lecteurs vis-à-vis de l’auteur). Il permet aurédacteur, en charge de la synthèse, detenir compte, dans sa décision ou dansses requêtes, des sensibilités différentes(ce qui ne signifie pas avis différents). Àcet égard, le rédacteur, s’il doit faire faceà une analyse agressive ou tendancieuse,doit éviter de transmettre tel quelle cetteanalyse et en faire lui-même la synthèsepour en tirer les éléments objectifs et seu-lement les éléments objectifs. Il est remar-quable de constater que, dans la grandemajorité des cas, l’analyse des relecteurssur le fond est concordante. Un point im-portant pour rassurer nos relecteurs quine savent pas toujours quelle recomman-dation finale proposer pour un article (ac-ceptation après modifications mineures,reconsidération après modifications ma-jeures, refus) doit être souligné : certesnous leur demandons de donner un avis,mais cette décision relève in fine du rédacteurqui se fonde sur l’analyse des lecteurs ;

• les auteurs peuvent demander à ce queleur manuscrit ne soit pas analysé par telou tel relecteur pour des raisons tout-à-fait honorables. C’est un droit auquel ilest important de souscrire. Vient là, évi-demment, la question épineuse de l’ano-nymisation des manuscrits pour les relec-teurs. OTSR n’a pas souhaité, commebeaucoup de revues, anonymiser les ma-nuscrits. Tout simplement parce qu’il s’agitd’une fausse objectivité et dans une certainemesure d’une hypocrisie : le premier réflexed’un relecteur devant un manuscrit est deconnaître son auteur… qu’il trouvera ai-sément ne serait-ce qu’en lisant la listedes références ou en reconnaissant despoints de technique opératoire ou unespécificité des outils d’évaluation.

4.1.3. Indépendance et pluralisme

L’analyse d’un manuscrit et la décision quis’ensuit font encore l’objet dans notre com-munauté de préjugés défavorables : favori-tisme, ou au contraire rejets de certaineséquipes, analyse superficielle ou succincte. Il n’en est rien mais les préjugés, on le sait,ont la vie dure. La communication transpa-rente de nos process (et c’est un des objets

4. Le reviewing (relecture)

4.1. Pourquoi reviewer ? Démarche subjective ou objective ? Indépendance et pluralisme Par Philippe BEAUFILS

« Votre travail est à la foisbon et original ; mais la

partie qui est originale n'estpas bonne, et la partie qui estbonne n'est pas originale ! »

Samuel Johnson

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de ce dossier) permettra probablement delever une partie de ces préjugés et de com-prendre qu’un journal (et le nôtre en parti-culier) est au service de la communauté or-thopédique dans son ensemble.

Il n’en reste pas moins qu’un nombre im-portant de manuscrits sera refusé parcequ’ils ne correspondent pas à la politiqueéditoriale du journal ou qu’ils ne passentpas la barre qualitative que le journal a

établie. Ce refus peut, on le comprend, gé-nérer des frustrations. Prenons acte toutefoisque nous avons la chance d’avoir à notredisposition un grand nombre de revues or-thopédiques généralistes ou spécialisées (plusde 70 sont indexées) : tel refus dans teljournal pourra devenir une acceptation danstel autre journal (à condition d’adapter lemanuscrit aux guidelines du nouveau journalauquel il est soumis et de ne pas faire un

simple copier-coller !). Il ne faut surtout pasy voir une incompétence du premier (« vousn’avez rien compris : la preuve mon manuscrita été accepté par… »), mais l’expressiond’un pluralisme de l’information scientifique.Ce pluralisme est sain, source d’émulationentre les journaux et garant de l’indépendanceéditoriale et de l’expression de toutes lessensibilités.

4.2. La revue Plos one : une alternative au système du peer-review Par Philippe MASSIN

4.2.1. Le processus du peer-reviewconsiste à confier les articles soumis à desrelecteurs indépendants, les « pairs »,anonymes la plupart du temps, même s’ilpeut arriver qu’un auteur propose des nomsde relecteurs ou au contraire ne souhaite pastel ou tel relecteur. Ce procédé critiqueaboutit très certainement, avec l’aide durédacteur, à valoriser des manuscrits dans denombreux cas. Lorsque les avis des 2 relec-teurs concordent, la tâche du rédacteur estfacilitée pour délivrer sa décision. Mais lesavis peuvent être très différents et il revientalors au rédacteur de gérer cette situationdélicate : l’avis d’un 3e relecteur peut êtresollicité ou bien le rédacteur peut contacterles relecteurs pour essayer de trouverensemble une voie moyenne ; dans ces 2 cas, le délai de réponse est allongé. Il peutin fine prendre une décision, mais toujoursen tenant compte de l’ensemble desanalyses.

Une décision de rejet motivé est souventdifficile à accepter de la part des auteurs.On se souvient de la réaction très irritéed’Einstein, confronté au refus d’un articlequ’il avait proposé à la revue Physical Reviewen 1936 : « We (Mr. Rosen and I) had sentyou our manuscript for publication and hadnot authorized you to show it to specialistsbefore it is printed. I see no reason toaddress the (in any case erroneous) commentsof your anonymous expert. On the basis ofthis incident, I prefer to publish the paperelsewhere.” Mais, comme il le reconnut lui-même, la critique était justifiée et il en atenu compte dans ses publications ultérieures,arrivant notamment à des conclusions op-posées. Cela montre que, lorsqu’elle est

motivée, la critique est instructive et toujoursbonne à prendre. Il n’est d’ailleurs pas rarequ’un article refusé par un premier journalsoit, après corrections basées sur les critiquesinitiales, finalement accepté par un journald’impact factor supérieur dans un secondtemps. Néanmoins, ce processus de peer-review a été critiqué en raison de sa subjec-tivité et il a été proposé de le supprimer oude le modifier. Le directeur de la RevueLancet a ainsi pu émettre cette opinion : « nous savons que le système d’évaluationpar les pairs est biaisé, injuste, non fiable,incomplet, facilement truqué, souvent in-sultant, souvent ignare, parfois bête, et sou-vent erroné. »

4.2.2. C’est ce qui a justifié la naissancede la revue en ligne PLOS one, fondée en2006, où environ 65 à 70 % des manuscritssoumis sont publiés, sous réserve d’une mé-thodologie correcte. Une évaluation pré-pu-blication de l’article est effectuée par les ré-dacteurs. Si la méthodologie apparaîtcohérente, il est alors publié sans être soumisau processus de peer-review, qui cependantpeut intervenir librement après publicationet être effectué par tous les lecteurs de cetravail. Le taux d’acceptation est ainsi élevépuisqu’il avoisine 70 % (comparé à 25 %dans OTSR par exemple). Bien entendu, auregard du nombre d’articles acceptés, cejournal n’existe qu’en ligne et échappe auxcontraintes du format papier. Ce journal ac-cepte également d’examiner un appel d’unedécision de refus, à condition qu’elle soitbien argumentée, alors que les décisions derefus sont en général irrévocables dans lesautres journaux.

Ce système de peer-review, qui n’exclut pasun contrôle rigoureux de la méthodologiepar la sollicitation de 2 à 3 relecteurs, permetde ne pas se prononcer sur le fond del’étude, sur l’intérêt et la portée de la re-cherche proposée. Il a donc l’avantage dene pas introduire de jugements subjectifsdans la décision de refus ou d’acceptation.Le nombre d’articles acceptés (30 000 en2011), touchant toutes les sphères de la re-cherche appliquée et fondamentale, estbeaucoup plus important que ceux desrevues classiques et permet un accès plusfacile des auteurs au fameux référencementMedline, si précieux pour la constitutiond’un curriculum vitae étoffé. De plus, la re-cherche est complètement accessible auxlecteurs puisqu’il s’agit d’un journal avecaccès libre au texte complet, donc susceptiblede permettre une diffusion plus rapide desinformations si tant est qu’elles sont lues,tout en favorisant les citations. Cerise sur legâteau, cet accès au référencement est agré-menté d’un impact factor assez flatteurpuisqu’il a pu atteindre plus de 3 en 2011,après avoir culminé à 4 dans les premièresannées. À part la qualité de la méthodologie,l’obstacle le plus sérieux à la publicationreste le tarif des frais de publication qui estde 1 495 dollars pour un article, en sachantque ce prix ne doit pas constituer un obstaclepour les auteurs dans le besoin (non spon-sorisés par une institution ou l’industrie). Unfond d’aide aux auteurs existe donc mais,bien entendu, l’accès à cette prestation doitêtre sérieusement motivé. Ce système permetapparemment un autofinancement du jour-nal, qui arrive à fonctionner sans l’aide d’unéditeur.

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bof n° 83 20 Avril 2018

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Evidemment, le revers de la médaille estd’accepter d’exposer son texte à une critiquepublique, ouverte à tout lecteur, identifiabledans le paragraphe « reader comment » ac-cessible librement avec le texte de l’article.Mais lorsqu’on se promène un peu dans lesdernières références issues de ce journal, onconstate que cette rubrique reste désespé-rément vide. Autrement dit, cette propositiond’un forum en ligne ou tout article serait ex-posé à la critique, voire à la vindicte populaire,reste un peu lettre morte.

On perçoit donc un peu les limites de ceconcept très séduisant au premier abord.D’ailleurs, le nombre d’articles publiés esten décroissance (seulement 22 000 en 2016),entrainant avec lui l’impact factor, redescenduà 2,8 en 2016 (ce qui reste quand mêmesupérieur à un grand nombre de revues tra-ditionnelles). L’essai initial reste donc à trans-former. À mes yeux, une des principales dif-ficultés est le caractère extrêmement poly-valent de ce journal qui s’adresse à toutesles spécialités et à tous les secteurs de la re-cherche à une époque où les praticiens etles chercheurs sont de plus en plus spécialisés.Il est donc difficile de retrouver un articlecorrespondant à ses préoccupations profes-sionnelles, à moins d’avoir été averti spécifi-quement par une alerte de sa mise en ligne.Il y aurait donc probablement besoin d’unesorte de classement automatique et infor-

matisé des publications, permettant à chacund‘y retrouver ses « petits », pour aller ensuiteles lire…. Et les commenter éventuellement.Les auteurs de notre spécialité ont, jusqu’àmaintenant, eu peu recours à ce périodique.On ne retrouve en effet que 47 publicationsliées à notre spécialité sur 10 000 disponiblessur Medline. Il faudrait également trouverun moyen de valoriser les travaux de lectureet de critique, d’une part en contrôlant leurqualité (sous peine de voir fleurir des com-mentaires dignes de ceux que l’on peuttrouver sur les réseaux sociaux) et, d’autrepart, en attribuant à leurs auteurs un réfé-rencement comme celui des lettres à l’éditeurde nos revues traditionnelles.

La notoriété de PLOS One baisse car ScientificReports (groupe NatureSpringer), créé en2011 et basé sur le même modèle de publi-cation, est devenu un concurrent important(https://www.nature.com/srep/), avec unfacteur d’impact de 4,259.

Cette proposition tout à fait originale dePlos One a l’intérêt de nous faire réfléchir àla possibilité d’encourager les « Lettres à laRédaction » (avec droit de réponse des au-teurs), qui sont sûrement un très bon moyende faire vivre et de diffuser les travaux de re-cherche, en complétant ainsi le travail durédacteur et des relecteurs initiaux. Parcontre, elle semble difficile à mettre en

œuvre pour un journal de spécialité quibrasserait un nombre d’articles trop limitéspour assurer son autofinancement. Enfin, sila sélection se faisait uniquement sur laqualité de la méthodologie, il est probableque le nombre d’articles acceptés dans notrespécialité deviendrait anecdotique, puisquela plupart des travaux acceptés sont rétros-pectifs et de niveau d’évidence 3 ou 4.

4.2.3. Conclusion

Notre revue OTSR reste donc soumise auprocessus du peer-review anonyme conven-tionnel avec ses limites et ses imprécisions,voire ses injustices. Comme il est dit de ladémocratie « c’est un mauvais système maisen même temps le moins mauvais de tous ».Il faut le prendre pour ce qu’il est : un pro-cessus faillible qui ne signifie pas la pertecomplète d’un travail s’il est rejeté. Il obligel’auteur à effectuer un travail d’introspection,à prendre du recul pour extraire la partconstructive des critiques si elle existe etéventuellement à effectuer un complémentd’investigation pour obtenir des donnéesmanquantes ou compléter des données in-suffisantes. Il peut être utilement complétéen ce qui concerne les manuscrits déjàpubliés par une critique a posteriori des lec-teurs, sous forme de Lettre à la Rédaction,démarche qui devrait probablement êtreplus fréquente et donc encouragée.

4.3. Technique du reviewing et outils à disposition Par Henri MIGAUD

4.3.1. Introduction

L’augmentation du nombre de soumissionsà OTSR (passant de de 268 en 2012 à 900en 2017) a conduit à étendre le nombre derelecteurs afin de soumettre les articles aupeer-reviewing littéralement « analyse parles pairs ». Ainsi, le nombre de lecteurs pourOTSR (reviewers des Anglo-Saxons) est passéd’une centaine en 2009 à plus de 400 en2017. Les lecteurs restent majoritairementfrancophones (incluant largement Belgique,Suisse, Canada, et dans une moindre mesurele Luxembourg, le Maghreb et l’AfriqueNoire). Les reviewers anglophones deviennentplus nombreux même s’ils restent minoritaires.Le niveau scientifique d’un journal dépendde la qualité des articles soumis mais aussitrès largement de la qualité des analyses etdes expertises rendues par les reviewers.Pour faire simple, un article méthodologi-

quement faible ne sera pas radicalementtransformé par les conseils et avis des lecteurs,mais d’une manière générale le niveau d’unmanuscrit ne peut que s’élever sous l’influencedu peer-reviewing.

Contrairement aux universités anglo-saxonnes,la technique du peer-reviewing n’est pasenseignée dans les facultés de médecine

françaises, même si la lecture critique d’article(LCA) au programme de l’ECN joue un rôleassez proche, et on peut espérer que celaait une influence positive sur les analysesrendues par nos lecteurs dans quelques an-nées. Se pose le problème de l’objectivitédu reviewer qui est illusoire car il a sonpassé et son expérience, raison pour laquelleil est justement choisi. L’objectif d’une bonneanalyse est de se servir de cette expériencepour savoir si l’article apporte une informationréellement nouvelle et fiable à la communautéorthopédique.

4.3.1. La technique du peer-reviewing

Bien qu’OTSR soit une revue de chirurgieorthopédique et de traumatologie « géné-raliste », les lecteurs sont choisis au vu deleur « surspécialité ». OTSR pratique le peer-reviewing en simple aveugle, les auteurs ne

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connaissant pas les lecteurs mais les manus-crits adressés aux lecteurs ne sont pas ano-nymisés. Ce choix a été fait en raison du ca-ractère très hypocrite et finalement censitairede l’anonymat : la lecture de la liste de réfé-rences permet dans la plupart des cas deconnaître l‘origine du manuscrit. Le travaild’analyse demandé aux lecteurs d’OTSRporte sur le fond : même si un simple avissur la forme peut être donné, ce n’est pas lerôle du reviewer de gérer l’orthographe, lestyle, le mode d’appel et la liste des réfé-rences ; c’est le rôle du rédacteur en chargedu travail. À ce jour nous ne demandonspas à nos reviewers de déclarer leurs liensd’intérêts et comptons sur leur bonne foipour estimer s’ils ont un conflit potentielavec le travail qu’ils devront analyser. Àterme, comme d’autres revues, nous seronsprobablement amenés à demander une dé-claration ICMJE à nos lecteurs au momentoù ils rendent leurs avis (http://www.wame.org/about/conflict-of-interest-in-peer-reviewed-medical) et (http://www.icmje.org/conflicts-of-interest/).

Nous pouvons conseiller à nos reviewersune lecture en deux étapes (http://www.ajhp.org/content/early/2017/10/24/ajhp170190?sso-checked=true) : 1) une lecturerapide pour mesurer l’intérêt clinique dutravail, l’originalité et détecter les défautsmajeurs ; 2) puis une lecture détaillée pourévaluer l’importance scientifique et pourmener une évaluation critique des différentsaspects du manuscrit, notamment l’organi-sation, la méthodologie la clarté.

Le travail du reviewer peut être mené sur labase de 3 questions :

Q1) Est ce nouveau ? Pour cela le lecteurdoit balayer PubMed et les bases de donnéesmais aussi regarder dans son expériencepour juger de l’originalité. Déterminer si lepapier traite d’une controverse ou d’une in-novation et comparer avec les données dela littérature. La recherche de doublons estle travail du rédacteur au moyen d’outilsspécifiques (https://crosscheck.ithenticate.com/) (https://search.crossref.org/).

Q2) Quelles sont les validités interne etexterne ? Pour la validité interne (crédibilitéde l’étude), les questions suivantes doiventêtre posées : Le design de l’étude rend-ilcrédible le travail ? Quels sont les biais ? La population a-t-elle bien été définie (unflowchart est toujours bienvenu) et permet-

elle de répondre à la question ? Les outils demesures sont-ils adaptés et les mesures sont-elles reproductibles ? Y a-t-il une validationstatistique ou les résultats sont-ils liés parhasard ? Pour la validité externe (généralisationde l’étude) les questions suivantes doiventêtre posées : Est-ce applicable à un autregroupe (limitation sur la sélection de la po-pulation) ? Quel est le rapport risque-bénéficed’une nouvelle procédure ?

Q3) La question « Joker » qui revient à es-timer l’apport réel à notre discipline en seposant une question simple du type ques-tionnaire qualité « le recommanderiez-vousà un de vos assistants pour apprendrequelque chose de nouveau et de fiable ? ».

Pour rendre son avis, le lecteur peut suivreune liste systématique (tableau 1) comme pro-posée par P. Beaufils (http://www.sofcot.fr/content/download/14239/105095/version/2/file/Lettre+du+CNP+n°16+vf.pdf).

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Oui Non NA

L’article correspond à OTSR (chirurgie orthopédiquetraumatologie et domaines connexes) ?

Originalité ?

Respect éthique ? Déclaration CCP ?

Numéro enregistrement Clin.gov ou EUDRACT pour les essais etPROSPERO pour les méta-analyses ?

Questions clairement posées et hypothèse ?

Population bien définie (présence d’un flowchart) ? Critères inclusion exclusion ?

Design étude approprié pour apporter les réponses ?

Est-ce « clinical relevant » ?

Méthodes suffisamment décrites ?

Statistiques appropriées (calcul de puissance) ? Gestion desdonnées manquantes ? Usage moyennes ± SD ou médiane[Range]. Toujours donner nombres ou proportions suivies des% (pas de % isolés)

Outils de mesure adéquats ? Reproductibilité ?

Résultats répondant à l’ordre des questions et à l’hypothèse ?

Discussion des limitations de l’étude ? Discussion des résultatsdans la littérature au moyen de tableaux ?

Conclusions appropriées ?

Généralisable ?

Déclaration des liens d’intérêts (en relation ou en dehors dutravail) et des financements ?

« Test joker » = regardez les points qui dénotent le sérieux del’étude : - totaux et concordance des chiffres- sélection des cas (flowchart)- analyse statistique adaptée qui

dénote intervention méthodologiste- présentation de tableaux qui permet de voir tous les détails - présentation des références

Tableau 1. Items devant être considérés pour évaluer un article et éditer une lettre de réponse détaillée aux auteurs

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Lorsque l’article est soumis par une équipeanglophone, les commentaires doivent êtrerendus en anglais, pour pouvoir être éven-tuellement transmis. Idéalement, la lettrede réponse doit comporter une partie trèssynthétique destinée au comité de rédaction(résumé de l’étude et synthèse en quelquespoints du travail avec décision sur la publi-cation ou non) et une autre partie détailléedestinée à l’auteur. Les deux parties peuventêtre identiques mais il faut alors surtoutéviter la polémique et ne pas indiquer danscette analyse si le reviewer est favorable ounon à la publication. La recommandationde publication doit rester interne à la rédactionen renseignant l’item correspondant. Il estindispensable que la décision proposée soitcohérente avec les critiques et suggestionsdans la lettre de réponse détaillée. La lettrede réponse détaillée aux auteurs doit suivrele plan du tableau ci-dessus. La décisionpeut être : « accepté », « accepté après mo-difications », « à reconsidérer après modifi-cations », « refus ». Rappelez-vous quevous êtes aussi auteur, et donnez-vous tou-jours 24 h de délai entre la lecture de l’articleet la décision que vous rendrez. Soyez

constructif pour la revue et la communautéorthopédique et évitez la polémique, mêmeen cas de franc désaccord avec le travail. Lereviewing est une technique à acquérir pourfaire progresser OTSR, la SOFCOT, le lectoratet in fine le reviewer lui même.

4.3.3. Les outils à la disposition dureviewer

Lorsqu’un lecteur est désigné, Elsevier fournitsur le site EES un accès à Scopus pour 30 jours(https://www.scopus.com/home.uri) ainsi qu’un accès à Knowledge Finder(https://www.kfinder.com/). Un balayagePubMed (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/) permet de compléter, en prenantsoin de chercher des articles identiquespubliés dans OTSR (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/?term=orthop+traumatol+surg+res) qui n’auraient pasété cités par les auteurs. Ces trois outils sontperformants pour juger de l’originalité dutravail soumis. Le site EES fournit de l’infor-mation aux reviewers (https://www.elsevier.com/reviewers/how-to-conduct-a-review), mais d’autres sites spécifiques

sont dédiés à l’information des reviewers etaux techniques d’analyse des articles (http://senseaboutscience.org/activities/peer-review-the-nuts-and-bolts/) (http://www.ajhp.org/content/early/2017/10/24/ajhp170190?sso-checked=true).

4.3.4. La reconnaissance

L’activité de reviewing est bénévole. OTSR,l’APCORT et la SOFCOT marquent leur re-connaissance envers les relecteurs au traversde remerciements nominatifs publiés chaqueannée, d’inscriptions gratuites au congrèsde la SOFCOT pour les relecteurs les plusméritants. Des outils émergent qui permet-tront peut être une reconnaissance et unemesure de cette activité (http://home.publons.com/) (https://www.reviewerrecognition.elsevier.com/). Nous y travaillons.Actuellement l’inscription dans ces outilsdes reviews effectuées n’est pas automatiquemais seulement déclarative. Une évaluationde cette activité est indispensable ne serait-ce que pour les promotions universitaires(voir chapitre 2.4) et peut-être un jour leDPC.

L ’objectif d’une revue scientifique mé-dicale est évidemment la publicationd’articles de qualité, satisfaisant à

toutes les règles éthiques de l’édition. Lecœur de l’activité d’un journal est doncl’analyse des manuscrits qui lui sont soumis,leur éventuelle acceptation selon un processuscomplexe mais bien défini. Ce processussuppose l’intervention de nombreux acteurs :comité de rédaction, assistant-e-s de rédac-tion, reviewers -relecteurs, traducteurs, comitéscientifique, sociétés savantes, éditeur. Le rédacteur en chef en est le coordonna-teur.

Il a trois rôles principaux :• il anime le comité de rédaction ;• il est responsable de l’action du journal

vis-à-vis des institutions et de l’éditeur ;• il est le garant de l’éthique du journal

dans tous ses aspects.

5.1.1. Le rédacteur en chef anime lecomité de rédaction

C’est évidemment la fonction essentielle etcentrale. Elle est maintenant quasi complè-tement dématérialisée, le comité se réunissantphysiquement une à deux fois par an. Lesobjectifs du comité de rédaction et donc durédacteur en chef sont : qualité et fluiditédu circuit des articles et homogénéité desgrilles d’analyse des articles. Ils sont détaillésdans le chapitre 5.2.

Il va de soi que le rédacteur en chef n’analysepas tous les articles qui sont soumis à larevue (900 annuellement par exemple àOTSR). Mais il les voit tous passer, en rejetteun certain nombre d’emblée et attribue lagrande majorité à des rédacteurs expertsdans le domaine, qui vont conduire, avecles reviewers qu’ils auront nommés, l’analysedu manuscrit. À ce titre, le rédacteur en

chef, comme les autres rédacteurs, participe,dans son domaine d’expertise, à l’analysedes manuscrits. Il peut également être l’arbitredécisionnel lorsque le rédacteur en charged’un article le sollicite (et c’est fréquent) surtel ou tel aspect qui peut poser questiondans un manuscrit. Il faut souligner le rôleessentiel des assistant-e-s de rédaction pourassurer le lien entre les différents intervenantset donc la fluidité du processus de production.À la fin de celui-ci, il constitue les numérosdu journal en agrégeant les articles produits,le plus souvent selon des thèmes d’expertise(hanche, genou, épaule, pédiatrie, etc.). Lerédacteur en chef propose au comité de ré-daction des orientations pour la politiqueéditoriale du journal et est garant de sonapplication. Cette politique éditoriale estavant tout fondée sur l’indépendance dujugement et de la décision d’acceptationdes manuscrits vis-à-vis de toute instancequelle qu’elle soit, y compris les instances

5. Les rédacteurs

5.1. Le rôle du rédacteur en chef : l’exemple d’OTSR Par Philippe BEAUFILS

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bof n° 83 23 Avril 2018

qui contrôlent le journal (S0FCOT, APCORT)ou qui éditent le journal. Elle revêt desaspects très divers. Citons par exemple :• le niveau d’exigence de qualité des ma-

nuscrits (voir chapitres 4.1 et 4.3). C’estun point clé. L’analyse des articles est né-cessairement décentralisée au profit desrédacteurs experts dans leurs domaines.L’homogénéité parmi les rédacteurs dansle niveau de sélection est un objectif majeur :elle ne peut être obtenue qu’au prix del’élaboration de règles conjointement parle rédacteur en chef et le comité de rédac-tion : grille d’analyse pour les rédacteurs,grille d’analyse pour les reviewers, modalitésde correspondance avec les auteurs, etc. ;

• les instructions aux auteurs qui sont deplus en plus complexes et viennent d’êtrerefondues, mais qui constituent une baseincontournable pour la qualité de fond etde forme des manuscrits soumis, ainsi quel’homogénéité de présentation des arti-cles ;

• la création ou la suppression de ru-briques dans le journal. La rubrique «Pratique professionnelle » est destinée àaccueillir des travaux qui revêtent un intérêtprofessionnel, en particulier dans la com-munauté orthopédique francophone. Àl’inverse, en 2017, nous avons décidé desupprimer la rubrique « Faits cliniques »dont le taux de rejet était déjà très élevé(plus de 90 %) et dont l’apport scientifiqueétait discutable ;

• la sollicitation d’éditoriaux lorsque plu-sieurs articles traitant d’une innovation oud’une controverse sont publiés dans lemême numéro ou dans des numéros trèsproches. Le rédacteur en chef peut solliciterdes experts pour rédiger ces éditoriaux,ceux-ci étant recrutés sur leur reconnais-sance mais n’étant pas auteurs d’un oudes articles traités. De même, le rédacteuren chef doit gérer les lettres à la rédactionen mettant en relation l’auteur correspon-dant d’un article donnant lieu à la lettreafin de lui donner un droit de réponse ;

• l’existence de numéros supplémentaires.Numéro OTSR en anglais des Conférencesd’Enseignement de la SOFCOT. Ce numéro,géré par le comité de rédaction spécifiquedes conférences (voir chapitre 3.5), est unatout majeur pour OTSR et constitue àn’en pas douter un contrat gagnant-ga-gnant pour les deux parties : il suffit pours’en convaincre d’observer le taux de cita-tions desdites conférences pour le calculde l’impact factor. Le numéro supplémen-taire de la Société Française d’Arthroscopie,

en est un autre exemple, selon un modèlelà encore décentralisé avec un comité derédaction spécifique en lien avec le rédacteuren chef d’OTSR.

5.1.2. Le rédacteur en chef estresponsable de l’action du journalauprès de l’APCORT

L’APCORT (Association des Publications enChirurgie Orthopédique et Traumatologique)constitue pour OTSR ce que les Anglo-Saxons appellent le Board of Trustees. C’estauprès de cet organisme (présidé par BernardAugereau), que le rédacteur en chef présenteannuellement le rapport d’activité du journal.Il est également responsable auprès de laSOFCOT dont OTSR est, rappelons-le, l’organeofficiel.

Le rédacteur en chef, avec le président del’APCORT, nomme les nouveaux rédacteurs.

Le rédacteur en chef est, avec le présidentde l’APCORT, l’interlocuteur privilégié auprèsde l’éditeur. À ce titre, il discute, entreautres, le budget du journal.

Surtout, c’est avec l’APCORT et l’éditeurque le rédacteur en chef établit la stratégieà moyen et long terme du journal. Rôlemajeur car il détermine ce que sera notrejournal dans les années à venir. Il est capitald’anticiper, les effets de nos décisions ne sefaisant sentir qu’après un délai de plusieursannées. Ce délai est d’ailleurs amplifié par

le modèle de calcul de l’impact factor quiporte sur les deux années précédant l’annéede calcul du nombre de citations (par exemplel’impact factor 2017 portait sur les articlesparus en 2014 et 2015 cités en 2016). Unemodification substantielle en 2018 verraitson effet partiel sur l’IF en 2020 (prise encompte des années 2017-2018) et total en2021. Heureusement, nous avons maintenantd’autres critères de mesure… plus réactifs !

Les questions stratégiques sont nombreuses,en voici quelques-unes sans aucune exhaus-tivité :• ouverture de notre journal à l‘open access ?• nombre d’articles publiés : augmentation

ou stabilité ?• augmentation de la part des articles étran-

gers publiés ? ou présence privilégiée desarticles francophones ?

Toutes ces questions, et d’autres, méritentdes réponses rapides et précises.

5.1.3. Le rédacteur en chef est legarant de l’éthique du journal danstous ses aspects

À ce titre, OTSR applique les règles éthiquesrecommandées par la Haute Autorité deSanté (HAS) (https://www.has-sante.fr/portail/jcms/), l’International Committee of medicalJournal Editors (ICMJE) (www.icmje.org) etle COmmittee on Publication Ethics (COPE)(https://publicationethics.org).

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Ces règles visent à :• garantir un espace de transparence pour

nos lecteurs afin qu’ils puissent évaluerd’éventuels biais dans l’interprétation ducontenu scientifique du journal. Celaconcerne la déclaration d’intérêts (voir cha-pitre 5.3). Cette déclaration d’intérêts nedevrait pas concerner que les auteurs (etnous avons fait des progrès très substantiels,les auteurs comprenant de plus en plusque déclaration d’intérêts ne signifie passurveillance mais transparence). Mais elleconcerne également les rédacteurs, les re-lecteurs et nous devons progresser dansce domaine ;

• garantir la coresponsabilité des auteurs(voir chapitre 3.2) ;

• garantir l’intégrité scientifique des travauxpubliés (voir chapitre 5.4) : absence detout comportement frauduleux, commele plagiat, et plus particulièrement l’origi-nalité des articles publiés en faisant lachasse à la double publication, qui constitueune fraude grave. Elle justifie la rétractationdes articles incriminés (annoncée dans lesbases internationales et dans la ou lesrevues ou l'article a été publié) et uneéventuelle sanction universitaire si le travailémane d’un établissement universitaire.Nous y avons eu malheureusement déjàrecours et la décision du rédacteur en chefest ici lourde de conséquences.

Un comité d’éthique vient d’être constituépour OTSR, associant des juristes, des expertsen rédaction médicale, des membres du co-mité de rédaction d’OTSR et des Cahiersd’Enseignement de la SOFCOT.

Le rôle du rédacteur en chef est donc plurielmais au service d’un objectif unique : assureren toute indépendance la publication d’articlesoriginaux et de qualité selon des règleséthiques précises. C’est évidemment untravail d’équipe et le rédacteur en chef estautant un animateur qu’un décideur. Lestemps changent et les évolutions sont trèsrapides obligeant à s’adapter en permanenceet à anticiper ce que sera demain la publica-tion médicale.

5.2. Rôle du comité de rédaction et des rédacteurs Par Henri MIGAUD

5.2.1. Rôle du comité de rédactiond’Orthopaedics Traumatology :Surgery & Research (OTSR)

Le comité de rédaction détermine la politiqueéditoriale (la forme et le nombre des articles,sollicite les éditoriaux, constitue les numérosordinaires et les numéros spéciaux, notam-ment à thème) et assure la gestion au quo-tidien des articles soumis à la revue (articlescourants, lettres à la rédaction). Il assure lelien avec Elsevier-Masson, maison d’éditiond’OTSR-RCOT (http://www.sciencedirect.com/journal/orthopaedics-and-traumatology-surgery-and-research?) et veille aurespect du contrat qui lie le CNP-SOFCOTavec Elsevier-Masson (au sein de l’Associationdes Publications de Chirurgie OrthopédiqueRéparatrice et Traumatologique (APCORT)).Par le biais de la bourse de l’APCORT-SOFCOT, le comité de rédaction sollicite desarticles auprès de jeunes boursiers à l’occasiond’un séjour à l’étranger (http://www.sofcot.fr/CNP-SOFCOT/Bourses-attribuees-par-la-SOFCOT). Cette bourse d’un montantde 5 000 € est destinée à un chirurgienfrançais en formation de moins de 40 ansqui s’engage à produire un article originalen anglais pour OTSR. Il décerne le prixOTSR-SOFCOT-Elsevier qui récompense lemeilleur article francophone publié dansl’année.

Un périodique scientifique est en constanteévolution, devant s’adapter au lectorat, auxnouvelles technologies chirurgicales ou del’information. Le comité de rédaction dispose

de plusieurs moyens pour évaluer son activité(voir aussi chapitre 2.3) :

1) Avant tout l’impact factor (IF). Publié an-nuellement, il mesure le taux de citationsd’articles publiés les deux années précédantl’édition de l’impact factor. Cet outil est trèsdiscuté mais il est privilégié par tous lescomités de rédaction qui visent à assureravant tout un haut niveau scientifique desarticles (niveau de preuve). Outre la qualitédes articles, élément essentiel de l’IF, d’autresmoyens participent à élever l’IF, comme ladiffusion précoce des articles (dès l’acceptiondu manuscrit Word sous forme d’un fichierpdf non mis en forme), la publication d’articles

à fort taux de citation (analyses systématiques,méta-analyses) et des articles « dans le vent »ou sur un sujet « très polémique ». Demême, en favorisant un taux d’autocitation,on pourra augmenter l’IF : ce taux d’auto-citation est seulement de 12 % pour OTSRalors que la plupart des revues dans le do-maine sont autour de 20 %.

2) Le taux de citation à 5 ans (ou IF à 5 ans)correspond mieux à notre spécialité pour la-quelle, hormis la traumatologie, des résultatsà plus long terme sont privilégiés (en 2016pour OTSR l’IF à 2 ans était à 1,468 versus1,877 pour l’IF à 5 ans).

3) Enfin, de manière plus précise, le comitéde rédaction peut évaluer les tendances descitations d’articles récemment publiés enmesurant le nombre de lecteurs et de citationsavec des outils comme Mendeley (https://www.mendeley.com/stats/) ou des mesuresde l’impact médiatique des articles via tousles modes de diffusion (Google, Facebook,Twitter, Researchgate, Linkedin, etc.) Des ap-plications comme PlumX, portée par Elsevier,permettent d’accéder en temps réel à cesinformations. Il est alors possible de réorienteret d’ajuster ainsi la politique éditoriale sansattendre la publication de l’IF qui ne traiteque le passé proche alors que la science vitactuellement plutôt dans l’immédiateté.Outre la qualité scientifique, le comité derédaction privilégie aussi des articles pratiquespour maintenir un lectorat généraliste commeles « notes de technique » dont le taux decitation est assez élevé contrairement aux

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faits cliniques qui ont été abandonnés ceux-ci apportant par ailleurstrop peu à la communauté orthopédique. Les possibilités offertespar le passage à la version électronique sont encore insuffisammentexplorées : il nous faut promouvoir davantage l’inclusion de films detechnique opératoire et d’arthroscopie, tout document susceptiblede renforcer le message d’un article sous forme d’annexe électroniqueet la Fomation Médicale Continue de haut niveau scientifiquesoumise au peer-review.

5.2.2. Le rôle des rédacteurs

Les rédacteurs sont choisis pour leur intérêt et leur compétencepour la rédaction médicale. Ils sont cooptés au sein de l’APCORT etassurent une mission continue, puisque la période estivale ne s’ac-compagne pas d’un arrêt des soumissions. Le nombre de publicationsa été multiplié par 4 au cours des 6 dernières années (Figure 1). Actuellement, avec 900 soumissions annuelles sur EES (https://ees.elsevier.com/otsr), chaque rédacteur doit gérer un portefeuille annuelde 70 à 140 articles suivant les spécialités. Pour OTSR, comme pourla plupart des revues généralistes, les articles sont assignés par le ré-dacteur en chef à un rédacteur spécialisé dans le domaine abordépar l’article et le manuscrit prend alors le circuit suivant (Figure 2) :1) une première évaluation (screening) est faite par le rédacteur

spécialisé essentiellement sur la forme qui, si elle est trop éloignée(nombre de mots, présentation générale, fait clinique étantexclus, etc.) ou si le sujet ne correspond pas à la discipline,conduit à un « refus d’emblée direct ou motivé » ou « àreconsidérer après modifications » ;

2) si l’article franchit cette première étape, il est adressé à 2 à 4 lecteurs (reviewers pour les Anglo-Saxons) dans l’attente deleur avis (voir chapitre 4.3) ;

3) une fois rendues les expertises des lecteurs, le rédacteur spécialiséfait une synthèse s’appuyant sur l’avis des lecteurs et donne unavis : « accepté » « accepté après modifications » « à reconsidéreraprès modifications » ou « refus motivé ». En aucun cas lerédacteur ne prend seul cette décision, se référant toujours à lamajorité des avis des lecteurs tout en assurant une synthèseconstructive ;

4) une fois le manuscrit modifié et resoumis par les auteurs (versionR1 ou R2 ou Rn), suivant la qualité des corrections apportées parles auteurs le manuscrit peut soit connaître un nouveau cycle

complet passant par des lecteurs, soit passer seulement dans lesmains du rédacteur qui vérifie que les auteurs ont répondu àtoutes les demandes de modifications. Le rédacteur peut alorsaccepter le manuscrit de manière directe ou après de nouvellesmodifications. Le taux d’acceptation dans OTSR est stable depuis5 ans à 26 %, alors que le nombre d’articles augmente (le tauxd’acceptation était > 30 % entre 2009 et 2012). Malgré l’aug-mentation des soumissions, le taux d’acceptation est maintenugrâce à une augmentation du nombre de manuscrits publiés (de142 en 2012 à 224 en 2017), permise notamment grâce à la li-mitation du nombre de mots par article, le nombre de pagesétant relativement constant. L’attribution des articles à desrédacteurs spécialisés permet d’élever le niveau scientifique desarticles en ne sélectionnant que ce qui est nouveau pour ladiscipline et les « sur-spécialités », qui sont le mode d’exerciceactuel, obligeant la revue à s’adapter pour étendre son lectorat.

Une fois le manuscrit accepté, le rôle du rédacteur spécialisé n’estpas terminé puisqu’il doit vérifier les traductions des articles soumisen français puis, lors de la constitution des « bons à tirer » sousforme de fichiers « pdf », il assure avec l’auteur un contrôle final deforme, notamment sur les figures et tableaux qui sont, malgré lepassage à l’électronique, une source d’erreurs assez fréquente.

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Figure 1. Evolution du nombre de soumissions à OTSR depuis 2009Figure 2. Circuit des manuscrits entre les auteurs, rédacteurs etreviewers

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5.3. Liens et conflits d’intérêts dans la littérature médicale Par Rémi KOHLER, Philippe BEAUFILS, Joël MORET-BAILLY

5.3.1. Introduction

1) Un précédent travail [1] abordait laquestion des relations du chirurgien avecl’industrie et de leur impact sur son activitéde soins ou sur son rôle éventuel d’expert àla demande d’une agence sanitaire ; nousrenvoyons le lecteur à cet article pour ytrouver les définitions précises (liens, conflits,déclaration d’intérêt) et l’évolution régle-mentaire, qui s’est emballée à la suite de « l’affaire médiator » en 2009. Mais cettenotion de liens d’intérêts concerne aussid’autres volets de notre activité : la rédactiond’articles scientifiques (impliquant leursauteurs mais aussi les relecteurs et le comitéde rédaction), l’enseignement (formationinitiale et continue) ou enfin la présentationde communications. Publier et enseignersont des activités inhérentes à la fonctiondes universitaires mais pas seulement (20 %des travaux francophones publiés dans notrerevue OTSR proviennent d’équipes ou d’au-teurs non universitaires).

2) Et pourtant, la « gestion pratique »des liens d’intérêts éventuels dans ces di-verses situations n’est pas toujours appropriée,plus souvent d’ailleurs par une mauvaise in-formation des auteurs que par volonté dedissimulation, justifiant cette mise au point.Au-delà de considérations éthiques, dansun contexte de « dictature de la transpa-rence », la réglementation s’est durcie et larévélation d’« affaires » sur ce sujet n’estpas anodine ; citons 2 exemples récents :• un pneumologue parisien a été condamné

en juillet 2017 à 50 000 € d’amende et 6 mois de prison (avec sursis) pour avoir « omis » de déclarer ses liens d’intérêts fi-nanciers avec la société Total, alors qu’iltémoignait au Sénat sur la question de lapollution atmosphérique par le diesel ;

• le « scandale agro-sanitaire » du glyphosate(Roundup®) révélé dans la presse fin 2017(« Monsanto papers ») traduit une sériede délits : trafic d’influence, dissimulationde liens d’intérêts (ainsi de l’obligationfaite à un auteur de rétracter un article dequalité (déjà publié) à la demande du ré-dacteur en chef de la revue, lui-même ensituation de conflit d’intérêt majeur avecMonsanto), ou enfin de la publicationd’articles signés par des auteurs apparem-ment indépendants, mais en fait rédigés

par des ghost writers employés par cettemême société !

3) Il est important de ne pas confondre « liens et conflits » : tout lien d’intérêtn’est pas synonyme de conflit d’intérêts etn’est pas répréhensible en tant que tel ; lesens péjoratif du terme, qui laisse supposera priori une idée de comportement « inap-proprié », contribue sans doute à une analysepeu sereine et à une possible réserve sinonméfiance des auteurs envers cette exigencede déclaration. Il convient aussi de distinguer« conflits d’intérêts » et « intégrité scienti-fique » même si ces deux aspects sont sous-tendus par une même obligation éthique :ces « pratiques discutables », que recouvrece devoir d’intégrité, constituent a minimades comportements fâcheux, s’il s’agit desimples négligences, mais peuvent en casde fraude caractérisée (plagiat, embellissementvoire inventions de données, etc.) être ré-préhensibles et faire l’objet de poursuitesdisciplinaires et ou judiciaires (voir chapitre5.4).

Ces 2 thèmes d’actualité (et « sensibles »)sont d’ailleurs abordés largement dans destravaux récents : citons 2 excellentes sourcespour qui voudrait approfondir ce sujet :• les actes du dernier congrès des rédacteurs

médicaux (Chicago, septembre 2017), blogMaisonneuve [2] ;

• un numéro spécial de la revue JAMA en2017 [3].

Et Il faut aussi mentionner l’élaboration, fin2017, d’une « charte éthique et déontolo-gique des facultés de médecine et d’odon-tologie » sur laquelle nous reviendrons [4].

5.3.2. Données réglementaires récentes

Après la loi du 29 décembre 2011 sur lerenforcement de la sécurité sanitaire et dumédicament (dite loi Bertrand) et celle du

11 octobre 2013 sur la transparence de lavie publique, complétées par la base dedonnées « Transparence publique » en juin2014, de nouveaux textes sont parus en2016. Ils renforcent encore ces exigencesde transparence, en particulier lors d’activitésd’enseignement ou de communication auprèsdu grand public : les liens d’intérêts doiventêtre déclarés systématiquement, avec rigueur,à l’instar des missions d’expertise.

1) De manière transversale, la loi du 20 avril2016 a formalisé des règles relatives à lagestion des conflits d’intérêts des fonc-tionnaires (donc les universitaires) et desautres personnes participant à l’action pu-blique avec, notamment, la prévision d’un « déontologue » dans chaque administration1.Rappelons que le conflit d’intérêts a étédéfini dans la loi du 11 octobre 2013 rela-tive à la transparence de la vie publiquecomme « toute situation d'interférence entreun intérêt public et des intérêts publics ouprivés qui est de nature à influencer ou àparaître influencer l'exercice indépendant,impartial et objectif d'une fonction » définitionreprise à propos des fonctionnaires danscette loi du 20 avril 2016.

2) Dans le domaine particulier de la santé,la loi du 26 janvier 2016 « de modernisa-tion de notre système de santé » (dite loiTouraine) comprend 3 articles 178, 179 et180 relatifs à la question des conflitsd’intérêts ; elle durcit en outre les règlesrelatives à la transparence des liens d’in-térêts : c’est ainsi que le site internet transparence.sante.gouv.fr (accessible au publicet donc aux lanceurs d’alertes) regroupedorénavant les informations relatives à « l’ensemble des rémunérations reçues parle déclarant de la part d'entreprises, d'éta-blissements ou d'organismes (…) supérieuresou égales à 10 € TTC, versées aux personnesphysiques ou morales dans le cadre deconventions relatives à la conduite de travauxd’évaluation de la sécurité, de vigilance oude recherche biomédicale ». L’ensemble dudispositif a été validé par la décision duConseil constitutionnel du 21 janvier 2016qui a notamment estimé que « l’objectif

1. Loi n° 2016-483 du 20 avril 2016 relative à la déon-tologie et aux droits et obligations des fonctionnaires,article 2.

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d’intérêt général de prévention des conflitsd’intérêts ainsi que l’exigence constitutionnellede protection de la santé » permettent dejustifier l’atteinte à la vie privée liée au faitde rendre publiques certaines informations2.

L’article 115 de la même loi nous intéresseparticulièrement : il modifie en effet l'articleL. 4113-13 du code de santé publique créépar la loi du 4 mars 20023 qui « fait obligationaux membres des professions médicales dedivulguer leurs liens avec des entreprises etdes établissements produisant ou exploitantdes produits de santé ou avec des organismesde conseil intervenant sur ces produitslorsqu’ils s’expriment sur les-dits produitslors d'une manifestation publique » ; cetteexigence s’étend dorénavant à « l’ensei-gnement universitaire , aux actions deformation continue ou d'éducation théra-peutique », ainsi qu’à toute publicationécrite ou en ligne et pour toute prise deparole dans la presse écrite ou audiovi-suelle. La sanction du manquement à cesobligations est disciplinaire.

5.3.3. Règles de « bonne pratique »

1) Dans le cadre d’une communicationscientifique (lors d’un congrès par exem-ple), une diapositive préliminaire doit men-tionner les liens d’intérêts de l’orateur, etdevrait être assortie d’une déclaration soumiselors de l’envoi au comité de sélection (maispas toujours demandée…).

2) Dans le cadre de l’enseignement ma-gistral, il conviendrait également que l’orateurmentionne les liens d’intérêts qu’il peut avoiravec des produits mentionnés dans son ex-posé, ce qui serait en outre un moyenefficace de sensibiliser les étudiants à cettequestion ; et pourtant ceci est très rarementréalisé, comme cela a été pointé récemment(facultés de médecine « épinglées » : enquêtePlos One du 9 janvier 2017 et reportagedans les amphis de médecine (l’œil du 20hsur France 2, 18 mars 2017) faisant état deliens d’intérêt avec des laboratoires pour 75 % des enseignants, mais rarement men-tionnés).

La toute récente « charte éthique et déon-tologique des facultés de médecine » [4](qui s’impose dorénavant aux étudiants etenseignants) est une réponse heureuse à

ces dysfonctionnements : elle dresse uneliste précise d’obligations à respecter relatives,entre autres, aux conflits d’intérêts et à l’in-tégrité scientifique.

3) En ce qui concerne la publication d’ar-ticles dans des revues scientifiques, desrègles ont été édictées depuis longtempspour la façon de prendre en compte cesliens d’intérêts.

a) Les instructions aux auteurs, pour lamajorité des revues médicales (comme OTSR-RCOT), découlent des recommandations édi-toriales établies par l’ICMJE (InternationalCommittee of Medical Journal Editors,www.icmje.org); la version de 2001 intro-duisait déjà cette notion de conflits d’intérêtset a ensuite été régulièrement actualisée :nous invitons le lecteur à se reporter à laversion française mise à jour de décembre2017 ; en voici des extraits relatifs aux « conflits d’intérêts » :• La confiance du public envers le pro-cessus scientifique et la crédibilité desarticles publiés dépend en partie de latransparence de la gestion des conflitsd’intérêts lors de la planification, laréalisation, la rédaction, l’évaluationpar des pairs, la révision éditoriale etla publication d’une étude scientifique.

• Un conflit d’intérêts est une situation danslaquelle le jugement professionnel concer-nant un intérêt principal (comme le bien-être de patients ou la validité d’une re-cherche) est susceptible d’être influencépar un intérêt secondaire (comme un gainfinancier). La perception de conflits d’intérêtsest tout aussi importante que les conflitsd’intérêts eux-mêmes.

• Les relations financières [par exemplesalaire, expertise-conseils, participations fi-nancières (actions ou options d’achat), ho-noraires, brevets, expertise judiciaire ré-munérée] sont les conflits d’intérêts lesplus facilement identifiables et ceux qui

ont le plus de chances d’ébranler la crédi-bilité de la revue, des auteurs et de lascience elle-même. Cependant, des conflitspeuvent survenir pour d’autres raisonstelles que des relations ou rivalités person-nelles, la compétition universitaire et lesconvictions intellectuelles...

• Toutes les parties prenantes aux pro-cessus d’évaluation par les pairs et depublication (non seulement les auteursmais aussi les relecteurs, les rédacteurset les membres du comité de rédactiondes revues) doivent réfléchir à leurs en-gagements durant l’accomplissement deleurs rôles respectifs au cours du prcessusd’évaluation et de publication et dévoilertoutes les relations susceptibles d'êtreconsidérées comme de potentiels conflitsd’intérêts…

• Les articles publiés doivent comporterdes déclarations ou documents à l’ap-pui, comme le formulaire de déclarationde liens d’intérêts de l’ICMJE (http://www.icmje.org/conflicts-of-interest/).

b) La Haute Autorité de santé (HAS) amis en ligne en mai 2013 un rapport intitulé :« Critères de qualité des revues et journauxde la presse médicale française » [5]. Cerapport a proposé de respecter les recom-mandations de ICMJE et rédigé 19 critèresde qualité dont 3 concernent les liens d’in-térêts : 1- Pour chaque article, les liens d’in-térêts des auteurs, y compris des journalistes,vis-à-vis du sujet abordé, sont affichés(incluant les experts interviewés) ; 2- Lesliens d’intérêt des membres du comité derédaction et scientifique sont affichés, ainsique ceux de toute personne ayant une res-ponsabilité dans le processus éditorial ; 3- La rédaction affiche son engagement àdemander aux relecteurs leur déclarationd’intérêt vis-à-vis des sujets abordés dansles articles.

En 2018, ces critères ne sont pas tous appli-qués par les revues scientifiques françaises…

5.3.4. Synthèse

1) En théorie (Figure 1) une déclarationdétaillée des liens d’intérêts (remplie partous les co-auteurs) doit être jointe à l’articlesoumis à la revue et et il faudra, en outre,mentionner à la fin de l'article ceux qui sonten rapport avec le contenu de l’article maisaussi ceux qui ne le sont pas directement, fi-nanciers ou non (le comité de rédactions’assurant de l’adéquation entre ce qui estécrit et les déclarations reçues). Il faut aussi

2. Décision n° 2015-727 DC du 21 janvier 2016.3. Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits

des malades et à la qualité du système de santé.

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veiller à ce que soit mentionnée une situationéventuelle de travail « commandé » et, ence cas, de relecture ou non de l’article par lecommanditaire. Il appartient aux rédacteursde la revue (et au comité d’éthique de celle-ci) de veiller à ce que ces obligations detransparence soient respectées. De plus, illeur appartient de s’assurer que les relecteurspressentis n’ont pas eux-mêmes de liensd’intérêt avec le sujet du travail confié à leuranalyse.

On ne peut donc que souscrire à la démarcheconduite par un collectif de rédacteurs pouraméliorer ces pratiques [6]. Il peut être né-cessaire, dans quelques cas de déclarationsd’intérêts jugées litigieuses, avant ou aprèspublication de l’article, de suivre les recom-mandations édictées sur ce point précis parle COPE (Committee on Publication Ethics)https://publicationethics.org/.

2) En pratique, pour des raisons compré-hensibles de charge de travail, c’est biensouvent le seul « auteur correspondant »qui assume la responsabilité de ce qui estécrit, qui se résume très souvent à uneformule laconique : conflit d’intérêt :aucun ! À la revue OTSR, nous avons tou-tefois observé une progression du nombre

des conflits d’intérêts déclarés par les auteursdes articles francophones : 14 % en 2011puis 32 % en 2016 ; son comité de rédactions’attache à effectuer un travail de pédagogiepour que cette déclaration soit fournie sys-tématiquement par tous les auteurs, et quela fin d’article fasse mention plus fréquem-ment des liens d’intérêts. Ceux-ci, rappe-lons-le, ne sont pas répréhensibles en soi :la charte déontologique et éthique des fa-cultés médicales, déjà mentionnée [4] vamême jusqu’à écrire « un lien d’intérêt estnon seulement légitime mais souhaitablepour les progrès en santé » ; mais la trans-parence impose qu’ils soient connus du lec-teur, pour qu’il évalue au mieux le contenurédactionnel.

En conclusion, il est indispensable d’intégrerce changement d’état d’esprit : il n’est pasquestion d’insinuer que les médecins onttendance à « cacher des choses » mais ilsn’ont pas forcément assimilé cette culture dela « déclaration », qui est pourtant devenueréglementaire. Ne pas s’y conformer risquerait,à terme, de se retourner contre les auteursnégligents ; le titre d’un article résume biennotre propos : exiger la transparence etrefuser la chasse aux sorcières [7].

Références

1. Liens et conflits d’intérêts : éléments dedéfinitions et exemples de relations entrechirurgiens et industrie R.Kohler, J.Moret-Bailly, Cahiers du cercle Andry, N°9 , Sau-ramps med, 2015, 227- 244.

2. http://www.h2mw.eu/redactionmedicale/2017/09/ouverture-du-8%C3%A8me-peer-review-congress-10-septembre-2017.html

3. JAMA , 2 mai 2017, Vol 317 (17), 7717-97 N° spécial avec 23 articles consacrésaux LI et CI.

4. http://cep.splf.fr/wp-content/uploads/2017/12/Charte-Facultes-Version-5-du.pdf

5) HAS : rapport « bonnes pratiques etcritères de qualité des revues et journauxmédicaux de la presse française (2013).lien internet

6) Presse médicale française : des bonnespratiques et des critères de qualité àadopter. H. Maisonneuve, A.Boiteux, C.Boissier, F. Stora, H. Nabarette. Rev Praticien66,2016, 249-53.

7) Intérêts potentiels et publications : exigerla transparence et refuser la chasse auxsorcières. A. Trebucq, H. Maisonneuve,Oncologie 2010,12, 647-50.

Figure 1. Fonctionnement théorique idéal au regard des liens et conflits d’intérêts des auteurs

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bof n° 83 29 Avril 2018

5.4. Qu’est-ce que l’intégrité scientifique ? Par Hervé MAISONNEUVE

5.4.1. L’intégrité scientifique : un codede conduite professionnelle

C’est sur l’intégrité scientifique que reposentle savoir et la connaissance. L’intégrité scien-tifique n’est pas une question de morale ;elle s’appuie sur des principes universelsselon lesquels il est mal « de mentir, de vo-ler… ». La qualité et la fiabilité de la pro-duction scientifique dépendent d’elle. Il fautdistinguer l’intégrité scientifique (règles quigouvernent la pratique de la recherche), del’éthique de la recherche (les questions liéesaux progrès de la science et leurs répercussionssociétales). Autant les questions d’éthiquefont débat, autant l’intégrité scientifique nese discute pas : elle se respecte, c’est uncode de conduite professionnelle qui nedoit pas être enfreint. Elle s’impose enscience, en recherche fondamentale et cli-nique, comme s’impose le code professionnelde déontologie des médecins.

5.4.2. Les manquements à l’intégritéscientifique : un sujet ancien, unepréoccupation récente

La grande presse se fait régulièrement l’échode cas de fraudes scientifiques ou médicalesspectaculaires, de plagiats et de conflits d’in-térêt de chercheurs ou de médecins. Onpourrait imaginer, à lire le nombre d’articleset de révélations fracassantes dans les médiasgénéralistes, qu’il s’agit d’un sujet nouveauou en tout cas en pleine expansion. En2018, il n’y a pas d’argument pour un ac-croissement important des cas de fraude etméconduites. Ce qui a changé est leur révé-lation rapide et mondiale par internet et lesréseaux sociaux.

5.4.3. La fraude en médecine et sesconséquences sociétales à moyen etlong terme

La fraude peut avoir des conséquences dé-létères affectant directement les malades.Les conséquences de la fraude existent pourla plupart des recherches animales, socialesou fondamentales, dans des domainescomme les OGM, les pesticides, le climat,etc. Elles peuvent affecter la santé des po-pulations, plus souvent à long terme qu’im-médiatement, comme en médecine. Lesessais cliniques ont été source de méconduiteset les bonnes pratiques ont pour objectifd’aider les investigateurs : soumission obli-

gatoire à des comités d’éthique, dépôt desprotocoles et des résultats dans des registresdédiés, monitorage strict, double entrée desdonnées, plan d’analyse a priori, archivageprolongé des données, publication obligatoiredes résultats, etc.

5.4.4. Les méconduites scientifiques :un continuum depuis la méthodologiecontestable aux « arrangements » desdonnées, enfin à la fraude caractérisée

Pour parler de méconduite scientifique, ilfaut qu’il y ait une intention de tromper,qu’il s’agisse de fautes considérées (à tort)comme vénielles (embellissement de données)ou de fautes graves caractérisées. Les fautesles plus graves, pour lesquelles existe unconsensus international, sont la fabricationet la falsification de résultats, le plagiat. Cesfautes, dénommées « FFP », ne font pasl’objet de poursuites pénales en France. Siles tribunaux sont parfois amenés à jugerdes cas de méconduites (plagiat surtout), ilspeuvent renvoyer à la déontologie profes-sionnelle et suggérer que les autorités ad-ministratives investiguent les cas avant deprendre une décision.

Il existe d’autres types de méconduites scien-tifiques qui sont beaucoup plus courantes.

Elles visent à embellir les résultats pourfaciliter une publication, un rapport ou unethèse, la présentation d’un essai clinique.Pour exemple, citons la présentation biaiséedes données, l’utilisation critiquable des sta-tistiques en vue de rendre significatifs les ré-sultats, la chasse au p significatif (<0,05)que l’on appelle le P-hacking ou P-HARKing(Hypothesing After Results are Known), lescitations tronquées de la littérature, la mini-misation des effets secondaires dans unessai thérapeutique, etc. Les Anglo-Saxonsdénomment ces conduites de façon imagée« cherry picking data, data cooking, datamassage, etc. ». Les pratiques discutablesles plus fréquentes sont probablement l’at-tribution de la paternité des œuvres, autre-ment dit la liste et l’ordre des auteurs despublications. Les liens d’intérêts constituentdes manquements à l’intégrité s’ils ne sontni déclarés, ni gérés. Il existe un continuumentre la méconnaissance méthodologique,les pratiques discutables en recherche et lafraude (Figure 1).

S’il n’existe pas plus d’une dizaine de cas defraude par an en France, ces « petits man-quements » à l’intégrité scientifique, ou « pratiques discutables en recherche », ontune fréquence difficile à quantifier. Cette

Figure 1. Il existe un continuum entre les méthodologies contestables, les pratiquesdiscutables en recherche, et la fraude, qui est rare mais médiatisée. Nous remercions LaRevue du Praticien.

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zone grise entache les résultats de la recherchedu fait de sa fréquence et de son apparenceanodine et banale, il faut y prêter une at-tention particulière.

5.4.5. Origines et causes desmanquements à l’intégrité scientifique

Une politique de prévention ne peut êtreefficace que si l’on connaît et affiche lescauses. Elles sont multiples : pression de pu-blication pour une demande de fonds derecherche ou obtention d’un recrutementou d’un avancement (exposé de titres ettravaux), promotion d’une étude cliniqueou d’un essai thérapeutique, etc. Les raisonssont principalement d’ordre lucratif, maispas exclusivement : le désir de faire la unedes journaux, le « scoop » et la notoriétésont aussi de puissants moteurs de mécon-duite scientifique. Étudiants, post-doctorants,encadrants et chercheurs seniors, tous peu-vent un jour ou l’autre dévier, franchir laligne jaune de l’intégrité scientifique.

5.4.6. Les entorses à l’intégritéscientifique : une préoccupationrelativement récente, des propositionsconcrètes

Dès 1999, l’Inserm a créé le premier dispositifdédié spécifiquement à l’intégrité scientifique,la Délégation à l’Intégrité scientifique. Enjuillet 2014, le CNRS a publié un guide de45 pages intitulé « Promouvoir une rechercheintègre et responsable ». Une charte nationalede déontologie des métiers de la recherchea été signée en janvier 2015 avec l’objectif« d’expliciter les critères d’une démarchescientifique rigoureuse et intègre ». Ellestipule « qu’il est de la responsabilité dechaque établissement de (la) mettre enœuvre à travers la promotion de bonnespratiques en recherche, la sensibilisation etla formation de leurs personnels et de leursétudiants, l’énoncé de repères déontolo-giques, la mise en place de procéduresclaires et connues de tous pour prévenir ettraiter les écarts éventuels aux règles déon-tologiques ». Un rapport intitulé « Bilan etpropositions de mises en œuvre de la chartenationale d’intégrité scientifique » a été pré-senté publiquement le 29 juin 2016 par P. Corvol et est consultable sur le site du mi-nistère. Un Office Français d’Intégrité Scien-tifique (OFIS) indépendant et gérant les ques-tions d’intégrité scientifique au niveau dupays (expertise, observatoire des cas defraudes et de pratiques douteuses de re-

cherche, recours, etc.) a été mis en place fin2017. Citons enfin la « charte d’éthique etdéontologique des facultés de médecine etodontologie », élaborée fin 2017 qui abordecet aspect (point n° 1 de la charte).

Une structure nationale et le réseau de réfé-rents à l’intégrité scientifique n’auront pasmission de gérer toutes les allégations demauvaises conduites et fraudes. Au niveaude chaque établissement, universités et or-ganismes de recherche, un référent à l’inté-grité scientifique (« référent déontologue »)doit être identifié. Il faut des procédurespour la saisine des allégations et leur traite-ment. Les étapes et responsabilités sontnombreuses : réception des allégations,saisine du référent, instruction de l’allégation(comité ad hoc ou externe), audit sur site,remise d’un rapport contradictoire, décisiondu chef d’établissement et publicité ou nondes rapports et décisions. Ces procéduresdoivent définir si une information du systèmejudiciaire est éventuellement souhaitable.

5.4.7. Que faire en cas de manquementà ces règles d’intégrité scientifique ?

Ces cas doivent être d’abord signalés auxinstitutions de recherche, aux universités quidoivent avoir une procédure pour gérer leslanceurs d’alerte. Les référents intégrité desinstitutions de recherche et universités doiventdécider s’il est nécessaire de diligenter unemission d’audit qui pourra les guider poursuggérer une décision au président de l’au-torité administrative.

Dans la plupart des cas, les lanceurs d’alertesignalent des cas en s’appuyant sur des pu-blications. Les revues scientifiques sontsouvent en première ligne, mais elles n’ontpas la légitimité pour auditer une équipe derecherche. Les éditeurs ont formé le Com-mittee on Publication Ethics (COPE) dont lesobjectifs sont de conseiller les rédacteurs derevues pour gérer les cas de méconduites.Le COPE a publié des diagrammes de fluxpour aider les rédacteurs. Ces diagrammesenvisagent plusieurs situations fréquentescomme les conflits d’auteurs avant ou aprèspublication, les plagiats et proposent desétapes à suivre. En général, avant toute dé-cision, les rédacteurs (et les membres du co-mité d’éthique de la revue) doivent d’abordrecueillir les avis de tous les protagonisteset, si besoin, consulter les institutions de re-cherche et universités dont ils relèvent.

Pour en savoir plus

Cet article reprend des paragraphes d’undossier thématique de la Revue du Praticiende 2016 en accès libre : lien internet.

La Presse Médicale, numéro thématique :De l'erreur à la fraude dans les publicationsbiomédicales, septembre 2012 : 11 articlesen accès libre http://www.em-consulte.com/revue/LPM/41/9P1/table-des-matieres/

Bergadaà M. Le plagiat académique : com-prendre pour agir. L’Harmattan ed 2015,234 pages.

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bof n° 83 31 Avril 2018

V otre article a été accepté pour pu-blication dans une revue interna-tionale référencée : votre priorité

est que votre article soit publié dans lesmeilleurs délais et diffusé le plus largementpossible, au niveau international et sur toutsupport, dans une qualité irréprochable.

Même si le circuit de l’édition a commencédès la soumission de votre manuscrit (voireavant !), le temps de la rédaction de lasoumission à l’acceptation (from submissionto acceptance) vient de céder le pas autemps de la publication, de l’acceptation àla publication (from acceptance to publica-tion).

6.1.1. La communication

C’est le point central, qui justifie à lui seulcet exposé ; c’est le principal souci del’éditeur dans sa relation avec les auteurs,mais aussi avec la rédaction en charge d’unerevue (et la société à laquelle elle est affiliée) :la nécessité de répondre à tout instant auxdemandes relatives aux publications encours.

Lorsqu’un article est accepté, il « entre enproduction ». Le « faire savoir » de l’éditeurrepose ici sur l’ensemble de ses outils et sys-tèmes autant que sur son expertise, sonobligation ou ses devoirs. Comme l’exigence(applicable aussi à l’éditeur) en termes deréactivité, d’exactitude et de transparence,qui fait réponse à la confiance qui lui a étéaccordée et à la contribution qui lui a étéconfiée.

Un responsable de production (journal ma-nager, JM) est dédié en nos éditions à la pu-blication des revues, dont le rôle en amontde l’acceptation est de suivre le processusde soumission de l’article et, en aval de l’ac-ceptation, d’en assurer le suivi de production.Le JM est garant de l’application des bonnespratiques de l’éditeur dans le respect desspécificités des revues (périodicité, régularitéet matérialisation des parutions, etc.) etavant tout de la communication avec la ré-daction, les auteurs et les experts qu’il inter-roge sur les problèmes qu’il anticipe ou ren-contre, mais aussi à qui il livre les réponsesde l’éditeur aux questions qui lui sont posées ;

enfin avec qui il met en place des actionsvisant à améliorer le processus de publica-tion.

6.1.2. L’enregistrement de l’articleaccepté

Ça débute comme ça, pourrait-on dire, pourla plupart des articles pour lesquels le voyagen’a pas commencé plus tôt, comme précé-demment exposé avec la revue PLOS one(voir chapitre 4.2). Quand l’article est accepté,c’est-à-dire quand le peer-reviewing a portéses conclusions, l’auteur-correspondant estnotifié par le rédacteur en chef de la décisionfinale d’acceptation ; l’éditeur en est averti,qui procède alors à l’enregistrement de l’ar-ticle.

6.1.2.a. Attribution d’un DOI

Une étape cruciale, au-delà de l’enregistre-ment dans le système de l’éditeur, est l’at-tribution à l’article d’un identifiant uniqued’objet (Digital Object Identifier, DOI®) quien permet le référencement (encadré 1).Comme un identifiant uniforme de ressource(Uniform Ressource identifier, URI), leDOI est une ressource numérique d’identifi-cation unique, persistante et permanente,construite à partir d’un préfixe qui identifiele registre ou Naming Authority, et d’unsuffixe (après la barre oblique) donné par leregistre. Ainsi, par exemple, pour un articlede la revue Orthopaedics & Traumatology:Surgery & Research (OTSR), le DOI suivant :10.1016/j.otsr.2013.11.010 où le préfixe10.1016 désigne Elsevier (le registre) et lesuffixe j.otsr.2013.11.010 (donné par Elsevier)un article de la revue OTSR. Au-delà del'identification unique persistante d'articlesscientifiques (mais aussi d’objets de toustypes), le système d'identification d'objetnumérique (DOI®) fournit une infrastructurequi permet et facilite, via des liens sur les ré-seaux, la gestion numérique sur le longterme des objets enregistrés, ainsi que leursmétadonnées. Y compris quand ils changentau cours du temps : la saisie de l'URL DOIdans un navigateur (http://dx.doi.org/<DOI>)permet d’accéder à l’objet sur les plateformesdu registre : http://dx.doi.org/10.1016/j.otsr.2013.11.010.

6. Publication : rôle de l’éditeur

6.1. Le circuit d’édition après acceptation Par Pascal LÉGER

ENCADRÉ n° 1

Référencement : le DOI

Les DOI facilitent l'utilisation des basesde données bibliographiques et des lo-giciels de gestion bibliographique. Ilspermettent de produire des citationsplus fiables et plus pérennes. La Fondationinternational des DOI (International DOIFoundation, IDF), gouverne et gère lesaffiliés de la Federation of RegistrationAgencies, entre autres : Crossref, quirelie entre elles les références (voir la vidéo de présentation).

C’est pourquoi les éditeurs encouragentla mention des DOI dans les listes de ré-férences, et tout particulièrement s’agis-sant des articles sous presse. Cette men-tion peut être portée dans le format dustyle de référence du journal commesuit : Auteur(s). Titre de l'article. Titre abrégé du journal (année).http://dx.doi.org/<DOI>

Ou bien ainsi : Auteur(s). Titre de l'article.Titre abrégé du journal (année). Doi: <DOI>

Pour la présentation des références, voirles standards de l’US National Libraryof Medicine.

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6.1.2.b. Droits et accès

Une fois attribué le DOI, l’enregistrementde l’article s’accompagne en nos éditionsde l’envoi à son auteur-correspondant d’unelettre de remerciements qui contient :• un code de référence de l'article pour son

suivi via la plateforme Elsevier de suivi desarticles Elsevier’s Article Tracking serviceoù l’auteur trouvera toute information surles différents stades de la publication deson article ;

• un lien vers un formulaire de droits etaccès qui comprend des sections sur ledroit d'auteur (copyright), le parrainageet le financement (sponsorship & fundingbodies agreements), enfin l'accès (openaccess ou non) ;

• en fonction des revues, un lien vers unformulaire de commande de tirés à part :la copie exacte en nombre d'un articlepublié au format papier, remplacé pourOTSR et pour la Revue de Chirurgie Or-thopédique et Traumatologique (RCOT)par un lien de partage ou share link poin-tant sur Internet vers l’article au formatnumérique libre d’accès 50 jours et per-mettant aussi de le télécharger au formatPDF (des tirés à part pourront être encorecommandés sur le WebShop Elsevier aprèsla publication de l’article).

S’agissant des droits et accès, consultablesvia la page d’accueil du site www.elsevier.com réservée à OTSR et à RCOT, à noteren particulier :• Le DOI de l’article accepté est mentionné

par Elsevier sur les formulaires à compléterpar l’auteur-correspondant et, pour OTSR,les manuscrits des articles acceptés pourpublication sont mis en ligne sur les plate-formes de l’éditeur (notamment Science-Direct) et indexés dans les principales basesde données bibliographiques (notammentPubmed/Medline, Scopus, etc.) : l’articleest citable dès son acceptation !

• Comme publications « hybrides », c’est-à-dire accessibles sur abonnement et réservantune possibilité de publication « en accèsouvert » (support open access), les auteursont la possibilité de publier leur articleaprès son acceptation : 1. en accès libre àtous assorti d’une licence de réutilisationet du paiement par les auteurs (ou leurbailleur de fonds) de frais de publication ;2. en accès réservé aux seuls abonnés, li-cenciés et bénéficiaires des programmesd’accès Elsevier, sans frais de publicationpour les auteurs.

• Les deux revues supportent une « optionverte d’accès ouvert » (green open access),qui autorise les auteurs à partager immé-diatement ou après une période d’embargo(et selon différents modes) la version deleur article au stade du manuscrit accepté.

• OTSR ouvre l’accès à ses archives passé 12 mois de publication (open archives).

6.1.3. Un circuit numérique de publication et de production

Est-il besoin de dire que le circuit de publi-cation de l’article est exclusivement numé-rique, qu’il met en jeu un système de pro-duction de type industriel (Production TrackingSystem, PTS) où les guides et standards ap-pliqués tout au long de la chaîne ont étépensés et validés pour les auteurs et l’en-semble de la communauté scientifique selon

les plus hauts critères d’exigence, notammenten termes de qualité ou de délai, commedans les usages attendus des différents uti-lisateurs. Est-il besoin d’écrire encore que laversion numérique de l’article prime sur saversion papier dans un circuit de productionqui dispose métadonnées et contenus dansles bases de données, moteurs de rechercheset plateformes epub ahead of print jusqu’àl’imprimeur ?

Au-delà du flux intégré de publication nu-mérique (Figure 1), le circuit de publicationmet en jeu un flux de production où l’arti-cle-item est considéré individuellement (ArticleBased Operations, ABO) avant que d’être « compilé » (Figure 2) dans un fascicule(compiler : rassembler et déterminer l’ordredes articles dans le fascicule et en établir lapagination).

Figure 2. Flux simplifié de production éditoriale

Figure 1. Flux intégré de publication numérique : soumission en ligne et productionéditoriale sont interfacées

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6.1.3.a. Enrichissement et structuration

La préparation de copie de l’article ne seréduit pas à l’application de règles typogra-phiques ou ortho-syntaxiques, à en homo-généiser le fond ; elle ne se réduit pas nonplus à en dégager les parties pour en assurerla mise en forme / mise en page. L’articlescientifique n’engage pas seulement la res-ponsabilité et la réputation de ses auteursou des experts qui en ont assumé la lecture,mais celle aussi de la rédaction, de la sociétéà laquelle peut être affiliée la publication,de l’éditeur et, bien sûr, celle du directeurde la publication. C’est bien pourquoi l’articleaccepté requis par l’éditeur pour la publicationdoit être « bon à composer » et dès lors dé-finitif. L’enrichissement et la structurationde l’article concentre les efforts de l’éditeuret des équipes en charge de produire l’article,qu’il soit rédigé en langue anglaise, françaiseou bilingue. Les fichiers transmis de l’articlefont d’abord l’objet d’un examen approfondi,qui vérifie que toutes les données de l’articlesont fournies : éléments de référencement(titre, auteurs, affiliations, abstract, motsclés), mentions d’éthique, déclaration etcommuniqués obligatoires (voir chapitre 6.2),manuscrit, figures et tableaux, références,le cas échéant : matériel(s) supplémentaire(s).Les appels de références, de figures, de ta-bleaux, d’annexes... sont contrôlés. L’omissiond’une donnée, la mauvaise qualité d’une fi-gure, toute question se posant sur l’articleen ralentit l’édition ; il y a aussi des donnéesbloquantes (!) qui l’arrête jusqu’à la réponsedes auteurs et/ou de la rédaction. En dehorsde ce dernier cas de figure, les questions(queries) sont posées aux auteurs sur lesépreuves qu’ils reliront.

La structuration de l’article est faite selonune définition type de document (DTD) ap-plicable à une production « XML first ».Sans entrer dans le détail ici, la DTD établitla liste des éléments, des attributs, leurcontenu et leur agencement dans un docu-ment : la structure logique et physique dudocument. Produit en XML first, ce document« balisé » selon la DTD est converti en unseul et unique fichier XML qui permet lamise à jour et la correction du contenu dudocument à n’importe quelle étape du circuitde la production et la livraison simultanéedu document pour sa mise en ligne et sadisponibilité (et ses fonctionnalités et services)sur les médias numériques, pour son im-pression.

6.1.3.b. Épreuvage

Une épreuve pour correction valant pourBon à tirer des auteurs est adressée à l’au-teur-correspondant désigné pour la publi-cation de l’article sous une dizaine de joursaprès la notification d’acceptation de l’éditeur.Ce délai d'épreuvage (proofing) varie d'unerevue à l'autre ; il peut être dépassé si lesauteurs ne répondent pas immédiatementaux demandes d'informations et de matérielssupplémentaires ou manquants de l’éditeur.

Les épreuves sont adressées de différentesmanières selon le journal : par courriel avecun fichier PDF annotable joint ou via un lienqui permet sur une interface dédiée larévision et la correction de l’article en ligne.De nombreuses revues publiées par nos édi-tions, dont les revues OTSR et RCOT, utilisentmaintenant l’interface Proof Central, quipermet plus rapidement et plus facilement :• d’examiner et de répondre aux requêtes

et questions de l’éditeur ;• de supprimer et/ou d’insérer du texte dans

l'article dans le style voulu (gras, italique,exposant, indice, etc.) ;

• d’ajouter des pièces jointes à remplacerou supplémentaires, avec des remarquespour les décrire ou pour indiquer commentelles doivent être utilisées ;

• d’appliquer des modifications et correctionsaux tableaux ;

• d’annoter, modifier ou commenter desgraphiques ;

• de modifier les formules de maths enmode éditeur mathématique ou en modeLaTex ;

• d’afficher un rapport des modifications etdes instructions faites dans l’article (voirla démonstration en vidéo).

L’épreuve de l’article adressée au seul au-teur-correspondant (charge à lui le caséchéant de la transmettre à ses coauteurs)lui permet (et après lui, à la rédaction pourles revues RCOT et OTSR) de le relire unedernière fois avec précision et d’y porterd’ultimes et essentielles corrections pour ensoutenir la haute qualité : un Bon à tirerqu’il ne faut absolument pas négliger, ced’autant que les épreuves corrigées définissentl’article final publié auquel il n’est pluspossible ensuite d’apporter de correctionsautrement que par la publication d’un er-ratum ou d’un corrigendum.

L’article est réputé final et publié quand lesdernières corrections ont été intégrées : unsignal de fermeture de la « tâche » estadressé vers le système de production qui apar ailleurs enregistré, sauvegardé et sécurisétoutes les versions de l’article avec l’ensemblede ses données, son historique. L’article finalpublié est accessible en ligne, référencé etcitable via son DOI, même s’il n’a pas encorereçu sa pagination définitive ni n’a été portéau sommaire d’un numéro.

6.1.3.c. Compilation et publication du fascicule

Le planning est entré dans le système deproduction de l’éditeur pour l’année avec ladate de « compilation » de chaque fascicule.Tous les éléments d’un numéro sont compilésselon un « chemin de fer électronique » in-cluant pages de garde, couvertures, publicités,etc.

6.1.4. Les délais

Un point de l’édition qui s’est fortementamendé ces dernières années, souvent sousla pression des auteurs et des rédactions,mais aussi des sociétés affiliées aux publica-tions. Un point que la culture du tout nu-mérique et du online first a conduit leséditeurs à revoir sérieusement « puisquechacun peut facilement produire un textenumérique et le disposer sur un site dansdes délais très courts ». Mais un point aussi,compte tenu des exigences hautement tech-niques de l’édition scientifique, qui a nécessitéde lourds investissements des éditeurs et deprofonds changements dans leur mode deproduction (entre autres).

Comme cela est mentionné plus haut dansce chapitre, les délais varient d’une revue àl’autre.

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6.2. Donnez de l’impact à vos publications ! Par Pascal LÉGER

L ’édition numérique qui permet d’as-socier aux plus hauts standards depublication scientifique de multiples

fonctionnalités et services, trouvera dans lesressources suivantes d’avantageux soutiens :5 « trucs et astuces » qu’il n’est pas possibled’ignorer (liste non exhaustive !) si vousvoulez compter plus encore dans la compé-tition internationale des revues de la recherchemédicale et biomédicale et donner davantaged’impact à vos travaux ; bref soutenir votrecarrière professionnelle.

6.2.1. Distinguez-vous

L’identifiant ORCID (Open Researcher andContributor ID) vous assure de recevoir toutle crédit de votre travail, en particulier sivous partagez un nom (et un même pré-nom !) avec un ou plusieurs autres cher-cheurs. Avec déjà plus de 4,5 millions d’uti-lisateurs dans le monde, l’ORCID ID est unidentifiant unique à 16 chiffres que vouspouvez utiliser pour vous distinguer clairementet connecter de manière fiable vos propres

affiliations et contributions professionnelles ;l'enregistrement est rapide, facile et gratuit.ORCID est intégré dans plus de 500 systèmesau niveau mondial, qui couvrent la soumissionde manuscrits, la demande de subventionet la gestion des informations de recherche.

Il y a bien 10 bonnes raisons pour vousconvaincre de l’utilité d’ORCID : vous pouvezlire le post d’Alice Meadows.

6.2.2. Communiquez vos données de recherche

Qu’il s’agisse d’exposer vos travaux de façontransparente, d’en affirmer l’exactitude oud’en faciliter la reproductibilité et la réutili-sation, la communication de vos donnéesde recherches (résultats d'observations oud'expérimentations validant les résultats devotre article) est devenue incontournable.Les Research data considèrent les logiciels,codes, modèles, algorithmes, protocoles,méthodes et autres documents utiles liés autravail rapporté.

Il existe plusieurs manières d'associer vosdonnées à votre article, vous pouvez aussifaire une déclaration sur la disponibilité devos données au moment de la soumissionde votre manuscrit. Dans tous les cas, n’ou-bliez pas de mentionner ces données dansle corps de votre article, mais aussi dans laliste de vos références : pour plus d'infor-mations sur le dépôt, le partage et l'utilisationdes datasets, vous pouvez consulter cettepage dédiée. Notez en particulier ces deuxoptions qui s’offrent à vous :• la possibilité d’établir le lien vers vos données

via un référentiel de données (Data reposi-tory) qui peut être spécifique à un domaineou générique pour plusieurs disciplines ;

• Dans le cas où vous ne souhaitez pas (oune pouvez pas) partager vos données,vous pouvez compléter une déclarationmotivant vos raisons. Cette déclarationsera publiée avec votre article. Vous pouvezencore produire vos données à une date ultérieure, soit après une périoded’embargo, soit en établissant le lien ré-trospectivement.

Dos s i e r - La rédac t i on méd i ca l e en o r t hopéd ie . . .

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Pour RCOT et OTSR :• production des épreuves pour correction et BAT des auteurs : environ une dizaine

de jours après la notification d’acceptation de l’éditeur ; • correction des épreuves à partir de la réception des corrections de l’auteur-corres-

pondant jusqu’à l’article final publié : 5 jours.

Les manuscrits des articles acceptés pour publication sont mis en ligne pour la revueOTSR sous un délai de 48 à 72 heures : un délai aussi applicable à un mode de pro-duction « fast proofing workflow » beaucoup plus rapide, également développé ausein de nos éditions, qui permet pour les revues qui en bénéficient de produire lesépreuves pour correction (rendant ainsi caduque la mise en ligne des manuscrits ac-ceptés). Même si RCOT et OTSR n’en dispose pas encore, car ce flux (workflow) au-tomatise un certain nombre d’actions et induit quelques changements à discuterentre l’éditeur et la rédaction, nul doute que l’application à tous les articles d’unerevue d’un mode de publication rapide « expedited publication » ou de « fasttracking » devrait recevoir très vite un accueil favorable (d’autres innovations del’éditeur non encore applicables à RCOT et OTSR sont rapportées dans l’encadré 2).

6.1.5. Conclusion

Le circuit de l’édition Scientifique, Technique et Médicale (STM) est complexe : lesquestions des auteurs relatives à la soumission et à la publication de leur(s) article(s)trouveront sur les sites et plateformes de l’éditeur des réponses, souvent assortiesde tutoriels. Pour les revues RCOT et OTSR, la page d’accueil des revues depuis lesite https://www.elsevier.com/ est un bon point de départ.

Voici encore une adresse qui orientera directement les auteurs vers un espace dédiéde services : https://www.elsevier.com/authors/author-services.

ENCADRÉ n° 2

Toujours plus vite !

Publication basée sur l'article

Dans un flux de production basé sur l'article(Article based Publishing, ABP), les articles corrigéssont immédiatement publiés dans leur formatnumérique avec leurs détails complets et définitifsde référencement : dès qu’ils sont au stade final(donc corrigés), ils sont « versés au fascicule »quand bien même celui-ci n’est pas complet (nicompilé), donc sans attendre que le numéroentier paraisse.

Suppléments virtuels

Il est possible encore de produire des supplémentsvirtuels, par exemple pour publier des articlessur une thématique dans des numéros réguliersdès qu'ils sont disponibles, en les regroupant si-multanément dans un fascicule virtuel en ligneaccessible et disponible sur les plateformes desrevues : une autre façon, sinon d’accélérer lapublication des articles des plus vertueux quiont soumis leur article dans les temps, du moinsde ne pas les pénaliser.

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Dos s i e r - La rédac t i on méd i ca l e en o r t hopéd ie . . .

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6.2.3. Tirez avantage des supplémentsnumériques aux articles

Des résumés graphiques et des listes depoints essentiels (Graphical abstracts et Re-search highlights) sont observables depuisquelque temps sur les plateformes des édi-teurs, comme dans les principales basesd’indexation. Comme auteur, vous devezen mesurer l’importance (comme celle parexemple des mots clés et keywords quevous avez retenus pour la publication) ausein de votre article (source item) analysédans un environnement numérique de sys-tèmes et de machines interopérables quiidentifient, évaluent et « digèrent » (pourmieux les rapporter) l’ensemble des donnéesde votre article (comme breakable item) :des machines qui apprennent à l’heure del’intelligence artificielle et de la rechercheoptimisée (Search Engine Optimization, SEO)dans l’environnement réticulaire contextualisédu knowledge graph de l’article.

La qualité des illustrations retenues par lesauteurs est un élément majeur de la publi-cation où l’exposé des résultats (y comprisleur signification et leur pertinence) gagne àêtre représenté, idéalement sous la formed’une « histoire visuelle » qui atteindra pluscertainement vos lecteurs. Alors que les il-lustrations au sein de l’article sont analysées(image analysis), le résumé graphique quivient en complément du résumé orienteraplus encore la recherche vers votre article.De même, en rapportant sur le mode assertifles principales conclusions de votre article,ses points essentiels, les Research highlightssont un moteur supplémentaire dans la re-cherche d’informations « solides » (à défautpeut-être d’être certaines !). Voir sur le sitedes éditions Elsevier quelques exemples deGraphical abstracts et de Research high-lights.

La liste des matériels qui peuvent être « rac-crochés » en supplément à votre articlen’est pas limitée aux compléments men-tionnés ci-avant. S’agissant des revues dudomaine chirurgical, parmi lesquelles figurentnotamment OTSR et son édition françaiseRCOT, les notes de technique peuvent êtreassorties (ou devraient l’être !) d’une ouplusieurs séquences vidéos consultables enligne sur le site des revues. Comme pour lesautres matériels supplémentaires qui com-pléteront avantageusement votre article, lesmodalités de soumission des vidéos (et leurformat) sont généralement bien détailléesdans les recommandations (ou instructions)

aux auteurs des revues. Vous pouvez aussiles consulter ici, s’agissant des revues publiéespar Elsevier.

6.2.4. Faites mention de votre respectde l’éthique dans vos publications

Les chapitres 3.1, 5.1, 5.3 et 5.4 ont détailléles principes, normes et règles d’éthique depublication des revues « à comité de lecture »(exposés notamment par le Comité d’éthiquedes publications (Committee on PublicationEthics, COPE) dont est membre Elsevier, etpar le Comité international des éditeurs derevues médicales (International Committeeof Medical Journal Editors, ICMJE) ; ilsdoivent être scrupuleusement respectés. Uneattention toute particulière doit donc êtreportée à ces mentions d’éthique de publica-tion, rendues obligatoires au sein des articlescomme critères et autre requirements exigiblesavant, pendant et après la publication. Cesmentions, sans lesquelles ne peut commencerle moindre processus d’expertise au seindesdites revues, peuvent faire l’objet d’in-terrogations auprès des auteurs une foisl’article publié. Bien mentionnées et docu-mentées dans l’article, elles sont un refletdirect de la qualité du travail des auteurs etdes institutions qui les soutiennent (à noterque l’éthique de publication s’impose àtoutes les parties impliquées : l'auteur, maisaussi le rédacteur en chef et son board, lesexperts, l'éditeur et la société associée à lapublication).

Si les mentions d’éthique ne sont pas toujourstoutes produites dès la soumission (ce quiretarde l’examen de l’article !), trop nom-breuses encore sont celles qui sont peu ouimparfaitement documentées dans la publi-cation : notamment la déclaration d’intérêts,les expérimentations portant sur les humainset les animaux, l’information et le consente-ment des patients, les sources de financementde la recherche et, enfin, la contribution desauteurs. Mentionnés au sein de l’article,toutes les déclarations et tous les communi-qués de tous les auteurs doivent être appro-

priés. Les autorisations et les consentementsrequis doivent avoir été obtenus et produitslors de la soumission s’ils sont exigés et, lecas échéant, conservés par les auteurs (ori-ginaux, copies et autres preuves) : ils doiventpouvoir être fournis sur demande.

6.2.5. Utilisez les réseaux sociaux et collaboratifs

Au-delà de la promotion assurée par l’éditeursur l’ensemble de ses plateformes, maisaussi via les médias et réseaux sociaux,qu’elle résulte ou non de la sélection par larédaction de la revue des articles à valoriser(position papers), l’auteur est le meilleurpromoteur de son article. Partager vos travauxles rend plus visibles, vous aide à être da-vantage cité, soutient votre réputation, vouspermet d’avancer dans votre carrière. Maispartagez vos travaux « de manière respon-sable » : au cours des différentes étapes dela publication, vous bénéficiez de la versionappropriée de votre article, de préférencela version la plus à jour, qui peut être déjà lemanuscrit accepté disposé en ligne sur lesite de la revue et indexé dans les bases dedonnées, comme le fait, entre autres, OTSR.Ce peut être aussi la version définitive publiéepar l’éditeur, dont une épreuve au formatPDF a été adressée à l’auteur-correspondantdésigné pour la publication, ou mieux : unlien personnalisé de partage (share link)qui lui permet (ainsi qu’à ses correspondants)d'accéder librement à son article pendantune période donnée (50 jours pour RCOT-OTSR). Le partage responsable permet auxéditeurs de maintenir des revues de hautequalité et de produire des services et solutionsad hoc à l’attention de la communautéscientifique (coalition pour le partage res-ponsable), de lutter contre les actionsillégales menées à l’encontre des contenusscientifiques. Elsevier soutient les plateformesde partage responsable et adhère aux prin-cipes de partage volontaire de l'Associationdes éditeurs Scientifiques, Techniques etMédicaux, STM Association) L’importanceacquise par les médias et réseaux sociaux,qu’ils soient collaboratifs pour Mendeley ouResearchGate (Scholarly Collaboration Net-works, SCNs), ou non comme LinkedIn, Fa-cebook, Twitter, Google+ (WeChat et Weibopour la Chine), n’est plus à démontrer : prèsde 82 % des chercheurs les ont utilisés (65 % des chercheurs utilisent LinkedIn àdes fins professionnelles) et les médias sociauxcomptabilisent 12 000 mentions nouvelleschaque jour d’articles scientifiques, qui

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Dos s i e r - La rédac t i on méd i ca l e en o r t hopéd ie

incluent les sites personnels des auteurs etles blogs, à ne pas ignorer non plus dans lapromotion de vos articles ! Vous pouvezmaintenant surveiller et juger de l’impactqui est celui de vos articles (Article-LevelMetrics, ALMs) !

Remerciements

• Aux auteurs, aux experts, à la rédaction età la SOFCOT, ainsi qu’à leurs lecteurs quisoutiennent les revues OTSR et RCOTdepuis des années et permettent d’affirmernos ambitions communes dans la voie dusuccès dans laquelle elles sont engagées.

• À Messieurs Philippe Beaufils, Rémi Kohler,Hervé Maissonneuve et Henri Migaud quiont dirigé ce dossier spécial et ont invitél’éditeur à faire entendre sa voix, et plusspécifiquement l’éditeur en charge chezElsevier des revues d’orthopédie RCOT etOTSR, affiliées à la SOFCOT.

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Déclaration des liens d’intérêts des auteurs

Quelques chiffres pour conclure

L’observatoire des sciences et des techniques(OST) vient de rendre, le 5 avril 2018, sonrapport « Position scientifique de la Francedans le monde, 2000-2015 » et les faitssont intéressants.

Le nombre de publications scientifiquess’envole (+ 125 %) passant de 800 000 en2000 à près de 1,8 million en 2015.

La recherche médicale demeure la plusprolifique avec près de 420 000 articles(environ 25 % des publications scientifiques).

La France décroche

Aujourd’hui, le classement s’est considéra-blement modifié (Figure 1) : Etats-Unis etChine sont les deux mastodontes de tête.La Chine est passée de la 9e à la 2e place (at-teinte dès 2006) et se rapproche des Etats-Unis dont l’hégémonie est menacée !

La France n’est plus qu’au 7e rang avec 57 000 publications soit 3,2 % des publica-tions scientifiques mondiales (elle était 5e en2000 et s’est fait devancer par la Chinemais aussi, récemment, par l’Inde).

Enfin, il convient de noter une « interna-tionalisation » des publications, avec deplus en plus d’articles signés par des auteursoriginaires de plusieurs pays.

• Philippe Beaufils est rédacteur en chef de larevue OTSR-RCOT ; consultant éducation pourSmith & Nephew et Zimmer/Biomet.

• Jean-Luc Besse est rédacteur associé d’OTSR ;consultant pour Wright-Tornier et In2bones.

• Stéphane Boisgard : Zimmer/Biomet (rede-vances, consultant), Adler (consultant).

• Philippe Clavert est rédacteur associé d’OTSRet pour SRA (Surgical and Radiologic Anatomy) ;consultant avec royalties chez Wright-Tornier.

• Denis Huten est rédacteur en chef des « Cahiers d’Enseignement de la SOFCOT ».

• Rémi Kohler est rédacteur associé des « Cahiersd’Enseignement de la SOFCOT ».

• Pascal Léger est salarié de la Société ElsevierMasson SAS, une filiale de RELX Group.

• Peggy Lemaire est salariée de la Société ElsevierMasson SAS, une filiale de RELX Group.

• Hervé Maisonneuve est gérant de la sociétéde formation en rédaction scientifique H2MWet rédacteur adjoint de La Presse Médicale.

• Philippe Massin est rédacteur associé d’OTSR ;a reçu de Microport, Ceramconcept ; et reçoitde Evolutis des royalties sur matériel breveté ;contrat de consultant avec Veodis.

• Henri Migaud est rédacteur associé d’OTSR ;consultant éducation recherche pour Tornier-Corin, Zimmer/Biomet et Serf ; consultant édu-cation pour MSD.

• Dominique Rouleau est rédactrice associéed’OTSR ; consultante Bioventus et Wright-Tornier ; Financement recherche et éducationdu service : Zimmer/Biomet, Smith and Nephew,Wright Tornier, Bioventus, Synthes Depuy, Stryker.

7. Conclusion Par Rémi KOHLER

Figure 1. Nombre de publications dans les dix premiers pays, en milliers (Infographie du journal Le Monde du 07/04/2018)