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REMACOOPRe v u e M a ro c a i n e d e s C o o p ra t i ve s

Edite par lOfce du Dveloppement de la Coopration (ODCO) N1

Economie sociale et solidaire :un systme et des principes en regain dintrt

Les Coopratives Fminines :solidarit au fminin et chute de strotypes

Les coopratives des jeunes diplms :une exprience dauto-emploi qui safrme

S m ar- Cette Revue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 - LOfce du Dveloppement de la Coopration au service de la promotion des coopratives au Maroc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 - Le secteur coopratif au Maroc : Eclairages sur le mouvement coopratif au Maroc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Le secteur coopratif au Maroc durant les cinq dernires annes : une dynamique soutenir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Lre cooprative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 LInitiative Nationale pour le Dveloppement Humain INDHau cur du dveloppement coopratif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Le Travail Coopratif et le marketing . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Les coopratives de femmes au Maroc : Etats des lieux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 Les femmes artistes (peintres) dAlma . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 Les coopratives de pche artisanale dans une nouvelle dynamique . . . . . . . . . . . 47 Les coopratives des jeunes diplms : une exprience dauto-emploi qui safrme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 - lEconomie Sociale et Solidaire : Evolution historique de lconomie solidaire au Maroc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 conomie solidaire et dveloppement humain territorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 Combler le vide stratgique : une vision densemble pour un dveloppement harmonieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 Le premier march itinrant des produits sociaux de Fs : la pertinence de lide et le souci de sa prennit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 - Environnement et dveloppement durable : La socit civile comme catalyseur du dveloppement local : Le cas du village de potiers de Marrakech . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90 - De tout horizon : LEconomie sociale en mditerrane : le rseau euro-mditerranen de lconomie sociale(ESMED) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .102 La crise nancire et les coopratives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .106 2012 Anne internationale des coopratives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .108 Nouveauts coopratives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .110 - Evnements : Le Conseil dAdministration de lODCO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .111 Journe nationale des coopratives fminines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .114 - Statistiques : Les coopratives au Maroc en chiffres -2010- . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .115

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Directeur :Abdelkader ALAMI

Rdacteur en chef :Mustapha BOUCHAFRA

Secrtaire de rdaction :Hanane MIRI

Comit de rdaction :Ahmed FATH ALLAH Mounia HASNAOUI Mustafa BENOUICHA Hakima KHALESS Slimane LHAJJI Hayat ZOUHIR

Rachida ELGHIAT

Impression Editions OKAD - 2011 Dpt lgal 2011 PE 0053

Cette revuePendant des annes, lOfce du Dveloppement de la Coopration -ODCO- a veill la publication dune revue en langue arabe spcialise en mouvement coopratif. Dans le cadre de la promotion de la communication externe de lODCO et de sa volont de souvrir sur davantage de catgories sinteressant aux coopratives, notamment des organismes internationaux oeuvrant dans le domaine, nous avons dcid de lancer une deuxime revue dite en langue franaise, qui permettrait une meilleure connaissance du secteur coopratif au Maroc ,et de visibiliser son efscience pour le dveloppement de lconomie sociale solidaire. Nous voulons travers cette revue REMACOOP, renforcer les outils adopts par lODCO pour sensibiliser sur limportance de la cooprative comme moyen efcace dauto emploi et de ralisation dactivits gnratrices de revenus ,de cration demplois ,de lutte contre le chmage des jeunes et des femmes en particulier en milieu rural, et damliorer ainsi la contribution de lOfce et sa performance en matire de lutte contre la pauvret et dexclusion sociale et de ralisation dun dveloppement quilibr et durable. Cette revue se veut un espace de dbat et dchange sur les nombreuses disciplines relies dune manire ou dune autre la vie socio-conomique, ouverte aux chercheurs, aux expert(e )s et les acteurs dans le domaine des coopratives et de lconomie solidaire, et nous permettra de capitaliser sur les expriences russies, les bonnes pratiques, didentier les contraintes et de complter notre vision lors de llaboration de nos nouvelles politiques, an datteindre notre objectif qui est celui de lvolution et la consolidation du secteur et llargissement de ses domaines daction, par consquent le renforcement de son role dans le domaine du dveloppement conomique et social et la construction dune socit quilibre. Nous comptons beaucoup , lODCO, sur la contribution de nos partenaires nationaux et internationaux pour lenrichissement du contenu de REMACOOP, travers des recherches acadmiques qui nous aideraient promouvoir la cooprative marocaine en tant que pilier de lconomie sociale solidaire, ou travers la prsentation dexpriences russies et de bonnes pratiques, sinscrivant dans le cadre de la stratgie globale de promotion du secteur coopratif et de sa contribution aux grands chantiers nationaux couvrant tout le territoire marocain, lancs par Sa Majest le Roi Mohammed VI que dieu lassiste.

Abdelkader Alami Directeur de lOfce du Dveloppement de la Coopration

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LOfce du Dveloppement de la Coopration -ODCOAu service de la promotion des coopratives Au MarocLes pouvoirs publics ont t convaincus ds les premires annes de lindpendance, de limportance de la participation des populations leffort de dveloppement travers des structures adaptes et acceptes par ces populations. La cooprative, ayant fait preuve de russite dans cette tche de, sest avre le cadre le plus adquat raliser une telle mobilisation. Cette action a dbut en 1958 avec la distribution de terrains sur les agriculteurs organiss en coopratives. Elle a t consolide par la cration dun organisme comptence horizontale de coordination pour harmoniser laction publique en raison de limportance et de la diversit des secteurs cibls. Cet organisme tait le Bureau du Dveloppement de la Coopration (BDCO) cre en 1962 sous forme de structure administrative dpendante de la prsidence du Conseil de gouvernement.. Limportance de ses missions a ncessit sa restructuration en 1975 en tablissement public bnciant de la personnalit morale et lautonomie et nancire, et devient de ce fait Ofce de Dveloppement de la Coopration (ODCO) conformment au Dahir du 3 Aot 1975 avec des attributions prcises orientes principalement vers laccompagnement des coopratives dans les domaines de la formation, linformation et lappui juridique. La loi N 24.83 xant le statut gnral des coopratives et les missions de lODCO, promulgue en 1984, a, encore, prcis la mission de lODCO faisant de lui lorgane charg de la mise en uvre de la politique gouvernementale dans le domaine des coopratives, lexception des coopratives de la rforme agraire. Cette responsabilit a pris une nouvelle ampleur aprs le lancement de linitiative nationale pour le dveloppement humain par Sa Majest le Roi Mohamed VI comme feuille de route pour la construction dune socit solidaire et quilibre, et aprs que les choix publics concernant lconomie sociale en gnral, et le secteur coopratif en particulier, aient t claris et programms. LODCO est administr par un conseil administratif compos de reprsentants des dpartements ministriels, dtablissements publics, de banques et de coopratives est prsid par le Ministre dlgu auprs du Premier Ministre charg des Affaires Economiques et Gnrales.

ATTRIBUTIONSLO.D.CO : est charg, selon la loi n 2483, de : Centraliser et instruire les demandes de constitution des coopratives et de leurs unions et les transmettre pour dcision avec son avis, au ministre de tutelle ; Prter son concours aux coopratives et leurs unions dans les domaines de

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la formation, de linformation et de lassistance juridique ; Centraliser et diffuser la documentation de linformation relative la coopration ; Etudier et proposer toutes rformes lgislatives ou rglementaires et toutes mesures caractre particulier relatives la cration et au dveloppement des coopratives ; Financer des campagnes de vulgarisation et de formation ; Assister les institutions coopratives dans

Rgler lamiable les diffrends slevant Sassurer que les coopratives et leursunions sont gres conformment la lgislation en vigueur. Lorganisation interne de lofce a t particulirement inuence et faonne par ses attributions, et se retent clairement dans son organigramme qui comprend des services centraux au niveau du sige et quatorze (14) dlgations rgionales. au sein des institutions coopratives;

le domaine de gestion ;

AXES DINTERVENTIONLes missions de lODCO se focalisent en trois axes principaux : La sensibilisation pour la cration de coopratives ; Laccompagnement des coopratives ; La gestion de crises. A La sensibilisation pour la cration de coopratives : Cet axe se dcline en plusieurs actions de type communicatif ciblant le grand public et les catgories prsentant des caractristiques particulires (femme rurale, tudiants et jeunes diplms, handicaps, dtenus bnciant dune formation professionnelle, ls danciens rsistants). Le grand public, constitu , de producteurs de

biens ou de services ou de consommateurs, est une cible de laction de sensibilisation de la formule cooprative mene travers des rencontres ouvertes, organises par lODCO loccasion de la clbration de ftes ou de journes coopratives ; mondiales et nationales ou loccasion de sa participation aux rencontres ou aux foires organises par ses partenaires. La sensibilisation des catgories formelles se fait de manire organise, programme et selon une pdagogie approprie. Il sagit de cours de sensibilisation organiss, soit aux siges de lODCO ou chez les partenaires concerns. Cette action de sensibilisation, vulgarisation, se fait galement travers les supports de

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communication offerts, travers des missions radiophoniques, de la presse crite, et, principalement la Revue Cooprative, dite par lODCO quatre fois par an. B Laccompagnement des coopratives : Cet axe sadresse aux coopratives souffrant de difcults internes ou de contraintes de lenvironnement. Il se dcline en plusieurs actions qui diffrent selon, le secteur, lactivit et le type de besoin. Les actions inscrites au niveau de cet axe sont : la ralisation de diagnostics de besoin, lorganisation de sessions de formation cible en matire de gestion, de lgislation, dorganisation, de comptabilit, de suivi, dassistance juridique, et dappui la commercialisation. Laction la plus dominante ici cest la formation qui consiste en lorganisation de cours pour les dirigeants et grants des coopratives avec une prparation pdagogique adapte et lutilisation de supports de communication ncessaires. Une autre action daccompagnement des coopratives qui nest pas moindre dimportance et qui interpelle la mobilisation de tant de moyens humains et dheures de travail, rside dans lassistance aux assembles gnrales des coopratives. Beaucoup denseignements sont dispenss lors de ces assembles et plusieurs problmes trouvent leurs issues au sein de ces runions appuyes par la prsence des reprsentants de lODCO. LODCO accompagne, galement, les coopratives dans le renforcement de leurs capacits en se regroupant au sein dunions ou de groupements dintrt conomique (GIE).

C La gestion de crises Cet axe vise les coopratives qui connaissent des problmes lis aux litiges ou diffrents survenant entre certains membres et le conseil dadministration ou lis au non respect des lois et statuts en vigueur par ce dernier. LODCO intervient, selon limportance ou la gravit du problme, par une rconciliation dans le cadre de larticle 81 de la loi n24-83 ou un contrle en appliquant les dispositions de larticle 79 de la mme loi.

COORDINATION ET PARTENARIATPour accomplir son action et faire aboutir ses missions lODCO a travaill et travaille toujours en coordination avec tous les intervenants directes ou indirectes dans le secteur coopratif. Les programmes de sensibilisation ou daccompagnement sont tablis en concertation et sont excuts de manire conjointe. Certaines interventions sont encadres par des conventions de partenariat, dautres faisaient partie dune coordination dans la convergence et la complmentarit des actions. Les partenaires de lODCO sont principalement les dpartements ministriels, les tablissements publics, les chambres professionnelles, les collectivits locales, les agences de la coopration internationale, les organismes des Nations Unies et les ONG nationales et internationales. LODCO est membre de lAlliance Cooprative Internationale(ACI) et lu Rseau Euro-mditerranen de lEconomie Sociale (ESMED).

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Le Secteur Cooperatif au MarocEclairages sur le mouvement coopratif marocainPar : Ahmed FATH ALLAH [email protected]

1- Un peu dhistoire :Le mouvement coopratif marocain, prend de plus en plus une grande ampleur ces derniers temps, et ralise des performances relativement considrables, mais contestables. Il a vcu durant son historique/pratique des transformations importantes relatives aux diverses mutations que le Maroc connu sur tous les plans : conomiques, sociaux et politiques. Il est vident quon ne saurait comprendre et analyser le mouvement coopratif marocain, ses atouts et ses perspectives sans une connaissance de son historique, ses tapes importantes, ses points forts et ses faiblesses. Il est certain que le Maroc et les marocains ont connu de vieilles pratiques coopratives dune faon spontane, sous diffrentes formes, et cela pour faire face aux multiples difcults quils rencontrent dans la vie. Ces pratiques ancestrales sont diffrentes dans leurs objectifs, leurs manires et leurs mcanismes. Celles- ci ont vu le jour principalement dans le monde rural, ce qui est une vidence, puisque lagriculture, les travaux agricoles, llevage, taient des activits dominantes et qui jouaient un rle social et conomique important. On peut citer par exemple la JAMAA qui est une institution qui soccupait de la gestion des biens collectifs. Cette JAMAA tait administre par un comit/conseil dsign parmi les notables ou

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des personnes possdant une certaine notorit, surtout morale, au milieu dune tribu et/ou dun village. Autres modles, titre indicatif, comme la TOUIZA, LOUZIA, AGADIR, CHARD, AGOUG, sont des formes de coopration, dentraide et de solidarit qui touchent des domaines tel que la consommation, les travaux agricoles, les services, la gestion des silos/greniers collectifs, lducation, etc. On peut rencontrer galement, dautres modles de coopration au Maroc, tel que AL MOUZARAA, AL MOUSSAKAT, etc. Ces modles sont rgis par le droit coutumier. Mais le tournant dans ce processus, cest la venue de lre coloniale qui a introduit au Maroc la notion de la cooprative en tant quinstrument conventionnel. Ces coopratives implantes dans le secteur de la consommation (1922), dagriculture (1937-1938) et dartisanat (1938), taient orientes pour jouer un rle spcial au prot du colonisateur et de la mtropole. Et pour terminer avec cet historique bref et succinct de lvolution du systme coopratif, on sarrte pour voquer une exprience trs intressante que certains considrent comme la naissance de la cooprative conventionnelle. Il sagit du Complexe Apicole dInzergui dans la rgion de Souss, fond depuis plus de trois sicles et qui abritait jusqu 3000 ruches traditionnelles appartenant aux habitants de la tribu Idaouziki. Ce complexe, est

gr et exploite en commun et dune faon solidaire et cooprative. Aprs lindpendance, le mouvement coopratif marocain a connu une amlioration trs sensible, notamment par la cration du BDCO Bureau de Dveloppement de la Coopration en 1962, et la promulgation des textes relatifs aux secteurs : rforme agraire, habitat, mine, commerants dtaillants, pche, etc. Cette tape peut tre classe comme une tape classique du Mouvement Coopratif Marocain. Une autre tape quon peut nommer ltape moderne, est caractrise par deux grands vnements : La restructuration du BDCO et sa transformation en ofce en 1975. La promulgation de la loi n 24-83 en 1983. Ces deux vnements sont considrs comme des actes qui traduisent lintrt accord par les pouvoirs publics aux coopratives, en tant quinstruments de dveloppement local, de part leurs rles et leurs objectifs conomiques, sociaux, et ducatifs. Les institutions coopratives se sont imposes en tant quorganismes aptes et efcaces, pour jouer un rle pertinent dans la scurit alimentaire (Cooprative Agricole Marocaine), lautosufsance alimentaire (lait), et la cration de lemploi.

2- Caractristiques des coopratives :Il ya lieu de signaler quelques caractristiques

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des institutions coopratives, en se rfrant la loi n24-83 rgissant le statut gnral des coopratives et les missions de lOfce du Dveloppement et de la Coopration, notamment son article 89 On constate que le terme cooprative est donc une appellation protge, et son emploi et conditionn par lautorisation accorde par les pouvoirs publics aux institutions rpondant aux conditions cites dans la loi n 24-83. Les coopratives doivent tre fondes et gres par des principes tels quils sont dtermins et reconnus universellement, par les instances mondiales. Se sont des piliers de la vocation cooprative. Parmi ces principes, et sans doute le plus rvlateur, cest le fait que les bnces doivent tre rpartis entre les adhrents au prorata des oprations effectues avec leur cooprative. Autres principes non ngligeables, et essentiels, cest la libre adhsion des intresss la cooprative, et la gestion dmocratique de celle-ci de manire que chaque membre ne dispose que dune seule voix quelque soit son apport au capital de la coopration. Cest lapproche humanitaire et participative des membres. Autres caractristiques et particularits du mouvement coopratif, on peut citer entre autre, lenracinement des coopratives dans le milieu social et local le plus recul, ce qui favorise une grande sensibilit aux besoins des membres, de mme, la volont

daboutir malgr quelques handicaps de ceux qui sont lorigine du projet porteurs du projet- et leur esprit dinitiatives et dinnovation sociale. La diversit, dune part, des objectifs tracs et poursuivis durant le cycle de vie de la cooprative, et dautre part, la diversit des secteurs concerns et qui touche toutes les activits humaines.

3- Remarques et observations :On avance toujours que la cooprative est une entreprise conomique, sociale et culturelle, et pourtant ces deux dernires dimensions sont gnralement absentes des agendas et des programmes des coopratives. La plupart des coopratives sont restes attaches un seul objet et la seule satisfaction de leurs membres, ce qui peut tre considr comme une absence dambition. Pourtant, les coopratives par leur fonction et leur objectif font partie intgrante dune conomie de march nalit sociale. Elles doivent, en principe, apporter leur contribution la consolidation de lordre social et la cohsion sociale qui sont des conditions essentielles pour le dveloppement humain. Au sein de nos coopratives, nous constatons deux logiques spares. La 1re logique est celle dindividus rassembls autour dun projet collectif et/ou communautaire, et la 2me est celle dune

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entreprise conomique qui a comme nalit lpanouissement de ses membres, de leur famille, et mme de leur communaut. Ces deux logiques se sont rarement intgres alors quelles doivent tre rapproches et complmentaires. De part leurs particularits et leurs caractristiques, les units coopratives au Maroc vivent dans un tunnel plein dinstabilit, dinscurit, de manque de conance, et surtout, des craintes de ne pas pouvoir sadapter aux changements qui bouleversent leur environnement, et ceci cause des faiblesses constates dans les domaines de lorganisation, de la gestion, et du marketing ; et la lumire du bout du tunnel apparat lointaine.. Le mouvement coopratif marocain na pas encore dclench, dune faon concrte, le processus de sa structuration que se soit au niveau interne: organes de gestion et dadministration quau niveau externe en se groupant en unions pour faire face la concurrence accrue sur le march, et crer des entreprises aux dimensions optimales pour pouvoir rationaliser les cots et amliorer la position du mouvement coopratif sur le march et lui permettre de safrmer. Des efforts considrables restent faire pour assurer les conditions minimales permettant linstitution cooprative, dont

les membres crent, agissent et dcident dune manire responsable; une russite continue et des rsultats positifs. Donc, il faut rchir et innover ensemble aux dispositions nouvelles qui permettront aux coopratives de spanouir et de continuer concilier les principes de bases auxquels elles se rfrent (gestion dmocratique et participative) et les ncessits et obligations de la loi du march (nancement, commercialisation) Et pour terminer une grande interrogation simpose, en se rfrant aux nombres des coopratives, leurs tailles, leur participation dans le produit intrieur brut, leurs impacts sur la communaut, leur force conomique et leurs structures; Peut-on parler dun mouvement coopratif Marocain ? Le mouvement coopratif Marocain a rarement fait lobjet dtudes et danalyses acadmiques. Il est certain que ce mouvement mrite un intrt particulier vu son rle, ses objectifs, ses racines, et surtout quil porte en lui un espoir de dveloppement, et pour le dveloppement. Donc cest un appel aux intellectuels, aux spcialistes et aux universitaires de sintresser ce mouvement.

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Le secteur coopratif marocain durant les cinq dernires annes Une dynamique soutenirPar : Mustapha Bouchafra [email protected]

1- IntroductionLe secteur coopratif au Maroc est en train de vivre ces cinq dernires annes une priode de foisonnement sans prcdent. Une vritable dynamique et un regain dintrt et de conrmation comme outil dintgration et de mobilisation des catgories qui vivent en marge du processus de dveloppement dclench par les pouvoirs publics en ce dbut du sicle. Longtemps considr comme un secteur damortissement de crises socio-conomiques dont les performances sont incapables de dpasser le seuil de subsistance, le secteur coopratif a dmontr quil est en mesure dabriter des entreprises aussi performantes que celles du secteur priv et faire face aux alas du march national et international. Le secteur coopratif a prouv, galement, sa capacit de dvelopper des activits gnratrices de revenus et de mobiliser les petites pargnes permettant lamlioration des conditions de vie des couches moins favorises ou en tat de fragilit conomique et sociale. Il a aussi fait preuve de grandes qualits dadaptation aux diffrents environnements socioculturels surmontant, parfois mme, les barrires sociologiques tout en imposant une dynamique dmographique rige en force motrice dun dveloppement local durable. Cest en raison de toutes ces considrations que le secteur coopratif a bnci et continue de bncier dune attention particulire de la part des pouvoirs publics et a acquis un accueil favorable chez les diffrentes catgories de producteurs de biens et de services ainsi que les porteurs de projets, notamment les jeunes diplms et la femme rurale. Un accueil particulier lui a t rserv par le tissu associatif en charge de ralisation de projets gnrateurs de revenus ou dactions de dveloppement local soutenu soit par lEtat ou par des bailleurs de fonds trangers. Avec cet engouement considrable, le secteur coopratif a, en retour, le devoir de remplir les tches prescrites et de rpondre aux attentes.

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Les rsultats raliss ces dernires annes donnent de lespoir, pourvu que cela puisse sinscrire dans la continuit et la persvrance.

2- Conviction et volont politiqueLes pouvoirs publics exprimaient leur conviction du rle des coopratives dans la mobilisation de laction solidaire et dans lorganisation des activits des populations autour de projets de dveloppement, de plusieurs faons. Cette expression de volont au plus haut niveau de lEtat prend forme de manire manifeste aussi bien au niveau des discours, des lettres et des dclarations quau niveau de lacte. Ds son accession au trne et dans sa lettre adresse, le 16 Dc 1999 , au Premier Ministre pour la prparation du plan quinquennal 2000-2004, Sa Majest le Roi Mohammed VI a soulign : , les organisations non gouvernementales, les associations professionnelles et les coopratives sont appeles jouer un rle important dans le cadre du partenariat et de la mobilisation requise pour faire face aux ds de la bataille du dveloppement. .

, nous rendons galement hommage aux acteurs de la socit civile pour les efforts quils dploient gnreusement en vue de promouvoir les valeurs de citoyennet et dvelopper lconomie sociale qui contribue crer les conditions dune vie digne.

Ces dclarations de volont du Souverain ont t accompagnes dactes solennels chaque visite de terrain ou inauguration de foires. Plusieurs coopratives ont bnci de ses visites ou de prix discerns par Sa Majest aux acteurs conomiques et sociaux invits. Le gouvernement, de son ct, a exprim sa conviction de faire du secteur de lconomie sociale en gnral, et des coopratives en particulier, un moyen incontournable de mise en pratique, de sa politique en conomie de proximit. Cest ce qui a t mentionn dans sa dclaration prsente par le Premier Ministre le 30 Octobre 2007 devant la chambre des reprsentants.

3- Contexte et environnement favorablesLes cinq dernires annes ont t marques par le lancement de chantiers structurants et de grande dimension humaine. Des chantiers qui placent llment humain au cur des proccupations, soit en tant quacteur dynamique de laction ou en tant que bnciaire participatif de cette action, travers des groupements adapts chaque approche. Le plus important parmi ces chantiers est lInitiative Nationale du Dveloppement Humain (INDH), lance par Sa Majest le

Egalement, dans son discours du Trne du 30 Juillet 2005, deux mois aprs le lancement de lInitiative Nationale du Dveloppement Humain ( INDH), Sa Majest prsente son hommage aux acteurs uvrant au dveloppement de lconomie sociale dont les coopratives constituent lune des principales composantes ; la citation :

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Roi Mohammed VI travers son discours, adress la Nation le 18 Mai 2005. Cette Initiative a mis les entreprises de lEconomie Sociale, notamment les associations et les coopratives au centre de la stratgie de dveloppement humain en les considrant comme structures adquates et parfaitement adaptes pour des actions de proximit caractre participatif. Les premires pour lencadrement et laccompagnement de projets collectifs et les secondes pour le dveloppement des activits gnratrices de revenu dans un concept dentreprise. Un autre chantier structurant au niveau du secteur agricole et du monde rural a fait des coopratives lun de ses principaux outils pour la ralisation des objectifs viss. Cest le plan Maroc vert qui a t conu sous forme dune stratgie dont lun de ses deux piliers est consacr lagriculture solidaire o les coopratives constituent larsenal organisationnel dexcution. Dautres projets tels que la vision 2015 de lArtisanat, Halieutis, MCC, lutte anti canabis,..., ont rserv aux coopratives une place de choix dans leurs programmes destins promouvoir les activits faible valeur ajoute et ciblant les petits producteurs en difcult daccs au march.

4- Mesures dappui et daccompagnementLe secteur coopratif marocain bnciait depuis lindpendance du pays de laccompagnement de lEtat sur plusieurs plans : juridique, technique, nancier, institutionnel, commercial.

Le premier plan quinquennal 19601964 avait consacr aux coopratives une place centrale dans le dveloppement agricole, ainsi que le code des investissements agricoles de 1969. 1962 a vu la cration du Bureau du Dveloppement de la Coopration qui deviendra en 1975 lOfce de Dveloppement de la Coopration (ODCO), tablissement public charg de promouvoir laction cooprative et dappuyer les coopratives en matire dassistance juridique, de gestion, de mise niveau, de commercialisation Un appui nancier sous forme de crdits bancaires avec un traitement particulier a t offert aux coopratives agricoles par la Caisse Nationale de Crdit Agricole(CNCA), aux coopratives artisanales par la Banque Populaire et aux coopratives dhabitat par le Crdit Immobilier et Htelier (CIH). Une exonration scale bnciait aux coopratives selon les articles 87 et 88 de la loi n24-83 xant le statut gnral des coopratives et les missions de lOfce du Dveloppement de la Coopration Les dpartements ministriels sectoriels ont install, de leur ct, des services dencadrement technique des coopratives, aux niveaux central et provincial et ont rserv des lignes dans leurs budgets pour le soutien matriel et humain des coopratives relevant de leurs champs dintervention respectifs. Toutes ses mesures daccompagnement - entre autres - ont permis aux petits agriculteurs, aux mono-artisans, aux petits p-

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cheursorganiss en coopratives, de surmonter les contraintes dont ils souffraient, en amont et en aval du march. Pendant ces dernires cinq annes, les coopratives ont t soutenues dune manire diffrente et plus adapte lenvironnement et aux attentes du nouveau march. Dautant plus que le prol des adhrents a compltement chang et beaucoup de nouvelles catgories ont intgr le secteur coopratif : la femme rurale, les jeunes diplms, les immigrs de retour, les handicaps,.De mme que le secteur a connu de nouvelles activits : les produits de terroir, linformatique et llectronique, et une ouverture sur le march international. Les nouvelles mesures daccompagnement ont adopt une approche beaucoup plus focalise sur des manires dagir et dentreprendre que sur le concept dassistanat. Il sagit de rapports contractuels entre lEtat et les acteurs conomiques et sociaux actifs dans le domaine du dveloppement humain. Cest un partenariat socialement engag pour la lutte contre les dciences sociales notamment lexclusion, la prcarit et le chmage. Les points cibls par cette nouvelle option daccompagnement sont : la formation en matire de gouvernance ; lappui matriel et nancier la cration et au dveloppement des activits gnratrices de revenus ; lappui la commercialisation des produits des coopratives auprs des grands espaces de distribution et la participation aux foires commerciales ;

le soutien et lencadrement pour louverture sur les ONG et les bailleurs de fonds ; laide au dmarrage des coopratives, porteuses de projets viables, nouvellement cres. Ces mesures sont conues au sein dune stratgie nationale dcline en plans rgionaux de dveloppement de lEconomie Sociale o les coopratives constituent la cible prioritaire en tant que structures porteuses dactivits gnratrices de revenus. Une stratgie partenariale, (pilote par le dpartement en charge des affaires conomiques et gnrales) o se conjuguent les apports de toutes les parties intervenantes : INDH, dpartements ministriels, tablissements publics, collectivits locales, socit civile

5- Ralisations et performances (source : ODCO)Le secteur coopratif marocain a enregistr ces cinq dernires annes une monte remarquable avec un taux de croissance sans prcdant, malgr la lourdeur qui caractrise la procdure de constitution dune cooprative et les difcults que confrontent les petites coopratives au dbut de leur existence ; difcults de fonds de roulement, de local, daccs aux crdits, dintgration de march. Malgr toutes ces contraintes les dclarations de cration de coopratives, exprimes travers un formulaire envoy lODCO par les porteurs du projet, ne cessent daugmenter dune anne lautre. Certaines de ces dclarations aboutissent

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sur des crations grce la persvrance et la conviction des porteurs du projet, dautres, par dfaut de cette conviction et par manque de facteurs qui poussent laction collective, restent sans suite. Le tableau ci-aprs prsente la diffrence entre les dclarations de cration exprimes et les constitutions effectives :Dclarations de cration 2005 2006 2007 2008 2009 2010 946 1120 807 934 1166 2624 Crations effectives 303 364 487 547 610 909

Si toutes les dclarations de crations ont t traduites en crations relles, nous auront un effectif plus lev et nous pourrions vite atteindre le seuil de dcollage coopratif estim, par lAlliance Cooprative Internationale, 6% de la population active occupe, Toutefois, daprs les donnes relatives aux crations effectives des coopratives, nous pouvons constater une forte croissance et une volution cumule de 300% entre 2005 et 2010. Une volution constamment ascendante comme le dmontre le graphique suivant :

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Cette volution a t constate galement au niveau de leffectif total dadhrents. Ce que nous prsente le tableau suivant :

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Le Secteur Cooperatif au Maroc Anne Nombre de coopratives Nombre dadhrents

consommation plantes mdicinales denres alimentaires exploitation des carrires gestion et comptabilit main duvre autres Total

25 14 06 05 05 04 08

27 69 62 14 8 7 16

2005 2006 2007 2008 2009 2010

4912 5276 5749 6286 6895 7804

317 982 324 239 335 158 347 684 358 798 380 144

Cest une volution cumule dun taux de 20% entre les deux annes de rfrence. La diffrence entre les deux taux vient du fait que la majorit des coopratives nouvellement cres sont des coopratives de service. Elles sont des petites structures dune moyenne de 18 adhrents par cooprative. Il est prciser, nalement, que cette croissance concerne, aussi bien les secteurs classiques tels que lagriculture, lhabitat, lartisanat, la fort, lhuile dargan, la pche et le transport que les nouveaux crneaux tels que lalphabtisation, les plantes aromatiques et mdicinales, les denres alimentaires, la gestion et comptabilit comme le dmontre le tableau ci-aprs :secteurs agriculture habitat artisanat fort pche transport argan commerce de dtail alphabtisation 2005 2010 3043 846 570 144 53 54 74 32 29 5003 1026 968 175 92 58 183 46 50

4912 7804

Daprs les donnes du tableau ci-haut, nous nous trouvons, avec une volution quantitative double dune diversit sectorielle, dune nouvelle rpartition territoriale et dune nette perce fminine. La tendance avant 2005 a t marque par une prsence prdominante des secteurs laitier, cralier, apicole, maraicher, olicole, avicole, dapprovisionnement, dutilisation de matriel en commun et dlevage pour le domaine agricole et des secteurs de tapis, de broderie et couture, de menuiserie, de poterie et de ferronnerie dans le domaine artisanal ct du secteur de lhabitat, de la pche, des transports et de la fort. Pendant les cinq dernires annes, le secteur coopratif a pu conqurir de nouveaux domaines dactivits et de nouvelles catgories de petits producteurs et de porteurs de projets. Comme il a pu consolider sa prsence au niveau des activits lies aux produits de terroir ( huile dargan, miel, plantes mdicinales et aromatiques, denres alimentaires) et aux activits de formation, de gestion et comptabilit, dentretien de matriel lectronique.

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Des coopratives ont t cres distinctivement et massivement par des femmes et des jeunes diplms dans diffrents domaines, notamment, ceux qui rpondent au mieux leurs statuts sociaux et socioprofessionnels : produits de terroir et domaines de haute valeur cognitive : formation, informatique, gestion, consulting Les dernires statistiques dnombrent un total de 986 coopratives de femmes avec 22429 adhrentes et 276 coopratives de jeunes diplms regroupant 3132 cooprateurs. Cette nouvelle mergence a eu galement son effet au niveau territorial. La cartographie cooprative a enregistr lapparition de nouveaux espaces gographiques absents pour manque dactivits appelant au regroupement coopratif. Ils ont intgr, cette cartographie grce aux nouveaux crneaux bnciant du soutien et de laccompagnement des pouvoirs publics et de la socit civile. Ces espaces ont vu na tre une action cooprative dune grande ferveur avec lapparition dune diversit de coopratives. Il sagissait plus particulirement des provinces du Sud, des oasis, des zones arides et montagnardes. Pour ce qui est des performances ralises par le secteur coopratif marocain, nous pouvons mentionner certaines expriences russie au niveau des secteurs laitier ( Copag Taroudant ), arganier (union Tissaliouine Agadir), agrumicole (Mabrouka Ait Melloul), maraicher( Izdihar Berkane), de pche artisanale( Merja Zarka Moulay Bouselham et Cala Iris El Hoceima),

dleva Bni Guil Bouarfa), de cactus (Acnari Tiznit et Sobarif El Hoceima), de tapis de taznakht Ouarzazate,etc. En terme dindicateurs, nous pouvons avancer les chiffres disponibles pour 936 coopratives collects en 2006 relatifs aux :

6 - Contraintes surmonterAvec une structure humaine et nancire particulirement faible et un environnement extrmement difcile et en perptuel changement dans toutes ses composantes physiques et immatrielles, la majorit des coopratives sont confrontes une multitude de contraintes dont voici les plus apparentes : Au niveau interne : Taux danalphabtisme lev ou niveau dinstruction trs bas: plusieurs coopratives souffrent de cet handicap qui limite leur capacit de gestion et leur marge de communication avec leur environnement et ne leur permet pas de bncier des opportunits quoffre le milieu de la coopration internationale en terme de nancement de projets. Cet handicap est beaucoup bien ressenti chez les coopratives fminines en milieu rural.

Faiblesse du capital : la plupart des petites coopratives ont un capital trs faible et insigniant pour pouvoir gagner la conance et des fournisseurs et des ban-

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ques. Faute de quoi, elles ne peuvent nullement engager des oprations moyen ou long terme ou participer des actions engendrant de bonnes retombes commerciales et conomiques. Non investissement des excdents : beaucoup de coopratives dcident, lors de leurs assembles annuelles, de rpartir les excdents raliss au lieu de les rinvestir. Cela est fait soit par inconscience et manque de visibilit, ou par besoin de rcuprer de largent en n dexercice considr comme fruit ou rcompense de leffort fourni ou bien uniquement par manque de conance au dirigeant de la cooprative. Dfaut de bonne gouvernance : un nombre considrable de coopratives de diffrentes tailles sont mal gres et prsentent des bilans en de des attentes de leurs membres et de leurs partenaires. Certaines fonctionnent sans plan prvisionnel ou stratgie malgr la prsence de possibilits nancires. Dautres ne respectent pas les rgles et les dispositions juridiques en vigueur et ne tiennent pas les runions exiges aux priodes statutairessans parler du manque de comptences et de ressources humaines qualies.

prometteuse. Elles se contentent souvent dune clientle locale faible taux dachat ou de la prsence doccasions saisonnires ; ftes, mois de Ramadan, foirespour couler leurs produits. Difcult daccs au nancement e terne : dfaut de prsence de garantie ou dorganismes de cautionnement mutuel ou coopratif , beaucoup de coopratives naccdent pas aux crdits bancaires ou dautres sources de nancement. Ce qui constitue une limite assez forte pour leur volution et leur succs.

Cadre juridique inadquat ; le cadre juridique des coopratives, en vigueur depuis plus de 25 ans, prsente certaines failles et inadaptations au nouvel environnement. La procdure de cration des coopratives nest plus adapte au rythme en cour. La manire de grer est devenue archaque et handicapante. Les sanctions contre le non respect des dispositions de la loi ne sont plus en mesure de dissuader et stopper les drives. Environnement domin par linformel : il sagit du type de rapports que tissent la plupart des petites coopratives avec leur environnement conomique . La faon de sapprovisionner en produits et moyens de production et la manire dcoulement de leurs produits, souvent sans factures ou reus, constitue le fond et larrire-plan de ces rapports. Cest un environnement qui ne favorise pas le dveloppement de ces coopratives et rend vains tous les efforts dploys par les diffrents intervenants.

Au niveau externe : Contraintes du march : la plupart des petites coopratives aux possibilits limites ne rsistent pas aux alas du march et ses exigences en termes de qualit et de quantit indissociablement lies. Elles sont incapables de pouvoir assurer une position rentable et une place stable et

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Faiblesse dinfrastructure : labsence dinfrastructure routire et de moyens de communication et de dsenclavement de plusieurs zones pose des difcults couteuses au niveau de lapprovisionnement et lacheminement de la production. Ce qui condamne les coopratives de ces zones la stagnation et linactivit.

Ce projet imposera la cooprative dtre plus transparente au niveau de lorganisation, la gestion et la comptabilit, gage de la bonne gouvernance ; ce qui est fondamental pour les partenaires nanciers et commerciaux et ce qui permettra, en loccurrence, la cooprative davoir la conance et les moyens pour assurer sa croissance et sa prennit. Il y a, galement, un projet de loi en prparation sur le commerce quitable qui constitue, comme cest le cas dans dautres pays, un moyen appropri pour lcoulement des produits des coopratives dans les meilleures conditions. Le Ministre charg des Affaires Economiques et Gnrales, tuteur du secteur coopratif a lanc ces derniers mois un projet ambitieux daccompagnement des coopratives nouvellement cres. Il sagit dun accompagnement, excut par lODCO, et qui stale sur 2 ans pour assurer aux coopratives lues un dcollage sans risque. Lenvironnement international, trs touch par les effets de la dernire crise nancire et conomique accorde de plus en plus de crdibilits aux entreprises coopratives qui ont prouv, selon une tude ralise en janvier 2009 par lACI pour le compte du Bureau International du Travail (BIT), leur rsistance ces effets. Une conviction certaine sinstalle et une tendance encourager ses institutions prend de lampleur. Ce qui se traduit par des opportunits saisir et des perspectives prometteuses pour lavenir.

7 - Perspectives davenirMalgr les contraintes mentionnes ci-dessus, qui font lobjet dinterventions des pouvoirs publics et dautres partenaires nationaux et internationaux, le secteur coopratif marocain dispose de plusieurs opportunits et moyens pour les surmonter. Il bncie de larges perspectives pour progresser et se faire une position apprciable au sein du contexte socio-conomique du pays. En plus des grands chantiers et projets en place (INDH, plan vert,), il y a, galement, des actions engages pour lassainissement de lenvironnement coopratif au niveau juridique et lamlioration des outils de soutien au niveau du march. Au niveau juridique, un projet de loi rformant la loi n24-83 est dpos au Secrtariat Gnral du Gouvernement pour promulgation. Cest un projet de texte qui modiera le texte en vigueur dans sa quasi-totalit et permettra aux porteurs de projets de surmonter le problme de lenteur de la procdure de cration en remplaant lagrment par un simple enregistrement au registre des coopratives au tribunal de premire instance. La cooprative sera, ainsi, cre dans 15 jours au maximum au lieu de deux ou trois mois actuellement.

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Lre des cooprativesPar : Slimane lhajji [email protected]

du terrain de jour en jour, et dtiennent sans exception une place importante dans les programmes de dveloppement nationaux. Lanne 2010 a enregistr un chiffre-record avec 909 coopratives nouvellement agres. Ce gain dintrt sexplique par le rle quassignent les pouvoirs publics, que de nombreuses instances internationales, aux coopratives pour faire face de nombreux problmes de dveloppement. Ainsi le mouvement coopratif Marocain a connu un dveloppement substantiel aussi bien sur le plan qualitatif que quantitatif. Le nombre de coopratives agres a atteint 7804 units en 2010, avec un nombre dadhrents de 380.144. Le rebondissement des coopratives sexplique par leurs exploits dans divers domaines, conomique, social, ducatif - culturel et environnemental.

entreprise, a constitu un modle dentreprise sociale, de par les principes et les valeurs qui la rgissent. Ainsi loin du but purement lucratif et de la prdominance de lapport en capital, la cooprative en faisant exception, de ne pas exiger un minimum du capital. Seule la solidarit se fait prvaloir. Les impacts conomiques se font sentir sous divers angles : gnration de revenu, par un travail dcent, pour chaque cooprateur, qui par son adhsion devient salari et patron. Et ce nest pas pour rien que la cooprative sest impose comme la seule capable de crer des activits gnratrices de revenu. Cest ainsi quelle est aux premires loges dans les programmes de lInitiative nationale pour le dveloppement humain (INDH). prennisation des projets conomiques, engags par des associations, dont certaines parmi elles se sont carrment converties en coopratives. Cest lexemple des associations des producteurs dhuile dolive dans la rgion de Ttouan qui se sont toutes converties en coopratives, dans lattente de se restructurer en union dans un proche avenir,

Economique :Linstitution cooprative tout en tant une

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contribution dans la production des biens et des services. Les coopratives alimentent de leur part, le march national voir celui international, dune varit de produits et de services (laitiers, olicoles, arboricoles, fruitiers, mielleux, alphabtisation, conseils juridiques et nanciers ), amlioration de la qualit des biens et des services, par la combinaison des efforts, des ajouts et la recherche de la perfection par les cooprateurs dans lexcution de leurs uvres. La production dhuile dolive, par exemple,a subi une transformation importante grce la cooprative, qui a permis aux cooprateurs davoir connaissance des nouvelles procdures et techniques modernes dextraction dhuile. Cela a permis la production dune huile de source connue et saine grce sa mise en bouteille. Elle en procure donc, un surplus en terme de garantie et de qualit. les coopratives de collecte de lait, quant elles,ont amlior considrablement les conditions de traite, dacheminement et de conditionnement du lait diminution du prix de revient, des biens et des services acquis ou vendus, par la rduction du nombre des intermdiaires et ltablissement du contact direct des cooprateurs avec les fournisseurs ou les clients. La ngociation des prix devienne possible et fertile. Quant aux divers frais et charges (transport et autre ), diminuent lorsquils sont diviss sur lensemble des cooprateurs. Cette situation se concrtise avec les coopratives dapprovisionnement en mettant la disposition des adhrents les matires premires et les moyens de

production ncessaires moindre cot, (semences, engrais pour les coopratives agricoles, pices de rechange, rparation (coopratives des professionnels de petits et grands taxis), carburants, moteurs, let de pche (coopratives de pche maritimes) formalisation et organisation de certaines activits, et des systmes productifs informels, tel que les mineurs qui se sont fdrs en cooprative dans les rgions o la loi permet la cration de ces coopratives, les colporteurs, les femmes de mnages aide laccs aux biens et services et leur commercialisation, en rpondant aux besoins de ces adhrents. Un producteur laitier ne peut arriver seul couler aisment sa production journalire, de mme un artisan maon, plombier ou peintre cooprateur ne peut soumissionner aux marchs facilement. La cooprative dresse un pont vers les dbouchs et cherche les opportunits de travail. soutien lintgration au service du commerce quitable. Il assure aux producteurs cooprateurs un salaire juste pour leur travail. Les coopratives fminines, essentiellement au milieu rural, travaillent des produits de manire artisanale, qui sont varies et originales. Ils rivalisent avec dautres produits sur le march, mais restent distingus et valent plus par leur intgration au systme du commerce quitable. Il sagit des coopratives de production de couscous, du sel (pour divers usage : cuisine mdicinal), dhuile dolive

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valorisation conomique de quelques tches, qui jusqua certaine poque, ne sont pas prises en considration, malgr leur poids en terme de temps et de difcult. les travaux domestiques et quotidiens des femmes au monde rural, prsentent un parfait exemple. Ces femmes commencent vivre une priode orissante, avec la prolifration des coopratives fminines dans plusieurs domaines,tel que celui darganier, dartisanat, dlevage et des produits de terroir, La rupture du cycle de pauvret des cooprateurs et de leurs familles voir mme dune grande partie de la population environnante, grce aux effets dentrainement.

coopratives participent lamlioration de bien tre de la population cooprative par :

la promotion sociale, le changement de mentalit et de comportement des cooprateurs, la rduction des ingalits, le renforcement desprit de solidarit entre les adhrents.

Educatif et Culturel :Les coopratives, outre les ajouts socioconomiques, sont censes par la loi N 24.83, affecter et utiliser 2% des excdents raliss pour lducation de leurs membres. Ds lors les coopratives participent :

Social :Lentreprise cooprative contribue amplement, lamlioration des conditions de vie de ses adhrents et de leur famille. Une tche qui sest conrme lors du lancement de lInitiative nationale pour le dveloppement humain (INDH), en permettant laccs plusieurs services tels que :

lalphabtisation des cooprateurs et les membres de leur familles, dveloppement de la capacit de participation la prise de dcision, renforcement des capacits des adhrents pour faire face aux exigences de la concurrence et aux lois du march, par des cycles de formation spciques.

rsorption du chmage, par la cration des opportunits du travail toute la population inactive avec ou sans diplme, issue du milieu urbain ou rural.

services de sant, service de logement, par lacquisition dun logement dcent,

protection sociale, En plus, et toujours dans le volt social, les

contribution effective la diffusion du savoir travers les coopratives dalphabtisation et de formation. En outre, les coopratives contribuent la prservation du patrimoine culturel national, par les produits artisanaux, les produits de terroir et autres produits typiquement Marocains.

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Environnemental :Face aux exigences du dveloppement durable et aux dommages causs lenvironnement, les coopratives adhrent largement dans ce sens, avec une gestion rationnelle des ressources naturelles, lors de lexcution de leurs objectifs. En principe le dveloppement durable doit concilier trois lments majeurs, qui sont : lquit sociale, la prservation de lenvironnement et lefcacit conomique. Dans ce sens, plusieurs types de coopratives y participent largement. Il sagit des coopratives forestires travers lexploitation raisonnable des ressources forestires, le reboisement , les coopratives de la pche maritime artisanale qui militent contre la pche sauvage et illgale, les coopratives agricoles qui, bien encadres, mnent leurs activits en tenant compte des impacts court, moyen et long terme sur lenvironnement, au niveau de lusage de leau, lutilisation des engrais, exploitation du sol, manipulation des produits et le traitement des dtritus

A cet gard des coopratives se sont lances dans le recyclage des dchets, visant la fois la cration dun projet socio-conomique, et la protection de lenvironnement. En rsum, si le dveloppement est sens tre un processus participatif qui ncessite limplication de tous les acteurs, en une troite collaboration et partenariat, les coopratives remplissent, nanmoins, un rle dimportance signicatif et trs spcique. Ce rle doit tre inniment soutenu par tous les intervenants, quil sagisse des pouvoirs publics, les instances parlementaires, les chambres professionnelles, les collectivits locales, les organismes non gouvernementaux, la socit civile Non seulement, les coopratives se sont implantes dans toutes les rgions du Royaume, mais en outre, elles sont prsentes dans les points les plus reculs. Elles inuencent srieusement, de leur part la progression de tout les nouveaux indicateurs de dveloppement. Cest sans doute lre des coopratives.

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LInitiative Nationale pour le Dveloppement Humain INDHau cur du dveloppement coopratifPar : Hanane Miri [email protected]

LINDH a permis dacclrer les transformations sociales au niveau des territoires cibles, de garantir les conditions dune vie digne aux populations et de renforcer leur conance dans lavenir. Extrait du message de sa Majest le Roi Mohammed VI que dieu lassiste aux participants du premier forum international sur le dveloppement humain a la ville dAgadir le 1 et le 2 novembre 2010.

Certes, lInitiative Nationale pour le Dveloppement Humain (INDH), est une initiative novatrice au Maroc pour rduire la pauvret, lexclusion sociale et la prcarit travers des projets dappui aux infrastructures de base, des projets de formation et de renforcement des capacits, des projets danimation sociale, culturelle et sportive et a travers la promotion des activits gnratrices de revenus, elle sinscrit galement dans une vision globale du dveloppement social et humain pour le pays.

conomique soutenue favorisant linitiative prive et la cration demploi et de richesses pour une population pauvre et sans ressources a travers lappui a la cration de micros projets, la dynamisation des coopratives et la mobilisations des ressources et des richesses naturelles. Bien videment, LINDH est un programme de dveloppement communautaire participatif, ce qui signie que ce sont les habitants des communauts cibles, eux-mmes, qui vont exprimer leurs besoins en matire dquipements et de services sociaux, dappui aux activits gnratrices de revenus, de renforcement des capacits et danimation sociale. Le programme vise 360 communes rurales qui ont un taux de pauvret de plus de 30% et 250 quartiers urbains o les conditions dexclusion sociale sont aigus. Les activits de lINDH en milieu rural ont pour objectif de rduire la pauvret et lexclusion de citoyens ruraux. Les objectifs en

LINDH a opt pour un choix stratgique pour renforcer les bases dune croissance

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milieu urbain visent renforcer linsertion, la cohsion sociale et lamlioration des conditions et de la qualit de vie des populations. Les actions prvues peuvent tre regroupes sous quatre volets : Soutien laccs aux infrastructures de base/aux services de proximit et aux quipements sociaux/urbains de base ; Dynamisation du tissu conomique local par des activits gnratrices de revenus/ demploi ; Soutien laction et lanimation sociale, culturelle et sportive ; Renforcement de la gouvernance et des capacits locales. Elle se propose en outre de renforcer laction de lEtat et des collectivits locales sans se substituer aux programmes sectoriels ou aux Plans de Dveloppement Economique et Social des collectivits locales. A cet effet, elle offre une capacit de nancement additionnelle pour soutenir les actions permettant de hisser de faon rapide et durable les indices de dveloppement humain des niveaux apprciables. Les besoins identis seront tudis au niveau de chaque commune ou quartier et seront nancs dans le cadre dune initiative locale du dveloppement humain. La mise en uvre de cette initiative locale se fera tout en recherchant une mise en convergence avec les programmes sectoriels et les plans de dveloppement des collectivits locales. Par ailleurs, les principes directeurs de l lInitiative Nationale pour le Dveloppement Humain fonde ses interventions sur une dynamique institutionnelle qui doit prendre appui sur des partenariats locaux et nationaux entre les acteurs publics et la

socit civile (associations notamment) en faveur des plus dmunis et ce une chelle dcentralise et dconcentre. Cette dmarche repose sur : - La planication stratgique : effectue selon un processus de planication stratgique, base sur un diagnostic rigoureux, une dnition dobjectifs prcis et lexpression des besoins par les populations concernes. une relecture de leur plan de dveloppement conomique et social privilgiant laspect dveloppement humain. - La synergie : gence des programmes sectoriels, en particulier sur les zones les plus dfavorises ; programmes sectoriels et les actions des collectivits locales. Dans cette perspective, la participation effective de la population bnciaire et des acteurs de la socit civile locale devient sur les plans de lapproche et de la gouvernance de ces stratgies locales de dveloppement social intgre indispensable dans toute opration de ciblage des bnciaires et des programmes, didentication des zones dintervention et de dnition des priorits. La mise en uvre de lINDH obit une plate forme prpare par le gouvernement, sur la base des Hautes Instructions Royales, selon quatre programmes: lutte contre lexclusion en milieu urbain lutte contre la pauvret en milieu rural lutte contre la prcarit programme transversal.

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LINDH Une nouvelle approche dans la politique du dveloppement.LINDH est prsente comme une nouvelle approche de dveloppement et un nouveau mode de gouvernance et pas comme un simple programme de lutte contre la pauvret. Elle constituerait un cadre prospectif de rorganisation des solidarits sociales et territoriales et une garantie defcacit des politiques publiques de dveloppement social. Dans cet esprit, il faut insister sur deux lments de la nouvelle approche dans la politique de dveloppement : Limplication des nouveaux acteurs et le passage un systme fond sur la gouvernance ; Le nouveau paradigme en matire de dveloppement. A signaler que le dveloppement humain occupe, aujourdhui, une place stratgique aussi bien au niveau des pays dvelopps que des pays en voie de dveloppement (PED). Cette importance dcoule de limpact de dveloppement humain sur le dveloppement conomique et social dun pays. Le dveloppement humain est un paradigme du dveloppement qui valorise beaucoup plus que la simple hausse ou la baisse des revenus nationaux. Il repose sur la cration dun environnement au sein duquel les gens peuvent dvelopper pleinement leur potentiel et mener des vies productives et cratives en accord avec leurs besoins et leurs intrts. Les gens sont la vraie richesse des nations. Le dveloppement vise donc largir les choix qui soffrent aux personnes pour leur permettre de mener des vies qui leur sont prcieuses. Il sagit donc de bien plus quune croissance

conomique, qui nest quun moyen certes trs important dlargir les choix qui soffrent aux populations. En principe, ces choix peuvent tre innis et peuvent varier dans le temps. Les gens attachent souvent de la valeur aux russites, dans les chiffres relatifs aux revenus ou la croissance conomique : un meilleur accs aux connaissances, une meilleure nutrition et de meilleurs services de sant, des moyens dexistence plus srs, une certaine scurit contre la criminalit et la violence physique, du temps libre bien rempli, des liberts politiques et culturelles et un sentiment de participation aux activits de la communaut. Lobjectif du dveloppement est de crer un environnement favorisant lpanouissement pour que les gens puissent jouir dune vie longue, saine et crative. Le dveloppement humain est aussi, dabord et avant tout, une dimension territoriale impliquant appropriation et pilotage communautaires, Il suppose lintgration et la participation de diffrentes catgories de la population aux diffrentes tapes du processus.

LINDH et le dveloppement coopratifLa dynamique cooprative actuelle considre comme trs favorable pour un essor coopratif positif qui traduit les efforts considrables des acteurs concerns et lapport des grands chantiers qui appui effectivement ce mouvement. Lentreprise cooprative en tant que structure de production charge de fournir ses membres, le produit ou le service dont

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ils ont besoin, constitue lun des piliers, cot des associations et des mutuelles, de lconomie sociale et solidaire. Ce type dentrepreneuriat, en sintgrant dans une conomie plurielle, cherche prserver un certain quilibre entre lefcacit conomique et le dveloppement social travers une gestion dmocratique, solidaire et sociale. Le mouvement coopratif apparat comme le mieux plac pour garantir lattachement de lconomie au territoire ainsi il favorise le dveloppement humain. Il constitue un outil pour promouvoir lapprentissage dune culture partenariale entre lconomie sociale et lenvironnement global. il doit tre peru comme un partenaire potentiel avec qui les collectivits territoriales peuvent sassocier pour poursuivre et satisfaire les objectifs dintrt gnral, que ce soit pour favoriser la cohsion sociale, linsertion de personne en situation dexclusion et de pauvret ou le maintien dun tissu socioconomique dans les territoires aussi bien urbain que ruraux. Les coopratives contribuent de faon importante lconomie, la mobilisation des ressources ainsi qu la stimulation de linvestissement en mme temps quelles promeuvent la plus complte participation au dveloppement conomique et social de toute la population. Donc, en tant que forme puissante de solidarit humaine, les coopratives favorisent dune part la cration de richesses et leur rpartition plus quitable, ce qui bncie leurs membres et leur communaut; dautre part, les coopratives sont des espaces dinsertion sociale pour leurs membres. Cette capacit des coopratives dimbriquer lconomique dans le social est reconnue pour tous les

pays, quel que soit leur niveau de dveloppement selon lorganisation internationale du travail. Constituant ainsi la principale composante dune conomie qui sappuie sur des entreprises proprit collective, les coopratives sont ainsi reconnues comme faisant partie dune sphre de lconomie plurielle, au mme rang que lconomie publique et lconomie prive. Une sphre de lconomie o les biens et les services produits servent augmenter le bien-tre des membres et dont le paramtre de dnition de la valeur est la contribution la ralisation des objectifs de lorganisation. Cest derrires des expriences, aux niveaux national et international, que la cooprative a montr le moyen le plus appropri pour favoriser la cration des activits gnratrices de revenus. Elle trace dsormais la dimension humaine du dveloppement puisquelle se base sur les valeurs de participation, de solidarit et de dmocratie. A cet gard, force est de constater que ces principes prns par lINDH, sinscrivent en parfaite harmonie avec ceux des institutions de lconomie sociale, notamment les coopratives qui vhiculent la mme philosophie, partagent les mmes valeurs et surtout animes beaucoup plus par la valorisation de lHomme et son panouissement. Linitiative nationale de dveloppement humain constitue la base de lancrage de la nouvelle culture, axe autour de valeurs et de principes fondamentaux de participation, de dignit, de conance, de proximit, de solidarit et de partenariat, en mettant en uvre des ralisations

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concrtes porteuses dune relle volont de lutter contre la pauvret, lexclusion et la prcarit en vue de promouvoir le dveloppement humain durable. Au regard de cette nouvelle culture, la promotion du dveloppement humain repose sur la valorisation de llment humain plac au centre de cette initiative. Ladquation entre les principes, les valeurs, les rgles et les pratiques passe par la mise en cohrence de leurs applications dans les domaines de la gestion. Ces derniers sont inextricablement lis, et, en ce sens, constituent bel et bien un systme avec ses interdpendances, ses synergies et ce sont prcisment ces interfrences multiples des principes et rgles dans les divers domaines de la gestion quune formation spcique des entrepreneurs sociaux doit sattacher mettre en vidence et en cohrence. En revanche, le dveloppement dactivits conomiques gnratrices de revenus est reconnu par tous comme tant la cl de la relance des zones rurales du pays. En effet, les expriences au Maroc ont donn de trs bons rsultats. Dune part, elles ont permis de dclencher un dynamisme et un processus de dveloppement au niveau des localits concernes par ces actions, dautre part elles ont t un moyen de stimulation de la motivation et de lintgration de la population dans les projets de dveloppement. En loccurrence, la nalit de toute AGR est le dveloppement local durable dans toutes les localits de la nation, par lamlioration de la situation conomique et sociale des groupements de la population. Cela, ne peut se faire qua travers : ou groupe dintrts susceptibles et capable

de mettre en place et de grer collectivement une activit gnratrice de revenus; conomiques dans la production, la transformation et la commercialisation des produits (agriculture, levage, et artisanat); et dorganisation collective des groupes concerns travers la formation. Cest pour cette raison que la nouvelle stratgie pour le dveloppement du secteur des cooperatives sassigne pour objectif de sinscrire en harmonie et en complmentarit avec lInitiative nationale pour le dveloppement humain (INDH). LINDH a apport une gouvernance nouvelle partant des projets identis par les populations jusqu leur ralisation. Aujourdhui, sil y a eu une volution constante et dynamique du secteur coopratif, le constat est de dire que cela se traduit a travers les efforts de faire naitre des activits gnratrices de revenus (AGR), des projets de type coopratif et des activits de lutte contre la pauvret qui permettront de dvelopper une ascension sociale. Aussi LInitiative nationale pour le dveloppement humain a donn une dynamique trs importante lconomie solidaire en nous permettant de mettre le doigt sur la problmatique de la lutte contre la pauvret et la prcarit. Lafrmation est de monsieur Nizar Baraka, ministre dlgu auprs du Premier ministre charg des Affaires conomiques et gnrales. La galement, des efforts se multiples tels que le projet en cours de rvision de la loi sur les coopratives pour bien permettre a ce secteur se dvelopper de manire notable. On trouve aussi laccompagnement des coopratives travers le programme

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Mourafaka et galement de la commercialisation de leurs produits pour assurer leur prennit. Dans ce cadre, des conventions ont t signe avec les grandes surfaces (commerciales) pour faciliter lintroduction des produits des coopratives. En outre, une loi est en cours dlaboration pour dvelopper le commerce quitable. Il faut aussi citer les mesures en faveur du commerce itinrant et travers des salons rgionaux de lconomie solidaire pour la commercialisation des produits du terroir et des coopratives. Ainsi, Pour que ce secteur puisse jouer son rle dinsertion et crer des AGR contre la pauvret et lexclusion sociale, il faut quil y ait un impact concret des attitudes politiques plus favorables que jamais.les institutions locales incarnant la responsabilit de gestion et de rgulation, devienne des espaces de solidarit capables de gnrer des ressources spciques. En tant quentits locales dconcentres, elles ne peuvent jouer rellement ce rle que si elles cherchent a mobiliser les nergies locales et travailler dans un cadre de cohrence, de coordination et de synergie. Elles crent, par leur action stimulante, les conditions dun nouveau dveloppement. Le climat ambiant au dveloppement socio-conomique ne peut tre acquis qu cette condition.

sion commune du dveloppement humain et de sortir avec des recommandations qui contribueront afner les axes et les choix stratgiques de la deuxime phase 2011-2015 de lINDH. Cot bilan, 13 milliards de DH dbourss au lieu de 10 prvus initialement, 22 000 projets nancs, 40 000 emplois crs, 5 millions de bnciaires : les chiffres parlent deux-mmes. On peut parler de russite mme sil faudra encore afner davantage lanalyse. Il serait ainsi intressant de voir lvolution des indicateurs, dont le taux de pauvret, dans les communes et quartiers cibls par lINDH. Cela dit, pour avoir une ide prcise, il faudra, selon le HCP, attendre 2012, date laquelle il procdera la confection dune nouvelle carte de la pauvret. Mais pour que lINDH (2011-2015) soit encore meilleure, le Maroc a besoin de faire surtout le bilan de ce qui a le moins bien march, de partager son exprience et de sinspirer de ce qui se fait ailleurs. le forum dAgadir a accueilli plus de 1 500 participants, marocains et trangers, de divers horizons, et 138 intervenants, venus du monde entier ; Economistes, dcideurs politiques, ministres, patrons dorganisations internationales, reprsentants de la socit civile et dONG renommessont venus pour sinspirer de lexprience marocaine, unique en son genre. Donner un nouvel lan lINDH, voil la tche laquelle doit satteler la deuxime phase (2011-2015) de ce programme certes fait par et pour les Marocains, mais qui intgrerait volontiers les apports des expriences extrieures.

Le premier forum international sur le dveloppement humain a AGADIR : Le Dveloppement Humain, lexprience marocaine de lINDHLe forum dAgadir tait, pour ainsi dire, le moment pour faire le bilan de manire solennelle et rendre public les premiers chiffres et justement, de dboucher sur une vi-

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Le Travail Coopratif et le marketingPar : Amina Lokmane [email protected]

La mercatique est lensemble des actions destines dtecter les besoins et adapter en consquence et de faon continue la production et la commercialisation de biens ou de services. Comment partir de cette dnition, la dmarche mercatique peutelle sarticuler pour une cooprative ? et quelles sont les tapes de la dmarche mercatique ?

1- Etude de march :analyser et diagnostiquer les opportunits et menaces de lenvironnement externe : Offre, Demande, macro-environnement. Ainsi que les forces et faiblesses de lenvironnement interne : Conditions dexercice de la cooprative. Pour collecter ses donnes. Il existe trois catgories de mthodes : Lobservation, lexprimentation et lenqute.

Lexprimentation mesure les liens de cause effet. Elle mesure limpact de la modication dune variable sur une autre variable (Ex. observer leffet dune diminution du prix sur le montant des ventes). Lenqute est mene partir dun questionnaire sur un chantillon de la population tudier. Quatre modes de recueil des donnes sont utilises : ( domicile, sur le lieu de travail, dans la rue) ou entretien de groupe. Ce mode dentretien est onreux et peu rapide.

Lobservation permet denregistrer des donnes qui seront ultrieurement analyses et expliques. Diverses techniques sont utilises : le comportement pass inventaires (ex. Audit de vente) comportement dachat de lacheteur et le comportement dutilisation du consommateur (Ex. observation de lacheteur en magasin).

mais ce mode entrane un faible taux de rponse teux et permet de contacter des personnes disperses gographiquement. et les modalits de rponse safchent sur cran et les rponses sont exprimes laide du clavier. Les cots et les dlais sont rduits.

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Disposant de moyens nanciers limits, la cooprative devrait choisir la mthode la moins onreuse.

Prix, Place (distribution) et Promotion (Communication). Quelle Offre la cooprative doit proposer sur le march ? Quel produit ? Et quel prix ? Pour tre choisi et achet, le produit doit tre reconnu par le consommateur. La marque, lemballage, ltiquette et la stylique sont les lments qui participent cette identication. Ils permettent de communiquer avec le client et vhiculent une image de la cooprative et de ses produits. distinguer les produits, objets ou services dune entit. La marque peut tre : un dessin, un symbole, une combinaison de lettres et / ou de chiffres, un son, un nom gographique. Le choix de la marque permet ainsi de diffrencier le produit de ses concurrents et facilite le reprage du produit. remplissent deux types de fonctions : des fonctions techniques et des fonctions commerciales ou mercatiques. Fonctions techniques :

2- Segmentation du march :La segmentation de la demande globale consiste mettre en vidence des sousensembles homognes de consommateurs (segments) aux caractristiques spciques (critres), susceptibles dexpliquer des diffrences de comportement. Un critre de segmentation peut tre : du foyer, revenu ; commune, climat, habitat consommation, habitudes, lieu dachat opinions,etc

3-Slection dune cible :En segmentant, la cooprative identie plus clairement les groupes dacheteurs et peut cibler ceux qui lui paraissent les plus rentables.

4- Marketing-Mix :produit (Ex. Produit alimentaire) Les besoins tant clairement identis, loffre peut tre afne, et la cooprative labore son programme marketing : Produit Prix Distribution Communication. Lexpression Mix Marketing est lune des plus employe en marketing. Le marketing mix est galement connu sous le nom des 4P cest--dire : Produit, Fonctions mercatiques : niquer (Ex. Emballage noir et dor de carte noire) marque mentaires (Ex. recettes)

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(pots de yaourt en verre) douverture du lait) Le choix de lemballage est fonction du produit, de son prix, des contraintes ventuelles (Ex. recyclage).

Il sagit dun bas prix pour un produit sans extras. Les cots de fabrication et marketing sont rduits au minimum. Cest la stratgie la plus adopte par les coopratives. Stratgie dexploitation (prix dcrmage) Vous bnciez dun avantage concurrentiel important et pouvez xer un prix lev.

Ltiquette : Cest la carte didentit du produit. Ltiquette a un rle lgal (Marquage et afchage des prix), un rle dans la gestion du point de vente (suivi du stock Ex. codes barres) ; un rle de communication et dinformation (mode demploi, promotion du produit, communication de messages publicitaires).

La stylique : est lintgration de lesthtique

(formes, couleurs) aux produits de lentit et limage quelle souhaite donner aux consommateurs. Le prix est lexpression montaire de la valeur dun produit. Variable mercatique dterminante, il procure la cooprative des revenus et assure donc sa prennit. Quatre stratgies de xation des prix sont possibles :

Comment la cooprative va assurer la distribution et la communication de son offre ? La distribution (Place, en anglais) est un autre lment du mix marketing. Cest un mcanisme travers lequel les biens et services sont achemins du fabricant au consommateur nal. On choisit lune des stratgies de distribution: Intensive, Slective et Exclusive. Stratgie intensive : Distribution du produit dans le plus grand nombre possible de points de vente. Stratgie slective : Distribution du produit

Stratgie de luxe (prix lev) : Le caractre exceptionnel de votre offre peut justier un prix lev. De tels prix sont xs pour des produits de luxe.

dans des points de vente slectionns selon des critres de taille, de comptence, de services offerts la clientle (Ex. Produits de beaut en parfumerie) Stratgie exclusive : Distribution des produits dans quelques points de vente limits et slectionns, bnciant dun contrat dexclusivit. La cooprative cherche faire connatre son produit et gnrer un chiffre daffaire important, rsultat qui ne peut tre atteint que par une stratgie intensive.

Stratgie du cadeau (prix de pntration) :

Dans le but de gagner des parts de march, lentit utilise cette stratgie pour conqurir de nouveaux clients (pour une qualit leve, on propose un prix bas)

Stratgie dconomie (prix conomique)

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Communiquer, cest mettre des informations vers une ou des cibles dnies an dassurer de la part des rcepteurs (clients, distributeurs, prescripteurs, force de vente) une modication de leurs attitudes ou de leur comportement. Pour atteindre lobjectif de la communication, la cooprative dispose de plusieurs canaux de communication selon ses moyens (afchage, promotion des ventes, presse, radio, tlvision). Peut-on dire quil y a une orientation des efforts des coopratives vers ladoption dun plan Marketing ? La caractristique principale dune cooprative est que les adhrents cherchent collectivement, et non individuellement, rsoudre un problme commun ou tirer prot dune opportunit. Les motifs pour dmarrer une cooprative sont varis :

dtablir un plan marketing mix pour vendre ses produits et services. Par ailleurs, ces coopratives sont confrontes au manque dtudes de march, linadaptation des produits et services aux gots des consommateurs, labsence des politiques de prix des concurrents et des plans de distribution des produits et services. Plusieurs contraintes empchent les coopratives dengager une politique marketing : Contraintes Internes :

trop faibles ou inexistants)

Contraintes Externes : possible individuellement, nement et commercialisation) acheter des biens et des services, nest possible de le faire seulement. Les coopratives sont en effet capables de produire des articles de qualit, mais ne savent pas rpondre la demande du march, ou chercher des acheteurs potentiels. Elles se contentent de produire, stocker et attendre que quelquun passe par l, ou quune administration leur propose une exposition. Dans un environnement dconomie de march, la cooprative se trouve oblige dadopter une dmarche marketing et Pour y remdier, il est ncessaire de crer de Fdrations de coopratives et de groupements dintrt conomique. Lobjectif tant dunir leurs forces et de dvelopper une offre plus complte, plus crdible et plus attractive. -

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Les Coopratives de femmes au Maroc: Etat des lieuxPar : Rachida ELGHIAT [email protected]

Prambulesubvenir aux besoins de la famille. Ceci moyennant un revenu drisoire, ce qui ne leur permet pas de smanciper et de participer au dveloppement du pays. Pour pallier cette situation de pauvret, diverses possibilits dintgration des femmes se sont prsentes : aide nancire individuelle et mesures daccompagnement entre autres. Or, ces mesures nont pas donn les rsultats escompts car ce dont ces femmes ont besoin en plus, cest un cadre dpanouissement et de crativit o elles se prennent en charge elles mmes. Ce cadre nest autre que lentreprise cooprative. Actuellement, lmergence du secteur coopratif des femmes est une ralit que personne ne peut contester. Cest une exprience qui mrite dtre mise en exergue, et cest dans cette logique quentre cet essai.

milieu rural et pri-urbain fournissent de gros efforts pour assurer un revenu mme damliorer leur situation socio conomique. Surtout quactuellement, elles sont devenues le seul soutien de leurs familles en labsence du mari pour des raisons qui peuvent tre lies la maladie, le divorce, la mort, lexode

Or, lanalphabtisme, le chmage ou encore labsence de qualication dont elles souffrent ne sont pas des facteurs dintgration, ce qui affaiblit leur comptitivit sur le march du travail, les forant travailler de manire individuelle dans le secteur informel et souvent saisonnier par la vente de produits de faon ambulante, auprs des voisins ou sur les marchs, ou des services (aide familiale) dans la perspective de

I. La promotion des coopratives de femmes au Maroc1. La cooprative : cadre appropri pour lintgration de la femme La cooprative qui est une entreprise, cre

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volontairement par des femmes en vue de se procurer les produits ou les services dont elles ont besoin et de la grer selon les principes de la dmocratie, la solidaire, la participation, lautonomie et la responsabilit, reprsente la structure adquate de cration demploi pour les femmes dans un cadre formel. La cooprative qui relve de la famille de lconomie sociale a des objectifs conomiques, sociaux et ducatifs. Elle permet aux femmes de se partager entre elles les excdents raliss au prorata des oprations ou travail fourni avec une grande souplesse car elle : Fait

desquelles les femmes marocaines taient omniprsentes, lexprience des coopratives de femmes au Maroc dans leur sens moderne est relativement rcente. Ainsi, lexception dune douzaine de coopratives de tissage de tapis et hanbal qui ont t cres dans les annes soixante et soixante dix du sicle dernier dans les villes de Rabat, Sal, et Fs. Leur dmarrage effectif na commenc qu partir de 1990.

appel davantage de main duvre que de technologie, Ne ncessite quun capital limit (du moins pour la priode du dmarrage), Permet aux femmes dexercer des activits quelles pratiquaient dans leurs quotidiens, Utilise gnralement des matires premires locales Consolide la stabilit sociale en particulier pour les femmes dans les zones rurales et participe ainsi au dveloppement local, Prserve le patrimoine culturel marocain, notamment artisanal. Si la cooprative des femmes sinspire des prceptes de lislam et valeurs ancestrales et de la socit marocaine, puisque la jma a constitu dans notre pays depuis des sicles un cadre au sein duquel le travail collectif, lentraide et diverses formes de soutient ont pris la forme de solidarit dans les institutions informelles au sein

Cet intrt manait de la volont des pouvoirs publics crer des activits gnratrices de revenu pour les femmes sen vue leur insertion dans lactivit conomique ainsi que lintrt et lencouragement ports aux femmes par certains organismes des notions unies, des ONG et des associations de dveloppement local. De son cot, lOfce de Dveloppement de la Coopration (ODCO), conscient de limportance des coopratives dans limplication des femmes, na cess de multiplier ses mesures de vulgarisation, appui, accompagnement des femmes pour faciliter leur insertion dans ces structures.

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2. Mesures prises par lodco pour la promotion des coopratives de femmes Le dbut des annes 90 a marqu un tournant dcisif en faveur de La cration des coopratives de femmes. Les efforts de lOfce de Dveloppement de la coopration ont t focaliss sur les actions suivantes titre indicatif : Lancement

de campagnes dinformation sous forme de rencontres pour sensibiliser les jeunes lles ayant suivi une formation professionnelle au mode dorganisation et de fonctionnement coopratif en partenariat avec diffrents ministres. Organisation de tables rondes au niveau central et rgional et des journes dtudes sur les coopratives dans le cadre de la commmoration des vnements lis la femme : journe mondiale de la femme le 8 mars, journe mondiale de lutte contre la pauvret le 17 octobre, journe mondiale de la femme rurale le 16 octobre et la journe mondiale de lalimentation le 15 octobre. Toutes ces manifestations sont devenues une pratique intgre dans les activits de lofce. Formulation de projets et participation leurs ralisations. Ainsi, entre 1999 et 2003 lodco a pris part aux travaux prparatifs de la commission dintgration conomique des femmes qui a adopt la formule cooprative comme un des moyens dimplication de la femme dans la vie active, et ce lors de la prparation du plan national dintgration de la femme dans le dveloppement. On peut citer galement llaboration du projet appui et accompagnement aux coopratives de femmes au Maroc

initi par lODCO en partenariat avec Oxfam Qubec et la GTZ avec lorganisation dun atelier sur ce sujet. Etudes et publication par lesquelles lODCO contribue largement une meilleure connaissance des coopratives de femmes et leur environnement, travers la ralisation de recherches et publications notamment la ralisation en 1987 dune tude sur les femmes dans les coopratives au Maroc.

II. Bilan de laction des coopratives de femmes au MarocLes coopratives de femmes au Maroc sont au nombre de 986 (au 31/12/2010) reprsentant ainsi 12.63% de lensemble des coopratives Marocaines. Leur nombre a connu une volution remarquable durant ces dernires dcennies. Tableau n1 : Evolution de cration des coopratives Annes 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 Nombre de coopratives 5 11 12 27 47 70 986

Source : ofce du dveloppement de la coopration

1. Rpartition sectorielle La rpartition sectorielle de ces coopratives montre une forte concentration des coopratives de femmes dans les deux secteurs traditionnels qui sont lagriculture et lartisanat et, rcemment le secteur de largan.

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Tableau 2: Rpartition des coopratives de femmes par secteur Secteurs Agriculture Artisanat Argan Denres alimentaires Autres TOTAL Nombre 388 353 170 50 25 986 % 39.35 35.80 17.24 5.07 2.54 100

Les premires coopratives dlevage qui ont t cres dans les annes 90 concernaient llevage du Dman. Leur cration dans le cadre du projet de coopration entre lunion nationale des femmes marocaines (UNFM), le fonds des nations unies pour les activits de la population (FNUAP) et lofce rgional de mise en valeur agricole du Talalt. Ce projet portait sur la cration des coopratives au prot des femmes dmunies appartenant aux communes rurales de la ville dErrachidia (connue par llevage de cette race dovin), dans le but damliorer leurs conditions de vie. Paralllement, des coopratives ont vu le jour dans dautres rgions exerant llevage caprin. Depuis, les champs dactivit se sont largis et les femmes ont commenc dcouvrir de nouvelles activits : lapiculture, la cuniculture, laviculture. Hormis llevage, ces dernires annes dautres crneaux ont fait leur apparition dans les projets coopratifs des femmes : collecte du lait qui concerne en gnral la production du fromage, plantes mdicinales et aromatiques, olicole, sriciculture, cactus, safran.

Source : ofce du dveloppement de la coopration

Les coopratives du secteur agricoleAvec prs de 40% de leffectif total, le secteur agricole se pointe en place de choix avec 388 coopratives pratiquant en majorit des activits lies au petit levage. Tableau n3 : Rpartition des branches dactivit agricoles Branches Elevage (ovin-caprin) Apiculture Aviculture Cuniculture Collecte commercialisation du lait Autres TOTAL Nombre 193 63 42 42 18 30 388 % 49.74 16.24 10.82 10.82 4.64 7.74 100

Les coopratives du secteur artisanal :Prs de 36% des coopratives de femmes sont artisanales, et 80% entre elles pratiquent le textile, la broderie et la couture traditionnelle et moderne. Cet engouement vient du fait que ces activits artisanales ne ncessitent aucune formation pralable, du moment que la matrise par les femmes de lart et la manire sont les outils de base de cette activit.

Source : Ofce du dveloppement de la Coopration

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A linstar du secteur agricole, on note lmergence de nouvelles activits qui attirent de plus en plus de femmes, comme les activits lies la dcoration, la boulangerie et ptisserie, la cramique, sculpture sur bois. Certaines de ces activits taient spciques aux hommes. Tableau 4 : Rpartition des coopratives dans le secteur artisanal Branches Textile tapis Couture broderie Tailleur confection Art et dcor Autres TOTAL Nombres 118 85 82 18 50 353 % 33.43 24.08 23.23 5.10 14.16 100

appui qui a t lorigine de la cration de lunion des coopratives dargan (tissaliwine) dont la prsidente de lpoque fut la pre