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Récit Afrique du sud 2008 Afrique du sud D'un cap à l'autre 10 heures de vol pour sauter d'un hémisphère à l'autre. Je m'endors à Londres et me réveille au pays de Nelson Mandela. Tandis que l'avion s'approche de la piste, les empilements de tôles ondulées et de bois difformes façonnent une ville de fortune. Des bidonvilles s'étirent sur des hectares et renvoient une image d'une triste réalité ; les enjeux d'un pays qui, chassant les vieux démons de l'Apartheid doit s'affairer à combler les disparités entre deux univers - celui de l'opulence et celui du manque - qui se juxtaposent sans jamais se regarder, ni s'affronter. Les évènements récents causant la fuite de hordes d'immigrés zimbabwéens ne me rassurent pas tandis que je pose le pied sur le sol africain. Je débarque dans un petit aéroport en cours d'agrandissement - Bienvenue à Cape Town. Je charge mon sac, prends quelques renseignements auprès de l'office de tourisme avant de sauter dans un taxi collectif qui me dépose dans le guesthouse où j'ai rendez-vous avec mon frère et son pote Ronan. On loue une Opel Corsa qui nous accompagnera pendant notre épopée africaine. Et notre première sortie porte un nom au combien mythique pour des générations de navigateurs et d'explorateurs : le cap de bonne espérance. Vasco de Gama fut le premier à ouvrir la voie maritime avec les Indes en contournant l'Afrique et, non loin du promontoire rocheux, une croix a été érigée en hommage au grand navigateur qu'il était. Le long de la route, de petits ports de pêcheurs agrémentent la balade. Vents et mauvais temps sont souvent le quotidien de ces marins intrépides. Notre route s'arrête au bout de la péninsule. Bienvenue à Cape point, un monticule acéré coiffé par un phare. Un funiculaire affranchit les plus paresseux de la montée à pied. Au-delà du repère lumineux, des millions de mètres cubes d'eau nous séparent de l'Antarctique, le continent blanc. Sur notre droite, à une centaine de mètres de Cape point, l'écume s'échoue sur le cap de bonne espérance. Et pour les marins, le signe de la fin du « cap au sud ». Bâbord toute ! Encore quelques miles et la remontée du continent africain pourra être engagée. Le cap de bonne espérance n'est pourtant pas le point le plus au sud de l'Afrique puisqu'il est détrôné par le cap Agulhas mais il est bien plus représentatif dans le changement de route que prenaient et continuent à prendre les

Récit Afrique du sud 2008 - vagamonde.free.frvagamonde.free.fr/voyages/afs/recit-AFS.pdf · Namibie Les méandres du Fish river canyon Pour inaugurer le forfait « kilométrage illimité

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Récit Afrique du sud 2008

Afrique du sud

D'un cap à l'autre10 heures de vol pour sauter d'un hémisphère à l'autre. Je m'endors à Londres et me réveille au pays de Nelson Mandela. Tandis que l'avion s'approche de la piste, les empilements de tôles ondulées et de bois difformes façonnent une ville de fortune. Des bidonvilles s'étirent sur des hectares et renvoient une image d'une triste réalité ; les enjeux d'un pays qui, chassant les vieux démons de l'Apartheid doit s'affairer à combler les disparités entre deux univers - celui de l'opulence et celui du manque - qui se juxtaposent sans jamais se regarder, ni s'affronter.Les évènements récents causant la fuite de hordes d'immigrés zimbabwéens ne me rassurent pas tandis que je pose le pied sur le sol africain. Je débarque dans un petit aéroport en cours d'agrandissement - Bienvenue à Cape Town. Je charge mon sac, prends quelques renseignements auprès de l'office de tourisme avant de sauter dans un taxi collectif qui me dépose dans le guesthouse où j'ai rendez-vous avec mon frère et son pote Ronan.On loue une Opel Corsa qui nous accompagnera pendant notre épopée africaine. Et notre première sortie porte un nom au combien mythique pour des générations de navigateurs et d'explorateurs : le cap de bonne espérance. Vasco de Gama fut le premier à ouvrir la voie maritime avec les Indes en contournant l'Afrique et, non loin du promontoire rocheux, une croix a été érigée en hommage au grand navigateur qu'il était. Le long de la route, de petits ports de pêcheurs agrémentent la balade. Vents et mauvais temps sont souvent le quotidien de ces marins intrépides.

Notre route s'arrête au bout de la péninsule. Bienvenue à Cape point, un monticule acéré coiffé par un phare. Un funiculaire affranchit les plus paresseux de la montée à pied. Au-delà du repère lumineux, des millions de mètres cubes d'eau nous séparent de l'Antarctique, le continent blanc.Sur notre droite, à une centaine de mètres de Cape point, l'écume s'échoue sur le cap de bonne espérance. Et pour les marins, le signe de la fin du « cap au sud ». Bâbord toute ! Encore quelques miles et la remontée du continent africain pourra être engagée. Le cap de bonne espérance n'est pourtant pas le point le plus au sud de l'Afrique puisqu'il est détrôné par le cap Agulhas mais il est bien plus représentatif dans le changement de route que prenaient et continuent à prendre les

bateaux.Le vent nous arrache les derniers cheveux qu'il nous reste mais la vue des falaises vertigineuses de Cape point vaut quelques minutes de lutte contre Eole.

Sur le chemin du retour, on fait une pause à Boulders beach, où quelques familles de pingouins ont élu domicile. Pas simple de les approcher. Alors, on s'assoit sur un rocher et on se délecte de ces instants.

En soirée, on discute avec des zimbabwéens, congolais et sud-africains qui malgré la tension politique de leurs pays respectifs partagent une certaine joie de vivre. Ainsi s'achève ma première journée de mon tour du monde, bien loin de l'appréhension que j'avais en arrivant ce matin... Une journée qui sonne le prélude de 2 mois d'aventures africaines entre déserts, safaris, rencontres et un mode de vie détendu que seule l'Afrique peut offrir.

Namibie

Les méandres du Fish river canyonPour inaugurer le forfait « kilométrage illimité » de notre Opel corsa de location nous décidons de partir pour la Namibie. La découverte de l'Afrique du sud comblera notre deuxième partie du voyage. Le ruban d'asphalte se déroule sur 700km jusqu'à la frontière sud namibienne. La route est désespérement rectiligne, et le marquage discontinu au sol tout aussi hypnotisant que la platitude des décors. Nous passons la nuit juste après le passage de la frontière.Au matin, nous entamons notre première piste de terre pour gagner le village de Hobas. En chemin, nous apercevons d'élégants springboks qui nous toisent avant de déguerpir en produisant des bonds prodigieux de plusieurs mètres. Un château d'eau rectangulaire et quelques baraquements annoncent l'arrivée à Hobas. Ce village est le point de départ pour la visite du Fish river canyon; le second plus grand canyon du monde après celui du Colorado aux Etats-Unis. Contrairement à son grand frère américain praticable qu'en rafting, un sentier décrit les méandres de ce canyon. Une belle randonnée de 5 jours et 85km pour rejoindre le village d'Ai Ais et la possibilité de récupérer une navette pour revenir au point de départ. Cependant avant de s'engager sur ce sentier, un responsable local exige un certificat médical d'aptitude à la pratique du trekking que nous n'avons pas. Impossible de négocier, on devra se contenter d'admirer le canyon depuis sa partie haute. On a pensé chercher un médecin dans le campement juste à côté du village mais on s'est finalement ravisé.Une longue ligne droite de terre rougeâtre d'une dizaine de kilomètres se termine sur un point de vue. La monotonie ne laisse aucunement présager de ce qui nous attend. On claque la portière et le suspense est encore entier. On avance de quelques pas et la cassure se révèle subitement. Une fracture autant émotionnelle que géologique. Jadis une plaine qu'une rivière a rongé pendant des millions d'années sur plusieurs centaines de mètres de profondeur. Un spectacle grandiose. Des courbures en épingle à cheveux, des plateaux rocheux à différents étages, des crètes effilées aux proportions effarantes. De longues minutes silencieuses à contempler, à scruter et à s'enivrer.Et pour s'émerveiller de tout ça, moins de 10 touristes. Tant mieux pour nous, mais il est clair que le potentiel touristique en Namibie est énorme et que les autorités tarde à le développer.

Le lendemain, retour sur ces lieux pour admirer un lever de soleil. La journée se prolonge en bordure de falaise. D'étranges arbres parsèment le sol aride, ils se prénomment les kokerboom ou « arbre à carquois » Un mélange d'arbre et de cactus. C'est entre ses branches tortueuses que le républicain social a décidé de bâtir son nid. Cet oiseau aidé de ses compères construisent un nid pour toute la communauté. Un nid géant avec de multiples entrées. Leur devise : profiter de l'entraide de ses concitoyens pour disposer d'un habitat à moindre coût tout en gardant une certaine intimité.

La ruée vers les diamantsLüderitz cristallise le passé, le présent et l'avenir de la Namibie. Une ville fondée par les colons allemands lorsque des gisements de diamants furent trouvés au début du siècle. La défaite allemande lors de la première guerre mondiale conduit à l'expropriation des colons et le pays fut placé sous le tutorat de l'Afrique du sud avant que le pays prenne définitivement son envol et la proclamation de son indépendance en 1990 ce qui fait de la Namibie, un des plus jeunes pays d'Afrique. Lüderitz se partage entre ses activités portuaires avec le fret de matières premières (comme le zinc) vers les pays de l'hémisphère nord et l'exploitation de mines de diamants. Autour de la ville s'étend une vaste zone déclarée interdite où seul la société Namdeb y a autorité. Cette compagnie est à moitié détenue par l'état et à moitié par l'entreprise De Beers, leader incontesté au royaume du diamant.Pour comprendre l'univers de ces pierres précieuses, nous nous rendons à la ville fantôme de Kolmanskop. Aux alentours de ce village, fut trouvé le premier diamant namibien, les allemands investirent rapidement les lieux et le petit hameau de Kolmanskop sortit de terre. Le village vécut avec frénésie quelques années jusqu'à que le gisement de diamants se tarisse et que de nouveaux pôles soient découverts plus au sud. Les maisons furent abandonnées et la zone devint inhabitée.

Ainsi va la vie au royaume du diamant et de ses chercheurs qui suivent le filon.

Dans l'après-midi, nous visitons les paysages côtiers des alentours de Lüderitz. Plages désertes, roche noire et une colonie de phoques qui se prélasse sur un îlot rocailleux.

De retour de notre balade littorale, nous palpons de la pelle et de la pioche pour remuer le sable d'Agatha Beach. Mais ce ne sont pas des diamants que l'on trouve enfouis dans le sol mais de modestes roses des sables. Andrès, de l'office de tourisme, nous apprend comment dénicher ces curiosités naturelles qui, dès leur découverte, deviennent nos joyaux. Il faut gratter le sable puis lorsque des traces de sel apparaissent, on délimite délicatement la zone « dure » avant de sortir l'ensemble, un peu d'eau pour nettoyer l'amalgame de sel et de roche et les pétales de la rose de silice se mettent à scintiller au rayon du soleil couchant. Nous repartons heureux avec notre fragile butin étendu sur la plage arrière de la voiture.

Le tableau surréaliste des dunes de SossusvleiLes chemins namibiens et les curiosités naturelles se croisent. La route défile et le gravier incertain gicle sous le poids du véhicule. Un panneau de danger indique les risques de dérapage et pour cause... Première frayeur du voyage avec une sortie de route. Les herbes hautes roussies par le soleil plient pour nous accueillir. Tout le monde est indemne, la voiture aussi. Nous arrivons entier à Sesriem, point d'entrée des dunes de Sossusvlei.Le soleil se couche et nous parcourons les 4,5km qui nous séparent du canyon de Sesriem, une petite saignée dans la pierre posée sur un lit sablonneux. Bientôt les contours de la roche s'estompent et le crépuscule noie d'obscurité le petit canyon. Nous repartons monter la tente au camping du parc tenu par la NWR – compagnie nationale qui gère la plupart des parcs nationaux. Et on constate que le gouvernement namibien a opté pour un tourisme de luxe puisque le moindre lodge se négocie à 100-150 euros la nuit par personne et que le camping s'élève tout de même à 25 euros par personne mais c'est l'unique solution si on souhaite apprécier un lever de soleil sur les dunes rouges de cette partie du désert de Namib. Les portes du parc restent fermées aux « non-résidents » jusqu'à 6h45, heure trop tardive pour parcourir les 60 kilomètres qui séparent des dunes avant le lever du soleil.

Lever 5h du matin, petit-déjeuner rapide, on enfile un short, un tee-shirt, la laine polaire et en route pour un des lieux les plus pittoresques de la Namibie, les dunes géantes de Sossuvlei. Le voile cendré de la nuit se dissipe à peine que nous commençons l'ascension de la dune 45. Un amoncellement de sable que nous peinons à gravir tant nos pieds s'enfoncent. Mais quelle récompense au sommet ! Jour après jour, le soleil se lève et se couche dans la plus grande indifférence. Il y a pourtant des lever qui se gravent pour toute une vie. En voici un. Les premiers rayons jaillisent derrière la roche qui barre l'horizon. Du haut de notre dune nous contemplons les autres mastodontes de sable qui flamboient. Le vent matinal balaye les atomes de silice qui bâtissent ces immenses murailles naturelles. Derrière le nom difficile à prononcer qu'est Sossusvlei se cache les plus hautes dunes du monde, la notre avoisine les 200 mètres tandis que d'autres peuvent dépasser les 300.On quitte nos chaussures pour sentir le sable tiède se dérobait sous nos pieds. Nos orteils fragmentent l'arrête sommitale de la montagne de sable et nos yeux bondissent d'une dune à l'autre sans lassitude, les appareils photos crépitent et l'émotion nous submerge. Rencontre entre la nature africaine et la lumière astrale pour un patchwork chromatique époustouflant.

Nous continuons notre visite du site et garons le véhicule au bout de la route. Nous crapahutons à travers quelques dunes pour aboutir à Deadvlei. Jadis des arbres vivaient là, mais l'aridité du désert en a décidé autrement. La scène immortalisée semble irréelle. Des troncs plantés dans l'argile blanche d'un lac asséché. C'est sans doute sur ces lieux étranges que Salvador Dali a puisé son inspiration surréaliste. Nous foulons la terre sèche tandis que les branches semblent se tordre de douleur sous la chaleur assommante. 900 ans que le temps a figé la destinée de ces arbres. Et quelques siècles que les gens s'émerveillent. Le sable rouge environnant semble respecter ce sanctuaire. Et les millions de particules s'agglomèrent sur les rivages de l'étendue blanche. L'émotion continue à nous ronger.

Ainsi s'achève une journée ordinaire en Namibie mais extraordinaire pour nous autres voyageurs.

Le long de la Skeleton CoastRetour vers le bord de mer où on continue notre remontée vers le nord de la Namibie. De part et d'autre de la ligne virtuelle du tropique du capricorne, les animaux continuent à affluer pour saluer notre passage. Le sympathique suricate ou le superbe oryx sont autant d'étoiles filantes qui illuminent les rives de notre parcours. La végétation se raréfie petit à petit. Le désert a repris complètement ses droits lorsque nous arrivons à Walvis Bay.

Nous ne resterons pas longtemps dans cette ville sans grand intérêt. Nous nous arrêtons tout de même à la dune estampillée n°7 pour s'adonner aux joies du quad. Avec d'incroyables sensations de glisse et de dérapage sur les dunes.

Dès la fin du quad, nous prenons la direction de Swakopmund, la capitale namibienne des activités liées au sable et au désert. A l'entrée de la ville, la carcasse d'un vieux navire - le Kolmanskop - gît dans les rochers. L'écume lèche la coque. Un bateau parmi tant d'autres qui se sont échoués au fil des siècles sur ce redoutable cordon littoral. La brume régulière, de forts courants rabattant vers les terres, des hauts-fonds sablonneux et de faux signaux lumineux érigés par les camps de mineurs sont les facteurs avec lesquels les marins ont dû s'accommoder pour longer le rivage namibien. Les nombreux vaisseaux qui ont péri dans ce coin de l'Afrique ont forgé le nom de cette côte qui s'appelle désormais la Skeleton coast.

Après la visite de Cape Cross et le survol du désert de Namib (qui feront l'objet de mes 2 prochains billets), nous repartons pour quelques séances de glisse sur les dunes de sable. Et cette fois ce sera en surf des neiges ou de sable plutôt – sandboarding pour les puristes. Remontées éreintantes et interminables de la dune. A pied, le surf calé sur le dos. Au sommet, on badigeonne la planche de cire, on se met face à la pente avant de s'élancer pour une série de gamelles. Le sable namibien n'a pas très bon goût...

Des otaries par milliers

Nous roulons vers le nord pour rejoindre Cape Cross. Sur cette courte avancée rocheuse, à quelques 130 kilomètres au nord de Swakopmund, s'attroupent des dizaines de milliers d'otaries. Nous passons le portail d'entrée de la réserve et une odeur pestilentielle nous prend au nez. Nous stoppons notre voiture au bout du chemin de terre où un parking improvisé donne accès à une passerelle en bois. Un concert de bêlements nous accueille. On pourrait se méprendre sur le cri de ces animaux et le comparer à celui d'un troupeau de chèvres. La comparaison s'arrête là. Des milliers de masses sombres se contorsionnent devant nous. D'un pas malhabile, les otaries se tortillent sur le sable, tentent d'escalader les rochers lisses et ce n'est qu'en rejoignant l'eau qu'elles retrouve leur agilité et une certaine grâce. Malgré l'aspect pataud, cet animal est un redoutable prédateur puisque

l'ensemble des otaries à fourrure du cap qui vivent sur les côtes sud-africaines et namibiennes ingurgitent chaque année plus de poissons que l'activité de pêche des 2 pays réunis. Loin de ces considérations, nous nous régalons à observer ces mammifères, un tableau en perpétuel mouvement. Non loin de là, rôdent deux chacals, en repérage de quelques nouveaux-nés pour un prochain festin.la colonies de Cape Cross est exclusivement composée de femelles et il nous faudra revenir pendant la période de reproduction (fin novembre – début décembre) pour voir les mâles jusqu'à cinq fois plus gros sortir de l'eau. Pendant cette courte saison, la communauté dépasse la centaine de milliers d'individus. Toute une ville sur quelques hectares...

Survol du désert du Namib et de la Skeleton CoastNous nous en sommes remis à la compagnie Scenic Air qui partage ses activités entre les vols pittoresques au-dessus du désert de Namib et les vols privés pour se rendre d'un lodge à l'autre. Cette dernière option n'est définitivement pas notre budget, ni la manière dont nous concevons le voyage. Pour nous, c'est plutôt sac-à-dos et nuit en tente ou en dortoir. Et tout ce que nous économisons dans l'hébergement et la nourriture, nous le consacrons aux activités. J'aurai préféré la montgolfière mais le prix de 350 euros par personne est vraiment rédhibitoire. C'est ainsi que nous montons à bord d'un Cessna, un petit avion qui peut embarquer jusqu'à 6 personnes en incluant le pilote.

Nous prenons de l'altitude, quittons la ville de Swakopmund pour longer la rivière Kuiseb. Un brin de vie récalcitrant au milieu d'un espace aride et désertique. Cette bande verte trace une démarcation franche entre le désert du Namib sur notre droite et le Karoo sur notre gauche. Le passage étonnant de l'un à l'autre avec pour seule transition ces amas d'arbustes.

Nous prenons un cap au sud-est en route pour les dunes de Sossusvlei. Le sol drapé aux teintes orange et rouge agit comme un aimant. Nous avons le nez collé aux hublots. Les ombres projetées et les arrêtes des dunes faconnées par le vent nous plonge dans un décor autant irrationnel qu'exquis. Et même si la vue du ciel aplatit les hauteurs, le plaisir d'admirer ces dunes restent intact.

Les dunes meurent dans l'océan ; notre fil conducteur sur le chemin du retour sera ce composant bicolore sable et marine. L'ironie du sort montre que ce désert si aride manque cruellement de cette eau que l'océan possède en abondance.La Skeleton Coast renferme ses secrets et ses dangers. L'épave de l'Eduard Bohlen en témoigne. Un enchevêtrement de poutres de bois que le temps a rongé et que le sable a attiré loin de son océan. Le désert a gardé son trophée et l'a éloigné de plus de 200m du rivage.

Marais salants et survol de la ville termine cette échappée dans les airs. Les images continuent à voltiger et s'agiter dans nos têtes.

Rondeurs et raideur du Spitzkoppe

Fini les dunes, fini le désert, fini l'océan. Changement de décor dans le massif du Spitzkoppe. Les locaux aiment appeler cette montagne le Matterhorn namibien. Un repère de choix pour les escaladeurs et une destination hors des sentiers battus qui conjuguent douceur et repos pour les autres. L'équipe qui administre le camping au bas du bloc rocheux est souriante et accueillante. La réceptionniste nous improvise un cours de Damara-Nama. Une langue déconcertante où il faut décoller la langue du palais pour prononcer un clic avant d'enchaîner une syllabe. Pas facile.On s'écarte du camping pour grimper les énormes rochers ronds entreposés dans l'herbe dorée. Un arrangement disneylandesque de grosses pierres. Sans être inoubliable, le Spitzkoppe vaut toutefois le détour. Rondeurs harmonieuses de ses flancs et raideur de sa crête. Le coucher de soleil se savoure sans modération : ton rougeoyant de rochers généreusement galbés sur un lit de savane ocre.

Les rhinocéros blanc du plateau de Waterberg

Notre première rencontre avec les animaux de la savane africaine se fera sur le plateau de Waterberg. Une immense excroissance rocheuse entourée par un rideau de falaises que le hasard de la géologie a planté au milieu d'une plaine. Un chemin d'accès mène à cette forteresse naturelle où une foule d'animaux transhument. Des animaux qui, sans le savoir, sont emprisonnés dans ce monde perdu. Entre le haut et le bas du plateau, la diversité de végétation est frappante. Des tours en Jeep sont proposés pour partir à la découverte des animaux. Nous sautons dans l'un d'eux et en route pour le plateau...Peu d'animaux à noter malgré toute notre attention. Quelques phacochères s'interrogent sur ces étrangers qui viennent sur leur terre. Un animal assez paradoxal puisqu'il affectionne les bains de boue et garde pourtant une certaine grâce pour fuir, en élevant sa queue à la verticale. Un peu plus loin, un élan - la plus grosse des antilopes - détale devant nos yeux. Nous nous arrêtons à plusieurs points d'eau, sans succès lorsque sur une route de terre, apparaissent trois mastodontes grisâtres. L'un d'entre eux nous fait face. Un magnifique rhinocéros blanc de plus de 2 tonnes avec une double corne. Il sent la présence d'un intrus sans vraiment le distinguer. Nous continuons à avancer lentement lorsque le rhinocéros se met à nous charger ! Le sang froid du conducteur est héroïque – il passe la marche arrière et l'animal s'arrête. Les 3 rhinocéros traversent la route au pas de course pour se positionner sur l'autre berge. Sentiment de joie indicible à observer ces animaux dans leur

habitat naturel.

Nous rentrons comblés au camping. Une nuit réparatrice pour attaquer la montée à pied sur le bord des falaises au matin suivant. Le soleil naissant inonde le haut de la pierre. Lorsque la lumière est suffisante, nous débutons la marche entre roche rouge et nature verdoyante. Une marche d'exploration qui nous conduit sur le toit du plateau. La pierre carmin aux contours rugueux sous nos pieds et la plate plaine à portée de vue. Silence intense. Tranquillité immense.

Pour vous faire partager un peu plus le plaisir de croiser cette vie animale africaine si vivace, si féroce parfois et dont l'habitat est si fragile, voici une des plus petites antilopes : le Damara dik-dik. Ce n'est pas forcément les animaux les plus gros qui sont les plus beaux ou les plus attachants.

Au royaume d'Etosha

Le Waterberg a créé cette transition douce vers le monde animal. Parce que “Afrique” rime avec “odyssée des animaux sauvages”. Qu'ils soient mammifères, oiseaux ou reptiles, un de leurs sanctuaires se nomme Etosha et se blottit au nord de la Namibie. Ce vaste parc rassemble différents habitats et englobe l'étendue d'eau d'Etosha qui lui a légué son nom.Le soleil s'élève timidement à l'horizon, une excitation nous agite quand nous pénétrons la porte du parc. Il s'agit de l'entrée est de Namutoni. Les appareils photos, sortis de leurs étuis, sont prêts à capturer la moindre manifestation de vie sauvage. Il n'aura fallu attendre qu'une centaine de mètres. Une girafe traverse la route puis s'arrête pour déchirer quelques acacias. Première image d'Etosha. Un rêve de gosse.L'opportunité de voir des animaux se concentre autour des points d'eau. Et le jeu consiste à être au bon point d'eau au bon moment. Le premier, une touffe d'herbe au milieu d'un anneau aquatique. Nous coupons le moteur et attendons. Nous scrutons l'horizon et chuchotons de ce qu'on pense apercevoir. Une hyène, tête basse, passe au loin. Un chacal s'approche et tourne autour de la mare. Un springbok se contemple. La découverte est progressive. Le plaisir est continu. Chaque espèce participe à cet écosystème. Des gnous paissent le long de la route au milieu des herbes hautes.Les animaux s'enchaînent sans relâche. Nous ne lâchons plus nos appareils et nos 6 yeux sautent d'un buisson à une branche et retournent sur la ligne d'horizon. Tantôt oiseaux multicolores, bois torsadés de koudous ou groupes d'Oryx ; tantôt une girafe qui nous fait un clin d'oeil derrière un buisson. On reste sans voix, le sourire vissé aux lèvres.

Un autre animal mythique entre en scène. Une marbrure caractéristique. Un corps d'équidé qui nous semble familier. Une tribu de zèbres vient se ressourcer entre 2 palmiers. A quelques mètres, une girafe en fâcheuse posture partage cette réserve de liquide vital.

Les équidés repartent et nous reprenons la route. Nous roulons sur la terre des girafes. De longs cous dépassent à l'horizon. Un éléphant passe lentement. D'un pas lourd, il se dirige vers le point d'eau. Nous avançons au ralenti et les longs cous tachetés continuent à balancer d'avant en arrière, désynchronisés du reste du corps. Concert de couleurs et de mouvements qui impriment nos pupilles.

Nous rentrons au camping d'Halali, l'un des 3 campements blottis à l'intérieur du parc. On reste dans le cocon. Au fond du campement, un trou d'eau a été aménagé. Un gradin domine les lieux et les résidents d'Halali viennent tenter leur chance, l'oeil rivé de l'autre côté de la barrière. Et cette première journée s'achève en apothéose avec un combat nocturne de rhinocéros noirs.Heureux d'entendre le réveil qui résonne à 6h du matin. L'appel de la savane a sonné. Nous attendons l'ouverture du portail du campement et filons à notre première trou d'eau. Zèbres et springboks partagent notre quotidien. Un éléphant se donne une douche de poussière. Nous repassons notre leçon de la veille. Toute cette diversité d'animaux s'inscrit dans nos rétines. Nous naviguons d'un point d'eau à l'autre. Au soleil couchant, une horde d'une trentaine d'éléphants a réservé la mare. Les colosses s'amusent et nous ravissent.

Notre troisième jour à Etosha débute par un face-à-face avec un lion. Un des 5 “grands” - classement subjectif des 5 animaux les plus dangereux. Le lion, pour sa capacité exceptionnelle à attaquer sa proie ; le léopard pour sa capacité de camouflage dans les herbes hautes ou du haut d'un arbre et sa capacité à fondre soudainement sur sa proie ; le rhinocéros noir pour son comportement imprévisible et sa capacité à charger aveuglément ; l'éléphant pour sa prodigieuse capacité à défoncer tout ce qui lui fait face lorsqu'il se sent en danger et ; le buffle, peut-être le plus dangereux de tous, avec une faculté impressionnante à se retourner vers le prédateur ou son agresseur lorsqu'il est blessé et le charger de toute sa puissance quitte à en perdre la vie.Le lion se lève et avance vers nous, il me parait plus sage de fermer la vitre... Le félin traverse la route et se dirige vers le point d'eau pour ingurgiter quelques litres d'eau. Le roi des animaux crée le vide autour de lui. Quelques facétieux springboks broutent à une centaine de mètres. Le déluge d'animaux se poursuit, zèbres, oryx, gnous, autruches, calaos, serpentaires, koudous viennent toujours plus nombreux aux points d'eau.

Un couple de mangoustes et une famille d'écureuils accompagnent notre dernière heure dans le parc. De petits animaux, plein de vivacité avant de retourner saluer le maître des mammifères, l'éléphant.

Un combat d'éléphants en guise de bouquet final...

Nous sortons du parc pour de nouvelles aventures. Mais quelque chose d'indescriptible reste imprégnée. Un mélange de cris rauques, de couleurs chamarrés, de marches chaloupées, de vols gracieux et d'odeur de savane.

Botswana

Balade en mokoro dans le delta de l'OkavangoUn passage éclair à Windhoek. Le temps de remonter l'artère principale de la capitale namibienne, l'avenue de l'indépendance. Une petite ville de 200000 âmes que nous laissons au petit matin pour nous diriger vers l'est en direction du Botswana. Phacochères, babouins et calaos animent les longues lignes droites de bitume taillées dans la plaine. Passage de la frontière. Les autorités tamponnent nos passeports. Notre bon d'entrée pour le Botswana est validé. La Namibie s'éloigne et de nouvelles péripéties commencent. Un petit pincement au cœur car la Namibie, c'était vraiment chouette !

Nous roulons plus de 400 km pour atteindre la ville de Maun, base de lancement pour se projeter dans le delta de l'Okavango. L'Okavango, un de ces rares fleuves qui ne voit jamais la mer. Au lieu de se déverser dans une étendue d'eau, le fleuve se morcelle en une multitude de bras et canaux. Un grand marécage constellé d'une myriade d'îles où la faune africaine vit en paix. Eléphants, antilopes, zèbres, gnous, girafes et hippopotames paissent dans ce delta vert.Pour organiser notre visite du delta, nous logeons dans un sympathique camping nommé “Back to... the old bridge backpackers”. Rythme africain porté par le slogan “hakuna matata”. Sourires, rires, repos et joie de vivre sont les matériaux qui composent ce havre de paix.

Le camping travaille avec un village nommé Boro un peu plus en amont sur le fleuve. Depuis ce village, les autochtones proposent des balades sur le delta de l'Okavango en canoë traditionnel : le mokoro. Il s'agit plus exactement d'une gondole taillée dans un tronc d'arbre – les plus récentes étant recouvertes d'une résine pour les rendre plus résistantes. Et le barreur utilise un long bâton pour faire avancer son embarcation.Nous quittons le campement en bateau pour rejoindre le village. Navigation sereine sur les eaux paisibles du delta.

A notre arrivée, de nombreux canoës flottent. Un système de rotation évite la cohue et les échauffements entre les différents membres du village. Nous faisons la connaissance de Moralé, notre gondolier et guide pour les 2 prochains jours. On charge les sacs et montons à bord de notre mokoro. Nous ferons équipe avec 2 autres embarcations avec qui nous passerons ces 2 journées. Moralé pousse fermement la berge et nous partons vers les hautes herbes. Silence. La perche agite l'eau et la végétation s'ouvre sous notre passage. Nous marquons notre empreinte dans le marécage.

Nous posons le camp sur une de ces îles. Nous troquons la barque de bois pour une paire de chaussures et un pantalon afin d'explorer ce bout de terre abandonné à la vie sauvage. Une randonnée dans les broussailles jaunies par le soleil africain. Contrairement au parc Etosha, aucun trou d'eau n'a été aménagé et les animaux qui peuplent les lieux vivent en totale liberté. Nous approchons un groupe d'éléphants. L'attitude de la mère nous dissuade d'avancer plus. A quelques pas, zèbres et gnous vivent ensemble et s'aident mutuellement. Le gnou a le sens de la vue très aiguisé tandis que le zèbre fait partager son sens de l'odorat à la communauté.

Le soleil se couche. Nous nous réunissons au bord du feu où notre guide nous raconte succinctement l'histoire du Botswana et de ses peuples et entonne l'hymne national. Une soirée animée entre rires et échanges culturels pimentée par quelques bruits du fin fond de la savane.Au matin, nous reprenons les mokoros et nous frayons un chemin à travers les plantes aquatiques. Des hennissements nous entourent. Nous débouchons sur un petit étang où de gros mammifères pataugent. Une tête massive et brune ornée de deux petites oreilles flottent au-dessus de l'eau. Première confrontation avec un hippopotame. Tout à coup, rompant la monotonie du lac, une masse surgit hors de l'eau. Un des hippopotames tente de nous intimider, il nous manifeste son mécontentement. Ardent désir de nous voir quitter l'étang qu'il a choisit pour nager en famille.

Nous retrouvons le village et basculons du mokoro au bateau à moteur. Nous prolongeons cette glisse dans le marais de l'Okavango pour rentrer au campement. Fin de notre courte et belle histoire dans le delta.

Survol du delta de l'OkavangoPour parfaire notre visite de l'Okavango et combler cette envie de contempler les animaux d'en haut, nous réservons un vol d'une heure au-dessus du delta. Une approche intéressante pour comprendre ce dédale aquatique qui se faufile dans la plaine. Un moment privilégié avec éléphants et hippopotames.

Dans le sanctuaire des éléphants

Suite à cette courte excursion au Zimbabwe, nous retournons dans la ville de Kasane. Porte d'entrée pour le Chobe national park dans lequel une des plus fortes concentrations d'éléphants y réside avec 60000 individus. Les logements touristiques se dressent sur les berges de la rivière Chobe à une poignée de kilomètres de l'entrée du parc.

Au bas des résidences de vacance, de nombreux bateaux larguent les amarres pour une mini-croisière. Nous prenons place sur l'un d'eux. 2 gros flotteurs métalliques propulsés par 2 moteurs hors-bord quittent le quai du lodge. Sur le pont inférieur, des chaises sont installés et une plate-forme se dresse sur le pont supérieur qu'on peut rejoindre par un escalier. Nous apercevons rapidement des tâches sombres qui se détachent de l'horizon. Le parterre vert pour terre d'accueil. Non loin de ces hordes d'éléphants, de nombreux oiseaux, hippopotames et crocodiles exaltent les rives terreuses de la rivière.Tout semble serein sur les landes du géant aux défenses d'ivoire lorsqu'un des colosses entreprend la traversée du fleuve. L'herbe est toujours plus verte chez le voisin. Chaque membre prend sa place derrière le chef pour former une file indienne. Nous sommes les témoins privilégiés d'une étape anodine de la vie de ses quadrupèdes. La colonie émerge sur l'autre rive. Les plus maladroits trébuchent sur la berge glissante. Lorsque le groupe est reconstitué, les éléphants reprennent leur pas lourd, à la recherche de savoureuses herbes. Quant à nous, nous savourons cette séquence intense de vie sauvage jusqu'au coucher du soleil.

Le lendemain, les coqs n'ont pas encore tonné que nous partons faire un safari le long de ce fleuve. Nous complétons notre exploration du parc pour notre dernière activité au Botswana avant de traverser tout le pays pour retrouver l'Afrique du sud.

Zimbabwe

La terre qui gronde à Victoria Falls

Un jour de 1855, Livingstone, missionnaire et explorateur écossais, s'aventurait sur les eaux tumultueuses du Zambèze. Il dut accoster sur l'une des rives lorsqu'il se heurta à un obstacle de taille. Connu localement sous le nom de Mosi-Oa-Tunya, « la fumée qui tonne », il fut le premier européen à s'émerveiller devant ce que le monde moderne connaîtra sous le nom de chutes Victoria et souvent classé comme l'une des 7 merveilles du monde naturel. Il rentra au pays conter ses exploits avant de repartir un peu plus tard pour une nouvelle expédition africaine ; ce curieux virus, savant mélange entre voyage, exploration et couleurs de l'Afrique ne le quittera plus jusqu'à sa mort.Quelque 150 ans plus tard, l'émerveillement est identique. Accueil triomphal sous un grondement aquatique. Nous nous fondons sous le nuage de vapeur d'eau qui plane au-dessus de la végétation. Entretemps, de nombreux chiffres et ouvrages ont complété la découverte de David Livingstone. 108 mètres de haut pour 1,7 km de large, les chutes sont partagées entre la Zambie et le Zimbabwe. La Zambie permet un accès plus proche tandis que la partie zimbabwéenne est trois fois plus large. La débit d'eau qui s'engouffre dans ce précipice peut être multiplié par 25 pendant la saison humide. Un large pont métallique unit les 2 pays sur lequel un train à vapeur circule toujours et rappelle le temps colonial où Zambie et Zimbabwe se nommaient Rhodésie.Il s'avère périlleux d'ordonner quelques mots pour définir la saga féérique que la nature nous déroule. Les puristes ou les blasés diront que ce n'est que de l'eau qui coule. Je reste ébahi devant ce déluge. La falaise pleure de joie et mes yeux s'irisent comme cette balafre multicolore qui décore les cataractes.

Depuis ce fameux pont métallique, on peut observer le rideau d'eau qui se fracasse au fond du canyon, prendre des photos à contre-jour ou savourer le bruit d'un fleuve stoppé brusquement par le vide.

Mais autre chose occupe mes pensées. Et si je me transformais en une de ces gouttes d'eau et ressentais cette sensation de chute. Je me tourne sur l'autre rive du pont.

Pour compléter la vue des chutes; nous nous envolons en hélicoptère pour une quinzaine de minutes. Exquise vue du ciel. Il semble qu'une simple entaille a écorché la plaine. Nous nous approchons de cette curiosité. Une image indélébile grave nos rétines. Ce somptueux fleuve aux eaux apaisées que la géographie déchaîne. Une boule de vapeur d'eau s'échappe des entrailles de la terre. Vision céleste d'un paradis terrestre.

Malgré les récents évènements qui ont éclaté au Zimbabwe et les élections pipées du président Mugabe, c'est dans ce pays que nous avons décidé de nous rendre pour voir les chutes. Et la situation du peuple zimbabwéen nous a pris aux tripes au point de donner un saveur amère à la merveille naturelle que l'on entend en fond sonore. La désertion des voyageurs qui, face à l'instabilité du pays, préfèrent se rendre en Zambie est aggravée par une monnaie qui connait une inflation sans précédent (on peut échanger 50 milliards de dollars Zimbabwéens pour 1 dollar US sachant qu'en 2000 le taux était de 100 pour 1!). Ces deux facteurs provoquent un tourisme en chute libre et une économie aux abois ; une situation désastreuse qui frappe de plein fouet les habitants qui vivent essentiellement voire exclusivement de ce secteur. Alors, lorsque ces derniers aperçoivent un touriste, ils se ruent vers lui pour tenter leur chance, vendre un bracelet ou une figurine sculptée. Ne pouvant endiguer la misère d'un coup de baguette magique, nous sommes contraints de lancer des « non » à tout bout de champs tandis qu'on déambule dans les rues de Victoria Falls. Un gros coup de blues de devoir refuser de donner 1 dollar à tous ces malheureux qui ne demandent rien de

plus qu'un peu d'argent pour survivre. Certains sont même prêts à échanger une statuette contre une paire de chaussures ou un T-shirt. Et malgré leur état de détresse, ils arrivent à garder le sourire. La vie est injuste et le quotidien n'est définitivement pas le même si on est né européen ou zimbabwéen. Malgré tout ça, on essaie de passer quelques bons moments avec eux, tentant quelques plaisanteries pour voir esquisser quelques sourires. Pendant qu'on se projette dans l'avenir en se demandant qu'elle sera notre prochaine activité, ils ne voient pas plus loin que le soir même en se demandant ce qui remplira leur assiette. Triste réalité.

Afrique du sud

Les chutes d'eau autour de Blyde river canyonBye Bye Botswana. Un pays revigorant et encourageant. Revigorant de voir ses habitants fiers de leur identité et de leur pays et encourageant car il peut être un exemple pour beaucoup de pays africain. Démocratie et stabilité politique malgré plusieurs groupes ethniques qui forment le pays, relation entre noirs et blancs sur le ton de la fraternité et corruption absente. Un pays à découvrir.Nous roulons de nombreuses heures pour rejoindre la ville de Sabie dans la province du Limpopo. Une succession de cascades parsèment les alentours. Qu'elles s'appellent Lone Creek, MacMac, Berlin ou Lisbon, chacune joue de ses atouts pour nous séduire et nous envoûter de leur mélodie. Vasque ou rivière incarne les réceptacles de ces gouttes folles attirées par le vide.

La brume écourte le panorama de God's Window et nous passons à l'arrêt suivant sur la route pittoresque du Blyde river canyon. Bourke's luck potholes : une pierre lisse rongée par l'eau. Des simili-cylindres forés par l'érosion se juxtaposent.

Dernière étape aux « three rondavels », des bulbes rocheux couverts de verdure s'entrecroisent sur les méandres géants du canyon. Le ciel est gris et repoussant alors la nature s'endimanche pour nous enivrer. Le temps peu gracieux écorche à peine la beauté de ces décors.

Parc Kruger : une nation dédiée à la vie sauvageA l'extrémité est de l'Afrique du sud, s'étendant de la rivière Limpopo au nord à la rivière Crocodile au sud et bordant la frontière du Mozambique, repose le plus grand et le plus vieux des parcs sud-africains : le parc Kruger. Aussi vaste que l'état d'Israël, il englobe différents écosystèmes et des centaines de milliers d'animaux. Le dernier recensement a révélé :25150 buffles11700 éléphants5000 rhinocéros blancs3000 hippopotames1500 lions1000 léopards2000 hyènes tachetées200 guépards350 lycaons150000 impalas32000 zèbres17000 gnouset 1 000 000 de visiteurs par an

Aux visiteurs pénétrant l'entrée du parc, la brochure touristique annonce « un voyage dans un héritage inestimable de l'Afrique australe ». Les chiffres faramineux promettent des rencontres inoubliables. Qu'ils soient félins, bovidés ou pachydermes, chaque confrontation est unique ; chaque entrevue, une part d'émotions qui s'envole. Pour faire taire leur nombre, les impalas avancent leur grâce. Car, c'est à la quantité d'animaux rares vus qu'on reconnaît un chanceux ou un bon chasseur visuel. Notre bilan est honorable avec une dizaine de hyènes, 2 lions, un rhinocéros blanc et des dizaines voire des centaines de zèbres, gnous, koudous, impalas, hippopotames et éléphants. Le léopard reste introuvable. Il nous restera le parc Hluhluwe-Umfolozi pour accrocher ce dernier et compléter la liste des « 5 grands ».Nous roulons énormément pour couvrir les différents habitats et écosystèmes. Rivières encaissées, aires rocailleuses, champs d'arbustes difformes ou partiellement démembrés, longues plaines de savane. Nos yeux scrutent les branches avec obstination, à la recherche du félin tacheté. Sur les genoux, la carte du parc légendée en français regroupe tous les animaux qu'on est susceptible de voir ici. Nous apprenons des tas de noms d'animaux tels que le céphalophe (petite antilope), l'hippotrague, le cob à croissant (grandes antilopes) ou encore l'oryctérope (fourmilier). Les oiseaux ne sont pas en reste avec l'outarde, le jabiru ou le bucorve. Malheureusement, la plupart de ces noms resteront attachés à une illustration.Nouvelle odyssée au milieu des animaux. Nouvelles joies.

Swaziland

D'un jour à l'autre au royaume du SwazilandNous quittons la réserve de Kruger et pénétrons dans l'un des derniers royaumes d'Afrique, le Swaziland. Un minuscule pays bordé par l'Afrique du Sud et le Mozambique. Au poste frontière, une photo accrochée au mur affiche le roi en costume traditionnel. Car une des caractéristiques de cette petite nation réside dans sa forte culture et sa profonde attache aux traditions. La route ondule pour rejoindre la vallée d'Ezulwini. Notre chemin bifurque sur la gauche et nous gagnons le sanctuaire animalier Milwane qui se découpe sur les contreforts de la colline. Nous nous arrêtons pour passer la nuit dans l'enceinte de cette réserve. Sur le lac, une île de quelques mètres carrés croule sous un tas d'hippopotames. Dans les hautes herbes, un groupe de rares antilopes. Un parc oublié, loin de l'itinéraire classique décrit par les touristes. Nuit légère au royaume du Swaziland.

Le lendemain, nous nous immisçons dans l'intimité du marché de Manzini. Puis nous dérivons lentement vers le sud et refermons cette parenthèse à l'écart de l'agitation sud-africaine.

Afrique du sud

Le récif magique de Sodwana BayLes amortisseurs tremblent sur la route caillouteuse. Les enfants nous saluent au passage. Le calvaire prend fin sur un village à priori sans consistance. De l'autre côté de la dune, une longue plage de sable et de belles vagues qui semblent destinées aux amateurs de surf. Mais à l'entrée du village, l'amoncellement de panneaux annonçant guesthouses et clubs de plongée nous titille. Qu'est-ce que cette petite baie au nord-est de Durban cache dans ses profondeurs ? Nous débarquons ici pour le découvrir.Loin de l'agitation quasi-industrielle du centre de plongée Coral Divers, nous optons pour le club Amaury Diving. Colin, son fondateur, nous accueille et nous donne rendez-vous le lendemain matin sur la plage.Les bateaux pneumatiques reposent sur la plage et une foule s'agite autour. De gros tracteurs poussent les embarcations dans l'eau. Briefing de la plongée. Armés d'un masque et d'une bouteille nous sautons à bord du bateau. Le skipper évite les déferlantes avant de foncer vers le point de mise à l'eau.Nous coulons lentement dans le grand bleu. Les premières formes du fond apparaissent. Coraux mous et durs tapissent les anfractuosités du récif et abritent une diversité hallucinante de vie sous-marine. Du baliste clown au poisson-coffre, de la crevette arlequin au poisson-ange empereur. L'harmonie de couleurs des nudibranches nous laisse sans voix. La diversité de ces sortes de limaces est telle que Colin en a fait sa spécialité et prévoit d'écrire un livre à ce sujet. Il nous montre une espèce jusqu'alors inconnue du monde scientifique - un nudibranche qui attend encore son nom latin. Tachetés, zébrés, jaunes, bleus, blancs, mauve et dépassant rarement les 2 centimètres, ils enjolivent le monde miniature du récif. Mais l'apothéose chromatique couvre la crevette arlequin qui déguste une étoile de mer. Des tâches galonnent sa carapace nacré. Quelques coups de palmes plus loin, la grâce d'une tortue en pleine eau.On répètera ce rituel 5 autres fois avec toujours la même dose de fascination. 6 plongées au total et autant d'instants inoubliables. Crabes tachetés se cachant dans les interstices d'un corail épineux. Murènes bouche bée devant nous autres plongeurs tout autant ébahis. Disques de coraux majestueux enveloppés de bancs orangés. Nudibranches boutonneux et raie décollant du fond sablonneux.

Les hyènes en action à Hluhluwe-ImfoloziAu début de notre voyage alors que nos yeux et notre mémoire étaient encore vierge d'images de la savane et de sa faune, un sud-africain de passage, rencontré sur le plateau du Waterberg en Namibie nous vanta la beauté et la forte concentration d'animaux agglutinés dans le parc de Hluhluwe-iMfolozi ( mot zoulou à prononcer Chluchluwi – Imfolozi). Ce nom se marqua sur nos tablettes et nous y voici à présent.Quelques minute après avoir franchi la barrière automatique, plusieurs jeeps, moteur arrêté, sont entassées au milieu de la route. Nous coupons notre moteur, et sans voir la scène, nous reconnaissons un rire sournois caractéristique. Un lion n'est pas loin mais une dizaine de hyènes rusées ont réussi à chiper un morceau de la carcasse d'une antilope que le prédateur avait chassé. Un rire pour le narguer.Les buissons s'agitent. 2 hyènes apparaissent, le butin dans la gueule. Nullement perturbées par la marais humaine soudée aux rambardes protectrices des jeeps, les 2 protagonistes suivis de quelques confrères avides et opportunistes traversent la route avant de déposer la carcasse sanglante sur le bitume. Une des femelles aura finalement le dernier mot et s'en ira sur le bord de la route pour déguster son repas au prix de bruits effroyables. Des craquements secs délivrés par une mâchoire d'une redoutable puissance.

Après ce feu d'artifice matinal, la journée s'avèrera plus terne malgré le plaisir constant de guetter chaque buisson et chaque branche en espérant dénicher la présence d'un mammifère.

Sur terre et dans l'eau à St LuciaComment concilier dans la même journée la chasse visuelle d'animaux terrestres à l'apparence quelquefois antédiluvienne à l'envie de passer un masque et un tuba pour espionner les créatures sous-marines ? L'Afrique du Sud détient la réponse et n'a pas fini de nous étonner sur sa diversité.Nous débarquons dans le village touristique de St Lucia où nous atterrissons dans un chouette guesthouse du nom de Blou house backpacker. Au fond du jardin les mangoustes se disputent les fruits de la passion que les singes Vervet ont gaspillés.St Lucia et le lac éponyme dessinent un large estuaire – le plus grand d'Afrique - propice à la vie animale. Oiseaux et mammifères résident dans le parc ceinturant le lac. La savane a disparu et des arbres ont poussé. Malgré le changement d'habitat, une variété d'animaux a su s'y adapter. Rhinocéros, koudous, léopards, zèbres et gnous ont élu domicile dans cette luxuriante contrée. L'objectif avoué des dirigeants du parc est de recréer les vagues de migrations animales d'antan lorsque gnous et autres quittaient les montagnes Lebombo pour s'acheminer vers la zone humide de St Lucia.Avant de pénétrer l'enceinte du parc, au bout de l'estuaire, le propriétaire du guesthouse nous a promis des hippopotames. Mieux vaut faire confiance aux locaux qu'au guide papier, il ne s'était pas trompé.

Suite à cette mise en bouche, nous filons vers cap Vidal, à 35km du village. Le propriétaire, encore lui, nous avez annoncé la chose suivante : « sur la route qui mène à cap Vidal, vous verrez toutes sortes d'animaux dont des rhinos, une fois arrivé au bout de la route, vous enfilez masque et tuba pour voir les poissons colorés du récif avant de revenir à St Lucia ». Son discours ressemblait à la légende alléchante d'une brochure touristique. Pourtant, il avait encore raison.Sous l'eau :

et quelques heures plus tard, sur terre :

St Lucia, une des bonnes trouvailles de notre périple sud-africain.

Entourés par les requins-taureauxOn pensait que nos émotions sous-marines étaient usées, qu'on avait tout vécu lors de notre séjour à Sodwana Bay quelques jours plus tôt. On croyait qu'il était nécessaire de changer d'air et de décor avant de remettre la tête sous l'eau. Vivre un peu sur ses souvenirs et s'émerveiller devant de nouveaux horizons, délaisser le bleu de l'océan pour la roche des montagnes ou l'ocre de la savane. On se trompait.Ca se passe à Umkomass. Au large de ce village tournée vers l'activité sous-marine, le récif d'Aliwal shoal. Premier rendez-vous à « cathedral », une grotte dont le plafond s'est effondré ouvrant un puits de lumière naturel. Un cône azur qui éclaire la plus belle séquence sous-marine qui m'aie été donné de voir. Les genoux posés sur le fond sablonneux, les coudes appuyés sur une roche. 25 mètres de profondeur, le temps n'a plus d'importance tant l'instant est insondable. Des ombres tournoient devant une aquarelle aux teintes marines. Des silhouettes familières si détestables et si captivantes. Le danger devient soudainement anodin. Certaines silhouettes se rapprochent, exhibant leurs yeux de prédateur et leurs dents mal ajustés.Face à face avec un requin-taureau.Ses compères continuent à tournoyer, virevolter. 50, 80 ou 100, le nombre importe guère. Le bruit de mon détendeur entrecoupe le monde du silence et le glissement furtif de ces somptueuses créatures. Je plane, narcosé, drogué, enivré par ce paradis fugace. Il faut pourtant se décoller de

cette pierre et remonter lentement le long du récif. Mes yeux ne veulent plus se détourner. L'esprit flotte toujours devant la grotte pour poursuivre le rêve. Je repasse en boucle la courte vidéo volée au monde aquatique et je me replonge dans le tableau de « cathedral ». Je frissonne encore... J'ai tellement envie d'y retourner...

On remet la tête sous l'eau pour une plongée moins féroce et plus colorée. L'esprit toujours cramponné aux habitants de « cathedral ».

Pour cesser d'associer la côte est sud-africaine avec le récif corallien, nous nous immergeons sur l'épave du Produce. Tôles éventrées et tubes concrétionnés définissent les contours de cet ancien navire qui gît à trente mètres sous l'eau. Une belle épave où les autochtones se nomment Brindle bass, une mérou qui peut dépasser les 400 kilos. Dans les recoins sombres des superstructures, nous observons quelques spécimens immobiles. On s'approche un peu trop près et la masse imposante se met en mouvement. Communion intime avec l'environnement merveilleux d'Aliwal Shoal. Et pour ceux qui n'ont pas encore été tentés ou convaincus par l'univers sous-marin, une dernière série de clichés pour accompagner ces mots.

Lesotho

Randonnée au LesothoDepuis notre retour en Afrique du sud notre parcours a sillonné principalement la province du Kwazulu-Natal. Cette région, dont sont originaires les zoulous, collectionne des joyaux inestimables sur terre ou dans l'eau. Pour achever notre panorama du Zululand, nous quittons le littoral pour les hauteurs du Drakensberg. Un chaîne de montagnes partagée avec le Lesotho. Un pays complètement ceinturé par l'Afrique du sud. Le Sani Pass au sud du massif sonne bien. Nous partons à sa rencontre mais pour l'occasion nous laissons notre voiture au bas de la vallée pour un 4x4 bien plus adapté. Les virages en épingles à cheveux dessinent une piste qui zigzague en montant dans la vallée. Les roches proéminentes constellent le parcours. L'habitacle du tout-terrain balance de tous les côtés. 40 minutes pour couvrir 8 kilomètres. Le poste frontière du Lesotho clôt l'ascension. Une lande désolée balayée par un vent qui nous gifle le visage.Nous débutons notre courte randonnée jusqu'au pic d'Hogson. Un promontoire avec une vue à 360°. En contrebas, la piste qui fend la vallée jusqu'au Sani Pass, tout autour la roche stérile et découpée du Drakensberg. Unicolore, massive et immobile. On se sent loin de la profusion de couleurs, de la vivacité et de la délicatesse du récif corallien qui nous servait de décor quelques jours plus tôt. Ainsi se résument les extrémités du Kwazulu-Natal. Un jour à bronzer au bord de l'eau et le lendemain à s'emmitoufler chaudement pour lutter contre le froid de la montagne.

Afrique du sud

Trop court séjour à TsitsikammaLe périple touche à sa fin et malgré tous les beaux paysages que nous avons vu pendant ces presque 2 mois, l'envie insatiable d'en vouloir plus, d'aller à la rencontre de terres inconnues, nous démange toujours autant. Et pendant cette escapade africaine, une des composantes du voyage que nous avons involontairement négligée a été la randonnée. Élément essentiel pour vivre au rythme de la nature et des hommes qu'on croise au détour d'un sentier et qu'on interpelle parfois pour partager une tranche de vie.L'otter trail dans le parc national de Tsitsikamma - un sentier côtier de 5 jours - a de quoi nourrir quelques regrets. Nous marchons seulement 3 heures sur ce tracé et le désir d'avancer plus loin se ressent. Dans l'océan, en contrebas, une colonie de dauphins jouent avec les vagues joliment arrondies. De rares apparitions de baleines à bosse forcent la halte ; nous admirons leurs puissants jets d'eau qui fendent la surface. Elles vont et viennent sans se soucier des badauds assis sur les rochers. Badauds nous resterons jusqu'à notre retour au parking.

Après les paysages côtiers, nous nous dirigeons vers le pont Bloukrans. Un pont quelconque que des milliers de véhicules empruntent chaque jour. Mais sous l'activité routière, entre deux blocs de béton armé, le pont atteint son heure de gloire. Un titre mondial à la clé, celui de saut à l'élastique le plus haut du monde. 216 mètres de pure adrénaline.La marche d'approche, avec la sensation d'avoir les pieds dans le vide, campe le décor. Puis on débouche sur une large plate-forme bétonnée. Des rambardes sécurisent tout le périmètre sauf à un endroit... Raccourci pour rejoindre le bas de la vallée. L'attente semble interminable et quelque peu stressante en voyant le visage des autres fous équipés d'un harnais. Mon tour arrive. On m'équipe et me positionne sur le bord du parapet avec les orteils qui dépassent. C'est haut... Très haut. Sentiment masochiste d'avoir payé très cher pour me trouver dans cette situation inconfortable. Les bras tendus, le souffle court et le regard dirigé vers l'horizon. Je me jette. La chute semble interminable, décharge d'adrénaline maximale. Quelques secondes uniques de plaisir indescriptible.

A l'extrême sud de l'AfriqueUn bref arrêt au cap Agulhas, le cap le plus austral de l'Afrique. Pas grand chose à faire si ce n'est prendre des photos, gratter le sable à la recherche de coquillages ou visiter l'ancien phare qui trône au-dessus de la péninsule rocheuse.

Nous repartons vers Gansbaai où on a pris rendez-vous avec les grands requins blancs. En chemin, nous croisons des couples de baleines qui ont l'habitude de fréquenter les eaux froides de ces lieux. Contemplation calme et sereine avant le grand plongeon avec les requins prévu pour demain...

Avec les grands requins blancs...L'ambiance oppressante des « Dents de la mer » plane au-dessus de nos têtes. L'activité de la

journée nous emmène à la découverte des grands requins blancs. En dépit de son côté ultra-touristique et la sensation d'être compressé dans une cage pour rentabiliser au maximum l'excursion, la rencontre avec un grand requin blanc reste unique et cristallise une pléiade d'émotions : du trac à la peur, du respect à l'admiration. Des mâchoires surpuissantes, plusieurs rangées de dents taillées en triangle, un odorat fortement développé pour repérer quelques micro-gouttes de sang dans plusieurs mètres cubes d'eau. Bien qu'il soit un terrible prédateur, le danger qu'il représente pour l'homme a été stigmatisé de manière bien trop profonde. Certes le danger existe, mais le nombre de morts dus à l'attaque de grands requins blancs ne dépassent pas les 10 personnes chaque année – on n'est bien loin des centaines de personnes qui s'électrocutent chaque année avec un grille-pain qui fonctionne mal.L'excursion est bien rodée. Briefing des participants sur la pelouse du centre puis départ en bateau jusqu'à la zone de plongée. L'équipage s'affaire à harnacher la cage à la coque du bateau. Dernières consignes de sécurité et la première fournée de 6 plongeurs descend dans la cage. L'instruction principale est simple voire puérilement logique : Ne pas sortir main ou pied en dehors de la cage et ce, sous aucun prétexte. Ça sent le thon à l'arrière du bateau... Un membre d'équipage jette une tête de poisson accroché à un filin par dessus bord et la première créature arrive - la bande-son des « Dents de la mer » poursuit sa mélodie hachée en filigrane musical. Une nage paisible et massive avant de bondir hors de l'eau pour se saisir de l'appât. Une attaque fulgurante. La gueule entrouverte laisse miroiter sa parfaite dentition. Les plongeurs sont aux premières loges. Je m'agite sur le pont du bateau. C'est mon tour. J'enfile la ceinture de plomb et me glisse dans la cage. La musique lancinante traverse toujours mon esprit. Du petit coin de ma cage, l'instant est grandiose. Plusieurs requins circulent devant nous et rôdent autour de l'appât. Un autre attaque la mousse de protection de la cage.Chaque plongeur fera 2 passages avant de faire un détour vers une colonie de phoques qui se tortillent sur petite île. Une nourriture de prédilection pour les grands requins blancs. Nous quittons ce lieu pour rentrer au port et retrouver notre terre ferme o combien accueillante.

On se replonge dans les deux océansUne page se tourne, notre grande boucle en Afrique australe se termine au Cap, une ville que nous avions quittés presque 2 mois plus tôt. Nous nous rendons à l'aquarium « 2 oceans », pour nous replonger dans le souvenir de ces somptueuses espèces sous-marines que nous avons déjà croisées pour la plupart. Entre océan Indien et océan Atlantique. Nous voulons profiter de nos pérégrinations jusqu'à la dernière goutte.Puis vient le moment de se séparer, Christophe rentre sur Paris et je continue mon voyage. Un virage radical avec un changement de culture et de continent. Après une brève halte à Kuala Lumpur, je me rendrai dans l'île paradisiaque de Bali pour retrouver ma petite famille pour une quinzaine de jours avant de continuer seul vers l'île de Java et prolonger d'exaltantes péripéties en Indonésie.Et pour l'Afrique, continent de contrastes, de sourires, de générosité, de couleurs endémiques et d'espoir, je sais que ce n'est qu'un « Au revoir ». Sa terre, ses forêts, ses villages regorgent de tant de choses en apparence futiles et pourtant si passionnantes. Lorsqu'on y a posé un pied, on n'en repart jamais complètement.