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LE BULLETIN DE LASSOCIATION ENVIRONNEMENT ET DÉVELOPPEMENT ALTERNATIF RECETTE EDA ÉTÉ 2017 N°146 Été 2017 LIRE... MAIS PEUT-ÊTRE PAS AUTANT QUAND MÊME ! RETROUVER LE PLAISIR DE LA BICYCLETTE... JARDINERFLEURIR... Autant d’éléments propices à la détente et au plaisir pour poursuivre, dès la rentrée, une veille citoyenne constructive … Tableau de Karel Appel «livres» Tour des langages Jakob Gautel (15 000 livres environ) présentée au Musée des Beaux-Arts de Lille Tour de livres érigée dans le Ford’s Theater de Washington en hommage à Abraham Lincoln président des États-Unis à l’origine de l’abolition de l’esclavage assassiné le 14 avril 1865 dans ce lieu - info S.Courtin

recette eda été 2017 L · derniers jours de Hem Chandra Pandey, jour-naliste assassiné, qui enquêtait sur les méfaits de l’armée Indienne et la résistance de la rébellion

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Le buLLetin de L’associationenvironnement et déveLoppement aLternatif

recette eda été 2017

N°146Été

2017

Lire... mais peut-être pas autant quand même !

retrouver Le pLaisir de La bicycLette... Jardiner… fLeurir...

Autant d’éléments propices à la détente et au plaisir pour poursuivre, dès la rentrée, une veille citoyenne constructive …

Tableau de Karel Appel «livres»

Tour des langages Jakob Gautel (15 000 livres environ) présentée au Musée des Beaux-Arts de Lille

Tour de livres érigée dans le Ford’s Theater de Washington en hommage à Abraham

Lincoln président des États-Unis à l’origine de l’abolition de l’esclavage assassiné le 14

avril 1865 dans ce lieu - info S.Courtin

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sommaire

Brèves

Quelques extraits du livre choisi par chacun Pour une poignée de degrés - MRES

Manifeste pour une agriculture durable - Lydia et Claude Bourguignon

Traque verte - Lionel Astruc

Sexy, Linky ? - Nicolas Bérard

Histoire de la pollution industrielle France, 1789-1914 Geneviève MASSARD-GUILBAUD

Manifeste pour la terre et l’humanisme - Pierre RABHI

EDA et les initiatives d’agriculture en ville La Ferme urbaine du Trichon : un projet innovant en plein cœur de Roubaix

Agenda

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p. 8

« Il avait plus de vingt ans d’expérience et était le moteur de la lutte contre le massacre sans scrupule des éléphants en Tanzanie », écrit Azzedine Downes, directeur du Fonds interna-tional pour la protection des animaux (IFAW)

Célèbre protecteur des pachydermes, Wayne Lotter a été assassiné alors qu’il se rendait de l’aéroport à son hôtel : un véhicule a stoppé son taxi. Deux hommes armés en sont sortis et l’ont abattu dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17 août. Wayne Lotter a payé de sa vie la lutte contre le braconnage.

Au plan local :

Quelques mots à propos de la Commission Information Suivi Innovation (Cisi) Resonor

Les rejets de la centrale de chauffe sont conformes à la législation. Le charbon provenant actuellement de Colombie sera définitivement abandonné lorsque « l’autoroute de la chaleur » sera opérationnelle. Un nouveau réseau de chaleur en partance du Centre de Valorisation Energétique d’Halluin va permettre de renforcer le réseau actuel en irriguant via le Grand Boulevard Roubaix-Tourcoing-Lille, une nouvelle partie du territoire métropolitain. Le charbon n’était utilisé qu’en cas de pic de froid en appui à la cogénération - gaz privilégiée par Dalkia.

brève

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Sous un titre en forme de clin d’œil cinématographique, la photo de cou-verture détourne un poncif de l’illus-tration des changements climatiques, l’ours blanc isolé sur un fragment de banquise à la dérive. Celui-ci est af-falé de chaleur sur un bloc de béton au fond d’une fosse artificielle, dans un zoo.

Cette composition traduit bien le parti-pris de l’ouvrage qui, avant d’être un livre fut d’abord une exposi-tion photographique. Une exposition collaborative, réalisée à l’initiative de la Maison Régionale de l’Environne-ment et des Solidarités (MRES), dans le cadre de la COP 21 sur le climat. Pour ce projet, dix photos d’artistes en lien avec le thème du changement climatique ont été offertes au public, qui était invité à envoyer en écho ses propres photos, à participer à la conversation. L’intention est claire-ment d’aborder les effets du chan-gement climatique et les réactions qu’il entraîne, en faisant appel à la sensibilité et à l’imaginaire. Plusieurs centaines de photos ont été reçues et ont permis, moyennant sélection, la création de l’exposition « Pour une poignée de degrés », qui a été mon-

trée en plusieurs lieux de la région, et continue de circuler.

Concrètement, le passage de l’expo-sition au livre a été possible grâce à un financement participatif (EDA y a contribué).

Si l’ouvrage est avant tout un « livre d’images », les mots n’en sont pas pour autant absents. Chaque pho-to d’artiste est précédée d’un court texte de présentation du cliché et de son auteur, et chacun des dix pôles d’images se conclut par un haiku issu du concours. Un haiku pour le climat, organisé chaque année par le CLER, Réseau d’action pour le climat.

A mi-parcours, l’écrivaine Marie Des-plechin s’adresse plus particulière-ment aux enfants et aux adolescents, avec un discours en deux temps : « un moment extrêmement désagréable », où elle décrit les catastrophes à venir, « suivi par un moment particulière-ment exaltant », consacré à la bonne occasion de changer de monde, tous ensemble. Le livre se clôt sur quelques pages de Thierry Salomon, vice-président de l’association Né-gawatt, qui nous appelle vigoureu-sement à « échapper aux pièges ad-dictifs de l’ébriété énergétique », et souligne le rôle que peuvent jouer les démarches artistiques dans cette dé-sintoxication.

Comme un paysage, « Pour une poi-gnée de degrés » se prête à la lecture vagabonde : on le parcourt une pre-mière fois pour découvrir les photos et laisser cheminer les associations qu’elles suscitent en nous, puis on peut lire un texte ou tous les textes. On peut le quitter, en le laissant sur une table ou sur une étagère. Et puis on y revient pour une nouvelle prome-nade...

queLques extraits du Livre choisi par chacun

« pour une poignée de degrés »

Mireille

Des pratiques ancestrales adaptées à chaque territoire, rejetées au nom du progrès, vouloir vivre de plus en plus longtemps et dévaster la terre nourricière : partout sols, eau, air, mer sont pollués.

STOP : la planète n’en peut plus !• Entrailles dévastées par les

ponctions minières incessantes par-tout même en mer profonde avec des catastrophes impossibles à juguler lorsqu’elles surviennent,

• Pratiques industrielles peu soucieuses de l’environnement,

• Innovations dont il est im-possible d’anticiper les effets né-fastes à long terme (déchets nu-cléaires, nanomatériaux, rejets de gaz à effets de serre...),

• Accaparement des terres par le béton pour constructions de zones commerciales immenses et réseaux routiers, ronds-points en pleine cam-pagne ...

« Pétro culture » ou soleil ? Sous la lumière du soleil, utiliser du pé-trole pour produire des aliments est une aberration ! La course aux ren-

dements agricoles via pesticides et autres molécules chimiques expéri-mentées pendant la guerre pour tuer sont devenues une source d’enrichis-sement « durable » pour les multina-tionales qui les produisent, sans par-ler des camps de concentration pour animaux que sont les fermes usines et de la main mise sur la production de semences via des brevets alors qu’il s’agit de bien commun.

Redonner le pouvoir aux vers de terre

Malgré la pression citoyenne,

« manifeste pour une agricuLture durabLe » Lydia et cLaude bourguignon

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Restaurer les sols permettra de restaurer le climat. Rendre l’agriculture aux paysans est impérieux.

Anita

L’Inde est souvent dépeinte comme la plus grande démocratie du monde. Vue de chez nous, cette affirmation peut faire son effet mais quand on regarde plus précisément la situation sur place, les choses sont beaucoup plus complexes.

Ainsi, des conflits anciens sub-sistent dans certaines zones, comme dans le centre du pays, avec une ré-bellion Naxalite, qui est une insurrec-tion des maoïstes en Inde contre le gouvernement. Il se trouve que cette rébellion trouve sa place dans des zones où les ressources naturelles sont très présentes, ce qui a donné ces dernières années place à une toute autre dimension au conflit.

L’Opération Traque Verte, qui avait

pour vocation d’exproprier les abo-rigènes pour que l’industrie puisse extraire les matières premières du sol dans l’Etat du Chhattisgarh, a entrai-né la mort de 5646 personnes et des dizaines de milliers d’individus qui ont été chassés, déplacés, enfermés. Pourtant, cette affaire a été largement ignorée par les médias occidentaux.

Dans ce roman d’inves-tigation, nous suivons les derniers jours de Hem Chandra Pandey, jour-naliste assassiné, qui enquêtait sur les méfaits de l’armée Indienne et la résistance de la rébellion naxalite.

Chercher à comprendre comment la montée de la pression sur les res-sources naturelles a pu prendre la forme d’une guerre civile, comment notre avidité et la raréfaction des ma-tières premières nécessaires à nos consommations quotidiennes ré-pandent la violence et la mort autour

des mines indiennes…voilà des questions que nous devrions nous po-ser régulièrement, non ? Ce roman nous aide à aborder ces enjeux !

h t t p s : / / a g r i c u l t u r e - urbaine-metropole-l i l le.com/

« traque verte » Les dernières heures d’un JournaListe en inde LioneL astruc

Grégoire

il n’existe tou-jours pas de Directive cadre Européenne de protection des sols. Défores-tations mas-sives, pratiques inadaptées au moyen d’en-gins lourds qui tassent les sols,

labours profonds, abandons des fu-miers si riches pour produire l’humus grâce au travail d’une faune spéci-fique, érosion massive et inondations qui « emportent vers la mer ce qui de-vait revenir à la terre ». Réapprenons à observer le long processus de l’évo-lution d’un sol forestier et redonnons aux acariens, mille pattes, cloportes, vers de terre leur rôle à savoir la ré-génération d’une matière organique, la perméabilité des sols et surtout la protection des nappes phréatiques. « Notre croissance est mortifère : nous avons réussi à rendre polluants nos excréments et ceux de nos bêtes alors qu’ils sont l’or de la terre » !

Pouvoir cultiver les sols durable-

ment relève de sciences biologiques complexes qui demandent observa-tions et expérimentations maintes fois répétées et enrichies peu à peu. Compostage, marnage (complé-ments d’argile déposés sur les terres avant l’hiver) sont fondamentaux pour obtenir une terre nourricière fertile à transmettre à nos descen-dants. Adapter les cultures au terroir, à l’ecosystème et non en fonction des marchés et des subventions est l’atout majeur pour la viabilité d’une ferme.

La reconquête des sols passe impé-rativement par le retour de ces pra-tiques. De même replanter massive-ment des haies, répandre sur les sols les petits rameaux coupés recréent une flore de champignons indispen-sable pour fabriquer l’humus, base de la pyramide alimentaire. Dans les champs planter des arbres frui-tiers espacés recrée des conditions favorables pour les récoltes. Ne plus laisser de sols nus. Dès la moisson, faire pousser un couvert végétal de plantes variées qui protègera le sol de l’érosion en attendant les futurs semis d’automne. Cultiver devient

complexe mais passionnant. Des recherches concernant les capacités en matière de fertilité d’une variété de plantes disponibles mais non ex-ploitées permettraient de respecter les équilibres et besoins de la terre. Moins d’engrais, moins d’engins puis-sants, interdiction de spéculer sur les denrées agricoles : le lobby indus-triel résiste farouchement. Stopper les labours qui génèrent des rejets de Co2, revenir aux semis directs qui au contraire en stockent de grandes quantités est vital.

Toilettes sèches partout où c’est possible, compostage des tonnes de matières organiques dédiées à l’inci-nération sont les atouts majeurs pour le maintien de la fertilité des sols.

« Comme les plantes qui poussent sur un sol vivant, les bêtes bien nour-ries sont rarement malades. Promou-voir une agriculture qui s’intègre dans l’évolution du vivant et non dans sa destruction nécessite : une révolution des enseignements en écoles d’agri-culture, verser à l’agriculture durable les subventions dédiées à l’agricultu-re intensive »

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Le sous-titre résume l’objectif de l’ouvrage : voir le vrai visage du nou-veau compteur électrique Linky sans se faire enfumer par ERDF.

Le livre réussit à présen-ter avec détails les enjeux liés à l’installation forcée du nouveau compteur électrique prétendument doté de toutes les quali-tés d’après le distributeur d’électricité ERDF renom-mé ENEDIS, filiale d’EDF.

Comme indiqué dans le livre, celui-ci est le pro-longement d’un travail dé-buté dans les publications du journal indépendant L’âge de faire.

Le compteur Linky par rapport aux compteurs mécaniques intègre de nouvelles technologies pour collecter et transmettre des informations sur la consommation électrique du foyer équipé dont l’objectif officiel est de se doter d’une meilleure connaissance du réseau pour mieux gérer les pics de consommation, mieux adapter la production électrique et mieux inté-grer les énergies renouvelables, ce qui en ferait un outil de la transition

énergétique. Sauf que les technologies utilisées

posent des problèmes sanitaires : uti-lisation de CPL (courants porteurs en lignes), signal électrique envoyé dans les installations électriques pour récolter les informa-tions de consommation et utilisé pour commu-niquer ces informations à un concentrateur qui enverra via ondes GSM à un centre de collecte de données d’ENEDIS. D’une part, aucune étude sérieuse n’a été menée pour évaluer les effets de

l’exposition chronique au type de CPL utilisé par les compteurs installés car pour éviter le rayonnement du CPL il faudrait que les fils électriques soient blindés et chaque appareil électrique pourrait se transformer en antenne. D’autre part, il est prévu d’instal-ler 700000 concentrateurs dont les émissions s’ajouteront aux ondes électromagnétiques déjà existantes. La communication d’ENEDIS ne ré-pond pas à ces questions.

En ce qui concerne les économies d’énergie, elles ne sont observées que

lorsque les consommateurs s’im-pliquent dans des écogestes. Et en ce qui concerne les économies, elles seront pour le gestionnaire de réseau qui pourra notamment effectuer à distance des prestations au lieu d’en-voyer un agent sur le réseau. Quant aux consommateurs, Linky étant moins souple que les compteurs mé-caniques, certains devront souscrire un abonnement plus coûteux avec une puissance plus élevée. L’installa-tion du compteur sera financée par le tarif d’utilisation des réseaux d’élec-tricité (TURPE) ajouté à la facture d’électricité. Le coût de l’opération indiqué est de 5 milliards €.

Pour la transition énergétique, il n’est pas nécessaire d’équiper chaque foyer mais cette logique est industrielle pour se positionner pour le marché européen des compteurs communicants.

ENEDIS collectera ainsi des infor-mations précises sur la vie privée, se transformant en opérateur du « Big data ». Les enjeux de l’utilisation de ces données personnelles par le mar-ché face à la protection de la vie pri-vée sont précisément expliqués.

« sexy, Linky ? » nicoLas bérard

Emmanuelle

Cet été, je me suis plongée dans un ouvrage fascinant qui retrace l’his-toire de la pollution industrielle en France. On y apprend que la pollution apparaît très tôt comme une source de nuisances tant pour l’environne-ment que pour la santé. Les premiers touchés sont les ouvriers. Les activi-tés industrielles sont contrôlées par l’Etat et plus particulièrement des ingénieurs des mines favorables au développement industriel. Les mé-decins et plus tard les inspecteurs du travail viendront montrer les dégâts causés par la pollution et inciter à da-vantage de précautions. Cependant,

force est de consta-ter que les exutoires des résidus indus-triels seront le sol, l’air et l’eau et que les populations les plus exposées sont celles qui habitent à proxi-mité des industries. « L’appréhension seule d’un pareil voisinage, pour lequel aucune précaution n’est prise, à effet d’en dérober au moins aux yeux les dégoûtantes opé-

rations et à l’odorat les émanations méphi-tiques, suffira pour dé-truire tout le charme des maisons de plaisance qui s’élèvent dans cette partie de la commune et pour en éloigner les promeneurs inoffensifs (A.D. Loire Atlantique, 1 M 1435, Nantes, 1841). » (MASSARD-GUILBAUD, 2010, p. 8). L’ouvrage qui s’appuie sur l’étude des archives est d’une richesse incroyable.

« histoire de La poLLution industrieLLe france, 1789-1914 » geneviève massard-guiLbaud

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On y apprend ainsi que pour éviter les griefs des épouses des ouvriers qui meurent contaminés par des pro-duits chimiques dans une usine, les autorités conseillent à l’industriel de n’employer que des célibataires…

Cela m’incite à penser que cette op-position qui naît dès le XIXème siècle ne semble toujours pas terminée. En effet, même si la réglementation s’est renforcée, de nombreuses in-certitudes subsistent sur bien des substances et la pollution industrielle

s’est déplacée dans les pays en voie de développement, laissant dans les territoires anciennement industriels les traces d’un développement que l’on pourrait qualifier de non durable.

Christine L

Pierre Rabhi, paysan et philosophe, a écrit ce petit livre facile à lire (139 pages) en 2008. Il est intéressant et effrayant de constater que l’état du monde ne s’est pas amélioré depuis. Or, l’avenir de notre planète ne dépend que de nous.

La préface est de Nicolas Hulot, notre actuel ministre de la Transi-tion écologique et solidaire, qui en appelle lui aussi à l’insurrection des consciences, reprenant ainsi les mots de Pierre Rabhi.

1ère partie : la TerreAprès avoir averti d’une crise ali-

mentaire mondiale qui touchera aus-si les pays dits développés, l’auteur nous énumère les nombreux signes avant-coureurs d’une pénurie mon-diale :

l’érosion accélérée des sols par l’eau, le vent, la déforestation et les pratiques aratoires inconsidérées, la salinisation accélérée des sols, la destruction des métabolismes natu-rels de la terre arable par l’agrochimie, la perte considérable d’une biodiver-sité végétale et animale sauvage et domestique, les manipulations génétiques aveugles, le brevetage et la privatisation du vivant qui dé-troussent les peuples de leur patri-moine génétique millénaire pour les rendre dépendants de semences non reproductibles (2), l’élimination des paysans qui ont toujours entretenu une alimentation diversifiée au profit de macrostructures de production, de transformation et de transports incessants, la folie « agro-necrocar-burante » qui se prépare à faire de la terre nourricière une pourvoyeuse de combustible, la surconsommation de protéines animales, la destruction des

abeilles, … et les changements clima-tiques qui ajoutent à tous ces para-mètres des facteurs imprévisibles.

Le monde est miné par ses inco-

hérences. La tragédie de la détresse alimentaire (15 à 20 000 enfants meurent chaque jour de famine) est un manquement grave, imputable à la seule conscience du genre humain, et non imputable à l’insuf-fisance des ressources car la planète recèle des ressources en surabon-dance pour satisfaire aux besoins de tous ses enfants.

P. Rabhi souligne en-

suite l’absurde logique de l’agriculture mo-derne, avec ses ravages et ses aberrations. Avec les grands boulever-sements du monde contemporain, l’agricul-ture a subi des trans-formations considérables, l’option industrielle modifiant rapidement la répartition des populations dans l’es-pace.

L’industrie chimique a produit des pesticides pour augmenter la pro-duction ; le machinisme agricole est devenu un secteur technologique à part entière permettant au cultivateur de donner à l’agriculture une orienta-tion inspirée des principes industriels.

Pour continuer sur la voie de l’ex-pansion, il a fallu stimuler de nou-veaux comportements alimentaires : toujours plus de protéines animales, puis la nourriture a cédé la place à la « bouffe », mettant en danger la sécuri-té alimentaire.

Nous devons passer du mythe du développement au mythe du déve-loppement durable, avec une réorga-nisation des ressources. Les citoyens peuvent reprendre conscience de leurs pouvoirs.

Pierre Rabhi nous propose de sor-tir de l’impasse du système écono-mique actuel pour ne pas disparaître,

de chanter la sympho-nie de la Terre (notion d’harmonie universelle de la nature),

L’écologie doit devenir un état de conscience, qui met en évidence la cohésion, l’interaction, l’interdépendance et la cohérence du vivant sous toutes ses formes.

L’auteur expose en-

suite les solutions pro-posées par l’agroécolo-gie qui est une technique inspirée des lois de la

nature, universellement applicable. Faire de l’agroécologie vise à ré-

pondre aux nécessités de la survie tout en respectant la vie sous toutes ses formes. Il s’agit de mettre les ac-quis de la modernité au service d’un projet humain : recréer des structures à taille humaine, revaloriser la mi-croéconomie et l’artisanat, …

2ème partie : l’HumanismeNous constatons que les consé-

quences des exactions commises par l’homme contre la nature se re-tournent contre lui-même. Ces ou-trances sont aujourd’hui exacerbées et accélérées sur une planète-oasis ravagée par le pillage et la loi du mar-ché.

« manifeste pour La terre et L’humanisme » pierre rabhi

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Or, nous avons la capacité de choisir, d’orienter notre destin, dans le cadre strict des conditions fondamentales établies par la nature.

L’histoire de l’humanité a également généré des valeurs qui contribuent à une authentique humanisation de destin collectif. L’auteur nous invite à nous unir pour servir et promouvoir des valeurs simples : la bienveillance à l‘égard de ceux qui nous entourent, une vie sobre pour que d’autres puissent vivre, la compassion, le par-tage, la modération, l’équité, la solida-rité, le respect et la sauvegarde de la Vie sous toutes ses formes ; en bref, ce que nous recelons de plus beau.

Utilisons les acquis positifs de la science : la technologie peut devenir un outil prodigieux d’une mutation po-sitive ; cela implique une conscience collective affranchie des peurs. L’ave-nir est subordonné plus que jamais à la maturité d’une humanité encore dangereusement infantile.

Propositions pour le changement et

la mise en commun de nos talents et nos moyens pour bâtir le monde au-trement. :

-éduquer les enfants à la solidarité, au respect de la vie, à la gratitude, à la modération et à la beauté qui s’offre

à profusion à notre admiration, aban-donner l’esprit de compétition pour la complémentarité et l’émulation, en-courager le rapprochement avec la nature,

-travailler au rééquilibrage du fémi-nin/masculin,

-respecter et prendre soin de la terre à laquelle nous devons notre vie et notre survie, ainsi qu’à tous les biens communs indispensables : l’eau, la biodiversité sauvage et domestique, les savoirs et savoir-faire utiles à l’ac-complissement de tous,

-considérer la sobriété comme un art d’être en harmonie avec soi-même, les autres et la nature,

-redonner à l’économie ses lettres de noblesse ; la sobriété volontaire et heureuse est une gageure en même temps éthique, politique, écologique et stratégique,

-aimer et prendre soin de nous-mêmes, de nos semblables, des créatures compagnes et de notre pla-nète-mère qui ne nous appartient pas mais à laquelle nous appartenons.

Changer pour ne pas disparaître est

un ultimatum irrévocable. Et pourquoi ne pas rêver d’un chan-

tier international de restauration de notre merveilleuse planète ? Le pou-voir est entre nos mains.

La postface est de Cyril Dion (co-ré-alisateur avec Mélanie Laurent en 2015 du film « Demain ») qui présente le Mouvement pour la terre et l’hu-manisme, impulsé par Pierre Rabhi et dont il est le directeur, proposant une nouvelle conception de la politique pour agir, avec des exemples de réa-lisations en lien avec ce mouvement comme les AMAP, et des propositions du mouvement.

Enfin, en annexe figure la Charte in-

ternationale pour la terre et l’huma-nisme, avec en relief ces questions :

« Quelle planète laisserons-nous à nos enfants ? »

« Quels enfants laisserons-nous à la planète ? »

(1) Sous l’impulsion de Pierre Rabhi, le

mouvement des Colibris, né en 2007, dé-fend un nouveau projet de société écolo-gique et solidaire, basée sur la sobriété, l’autonomie et le partage.

(2) Lire « Le monde selon Monsanto », de Marie-Dominique Robin.

Réflexion personnelle : les Colibris

sauront-ils faire face … aux vautours (lobbies de l’agro-industrie, milieux financiers, …) et gagner la partie ? A méditer… pour agir avant qu’il ne soit trop tard !..

Christine P.

La première chose qui frappe quand on arrive sur le lieu, c’est un sentiment d’espace …. et pourtant, on est bien dans un quartier au coeur de Roubaix ! La Ferme Urbaine du Trichon s’est construite en plusieurs étapes et a devant elle un bel avenir auquel vous pouvez aussi contribuer !

Tout commence avec la Coopérative Baraka qui ouvre ses portes en 2012. Le bâtiment bioclimatique est en bois et paille, et héberge un restaurant (où l’on mange très bien d’ailleurs ;-)) ain-si que des salles de séminaires. Ré-

gulièrement, des rencontres débats sont également organisés dans cet endroit où l’on se sent bien !

En 2015, la Coopéra-tive Baraka signe avec la ville de Roubaix une convention d’occupation transitoire du parking dé-saffecté qui lui fait face. L’idée est d’installer une petite terrasse commer-ciale et de lancer un jardin parta-gé avec le quartier. En 10 mois, une quarantaine d’habitants transfor-

ment petit à petit, chaque vendredi, cet ancien parking en ferme urbaine.

Avec des espaces de jardins parta-gés entourés de palettes, des toilettes sèches, des bacs à compost ou en-core des systèmes de récupération de pluie, on comprend vite ici que l’on est sur un espace fai-sant appel à l’ingéniosité

des habitants/fermiers urbains, dans une démarche de récupération et de ré-emploi de matériaux disponibles.

eda et Les initiatives d’agricuLture en viLLe

La ferme urbaine du trichon : un proJet innovant en pLein coeur de roubaix

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Jeudi 12 octobre 2017 Lille - Gare St Sauveur

Journée d’études energies citoyennes au service de La transition énergétique

La transition énergétique dans les Hauts-de-France, ressources et opportunités : comment les citoyens s’engagent auprès des territoires pour relever le défi ? Vous êtes invités à participer, échanger et rencontrer les intervenants universitaires (géologues, sociolo-gues, politologues) ainsi que les élus et techniciens des collectivités engagés dans ces démarches.Inscriptions sur :https://www.weezevent.com/energies-citoyennes-au-service-de-la-transition-energetique

Samedi 14 novembre 2017 Lille - Gare St Sauveur – 9h - 17h30

après nos deux premières éditions radioprotection dans Le domaine médicaL tous concernés – 3ème rencontre… !

Après 2013 puis 2015, l ‘Association Environnement Développement Alternatif en partenariat avec le Ré-seau Santé Qualité Hauts de France organise une 3ème rencontre ayant pour objectifs d’évoquer :> Le souci permanent de la protection des personnels et des patients tout au long du parcours de soins, dans les établissements hospitaliers, à domicile mais aussi dans d’autres disciplines> Les recherches en radio sensibilité des tissus irradiés, effets à long terme des rayon-nements ionisants sur les tissus sains à anticiper grâce à une connaissance plus fine de leurs évolutions potentielles> L’importance de l’information en équipe, de temps d’échanges et surtout de l’écoute de tous les acteurs> Le dialogue constant entre praticiens et le patient, acteur à part entière dans l’adap-tation des traitements

Une journée entière dédiée aux échanges entre intervenants et participantsInscriptions sur : www.reseausantequalite.com

ag

en

da

Environnement et Développement Alternatif23 rue Gosselet, 59000 Lille Tél : 03 20 52 02 12 Fax : 03 20 86 26 06

Membre de la MRES Site internet : www.eda-lille.org

Co-financé par la DREALNORD PAS DE CALAIS Mise en page : Céleste Josèphe

Ce qui est intéressant, c’est que la dynamique à l’œuvre sur le jardin par-tagé donne des idées et des envies collectives. Au-delà des 3 000m2 du parking désaffecté, pourquoi ne pas imaginer une ferme urbaine sur les 6000m2 de la friche contiguë et même dans les locaux voisins que l’Univer-

sité de Lille vient d’abandonner ?C’est là qu’un monde des possibles

s’ouvre pour une ferme urbaine par-ticulièrement innovante et véritable laboratoire des solutions de demain !

Pour visualiser l’espace potentiel-lement disponible voici une vue d’en haut des différents espaces ...y’a de

quoi faire, non ? Vous le voyez, le projet est en pleine

élaboration et toutes les bonnes vo-lontés et initiatives sont les bienve-nues.

Venez, vous aussi apporter vos idées et votre énergie à ce projet plein d’avenir !

20 rue de Sébastopol, à Roubaix - http://cooperativebaraka.frhttps://agriculture-urbaine-metropole-lille.com/

Grégoire