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RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE Septembre 2013 | Numéro 9 Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich Production végétale Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures Page 368 Production végétale Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse Page 394 Eclairage Série ProfiCrops: La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses Page 402

Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

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Page 1: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe

S e p t e m b r e 2 0 1 3 | N u m é r o 9

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Production végétale Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures Page 368

Production végétale Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse Page 394

Eclairage Série ProfiCrops: La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs

envers les produits suisses Page 402

Page 2: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Changements à la Haute école des sciences agrono-miques, forestières et alimentaires HAFL: un bâti-ment neuf, une nouvelle direction et une nouvelle régie (la HES bernoise). (Photo: HAFL)

ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

EditeurAgroscope

Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW;

Agroscope Liebefeld-Posieux et Haras national suisse ALP-Haras; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART), www.agroscope.ch

b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.blw.chb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.chb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.chb Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,

Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch

Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]

Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]

Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP-Haras), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich)

AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch

AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, e-mail: [email protected], Fax +41 26 407 73 00

Changement d'adressee-mail: [email protected], Fax +41 31 325 50 58

Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch

ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse

© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

367 Editorial

Production végétale

368 Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures Patrik Mouron et al.

Production végétale

376 Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre Stève Breitenmoser et Robert Baur

Production végétale

384 Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices

Claude-Alain Gebhard et al.

Production végétale

394 Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse

Ulrich Schaller et al.

Eclairage – Série ProfiCrops

402 La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses

Anna Crole-Rees, Martina Spörri, Johannes

Rösti et Christine Brugger

Eclairage

406 Culture du colza: des scientifiques de quatre continents font le point à Changins

Didier Pellet et Alice Baux

408 Portrait

409 Actualités

411 Manifestations

SommaireSeptembre 2013 | Numéro 9

Page 3: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Editorial

367Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 367, 2013

Axer la formation et la recherche sur la pratique

Chère lectrice, cher lecteur,

L’agriculture suisse est confrontée à des défis multiples et toujours plus nom-

breux. Seuls de bons spécialistes et des approches innovantes permettront

d’y faire face et de saisir de nouvelles chances. La Haute école des sciences

agronomiques, forestières et alimentaires HAFL compte, avec sa nouvelle

direction et en tant que département de la HES bernoise, continuer à appor-

ter sa contribution dans ce domaine. Notre institution propose des études de

bachelor basées sur des connaissances scientifiques et ancrées dans la pra-

tique; dans le master, elle forme des experts qualifiés, possédant de hautes

compétences méthodologiques, pour toute la filière agricole suisse. Des

compétences très recherchées sur le marché du travail, ainsi que le confirme

l’étude portant sur le secteur agroalimentaire publiée en juin 2013.

La formation dans une HES doit toutefois être liée à la recherche. A l’ori-

gine, c’est la raison qui nous a poussés à instituer nos activités de recherche.

Entre-temps, ces dernières sont devenues partie intégrante de notre mandat

de prestations. Elles comptent désormais au rang des «affaires courantes» et

constituent depuis longtemps un domaine à part entière. Nous privilégions

des approches innovantes pour traiter les sujets actuels du monde pratique

et développer des solutions porteuses d’avenir. Les petits projets sont gérés

au sein de l’école; pour les projets plus importants, la coopération avec

d’autres instituts est recherchée.

Les conditions générales applicables aux HES précisent que la recherche

doit y être financée par des tiers, car les fonds publics sont presque exclusi-

vement octroyés pour l’acquisition et le développement des compétences.

Nous sommes donc axés sur les besoins de la pratique tout en accordant une

importance particulière au transfert des connaissances – ce qui correspond

aussi à notre mandat en tant que HES.

Un autre point important à nos yeux est l’orientation stratégique de la

recherche. Nous travaillons actuellement à définir nos futures activités, dans

le but de continuer à les consolider et de mieux les profiler.

Les grands défis qui se posent dans le secteur requièrent des solutions. La

HAFL, en tant que partenaire de confiance, est prête à apporter sa contribu-

tion dans ce domaine; une contribution qui se traduit par une formation,

une formation continue et des activités de recherche axées sur la pratique.

Magdalena Schindler, directrice de la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL

Page 4: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

368 Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013

Lorsqu’un traitement contre le doryphore ou les criocères des céréales s’avère nécessaire dans les cultures conventionnelles, c’est en appli-quant Audienz (spinosad) que l’impact sur la durabilité est le moins important en termes de préservation des auxiliaires, de risque écolo-gique et de rentabilité. (Photos: ART, Gabriela Brändle)

I n t r o d u c t i o n

Les prestations écologiques requises (PER) supposent des

restrictions dans l’application d’insecticides dans les

cultures de céréales et de pommes de terre selon l’an-

nexe 6, chiffre 6.2 de l’Ordonnance sur les paiements

directs (RS 910.13). Les insecticides peu sélectifs suscep-

tibles de perturber l’effet régulateur des auxiliaires ne

peuvent être utilisés qu’après l'octroi d’une autorisation

spéciale délivrée par le service phytosanitaire cantonal

compétent. Cette règle PER est remise en question par

les agricultrices et les agriculteurs et par les organes

d’exécution proprement dits. Les agriculteurs consi-

dèrent la demande d’une autorisation spéciale comme

une entrave administrative et déplorent que les produits

nécessitant une autorisation spéciale soient plus actifs et

soient également moins chers que les produits appli-

cables sans autorisation. Quant aux organes d’exécution

proprement dits, ils souhaiteraient réduire le coût des

autorisations spéciales. C’est pourquoi, dans le cadre de

la politique agricole 2014−2017, l’OFAG souhaiterait

revoir les règles PER remises en question et si nécessaire

les adapter. Afin d’effectuer cet examen sur des bases

scientifiques actuelles, en 2012, l’OFAG a chargé

Agroscope d’effectuer l’étude présentée ici. Un groupe

d’experts a été formé pour l’étude, comprenant des

scientifiques, mais aussi des spécialistes cantonaux de la

protection des plantes et des agriculteurs.

M é t h o d e

Déroulement de l’évaluation de l’impact sur la durabilité

L’impact sur la durabilité a été évalué selon le schéma de

la méthode «SustainOS». Cette méthode a été dévelop-

pée entre 2008−2010 dans le cadre du projet UE ENDURE

(http://www.endure-network.eu/), afin de comparer les

stratégies de protection des plantes dans les cultures

fruitières et testée dans cinq pays européens (Naef et al.

2011; Mouron et al. 2012).

Paramètres contextuels et paramètres-cibles

La description du système pour les céréales et les pommes

de terre a été effectuée sur une parcelle modèle d’un

hectare pendant une année, sachant que les valeurs (p.

Patrik Mouron1, Chiara Calabrese1, Stève Breitenmoser2, Simon Spycher3 et Robert Baur3

1Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon 1, 8356 Ettenhausen, Suisse2Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1, Suisse3Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil, Suisse

Renseignements: Patrik Mouron, e-mail: [email protected], tél. +41 44 377 72 23

Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Page 5: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures | Production végétale

369

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Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013

Dans le cadre des prestations écologiques

requises (PER), l’utilisation d‘insecticides

homologués dans les cultures de céréales et

de pommes de terre en Suisse requiert des

autorisations spéciales lorsque les produits

sont considérés comme peu respectueux des

auxiliaires. Pour évaluer l’effet de cette

directive PER, une variante de référence

appliquant la directive a été comparée à

d’autres variantes avec insecticides. L’impact

sur la durabilité a également été évalué, à

l’aide de la méthode SustainOS. Celle-ci

prend en compte non seulement la préserva-

tion des auxiliaires, mais aussi les risques

écotoxicologiques et la rentabilité. Les

résultats montrent que, pour lutter contre les

criocères des céréales, une application unique

d’Audienz (spinosad) améliorerait significati-

vement la durabilité par rapport aux insecti-

cides de référence (Nomolt [téflubenzuron]

+ Biscaya [thiaclopride]). Dans le cas du dory-

phore par contre, où Audienz est considéré

comme la référence, aucune alternative n’a

pu être trouvée pour améliorer la durabilité.

L’étude montre également que les variantes

utilisant Novodor (Bacillus thuringiensis)

préservent certes les auxiliaires, mais

impliquent un risque accru pour les récoltes

et des coûts plus élevés. Par conséquent, on

peut recommander de ne pas modifier la

directive PER pour le doryphore et de

l’adapter pour les criocères des céréales.

ex. pour les quantités de récolte) sont basées sur la

moyenne annuelle et qu’elles sont, de l’avis des experts,

représentatives de la Suisse. Toutes les activités ont été

définies, du travail du sol jusqu’à la récolte. L’étude

repose sur l’hypothèse que les seuils de tolérance étaient

dépassés pour les criocères des céréales (Oulema spp.) et

pour le doryphore (Leptinotarsa decemlineata [Say

1824]) et les pucerons (différentes espèces) dans les

cultures de pommes de terre. Concernant les maladies

fongiques, on suppose une pression moyenne dans les

deux cultures. Les principaux paramètres-cibles étaient

que les récoltes soient acceptées à la livraison, et que les

bonnes pratiques de gestion des résistances soient res-

pectées.

Variantes de protection des plantes

Compte tenu des paramètres contextuels et des para-

mètres-cibles fixés, le groupe d’experts a défini des plans

de protection des plantes adaptés à la pratique. Pour le

choix des insecticides, trois variantes de base ont été

définies par rapport au respect des auxiliaires:

Variantes A: Sans restrictions. C’est-à-dire que tous les

insecticides autorisés en 2012 peuvent être employés

sans autorisation spéciale.

Variantes B: Restrictive. Seuls peuvent être utilisés les

insecticides qui n’avaient pas besoin d’une autorisation

pour les PER en 2012.

Variantes C: Autorisations spéciales comme en 2012. les

autorisations spéciales sont acceptées lorsque le seuil de

tolérance est dépassé et que l’application d’inhibiteurs

de mue n’est plus suffisamment efficace contre les larves

des criocères des céréales et du doryphore.

Le tableau 1 récapitule toutes les variantes de protection

des plantes définies par le groupe d’experts. Seule l’ap-

plication des insecticides est modulée. Concernant les

fongicides, les herbicides et les régulateurs de croissance,

les mêmes hypothèses sont posées pour toutes les

variantes d’une même culture. Comme les insecticides

sont souvent épandus mélangés à un fongicide, le

nombre de trajets est souvent inférieur au nombre de

produits phytosanitaires épandus.

La combinaison utilisée comme référence est celle

appliquée le plus fréquemment selon le groupe d’ex-

perts.

Méthodes d’analyse quantitatives

La méthode et les résultats de l’analyse de préservation

des auxiliaires (Coccinellidae, Chrysopidae, Syrphidae et

hyménoptères parasitoïdes) font l’objet d’un autre

article dans ce numéro de Recherche Agronomique

Suisse (Breitenmoser et Baur 2013).

L’analyse du risque écologique pour les organismes

vivant dans l’eau et le sol a été réalisée à l’aide du

modèle «Synops» développé à l’Institut Julius-Kühn

(Gutsche et Strassemeyer 2007). La simulation prend en

compte les poissons, les invertébrés aquatiques, les

plantes aquatiques, les algues et les vers de terre. Pour

le calcul des risques, la toxicité (Toxicity) du principe

actif pour ces groupes d’organismes est mise en rela-

tion avec sa concentration (Exposure). Cette méthode

permet d’obtenir le rapport Exposure-Toxicity-Ratio

(ETR) comme mesure du risque, sachant que: ETR =

Exposure / Toxicity.

Pour l’analyse économique, un calcul des coûts com-

plets a été effectué pour chaque variante de protection

des plantes. Le calcul des coûts complets oppose les

prestations, composées des recettes et des paiements

directs, aux coûts de production totaux, eux-mêmes

Page 6: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Production végétale | Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures

370 Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013

composés des coûts spécifiques et des coûts de structure,

afin de déterminer les bénéfices ou les pertes. Si par

exemple, le seuil de rentabilité est juste atteint, cela

signifie que les coûts de production totaux sont cou-

verts, y compris le salaire horaire pris comme hypothèse,

soit CHF 28.−/h (Gazzarin 2011). De même, un revenu du

travail calculé supérieur à CHF 28.–/h, signifie qu’un

bénéfice a été réalisé. Les coûts totaux de protection des

plantes comprennent outre le coût des produits, le coût

du travail, des machines et des bâtiments (Gazzarin

2011), ce qui explique que le nombre des passages influe

considérablement sur le niveau des coûts.

Evaluation de l’impact sur la durabilité

La figure 1c-e présente l’arbre d’évaluation tel qu’il a été

utilisé dans cette étude. Les attributs ont été sélection-

nés selon la méthode SustainOS et classés par ordre hié-

rarchique. Les attributs de base (en gris) se réfèrent aux

résultats des analyses quantitatives. Seul l’attribut de

base «risque de récolte» repose sur une estimation du

groupe d’experts. Dans notre étude, aucune analyse de

cycle de vie n’a été effectuée car les variantes se diffé-

rencient peu les unes des autres en termes d’énergie et

de consommation des ressources. Les attributs écolo-

giques sont représentés du côté gauche de l’arbre d’éva-

luation (en bleu) et les attributs économiques du côté

droit (en rouge). Tous les attributs de l’arbre d’évalua-

tion ont été pondérés de la même manière, à l’exception

du risque chronique (pondération de 67 %) et du risque

aigu (pondération de 33 %). Le risque chronique s’est vu

accorder plus de poids, car dans la pratique des cultures

de céréales et de pommes de terre, les concentrations

élevées nécessaires pour obtenir des effets aigus sont

plus rares que les concentrations généralement basses

liées aux risques chroniques potentiels.

Pour intégrer les résultats quantitatifs des analyses

dans les attributs de base évalués, cinq catégories d’éva-

luation ont été définies par rapport à la variante de réfé-

rence (VR): 1 = bien plus mauvaise que VR; 2 = plus mau-

vaise que VR; 3 = semblable à VR; 4 = meilleure que VR;

5 = bien meilleure que VR.

Comme les résultats de l’analyse de préservation des

auxiliaires et des risques écologiques étaient disponibles

pour cinq catégories d’évaluation, il allait de soi de les

attribuer aux catégories relatives de durabilité. Les attri-

buts de base de la durabilité économique (coûts de pro-

Céréales

VarianteInsecticide

(nom commercial)

Quantité de prin-cipe actif (subs-

tance active g/ha)

Coûts de pro-duits (CHF/ha)

Risque de récolte par rapport aux

insecticides (variabilité)

Fongicides/ Herbi-cides/Régulateurs

de croissance (nombre)

Mélanges de réservoir

(nombre)

Total des passages (nombre)

A1 Biscaya* 58 33 +/- 5 % 2/ 1/ 1 1 4

B1 Nomolt et Audienz* 60 et 48 78 et 62 +/- 7 % 2/ 1/ 1 1 5

B2 Audienz* 48 62 +/- 7 % 2/ 1/ 1 1 4

C1 Référence Nomolt et Biscaya* 60 et 58 78 et 33 +/- 5 % 2/ 1/ 1 1 4

Pommes de terre

A1 Karate* et Biscaya* 8 et 48 18 et 33 +/- 15 % 13/ 2/ 0 3 14

A2 Biscaya* (2x) 48 (2x) 33 (2x) +/- 15 % 13/ 2/ 0 3 14

B1 Nomolt, Audienz et Plenum* 38, 24 et 150 49, 31 et 84 +/- 15 % 13/ 2/ 0 4 14

B2 Novodor, Audienz et Plenum* 120, 24 et 150 192, 31 et 84 +/- 15 % 13/ 2/ 0 4 14

B3 Novodor (2x) et Plenum* 120 (2x) et 150 192 (2x) et 84 +/- 20 % 13/ 2/ 0 4 14

C1 Référence (D ≠ P)

Audienz et Plenum* 24 et 150 31 et 84 +/- 15 % 13/ 2/ 0 3 14

C2 (D + P) Audienz et Biscaya* 24 et 48 31 et 33 +/- 15 % 13/ 2/ 0 3 14

Tableau 1 | Définition des variantes insecticides selon l’hypothèse que les seuils de tolérance sont dépassés pour les criocères des céréales et pour le doryphore et les pucerons dans les cultures de pommes de terre

*Insecticides nécessitant une autorisation spéciale selon la règle PER de 2012. (D ≠ P): Les doryphores ne sont pas présents en même temps que les pucerons. (D + P): Les doryphores sont présents en même temps que les pucerons.Insecticides: dans les céréales: contre les criocères des céréales; insecticides dans les pommes de terre: contre le doryphore et les pucerons Nom commercial (principe actif/ catégorie) des insecticides: Audienz (spinosad/ spinosyne); Biscaya (thiaclopride/ néonicotinoïde); Karate (lambda-cyhalothrine/ pyréthri-noïde); Nomolt (téflubenzuron/ inhibiteur de mue); Novodor (Bacillus thuringiensis/ bioinsecticide); Plenum (pymétrozine/ pyridine-azométhrine).Pour les maladies fongiques et les adventices, l’hypothèse est celle d’une pression moyenne.Nombre de fongicides / herbicides/ régulateurs de croissance dans les céréales: 2/ 1 / 1 avec pour les fongicides (principes actifs): Amistar Xtra (azoxystrobine, cyproconazole) et Input (spiroxamine, prothioconazole); nombre de fongicides / herbicides dans les pommes de terre: 13/ 2 de la totalité pour les fongicides 5x Mancozeb (= 4,5 x dose complète); pour toutes les variantes de protection des plantes d’une culture, on a choisi le même plan de traitement pour les fongicides.Les prix se réfèrent aux produits phytosanitaires pour les cultures en plein champ, moyenne 2009–2011, sans rabais (Brenner et Hochstrasser 2011).

Page 7: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures | Production végétale

371Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013

Pommes de terre: limites pour la catégorie 4 et 5, lorsque

les coûts sont de CHF 163.– resp. 968.– /ha inférieurs par

rapport à VR; limites pour la catégorie 2 et 1, lorsque les

coûts sont de CHF 240.– resp. 1024.–/ha plus élevés que 

la référence. Coûts totaux de production de VR:

CHF 17 483.–/ha

Résultats pour les céréales

La variante de référence – pour laquelle on a d’abord

employé l’inhibiteur de mue Nomolt contre les criocères

des céréales, puis après obtention d’une autorisation spé-

ciale le néonicotinoïde Biscaya – représente selon les

experts la situation correspondant aux règles PER en

2012. L’analyse de la référence montre que Nomolt n’agit

parfois pas de manière fiable contre les larves des crio-

cères des céréales du fait de sa période d’action limitée et

que Biscaya obtient certes de très bons résultats, mais

nuit gravement aux auxiliaires. La durabilité globale éco-

logique et économique de cette variante de référence est

dépassée par deux des trois variantes alternatives. La

figure 2a montre qu’il s’agit des variantes B2 (Audienz) et

A1 (Biscaya), qui obtiennent des évaluations de durabi-

duction par ha, revenu par ha et risque de récolte) ont

été attribués aux catégories de durabilité 1 à 5 en raison

de leur effet sur le salaire horaire. Pour les catégories

d’évaluation 2 et 4, la limite à partir de laquelle la diffé-

rence par rapport au salaire horaire était considérée

comme significative a été fixée à +/−5 % par le groupe

d’experts. Pour les catégories d’évaluation 1 et 5, la

limite a été fixée à +/−20 % par rapport à VR. Lorsque le

salaire horaire s’écartait moins de +/−5 % par rapport à

la variante de référence, il était attribué à la catégorie

d’évaluation 3 (comme la VR). Comme le salaire horaire

calculé de la variante de référence est de CHF 25.− pour

les céréales et de CHF 39.− pour les pommes de terre,

voici comment se répartit l’évaluation de la durabilité

par culture:

Céréales: limites pour la catégorie 4 et 5 (4 meilleure

et 5 bien meilleure que VR), lorsque les coûts sont de

CHF 66.− resp. 266.– /ha inférieurs par rapport à VR;

limites pour la catégorie 2 et 1 (2 mauvaise, 1 bien plus

mauvaise que VR), lorsque les coûts sont de CHF 67.–

resp. 266.– /ha plus élevés que VR. Coûts totaux de pro-

duction de VR: CHF 5596.– /ha

(e)

(d)

(c)

(b)

(a)

Définition des différentes variantes de protection des plantes dans le cadre de paramètres contextuels et de paramètres-cibles définis par des experts

Eval

uatio

n de

s ex

pert

s(E

)

Méthodes d’analyse quantitativesPréservation des auxiliaires (P), risque environnemental (R), calcul des coûts complet (C)

Description du système pour les cultures de céréales et de pommes de terre

Durabilité globale écologique-économique

50%

Durabilité écologique

50%

Durabilité économique

50%

Risque écologique

50%Préservation

des auxiliaires (P)

33% 33% 33%Coûts de

production par ha (C)

Revenu par ha

(C)

Risque de récolte (E)

Risque aquatique Risque terrestre

50% 50%

33% 67% 33% 67%

Risque aquatique

aigu (R)

Risque aquatique

chronique (R)

Risque terrestre aigu (R)

Risque terrestre

chronique (R)

Figure 1 | Illustre les différentes étapes de l’évaluation de l’impact sur la durabilité, telle qu’appliquée aux céréales et aux pommes de terre par le groupe d’experts de cette étude.

Page 8: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Production végétale | Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures

372 Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013

lité globale nettement supérieures à 3,0. La durabilité

globale de la variante B1 (Nomolt et Audienz) est légère-

ment moins bonne que celle de la variante de référence.

Les figures 2b-d permettent de suivre les résultats de la

durabilité globale par rapport aux niveaux des attributs

secondaires. Il est intéressant de voir que les deux meil-

leures variantes obtiennent un meilleur classement de

durabilité globale que la variante de référence, ce, pour

des raisons très différentes. La variante B2 (Audienz) a un

net avantage par rapport à la variante de référence pour

la durabilité écologique où elle obtient une note de 4,33

(fig. 2b). Ceci s’explique par une préservation nettement

meilleure des auxiliaires (5,0) et un meilleur facteur de

risque écologique (3,67) (fig. 2c). En ce qui concerne les

attributs économiques, la variante B2 (Audienz) a toute-

fois des avantages et des inconvénients par rapport à la

variante de référence. Tandis que le risque de récolte est

plus élevé et par conséquent les quantités de récolte pré-

vues plus faibles (fig. 2d), les coûts de production sont

plus bas, car elle économise un passage (CHF 77.–/ha pour

la machine et la main-d’œuvre) et les coûts de Nomolt

(CHF 78.–/ha). Comme cet avantage de coûts arrive tout

juste à compenser les recettes plus basses (quantités de

récolte inférieures), le revenu obtenu ne se distingue pas

de manière significative de la variante de référence.

Dans la variante A1, qui par rapport à la référence,

renonce à l’emploi de Nomolt et applique une fois Bis-

caya, le risque de récolte ne s’accentue pas grâce à l’effi-

cacité très élevée de Biscaya, ce qui veut dire que la

quantité de récolte attendue est la même que dans la

variante de référence. Par conséquent, l’avantage en

termes de coûts (pas de Nomolt et un passage en moins)

se traduit par une amélioration du revenu en consé-

quence (fig. 2d).

Résultats pour les pommes de terre

La variante de référence qui représente la pratique

actuelle dans le respect des règles PER en 2012, prévoit

un traitement avec Audienz contre le doryphore (aucune

autorisation spéciale nécessaire) et un traitement contre

les pucerons avec Plenum (autorisation spéciale exigée)

à supposer que les deux ravageurs aient dépassé le seuil

de tolérance. La durabilité globale écologique-écono-

mique de la variante de référence n’est dépassée par

aucune des six variantes alternatives. Parmi les variantes

alternatives, la variante B2, dans laquelle contrairement

à la variante de référence une application supplémen-

taire du bioinsecticide (Bacillus thuringiensis) a lieu

avant l’emploi d’Audienz, est celle qui atteint la meil-

leure rentabilité globale, avec 3,0, soit presque aussi

Figure 2 | Résultats de l’évaluation de l’impact sur la durabilité des insecticides utilisés contre les criocères des céréales.

3,67

3,33 2,92

0

1

2

3

4

5 B2 (Audienz)

A1 (Biscaya) B1 (Nomolt et Audienz)

Durabilité écologique-économique

Durabilité écologique

Durabilité économique

3,67

3,33 2,92

B2 (Audienz)

A1 (Biscaya) B1 (Nomolt et Audienz)

Durabilité écologique-économique

Variante de référence

0

1

2

3

4

5

B2 (Audienz)

A1 (Biscaya)

B1 (Nomolt et Audienz)

Préservation des auxiliaires Risque écologique

0

1

2

3

4

5 B2 (Audienz)

A1 (Biscaya) B1 (Nomolt et Audienz)

Coûts de production Risque de récolte Revenu

0

1

2

3

4

5

3,67

3,33 2,92

0

1

2

3

4

5 B2 (Audienz)

A1 (Biscaya) B1 (Nomolt et Audienz)

Durabilité écologique-économique

Durabilité écologique

Durabilité économique

3,67

3,33 2,92

B2 (Audienz)

A1 (Biscaya) B1 (Nomolt et Audienz)

Durabilité écologique-économique

Variante de référence

0

1

2

3

4

5

B2 (Audienz)

A1 (Biscaya)

B1 (Nomolt et Audienz)

Préservation des auxiliaires Risque écologique

0

1

2

3

4

5 B2 (Audienz)

A1 (Biscaya) B1 (Nomolt et Audienz)

Coûts de production Risque de récolte Revenu

0

1

2

3

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5

a b

c d

Page 9: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures | Production végétale

373Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013

Audienz, obtient 2,75 comme note de durabilité globale

(fig. 3a), bien que la double application de Novodor lui

apporte des avantages par rapport à la référence en ce

qui concerne le risque écologique (3,33) et qu’elle

obtienne un résultat semblable à celui de la variante de

référence pour la préservation des auxiliaires (fig. 3c).

Les avantages écologiques vont toutefois de pair avec

des coûts supplémentaires de CHF 353.–/ha. Cette

variante n’apportant aucun atout en termes de risque

de récolte, son revenu est également plus bas que celui

de la variante de référence. Globalement, les inconvé-

nients économiques priment sur les avantages écolo-

giques dans la variante B3 par rapport à la variante de

référence (fig. 3b).

Les quatre autres alternatives (C2, B1, A1, A2) affichent

toutes le même profil. Aucune ne se distingue de manière

significative de la variante de référence en termes de ren-

tabilité alors qu’elles affichent des inconvénients évi-

dents en termes de durabilité écologique (fig. 3b, 3c).

Les variantes étudiées emploient l’insecticide Ple-

num (pymétrozine) contre les pucerons dans les pommes

de terre. Il est également possible d’utiliser Teppeki (flo-

bien que la référence (fig. 3a). Les figures 3b-c montrent

que la variante B2 ne se distingue pas non plus de

manière significative de la variante de référence pour

tous les attributs secondaires, puisqu’elle obtient par-

tout la note de 3,0. Cela peut peut-être paraître éton-

nant au vu des coûts de production, parce que B2 com-

prend un traitement supplémentaire à base de Novodor

par rapport à la référence. C’est pourquoi toutes les

variantes comprennent un total de 14 passages. Effecti-

vement, cela entraîne des coûts supplémentaires de CHF

192.–/ha, ce qui se traduit par une baisse de moins de 5 %

du salaire horaire. On ne comptabilise aucun coût sup-

plémentaire pour les machines et la main-d’œuvre, car

14 passages par hectare et par an ont été définis à la

base pour la variante de référence et les variantes alter-

natives. Comme ces passages sont essentiellement dus à

l’épandage de fongicides (tabl. 1), des insecticides sup-

plémentaires peuvent être ajoutés dans le réservoir et

épandus simultanément.

La variante B3 (deux fois Novodor et Plenum), qui

contrairement à la variante de référence applique deux

fois Novodor contre le doryphore au lieu d’une fois

3,00

2,75

2,63

2,58

2,50

2,50

0

1

2

3

4

5

B2 (Novodor, Audienz et Plenum)

B3 (Novodor (2x) et Plenum)

C2 (Audienz et Biscaya)

B1 (Nomolt, Audienz etPlenum)

A1 (Karate et Biscaya)

A2 (Biscaya (2x))

Durabilité écologique-économique Durabilité écologique Durabilité économique

3,00

2,75

2,63

2,58

2,50

2,50

0

1

2

3

4

5

B2 (Novodor, Audienz et Plenum)

B3 (Novodor (2x) et Plenum)

C2 (Audienz et Biscaya)

B1 (Nomolt, Audienz et Plenum)

A1 (Karate et Biscaya)

A2 (Biscaya (2x))

Durabilité écologique-économique Variante de référence

0

1

2

3

4

5

B2 (Novodor, Audienz etPlenum)

B3 (Novodor (2x) et Plenum)

C2 (Audienz etBiscaya)

B1 (Nomolt, Audienz et Plenum)

A1 (Karate et Biscaya)

A2 (Biscaya (2x))

Préservation des auxiliaires Risque écologique

0

1

2

3

4

5

B2 (Novodor, Audienz et Plenum)

B3 (Novodor (2x) et Plenum)

C2 (Audienz et Biscaya)

B1 (Nomolt, Audienz etPlenum)

A1 (Karate etBiscaya)

A2 (Biscaya (2x))

Coûts de production Risque de récolte Revenu

Figure 3 | Résultats de l’évaluation de l’impact sur la durabilité des insecticides utilisés contre le doryphore et les pucerons.

c d

3,00

2,75

2,63

2,58

2,50

2,50

0

1

2

3

4

5

B2 (Novodor, Audienz et Plenum)

B3 (Novodor (2x) et Plenum)

C2 (Audienz et Biscaya)

B1 (Nomolt, Audienz etPlenum)

A1 (Karate et Biscaya)

A2 (Biscaya (2x))

Durabilité écologique-économique Durabilité écologique Durabilité économique

3,00

2,75

2,63

2,58

2,50

2,50

0

1

2

3

4

5

B2 (Novodor, Audienz et Plenum)

B3 (Novodor (2x) et Plenum)

C2 (Audienz et Biscaya)

B1 (Nomolt, Audienz et Plenum)

A1 (Karate et Biscaya)

A2 (Biscaya (2x))

Durabilité écologique-économique Variante de référence

0

1

2

3

4

5

B2 (Novodor, Audienz etPlenum)

B3 (Novodor (2x) et Plenum)

C2 (Audienz etBiscaya)

B1 (Nomolt, Audienz et Plenum)

A1 (Karate et Biscaya)

A2 (Biscaya (2x))

Préservation des auxiliaires Risque écologique

0

1

2

3

4

5

B2 (Novodor, Audienz et Plenum)

B3 (Novodor (2x) et Plenum)

C2 (Audienz et Biscaya)

B1 (Nomolt, Audienz etPlenum)

A1 (Karate etBiscaya)

A2 (Biscaya (2x))

Coûts de production Risque de récolte Revenu

a b

Page 10: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

374

Production végétale | Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013

nicamide). Plenum comme Teppeki peuvent être consi-

dérés comme des produits neutres sans effets secon-

daires sur les auxiliaires (cf. article correspondant dans

ce numéro, Breitenmoser et Baur 2013).

D i s c u s s i o n

Cette étude a montré que lorsque le seuil de tolérance

était dépassé, aussi bien pour les criocères des céréales

que pour le doryphore, Audienz préserve davantage les

auxiliaires que Biscaya, ce qui veut dire qu’Audienz satis-

fait mieux l’objectif de la règle PER. Si, outre l’effet sur

les auxiliaires, d’autres attributs autant écologiques

qu’économiques, Audienz montre encore une durabilité

globale plus élevée que Biscaya. Actuellement, l’utilisa-

tion d’Audienz ne nécessite pas d’autorisation spéciale

dans les cultures de pommes de terre dans le cadre des

PER. L’idée serait donc d’ajouter les surfaces de céréales

aux surfaces d’application autorisées. Le risque de résis-

tances contre Audienz s’en trouverait-il accru? Le groupe

d’experts de l’étude est d’avis qu’aussi longtemps que le

pourcentage de surface «Extenso» (stricte interdiction

des herbicides et des fongicides) reste d’environ 50 % et

plus dans les céréales et que la fréquence des traite-

ments insecticides dans les cultures céréalières reste

faible en moyenne, le risque que des résistances se déve-

loppe devrait être minime. Il ne faut pas oublier non plus

que lorsque la pression des criocères des céréales est

faible, un traitement de Nomolt devrait suffire. Dans les

pommes de terre, où la tolérance aux dommages est très

faible, en pratique, presque personne ne se fierait seule-

ment à Nomolt ou Novodor. La toxicité des produits

pour les abeilles n’a pas été évaluée de manière explicite

comme attribut de durabilité, car selon les experts, les

abeilles ne sont pas présentes en grand nombre, ni dans

les céréales, ni dans les pommes de terre. Il reste néan-

moins un risque lorsque l’offre de fleurs est pauvre dans

la région et que parallèlement, les abeilles sont attirées

dans les céréales ou dans les pommes de terre par le mié-

lat produit par les pucerons.

Pendant les études, on a constaté que les données

relatives à l’effet des insecticides sur les auxiliaires ne

s’appuyaient souvent pas assez sur des relevés actuels de

terrain. Par ailleurs, on ne peut pas exclure que les fon-

gicides eux-mêmes, surtout en cas d’applications répé-

tées sur la même parcelle et durant la même année,

comme c’est le cas pour les pommes de terre, aient un

impact très négatif sur les auxiliaires. Là non plus, on ne

dispose pratiquement d’aucune donnée de terrain.

Comme à partir de 2014, la protection intégrée des

plantes sera introduite sur l’ensemble du territoire de

tous les pays de l’UE, les données de terrain sur la protec-

tion des auxiliaires susciteront davantage d’intérêt –

chez les utilisateurs comme chez les fabricants de pro-

duits phytosanitaires.

C o n c l u s i o n s

Dans l’hypothèse d’un dépassement des seuils de tolé-

rance pour les criocères des céréales et le doryphore,

l’évaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité

a permis d’étudier différentes variantes de protection

des plantes adaptées à la pratique. On a constaté qu’il

s’agissait essentiellement de comparer les deux insecti-

cides Audienz (spinosad/ spinosyne) et Biscaya (thiaclo-

pride / néonicotinoïde). A partir de cette étude, les

recommandations suivantes peuvent être établies pour

les règles PER:

•• Parmi les insecticides étudiés, on pourrait désormais

également autoriser l’application d’Audienz (spinosad)

contre les criocères des céréales, sans exigence d’autori-

sation spéciale dans le cadre de l’Ordonnance sur les

paiements directs pour les PER. Par contre, l’emploi de

Biscaya devrait continuer à nécessiter une autorisation

spéciale, car cet insecticide préserve nettement moins

les auxiliaires. Le net avantage d’Audienz en ce qui

concerne la préservation des auxiliaires par rapport à

Biscaya s’accompagne toutefois de quelques inconvé-

nients économiques. Tous les attributs étudiés confon-

dus, Audienz n’en affiche pas moins la meilleure

durabilité. L’autorisation d’Audienz dans les céréales

simplifierait également l’application de la législation en

cas de forte pression des ravageurs, car un produit

efficace serait alors disponible sans autorisation spéciale.

•• Concernant la lutte contre le doryphore, l’étude a

confirmé qu’Audienz pouvait continuer à être utilisé

sans autorisation spéciale et qu’il préserve nettement

mieux les auxiliaires dans cette culture que Biscaya.

Contre les pucerons dans les pommes de terre de

consommation, on pourrait désormais autoriser l’emploi

des deux insecticides Plenum et Teppeki sans autorisa-

tion spéciale, car ils ne nuisent pas davantage aux

auxiliaires dans l’ensemble du système, pas plus qu’ils

n’augmentent les risques écologiques. n

Remerciement

Nous remercions l’Office fédéral de l’agriculture OFAG de nous avoir confié le mandat et financé le projet «Evaluation de la durabilité des autorisations spé-ciales pour les insecticides utilisés contre le doryphore et les criocères des céréales». Nous tenons également à remercier tous les membres du groupe d’experts.

Informations supplémentaires

Sur Internet, il est possible de consulter les descriptions détaillées et les résultats des plans de traitement, de l’analyse de préservation des auxiliaires, du risque écologique (Synops) et du calcul des coûts complets ainsi que le nom des membres du groupe d’experts: http://www.agroscope.admin.ch/ ➝ Recherche avancée/ Critère de recherche: Mouron; Secteur: Publications

Page 11: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

375

Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures | Production végétale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013

Bibliographie b Breitenmoser S. & Baur R., 2013. Influence des insecticides sur les auxili-aires dans les céréales et pommes de terre. Recherche Agronomique Suisse 4 (9), 376–383.

b Brenner H. & Hochstrasser M., 2011. Pflanzenschutzmittel im Feldbau. Datenblätter Ackerbau, Agridea, Lindau.

b Gazzarin Ch., 2011. Coûts-machines 2011. Rapport ART 747, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen.

b Gutsche V. & Strassemeyer J., 2007: SYNOPS – ein Modell zur Bewertung des Umwelt-Risikopotentials von chemischen Pflanzenschutzmitteln. Nachrichtenbl. Deut. Pflanzenschutzd. 59 (9), 197–210.

b Mouron P., Aubert U., Heijne B., Naef A., Strassemeyer J., Hayer F., Gail-lard G., Mack G., Hernandez J., Avilla J., Solé J., Sauphanor B., Alaphilip-pe A., Patocchi A., Samietz J., Höhn H., Bravin E., Lavigne C., Bohanec M.

& Bigler F., 2012. A Multi-attribute Decision Method for Assessing the Overall Sustainability of Crop Protection Strategies: A Case Study Based on Apple Production in Europe. In: Marta-Costa A. A., Silva E. (Eds.), Methods and Procedures for Building Sustainable Farming Systems, Springer, 123–137.

b Mouron P., Heijne B., Naef A., Strassemeyer J., Hayer F., Avilla J., Alaphil-ippe A., Höhn H., Hernandez J., Gaillard G., Mack G., Solé J., Sauphanor B., Samietz J., Patocchi A., Bravin E., Lavigne C., Bohanec M., Aubert U. & Bigler F., 2012. Sustainability assessment of crop protection systems: SustainOS methodology and its application for apple orchards. Agricultu-ral Systems 113, 1–15.

b Naef A., Mouron P. & Höhn H., 2011. Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires. Recherche Agronomique Suisse 2 (7+8), 334–341.

Sustainability assessment of insecticides in

Swiss grain and potato production

As part of the Proof of Ecological Perfor-

mance (PEP), Switzerland requires special

permits to be obtained for the use in cereals

and potato production of authorised

insecticides which have a potential to impact

beneficial arthropods. In order to test the

impact of this PEP requirement, a reference

variant illustrating the current PEP require-

ments was compared with other insecticide

variants. For this purpose, a sustainability

assessment taking account of ecotoxicologi-

cal risks and economic viability in addition

preservation of beneficials was performed

according to the «SustainOS» methodology.

The results show that the one-off use of

Audienz (spinosad) against cereal-leaf

beetle would significantly improve sustain-

ability vis-à-vis the reference (Nomolt

[teflubenzuron] plus Biscaya [thiacloprid[).

In the case of Colorado beetle, however,

where Audienz is considered the reference,

no alternative which would exhibit better

sustainability could be found. Furthermore,

the study shows that variants with Novo-dor (Bacillus thuringiensis) are friendly to

beneficials, but pose an increased risk to

yield and incur higher costs. Consequently, it

can be recommended that the PEP require-

ments with respect to Colorado beetle be

retained and adapted for cereal-leaf beetle.

Key words: sustainable agriculture, plant

protection strategies, wheat, potato, full

cost calculation, ecological risk assessment

(Synops).

Valutazione della sostenibilità di insetticidi

nella coltivazione di cereali e patate in

Svizzera

Nel quadro della prova che le esigenze

ecologiche sono rispettate (PER), in Svizzera,

per la coltivazione di patate e di cereali,

occorrono autorizzazioni speciali per quegli

insetticidi che non rispettano gli organismi

utili. Per verificare l'efficacia di questa

condizione PER, è stata confrontata una

variante di riferimento, che rappresenta le

attuali condizioni PER, con altre varianti di

insetticidi. A tale scopo è stata effettuata

una valutazione della sostenibilità secondo il

metodo SustainOS che, oltre alla salvaguar-

dia degli organismi utili, presta attenzione

anche ai rischi ecotossicologici e agli aspetti

economici. I risultati mostrano che, contro la

criocera del frumento, l'impiego unico di

Audienz (Spinosad) migliorerebbe in modo

significativo la sostenibilità rispetto alla

variante di riferimento (Nomolt [Tefluben-

zuron] più Biscaya [Thiacloprid]). Nel caso

della dorifora della patata, invece, in cui è

preso come riferimento Audienz, non è

stata trovata alcuna alternativa che

potrebbe presentare una migliore sostenibi-

lità. Inoltre lo studio mostra che le varianti

con Novodor (Bacillus thuringiensis) pur

conservando bene gli organismi utili,

presentano un notevole rischio correlato al

raccolto e costi elevati. Di conseguenza si

raccomanda il mantenimento delle condi-

zioni PER riguardanti la dorifora della patata

e l'adeguamento di quelle per la criocera del

frumento.

Page 12: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

376 Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

L’évaluation se base d’une part sur l’impact d’un traite-

ment sur chaque groupe d’auxiliaires avec une seule

substance active, et d’autre part sur l’impact de scénarios

phytosanitaires (Mouron et al. 2013) sur chaque groupe

d’auxiliaires avec plusieurs traitements insecticides et

fongicides. Ces scénarios comportent des traitements

contre les criocères (Oulema spp.) et les maladies fon-

giques dans le blé d’automne et des interventions contre

le doryphore (Leptinotarsa decemlineata [Say 1824]), les

pucerons du feuillage (différentes espèces) et les mala-

dies fongiques dans les pommes de terre de consomma-

tion. Enfin, une note globale de l’impact des scénarios

phytosanitaires est donnée pour l’ensemble des groupes

d’auxiliaires.

Choix des groupes d’auxiliaires

Le choix des groupes taxonomiques d’auxiliaires perti-

nents dans les céréales et les pommes de terre a été

déterminé par leur fonction régulatrice envers les rava-

geurs principaux (criocères dans les céréales, doryphore

I n t r o d u c t i o n

La protection ou lutte intégrée en agriculture a notam-

ment pour but de minimiser les effets secondaires négatifs

des produits phytosanitaires sur la faune auxiliaire. Elle

privilégie l’emploi d’insecticides ménageant cette faune

qui joue un rôle important dans la régulation des rava-

geurs. Les insecticides autorisés librement dans les grandes

cultures pour les prestations écologiques requises (PER)

sont réglementés dans l’Ordonnance sur les paiements

directs (OPD). Une fois les seuils de tolérance dépassés,

l’OPD liste les insecticides qui peuvent être utilisés libre-

ment et ceux qui nécessitent une autorisation spéciale

délivrée par les services phytosanitaires cantonaux. Cepen-

dant, les connaissances actuelles sur l’impact des subs-

tances actives sur les auxiliaires sont souvent insuffisantes

ou incomplètes. C’est pourquoi, dans le cadre d’une actua-

lisation des insecticides utilisables librement en PER dans

les céréales et les pommes de terre ou afin de permettre

un choix plus approprié de ceux-ci lors de l’octroi d’autori-

sations spéciales par les cantons, une évaluation de leur

impact sur la faune auxiliaire a été réalisée.

Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre Stève Breitenmoser1 et Robert Baur2

1Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1, Suisse2Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil, Suisse

Renseignements: Stève Breitenmoser, e-mail : [email protected], tél: +41 22 363 43 17

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Figure 1 | Groupes d’auxiliaires pertinents retenus pour les céréales et les pommes de terre. A) Larve et adulte de Coccinella septempunctata (Linnaeus 1758). B) Larve et adulte de Episyrphus balteatus (De Geer 1776). C) Larve et adulte de Chrysoperla carnea (Stephens 1836). D) Adultes et pucerons parasités par Aphidius rhopalosiphi de Stefani-Perez 1902. (Photos: Mario Wald-burger, Agroscope; sauf larve de Episyrphus [Unité d'Entomologie fonctionnelle et évolutive de Gembloux Agro-Bio Tech (Uni-versité de Liège – Belgique)] et Aphidius © INRA, Bernard Chaubet.

A

C

A

C

B

D

B

D

Page 13: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre | Production végétale

377

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013

Dans les prestations écologiques requises (PER),

seuls certains insecticides ménageant les auxi-

liaires (insectes utiles) sont librement autorisés

dans les grandes cultures en Suisse. Avec l’arrivée

de nouveaux produits phytosanitaires ces

dernières années, une nouvelle évaluation de la

toxicité des insecticides est souhaitée autant par

les autorités que par la pratique. Une évaluation

basée sur des données de la littérature a permis

de mettre en évidence quelles substances actives

ménagent – ou pas – quatre groupes d’auxiliaires

pertinents préalablement sélectionnés (Coccinelli-

dae, Chrysopidae, Syrphidae et hyménoptères

parasitoïdes). Dans un deuxième temps, la

toxicité des quatre groupes d’auxiliaires a été

évaluée sur la base de différents scénarios

phytosanitaires préétablis (Mouron et al. 2013),

comprenant insecticides et fongicides. Ces

scénarios concernent la lutte contre les criocères

dans le blé d’automne et la lutte contre le

doryphore et les pucerons du feuillage dans les

pommes de terre de consommation. Les résultats

ont montré quels scénarios et surtout quelles

substances actives ont un effet négatif sur cette

faune utile. Les résultats montrent également que

quelques fongicides ou leur application répétée

peuvent également avoir un impact négatif sur

les auxiliaires. Toutes ces données sont basées

principalement sur des essais en laboratoire ou en

conditions contrôlées sous abris. Elles mérite-

raient cependant d’être vérifiées en plein champ.

dans les pommes de terre) ainsi que les ravageurs plutôt

secondaires (pucerons des épis ou du feuillage). Les

groupes d’auxiliaires dominants présents dans ces

cultures au moment des applications phytosanitaires

sont les coccinelles, chrysopes, syrphes et hyménoptères

parasitoïdes (Borgemeister 1991; Radtke et Rieckmann

1991; Obst et Volker 1993) (fig. 1; tabl. 1). Les carabes et

araignées, prédateurs non spécifiques agissant principa-

lement au sol, n’ont pas été retenus comme pertinents.

L’influence des champignons entomopathogènes (ento-

mophtorales) n’a pas été considérée, car elle est difficile

à évaluer et peu de données sont disponibles dans la

littérature.

Quant aux abeilles, elles ne sont pas considérées

comme auxiliaires au sens de l’OPD. En effet, selon la

définition d’un auxiliaire, celui-ci doit avoir une fonc-

tion régulatrice sur un ravageur. La toxicité des produits

de protection des plantes sur les abeilles est ainsi éva-

luée lors du processus d’homologation selon l’Ordon-

nance sur les produits phytosanitaires (OPPh).

Sources de données

Les informations quant aux effets secondaires négatifs

d’une application d’une substance active sur un groupe

d’auxiliaires proviennent des sources suivantes: rapports

internes du Groupe Ecotoxicologie de ACW (2008); base

de données de l’IOBC/OILB (2005); guides Arbo-Viti ACW

(Wirth et al. 2011a, Wirth et al. 2011b); Biobest (2012);

base de données des produits de traitements des plantes

autorisés en France (E-phy 2005). Les informations ne

sont pas toujours satisfaisantes et parfois même contra-

dictoires. Les données à disposition pour chaque subs-

Groupe d’auxiliaire (GA) Action des auxiliaires Pertinence1)

Coccinelles (Coccinellidae)Exemples:

Coccinella septempunctata (Linnaeus 1758). Adalia bipunctata (Linnaeus 1758).

Larves et adultes sont des prédateurs non spécifiques qui se nourrissent de pucerons, d’œufs et de larves de criocères et de

doryphore. Dans les céréales aussi de thrips. Une génération par an, relativement mobiles.

Pertinent

Chrysopes (Chrysopidae)Exemple:

Chrysoperla carnea (Stephens 1836)

Larves et adultes sont des prédateurs non spécifiques qui se nour-rissent de pucerons, éventuellement aussi d’œufs de criocères et

de doryphore, également de thrips. Deux générations par an, rela-tivement mobiles.

Pertinent

Syrphes (Syrphidae)Exemple:

Episyrphus balteatus (De Geer 1776). Larves et adultes sont des prédateurs non spécifiques qui se nour-

rissent de pucerons. Trois générations par an, relativement mobiles.Pertinent

Parasitoïdes (Hymenoptera)

Exemples:Aphidius rhopalosiphi (de Stefani-Perez

1902). Aphidius colemani (Viereck 1912).

Adultes relativement spécifiques, important surtout comme para-sitoïde de pucerons (Aphididae). Plusieurs générations par an,

peu mobiles.Pertinent

Carabes (Carabidae),Araignées (Araneae),Staphylins (Staphilinidae)

Exemples:Poecilus cupreus (Linnaeus 1758).

Pardosa spp.Aleochara bilineata (Gyllenhaal 1810).

Larves et adultes sont des prédateurs non spécifiques qui vivent prin-cipalement au sol, là où ne se trouvent pas les pucerons, œufs et

larves de criocères et de doryphore.

Ces trois groupes sont

moins pertinents

Tableau 1 | Choix et description des actions sur les ravageurs des différents groupes d’auxilaires présents dans les céréales et les pommes de terre

1)Pertinence du groupe d’auxiliaire par rapport aux ravageurs et aux cultures concernées.

Page 14: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Production végétale | Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre

378

tance active et groupe d’auxiliaires ne sont pas toujours

équivalentes; dans de tels cas, on a considéré la moyenne

du taux de mortalité observé par les différentes sources

pour une substance active et un groupe d’auxiliaire. Pour

certaines substances actives, il n’y a même aucune infor-

mation disponible.

Scénarios phytosanitaires

Les différents scénarios phytosanitaires utilisés dans

cette évaluation sont décrits par Mouron et al. (2013). Ils

comprennent toutes les interventions phytosanitaires

(herbicides, fongicides et insecticides) usuellement réali-

sées dans les cultures de blé d’automne et de pommes

de terre de consommation durant une saison. Les insec-

ticides visent les criocères dans le blé, le doryphore et les

pucerons du feuillage dans les pommes de terre. Les

applications plus rares ont été exclues des scénarios,

comme par exemple la lutte contre les pucerons des épis

ou la mouche jaune des chaumes (Chlorops pumilionis

[Bjerkander 1778]) dans le blé.

Dans le blé, quatre scénarios d’utilisation d’insecti-

cides ont été définis (A1, B1, B2 et C1; tabl. 2). Dans

toutes ces variantes, un seul et même scénario fongi-

cide a été suivi; il s’agit d’un traitement avec

azoxystrobine+cyproconazole (Amistar Xtra) puis

d’une application avec spiroxamine+prothioconazole

(Input).

Dans les pommes de terre, sept scénarios d’utilisa-

tion d’insecticides ont été définis (A1, A2, B1, B2, B3, C1

et C2; tabl. 3). Dans toutes les variantes, un seul et même

scénario fongicide a été suivi; il comprend les applica-

tions des substances actives suivantes: mancozèbe (dose

cumulée = 4,5 x la dose d’emploi), métalaxyl-M, fluazi-

nam, benthiavalicarbe, mandipropamide, cymoxanil,

zoxamide, dimétomorphe, cyazofamide, difénocona-

zole et chlorothalonil (pour toutes les autres substances,

la quantité appliquée correspond à la dose d’emploi

normale).

Méthode d’évaluation

Les différentes sources utilisées classent généralement

les substances actives dans trois ou quatre classes de toxi-

cité. Par souci de synthèse et de robustesse, seules trois

classes ont été retenues: N = inoffensif à peu toxique

ScénarioStratégie Criocères

RemarquesNom commercial Matières actives (g ma/ha)

A1 Biscaya thiaclopride (48-72) sans restriction

B1 Nomolt téflubenzuron (60) très restrictif

B2 Nomolt+Audienz téflubenzuron (60) + spinosad (48) très restrictif

C1 Nomolt+Biscaya téflubenzuron (60) + thiaclopride (48-72) avec autorisation cantonale

Tableau 2 | Scénarios pour le blé d’automne

ScénarioStratégie Doryphore Stratégie Pucerons

RemarquesNom commercial Matières actives I (g ma/ha) Nom commercial Matières actives II (g ma/ha)

A1 Karate lambda-cyhalotrine (7,5) Biscaya thiaclopride (72) sans restriction

A2 Biscaya thiaclopride (48) Biscaya thiaclopride (72) sans restriction

B1 Nomolt+Audienztéflubenzuron+spinosad

(37,5 + 24) Plenum ou Teppeki

pymétrozine (150) ou flonicamide (80)

très restrictif

B2 Novodor+AudienzBacillus

thuringiensis+spinosad (90-150 + 24)

Plenum ou Teppekipymétrozine (150) ou

flonicamide (80)très restrictif

B3 Novodor (2x) Bacillus thuringiensis (90-150) Plenum ou Teppekipymétrozine (150) ou

flonicamide (80)très restrictif

C1 Audienz spinosad (24) Plenum ou Teppekipymétrozine (150) ou

flonicamide (80)

avec autorisation cantonale.

Présence du doryphore et des pucerons NON

simultanée.

C2 Audienz spinosad (24) Biscaya thiaclopride (72)

avec autorisation cantonale.

Présence du doryphore et des pucerons simulatnée.

Tableau 3 | Scénarios pour les pommes de terre de consommation

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013

Page 15: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre | Production végétale

379

insecticides et fongicides différentes sur l’ensemble des

quatre groupes d’auxiliaires pertinents. Tout comme

pour l’évaluation des matières actives seules, le scénario

obtient une note finale de 1 à 5 dont la note 3 est la

limite (tabl. 4).

R é s u l t a t s

Impact d’une seule substance active

Les résultats des évaluations de l’impact d’une seule

substance active sur l’ensemble des quatre groupes d’au-

xiliaires sont donnés dans le tableau 6. Les insecticides à

base de Bacillus thuringiensis, de flonicamide et de

pymétrozine n’altèrent aucun des groupes d’auxiliaires

pertinents dans les cultures de céréales et de pommes de

terre, et sont donc favorables à la faune auxiliaire. Les

substances actives comme l’azadirachtine, le diflubenzu-

ron, le novaluron, le pirimicarbe, le spinosad et le

téflubenzuron permettent à au moins un groupe d’auxi-

liaires pertinents d’assurer une fonction régulatrice sur

les ravageurs dans ces deux cultures. L’acétamipride et le

chlorantraniliprole présentent une combinaison de toxi-

cité moyenne à forte sur les groupes d’auxiliaires perti-

nents (note 4), tandis que les autres substances évaluées

sont toutes toxiques (alpha-cyperméthrine, bifenthrine,

chlorpyrifos-éthyl, chlorpyrifos-méthyl, cyperméthrine,

deltaméthrine, lambda-cyhalothrine, thiaclopride, thia-

méthoxame et zéta-cyperméthrine).

Impact d’un scénario phytosanitaire

Les résultats des évaluations de l’impact d’un scénario

phytosanitaire sur l’ensemble des quatre groupes d’auxi-

liaires sont présentés pour le blé d’automne dans le

tableau 7 et pour les pommes de terre de consommation

dans le tableau 8.

Blé d’automne

Pour le blé d’automne, les scénarios étudiés se classent

tous entre la note 3 et 5 envers les auxiliaires. Concer-

nant les fongicides, il s’avère que la spiroxamine est

(0 – 50% de mortalité); M = moyennement toxique

(50 – 75 % de mortalité); T = toxique (>75 % de mortalité).

L’évaluation a tout d’abord porté sur l’influence d’un

seul traitement avec une substance active sur chaque

groupe d’auxiliaires, puis l’impact a été évalué sur l’en-

semble des quatre groupes d’auxiliaires. Pour pouvoir

assurer une fonction régulatrice sur les ravageurs des

deux cultures, au moins un des groupes d’auxiliaires per-

tinents doit être épargné par la substance active. Dans

cette étude, on admet que le potentiel de régulation de

ces quatre groupes d’auxiliaires est analogue. Suite à

l’évaluation, cette dernière obtient une note finale de

1 à 5. Au-delà de la note 3, la fonction régulatrice des

auxiliaires principaux n’est plus assurée (tabl. 4).

Dans un deuxième temps, la combinaison des effets

de plusieurs substances actives sur chaque groupe d’au-

xiliaires a été évaluée de manière multiplicative. Ainsi,

quand deux traitements occasionnent chacun 50 % de

mortalité pour un groupe d’auxiliaires (classe M), il en

résulte, selon le calcul (1 – 0,5) x (1 – 0,5) = 0,25, un taux

de survie de 25 % seulement, soit une classification T.

De même, on obtient un taux de survie de 18,7 % en

cumulant un traitement occasionnant 75 % de mortalité

et une application qui provoque une mortalité de 25 %

[(1 – 0,75) x (1 – 0,25) = 0,187]. Cette méthodologie est

également valable pour trois traitements ou plus et le

tableau 5 montre les différentes catégories obtenues

suite aux combinaisons des trois classes N, M et T. Cette

méthode permet d’évaluer l’impact d’un scénario phy-

tosanitaire comprenant plusieurs substances actives

Note finale

Impact sur chaque groupe d’auxiliaires pertinents (GA)

Description finale de l’impact sur l’ensemble des groupes d’auxiliaires pertinents (GA)

1 +/- tous N Aucun GA n’est significativement altéré.

2 Plusieurs N, mais un GA avec M (évent. un T) Un seul GA est moyennement à gravement altéré mais la fonction régulatrice reste clairement maintenue

3 Au moins 1 GA pertinent avec un NLa majorité des GA sont altérés mais au moins 1 GA n’est clairement pas altéré. La fonction régulatri-

ce reste assurée.

4 Combinaison de M et T (ou tous M)Les indications sont clairement données que la fonction régulatrice n’est plus assurée et que les GA

sont fortement altérés

5 Tous T Tous les GA sont fortements altérés, détruits. La fonction régulatrice des GA est compromise.

N = inoffensif à peu toxique 0-50 % de mortalité; M = moyennement toxique 50-75 % de mortalité; T = toxique >75 % de mortalité

Tableau 4 | Evaluation de la toxicité des substances actives sur les quatre groupes d’auxiliaires pertinents (GA)

T et T = T M et M = TN et N = N ou M

(évaluation détaillée)T et M = T M et N = M

T et N = T

N = inoffensif à peu toxique 0-50 % de mortalité; M = moyennement toxique 50-75 %

de mortalité; T = toxique >75 % de mortalité.

Tableau 5 | Effet de la combinaison des différentes classes de mortalité lorsque plusieurs traitements (substances actives) sont utilisées sur un groupe d’auxiliaire

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013

Page 16: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Production végétale | Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre

380

moyennement toxique pour les coccinelles et les parasi-

toïdes. Les variantes A1 et C1 avec l’insecticide thiaclo-

pride obtiennent la note finale 5, car cette substance

active est toxique pour trois groupes d’auxiliaires perti-

nents. Les variantes B1 et C1 avec le téflubenzuron

donnent des résultats contrastés, car cette substance est

toxique pour les coccinelles et moyennement toxique

pour les chrysopes.

La variante B2 avec l’insecticide spinosad donne le

meilleur résultat (note 3), car la substance active est

neutre pour deux groupes d’auxiliaires pertinents. C’est

le seul scénario qui permet d’assurer une fonction régu-

latrice pour au moins un groupe d’auxiliaires malgré

l’utilisation du fongicide spiroxamine qui péjore un peu

la note finale. En renonçant à ce fongicide ou en en choi-

sissant d’autres non toxiques pour les quatre groupes

d’auxiliaires, la variante B2 obtiendrait la note 2. En

revanche, cette option ne changerait pas la notation

finale des autres variantes.

Pommes de terre de consommationDans les pommes de terre, les scénarios étudiés obtiennent

des notes de 4 et 5 envers les auxiliaires. Les résultats

montrent que le cumul des fongicides s’avère moyenne-

ment toxique pour les quatre groupes d’auxiliaires perti-

nents. Ceci est dû uniquement à l’emploi répété de man-

cozèbe qui altère les populations d’auxiliaires. En effet,

avec cinq applications (dont certaines à dosages réduits),

Note finale

Substances activesImpact sur les groupes

d'auxiliaires (GA)Impact sur la fonction régulatrice

1 Bacillus thuringiensis, flonicamide, pymétrozine +/- tous N

Fonction régulatrice assurée2 huile de colza, huile de paraffine Plusieurs N, mais 1 GA avec M (évent. T)

3azadirachtine, diflubenzuron, novaluron,

pirimicarbe, spinosad, téflubenzuronAu moins 1 GA avec un N

4 acétamipride, chlorantraniliprole Combinaison de M et T (un GA = M)

Fonction régulatrice NON assurée5

alpha-cyperméthrine, bifenthrine, chlorpyrifos-éthyl, chlorpyrifos-méthyl, cyperméthrine, delta-

méthrine, lambda-cyhalothrine, thiaclopride, thiamethoxame, zéta-cyperméthrine

tous T (tous les GA = T)

N = inoffensif à peu toxique 0-50 % de mortalité; M = moyennement toxique 50-75 % de mortalité; T = toxique >75 % de mortalité.

Tableau 6 | Catégorisation des substances actives insecticides au niveau de leur toxicité envers les groupes d’auxiliaires pertinents (GA): Coccinellidae, Chrysopidae, Syrphidae, Hymenoptera parasitoïdes dans les céréales et les pommes de terre. Pour chaque catégorie de note, les substances actives sont classées par ordre alphabétique

ScénarioSyrphes

(Syrphidae)Coccinelles

(Coccinellidae)Chrysopes

(Chrysopidae)Parasitoïdes

(Hymenoptera)Notefinale

A1

Biscaya (thiaclopride) ? T T T

Fongicides (Amistar Xtra+Input) ?+? N+M N+N N+M

Synthèse ? T T T 5

B1

Nomolt (téflubenzuron) N T M N

Audienz (spinosad) ? N N T

Fongicides (Amistar Xtra+Input) ?+? N+M N+N N+M

Synthèse ? T M T 4

B2

Audienz (spinosad) ? N N T

Fongicides (Amistar Xtra+Input) ?+? N+M N+N N+M

Synthèse ? M N T 3

C1

Nomolt (téflubenzuron) N T M N

Biscaya (thiaclopride) ? T T T

Fongicides (Amistar Xtra+Input) ?+? N+M N+N N+M

Synthèse ? T T T 5

N = inoffensif à peu toxique 0-50 % de mortalité; M = moyennement toxique 50-75 % de mortalité; T = toxique >75 % de mortalité. ? = pas de données disponibles.

Tableau 7 | Evaluation de la toxicité des scénarios sur les groupes d’auxiliaires clés dans le blé d’automne. Fongicides: une application avec Amistar Xtra (azoxystrobine + cyproconazole) puis une application avec Input (spiroxamine + prothioconazole)

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013

Page 17: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre | Production végétale

381

cette substance est considérée comme neutre à peu

toxique. Les scénarios A1, A2 et C2 avec l‘insecticide thia-

clopride obtiennent la note 5, car cette substance active

est toxique pour trois groupes d’auxiliaires pertinents.

Le scénario B1 avec le téflubenzuron donne des

résultats contrastés, car cette substance est toxique pour

les coccinelles et moyennement toxique pour les

chrysopes.

L’emploi de flonicamide ou de pymétrozine pour

lutter contre les pucerons du feuillage n’a aucune

la dose cumulée de ce fongicide correspond à 4,5 fois la

dose d’emploi simple soit 10 kg ma/ha. Les résultats de

Mills (2006) montrent qu’à la suite d’applications répé-

tées de cette matière active correspondant à 6,3 à 7,7 kg

ma/ha, les populations de parasitoïdes comme Aphidius

rhopalosiphi de Stefani-Perez 1902 et de Chrysoperla car-

nea (Stephens 1836) sont légèrement altérées. Les appli-

cations répétées de mancozèbe ont donc été considérées

comme moyennement toxiques à l’égard des quatre

groupes d’auxiliaires, tandis qu’une seule application de

ScénarioSyrphes

(Syrphidae)Coccinelles

(Coccinellidae)Chrysopes

(Chrysopidae)Parasitoïdes

(Hymenoptera)Notefinale

A1

Karate (lambda-cyhalothrine) ? T T T

Biscaya (thiaclopride) ? T T T

Fongicides M M M M

Synthèse ? T T T 5

A2

Biscaya 2x (thiaclopride) ? T T T

Fongicides M M M M

Synthèse ? T T T 5

B1

Nomolt (téflubenzuron) N T M N

Audienz (spinosad) ? N N T

Plenum (pymétrozine) ou Teppeki (flonicamide)

? ou N N ou N N ou N N ou N

Fongicides M M M M

Synthèse ? T T T 5

B2

Novodor (Bacillus thuringiensis) N N-M N N

Audienz (spinosad) ? N N T

Plenum (pymétrozine) ou Teppeki (flonicamide)

? ou N N ou N N ou N N ou N

Fongicides M M M M

Synthèse ? M M T 4

B3

Novodor 2x (Bacillus thuringiensis) N N-M N N

Plenum (pymétrozine) ou Teppeki (flonicamide)

? ou N N ou N N ou N N ou N

Fongicides M M M M

Synthèse ? ou M M M M 4

C1

Audienz (spinosad) ? N N T

Plenum (pymétrozine) ou Teppeki (flonicamide)

? ou N N ou N N ou N N ou N

Fongicides M M M M

Synthèse ? M M T 4

C2

Audienz (spinosad) ? N N T

Biscaya (thiaclopride) ? T T T

Fongicides M M M M

Synthèse ? T T T 5

N = inoffensif à peu toxique 0-50 % de mortalité; M = moyennement toxique 50-75 % de mortalité; T = toxique >75 % de mortalité; ? = pas de données disponibles.

Tableau 8 | Evaluation de la toxicité des scénarios sur les groupes d’auxiliaires clés dans les pommes de terre de consommation. Fongicides: mancozèbe (dose cumulée = 4.5x la dose d’emploi), métalaxyl-M, fluazinam, benthiavalicarbe, mandipropamide, cymoxanil, zoxamide, dimétomorphe, cyazofamide, difénoconazole et chlorothalonil (pour ces dernières, la quantité appliquée correspond à la dose d’emploi)

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013

Page 18: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

382

Production végétale | Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre

influence sur le résultat final du scénario, car ces deux

substances actives sont neutres à peu toxiques pour les

quatre groupes d’auxiliaires pertinents (même si pour

la pymétrozine on ne dispose pas de données concer-

nant les syrphes).

Avec l’utilisation de mancozèbe, aucune variante

n’obtient une note finale en dessous de 4, synonyme

d’une fonction régulatrice assurée. Les moins mauvaises

variantes avec la note finale de 4 sont donc B2, B3 et C1.

En renonçant ou en limitant fortement l’utilisation de ce

fongicide ou en en choisissant d’autres non toxiques

pour les quatre groupes d’auxiliaires, la variante B3

obtiendrait la meilleure note 1 – 2 (au lieu de 4). Mais ceci

ne serait valable que lors d’une faible pression du dory-

phore, car le Bacillus thuringiensis n’est efficace que

contre les jeunes larves de stades L1 et L2. De même, les

variantes C1 et B2 obtiendraient la note respectivement

de 2 et 2 – 3 (au lieu de 4). L’utilisation de spinosad per-

met une lutte efficace lorsque la pression du doryphore

est importante, car cette substance active est efficace

contre tous les stades du ravageur. Par contre, ces scéna-

rios sans mancozèbe ne changeraient pas la note finale

5 pour les variantes A1, A2 et C2.

D i s c u s s i o n s

L’étude a permis de classifier et d’identifier les subs-

tances actives et les scénarios pouvant engendrer des

impacts négatifs sur la fonction régulatrice des groupes

d’auxiliaires pertinents dans les céréales et les pommes

de terre.

Actuellement, les restrictions d’utilisation PER pour

les produits de traitement dans les grandes cultures ne

concernent que les insecticides. Ce travail a montré que

certains fongicides peuvent également engendrer des

effets négatifs sur les auxiliaires. Ainsi, l’usage de la spi-

roxamine dans les céréales et l’application répétée de

mancozèbe dans les pommes de terre peuvent avoir un

impact non négligeable sur les auxiliaires.

Malgré le fait que la méthodologie utilisée dans cette

étude permet un schéma d’analyse reproductible et

cohérent, les sources utilisées sont pour certaines subs-

tances actives parfois incomplètes, lacunaires ou dans

certains cas contradictoires. Ces données reposent princi-

palement sur des études conduites en laboratoire ou en

conditions contrôlées sous abris (semi-field tests). Dans

un contexte global, l’effet des substances actives seules

ou de scénarios considérant tous les paramètres exté-

rieurs et l’agroécosystème dans son ensemble (climats,

régions, interactions des populations et peuplements de

ravageurs et auxiliaires, etc.) permettraient d’avoir une

vision plus réaliste de la situation au champ (field tests).

De telles études de plein champ manquent souvent, mais

seraient souhaitables pour affiner et valider les évalua-

tions. De plus, si le choix des principaux auxiliaires est

cohérent, la non prise en compte des prédateurs du sol

comme les carabes et les araignées est discutable.

Biondi et al. (2012), mentionnent dans leur synthèse

des résultats similaires aux nôtres concernant le spino-

sad, dans des conditions de laboratoire ou aux champs.

Ainsi, si les résidus de spinosad n’ont pas d’effets signifi-

catifs sur Chrysoperla carnea, les femelles de Coccinella

septempunctata Linnaeus 1758 et les larves et adultes

de Adalia bipunctata (Linnaeus 1758), ils ont une toxicité

aigüe sur 22 espèces d’hyménoptères parasitoïdes dont

Aphidius colemani Viereck 1912 et Trichogramma spp.

C o n c l u s i o n s

•• Cette évaluation de la toxicité des insecticides sur les

auxiliaires dans le blé d’automne et les pommes de

terre de consommation a permis de définir les

substances actives ou les scénarios ayant un impact

négatif sur la fonction régulatrice des groupes

d’auxiliaires pertinents dans ces cultures.

•• Ces résultats peuvent servir d’outil d’aide à la décision.

•• Dans le blé d’automne, les résultats montrent que

l’utilisation de spinosad ou de téflubenzuron contre

les criocères, mais dans ce dernier cas sans spiroxa-

mine, est à privilégier pour ménager les auxiliaires.

•• Dans les pommes de terre de consommation, les

résultats montrent que l’utilisation de Bacillus

thuringiensis et/ou spinosad contre le doryphore et/

ou pymétrozine ou flonicamide contre les pucerons

est à privilégier pour ménager les auxiliaires. Dans nos

scénarios, il est préférable de limiter les applications

de mancozèbe.

•• Les connaissances actuelles sur la toxicité des insecti-

cides et spécialement des fongicides sur les auxiliaires

sont partielles et basées sur des données obtenues en

laboratoire ou en conditions contrôlées (semi-field

tests). Les conclusions de l’analyse des scénarios

mériteraient d’être validées en conditions réelles aux

champs (field tests). n

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013

Remerciements

Nous tenons à remercier M. Bernard Chaubet de l’INRA et Encyclop'aphid (www.inra.fr/encyclopedie-pucerons) INRA- UMR IGEPP (www.rennes.inra.fr/igepp) de nous avoir mis à disposition la photo de Aphidius rhopalosiphi, ainsi que M. Fran-çois Verheggen de l’Unité d'Entomologie fonctionnelle et évolutive de Gembloux Agro-Bio Tech (Université de Liège – Belgique) pour la mise à disposition de la photo de la larve de Episyrphus balteatus. Merci enfin à M. Mario Waldburger (Agroscope) pour la mise à disposition des six autres photos.

Page 19: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

383

Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre | Production végétale

Ria

ssu

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Sum

mar

y

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b Groupe Ecotoxicologie de Agroscope Changins-Wädenswil , 2008. Rapports internes des effets secondaires des produits/substances actives sur les arthropodes non cibles (dont les auxiliaires).

b IOBC/OILB, IOBCwrps Working Group «Pesticides and Beneficial Orga-nisms & IOBCwrps Commission IP Guidelines and Endorsement», 2005. Accès: http://www.iobc-wprs.org/ip_ipm/IOBC_IP_Tool_Box.html [20.06.2012].

b Mills M., 2006. Mancozeb : A profile of effects on beneficial and non-tar-get arthropods. Pesticides and Beneficial Organisms IOBC/wprs Bulletin 29 (10), 67-79.

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b Obst A. & Volker H. P., 1993. Krankheiten und Schädlinge des Getreides. Ed. Th. Mann, Gelsenkirchen-Buer, 159–165.

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b Wirth J., Linder Ch., Höhn H., Dubuis P.-H. & Gölles M., 2011a. Index phytosanitaire pour l'arboriculture «Guide Arbo» 2011. Revue suisse de Viticulture, Arboriculture, Horticulture 43 (1).

b Wirth J., Linder Ch., Höhn H., Dubuis P.-H. & Naef A., 2011b. Index phyto-sanitaire pour la viticulture «Guide Viti» 2011. Revue suisse de Viticul-ture, Arboriculture, Horticulture 43 (1).

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013

Influence of insecticides on beneficial arthropods in

cereals and potatoes

The Swiss program on ecological production restricts

the range of insecticides approved for pest control to

those with relatively little impact on beneficial arthro-

pods. With the arrival of new crop protection products

over the last few years, a re-evaluation of the toxicity

of insecticides has been requested by both the official

authorities and farmers. The present study used data

from the scientific literature to rank several insecticides

based on their side effects on selected groups of

beneficial insects: Coccinellidae, Chrysopidae, Syrphidae

and parasitic wasps. In a second step, different plant

protection scenarios, including the use of insecticides

and fungicides, were evaluated for their impact on

beneficial insects. The scenarios focused on the control

of the cereal leaf beetle in wheat as well as the control

of Colorado beetle and aphids in potato. The results

showed that certain scenarios and especially certain

active substances will likely have adverse effects on the

beneficial fauna. Furthermore, some fungicides may

also have a negative impact on beneficials if applied

repeatedly. All available data on non-target effects was

obtained in laboratory or semi-field experiments.

Validation under the field conditions would be very

valuable.

Key words: sustainable agriculture, plant protection

strategies, insecticide, toxicity evaluation, beneficial’s

arthropods, side effects, potato, wheat.

Influenza degli insetticidi sugli ausiliari presenti nelle

colture di cereali e di patate

Nelle prestazioni ecologiche richieste (PER) sola-

mente alcuni insetticidi, rispettosi nei confronti degli

ausiliari (insetti utili) sono liberamente omologati

per la campicoltura svizzera. Con l’arrivo di nuovi

prodotti fitosanitari negli ultimi anni sia le autorità,

sia la pratica auspica una nuova valutazione della

tossicità degli insetticidi. Una valutazione basata

sulle indicazioni della letteratura ha permesso di

evidenziare quali sostanze attive rispettano – o non

rispettano – quattro gruppi d’ausiliari pertinenti

precedentemente selezionati (Coccinellidae,

Chrysopidae, Syrphidae e imenotteri parassitoidi). In

un secondo tempo si è valutata la tossicità nei

confronti dei quattro gruppi d’ausiliari sulla base di

diversi scenari fitosanitari prestabiliti (Mouron et al.

2013), comprendenti insetticidi e fungicidi. Questi

scenari concernono la lotta contro le criocere del

frumento autunnale e la lotta contro la dorifora e gli

afidi del fogliame della patata di consumo. I risultati

hanno mostrato quali scenari e, soprattutto, quali

sostanze attive hanno un effetto negativo su questa

fauna utile. Inoltre, essi mostrano anche che alcuni

fungicidi o la loro ripetuta applicazione possono

aver un impatto negativo sugli ausiliari. Tutti questi

dati si basano principalmente su prove in laboratorio

e in condizioni controllate in coltivazione protetta.

Meriterebbero tuttavia, di essere verificate in pieno

campo.

Page 20: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

384 Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

découverte du procédé industriel Haber-Bosch permet-

tant de fixer l’azote de l’air et au développement des

engrais minéraux. Pourtant, le rôle bénéfique des légu-

mineuses dans le maintien de la fertilité des sols et le

développement de systèmes de culture efficients est

connu depuis l’Antiquité. A défaut de cultiver des légu-

mineuses comme cultures régulières de la rotation

(Charles et al. 2008), les cultures intermédiaires peuvent

associer des légumineuses pour en tirer profit, à l’instar

des prairies temporaires (Mosimann et al. 2012).

I n t r o d u c t i o n

Cette étude évalue le potentiel agronomique de légu-

mineuses comme couverts végétaux semés en pur et

en association. Il s’agit en particulier de décrire leur

croissance et de quantifier leur capacité à fixer l’azote

de l’air en période d’interculture dans les conditions

du plateau suisse.

Au cours du 20e siècle, la présence des légumineuses

dans la rotation a constamment diminué, suite à la

Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventicesClaude-Alain Gebhard1, Lucie Büchi2, Frank Liebisch3, Sokrat Sinaj2, Hans Ramseier1 et Raphaël Charles2

1Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse2Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon, Suisse3Ecole polytechnique fédérale ETHZ, 8092 Zurich, Suisse

Renseignements: Raphaël Charles, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 46 59

Les légumineuses offrent une complémentarité intéressante dans des mélanges avec d’autres espèces de couverts végétaux dans le but d'offrir une large gamme de services agro-écosystémiques

Page 21: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices | Production végétale

385

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013

Cette étude a évalué 27 légumineuses comme

couverts végétaux en pur et en association,

dans le but d’en préciser les services agro-

écosystémiques. Les résultats montrent des

variations de comportement importantes

entre les différentes espèces testées. La

quantité de biomasse aérienne formée depuis

le mois d’août jusqu’au premier gel se situe

entre 0,4 et 5,9 t MS/ha. De 377 à 850 degrés-

jours sont nécessaires pour atteindre 50 % de

couverture du sol. L'azote accumulé par les

légumineuses provient principalement de la

fixation symbiotique et varie de quelques

kilos à 150 kg N/ha en trois mois de végéta-

tion. La capacité des légumineuses de

concurrencer les adventices est étroitement

corrélée avec la quantité de biomasse

produite (R2 = 0,93). Elle s’apparente à la

faculté d'association des légumineuses testée

dans des mélanges avec phacélie et avoine.

Cinq espèces (gesse cultivée, féverole, pois,

vesce velue et commune) sont particulière-

ment dominantes et composent plus de 80 %

de la biomasse en mélange avec la phacélie et

environ 70 % avec l’avoine. Ces mêmes

espèces sont celles qui produisent le plus de

biomasse, qui couvrent le plus rapidement le

sol et fixent le plus d’azote de l’air. De

nombreuses autres légumineuses (fenugrec,

lentille, lupin blanc, soja, trèfle d’Alexandrie,

trèfle de Perse, trèfle incarnat, vesce de

Hongrie) sont moins concurrentielles et

offrent ainsi une bonne complémentarité

pour des associations d’espèces.

En Suisse, la mise en place d’engrais verts en intercul-

ture longue est rendue obligatoire par l’Ordonnance

fédérale sur les paiements directs, dans le but de réduire

les pertes de nitrates, de lutter contre l’érosion et de

préserver la fertilité des sols. Cette mesure culturale est

efficace et peut être complétée par de nombreux autres

services agro-écosystémiques bénéfiques (Justes et al.

2012). Pourtant, dans la pratique, les cultures intermé-

diaires restent parfois décevantes, répondant plutôt

aux exigences du cahier des charges qu’à des objectifs

agronomiques. Des semis clairs et tardifs sont notam-

ment observés en culture pure de phacélie (Phacelia

tanacetifolia) ou de moutarde (Sinapsis arvensis). Sur le

long terme, l’entretien de la matière organique du sol

par les engrais verts s’est avéré insatisfaisant dans un

essai de longue durée, appelant à une meilleure maî-

trise de leur humification, passant par le rapport car-

bone/azote de leur biomasse (Maltas et al. 2012a). Ce

même essai a révélé une valeur azotée limitée de la

moutarde comme engrais vert, soulignant l’intérêt d’un

choix d’espèces mieux fondé et d’un mode de conduite

plus pointu (Maltas et al. 2012b). Les légumineuses dans

l’interculture peuvent améliorer l’efficience du cycle de

l’azote. Les données de base pour la fumure DBF (Sinaj

et al. 2009) indiquent une réduction de 20 à 30 kg N/ha

de la fumure d’une culture suivant un engrais vert à

base de légumineuses. En outre, l’efficacité de fixation

d’azote varie entre les principales espèces cultivées

(Unkovich et al. 2008), mais reste mal connue pour la

plupart des légumineuses. Il convient donc de mieux

quantifier ces variations spécifiques et de les confronter

au contexte de l’interculture. Les DBF prévoient aussi la

possibilité d’apporter 30 kg N/ha afin d’assurer le bon

développement des engrais verts (Sinaj et al. 2009). Si

cette fumure est justifiée pour quelques situations limi-

tant la disponibilité en azote, elle peut être substituée

par des légumineuses pures ou en association, tout

aussi favorables à la production de biomasse. En effet,

une croissance rapide et une biomasse abondante des

cultures intermédiaires sont essentielles pour une

bonne couverture du sol et lorsqu’il s’agit de lutter sans

herbicide contre les adventices durant l’interculture

(Melander et al. 2013).

Le renforcement du rôle des légumineuses dans

l’interculture pour améliorer l’efficience du cycle de

l’azote et la lutte contre les adventices nécessite une

meilleure compréhension du comportement des

espèces comme couvert végétal en conditions estivales.

Une expérimentation a été mise en place pour mieux

connaître leur croissance, leur capacité de fixation sym-

biotique, leur force de concurrence envers les adven-

tices, ainsi que leur potentiel d’association.

Page 22: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Production végétale | Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices

386

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Dispositif expérimental

La comparaison d’espèces porte sur 27 légumineuses,

2 non-légumineuses et un procédé non semé. Trois expé-

rimentations de plein champ ont été mises en place en

2010 et 2011 sur le domaine expérimental de Changins

(Nyon, 420 m) et en 2011 sur le domaine de l’Ecole

d’agriculture de la Rütti (Zollikofen, 544 m). A Changins,

les sols sont de texture moyenne à lourde et d’un pH

neutre à légèrement alcalin. A Zollikofen, le sol est de

texture moyenne, de pH alcalin et bien pourvu en

matière organique (tabl. 1). En 2010, les précipitations se

sont produites surtout en fin de cycle végétatif, condui-

sant à un déficit hydrique cumulé de 70 l/m2 (tabl. 2). En

2011, les précipitations ont été régulières sur les deux

sites d’expérimentation.

Les espèces sont étudiées en parcelles expérimen-

tales organisées en blocs randomisés avec trois répéti-

tions. Afin d’évaluer les légumineuses en association,

chaque dispositif a été complété par un strip-plot croi-

sant les espèces étudiées avec une bande de phacélie

Phacelia tanacetifolia (demi-dose, 5 kg/ha) et une bande

d’avoine Avena sativa (demi-dose, 66 kg/ha). Ces deux

espèces servent également de référence non-légumi-

neuse. Le semis des microparcelles (10 m2) a été effectué

à l’aide d’un semoir Plotman Wintersteiger au début du

mois d’août (tabl. 2), après récolte d’un blé d’automne

suivi d’un labour (pailles exportées). Aucune inoculation

n’a été pratiquée.

Observations et mesures

Durant la croissance des plantes, le taux de couverture

du sol par la végétation a été mesuré à intervalle régu-

lier à compter du semis. Ces valeurs ont servi à modéliser

la dynamique de croissance des plantes en ajustant des

fonctions de Gompertz (Bodner et al. 2010), calculées sur

la base des degrés jours écoulés depuis la date de semis

(base de 0 °C) (tabl. 2). Ces analyses ont été effectuées

avec le package R drc «Analysis of dose-response curves»

(Ritz et Streibig 2005).

L’arrivée des premiers gels a déterminé les dates

des dernières observations et récoltes (tabl. 2): hauteur

des plantes, proportion d’adventices, proportion de

chaque légumineuse dans le mélange avec avoine et

avec phacélie, rendement des couverts, azote minéral

du sous sol nu (0 – 90 cm).

Sur la base des observations aux champs, 22 espèces

performantes ont été retenues pour quantifier la part

d’azote dérivé de l’air (Nda) (tabl. 3), selon la méthode

de l’abondance naturelle de l’azote 15N (Unkovich et al.

2008). Cette méthode permet de caractériser la capacité

de fixation de chaque espèce de légumineuse. Elle

repose sur l’abondance naturelle en 15N plus élevée dans

le sol que dans l’air et par extension plus élevée dans la

biomasse d’une plante non fixatrice d’azote, puisant son

azote dans le sol, que dans une plante fixatrice. Elle met

donc en relation les concentrations en 15N d’une plante

référence non fixatrice et d’une légumineuse. Elle dis-

tingue deux situations de nutrition azotée pour la légu-

mineuse: le plein champ et la fixation symbiotique

exclusive. A cet effet, une expérimentation en condi-

tions contrôlées a été conduite en 2011 à Zollikofen,

comprenant les 22 espèces cultivées en pots, sous abri et

sur substrat enrichi de bactéries symbiotiques obtenues

d’un lessiva de sol des essais de plein champ.

Les analyses de l’isotope 15N ont été faites au spec-

tromètre de masse par le laboratoire «Isolab» de l’ETHZ.

Les mesures ont été faites sur les biomasses aériennes

récoltées en fin de cycle en plein champ, ainsi que sur

les biomasses de cultures conduites en conditions

contrôlées.

DispositifArgile

%Sable

%pH

MO%

Nminkg N/ha

Changins, 2010 41 25 6,9 3,4 52

Changins, 2011 23 34 7,4 2,0 78

Zollikofen, 2011 20 47 7,7 4,0 124

Tableau 1 | Caractéristiques physico-chimiques des sols des trois sites d’expérimentation

Dispositif Semis RécolteSomme températures après semis

Degrés-jours (base 0 °C)Précipitations

Potentielle Evapo-

transpirationmm

Date Date 15 jours 30 jours 60 jours mm ETP

Changins, 2010 04.08. 06.11. 291 570 1014 309 379

Changins, 2011 03.08. 10.11. 320 629 1151 354 368

Zollikofen, 2011 10.08. 08.11. 337 598 1030 353 353

Tableau 2 | Dates de semis, récolte et données météorologiques

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013

Page 23: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices | Production végétale

387

Tableau 3 | Principales caractéristiques des légumineuses testées: biomasse aérienne en fin de cycle et hauteur de la végétation, temps nécessaire pour atteindre 50% de couverture du sol (t50), azote total dans la biomasse aérienne (Ntot), azote dérivé de l’air en quantité (Nda) et en part de l’azote total (pNda), couverture par les adventices à la récolte, part de la légumineuse en mélange avec avoine et avec phacélie

EspècesBiomasset MS/ha

Hauteurcm

t50degrés-

jours

Ntotkg/ha

Ndakg/ha

pNda%

Adventices%

Mél. avoine

%

Mél. phacélie

%

1 Cicer arietinum Pois chiche 1,1 46 454 19 3 14 40 21 43

2 Glycine max Soja 2,8 46 599 69 16 23 29 41 52

3 Lathyrus sativus Gesse cultivée 3,5 40 423 145 126 86 5 67 93

4 Lens culinaris Lentille comestible 3,2 29 418 102 75 74 13 48 44

5Lens culinaris

cv.canada Lentille canadienne 2,4 32 440 – – – 15 50 47

6 Lotus corniculatus Lotier corniculé 0,5 10 652 – – – 58 8 7

7 Lupinus albus Lupin blanc 4,1 75 468 65 26 40 8 50 56

8 Lupinus angustifolius Lupin à folioles étroites

2,3 49 609 – – – 23 19 21

9 Medicago lupulina Luzerne lupuline 1,1 14 587 – – – 38 15 17

10 Medicago sativa Luzerne cultivée 1,8 37 531 57 34 57 14 32 26

11 Melilotus albus Mélilot blanc 1,4 29 583 44 26 55 24 34 26

12 Onobrychis viciifolia Esparcette 1 27 850 – – – 45 13 17

13Pisum sativum

cv.Arvica Pois fourrager 4,2 71 414 – – – 1 94 96

14Pisum sativum

cv.Hardy Pois protéagineux 5,1 51 442 150 108 72 2 72 83

15Trifolium

alexandrinum Trèfle d'Alexandrie 3,2 48 471 76 49 64 11 43 46

16 Trifolium hybridum Trèfle hybride 1,2 23 552 – – – 32 24 24

17 Trifolium incarnatum Trègle incarnat 3,2 32 457 94 73 76 17 41 45

18 Trifolium pratense Trèfle violet 1,4 26 525 43 30 71 32 32 34

19 Trifolium repens Trèfle blanc 1,2 21 751 40 32 78 31 24 28

20 Trifolium resupinatum Trèfle de Perse 2,7 37 423 81 65 82 16 42 46

21Trifolium

subterraneum Trèfle souterrain 1,5 21 572 44 25 55 24 23 28

22 Trigonella caerulea Trigonelle bleue 1,3 34 479 21 0 4 21 19 24

23Trigonella

foenum-graecum Fenugrec 2,2 41 573 48 15 34 16 33 52

24 Vicia faba Féverole 5,9 108 541 163 136 84 6 71 86

25 Vicia pannonica Vesce de Hongrie 2,5 31 485 102 87 86 19 41 43

26 Vicia sativa Vesce commune 4,4 43 420 171 127 75 3 77 87

27 Vicia villosa Vesce velue 3,8 36 377 163 143 87 4 73 85

28 Avena sativa Avoine de printemps 4,1 79 515 49 0 0 4 – –

29 Phacelia tanacetifolia Phacélie 4,5 91 479 53 0 0 5 – –

30 Sol nu Sol nu – – – – – – 100 – –

n 29 – 29 22 22 22 30 27 27

p-value < 0,001 – < 0,001 < 0,001 < 0,001 < 0,001 < 0,001 < 0,001 < 0,001

ppds 5% 0,5 – 55 18 13 18 10 8 9

ppds 1% 0,7 – 73 24 17 25 13 11 11

Changins 2010 2,3 31 588 74 54 60 24 41 51

Changins 2011 2,8 43 510 92 66 65 18 27 33

Zollikofen 2011 2,5 – 465 85 56 56 20 54 55

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013

Page 24: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Production végétale | Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices

388

Analyses de variance

Des analyses de variance multi-sites ont été effectuées

pour chaque variable, et les ppds correspondant calculés

(Gomez et Gomez 1984). Toutes les analyses numériques

ont été effectuées avec le logiciel R 2.14.1 (R Develop-

ment Core Team 2011)

R é s u l t a t s

Biomasse aérienne

En trois mois de végétation, le développement de bio-

masse aérienne varie extrêmement d’une espèce à

l’autre, allant de 0,5 t MS/ha à 5,9 t MS/ha (tabl. 3). Dans

la plupart des cas, la production de biomasse est restée

relativement stable entre les années et les sites. Les

espèces pluriannuelles présentent généralement une

croissance moins importante que les annuelles. Dix légu-

mineuses atteignent un rendement supérieur à 3,0 t MS/

ha (tabl. 3). Certaines d’entre elles se développent plutôt

en hauteur (lupin blanc, pois et féverole) et d’autres pré-

sentent une végétation plus basse et dense (gesse culti-

vée, lentille, trèfles de Perse et incarnat, vesces). Le pois

fourrager et la gesse cultivée sont sensibles à la verse et

leur biomasse affaissée en fin de cycle végétatif est par-

fois sujette à la pourriture lors de conditions relative-

ment humides (2011). Les espèces faiblement dévelop-

pées ont notamment été carencées en azote en raison

de l’absence de bactéries symbiotiques (soja, pois chiche,

trigonelle bleue), voire partiellement détruites par des

ravageurs (lièvre sur soja).

Dynamique de croissancePlusieurs espèces présentent une croissance plus rapide

que la phacélie et l'avoine (temps nécessaire pour cou-

vrir 50 % du sol): gesse cultivée, lentille, pois fourrager,

trèfle de Perse, vesces commune et velue (tabl. 3). Les

différences de dynamique de croissance durant la phase

d’implantation ont été particulièrement marquées en

2010 à Changins avec des conditions relativement

sèches, soulignant davantage encore les espèces les

plus rapides pour une implantation estivale: lentille,

pois fourrager, trèfle de Perse, vesces, voire trèfle

d’Alexandrie (fig. 1).

Absorption et fixation d’azote

L’azote accumulé par les légumineuses (Ntot) provient

principalement de la fixation symbiotique (Nda)

(tabl. 3, fig. 2). Elle s’étend de quelques kilos à 150 kg

N/ha en trois mois de végétation et varie fortement

d’une espèce à l’autre. Le prélèvement d’azote du sol

(Nds) résulte à la fois de la quantité d’azote dispo-

nible dans la solution du sol et de la capacité d’ab-

sorption de la plante. Le Nds atteint un maximum de

50 kg N/ha, notamment pour la vesce commune et le

pois. Cette même quantité de Nds est accumulée par

la phacélie et l’avoine, pour lesquelles Nds = Ntot

(fig. 2), mais aussi par le soja dont la Nda est restée

négligeable en raison de l’absence de symbiose. Par

contre, la féverole n’absorbe que 27 kg N/ha du sol,

alors qu’elle est très productive (5,9 t MS/ha), pour un

Ntot de 163 kg N/ha.

Figure 1 | Dynamique du taux de couverture du sol en fonction du temps depuis le semis, pour une sélection d'espèces en 2010 à Changins.

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013

0 500 1000 1500

0

20

40

60

80

100

Nombre de degrés−jours après semis

% c

ouve

rtur

e du

sol

y = ymaxe−ek(ti−tmax)

Avena sativaLens culinarisLotus corniculatusMedicago sativaPhacelia tanacetifoliaPisum sativum cv. ArvikaTrifolium alexandrinumTrifolium resupinatumTrigonella foenum−graecum Vicia fabaVicia sativaVicia villosa

Page 25: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices | Production végétale

389

(tabl. 3). Le Nda en tendance légèrement plus bas à Zol-

likofen (9 kg N/ha) peut être mis en relation avec la fer-

tilité élevée du sol de ce site, avec un Nmin de 124 kg N/

ha (tabl. 1) en fin de végétation sous un sol nu, contre

80 kg N/ha la même année à Changins, et 52 kg N/ha en

2010 à Changins.

Effet sur les adventices

La flore adventice observée en 2010 à Changins est

essentiellement composée d’amaranthe (Amaranthus

retroflexus) et de chénopode (Chenopodium album). A

cela s’ajoutent des espèces secondaires (renouée persi-

caire Polygonum persicaria, lamier rouge Lamium pur-

pureum, capselle Capsella bursa-pastoris, laiteron rude

Sonchus asper) et en 2011 une forte présence de colza

(Brassica napus) sur les deux essais. La biomasse des

adventices correspond à 0,98 t MS/ha dans les parcelles

non semées (sol nu, moyenne des 3 essais). La proportion

des adventices est inversement liée avec la biomasse des

légumineuses (R2 = 0,93) (fig. 3A). Une couverture de

plus de 3,5 t MS/ha est nécessaire pour assurer une

concurrence élevée face aux adventices (<15 %). Le

Une bonne relation est observée entre le Ntot et la

quantité de biomasse (R2 = 0,75) (fig. 2). Cette relation

repose nettement sur la Nda (R2= 0,58), par rapport à la

Nds (R2 = 0,10). Considérant l’ensemble de ces relations,

l’accumulation d’azote par unité de biomasse atteint

30 kgN / tMS, dont 22 kg proviennent de l’air et 8 kg du

sol (fig. 2).

La féverole et la vesce velue présentent les plus

fortes performances azotées, avec pour la féverole un

Ntot de 163 kg N/ha, pour une part provenant de l’air

(pNda) de 85 % (tabl. 3). La vesce commune atteint une

performance similaire avec un Ntot de 171 kg N/ha et

un pNda de 75 %. Plusieurs trèfles montrent une per-

formance symbiotique élevée (pNda 70 %) pour un

Ntot moyen de 30 à 70 kg N/ha.

Les sites d’expérimentation ont montré des perfor-

mances analogues avec quelques légères différences.

La sécheresse de 2010 à Changins a pénalisé la couver-

ture du sol (fig. 1 et tabl. 3), la biomasse ainsi que l’accu-

mulation d’azote, sans toutefois réduire la pNda. Les

légumineuses se sont particulièrement bien exprimées

en 2011 à Changins au niveau de l’accumulation d’azote

0 1 2 3 4 5 6

0

50

100

150

Biomasse [t MS/ha]

Azot

e ac

cum

ulé

[kg/

ha]

1

2

3

4

7

10

11

14

15

17

1819

20

21

22

23

24

25

26

27

1

2

3

4

7

10

11

14

15

17

1819

202122

2324

25

26

27

28

1

2

3

4

7

10

11

29

14

15

17

1819

20

21 23

24

25

26

27

N total:N air:N sol:

y = 30,3x ; R² = 0,75y = 22,2x ; R² = 0,58y = 8,1x ; R² = 0,10

Figure 2 | Azote absorbé en fonction de la biomasse des légumineuses: quantité d'azote total (carré rouge), quantité dérivée de l’air (cercle bleu), et quantité absorbée du sol (triangle jaune). Numéros et espèces selon tableau 3. Valeurs moyennes des trois expérimentations.

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013

Page 26: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Production végétale | Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices

390

nombre de jours requis pour couvrir 35 % du sol est le

meilleur indicateur de la relation entre la dynamique de

croissance des légumineuses et la présence des adven-

tices (R2 = 0,6) (fig. 3B).

Performance en mélanges

Les mélanges de légumineuses avec la phacélie et

l’avoine discriminent leur capacité d’association (fig. 4A,

tabl. 3). Cinq espèces (gesse cultivée, féverole, vesce

velue et commune, pois) sont particulièrement domi-

nantes et composent plus de 80 % de la biomasse en

mélange avec la phacélie et environ 70 % avec l’avoine.

Le pois fourrager est particulièrement concurrentiel,

composant plus de 90 % de la biomasse des deux

mélanges. Un groupe d’espèces se montre davantage

complémentaire, composant 40 à 50 % des mélanges

(fenugrec, soja, lupin blanc, trèfle d’Alexandrie, vesce de

Hongrie, trèfle de Perse, trèfle incarnat, lentille). L’avoine

est un peu plus concurrentielle que la phacélie vis-à-vis

des légumineuses (fig. 4A). En 2010, la phacélie a davan-

tage bénéficié de l’association avec une légumineuse

pour accroître sa biomasse que l’avoine (mesuré à Chan-

gins, non présenté). La part des légumineuses dans les

associations montre une bonne relation avec la capacité

de concurrence face aux adventices (R2 = 0,89) (fig. 4B).

D i s c u s s i o n

Les variations de comportement relativement larges au

sein des 27 légumineuses étudiées permettent d’envisa-

ger de multiples usages de ces espèces comme couverts

végétaux. Bien que la fixation symbiotique d’azote

représente la principale fonction attendue, la manière

de les cultiver en engrais verts pur ou en mélange, ainsi

que leur effet sur les adventices, méritent également

une attention particulière.

Azote

Au début de leur croissance, la première source de

nutrition azotée des légumineuses provient de la solu-

tion du sol. Les résultats montrent que certaines légu-

mineuses sont capables d’absorber du sol autant que

des plantes non fixatrices, en raison d’une croissance

0 1 2 3 4 5 6

0

20

40

60

80

100

Biomasse [t MS/ha]

% a

dven

tices

28

1

2

3

45

6

7

8

9

10

11

12

2913 14

30

15

16

17

1819

20

2122

23

24

25

2627

A

400 500 600 700

0

20

40

60

80

100

Temps [degrés−jours] pour atteindre 35% de couverture

% a

dven

tices

28

1

2

3

45

6

7

8

9

10

11

12

2913 14

15

16

17

18 19

20

2122

23

24

25

2627

B

y = 90,8e −0,982x + 5,9R² = 0,93

y = 0,11x−29,8

R² = 0,60

Figure 3 | Part d'adventices dans la biomasse en fonction A. de la biomasse des légumineuses, et B. du temps pour atteindre 35% de cou-verture par la légumineuse. Numéros et espèces selon tableau 3.

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013

Page 27: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices | Production végétale

391

l’azote du sol par la légumineuse, et d’autre part de la

quantité d’azote fixée de l’air puis effectivement valori-

sée par les cultures suivant la légumineuse dans la rota-

tion. Actuellement, les DBF comptabilisent un maxi-

mum de 30 kg N/ha déductibles de la fumure après une

légumineuse hivernante (Sinaj et al. 2009), sans consi-

dérer les arrières effets de cet élément ou des autres

éléments minéraux.

L’objectif attendu du couvert végétal est donc pri-

mordial afin de préciser le rôle et le choix de la légumi-

neuse, que ce soit pour le piégeage du nitrate, l’apport

d’azote ou de matière organique dans le système. Cette

thématique a été traitée de façon approfondie dans

une expertise scientifique, incluant une large revue

bibliographique (Justes et al. 2012). Les légumineuses

peuvent effectivement être utiles pour réduire les

fuites de nitrate, même si leur efficacité est deux fois

plus faible que celle des non légumineuses. De plus,

elles ont un effet positif sur la rotation des cultures par

rapport à d’autres engrais verts dont l’effet est souvent

mal maîtrisé (Maltas et al. 2012b). Enfin, le rapport C/N

est déterminant dans la minéralisation des résidus d’en-

grais verts, en particulier pour les légumineuses.

élevée (pois, vesce commune) ou, faute de symbiose,

d’une nécessité, doublée d’une forte capacité de prélè-

vement (soja). Par contre, aucune légumineuse n’a pré-

levé davantage que les 50 kg N/ha accumulés par la

phacélie et l’avoine.

La fixation symbiotique a conduit à des accumula-

tions d’azote considérables dans la biomasse aérienne,

similaires à ce dont dispose un sol relativement fertile à

la fin de la même période (Nmin de 120 kg N/ha à Zol-

likofen). Ces quantités d’azote sont d’autant plus

conséquentes que certaines légumineuses productives

(féverole) ont une capacité modeste d’absorption

d’azote du sol. Ainsi, en l’espace de trois mois, la féve-

role a fixé une quantité d’azote comparable à ce qui a

été montré dans une autre étude où elle était cultivée

comme culture principale (six mois de végétation)

(Lopez-Bellido et al. 2006).

La relative homogénéité de la part d’azote fixée de

l’air entre les essais, malgré les contrastes des conditions

climatiques (2010 et 2011) et pédologiques (Changins et

Zollikofen), souligne l’important déterminisme lié à

l’espèce. L’efficience d’utilisation globale de la res-

source azotée dépend d’une part de l’absorption de

0

0

20

40

60

80

100

% biomasse dans le mélange avec avoine

% b

iom

asse

dan

s le

mél

ange

ave

c ph

acél

ie

1

2

3

45

6

7

89

1011

12

13

14

15

16

17

18

19

20

2122

23

24

25

2627

A

0

20

40

60

80

100

% biomasse moyenne dans les mélanges

% a

dven

tices

1

2

3

45

6

7

8

9

10

11

12

1314

15

16

17

1819

20

2122

23

24

25

2627

B

20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100

y = 66,0e -0,03x -1,3R² = 0,89

Figure 4 | Capacité d'association des légumineuses. A. Part de la légumineuse en mélange avec avoine et avec phacélie (% de la biomasse +/- erreur standard). B. Part d'adventices dans la légumineuse pure en fonction de la part de la légumineuse dans les mélanges phacélie et avoine. Numéros et espèces selon tableau 3.

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013

Page 28: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

392

Production végétale | Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices

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Aptitude à l’association et capacité de concurrence

Les associations d’espèces figurent parmi les solutions

innovantes pour optimiser les multiples fonctions des

légumineuses comme engrais verts, à l’instar des

mélanges herbagers graminées – légumineuses (Mosi-

mann et al. 2012). Les tests d’association ont montré

différents comportements des légumineuses: comme

espèce très concurrentielle prédisposée à dominer un

mélange (pois fourrager), espèce partenaire permettant

d’atteindre une association équilibrée (trèfle d’Alexan-

drie), ou espèce subsidiaire peu concurrentielle (espèces

bisannuelles). Par ailleurs, dans cette étude, la phacélie

est apparue comme un partenaire mieux adapté aux

mélanges que l’avoine, suggérant une plus faible capa-

cité de concurrence, une meilleure valorisation de

l’azote mis à disposition ou encore un effet mutualiste

de l’association.

L’analogie mise en évidence entre l’aptitude à l’asso-

ciation et la capacité de concurrence contre les adven-

tices permet une utilisation croisée des résultats. Ainsi,

la biomasse produite donne une information relative-

ment cohérente pour les deux fonctions. La rapidité de

couverture du sol ou la hauteur des plantes demeurent

des caractères importants qui rendent compte de la

grande variabilité des légumineuses et permettent d’en-

visager une utilisation ciblée de chaque espèce. Toute-

fois, l’utilisation des légumineuses contre les adventices

reste controversée du fait d’une part d’un effet de

concurrence durant la croissance (azote, lumière, eau) et

d’autre part d’un effet de l’azote résiduel favorable aux

adventices (Charles et al. 2012).

C o n c l u s i o n s

Les légumineuses testées ont montré des aptitudes très

variables à former de la biomasse, couvrir le sol, concur-

rencer les adventices, absorber l’azote du sol et fixer

celui de l’air. Différents groupes ont pu être distingués:

l’un est formé d’espèces très compétitives, un autre com-

prend des légumineuses destinées à des associations

équilibrées d’espèces, un troisième groupe réunit des

légumineuses moins adaptées à une fonction de couvert

végétal. Les modalités d’utilisation des légumineuses en

mélange et des règles d’association doivent encore être

établies. n

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013

Page 29: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

393

Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices | Production végétale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Screening of legumes as cover crops:

nitrogen and weeds

This study evaluated 27 legumes as

cover crops, sowed in pure or mixed

stands, with the aim to outline their

agrosystemic services. The results show

important behavior variations among

the different legumes. The amount of

aerial biomass built from August until

the first frost achieve between 0.4 and

5.9 t DM/ha. From 377 to 850 degrees-

days are necessary to reach 50 % of soil

cover. The nitrogen accumulated by the

legumes is mainly due to symbiotic

nitrogen fixation and vary from a few kg

to 150 kg N/ha. The ability of legumes to

compete with weeds is closely correlated

with the amount of biomass produced

(R2 = 0.93). It is analogous to the

aptitude of association tested on

legumes in mixtures with oat and

phacelia. Five species (grass pea, faba

bean, hairy vetch, common vetch and

pea) are found to be very dominant and

reach more than 80 % of biomass in

mixture with phacelia and about 70 %

with oat. These species are also those

producing the highest biomass, covering

soil most rapidly, and fixing high

quantity of nitrogen. Many other

legumes (fenugreek, lentil, white lupin,

soybean, berseem clover, persian clover,

crimson clover, hungarian vetch) show

less competitive performance and offer a

good complement for species associa-

tions.

Key words: legumes, cover crops,

biological nitrogen fixation, weed

control, intercropping.

Screening di leguminose per coperture

vegetali: azoto e avventizie

Questo studio ha valutato 27 legumi-

nose come coperture vegetali in purezza

e in associazione con lo scopo di

precisarne i servizi agro-ecosistemici. I

risultati mostrano delle importanti

variazioni del comportamento tra le

diverse specie testate. La quantità di

biomassa aerea formatasi dal mese di

agosto fino al primo gelo si situa tra 0,4

e 5,9 t SS/ha. Sono necessari da 377 a

850 gradi giorno per raggiungere il 50 %

di copertura del suolo. L’azoto accumu-

lato dalle leguminose proviene principal-

mente dalla fissazione simbiotica e varia

di qualche kilo a 150 kg N/ha in tre mesi

di vegetazione. La capacità delle

leguminose di contrastare le avventizie è

strettamente correlata alla quantità di

biomassa prodotta (R2=0,93). Ella risulta

simile alla facoltà d’associazione delle

leguminose testate nelle miscele

composte da facelia e avena. Cinque

specie (cicerchia coltivata, fava, piselli,

veccia villosa e coltivata) sono particolar-

mente dominanti e compongono più

dell’ 80 % della biomassa miscelata con

facelia e ca. il 70 % con avena. Sono

queste specie che producono più

biomassa, che coprono il suolo più

rapidamente e che fissano più azoto

proveniente dall’aria. Numerose altre

leguminose (fieno greco, lenticchie,

lupino bianco, soia, trifoglio alessan-

drino, trifoglio persiano, trifoglio

incarnato, veccia d’Ungheria) sono meno

concorrenziali e offrono di conseguenza

una buona complementarietà per delle

associazioni di specie.

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013

Page 30: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

394 Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 394–401, 2013

I n t r o d u c t i o n

Les produits phytosanitaires (PPS) font l’objet d’examens

approfondis avant leur mise sur le marché suisse. D’une

part, il s’agit d’évaluer les risques potentiels encourus

par les personnes utilisant les produits phytosanitaires

ainsi que les risques pour l’environnement, et d’autre

part d’examiner l’adéquation des produits pour leur uti-

lisation en agriculture. Outre l’efficacité biologique, cer-

taines propriétés physico-chimiques de même que l’iden-

tité et la qualité des préparations des produits sont très

importantes. Toutes ces propriétés qui définissent la

valeur des produits phytosanitaires homologués sont

vérifiées lors de contrôles sur le marché.

L’octroi des homologations aux produits phytosani-

taires revient à l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG),

tandis que le contrôle sur le marché est placé sous la res-

ponsabilité des cantons. Les campagnes annuelles de

Ulrich Schaller, Bruno Patrian, Astrid Bächli, Ursula Streit et Marianne Balmer

Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil, Suisse

Renseignements: Ulrich Schaller, e-mail: [email protected], tél. +41 44 783 62 91

Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Figure 1 | Les cantons, l'OFAG et Agroscope travaillent en étroite collaboration pour réaliser les contrôles sur le marché des produits phytosanitaires. Les analyses de laboratoire sont faites par le Groupe de chimie des produits phytosanitaires à la station Agroscope à Wädenswil. (Photo: Keystone / Gaëtan Bally)

Page 31: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse | Production végétale

395

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 394–401, 2013

Les produits phytosanitaires vendus en

Suisse sont contrôlés sur le marché dans le

cadre d'une étroite collaboration entre les

laboratoires cantonaux, le service fédéral

chargé des homologations pour les produits

phytosanitaires et la station de recherche

Agroscope. Au cours de cinq campagnes

menées de 2008 à 2012, 106 produits

phytosanitaires ont été analysés en labora-

toire quant à leur teneur de substance active,

à la qualité de celle-ci et à leurs principales

propriétés physico-chimiques. Ces analyses

ont permis de mettre en évidence divers

défauts. Dans un cas, le produit ne contenait

pas la substance active déclarée. Par contre,

les contrôles n'ont pas révélé de teneurs trop

élevées d'impuretés considérées comme

importantes sur le plan toxicologique.

Concernant les propriétés physico-chimiques,

des écarts aux exigences ont été constatés

dans quelque 10 % des cas. Pour l'un d'entre

eux, c'est une poudre blanche qui était

vendue au lieu du granulé annoncé. Plus de

40 % des produits étaient mis sur le marché

avec une étiquette ou un mode d'emploi

comportant des indications incomplètes ou

fausses, qui ont fait l'objet de contraventions.

D'une façon générale, les contrôles sur le

marché contribuent à garantir que l'agricul-

ture trouve à sa disposition des produits

phytosanitaires d'utilisation sûre et de haute

qualité.

contrôle sont coordonnées par la «Plate-forme de coordi-

nation pour l’exécution du droit en matière de produits

chimiques» (KPVC) et sont mises en œuvre dans le cadre

d’une collaboration étroite entre les organes cantonaux

d’exécution (laboratoires cantonaux, services cantonaux

des produits chimiques), le service de l’OFAG chargé des

homologations pour les produits phytosanitaires et la

station de recherche Agroscope. Les cantons sont respon-

sables du prélèvement des échantillons et de l’évaluation

de l’emballage, tandis que les analyses se font au labora-

toire de contrôle du marché du groupe Chimie des pro-

duits phytosanitaires à la station Agroscope de Wäden-

swil. La base légale est fournie par la Loi sur les produits

chimiques (Lchim), l’Ordonnance sur les produits phyto-

sanitaires (OPPh) et l’Ordonnance sur les produits

chimiques (Ochim).

Contrôles sur le marché des produits phytosanitaires

Le but des campagnes de contrôle des produits phytosa-

nitaires est de vérifier sous différents aspects la qualité

des produits phytosanitaires que l’on trouve sur le mar-

ché suisse. Un des éléments importants à vérifier est que

le fournisseur mette en circulation le produit tel qu’il a

été homologué, et que les exigences qualitatives soient

durablement satisfaites. On garantit ainsi que les pro-

duits phytosanitaires sont maniables pour l’utilisateur,

qu’ils sont tolérés par les cultures et qu’ils ont l’effica-

cité recherchée.

D’une part, les contrôles sur le marché visent à éta-

blir si l’identité de la substance active correspond à

l’homologation et si elle répond aux exigences en

matière de teneur et de qualité. D’autre part, certaines

propriétés particulières du produit phytosanitaire exa-

miné sont analysées. Il s’agit alors de paramètres impor-

tants pour l’application pratique et pour la protection

de l’utilisateur. Par exemple, le produit ne doit pas

générer une mousse débordant du réservoir de bouillie,

il ne doit pas boucher les buses et il doit se répartir de

manière homogène dans la bouillie. L’adéquation de la

formulation est examinée au moyen de tests physico-

chimiques standardisés sur le plan international (FAO/

WHO-Manuel 2010).

De plus, les examens portent sur l’intégralité des

données figurant sur l’étiquette, ainsi que sur l’étan-

chéité et l’adéquation de l’emballage à l’utilisation qui

en est faite.

Les paramètres examinés sont présentés ci-dessous,

en prenant quelques exemples parmi les contrôles sur le

marché réalisés au cours des cinq dernières années

(tabl. 1), ainsi qu’un tableau récapitulatif des résultats

(tabl. 2). Les rapports des campagnes précédentes ainsi

que des considérations sur les aspects fondamentaux du

2008

Produits phytosanitaires (PPS) contenant les substances actives Mecoprop-P (MCPP) et 2,4-D (acide 2,4-dichlorophénoxiacétique). Ont été examinés particulièrement le rapport des énantiomères du MCPP et les impuretés importantes 4-chlor-2-methylphénol du MCPP et 2,4-dichlorophénol du 2,4-D.

2009PPS comportant la substance active chlorothalonil; analyse ciblée sur les impuretés importantes hexachlorobenzène et décachloro-biphényle.

2010PPS comportant les substances actives cyperméthrine, alpha- cyperméthrine, zeta-cyperméthrine et deltaméthrine.

2011PPS comportant la substance active folpet; analyse ciblée des impuretés tétrachlorométhane et perchlorométhylmercaptan.

2012PPS comportant les substances actives diméthoate, chlorpyrifos et métamitron; analyse ciblée des impuretés importantes isodimé-thoate et ométhoate du diméthoate, et sulfotep du chlorpyrifos.

Tableau 1 | Vue générale des contrôles réalisés sur le marché au cours des cinq dernières années. Les substances actives et les impuretés importantes examinées sont indiquées

Page 32: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Production végétale | Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse

396

contrôle sur le marché ont été publiés antérieurement

(Patrian et al. 2005; Patrian et al. 2007; rapports sur les

produits phytosanitaires de la KPVC).

R é s u l t a t s d e s c a m p a g n e s

Est-ce la bonne substance active?

L’identité et la teneur de la substance active dans le pro-

duit phytosanitaire sont des critères importants de qua-

lité. Il arrive en effet que le produit ne contienne pas la

substance active déclarée. Par exemple, le contrôle sur le

marché réalisé en 2010 a révélé ceci: sont homologuées

en Suisse la substance insecticide cyperméthrine, consti-

tuée d’un mélange de quatre paires d’énantiomères,

ainsi que la substance active alpha-cyperméthrine. Cette

dernière ne contient qu’une paire d’énantiomères, qui

présente la plus haute activité biologique. La fabrication

d’alpha-cyperméthrine est complexe et plus coûteuse.

Cette substance active présente cependant l’avantage

pratique d’une efficacité comparable avec une dose

d’application inférieure. Il s’ensuit que les résidus et les

effets secondaires sont réduits également. Un des pro-

duits analysés dans le cadre de la campagne devait, selon

son étiquette et son dossier d’homologation, contenir la

substance active alpha-cyperméthrine. En réalité, on a

pu démontrer clairement en utilisant un procédé de

Campagne(année)

Nombre d'échantillons

Nombre d'échantillons n'ayant pas répondu aux exigences

Teneur de substance active

Impuretés importantes

Tests physico- chimiques

Étiquette, mode d'emploi

Emballage (étanchéité)

2008 25 3 0 0 16 0

2009 12 0 0 0 5 0

2010 27 4 - 1 15 2

2011 20 0 0 5 7 0

2012 22 1 0 4 1 0

Total 106 8 (7,5 %) 0 10 (11 %) 44 (42 %) 2 (2 %)

Tableau 2 | Vue générale des résultats des contrôles sur le marché. Le nombre d'échantillons ayant présenté des erreurs ou des défauts est indiqué. En conséquence, les produits concernés ont dû être dénoncés et le fabricant requis d'exprimer son point de vue ou de prendre des mesures correctives

27,00 28,00 29,00 30,00

16,00

17,00

18,00

19,00

min

GC DB-1 cyperméthrine

αS

(1R)

-cis

αR

(1S)

-cisα

R (1

R)-c

is

αS

(1S)

-cis

αR

(1R)

-tra

ns

αS

(1S)

-tra

ns

αS

(1R)

-tra

ns

αR

(1S)

-tra

ns

27,00 28,00 29,00

18,0

20,0

22,0

24,0

26,0

min

αR

(1S)

-cis

αS

(1R)

-cis

GC DB-1 alpha-cyperméthrine

Figure 2 | Campagne de contrôle des produits phytosanitaires 2010. On voit les quatre paires d'énantiomères à la chromatographie en phase gazeuse de la cyperméthrine (à gauche) – on voit surtout une paire d'énantiomères dans l’analyse de l'alpha-cyperméthrine (à droite). Un produit contenait erronément de la cyperméthrine, alors qu'il aurait dû contenir de l'alpha-cyperméthrine selon l'homologation.

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 394–401, 2013

Page 33: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse | Production végétale

397

Au cours des divers contrôles sur le marché, nous avons

examiné les impuretés importantes sur le plan toxicolo-

gique pour les différentes substances actives (tabl. 1).

Heureusement, aucun dépassement des valeurs limites

n’a été constaté au cours des cinq dernières années.

Sous cet aspect, un bon certificat peut être décerné aux

fabricants.

Est-ce la bonne fabrication?

En plus des substances actives, les produits phytosani-

taires contiennent divers adjuvants destinés par exemple

à protéger du froid, à solubiliser les substances ou à

empêcher la formation de mousse. La composition d’un

produit dépend des propriétés de la substance active

qu’il contient et de son utilisation prévue. C’est pour-

quoi différents types de formulation des produits phyto-

sanitaires ont été définis qui ont validité sur le plan

international. Ces types de formulations se différencient

fortement dans leur aspect et leurs propriétés physico-

chimiques; on peut citer les granulés ou les poudres pour

la forme solide, les émulsions ou les suspensions pour la

forme liquide.

séparation par chimie analytique, que la substance

active cyperméthrine avait été utilisée pour la fabrica-

tion de ce produit (fig. 2). Il est rare que l’on puisse faire

de telles constatations, mais dans ce cas il s’agissait clai-

rement d’une tromperie au détriment de l’utilisateur

final qui souhaitait appliquer un produit phytosanitaire

de plus grande valeur mais a reçu un produit dépourvu

de cette valeur ajoutée.

Au cours des cinq dernières années, seuls sept

échantillons ont été relevés avec une teneur mesurée

de substance active légèrement inférieure à celle

déclarée.

Impuretés importantes sur le plan toxicologique

Les impuretés ne sont tolérées qu’en petites quantités

dans une substance active, s’agissant par exemple des

produits secondaires de la synthèse. Lorsqu’ils sont net-

tement plus toxiques que la substance active elle-même,

des teneurs maximales à ne pas dépasser sont fixées par

l’Union européenne. Cette disposition vise à garantir

l’absence de risque supplémentaire pour l’utilisateur, le

consommateur et l’environnement.

Figure 3 | Campagne de contrôle des produits phytosanitaires 2011: voici quatre échantillons d'un PPS contenant du folpet. S'agit-il vrai-ment du même produit?

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 394–401, 2013

Page 34: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Production végétale | Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse

398

L’apparence d’un produit est une propriété facile à véri-

fier. La figure 3 montre quatre échantillons d’un pro-

duit phytosanitaire qui se distinguent clairement entre

eux par la couleur et la granulation. Comme le produit

est homologué en tant que granulé soluble, mais vendu

en pratique sous forme de poudre, il a dû être dénoncé

pour non-conformité grave.

D’autres propriétés physico-chimiques peuvent

être importantes, selon le type de formulation. Elles

sont examinées en laboratoire au moyen de tests spé-

cifiques.

Test de mouillabilité

La mouillabilité est une propriété importante pour les

formulations en poudre et en granulés. Elle se mesure

par la rapidité avec laquelle le produit se mouille après

avoir été versé dans l’eau, c’est-à-dire le temps néces-

saire pour qu’il ait disparu de la surface du liquide (fig.

4). Alors que les granulés brun clair et brun foncé (fig.

3) se sont mouillés en 10 respectivement 1 seconde, les

deux produits blancs pulvérulents ont nécessité pour

cela 30 resp. 60 minutes. Pour satisfaire aux exigences

du manuel FAO/WHO 2010, les échantillons doivent

présenter un temps d’humectage de 60 secondes au

maximum. Cette poudre ne se dissoudra sûrement pas

de manière complète et homogène dans la bouillie

d’aspersion. Elle surnagera vraisemblablement beau-

coup trop longtemps et se déposera en partie sur les

parois internes de la cuve. En conséquence, le dosage

du traitement sera nettement inférieur à celui prévu.

Test de tamisage humide

Ce test permet de vérifier qu’un produit phytosanitaire

se dissout bien dans l’eau. Il consiste à mesurer quelle

proportion reste sur un tamis aux mailles de 75 µm.

Dans les campagnes de contrôle, certains granulés

dispersables dans l’eau ont présenté au test de tamisage

humide des résidus avoisinant ou dépassant les 2 %

autorisés (fig. 5). En pratique, les formulations laissant

des résidus importants ont tendance à boucher rapide-

ment les buses. Comme la substance active n’est pas

totalement dissoute dans la bouillie, le dosage sur la

culture est alors inférieur à celui prévu.

Test de stabilité en suspension

Avec les suspensions concentrées, il est souvent difficile

d’atteindre une répartition homogène de la substance

active dans la bouillie. Le test de stabilité en suspension

Figure 4 | Campagne de contrôle des produits phytosanitaires 2011. Test de mouillabilité d'un produit phytosanitaire contenant du folpet: après plus de dix minutes, le produit n'est pas encore complètement mouillé.

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 394–401, 2013

Page 35: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse | Production végétale

399

Examen des étiquettes

En moyenne, l’étiquette ou le mode d’emploi présen-

taient des erreurs chez 42 % des produits phytosanitaires

examinés. C’est une proportion élevée, mais qui semble

avoir tendance à baisser (tabl. 2). Les erreurs relevées

dans les informations vont de points formels (absence de

numéro de lot ou erreur de type de formulation) à des

aspects significatifs sur le plan de la sécurité comme par

exemple un dosage trop élevé, un délai d’attente trop

court, un moment d’application erroné ou des applica-

tions non autorisées.

Que se passe-t-il après le contrôle?

Les résultats des contrôles sur le marché font toujours

apparaître des défauts dans la qualité ou la composition

des produits phytosanitaires. S’il s’agit de défauts

mineurs, tels l’absence du numéro d’homologation sur

l’étiquette, l’entreprise qui met le produit sur le marché

doit corriger ce défaut dans un délai donné. Lorsqu’il

s’agit de défauts entraînant un risque de sécurité, par

exemple l’absence d’une restriction d’utilisation relative

permet de vérifier si les particules se dispersent finement

et si elles se maintiennent longtemps ainsi dans la bouil-

lie sans se déposer au fond de la cuve.La figure 6 montre à droite un produit de granulés

contenant du folpet, dispersable dans l’eau. Dans le test

ce produit a montré une stabilité en suspension de 46 %

seulement au lieu des 60 % exigés. Pour cette raison, cer-

tains produits contenant du folpet ne sont homologués

qu’avec la restriction suivante: la bouillie doit être agitée

régulièrement dans la cuve. Cela garantit une distribu-

tion homogène de la substance active sur la culture, mal-

gré la faible stabilité du produit en suspension.

Examen des emballages

Plus de cent emballages ont été testés, et deux parmi

eux n’étaient pas totalement étanches. En conséquence,

le produit phytosanitaire liquide pouvait se répandre

inopinément. Comme cela constitue un risque potentiel

pour l’utilisateur et pour l’environnement, la qualité de

l’emballage doit être vérifiée et un meilleur type imposé

si nécessaire.

Figure 5 | Campagne de contrôle des produits phytosanitaires 2011. Résidus d'un produit contenant du folpet après le test de tamisage humide.

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 394–401, 2013

Page 36: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

400

Production végétale | Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse

à la protection de la nappe phréatique, ou si le produit

ne correspond pas au produit phytosanitaire homologué,

cela peut être sanctionné par la suspension de l’homolo-

gation ou par son retrait. Ainsi, l’homologation du pro-

duit contenant du folpet qui présentait plusieurs défauts

(fig. 3 et 4) a été suspendue.

C o n c l u s i o n s e t p e r s p e c t i v e s

Contrôle suisse intégré à un réseau international

Les techniques de formulation des produits phytosani-

taires évoluent constamment, de même que les exi-

gences concernant la sécurité des personnes et de l’envi-

ronnement. Pour ces raisons, il est important que les

autorités responsables de l’exécution des contrôles sur le

marché suivent régulièrement ces développements et y

contribuent activement. Les spécialistes de la chimie des

produits phytosanitaires à la station Agroscope peuvent

apporter ici leur expérience de chercheurs et étendre

leurs compétences. Ainsi, ils procèdent à des échanges

réguliers avec les autorités parallèles de plusieurs pays

voisins et participent activement aux groupes de travail

germanophones sur les formulations de produits phyto-

sanitaires (DAPF) et sur les méthodes analytiques pour

les produits phytosanitaires (DAPA). Ces réunions sont

des occasions d’échanges entre les autorités et l’indus-

trie. Elles ont pour objectif d’assurer une procédure har-

monisée, ainsi que de développer et de publier des tests

physico-chimiques et des méthodes d’analyse éprouvées

dans le cadre d’essais parallèles chez les différents parte-

naires. Cette coordination pose les bases nécessaires à

des contrôles sérieux et objectifs des produits phytosani-

taires mis sur le marché.

Campagnes coordonnéesLes produits phytosanitaires mis sur le marché suisse sont

de très bonne qualité pour la plupart. Pourtant, les

contrôles sur le marché révèlent parfois la présence de

produits ne répondant pas aux exigences légales, ne cor-

respondant pas aux besoins de la pratique agricole ou

représentant un risque inutile pour les personnes et pour

l’environnement. Souvent, ces défauts peuvent être corri-

gés assez facilement par le distributeur. Les contrôles sur

le marché contribuent ainsi de manière efficace à l’amé-

lioration de la qualité des produits phytosanitaires sur le

marché suisse. Ils garderont leur importance dans le futur,

grâce à la participation active des cantons, de l’OFAG et

d’Agroscope dans les campagnes de contrôle. n

Figure 6 | Campagne de contrôle des produits phytosanitaires 2011. Test de stabilité en suspension de deux produits phytosanitaires contenant du folpet: l'échantillon de gauche montre une bonne stabilité en suspension, tandis que celle de l'échantillon de droite est insuffisante car la plus grande partie du produit se dépose au fond de la cuve au lieu de rester en suspension.

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 394–401, 2013

Page 37: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

401

Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse | Production végétale

Ria

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Sum

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y

Market control – quality of plant

protection products in Switzerland

In Switzerland, the market control of

plant protection products is organized

in a close collaboration of the cantonal

laboratories, the registration authority

and Agroscope. From 2008 to 2012,

five campaigns with a total of

106 plant protection products were

performed. The quality of the active

ingredient and the most important

physico-chemical properties of the

samples were analyzed in the labora-

tory. One product did not contain the

declared active ingredient. However,

the concentrations of the relevant

impurities with toxicological concerns

were in all cases below the specified

level. With respect to the physico-

chemical properties, about 10 % of the

products did not meet all the require-

ments. In one case, a white powder

was sold instead of water-soluble

granules. Incorrect or insufficient

information on the label was found

with more than 40 % of the products

tested. This had to be addressed and

corrected by the responsible compa-

nies. The market control is important

to maintain the safety and good

quality of plant protection products in

Switzerland.

Key words: pesticide formulation

quality, market control, FAO-specifica-

tion.

Controlli di mercato – la qualità dei

prodotti fitosanitari in Svizzera

Il controllo di mercato dei prodotti

fitosanitari commerciati in Svizzera è

eseguito in stretta collaborazione tra i

laboratori cantonali, il servizio di

omologazione dell’Ufficio federale

dell’agricoltura (UFAG) e alla stazione

di ricerca Agroscope. Dal 2008 al 2012

si è valutato in laboratorio, nell’ambito

di cinque campagne, 106 prodotti

fitosanitari sul loro contenuto e sulla

qualità della sostanza attiva, come

pure sulle proprietà fisico-chimiche più

importanti. In questo contesto si sono

evidenziate diverse carenze. In un caso

un prodotto conteneva una sostanza

attiva non dichiarata. Tuttavia, non

furono riscontrati livelli troppo elevati

relativi a impurità tossicologiche. Per

quel che riguarda le proprietà fisico-

chimiche in ca. il 10 % dei casi si è

riscontrato degli scostamenti dai

requisiti. In un caso al posto di granu-

lato era stata messa in commercio una

polvere biancastra. In oltre il 40 % dei

prodotti fu contestata l’informazione

incompleta o non veritiera riportata

sull’etichetta o nelle istruzioni d’uso.

Complessivamente i controlli di

mercato contribuiscono ad assicurare

all’agricoltura dei prodotti fitosanitari

di qualità e sicuri.

Bibliographie b Rapports KPVC (Plate-forme de coordination pour l'exécution du droit en matière de produits chimiques) sur les produits phytosanitaires. Accès: http://www.bag.admin.ch/anmeldestelle/03894/03895/index.html?lang=fr [20.08.2013]

b Deutschsprachige Arbeitskreise für Pflanzenschutzmittel-Formulierungen (DAPF) und für Pflanzenschutzmittel-Analytik (DAPA). Accès: http://www.bvl.bund.de/DE/04_Pflanzenschutzmittel/01_Aufgaben/08_Pro-duktchemie/psm_produktchemie_node.html [20.08.2013].

b FAO/WHO-Manual, 2010. Manual on Development and Use of FAO and WHO Specifications for Pesticides. First Edition, Second Revision, prepa-red by the FAO/WHO Joint Meeting on Pesticide Specifications (JMPS), Rome, 2010. Accès: http://www.fao.org/agriculture/crops/core-themes/theme/pests/jmps/manual/en/ [20.08.2013].

b Patrian B., Poiger T. & Müller M. D., 2005. Qualitätsbeurteilung von Pflanzenschutzmitteln. Agrarforschung 12 (1), 16–21.

b Patrian B., Bächli A. & Müller M. D., 2007. Qualität von Isoproturon- Herbiziden auf dem Schweizer Markt. Agrarforschung 14 (7), 306–311.

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 394–401, 2013

Page 38: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

402

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 402–405, 2013

Une différenciation réussie permet de vendre plus et/ou plus cher.

La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suissesAnna Crole-Rees1, Martina Spörri1, Johannes Rösti2 et Christine Brugger1

1Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil2Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon

Renseignements: Anna Crole-Rees, e-mail: [email protected], tél. +41 44 783 61 58

La stratégie de la différenciation permet de mieux com-

prendre et cibler les besoins et les préférences des diffé-

rents groupes de consommateurs et ainsi, de vendre plus

et/ou plus cher. Les travaux du module Consommateurs

de ProfiCrops ont donc porté sur la stratégie de différen-

ciation et comportaient deux objectifs: donner les moyens

de mieux différencier les produits suisses et lier ces diffé-

renciations aux préférences des consommateurs en Suisse.

Plusieurs études ont montré qu’une ouverture des mar-

chés induira une concurrence accrue entre les produits

agricoles d’origine suisse et étrangère. Il est donc essentiel

de renforcer la confiance des consommateurs envers les

produits d’origine suisse. C’est aussi un des objectifs for-

mulés par le programme de recherche ProfiCrops

d’Agroscope: «La production végétale a un avenir si les

consommatrices et consommateurs préfèrent les produits

suisses» (Agroscope 2008). S’il est essentiel de consolider

la compétitivité de la production végétale, il s’agit de pri-

vilégier la stratégie de domination par la différenciation

par rapport à la stratégie de domination par les coûts.

Cette contribution montre, dans un premier temps, que

la différenciation requiert la définition et la mesure

objective de la notion de qualité. L’approche par la diffé-

renciation est ensuite décrite ainsi que les préférences

des consommateurs. Des recommandations pour la

recherche comme pour les acteurs du secteur de la pro-

duction végétale sont ensuite proposées.

La notion de qualité

La qualité est un élément de base pour établir la

confiance des consommateurs envers les produits de la

production végétale d’origine suisse. La question est de

savoir ce que l’on entend par qualité et comment carac-

tériser et mesurer cette promesse envers les acheteurs.

Les principaux éléments définissant la qualité concernent

les caractéristiques intrinsèques du produit, son mode et

lieu de production et sa disponibilité (fig. 1).

Série ProfiCrops

E c l a i r a g e

Page 39: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

403Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 402–405, 2013

La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses | Eclairage

Le nombre d’attributs a fortement augmenté durant les

dernières décades. Les critères ne comportent plus seu-

lement des éléments agronomiques ou de stockage,

mais aussi des caractéristiques sensorielles, d’origine

géographique, de mode de production incluant les

aspects sociaux et environnementaux. Les raisons de

cette augmentation du nombre d’attributs sont mul-

tiples. Les nouvelles connaissances scientifiques ont per-

mis de mieux caractériser les différents profils de la qua-

lité. Les habitudes alimentaires se sont modifiées, avec

l’augmentation des revenus, les changements de priori-

sation des dépenses et de mode de vie, la disponibilité

accrue en information en général et sur les produits, etc.

La structure des marchés a aussi fortement évolué, avec

un niveau de concentration plus élevé et avec des

chaînes de commercialisation plus ou moins longues.

Comme l’a montré la journée d’information Agroscope à

Changins sur la qualité le 8 février 2013 (Jeangros et Levy

2013), les différents acteurs des chaînes de valeur ont tous

des besoins et des préférences concernant la qualité lors

de l’achat de produits agricoles – du producteur au

consommateur en passant par l’industriel et le détaillant.

Toutefois, les critères pris en compte par les différents

groupes d’acteurs et leur priorisation peuvent varier.

Tout aussi important: les besoins et les préférences

ne sont pas homogènes entre les différents produits

comme au sein d’un groupe d’acteurs. Au sein de la

transformation, les fabricants de frites n’ont pas les

mêmes besoins que les producteurs de chips en termes

de taux d’amidon et de forme de pommes de terre. De la

même manière, les producteurs de pommes de terre

peuvent avoir des préférences différentes concernant

Produit

• Sensoriel •Arôme •Goût •Aspect • Texture

• Sanitaire

• Sécurité

• Calibre

• Aptitude à la transformation

Processus

• Mode de production

• Traçabilité

• Provenance • Suisse ou non • Local-régional, montagne

• Authenticité, artisanal, agriculturefamiliale

• Environnement, durabilité • Food miles • Ecobilan

• Equitable, aspects sociaux

• Bien-être animal

Disponibilité

• Stockage

• Transport

• Saisonnalité

Figure 1 | Liste des attributs pouvant être inclus dans la notion de qualité. (Source: Adapté de Spörri 2012 et Réviron 2010)

Le programme de recherche Agroscope ProfiCrops

(www.proficrops.ch) a pour objectif de contribuer à ga-

rantir la compétitivité de la production végétale suisse

dans un cadre de plus en plus libéralisé et de renforcer la

confiance des consommateurs envers les produits

suisses. Les hypothèses posées en début de programme

stipulaient que l’efficience de la production devait être

améliorée, l’innovation et la valeur ajoutée augmentées,

la confiance des consommateurs renforcée et les condi-

tions cadres modifiées. Ces quatre aspects ont fait l’objet

de recherches inter-disciplinaires, sous forme de mo-

dules: Efficience, Innovation, Consommateurs et Condi-

tions cadres, et de projets intégrés et associés: Feu Bacté-

rien, ProfiVar, ProfiGemüse CH, Coopération d’assole-

ment, ProfiViti, WIN4 et FUI.

La série d’articles «ProfiCrops» publiée cette année dans

Recherche Agronomique Suisse permet de diffuser une

sélection de résultats et de solutions pour maintenir la

compétitivité de la production végétale en Suisse. Ces

résultats et solutions sont exemplaires. Un rapport de

synthèse sera disponible début 2014.

L'article «La différenciation, pour renforcer la confiance

des consommateurs envers les produits suisses», lié au

module Consommateurs*, met en lumière les défis de la

recherche pour le développement de produits inspirant

la confiance des consommateurs suisses et du besoin

de la mobilisation de l’ensemble des acteurs pour y par-

venir.

*(http://www.agroscope.admin.ch/proficrops/05367/index.html?lang=fr)

Page 40: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Eclairage | La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses

404

les variétés et leur potentiel ainsi que des exigences ou

besoins variés, liés à leur lieu de production, type de sol,

rotation, etc.

L’approche par la différenciation

L’approche par la différenciation est un cadre d’analyse

permettant de valoriser les différents attributs liés à la

notion de qualité. Elle est aussi une stratégie de posi-

tionnement sur le marché qui sert à relâcher la concur-

rence et à mieux répondre aux préférences hétérogènes

des consommateurs, en offrant des produits différents

de ceux de la concurrence, en vue de vendre plus et/ou

plus cher. Enfin, elle est l’ensemble des procédés par les-

quels une entreprise ou un secteur va obtenir un produit

ou service différent des entreprises ou régions produc-

trices concurrentes. Lancaster (1975) distingue deux

types de différenciation:

Objective. Elle donne au produit une réelle différence

en termes de caractéristiques, en général mesurables.

Par exemple: la sélection d’un soja avec un hile incolore

permet son utilisation pour la fabrication du tofu, les

recherches menant aux recommandations pour éviter les

taches vertes sur les pommes de terre, les travaux sur le

stockage permettant d’étendre la période de commer-

cialisation, la mise sur pieds du label Swiss Garantie,

garantissant l’origine, etc.

Subjective. Elle modifie la façon dont les consomma-

teurs perçoivent un produit. Cette différenciation se fait

notamment par le biais de la publicité qui change

l’image d’un produit auprès des consommateurs.

Toutefois, les consommateurs n’ayant pas les mêmes

préférences, il faut encore distinguer la différenciation

objective:

•• Verticale: si les consommateurs préfèrent de manière

unanime l’un des biens à l’autre (le bien A au bien B),

alors les deux biens sont considérés comme différen-

ciés verticalement.

•• Horizontale: si les consommateurs n’ont pas les mêmes

préférences sur les deux biens, alors ces derniers sont

considérés comme différenciés horizontalement. Les

deux biens peuvent coexister sur le marché. Cela est

particulièrement le cas avec les pommes (Spörri 2012).

Il s’agira donc d’offrir des qualités spécifiques à des

groupes de consommateurs différents. Le colza HOLL

(Baux et al. 2013) convient plus particulièrement aux

industriels.

La stratégie de différenciation objective permet de mettre

en valeur des caractéristiques des produits et, en cas de

succès, de vendre plus et/ou plus cher. Cette stratégie a un

coût. Elle induit une plus grande segmentation du marché

et donc des coûts de production, de commercialisation et

de communication (Réviron 2010). Les possibilités de stra-

tégies de différenciation s’accroissent avec l’augmenta-

tion du nombre d’attributs. Toutefois, la stratégie de dif-

férenciation exige aussi de plus en plus de mesures, liées à

la promesse de qualité et de connaissances, concernant les

besoins et préférences des différents groupes d’acteurs.

Par exemple, informer les consommateurs sur les aspects

environnementaux est complexe, le nombre de para-

mètres et leur interprétation étant nombreux (Koch 2011).

Le défi est aussi lié au fait que ces besoins et préférences

ne sont pas toujours explicitement exprimés par les diffé-

rents groupes d’acteurs.

Les préférences des consommateurs en Suisse

Les consommateurs sont les clients finaux des chaînes

de valeur. Ils ne sont pas homogènes et les différents

attributs de la figure 1 sont hiérarchisés de manière

différente par les différents groupes de consomma-

teurs, selon leur niveau de revenu, le genre, la compo-

sition de leur ménage comme aussi le moment et le

lieu d’achat, entre autres. Par exemple, la consomma-

tion de pommes de terre à chair ferme augmente avec

l’âge (OFAG 2012).

Réviron (2010) identifie quatre groupes de consomma-

teurs en Suisse: les «chasseurs de prix», les «fidèles

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 402–405, 2013

• Marges • Organisation travail • Qualité • Rotation • …

Production

• Prix • Qualité • Stockage • Disponibilité • Relations

fournisseurs • …

Transfor-mation

Commerce

• Qualité • Utilisation • Disponibilité • Prix • …

Consom-mation

Figure 2 | La place de la qualité chez les acteurs de la chaîne de valeur. (Source: Crole-Rees, Spörri, Rösti et Brugger 2013)

Page 41: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses | Eclairage

405

•• Tous les acteurs d’une chaîne de valeur doivent donc

poursuivre les efforts de communication permettant

aux acteurs d’exprimer leurs besoins et préférences

d’une part, et, d’autre part, de valoriser les attributs

spécifiques liés à la qualité, particulièrement ceux liés

à une production et une transformation suisse. Cela

requiert un renforcement de la coordination des

filières.

•• La recherche doit poursuivre les efforts de différencia-

tion objective en tenant compte de différents groupes

de consommateurs, de produits (consommés frais ou

transformés), des exigences agronomiques, etc (Spörri

2012). Le développement et la valorisation d’outils

permettant de mieux cibler la qualité, par exemple,

comme la House of Quality (Bertschinger et al. 2009;

Brugger & Sijtsema 2012; Brugger 2012), c’est-à-dire

fournir le «bon» produit au «bon» consommateur,

doivent se poursuivre. Elle doit aussi continuer à

s’impliquer avec les acteurs des chaînes de valeur. Des

exemples de succès sont: le colza HOLL (voir article

ProfiVar, Baux et al. 2013) et les recommandations

pour une production de blé à forte teneur en gluten. n

suisses», les «orientés suisses» et les «gourmets». Les

trois derniers groupes représentent plus de 70 % des

consommateurs. Ces derniers sont prêts à payer un prix

plus élevé pour les produits suisses, d’autant plus qu’ils

les estiment différents par leur mode de production et

leurs caractéristiques intrinsèques (goût, arôme, fraî-

cheur) des produits importés.

Les perspectives de différenciation

Renforcer la confiance des consommateurs et consom-

matrices envers les produits suisses est essentiel pour

permettre de maintenir le positionnement du secteur de

la production végétale suisse. Afin de remplir cet objec-

tif, les différentes initiatives menées au sein du pro-

gramme ProfiCrops montrent que:

•• L’approche par la différenciation permet, en cas de

succès, de vendre plus et/ou plus cher. Elle consiste à

offrir le produit préféré au client spécifique.

•• La différenciation requiert la définition et la mesure

objective des attributs de qualité. Le nombre d’attri-

buts, en augmentation, varie selon beaucoup de

facteurs. Il peut être différent selon le groupe d’ac-

teurs, groupe dont les membres peuvent avoir des

préférences hétérogènes.

•• Une stratégie de différenciation induit des coûts. Elle

doit donc viser les consommateurs intéressés à payer

une plus-value liée à leurs préférences. Une majorité

des consommateurs en Suisse sont prêts à payer plus

pour l’origine suisse (différenciation verticale).

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 402–405, 2013

Bibliographie b Agroscope, 2008. ProfiCrops: Neue Wege für einen zukunftsfähigen Pflanzenbau in der Schweiz unter liberalisierten Marktbedingungen. Programmbeschrieb.

b Baux A., Sergy P. et Pellet D., 2013. Le colza HOLL en Suisse: de la pro-duction pilote à la production à grande échelle. Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8), 344–347.

b Bertschinger L., Corelli-Grappadelli L., Derkx M. P. M., Hall S., Kockerols K., Sijtsema S. J., Steiner S., Van Der Lans I. A., Van Schaik A. C. R. & Zim-mermann K. L., 2009. A search for a systematic method to bridge bet-ween pre-harvest, postharvest, and consumer research aimed at increa-sing fruit consumption: The «Vasco da Gama» process. Journal of Horti-cultural Science & Biotechnology ISAFRUIT Special Issue 2–6.

b Brugger C., Sijtsema S. J., 2012. Exploration of consumer and sensory research in the House of Quality: Sweet and sour taste preferences for fruit. Scripta Horticulturae 16, 55–59.

b Brugger C., 2012. Sensorik – Chancen und potentieller Einsatz in der Qualitätsdifferenzierung. Vortrag, Kernobstseminar Swisscofel, 05. Juni 2013, Kartause Ittingen.

b Crole-Rees A., Spörri M., Rösti J. & Brugger Ch., 2013. Différencier les pommes de terre pour mieux répondre à la demande des consommateurs suisses? Présentation faite lors de la journée «La qualité dans les grandes cultures: un défi pour la recherche». Journée d’information, 8 février

2013. Agroscope ACW Changins. Accès: http://www.agroscope.admin.ch/praxis/00211/07029/index.html?lang=fr [18.06.2013].

b Jeangros B. et Levy L., 2013. La qualité dans les grandes cultures: un défi pour la recherche. Journée d’information, 8 février 2013. Agroscope ACW Changins. Accès: http://www.agroscope.admin.ch/praxis/00211/07029/index.html?lang=fr [18.06.2013].

b Koch P. & Gaillard G., 2011. Förderung des nachhaltigen Konsums von Lebensmitteln – Welchen Beitrag können Ökobilanzen leisten? Ökobilan-zen und Umweltproduktinformationen. Sicht der Forschung (2). Présenta-tion lors de l’atelier de travail, Module 3 Consommateurs, ProfiCrops, Berne, 18.1.2011.

b Lancaster K.J. 1975. Socially Optimal Product Differentiation. The Ameri-can Economic Review 65 (4), 567–585.

b OFAG, 2012. Bulletin du marché des pommes de terre. Aperçu rétrospec-tif de l’année 2011. Avril 2012.

b Spörri Eggenberger M., 2012. ProfiCrops: Ziele der Produktdifferenzie-rung im Schweizerischen Pflanzenbau: Review. Agroscope Wädenswil. 30.10.2013.

b Réviron S., 2010. Création de valeur auprès des consommateurs par la différentiation des produits des filières agricoles. Présentation lors de l’atelier de travail, Module 3 Consommateurs, ProfiCrops, Berne, 17.11.2010.

ProfiCropsProgrammes de recherche Agroscope

Page 42: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

406 Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 406–407, 2013

Ambiance printanière pour la traditionnelle photo de groupe.

Didier Pellet et Alice Baux

Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, case postale 1012, 1260 Nyon 1

Renseignements: Didier Pellet, e-mail : [email protected], tél: +41 22 363 47 16

Culture du colza: des scientifiques de quatre continents font le point à Changins

Du 28 avril au 1er mai dernier, les rencontres techniques

du GCIRC (Groupe Consultatif International de Recherche

sur le Colza) ont été organisées par Agroscope Chan-

gins-Wädenswil à Changins. Cette réunion a été l’occa-

sion pour les spécialistes du colza de quinze pays de

faire le point et d’échanger sur les derniers développe-

ments en culture de colza.

Vers la fin de l’hégémonie du biodiesel en Europe?

Le marché mondial du colza est fortement influencé par

la production de biodiesel qui absorbe 10 % de la pro-

duction totale, soit 16,5 millions de tonnes par année. A

elle seule, l’Union européenne des 27 (UE-27) utilise

actuellement dans ce but presque 10 millions de tonnes

de graines, dont la moitié est importée (principalement

d’Ukraine et d’Australie). Pourtant, en octobre 2012,

une révision des objectifs énergétiques, assortie de

mesures pour limiter la production de gaz à effets de

serre, ainsi que d’autres mesures agri-environnemen-

tales ont résonné comme un coup de tonnerre dans un

ciel jusque-là sans nuages! Les experts prédisent qu’à

court terme l’UE-27, qui consacre actuellement ¾ de sa

production au biodiesel, passera du statut d’importateur

net de colza à celui d’exportateur, pour couvrir une

demande croissante en Chine, au Proche et Moyen-

Orient ainsi qu’en Afrique du Nord. Au sein de l’UE-27,

l’augmentation de la consommation d’huile de colza ali-

mentaire est peu vraisemblable, bien que le colza y

représente seulement 19% de l’huile alimentaire, soit

une part inférieure à ce qui est observé en Suisse (25 %)

et très loin des 54 % du Canada. Une spécialiste cana-

dienne des marchés a conclu que la politique énergé-

tique de l’UE a freiné l’amélioration de la qualité de

cette huile alimentaire. Le développement du colza

E c l a i r a g e

Page 43: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Culture du colza: des scientifiques de quatre continents font le point à Changins | Eclairage

407Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 406–407, 2013

HOLL (huile de colza pour la friture) est une illustration

de ce phénomène. L’importance de ce nouveau segment

de marché reste limité en Europe (0,5 % des surfaces en

France, Allemagne, Autriche, pays nordiques), alors qu’il

constitue en Suisse 30 % d’un marché intérieur presque

uniquement alimentaire.

Sélection: suprématie des hybrides

L’augmentation des surfaces de colza en Europe ces der-

nière années s’est faite de pair avec l’émergence d’hy-

brides, plus productifs, plus stables et dotés de bonnes

qualités agronomiques, comme la tolérance au froid.

Avec 90 % d’hybrides semés, la Suisse figure parmi les

leaders européens dans ce domaine, démontrant une

fois de plus que notre agriculture est prompte à adopter

les innovations. Des travaux prometteurs de sélection sur

le système racinaire en Allemagne ont été présentés. Ils

permettraient une plus grande tolérance au stress

hydrique et une meilleure absorption des nutriments qui

pourrait améliorer la stabilité des rendements même

avec une fertilisation réduite. En Australie, on s’intéresse

également à la résistance au stress hydrique et aux tem-

pératures élevées, couplée à une tolérance aux herbi-

cides, puisque ces variétés occupent 90 % des surfaces.

Résistance à la hernie du choux

La hernie du choux cause une déformation du pivot qui

précède la dégénérescence de la plante et peut rendre

les parcelles contaminées inaptes à la culture du colza.

Ce problème largement répandu est amplifié dans les

sols acides ou par une charge importante en crucifères

dans la rotation. En complément du chaulage, l’utilisa-

tion de variétés tolérantes est un moyen de lutte effi-

cace. Des programmes de sélection canadiens et alle-

mands sont en voie de fournir de nouvelles variétés

résistantes à un large spectre de pathotypes du champi-

gnon (Plasmodiophora brassicae), qui permettront la

relève de Mendel, la seule variété résistante à la hernie

cultivée en Suisse, où le problème est heureusement peu

répandu.

Résistance au phoma

En 2003, l’Australie a vécu une perte subite de résistance

au phoma d’une variété jusqu’alors très résistante. Cette

catastrophe économique a décidé les chercheurs à réo-

rienter leur stratégie. Parallèlement à la recherche de

variétés résistantes, un monitoring des souches de

phoma permet de suivre les gènes d’avirulence qui per-

mettent au champignon de contourner les résistances

variétales. Ainsi, les variétés dont les résistances sont sur

le point d’être percées peuvent être retirées à temps du

marché, pour éviter de nouvelles catastrophes.

Techniques culturales

Dans le cadre de la nouvelle politique agricole, la France

recherche des solutions pour limiter l’utilisation d’in-

trants dans les cultures. Le semis du colza en association

avec une légumineuse pourrait permettre de réduire les

apports d’engrais azotés et de pesticides, sans pénaliser

le rendement.

Bien qu’en pleine expansion, le colza, avec ses 80’000

ha, reste une culture mineure en Argentine, par rapport

aux 22’000’000 ha de cultures oléagineuses dans ce pays.

Il s’agit principalement de variétés de colza de printemps,

les besoins de vernalisation n’étant pas toujours remplis

pour les variétés d’hiver. Récolté avant le blé, le colza

permet un semis de maïs ou de soja plus précoce, ce qui

lui donne une place intéressante dans la rotation. La

demande toujours croissante en biodiesel et la stabilité

de sa qualité permettent d’assurer les débouchés du

colza en Argentine.

Enfin, la lutte contre les méligèthes reste un enjeu

important de la production de colza en Europe. L’outil

d’aide à la décision Pro-plant Expert propose une alerte

lorsque le seuil de traitement est atteint, permettant

ainsi de limiter les traitements préventifs et de retarder

l’apparition de résistances, et donc de prolonger la

durée de vie des insecticides.

Composition et utilisation du colza

L’utilisation du tourteau de colza dans l’alimentation des

porcs fait l’objet de plusieurs recherches, notamment en

Allemagne et au Danemark. Les teneurs en glucosino-

lates et en fibres sont les principaux facteurs limitant son

utilisation. Les variétés à graines jaunes contiennent

moins de fibres (lignine), ce qui améliore leur qualité

nutritionnelle. Les techniques d’extraction d’huile

peuvent également influencer fortement la qualité du

tourteau.

De récentes études ont également confirmé l’impor-

tance de l’acide alpha-linolénique. Cet acide gras essen-

tiel présent en proportion élevée dans l’huile de colza,

précurseur d’autres acides gras polyinsaturés à longues

chaînes, semble jouer un rôle protecteur contre les

maladies cardiovasculaires et inflammatoires.

Les deux jours de conférence se sont conclus par une

journée de visite au champ, lors de laquelle les partici-

pants ont pu apprécier les recherches d’Agroscope sur le

colza, en particulier le développement des variétés HOLL

en Suisse, ainsi que la plateforme de démonstration de

fenaco. Rendez-vous est pris pour les prochaines ren-

contres techniques du GCIRC qui auront lieu en 2017,

vraisemblablement en Suède. n

Page 44: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

408

P o r t r a i t

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 408, 2013

De ses études de bachelor à son poste actuel de profes-

seure en physiologie de la nutrition et nutrition des

ruminants à la Haute école des sciences agronomiques,

forestières et alimentaires HAFL, Anette van Dorland a

toujours suivi ses intérêts. Une bonne dose de persévé-

rance et un soupçon de chance en plus lui ont permis de

réaliser à chaque fois ses aspirations professionnelles.

Sa prédilection pour l’agriculture – pour les bovins

en particulier – remonte à l’enfance, puisqu’elle a grandi

dans un village rural des Pays-Bas. Mais ce n’est qu’au

moment de choisir une orientation, après avoir exploré

plusieurs voies de formation et accompagné un vétéri-

naire quelques jours, que les choses sont devenues

claires: «Je suis fascinée par les vaches, mais le côté “san-

glant” de l’activité de vétérinaire n’est pas vraiment

mon truc.»

Se laisser guider par ses intérêts

Dans le cadre du bachelor, elle se spécialise en agricul-

ture tropicale et subtropicale. «Les vaches devaient être

au centre de mes études. Et quand on est jeune, on a

aussi envie d’aventure. C’est pour cela que j’ai choisi

l’agriculture dans le domaine international», explique-t-

elle. Pendant ses trois années d’études à l’International

Agriculture College de Larenstein, ponctuées de séjours

en Zambie et en Albanie, elle se découvre aussi une âme

de chercheuse. Cela sera son métier. Elle débute des

études de master à Wageningen, une étape intermé-

diaire mais nécessaire, car l’objectif qu’elle s’est fixé ne

sera pas atteint avant d’avoir le doctorat en poche.

Or, elle ne trouve aucun poste attrayant sur le

moment. Fidèle à ses intérêts et à son goût pour l’aven-

ture, elle s’engage alors pour une durée de trois ans en

Ethiopie – dans un territoire aussi vaste que l’Allemagne

– au sein d’une équipe interdisciplinaire (International

Livestock Research Institute, ILRI) menant une étude de

caractérisation des animaux de rente sur le terrain.

Retour en Europe

Le doctorat, Anette van Dorland n’y a pas renoncé pour

autant. Un ami l’informe justement qu’une place de doc-

torant est vacante à l’ETH de Zurich dans le domaine de

l’alimentation animale. La vie a voulu qu’elle ne retourne

pas aux Pays-Bas; qu’après avoir vécu dans l’une des

régions les plus pauvres du monde, elle aille dans l’une

des plus riches. «J’ai tout de suite beaucoup aimé la

Suisse, même si j’ai peu visité le pays pendant mon doc-

torat», se rappelle-t-elle. Sa thèse achevée, elle trouve

un poste à la faculté Vetsuisse de l’Université de Berne.

Elle passe six ans à Posieux, où elle étudie le métabo-

lisme du foie chez les vaches laitières et participe notam-

ment à un projet de recherche mené conjointement avec

la HAFL. «Je me suis tout de suite rendu compte qu’ils

faisaient aussi des recherches passionnantes à Zollikofen.

Cette impression m’est restée.»

Depuis août 2012, Anette van Dorland travaille à la

HAFL. Elle y transmet ses connaissances à de jeunes étu-

diants enthousiastes et y fait de la recherche. «Un bon

mélange», souligne-t-elle. Elle en a profité pour élargir

son domaine de compétences: l’alimentation des che-

vaux est dorénavant au programme. L’occasion pour elle,

une fois de plus, de concilier son travail et ses intérêts.

Matthias Zobrist, Haute école des sciences agronomiques, forestières

et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen

Anette van Dorland: une âme de chercheuse, un cœur d’aventurière

Page 45: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

409

A c t u a l i t é s

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 409–411, 2013

Actualités

La recherche microbiologique en pleine mutation

Des microbiologistes environnementaux venus du

monde entier se sont réunis du 9 au 13 juin 2013 à l’occa-

sion de la 12e conférence de «Bacterial Genetics and Eco-

logy» (BAGECO 12) qui s’est tenue à Ljubliana en Slové-

nie. Tous les deux ans, cette conférence institue une

plateforme d’échange pour les nouvelles connaissances

et tendances. Cette année, la conférence était axée

sur le transfert génétique et l’évolution, les interactions

microbiennes, les microorganismes et les plantes, la

diversité microbienne et les prestations écosystémiques

ainsi que les réactions microbiennes aux facteurs de

contrainte anthropiques.

Lors de la conférence, il est apparu clairement que la

recherche microbiologique se trouvait en pleine muta-

tion et que le diagnostic génétique ultramoderne était

appliqué dans tous les domaines. Des génomes de bacté-

ries inconnues jusqu’ici ont par exemple été décodés ou

des milliers d’espèces d’un échantillon prélevé dans

l‘environnement décrites en une seule analyse. La confé-

rence a montré de façon impressionnante quel immense

potentiel ces informations recelaient pour la microbiolo-

gie, la recherche sur les sols, la biotechnologie et l’agri-

culture.

Laure Weisskopf, Franco Widmer, Martin Hartmann, Nejc Stopnisek,

Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART

www.feedbase.ch: la nouvelle base de données des aliments pour animaux

Rechercher des données sur les fourrages grossiers pro-

venant de l’enquête annuelle sur les fourrages secs et

se référant à une région ou à une altitude déterminées

en Suisse, telle est l’offre de la nouvelle base de don-

nées des aliments pour animaux d’Agroscope, en plus

des requêtes habituelles, telles que la recherche des

valeurs moyennes de nutriments et de valeurs nutritives

de plus de 600 aliments simples et fourrages grossiers

destinés aux ruminants, aux porcs, aux chevaux et aux

volailles. Mais la nouvelle base de données offre encore

bien d’autres possibilités.

Monika Boltshauser,

Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras

Page 46: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

410

www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen

Actualités

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 409–411, 2013

N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s

C o m m u n i q u é s d e p r e s s e

08.08.2013 La World Food LCA database: un projet interna-tional pour des données agroalimentaires de qualité Comment améliorer la réalisation et la communication

des empreintes environnementales des produits agroali-

mentaires? Une nouvelle base fournissant des données

fiables et actualisées pour les analyses du cycle de vie

(ACV) des aliments et des boissons a été lancée par

Agroscope et Quantis.

08.07.2013 Agroscope sur la trace des variétés perdues La collection nationale des plantes cultivées d’Agroscope

à Changins conserve les semences de milliers de variétés

anciennes et modernes, lignées et populations pour pré-

server la biodiversité de demain. Cette banque de gènes,

qui constitue aussi une mine de ressources pour la sélec-

tion de futures variétés, a pu retrouver des variétés

d’avoine, de seigle, d’orge et de lin d’origine suisse qui

avaient disparu du pays mais étaient encore conservées

dans des collections à l’étranger.

www.agroscope.admin.ch/communiques

Rapport ART 762

Pour que la détention

des porcs à l’engrais soit

conforme aux besoins

de l’espèce, les animaux

doivent avoir accès à des

matériaux manipulables

leur permettant de se

distraire. Ces matériaux

satisfont leurs besoins comportementaux et évitent les

dommages économiques liés aux morsures à la queue

(caudophagie). La révision de l’Ordonnance sur la pro-

tection des animaux prévoit qu’à partir d’août 2013, les

porcs doivent pouvoir s’occuper en tout temps avec de

la paille, du fourrage grossier ou d’autres matériaux

semblables. L’application de cette disposition soulève

plusieurs questions pour les éleveurs et éleveuses. Quels

sont les matériaux qui intéressent les porcs? Les porcs

sont-ils suffisamment occupés avec un bâton à ronger?

Combien de râteliers à paille faut-il pour un groupe de

quelle taille? Plusieurs études réalisées ces dernières

années à ART ont permis de répondre à ces questions.

Rapport ART 762

Matériaux servant à l’occupation des porcs à l‘engrais

Qu’est-ce qui intéresse les porcs ?

Autrices et auteurs

Bettina Zwicker, Beat WechslerOffice vétérinaire fédéral OVF, Centre spécialisé dans la déten-tion convenable des ruminants et des porcs, 8356 Ettenhausen

Roland WeberAgroscope, Centre spécialisé dans la détention convenable des ruminants et des porcs, 8356 Ettenhausen Renseignements: Roland Weber, e-mail: [email protected], tél.+41 052 368 33 74

Impressum

Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction: ART

Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch

ISSN 1661-7576

Février 2013

Fig. 1 : Les porcs doivent pouvoir se distraire en permanence à l’aide de paille, de fourrage grossier ou d‘autres matériaux similaires. ( Photos : Agroscope )

Pour que la détention des porcs à l’engrais soit conforme aux besoins de l’espèce, les animaux doivent avoir accès à des maté-riaux manipulables leur permettant de se distraire. Ces matériaux satisfont leurs besoins comportementaux et évitent les dommages économiques liés aux morsures à la queue ( caudophagie ). La révision de l’Ordonnance sur la protection des ani-maux prévoit qu’à partir d’août 2013, les porcs doivent pouvoir s’occuper en tout temps avec de la paille, du fourrage gros-sier ou d’autres matériaux semblables. L’application de cette disposition soulève plusieurs questions pour les éleveurs et éleveuses. Quels sont les matériaux qui intéressent les porcs ? Les porcs sont-ils suf-fisamment occupés avec un bâton à ron-ger ? Combien de râteliers à paille faut-il pour un groupe de quelle taille ?

Plusieurs études réalisées ces dernières années à ART ont permis de répondre à ces questions. On constate que des matériaux variés arrivent à occuper suffisamment les porcs à l’engrais. Cependant, il est évident que l’attrait exercé par la quasi-totalité des matériaux testés diminue au fil du temps. L’idéal serait donc de proposer aux porcs différents matériaux en alternance. Par rapport au bouchon de paille, le bâton à ronger a davantage incité les porcs à l’exploration. Lorsqu’un groupe de porcs à l’engrais disposait de plusieurs râteliers, le pourcentage d’animaux occupés avec de la paille augmentait. Les résultats ont mon-tré comment optimiser le nombre de râte-liers disponibles par rapport à la taille du groupe.

Matériaux servant à l’occupation des porcs à l‘engrais

On constate que des matériaux variés arrivent à

occuper suffisamment les porcs à l’engrais. Cepen-

dant, il est évident que l’attrait exercé par la quasi-

totalité des matériaux testés diminue au fil du

temps. L’idéal serait donc de proposer aux porcs

différents matériaux en alternance. Par rapport

au bouchon de paille, le bâton à ronger a davan-

tage incité les porcs à l’exploration. Lorsqu’un

groupe de porcs à l’engrais disposait de plusieurs

râteliers, le pourcentage d’animaux occupés avec

de la paille augmentait. Les résultats ont montré

comment optimiser le nombre de râteliers dispo-

nibles par rapport à la taille du groupe.

Bettina Zwicker et Beat Wechsler

Office vétérinaire fédéral OVF, Centre spécialisé dans la

détention convenable des ruminants et des porcs, Ettenhausen

Roland Weber

Agroscope, Centre spécialisé dans la détention convenable

des ruminants et des porcs, Ettenhausen

Page 47: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

411

Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen

Actualités

Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 409–411, 2013

M a n i f e s t a t i o n s

Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations

L i e n s I n t e r n e t

Application durable des produits phytosanitaires

www.nap-pflanzenschutz.de/indikatoren-und-analysen/risikoanalyse-synops/

Les indicateurs de risque liés à la protection des plantes se

réfèrent actuellement principalement aux risques pour

l'écosystème. Les modèles assistés par ordinateur, comme

par exemple SYNOPS (évaluation synoptique des produits

phytosanitaires), permettent de calculer les modifications

relatives aux risques pour les écosystèmes aquatiques et

terrestres qui sont occasionnés par les applications de

produits phytosanitaires.

Septembre 2013

13. – 15.09.2013Equus helveticusHaras national suisse HNSAvenches

Octobre 2013

01.10.2013AlpFUTUR – Avenir de l’estivage en Suisse – Conférence finale AlpFUTUR Verbund (Agroscope, WSL)Schüpfheim LU

02.10.20137. ÖkobilanzplattformAgroscopeAgroscope, 8046 Zurich

Novembre 2013

05. – 06.11.2013Weiterbildungskurs für BaufachleuteAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTEttenhausen

Janvier 2014

18. 01. 2014Journée d’information HAFLHaute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFLZollikofenInformations: www.hafl.bfh.ch

21. – 24.01.2014Agroscope à AgrovinaMartigny

V o r s c h a u

Octobre 2013 / Numéro 10

Les produits agricoles pourvus d’une appellation d’origine proté-gée (AOP), tels que la Tête de Moine, bénéficient sur le marché d’une valeur ajoutée en tant que produits fabriqués traditionnelle-ment et dotés d’une origine géo-graphique définie. Des chercheurs d’Agroscope ont mis au point une méthode basée sur une culture de bactéries traceuses afin de pou-voir certifier l’origine de la Tête de Moine AOP.

D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o

•• Culture de certification de l’origine pour la Tête de

Moine AOP, John Haldemann et al., ALP-Haras

•• Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): situation

actuelle en Suisse, Christian Bohren et Judith Wirth, ACW

•• Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des

prés, Daniel Suter et al., ART et ACW

•• Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de

tiges provoquées par Dickeya spp., Jérémie Rouffiange

et al., Institut Supérieur Industriel agronomique

Huy-Gembloux, Université de Haute Alsace et ACW

•• Série Proficrops: Transfert de connaissances en cultures

maraîchères suisses, Robert Baur et al., ACW

•• Série Proficrops: Recherche pour une production

fruitière suisse durable, malgré le feu bactérien,

Esther Bravin, ACW

•• Développement éclair de nouveaux outils de diagnostic

pour l'agronomie, Christophe Debonneville et al., ACW

Page 48: Rechercheagronomiquesuisse, numéro 9, septembre 2013

Festival du cheval Pferdefestival

13 - 15. 9. 2013 AVENCHES

Du 13 au 15 septembre prochain, Avenches

sera une nouvelle fois placée sous le signe

du cheval grâce à Equus helveticus, festival

équestre devenu incontournable.

Avec le National FM, finales suisses de sport

et d’élevage des Franches-Montagnes, le

Championnat suisse des chevaux de sport

CH, de même que des courses de trot et de

galop, près de mille chevaux et vingt fois

plus de visiteuses et visiteurs sont attendus

à Avenches.

www.equus-helveticus.ch

Themen • Konzept des Ökodesigns in Landwirtschaft und Industrie • Datenbanken und Ökobilanzen als Grundlage für Ökodesign • Anwendungsbeispiele in Landwirtschaft und

Lebensmittelindustrie • Umweltpolitik: Entwicklung eines Systems zur

Produktumweltinformation Infomarkt Posterausstellung rund um das Thema Ökodesign

Detailprogramm und Anmeldung www.agroscope.ch > Veranstaltungen > 7. Ökobilanzplattform Tagungsort Forschungsanstalt Agroscope, Vortragssaal Reckenholzstrasse 191, 8046 Zürich Anmeldeschluss ist der 13. September 2013

Mittwoch, 02. Oktober 2013

7. Ökobilanzplattform Landwirtschaft Ökodesign in der Land- und Ernährungswirtschaft Forschungsanstalt Agroscope

Agrosc

ope