29
Recueil d’OS Résumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni… Couple : Cedric/Harry suggéré. Rating : R, définitivement, pour langage et thèmes choquants, voire limite malsains. Disclaimer : Honnêtement, je ne suis pas sûre que JKR ait eu cette idée en tête quand elle a créé le personnage de Cedric… Avertissement : Underage, à savoir que Harry a 14 ans, allusion à des relations homosexuelles masculines, ceux que ça dérange ou que ça n’intéresse pas, merci de quitter cette page au plus vite. Et Cedric a vraiment une psychologie, euh…très tordue. Je me demande même où j’ai bien pu aller chercher tout ça… Note de l’auteuze : On continue la série, avec une petite fic un peu plus longue, mais euh…disons, nettement moins guimauve. Ou comment le si populaire Cedric Diggory cache sous des dehors irréprochables un bien lourd secret…Juste une précision, à aucun moment vous ne verrez de relation sexuelle entre Harry et Cedric autrement que fantasmée, je préfère prévenir avant de voir me tomber dessus des reviews incendiaires sur le fait d’impliquer un garçon si jeune dans un slash. Oh, et, j’ai écrit cette fic en me basant uniquement sur mes souvenirs du livre et du film, aussi pardonnez-moi si je fais quelques erreurs dans la chronologie. Bonne lecture ! RARs : J’en profite pour poster ici les réponses aux reviews non signées pour « Songe d’une nuit d’été…J’avais déjà répondu sur mon ancien blog, mais la note a été effacée après la fameuse migration-suicide de 20six… Angelina Delacour : je suis heureuse que ce petit Harry/Luna t’ait plu ! J’espère que tu apprécieras ce qui suit, et en tout cas merci beaucoup ! Caro : merci beaucoup ! Eh bien, comme tu vois, je continue les OS, même si celui qui vient n’est définitivement pas du même genre… Juju : merci pour tes encouragements ! Comme tu vois, je continue, et j’espère que cet OS te plaira… ~o0O0o~

Recueil d’OS€¦  · Web viewRésumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni… Couple : Cedric/Harry . suggéré. Rating: R, définitivement,

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Recueil d’OS€¦  · Web viewRésumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni… Couple : Cedric/Harry . suggéré. Rating: R, définitivement,

Recueil d’OS

Résumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni…

Couple : Cedric/Harry suggéré.

Rating : R, définitivement, pour langage et thèmes choquants, voire limite malsains.

Disclaimer : Honnêtement, je ne suis pas sûre que JKR ait eu cette idée en tête quand elle a créé le personnage de Cedric…

Avertissement : Underage, à savoir que Harry a 14 ans, allusion à des relations homosexuelles masculines, ceux que ça dérange ou que ça n’intéresse pas, merci de quitter cette page au plus vite. Et Cedric a vraiment une psychologie, euh…très tordue. Je me demande même où j’ai bien pu aller chercher tout ça…

Note de l’auteuze   : On continue la série, avec une petite fic un peu plus longue, mais euh…disons, nettement moins guimauve. Ou comment le si populaire Cedric Diggory cache sous des dehors irréprochables un bien lourd secret…Juste une précision, à aucun moment vous ne verrez de relation sexuelle entre Harry et Cedric autrement que fantasmée, je préfère prévenir avant de voir me tomber dessus des reviews incendiaires sur le fait d’impliquer un garçon si jeune dans un slash. Oh, et, j’ai écrit cette fic en me basant uniquement sur mes souvenirs du livre et du film, aussi pardonnez-moi si je fais quelques erreurs dans la chronologie. Bonne lecture !

RARs :J’en profite pour poster ici les réponses aux reviews non signées pour « Songe d’une nuit d’été…J’avais déjà répondu sur mon ancien blog, mais la note a été effacée après la fameuse migration-suicide de 20six…

Angelina Delacour : je suis heureuse que ce petit Harry/Luna t’ait plu ! J’espère que tu apprécieras ce qui suit, et en tout cas merci beaucoup !

Caro : merci beaucoup ! Eh bien, comme tu vois, je continue les OS, même si celui qui vient n’est définitivement pas du même genre…

Juju : merci pour tes encouragements ! Comme tu vois, je continue, et j’espère que cet OS te plaira…

~o0O0o~

Crime et châtiment   :

~o0O0o~

Le premier mot qui venait à l’esprit de toutes les personnes qui rencontraient pour la première fois Cedric Diggory était « perfection ».

Cedric Diggory était parfait. Ou plutôt, il était l’incarnation vivante de la perfection faite adolescent.

D’une gentillesse à toute épreuve, toujours serviable, accomplissant ses devoirs avec une bonne volonté étonnante pour un garçon de son âge, aimant et respectueux envers ses aînés, il était sans doute le fils que n’importe quelle mère aurait aimé avoir. Et d’ailleurs sa mère rayonnait de fierté lorsqu’il marchait à ses

Page 2: Recueil d’OS€¦  · Web viewRésumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni… Couple : Cedric/Harry . suggéré. Rating: R, définitivement,

côtés, portant entre ses bras forts les paquets qu’elle ne lui avait même pas demandé de prendre pour la soulager.

Toujours de bonne humeur, toujours partant pour aider dans les travaux domestiques ou pour une journée de pêche, toujours disponible pour une partie d’échecs, ne rechignant jamais à une discussion sur n’importe quel sujet, il était sûrement le fils que n’importe quel père aurait aimé avoir. Et d’ailleurs son père se rengorgeait toujours de fierté lorsqu’il le présentait à ses amis du Ministère et que Cedric leur serrait la main avec assurance, d’une poigne virile sans être brusque, avec un sourire aimable sans être obséquieux.

D’un sérieux admirable, d’une ténacité à l’effort sans égale, avec un sens des responsabilités irréprochable, d’une intelligence brillante sans être ostentatoire, il était probablement l’étudiant que n’importe quel professeur aurait aimé avoir. D’ailleurs le professeur Sprout n’en croyait pas sa chance lorsqu’elle se disait que Cedric, fleuron de Hogwarts, était aussi celui de la Maison dont elle était la directrice, la discrète et amicale Maison Hufflepuff.

Sportif, d’une remarquable agilité et d’une prestance inégalable sur son balai, doté d’un sens tactique hors du commun et d’un don indubitable pour le Quidditch, il était assurément l’attrapeur que n’importe quel entraîneur de Quidditch aurait aimé avoir dans son équipe. D’ailleurs, ses coéquipiers se vantaient encore du jour béni où, l’année passée, les Hufflepuff avaient réussi à battre les Gryffindor et le célèbre Harry Potter, grâce à lui.

Respectueux de la gente féminine, d’une galanterie inhabituelle et d’une conversation délicieuse, il était probablement le petit ami que n’importe quelle adolescente aurait rêvé d’avoir à son bras. D’ailleurs, toutes les jeunes filles de Hogwarts ne pouvaient s’empêcher de se retourner sur son passage, d’admirer sa haute silhouette élancée et athlétique, ses épaules larges et rassurantes, ses merveilleux yeux gris et son beau visage dépourvu de défauts. Et de soupirer en espérant un jour attirer l’attention de ce garçon qui, au contraire de ses camarades du même âge pas encore finis et beaucoup moins matures, laissait déjà voir quel genre d’homme il serait dans le futur.

D’une autorité discrète mais néanmoins présente, d’une loyauté extraordinaire si spécifique de sa Maison, d’un humour sans malice et sans méchanceté aucunes, d’un charisme naturel sans être pour autant poseur et arrogant, il était le meilleur copain que n’importe quel garçon de son âge aurait rêvé d’avoir. D’ailleurs, tous ses amis se félicitaient d’avoir réussi à entrer dans ses bonnes grâces, qu’il accordait par ailleurs généreusement à tout le monde, avec ce sourire éclatant qui le caractérisait.

Oui, « perfection » était le mot qui venait immédiatement à l’esprit des gens qui rencontraient pour la première fois Cedric Diggory. Puis, au fur et à mesure que les gens le connaissaient mieux, tout un tas d’autres superlatifs – toujours aussi élogieux – venaient s’ajouter à la liste. Il fallait aussi reconnaître que Cedric, loin de s’en plaindre, faisait tout ce qui était en son pouvoir mon conforter ses contemporains dans leur opinion. Car le seul défaut – minime, et bien pardonnable chez un garçon si jeune – que l’on pouvait concéder à Cedric était une très légère et presque imperceptible tendance à l’autosatisfaction. Oh, vraiment très minime, car bien vite, sa modestie naturelle et son perfectionnisme le rappelaient à l’ordre.

Cedric Diggory pouvait donc, sans se vanter et sans partir dans des extrapolations délirantes, prétendre à un avenir radieux après sa sortie de l’école et l’obtention, inéluctablement brillante, de son diplôme de sorcellerie. Et il en prenait bien le chemin puisque, tout naturellement devrait-on dire, ce fut son nom qui sortit de la légendaire Coupe de Feu pour le désigner comme le champion qui représenterait Hogwarts lors du très prestigieux Tournoi des Trois Sorciers. Et comme à son habitude, il avait pris cet honneur avec naturel et simplicité, et surtout, une certaine joie de se voir reconnu à sa juste valeur.

Jusqu’à ce que le nom de Harry Potter ne sorte lui aussi de la Coupe, bouleversant ainsi l’ordre naturel des choses et la vie jusque là parfaite et sans anicroches de Cedric.

Page 3: Recueil d’OS€¦  · Web viewRésumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni… Couple : Cedric/Harry . suggéré. Rating: R, définitivement,

D’aucuns auraient pu croire que se voir mis en compétition avec ce petit garçon ébouriffé, qui avait visiblement usurpé sa place dans le Tournoi, aurait vexé Cedric, à l’instar des deux autres Champions et du reste de l’école. D’autres auraient pu penser que le jeune homme se serait moqué de la prétention de ce gamin trop petit pour son âge à vouloir se mesurer avec lui et partager une place que le gosse ne méritait pas. Certains auraient même imaginé que Cedric craindrait une rivalité avec un Garçon qui avait Survécu en mal de célébrité. Oui, les gens auraient pu penser beaucoup de choses au sujet de ce scandale et de la façon dont Cedric y réagirait.

Il n’en fut rien. Bien sûr, Cedric se montra surpris et poliment inquiet du fait qu’un enfant si jeune puisse finalement participer à une épreuve si dangereuse. Bien sûr, il restait persuadé que Harry n’avait pas sa place dans le Tournoi, et que lui seul était le véritable Champion de Hogwarts – après tout, comment un gamin pouvait-il se montrer à la hauteur ? Mais à aucun moment, il ne hurla avec les loups, ni ne dénigra Harry Potter, pourtant devenu la cible de l’hostilité et des quolibets de tous ses camarades. Mais somme toute, cela ne surprit personne. Après tout, Cedric était foncièrement dépourvu de méchanceté. Le jeune homme sembla donc vite se désintéresser de l’affaire, pour mieux se concentrer sur les futures épreuves du Tournoi.

Du moins, c’était la version officielle et connue de tous.

~o0O0o~

Car bien entendu, il faudrait être vraiment naïf, ou tout au moins volontairement aveugle, pour s’imaginer que l’image idyllique qu’offrait Cedric aux regards ravis de ses admirateurs correspondait en tout points à la réalité. Et aveugle, le monde magique l’était, sans aucun doute. Les masses populaires et les esprits influençables avaient de tous temps eu besoin de héros, et Cedric avait véritablement ce qu’on appelait vulgairement « la gueule de l’emploi ». On s’était donc empressé de lui faire enfiler l’habit de lumière du garçon de rêve, et Cedric l’avait revêtu avec complaisance, trop heureux de la promotion. Encore une fois, on pouvait dire qu’il endossait le rôle à la perfection.

La réalité était tout autre.

Oh, bien sûr, tout n’était pas que mensonge. Cedric était vraiment beau. Cedric était vraiment gentil, aimable, serviable, amical et intelligent. Cedric était tout cela, et bien plus encore. Mais il n’était pas parfait. En réalité, il était bien plus éloigné de la perfection que bien des gens autour de lui, et encore plus éloigné de l’image que ces mêmes personnes avaient de lui. Et parfois, lorsqu’il s’observait dans la glace avec circonspection, le jeune homme se demandait, avec un amusement cynique et amer, comment les gens pouvaient se laisser berner aussi facilement.

Car Cedric avait de nombreux secrets, des secrets très bien gardés car connus de lui seul.

Le premier secret du jeune homme, le plus lourd, car il englobait tous les autres, était qu’en réalité, Cedric n’était qu’un imposteur. Si sa beauté et son intelligence n’étaient dues qu’à une heureuse combinaison génétique héritée de parents généreusement dotés par la nature, et lui appartenaient donc réellement, tout le reste n’était que le produit d’un long travail sur lui-même, de remarquables qualités d’acteur, et d’un don certain pour le mensonge. Un don hors du commun, aurait-on pu dire, car cette personnalité factice était devenue une seconde nature au point que Cedric lui-même finissait parfois par y croire.

~o0O0o~

Cedric était dans sa prime jeunesse un petit garçon intelligent, il avait donc très vite compris que l’on obtenait bien plus de jouets et de compliments par la douceur et la gentillesse que par des caprices. Il s’était donc employé à réfréner ses instincts – instincts que partageaient tous les enfants du monde, mais cela, il l’ignorait encore – afin de se faire adorer de ses parents. Ne nous y trompons pas, le petit Cedric aimait réellement son père et sa mère, et il adorait leur faire plaisir. Rien ne pouvait le mettre plus en joie

Page 4: Recueil d’OS€¦  · Web viewRésumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni… Couple : Cedric/Harry . suggéré. Rating: R, définitivement,

que de voir un sourire éclairer leur visage. Mais il savait également qu’il était un mauvais petit garçon, car au fond de lui, il connaissait sa véritable nature. Il savait qu’il n’était pas naturellement aimable et gentil, qu’il devait se forcer à l’être, et il savait que son papa et sa maman l’aimeraient beaucoup moins s’il se montrait sous son véritable jour.

Cedric passa donc toute son enfance à s’efforcer d’adopter un comportement exemplaire envers ses parents. Après tout, il leur devait bien ça, et puis maman aurait été si triste s’il n’avait pas été sage, et papa aurait été si déçu de s’apercevoir qu’en réalité, son fils n’était pas l’enfant parfait qu’il imaginait. Déjà, et insensiblement, le piège du mensonge se refermait sur lui, et la pression des exigences parentales pesait lourdement sur ses épaules. A cela s’ajouta bien vite le poids de la culpabilité de ne pas être comme ses parents auraient rêvé qu’il soit. Il redoubla donc d’efforts pour ne pas les décevoir et parfaire son personnage.

Lorsque Cedric fut assez vieux pour côtoyer d’autres enfants de son âge, il s’aperçut que le comportement qu’il adoptait avec ses parents était également très efficace auprès des autres sorciers adultes, qui s’extasiaient sur ce petit garçon si raisonnable alors qu’il était si jeune, exacerbant encore un peu plus la fierté de papa et maman Diggory. Il s’aperçut également que ce comportement lui assurait l’amour inconditionnel des petites filles, qui le prenaient toutes pour un ange et voulaient se marier avec lui. Le petit Cedric ne comprenait pas bien pourquoi une telle adoration, mais cela lui permettait d’être toujours bien accueilli lorsque ses parents l’emmenaient quelque part avec eux. Lui qui n’avait jamais vraiment aimé aller vers les autres, n’avait plus besoin de faire d’efforts puisque c’étaient les autres qui venaient vers lui.

Il se rendit néanmoins compte que sa popularité, acquise aussi facilement auprès des petites filles et des parents de ses camarades de jeu, pouvait paradoxalement lui valoir la jalousie, voire l’inimitié des petits garçons. Et cela le rendit très triste, parce que Cedric aurait bien voulu que les petits garçons l’aiment aussi. En fait, il préférait largement la compagnie des garçons à celle des filles (qui voulaient toujours le couvrir de baisers mouillés qui le faisaient grimacer intérieurement), alors il se mit en devoir d’étudier leur comportement et d’en déduire quelle attitude serait susceptible de leur plaire. Et comme c’était un petit garçon très intelligent, il parvint très rapidement à se faire aimer aussi de ses petits camarades masculins. Mieux, il devint, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, un véritable leader auprès de ses jeunes condisciples. Le succès était total, et la supercherie fonctionnait à merveille.

Plus tard, lorsque Cedric fut scolarisé à Hogwarts, il appliqua la même méthode auprès de ses professeurs, tout en se gardant bien d’adopter un comportement trop obséquieux qui l’aurait fait passer pour un insupportable premier de la classe. Et encore une fois, la supercherie ne fonctionna que trop bien. Ce n’était pas qu’il n’aimait pas les études, mais il savait que s’il s’était laissé aller à sa véritable nature, il aurait été bien moins studieux, et malgré sa remarquable intelligence, il s’en serait sûrement moins bien sorti dans sa scolarité. Mais il fallait que ses parents soient fiers de lui, et pour cela il fallait que ses professeurs ainsi que ses camarades de classe l’apprécient.

Et la Maison Hufflepuff était parfaite pour mener à bien ce qu’il appelait désormais « sa mission ». Les Slytherin avaient trop mauvaise réputation, et les Ravenclaw passaient pour bien trop sérieux pour être réellement sympathiques. A la rigueur les Gryffindor auraient pu convenir, mais les membres de cette Maison étaient réputés pour s’attirer facilement des ennuis, et s’il en avait fait partie, il se serait sans doute moins bien fait voir de certains professeurs – la force du préjugé étant toute-puissante où qu’on se trouve dans le monde, et plus particulièrement dans une école. Oui, Hufflepuff était la maison parfaite pour Cedric, celle où sa détermination et sa ténacité passeraient sans mal pour de la bonne volonté, celle dont les membres étaient unanimement reconnus pour leur amabilité, leur loyauté et leur gentillesse, et où il pourrait briller sans qu’on l’accuse de chercher la gloire.

Un observateur neutre, s’il avait été au courant de ce que pensait Cedric, aurait vu que son raisonnement, s’il était brillant, ne se tenait pas. Car même si la force du choix était quelque chose de primordial – il n’y avait qu’à se rappeler tout ce que Albus Dumbledore avait dit à ce sujet à Harry Potter – si Cedric avait

Page 5: Recueil d’OS€¦  · Web viewRésumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni… Couple : Cedric/Harry . suggéré. Rating: R, définitivement,

réellement été dépourvu de toutes les qualités qui faisaient un Hufflepuff, jamais il n’aurait été envoyé dans cette maison. Si Cedric n’avait pas voulu à ce point être aimé de tous et faire la fierté de ses parents, s’il ne leur avait pas été aussi loyal, son esprit calculateur aurait sans aucun doute possible incité le Choixpeau à l’envoyer chez les Slytherin. Mais il n’y avait pas d’observateur neutre, car personne n’aurait pu se douter de ce qui se passait dans la tête du garçon, et Cedric restait persuadé qu’il était un imposteur.

~o0O0o~

Ce sentiment, loin de s’apaiser avec les années, grandit avec une intensité croissante au fil du temps dans l’esprit du jeune homme, tout en se diluant paradoxalement dans tout son être et dans sa façon de se comporter. La culpabilité faisait se mêler vraie et fausse personnalités si intimement que bien souvent, Cedric lui-même ne savait plus qui il était vraiment. Si ce qu’il voyait dans le miroir tous les matins était le vrai Cedric ou le fruit d’un jeu d’acteur particulièrement bien travaillé. Cette étrange sensation de dédoublement s’intensifia encore à mesure que les autres s’attachaient au faux Diggory, et bien vite, le garçon eut l’impression de se faire spectateur de sa propre vie. Manipulateur d’une marionnette qui n’était autre que lui-même, Cedric devenait lentement et insidieusement schizophrène.

Parfois, il se surprenait à observer avec un étrange détachement ce garçon qu’il était devenu, évoluant avec une parfaite aisance parmi ses camarades, souriant à ses amis avec tellement de sincérité qu’il arrivait même à y croire. Et plus le temps passait, plus il se sentait en retrait de lui-même ; et parfois, il se prenait à espérer qu’un jour, sa véritable nature s’enfouirait définitivement sous celle qu’il s’était inventée, que le mauvais Cedric finirait par mourir sous la pression du parfait jeune homme qu’il avait créé de toutes pièces. Pendant longtemps, il y crut suffisamment fort pour presque se convaincre qu’il y parviendrait, car il essayait si fort, oh si fort, et il le voulait tellement, qu’il ne concevait pas l’échec.

Les choses se compliquèrent singulièrement lorsque le jour arriva où les amis de Cedric s’étonnèrent qu’un garçon aussi populaire que lui n’ait pas de petite amie. Et ils s’étonnaient avec raison, car le jeune homme ne semblait pas remarquer les admiratrices pourtant chaque jour plus nombreuses qui se pressaient autour de lui. Il ne semblait pas voir les jeunes filles qui soupiraient toujours plus fort sur son passage, espérant attirer l’attention du garçon le plus gentil, le plus beau et le plus cool de l’école. Et pour cause, Cedric ne voulait pas les voir, ces filles qui l’espéraient si fort. S’il gardait une certaine tendresse teintée de résignation pour les petites filles, tellement sincères dans leur adoration, leur aînées, plus intéressées par la gloire que leur apporterait une relation avec lui, ne lui inspiraient qu’un vague dégoût mêlé d’ennui.

Malgré tout, Cedric étant ce qu’il était, et surtout considérant ce qu’on attendait de lui – de l’image qu’on avait de lui, plus précisément – il se devait d’avoir une petite amie. Parce qu’il avait 14 ans et que la plupart de ses amis en avaient déjà eue au moins une. Parce que ça se faisait. Parce que ça n’aurait pas été normal qu’un garçon comme lui reste célibataire. Parce que ça n’aurait pas été normal qu’un garçon comme lui préfère rester célibataire. Et lorsque ses parents s’inquiétèrent eux aussi de ne jamais entendre parler d’une petite copine, Cedric n’eut pas d’autre choix que de se conformer à ce qu’on attendait de lui. Même s’il n’en avait pas du tout envie, il fallait le faire.

Alors, il le fit. Cedric eut une petite amie. A la rigueur, il se serait accommodé d’une bluette platonique et sans conséquence avec une fille plus jeune que lui, trop jeune pour qu’il s’imagine lui faire autre chose que lui tenir la main. Une de ces filles de deuxième année qui le regardaient encore avec des étoiles plein les yeux et non pas avec avidité. Mais voilà, ça n’aurait pas vraiment collé au personnage, et les copains se seraient moqués de lui. Alors Cedric choisit une fille de son âge, et pas n’importe laquelle. Car il fallait qu’elle soit belle, pour ne pas dénoter cruellement dans le tableau idyllique de la vie du jeune homme, ou qu’on pense qu’il n’était avec elle que par pitié. Car il fallait qu’elle soit brillante, pour ne pas qu’on s’imagine que Cedric les aimait superficielles. Car il fallait qu’elle soit populaire, pour augmenter à la fois son prestige et celui de la fille. Car il fallait qu’elle soit aimée de tous, pour qu’on ne puisse pas lui reprocher son choix, pour ne pas attiser la jalousie en choisissant quelqu’un de trop controversé.

Page 6: Recueil d’OS€¦  · Web viewRésumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni… Couple : Cedric/Harry . suggéré. Rating: R, définitivement,

Son choix se porta donc sur Alicia Spinnet de Gryffindor, poursuiveuse de l’équipe de Quidditch de sa Maison, et d’une année plus jeune que lui. Elle était parfaite pour le rôle que Cedric lui avait attribué, et cela ne lui valut qu’une légère animosité jalouse de la part de l’un des jumeaux Weasley – un bien moindre mal lorsqu’on considérait l’immense bénéfice qu’il retira de cette relation avec Alicia. Car dès qu’il l’eut séduite – sans se donner trop de mal, il fallait l’avouer – sa popularité grimpa en flèche, si cela était encore possible. Et Alicia était encore trop jeune pour qu’on exige de Cedric qu’il aille plus loin que de chastes baisers sur la joue ou sur les lèvres, ce qui quelque part le soulageait bien plus qu’il n’osait se le dire. Car la jeune fille, aussi charmante fût-elle, ne lui inspirait qu’un intérêt poli, et à vrai dire, Cedric accordait plus d’importance à ses qualités de joueuse de Quidditch qu’à son physique ou à sa personnalité – il ne deviendrait Attrapeur de l’équipe de Hufflepuff que l’année suivante, mais il vouait déjà une véritable passion à ce sport.

Leur romance programmée s’acheva tout aussi rapidement qu’elle avait commencé. En effet, Cedric était jeune, et tout le monde se serait étonné si son histoire avec Alicia avait duré trop longtemps. Ses parents se seraient inquiétés de le voir tomber amoureux si tôt, et ses professeurs auraient sans doute pensé qu’une relation trop sérieuse nuirait à ses études. Quant à ses amis, ils n’auraient bien entendu pas compris qu’un garçon tel que lui se contente d’une seule fille. Cedric rompit donc avec Alicia, qui n’en fut guère affectée car elle avait bien vite appris à considérer le jeune homme plus comme un bon camarade que comme un véritable petit ami, et lui-même n’avait jamais rien fait pour la détourner de cette opinion.

Cedric fut donc soulagé lorsque son histoire avec Alicia prit fin. Malgré tout, il ne fallait pas non plus qu’il reste célibataire trop longtemps, car ses amis auraient pensé que la rupture avec la jeune Gryffindor l’avait peiné plus qu’il ne voulait le montrer. Et ils l’auraient alors considéré comme un faible, ce qui dans l’esprit du jeune homme, était inacceptable. Alors, après quelques semaines réglementaires de célibat, il avait choisi une autre petite amie, et l’heureuse élue fut cette fois-ci une jeune fille de sa Maison et de son année, plus discrète qu’Alicia, mais tout aussi jolie et gentille. Et cette fois encore, l’histoire ne dura que quelques semaines, au grand soulagement de Cedric qui s’ennuyait encore plus que la première fois. Pourtant, il continua, persuadé que c’était la chose à faire. Persuadé que c’était la marche à suivre pour être normal. Après tout, tout le monde le faisait. Après tout, c’était ce qu’on attendait de lui. Et puis, quelque part au fond de lui, Cedric espérait peut-être encore que ça finirait par venir, qu’il finirait par trouver une fille dont il tomberait sincèrement amoureux. Donc, il continuait à mentir.

~o0O0o~

Environ un an après le début de cette période où Cedric était censé, à l’instar de ses camarades, découvrir les joies des amourettes adolescentes avec les filles, le jeune homme commença à se poser des questions. Et ce qu’il découvrit sur lui-même ne fit que le conforter un peu plus dans sa certitude de n’être qu’un imposteur.

A l’âge où les autres garçons ne pouvaient prononcer une phrase sans faire des allusions plus ou moins graveleuses sur les atouts physiques de leur condisciples féminines, Cedric se demandait encore ce que ses amis pouvaient bien leur trouver. En effet, alors qu’il comptait à son palmarès un nombre tout à fait honorable de petites amies, il n’avait jamais eu l’idée d’aller plus loin que quelques baisers, et encore moins la curiosité de découvrir ce qui se cachait sous leurs jupes. Ca ne l’intéressait tout simplement pas. S’il avait été moins angoissé et moins prompt à se créer des problèmes, il en serait sans doute venu à la conclusion qu’il n’était pas encore prêt, pas encore assez mature pour explorer les méandres de sa sexualité, et les choses se seraient arrêtées là, du moins pendant encore un certain temps.

Mais ce qui était possible pour n’importe quel autre étudiant de Hogwarts ne l’était pas pour un garçon du charisme et de la popularité de Cedric. De la même manière qu’on attendait de lui un an auparavant qu’il ait une petite amie, désormais, on s’attendait à ce qu’il passe à la vitesse supérieure, et cette simple idée lui faisait littéralement horreur. Ce n’était pas qu’il était misogyne, non. Il respectait profondément sa

Page 7: Recueil d’OS€¦  · Web viewRésumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni… Couple : Cedric/Harry . suggéré. Rating: R, définitivement,

mère et la plupart des femmes adultes qu’il connaissait, et trouvaient les petites filles touchantes dans leurs rêves et leur innocence. En résumé, tant que la question sexuelle n’entrait pas en ligne de compte, dès qu’il ne pouvait pas les désirer, il s’entendait parfaitement avec les membres de la gente féminine.

Mais dès qu’il approchait un corps de fille de son âge, il se sentait étrangement mal à l’aise, et un sentiment inconfortable s’emparait immédiatement de lui. Et s’il avait été parfaitement honnête avec lui-même, il aurait reconnu que le sexe féminin, cette fente rouge et luisante aperçue furtivement dans le magazine de l’un de ses amis, l’effrayait profondément. Voire, le répugnait. Cedric se rendit compte avec horreur que dès qu’il se représentait un sexe féminin, l’image d’une plaie béante et sanguinolente lui sautait immédiatement aux yeux, et la nausée envahissait comme un raz-de-marée son être tout entier.

Le jeune homme se demanda alors si le corps des garçons lui inspirait le même dégoût. Ou plutôt, il se demanda avec inquiétude si le corps des garçons l’attirait, ce qui pour quelqu’un comme lui aurait été une catastrophe. Mieux valait encore n’être attiré par personne que par quelqu’un de son propre sexe. Non qu’il fût homophobe, seulement, cela ne collait pas à l’image que l’on attendait qu’il affiche en public, et surtout, son père ne l’aurait jamais accepté. Amos Diggory était un brave homme, et il n’avait pas un mauvais fond, mais il n’était certainement pas un modèle d’ouverture d’esprit et son conservatisme sur certains points était connu de tous. Son fils se devait, bien entendu, de ramener un jour à la maison une gentille femme qu’il épouserait et qui lui ferait de merveilleux enfants, faisant d’Amos un patriarche fier et comblé. C’était sa vision d’une existence idéale et bien remplie et il en concevait difficilement d’autres.

Mais, plus encore que la déception d’un père, la réaction de ses camarades de dortoir effrayait également Cedric. Comment prendraient-ils une telle révélation ? Le jeune homme ne se faisait aucune illusion, ils la prendraient sans aucun doute comme une ignoble trahison faite à leur amitié virile. L’annonce de son homosexualité supposée signifierait à coup sûr la chute de son piédestal et sa déchéance dans la hiérarchie si cruelle que s’imposaient les adolescents de son âge. Il était impossible que Cedric puisse survivre à un tel rejet, aussi fut-il provisoirement soulagé lorsqu’il découvrit qu’aucun de ses camarades ne l’attirait.

Autant son propre corps ne lui inspirait aucun dégoût et lui plaisait même plutôt, autant celui de ses amis le laissait indifférent. Il avait observé à la dérobée certains de ses coéquipiers de Quidditch lorsqu’ils se changeaient dans les vestiaires, certains garçons dont on disait qu’ils étaient beaux. Et Cedric ne vit qu’amas de muscles, de poils, de peaux imparfaites. Des corps imparfaits respirant une sueur âcre d’adolescents lourdauds, mal dégrossis et manquant de grâce. Des corps, trop maigres ou trop musclés, trop grands surtout, qui, s’il ne les trouvait pas vraiment laids, ne lui inspiraient qu’une faible curiosité détachée.

~o0O0o~

Pourtant, Cedric aimait son propre corps. Un jour alors que ses camarades étaient tous absents pour cause de sortie à Hogsmeade et qu’il était resté seul dans son dortoir, prétextant un peu de fatigue, il s’était entièrement dévêtu et s’était planté devant le grand miroir en pied qui recouvrait la porte de l’une des massives armoires de bois noir qui meublaient la pièce. Son corps pâle et nu se détachait contre le noir du bois et le jaune des courtepointes qui recouvraient les lits à baldaquins, et le garçon l’avait observé dans les moindres détails.

Son regard avide avait couru le long de ses jambes nerveuses à peine couvertes d’un léger duvet châtain clair, s’était attardé sur la ligne presque droite de ses hanches minces où pointait l’os de son bassin, était lentement remonté sur son ventre dur et sa poitrine bien faite, avait détaillé ses épaules larges et la ligne de ses clavicules, le cou fin mais puissant où saillaient ses muscles. Il s’était approché du miroir et avait palpé de sa pulpe de ses doigts les reliefs de son beau visage, inspecté la peau claire et sans imperfections, les cheveux doux et disciplinés, peut-être juste à peine trop longs et qui lui tombaient dans ses yeux gris. Il s’était détourné brièvement, le temps d’apercevoir ses fesses sur lesquelles les filles s’extasiaient, juste un peu trop cambrées pour un garçon, mais fermes et idéalement bombées.

Page 8: Recueil d’OS€¦  · Web viewRésumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni… Couple : Cedric/Harry . suggéré. Rating: R, définitivement,

Et ce qu’il avait vu lui avait plu, bien plus que tout ce qu’il avait pu voir auparavant chez les autres. Il était resté longtemps face au miroir, observant avec fascination son sexe se réveiller et se dresser lentement sous son regard. Cedric ne s’était encore jamais touché à cet endroit-là et lorsque sa main s’était posée, hésitante, sur son érection, il avait frissonné sous l’étrange sensation. Une violente bouffée de chaleur, mélange de honte et d’excitation, qui s’était brusquement emparée de lui et avait fait rougir ses joues. Il s’était répandu dans sa main, se mordant les lèvres pour ne pas crier, pour ne pas gémir trop fort et prendre le risque qu’on l’entende. A aucun moment ses yeux ne s’étaient détournés du miroir.

Cette expérience le perturba profondément. Etait-il à ce point narcissique pour n’avoir d’indulgence que pour son propre corps ? Quelle était cette étrange disposition qui avait fait que la première fois qu’il avait ressenti du désir, que la première fois qu’il avait ressenti de l’excitation sexuelle, cela avait été face à sa propre image ? Que sa première et tardive masturbation ait eu lieu alors qu’il se regardait dans le miroir  ? Les autres, tous les autres ne lui inspiraient rien. Ne provoquaient aucune réaction en lui. Ce jour-là, Cedric se rhabilla en silence en se demandant pourquoi il ne pouvait pas être normal. Puis il soupira en se disant que finalement, c’est tout de même moins grave que d’être attiré par un autre garçon.

Quelques semaines passèrent et Cedric, trop occupé à tenir son rang d’adolescent le plus aimé de Hogwarts, oublia peu à peu l’incident, d’autant que c’était une époque sombre qui commençait pour la célèbre école de sorciers. La Chambre des Secrets avait été réouverte, et Ginny Weasley avait disparu. Il était sincèrement inquiet, comme tout le monde, et n’avait pas le temps de se préoccuper de choses aussi triviales que sa vie amoureuse – ou plutôt, son absence de vie amoureuse, en l’occurrence. L’école menaçait de fermer, et une élève était peut-être morte.

Puis Harry Potter sauva la dernière-née des Weasley de ce qui se cachait dans la Chambre, et Cedric grâce à lui n’eut pas à passer ses examens de fin d’année. Il prit le train comme tous les autres élèves lorsque vinrent les vacances d’été, et retourna chez ses parents qui l’attendaient sur le quai de la gare, exagérément fiers de leur rejeton. Durant tout l’été, Cedric se força à oublier son année scolaire, et préféra rester avec ses parents et les aider dans les travaux domestiques – lorsqu’il ne faisait pas ses devoirs – plutôt que de fréquenter ses camarades de classe. Tenir son rôle devant deux personnes était moins fatigant que de le faire devant une école entière, et Cedric avait vraiment besoin de repos.

~o0O0o~

Septembre arriva trop vite, et la rentrée avec lui. Lorsque Cedric sortit du Hogwarts Express, il sentit instantanément se poser sur lui une lourde chape de plomb – le poids de ses responsabilités et de son oppressante popularité. Déjà dans le train, ses amis lui avaient reproché de les avoir fuis durant les vacances, et il avait du prétexter beaucoup de travail chez ses parents pour avoir la paix. Le jeune homme venait de se rendre compte à quel point le regard d’autrui pouvait être pesant et difficile à supporter. Et il se demanda s’il aurait la force de tenir encore toute une année à se cacher derrière son sourire d’étudiant modèle et de meilleur ami idéal.

Pourtant, les premiers temps, il n’eut pas trop de difficultés à endosser de nouveau le costume de l’Autre Cedric. La machine était bien rôdée, il connaissait son rôle par cœur. Il s’accorda même quelques semaines de répit avant de se trouver une nouvelle petite amie, prétextant énormément de travail scolaire et des entraînements de Quidditch lui prenant beaucoup de son temps. Puis, lorsqu’il jugea que son abstinence devenait suspecte, il porta son choix sur une jeune fille tout aussi populaire et mignonne que les précédentes. Une fois de plus, leur histoire ne dura que quelques semaines, sa petite amie se plaignant souvent de l’indifférence toujours plus marquée de Cedric qui commençait à acquérir une réputation de tombeur insensible auprès de ses camarades. Il rattrapa habilement le coup en restant avec la suivante jusqu’à la fin de l’année scolaire.

Tout aurait pu se dérouler sans anicroches. Il n’avait pas d’examens importants à la fin de l’année, en-dehors de ceux qui garantiraient son passage dans la classe supérieure. Celui Qui Ne Devait Pas Etre Nommé n’avait pas fait parler de lui depuis l’été dernier et sa nouvelle défaite contre Harry Potter. Ses

Page 9: Recueil d’OS€¦  · Web viewRésumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni… Couple : Cedric/Harry . suggéré. Rating: R, définitivement,

résultats scolaires étaient excellents, ses performances au Quidditch plus qu’honorables. Oui, tout aurait pu se dérouler parfaitement. S’il n’y avait pas eu les Détraqueurs.

Cedric haïssait viscéralement ces créatures. Oh, bien sûr, tout le monde les détestait, aussi son aversion passait-elle relativement inaperçue. Mais Cedric, bien qu’il n’eût que peu de mauvais souvenirs, y était particulièrement sensible, à l’instar de Celui Qui Avait Survécu. Bien entendu, il ne s’évanouissait pas en leur présence – il avait bien trop de maîtrise de lui-même pour cela. Mais leur effet sur son organisme était si dévastateur qu’il lui fallait s’éloigner d’urgence s’il ne voulait pas faire de crise d’angoisse. Aussi, lorsqu’il apprit que des Détraqueurs seraient postés aux limites de Hogwarts afin d’en garantir la sécurité – la nouvelle de l’évasion de Sirius Black ayant provoqué une paranoïa collective au sein du monde sorcier – Cedric fut-il envahi par un sentiment de détresse tel qu’il n’en avait jamais connu auparavant.

Il réussit néanmoins à en faire abstraction la plupart du temps. En réalité, il ne sentait leur présence que lorsqu’il quittait l’école pour se rendre à Hogsmeade, quand les calèches tirées par des chevaux invisibles franchissaient les grilles du château et qu’il pouvait apercevoir au loin leurs silhouettes fantomatiques et inquiétantes. En-dehors de ces désagréables moments, il parvenait à oublier leur existence et n’y pensait jamais. Jusqu’au jour fatidique du premier match de Quidditch entre Hufflepuff et Gryffindor.

~o0O0o~

Les éléments ce jour-là semblaient d’être ligués pour faire de ce match un calvaire sans nom. Le vent glacial s’engouffrait en hurlant entre les hauts gradins et l’humidité persistante d’une pluie battante s’insinuait sous les vêtements les plus épais malgré les charmes d’imperméabilisation, donnant l’impression de pénétrer les épidermes et de geler les corps jusqu’à l’os. Cedric, au moment de rentrer sur le terrain, se fit la réflexion que si les Détraqueurs n’étaient pas confinés aux limites du collège, ils auraient tout aussi bien pu être présents que cela ne l’eût même pas étonné. Et quand il serra la main de Harry Potter au début du match, il crut que le frisson qui l’avait brièvement parcouru était dû à cette impression étrange de froid qui le gelait jusqu’à l’âme. Oui, c’était un temps à faire venir les Détraqueurs, et Cedric n’était pas à l’aise. Il n’aurait pourtant jamais imaginé que son pressentiment puisse s’avérer être une prémonition.

Lorsque les créatures venues d’Azkaban envahirent le terrain de Quidditch, Cedric sentit son cœur sombrer dans sa poitrine – et il resta immobile, incapable de réagir tandis que tout autour de lui, les autres joueurs et les élèves se mettaient à paniquer. Tous – à l’exception de Harry Potter, qu’il put voir tomber de son balai comme au ralenti, encerclé par des dizaines de Détraqueurs qui cherchaient à aspirer son âme. Et si, au fond de lui, il voulait – désespérément – intervenir, agir – peu importait comment, mais faire quelque chose – il s’aperçut qu’il en était incapable. Puis le corps du Garçon Qui Avait Survécu percuta lourdement le sol boueux, toujours avec cette impression d’horrible ralenti. Mrs Hooch siffla la fin du match et Hufflepuff remporta une bien amère victoire.

Et Cedric détesta les Détraqueurs encore plus qu’avant. Mais pour de tout autres raisons que celles pour lesquelles il les haïssait à l’origine. Oh, bien sûr, il joua son rôle à la perfection – le dégoût de ces créatures, le fait qu’il eût demandé à ce que le résultat du match fût annulé. Après tout, il était censé réagir de cette façon, et même si aucun de ses coéquipiers n’avait songé à contester l’issue du match, tout le monde s’attendait inconsciemment à ce qu’il le fît. Et quelque part, il était sincère dans sa démarche – il pensait réellement que c’était injuste. Mais lorsqu’il posa sa requête, il savait déjà qu’il se verrait opposer un refus. Et il s’en moquait éperdument, parce que ce n’était à ça qu’il pensait.

Il ne pensait pas au Quidditch. Il ne pensait pas à l’opinion des gens concernant la victoire bien mal acquise de sa Maison. Il ne pensait – presque – pas aux Détraqueurs – ou plutôt, si, il y pensait, trop. Mais pas pour les bonnes raisons. Non, Cedric ne pensait à rien de tout cela. Rien de tout cela n’aurait pu le détourner de cette terrible révélation qui venait de faire le jour dans son esprit, cette terrifiante lucidité qui l’avait envahi l’espace d’un instant, le laissant ensuite dans un état de détestable confusion. A cause des

Page 10: Recueil d’OS€¦  · Web viewRésumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni… Couple : Cedric/Harry . suggéré. Rating: R, définitivement,

Détraqueurs et de ce qu’ils avaient fait. Non, Cedric ne pensait vraiment à rien de tout cela. Cedric pensait à Harry Potter.

Harry Potter et son petit corps trop maigre qui semblait presque désarticulé sur le sol trempé du terrain de Quidditch. Harry Potter et son visage de garçon qui paraissait beaucoup trop jeune alors que seules ses paupières protégeaient ses insolents yeux verts, ses lunettes brisées gisant à côté de sa tête alourdie par la pluie et l’inconscience. Harry Potter et ses vêtement maculés par une boue infamante, le Garçon Qui Ne Semblait Plus Vivre entouré de ses amis et ses professeurs paniqués par sa chute et la présence encore tangible des Détraqueurs.

Et lorsque Cedric se rendit compte qu’il ne pouvait cesser de penser à Harry Potter, il se mit à paniquer lui aussi. Pas parce qu’il s’inquiétait pour le petit garçon, non. Car il ne s’inquiétait pas : il savait, comme une évidence, et parce que le garçon avait cette espèce de légende à propos de son incroyable capacité à se fourrer dans toutes sortes d’ennuis et à s’en sortir comme par miracle, oui, il savait que cette fois encore, il s’en sortirait. Alors non, il ne s’inquiétait pas pour lui, mais il était terrifié. Parce qu’il venait de comprendre que l’image traumatisante de Harry étendu inconscient dans la boue l’avait tellement remué, lui avait tellement plu, qu’il en avait éjaculé dans son pantalon déjà sale de pluie et de terre. Sans s’en apercevoir, sans même le sentir.

Il se rendit à l’infirmerie, à un moment où il savait que les amis de Harry étaient partis. Il vérifia que la garçon dormait, et demanda poliment à l’infirmière s’il pouvait rester quelques instants à son chevet, s’il promettait de ne pas le réveiller. Ce ne fut pas difficile, Mrs Pomfrey, comme tous les autres, l’adorait, et elle le laissa faire à sa guise, le laissant seul dans l’infirmerie avec pour unique compagnie un garçon trop petit et encore endormi. Il resta quelques minutes à l’observer en silence, ainsi qu’il l’avait promis, se demandant intérieurement ce qui, chez ce garçon, avait bien pu provoquer une telle réaction en lui. Puis Harry bougea dans son sommeil et ses couvertures dévoilèrent son corps maigre et fragile, seulement recouvert de l’une des grossières chemises de nuit de l’infirmerie qui remontait haut sur ses jambes – sur ses hanches – à cause de son agitation. Si fragile…Et Cedric se mit à bander de nouveau.

Ce soir-là, il jeta un sort d’insonorisation à son lit et se branla avec désespoir.

~o0O0o~

Puis la vie reprit son cours, ainsi qu’elle l’avait toujours fait. Cedric relégua cette nouvelle anormalité au fond de son esprit, dans l’un de ces replis cachés dont il n’avait lui-même que difficilement l’accès, et oublia Harry Potter. Il avait de toute façon tellement d’autres chose auxquelles il devait penser que ce ne fut pas difficile. Il devait s’employer à rester le même Cedric que tout le monde connaissait, ce qui était déjà une lourde tâche. Il devait rendre visite à ses parents durant les vacances et leur montrer à quel point ils pouvaient être fiers de lui. Il devait faire croire à sa petite amie qu’il était amoureux d’elle – et qu’il la respectait bien trop pour oser la toucher. Il devait accomplir ses devoirs de Préfet – on le pressentait déjà pour être Préfet en Chef l’année suivante. Bref, il devait s’occuper d’être Cedric Diggory, et l’exercice requérrait une constante concentration.

Et comme toujours, il parvint à tenir son rôle. Il se montra inquiet lorsqu’il apprit que Sirius Black avait pénétré dans l’école, se demanda si Hogwarts allait devoir fermer. Il fut déstabilisé quand la condition de lycanthrope du Professeur Lupin fut révélée « accidentellement » par Severus Snape à la fin de l’année, puis joua son rôle de modérateur auprès de ses amis qui s’indignaient du fait qu’on eût laissé un loup-garou enseigner à des enfants. Comme d’habitude, il fut parfait. Et à la fin de l’année, il rentra chez lui, satisfait de sa performance, mais soulagé de pouvoir enfin minimiser ses efforts. Et comme l’année précédente, il pensa qu’il n’aurait pas à croiser l’un de ses camarades avant la rentrée prochaine.

Il se trompait. Lorsque son père lui annonça qu’il avait obtenu des places pour la Coupe du Monde de Quidditch, il crut hurler de joie. Mais il déchanta bien vite après qu’Amos lui eut annoncé qu’ils iraient là-bas en compagnie d’Arthur Weasley et de ses enfants. Il grimaça intérieurement en songeant qu’il allait

Page 11: Recueil d’OS€¦  · Web viewRésumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni… Couple : Cedric/Harry . suggéré. Rating: R, définitivement,

devoir remettre le masque plus tôt que prévu, mais tâcha de faire bonne figure. Après tout, la finale de la Coupe du Monde de Quidditch valait bien quelques efforts. Il se prépara donc mentalement à affronter le regard des enfants Weasley, en particulier celui des jumeaux, les plus proches de lui en âge avec Percy, et qui lui étaient encore vaguement hostiles depuis qu’il était sorti deux ans auparavant avec Alicia Spinnet.

Malheureusement, les jumeaux Weasley ne furent pas la pire des épreuves qu’il eut à subir. Lorsque, alors qu’ils attendaient depuis déjà quelques minutes l’arrivée de la famille Weasley, son père lui annonça qu’Arthur était en vue et gravissait la colline accompagné d’une troupe bruyante et joyeuse d’enfants et d’adolescents de tous âges, Cedric sauta souplement de la branche d’arbre dans laquelle il avait élu domicile. Et lorsqu’il se releva pour saluer Arthur et ses enfants, il croisa un regard vert et brillant d’excitation qui n’appartenait à aucune des têtes rousses qu’il connaissait. Puis il baissa un peu les yeux et vit le sourire à la fois timide et extatique de Harry Potter. Une sensation oubliée se réveilla dans sa poitrine et son bas-ventre.

Une fois de plus, il fit bonne figure. Il adressa un sourire lumineux au petit garçon aux cheveux noirs devant lui et se délecta de l’adorable rougeur qui avait envahi brièvement ses joues un peu trop minces. Il serra fermement la main que lui présentait Arthur Weasley et adressa un salut aux autres enfants, ignorant les sarcasmes étouffés des jumeaux et les rougissements des deux filles plus jeunes que lui – Ginny, la petite dernière des Weasley, et Hermione Granger, la meilleure amie de Harry Potter avec Ronald Weasley. Il resta à hauteur des adultes alors qu’ils atteignaient le sommet de la colline où se trouvait le Portkey qui les mènerait jusqu’à l’endroit où se déroulait la Coupe du Monde, et fit semblant de ne pas entendre Harry poser des questions sur lui. De toute façon, il n’était pas certain de pouvoir le regarder sans ressentir encore cette étrange sensation au creux du ventre.

Puis la finale de la Coupe du Monde eut lieu et l’Irlande devint championne de peu, bien que Viktor Krum eût attrapé le Vif d’Or pour la Bulgarie. Et il y eut l’attaque des Mangemorts qui gâcha la fête et sema une fois de plus la panique au sein de la population sorcière. Et l’inquiétude, de plus en plus présente. Cedric se fit la réflexion que ce genre d’événements survenait de plus en plus souvent au fil des années – depuis l’arrivée de Harry Potter à Hogwarts, en fait. Mais il n’eut pas le temps de réfléchir à tout cela, car une fois la foule dissipée et la situation maîtrisée, Amos ramena rapidement son fils à la maison. Ils avaient perdu les Weasley dans la cohue, et Cedric ne les revit pas avant la rentrée scolaire.

~o0O0o~

La rentrée arriva, et Cedric, comme il s’y attendait, fut nommé Préfet en Chef pour sa dernière année à Hogwarts, et bénéficia d’une chambre particulière. Le jeune homme de désormais 17 ans fut soulagé de savoir qu’il y aurait dorénavant un endroit dans cette école où il n’aurait pas besoin de jouer un rôle. Il ne serait plus obligé de porter son masque vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Oh, bien sûr, il y avait déjà la salle de bain des Préfets qu’il utilisait depuis sa cinquième année, mais les nymphes et la sirène passaient leur temps à vouloir bavarder avec lui et leur babillage incessant le fatiguait. Il ne parlait même pas de Moaning Myrtle, dont le regard se faisait souvent désagréablement insistant et le mettait toujours extrêmement mal à l’aise. Il était donc profondément reconnaissant pour cet endroit à lui, où personne ne viendrait interférer dans sa bulle.

Puis le temps passa et en octobre, Albus Dumbledore annonça l’événement qui allait mettre en émoi toute la population de l’école, élèves et professeurs confondus : le Tournoi des Trois Sorciers. Comme les autres, Cedric fut enthousiaste à l’idée de participer à un tournoi aussi prestigieux, et accueillit avec joie les représentants des collèges de Durmstrang et de Beauxbâtons. Comme tous les autres élèves de son âge – et même quelques uns un peu plus jeunes qui tentèrent de mettre leur nom dans la Coupe de Feu malgré la limite d’âge – il posa sa candidature. Et s’il fut heureux de voir son nom sortir de l’antique Trophée, le désignant comme le Champion de Hogwarts, il n’en fut pas réellement surpris. Bien entendu, il y avait des étudiants plus brillants que lui – mais ils étaient peu nombreux, et sans doute pas assez mûrs pour prétendre à un tel honneur.

Page 12: Recueil d’OS€¦  · Web viewRésumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni… Couple : Cedric/Harry . suggéré. Rating: R, définitivement,

La véritable surprise – le scandale, devrait-on dire – vint du fait qu’en plus des noms des trois Champions désignés, celui de Harry Potter sortit également de la Coupe, provoquant un tollé sans précédents au sein de la vénérable école de magie. Cedric put entendre les cris d’indignation autour de lui – c’était insensé, un garçon aussi jeune, c’était dangereux, il avait sûrement triché, mais comment avait-il fait, Hogwarts serait disqualifié, pourquoi Harry Potter cherchait-il toujours à se faire remarquer, il avait l’air assommé par la nouvelle, mais non il était fier de son coup le petit con, c’était inadmissible, il fallait refaire un tirage au sort, la Coupe avait été ensorcelée…

Cedric, lui, ne dit rien. Il resta silencieux au milieu de toute cette agitation, et pour un observateur attentif, il paraissait simplement surpris, et vaguement ennuyé. Lorsque les portes de la Grande Salle se refermèrent et que les élèves furent renvoyés dans leurs dortoirs, le jeune homme regagna sa chambre, sourd aux commentaires inutiles de ses amis. Et quand il rejoignit son lit, il refusa de penser au visage terrifié de Harry Potter.

Le lendemain, il se comporta comme l’on s’attendait à ce qu’il se comporte : respectueux de la décision de finalement laisser le garçon plus jeune participer au Tournoi – après tout qu’y pouvait-il  ? Légèrement dubitatif également quant au fait qu’on laissât Harry Potter devenir le deuxième Champion de Hogwarts, mais surtout parce qu’il pensait sincèrement qu’imposer une telle épreuve à Celui Qui Avait Survécu était réellement quelque chose de dangereux. Le gamin allait probablement se ridiculiser et s’attirer la jalousie et l’animosité de ses condisciples, et plus certainement encore, risquait fort d’être blessé dans l’aventure. Mais une fois encore, il ne dit rien, se contentant de sourire d’un air indulgent aux remarques acerbes de ses camarades, ne prenant pas la défense de Harry mais ne l’enfonçant pas non plus. Contrairement à tous les autres.

Et pour cause. La nouvelle fracassante de la participation de Harry au Tournoi des Trois Sorciers l’avait profondément affecté, bien plus qu’il ne le laissait paraître, et bien plus qu’il ne se l’avouait à lui-même. Bien sûr, il était terriblement inquiet pour le garçon – par Merlin, il était si jeune ! Et bien sûr, il sentait confusément qu’il n’aurait sans doute pas du éprouver autant d’angoisse à l’idée que Harry pût être blessé – après tout, il ne le connaissait pas personnellement, et il ne pouvait même pas dire objectivement si Harry Potter était le genre de personne qu’il appréciait.

Mais surtout, il se souvint de son étrange réaction lors de sa chute l’année précédente, causée par les Détraqueurs. De sa réaction non moins déstabilisante lorsqu’il était venu lui rendre visite à l’infirmerie. Et de celle, encore douloureusement récente, quand il l’avait revu à la Coupe du Monde de Quidditch. Il se souvenait de tout cela, et il savait que ce n’était pas normal. Pas alors que jusqu’à présent, il n’avait ressenti de désir que pour son propre corps. Pas alors que Harry Potter était un garçon. Pas alors que Harry Potter était si jeune. Et surtout pas alors que ces réactions avaient été provoquées par la vulnérabilité du garçon. La vision d’un corps trop mince et trop petit maculé de boue s’imposa brièvement dans son esprit et son corps le trahit une nouvelle fois. Il se coucha en essayant de toutes ses forces de ne plus penser.

~o0O0o~

Il y parvint relativement facilement, dans la mesure où chaque jour ses camarades lui renvoyaient l’image de Harry Potter en pleine figure, lui jetant au visage le scandale de celui qu’on appelait usurpateur. Ses incroyables dons d’acteurs lui permirent une nouvelle fois de berner son entourage, et s’il suivait Harry des yeux un peu trop souvent lorsqu’il passait devant lui, il lui suffisait d’arborer ce petit sourire un peu condescendant pour que chacun s’imagine qu’il n’éprouvait pour son « coéquipier » qu’une certaine pitié mêlée d’un vague mépris – comme si le garçon n’était qu’un pauvre petit être insignifiant, même pas digne de son animosité. Puis lorsqu’il détournait les yeux de manière un peu trop précipitée, il prétextait n’importe quoi – ses devoirs scolaires, les filles, ses futures épreuves lors du tournoi – pour que son trouble passe inaperçu. Avec une telle attitude, il ne s’imaginait pas que Harry Potter pût penser ne serait-ce qu’à l’approcher.

Page 13: Recueil d’OS€¦  · Web viewRésumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni… Couple : Cedric/Harry . suggéré. Rating: R, définitivement,

C’est pourquoi il ne put dissimuler sa surprise lorsque le 23 novembre, veille du début officiel du Tournoi, le garçon vint le voir, et le stoppa d’un geste nerveux au détour d’un couloir. Harry semblait gêné et en même temps vaguement ennuyé – il s’exprimait par phrases hachées et gestes brusques, comme s’il contenait son énervement et son trouble. Cedric apprit donc, incrédule, de la bouche même de l’usurpateur, la teneur de la première épreuve, et à ce moment précis, il eut l’intime conviction que le garçon n’avait vraiment pas voulu participer au Tournoi. Quel enfant normalement constitué de 14 ans aurait affronté volontairement un dragon ? Aucun, même si celui-ci s’appelait Harry Potter. Et lorsqu’il eut lui-même affronté le dragon qui lui avait été dévolu et qu’il fut brûlé au visage durant l’épreuve, il sut que Harry n’avait pas mis son nom dans la Coupe.

Après cela, les détracteurs du Survivant se firent beaucoup moins entendre, et Cedric en fut soulagé. Entendre parler de Harry Potter à longueur de journée ne l’aidait vraiment pas à l’oublier, et il devait désormais se concentrer sur la Deuxième Tâche. L’œuf d’or remporté lors de son combat contre le dragon contenait un indice et il se devait de le trouver le plus rapidement possible, ce dont il s’acquitta avec une facilité et une rapidité déconcertantes – le fait de transporter l’objet partout avec lui, jusque dans la salle de bain des Préfets, y avait sûrement contribué. Malgré tout, il ne voyait vraiment pas ce qu’il avait de plus cher à son cœur et qu’on pourrait lui enlever – il pensa brièvement à Harry mais chassa rapidement cette idée horrifiante de son esprit. Et puis, l’autre Champion devrait lui aussi participer à l’épreuve, n’est-ce pas ?

Pourtant, il devenait de plus en plus difficile pour lui de faire abstraction de la présence quasi-obsédante du garçon dans sa vie – dans sa tête. Il lui semblait qu’il le croisait à chaque détour de couloir, entre chaque salle de classe, dans chaque escalier de Hogwarts, lui donnant des occasions supplémentaires de l’observer en silence. A l’un de ses amis qui lui posa la question, il répondit qu’il le regardait parce qu’il admirait son courage lors de la Première Tâche – et c’était en partie vraie. A un autre de ses amis très proches, il confia sous le sceau du secret que Harry l’avait aidé en le mettant au courant pour les dragons, et qu’il cherchait un moyen de le remercier – cela aussi était vrai. Mais la véritable raison pour laquelle il ne pouvait s’empêcher de poser les yeux sur lui, était la fascination malsaine qu’il éprouvait pour le garçon.

~o0O0o~

Au début, il pensait seulement qu’il était curieux – curieux de connaître un peu mieux cet enfant pâle et mal nourri qui était une légende vivante du monde sorcier, curieux de savoir si les ragots colportés sur lui dans les journaux étaient vrais, curieux de deviner sa véritable personnalité, dépouillée des mensonges et des rumeurs dont il faisait trop souvent l’objet. Il s’aperçut avec désespoir qu’il aimait ce qu’il découvrait, bien plus peut-être que ce qu’il aimait chez ses amis – ou ses petites amies. Et il se rendit compte avec horreur que loin d’apaiser sa curiosité, il voulait toujours en savoir plus, en apprendre toujours un peu plus sur Harry Potter – et le regarder encore. Et sa curiosité se mua rapidement en fascination.

Son caractère, tout d’abord. Harry était un garçon profondément honnête, au tempérament entier, et pourtant plein de nuances. Il y avait cette sorte de violence en lui – de révolte, qui n’avait rien à voir avec la révolte adolescente que connaissaient bien des enfants de son âge, plutôt quelque chose en lui qui repoussait avec force le destin qu’on lui avait imposé et qui semblait tout à la fois l’appeler inconsciemment. Il y avait la naïveté et l’enthousiasme un peu effrayé d’un enfant qui découvrait chaque jour un nouvel aspect d’un monde qu’il ne connaissait pas quelques années auparavant. Il y avait sa loyauté indéfectible envers les gens qu’il aimait, ses inimitiés excessives et spectaculaires envers certaines personnes.

Et sa faculté de pouvoir être blessé si facilement par la cruauté ordinaire de l’être humain, qui fascinait Cedric plus que tout, et que Harry sublimait dans ses colères. Cedric aimait le voir en colère, car il savait qu’en réalité, chacun de ses cris et de ses insultes était la preuve, la marque visible des écorchures faites à son cœur. Il avait cette espèce d’innocence impudique propre aux très jeunes enfants et aux fous, qui éveillait une étrange résonance dans l’âme de Cedric. Et le jeune homme s’étonnait de voir qu’il semblait

Page 14: Recueil d’OS€¦  · Web viewRésumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni… Couple : Cedric/Harry . suggéré. Rating: R, définitivement,

être le seul à pouvoir lire en lui comme dans un livre ouvert – bien mieux encore que les meilleurs amis du garçon. Lorsqu’il s’en rendit compte, la satisfaction l’envahit comme une bouffée de chaleur, bien vite balayée par une culpabilité qui sonnait de plus en plus faux.

Et puis, son corps. Harry Potter n’était pas vraiment beau. Il était trop petit pour ses 14 ans, et paraissait bien plus jeune que son âge. Son visage était trop aigu, trop mince, sa peau trop pâle, son corps trop maigre et ses yeux trop grands et trop verts. Sans parler de ses cheveux trop noirs qui semblaient n’avoir jamais connu le coiffeur ou même le peigne. En fait, Harry Potter ressemblait plus à une esquisse, un brouillon d’être humain. Il semblait inachevé, incomplet, peut-être était-ce dû à cette impression qu’il donnait de ne jamais manger à sa faim, ou encore était-ce parce qu’il n’avait jamais connu l’amour de ses parents, Cedric n’aurait su le dire avec exactitude. C’était en tout cas un paradoxe étonnant lorsque l’on comparait ce corps qui semblait si fragile et sa personnalité qui semblait si dense.

Malgré tout, Cedric ne réussit pas à nier très longtemps l’attirance qu’il éprouvait pour le corps de Harry. Plus précisément, par sa fragilité – et l’image du garçon étendu dans la boue lui revenait encore et encore, sans relâche, sans répit pour son imagination perturbée. L’image de la chemise de nuit relevée sur les hanches tellement étroites qu’il s’imaginait pouvoir les briser entre ses seules mains. Et ses jambes aux cuisses maigres, étrangement longues pour un garçon si petit. Et à chaque fois qu’il y pensait, à chaque fois qu’il s’imaginait ce corps martyrisé, blessé, désarticulé entre ses mains, Cedric se mettait à bander. Le jour où il s’imagina s’enfonçant brutalement entre les reins creusés du garçon, il se masturba à en avoir mal et expulsa son sperme en même temps que sa bile, écœuré du plaisir honteux qu’il en avait ressenti.

~o0O0o~

Oh oui, il se dégoûtait. Vraiment. A vrai dire, il avait même du mal désormais à se regarder dans la glace tous les matins. Mais il continuait à jouer la comédie, tout en luttant de plus en plus fort pour essayer de réprimer les pulsions sadiques qui l’animaient lorsqu’il pensait à Harry. Car il n’y avait aucune tendresse dans le regard qu’il portait sur le garçon – ou si peu, et tellement pervertie qu’il en avait même honte d’en éprouver. C’était tellement…antinomique, avec ce besoin presque viscéral qu’il ressentait de le briser. Et ce besoin de possession qui le rongeait à l’intérieur et qui lui brûlait les entrailles tellement fort qu’il croyait parfois qu’il pourrait en mourir. Il était le seul à la voir tel qu’il était. Il était le seul à le connaître. Il voulait être le seul qui le toucherait.

Ce fut cette obsession qui le poussa à quitter sa petite amie, à laquelle il était pourtant resté fidèle depuis plus d’un an, maintenant l’illusion remarquable qu’il était tellement amoureux d’elle qu’il ne pouvait se résoudre à la toucher avant qu’elle ne lui en fît la demande. Et ce fut cette obsession qui le poussa à blesser Harry volontairement pour la première fois depuis qu’il avait posé les yeux sur lui. Cela, et le spectre dévorant de la jalousie.

Il n’avait pas pu ne pas remarquer que le regard de Harry avait changé. Il n’avait pas pu laisser échapper le fait que ses yeux verts se posaient de plus en plus souvent sur une silhouette gracile aux longs cheveux noirs. Il n’avait pas pu faire autrement que de voir, avec une douloureuse précision, l’éclat nouveau dans le regard vert lorsqu’il croisait celui, noir et beaucoup plus doux, de l’Attrapeuse de Ravenclaw. Et bien sûr il n’avait pas manqué d’observer, sans en manquer une miette, le spectacle pathétique de Harry Potter tomber amoureux de Cho Chang. Et l’envie de lui faire mal devint à ce moment-là si forte que Cedric sentit son masque se fissurer imperceptiblement et qu’il chercha frénétiquement un moyen d’apaiser sa colère – et sa peine.

Ce fut la raison pour laquelle il invita Cho Chang à l’accompagner au bal de Noël, lui accordant l’honneur envié de toutes les filles du collège d’être sa cavalière lors de l’événement qui marquerait cette fin d’année. La jeune fille accepta en rougissant, et Cedric se surprit à la trouver vraiment jolie – ou peut-être était-ce le fait d’imaginer la déception de Harry. La popularité déjà conséquente de Cho grimpa en flèche, et Cedric songea qu’elle ferait une parfaite nouvelle petite amie.

Page 15: Recueil d’OS€¦  · Web viewRésumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni… Couple : Cedric/Harry . suggéré. Rating: R, définitivement,

Et surtout, le regard de Harry déçu, blessé, terriblement en colère. Contre lui-même – et contre Cedric. Il l’avait fait souffrir et c’était la plus douce des récompenses. Lorsqu’il entendit Cho refuser gentiment au garçon d’être sa cavalière pour le bal, il se permit un petit sourire de victoire en voyant les amies de la jeune fille se moquer du Survivant. Le soir-même, dans sa chambre, il se caressa pour la première fois en prenant tout son temps, se délectant de la haine qui donnait aux yeux de Harry la couleur d’un poison violent. Cela lui donna la force le lendemain de faire un petit sourire d’excuse au garçon qui le dardait de son regard furieux, et de paraître suffisamment gêné pour que le ressentiment du Survivant passe pour injustifié et ridicule.

Et lorsqu’il fit son entrée au bal de Noël, avec Cho éblouissante à son bras, le sourire fier qu’il arborait était sincère, bien que pour des raisons bien peu avouables. Harry fut malheureux toute la soirée, et la jeune fille brune à son bras était un magnifique trophée. Au point qu’il résolut de mettre son idée à exécution et d’en faire sa petite amie officielle dès le lendemain, le nouveau couple forçant l’admiration de leurs camarades. Puis il décida que c’était le bon moment pour tenter de regagner la confiance de Harry – et puis, le voir lutter contre son ressentiment à son égard serait un spectacle des plus réjouissants.

~o0O0o~

Il avait appris que le garçon n’avait toujours pas résolu l’énigme de l’œuf d’or, alors que les jours passaient rapidement et que la date de la Deuxième Tâche approchait de plus en plus. Lui renvoyer l’ascenseur pour l’aide que Harry lui avait apportée lors de la Première Tâche s’avérait donc un moyen idéalement trouvé pour remonter dans l’estime du garçon. Il avait compris depuis longtemps qu’il fallait ouvrir l’œuf sous l’eau pour entendre l’indice qu’il devait délivrer, et à son avis, un simple lavabo rempli d’eau devait suffire. Cependant, il ne put s’empêcher de compliquer un peu la tâche de Harry en lui suggérant simplement – et cet instant le fit frissonner de plaisir – d’aller prendre un bain dans la salle réservée aux Préfets de l’école.

Il ignorait si Harry suivrait son conseil, mais il l’espérait – tant parce qu’il avait envie que le Survivant trouve la solution de l’énigme que pour la perspective de peut-être le voir nu. Il avait découvert un endroit dans la pièce, une sortie dérobée invisible aux yeux de ceux qui en ignoraient l’existence à moins de fouiller méticuleusement la salle. Du chambranle de cette petite porte, l’on pouvait embrasser du regard la salle de bain dans son ensemble, avec une vue imprenable sur l’immense baignoire aux multiples robinets. Et surtout, sans être vu, ni de la sirène, ni des nymphes, ni même de Moaning Myrtle.

Bien sûr, il ne comptait pas vraiment se rendre dans la salle de bain pour regarder Harry – il ne savait même pas si le garçon s’y rendrait. Mais le fait de simplement savoir qu’il pouvait s’y rendre sans que personne ne fût au courant, et qu’il pouvait se repaître de la vision de ce corps trop mince flottant entre deux eaux, suffisait à faire naître cette petite brûlure désormais habituelle au creux de son estomac. Il fut étonné de s’apercevoir que les dernières traces de sa culpabilité étaient lentement en train d’étouffer sous les vagues de désir de plus en plus puissantes qui l’assaillaient. Malgré tout, non, il ne comptait pas vraiment observer Harry à la dérobée.

Pourtant, lorsque bien des jours plus tard il surprit une conversation entre Harry et ses amis et qu’il sut que le garçon s’était enfin décidé à se rendre dans la salle de bain des Préfets précisément ce soir-là, la tentation fut trop forte, et il rejoignit sa cachette après avoir donné rendez-vous à Cho plus tard dans la nuit – la jeune fille était désespérément amoureuse de lui et semblait prête à prendre tous les risques pour le retrouver à toute heure de la journée, et même très tard dans la soirée, allant jusqu’à braver le couvre-feu.

Puis au bout d’une attente insupportable, Harry pénétra silencieusement dans l’immense salle d’eau, entreprit de remplir la baignoire à l’aide de tous les robinets avec un enthousiasme enfantin, et se déshabilla avec hésitation – et une maladresse délicieuse, songea Cedric qui sentait déjà son érection se presser contre la fermeture de son pantalon. Malheureusement le garçon lui tourna le dos et plongea

Page 16: Recueil d’OS€¦  · Web viewRésumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni… Couple : Cedric/Harry . suggéré. Rating: R, définitivement,

immédiatement dans l’eau mousseuse et parée de reflets iridescents. Il n’eut que le temps d’apercevoir furtivement le dos trop mince et les jambes trop longues – et les fesses si petites qu’elles auraient facilement pu se nicher dans une seule de ses mains. Cedric imagina son sexe s’enfoncer profondément dans ce si petit cul et réprima un soupir.

Sa petite séance de voyeurisme fut décevante. De là où il était, Cedric ne pouvait distinguer que les minces épaules de Harry et sa nuque trop fine dissimulée sous ses épais cheveux noirs. Il grimaça lorsque le Survivant ouvrit de nouveau l’œuf d’or et que la mélodie stridente se fit entendre – le petit imbécile n’avait pas encore compris, et Cedric put l’entendre distinctement pester contre celui qui lui avait volé Cho Chang. Puis le spectacle perdit définitivement tout son intérêt quand le fantôme de Myrtle fit son apparition. Cedric eut un rictus désabusé lorsqu’il se rendit compte qu’il enviait l’ectoplasme de pouvoir se trouver dans l’eau avec Harry.

Il quitta discrètement la pièce par la petite porte dérobée dans l’embrasure de laquelle il s’était tenu pendant les deux dernières heures. Incroyablement frustré. Ce soir-là, il rejoignit Cho Chang qui l’attendait dans sa chambre de Préfet, et connut sa première relation sexuelle avec quelqu’un d’autre que lui-même. Il garda les yeux fermés pendant tout le temps que dura l’acte, pour mieux s’imaginer que le corps qui se tordait sous le sien n’était pas celui de sa petite amie, mais celui de Harry.

~o0O0o~

La date de la Deuxième Tâche arriva, et Cedric se rendit compte avec une certaine ironie que finalement, les organisateurs du Tournoi n’étaient vraiment pas allés chercher loin pour lui « enlever ce qu’il avait de plus cher »…Cho Chang. Il ricana intérieurement en se disant que, plutôt que de les rapprocher, le fait d’avoir couché ensemble le faisait s’éloigner encore plus de la jeune fille – mais il devait avouer qu’elle lui était bien utile, à tous points de vue, et que se perdre entre ses hanches minces était moins désagréable que ce à quoi il pouvait s’attendre. Même s’il était invariablement dégoûté une fois qu’il avait joui. Cedric s’effraya un instant de l’incroyable cynisme dont il faisait désormais preuve – puis, une fois de plus, oublia ses états d’âme et se concentra sur sa tâche.

A l’issue de cette épreuve, un sentiment qu’il ne connaissait pas vint l’envahir brusquement. Cela débuta lorsqu’il se rendit compte que Harry n’était toujours pas remonté à la surface du lac de l’école – l’inquiétude commença alors à se répandre dans ses entrailles et à lui comprimer les poumons. La vision de Harry flottant inconscient entre les algues du fond du lac passa brièvement sous ses paupières baissées, et il s’aperçut avec étonnement que cette image ne l’excitait pas comme elle aurait pu le faire d’ordinaire. Bien au contraire, il sentit la panique le pénétrer par tous les pores de la peau, par vagues successives, de plus en plus fortes. Et il se surprit à prier silencieusement pour que le garçon ne fût pas blessé.

Puis Harry émergea enfin à la fin du temps réglementaire, et il ne portait pas une, mais deux personnes  : Ronald Weasley, et Gabrielle Delacour, dont la sœur Fleur avait échoué à l’épreuve et n’avait pas pu la récupérer au fond de l’eau. A ce moment-là Cedric sentit tous ses muscles se détendre brusquement – il n’avait même pas eu conscience de la tension de son corps – soupira d’intense soulagement et se dit que le garçon était vraiment stupide car la gamine n’avait jamais rien eu à craindre.

Pourtant, il devait admettre que le courage et l’abnégation de Harry étaient réellement remarquables, d’autant que les êtres de l’eau n’avaient pas du apprécier cette entorse au règlement du Tournoi. Et un nouveau sentiment vit le jour en lui – de l’admiration. Et du respect : il n’avait pas hésité à perdre volontairement des points et avait préféré prendre le risque d’échouer à la Deuxième Tâche plutôt que d’abandonner la petite Française. Cette détestable tendresse qu’il éprouvait pour le Survivant s’intensifia d’autant plus, et son désir de le posséder monta encore d’un cran.

Cela devenait dangereux – trop, beaucoup trop – et Cedric fut, pour la première fois depuis des semaines, effrayé par la violence de ses sentiments. Après la Deuxième Tâche, il surprit même à plusieurs reprises Cho le considérant avec une expression perplexe après qu’il eut regardé le Survivant avec un peu trop

Page 17: Recueil d’OS€¦  · Web viewRésumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni… Couple : Cedric/Harry . suggéré. Rating: R, définitivement,

d’insistance. La jeune fille commençait à trouver son comportement étrange, et Cedric se rendit compte qu’il avait de plus en plus de mal à jouer la comédie. Que le masque tenait en place de moins en moins longtemps, et qu’il devait faire de plus en plus d’efforts pour présenter au monde l’image du parfait Cedric Diggory.

Il fit alors la seule chose qui lui paraissait raisonnable : prétextant un stress de plus en plus intense à mesure que la Troisième et dernière Tâche approchait, il s’éloigna de ses proches et de sa petite amie, préférant passer de longues heures seul dans sa chambre ou à la bibliothèque pour travailler. Il fit tant et si bien qu’au bout de quelques semaines, il jouait son rôle avec une telle perfection que Cho et ses amis s’étonnaient de sa présence lorsqu’il les rejoignait, s’inquiétant de sa motivation pour la Coupe. Cedric en fut profondément satisfait : le marionnettiste avait repris le contrôle des fils de son pantin, et le Parfait Cedric était de retour, plus brillant et plus porteur d’espoir que jamais.

~o0O0o~

Puis le moment de la Troisième Tâche arriva enfin, et Cedric se permit de respirer un peu. Peu avant le jour de l’épreuve qui désignerait le Champion du Tournoi, il fit le bilan de son année scolaire et parvint à la conclusion qu’il s’en était plutôt bien tiré. Il terminerait sans aucun doute major de sa promotion, et diplômé de la plus prestigieuse école de sorcellerie d’Angleterre. Il était le véritable Champion de Hogwarts, en tête de la compétition – avec Harry Potter, mais il refusait d’y penser – et très certainement en passe de gagner la Coupe de Feu. Il avait une charmante petite amie que tout le monde lui enviait – Merlin seul savait pourquoi, mais ses préférences personnelles ne rentraient pas en ligne de compte. Et surtout, il avait réussi, malgré les horribles révélations auxquelles il avait du faire face concernant sa monstrueuse personnalité, à tenir son rôle de la plus remarquable des manières.

La fin de l’année approchait, et bientôt il pourrait quitter cette école, cet espace confiné où tout le monde vous scrutait d’un œil inquisiteur en espérant que vous commettiez la faute. Ses parents seraient tellement de fier de lui, et ils ne sauraient jamais rien de sa terrible trahison – de ses abjects penchants qu’il enfouirait pour toujours au plus profond de son esprit. Il ne verrait plus jamais Harry Potter, cet innocent responsable de ses perversions. Il obtiendrait un poste prestigieux au sein du Ministère, appuyé par son père, puis il épouserait une jeune et jolie sorcière du même statut que lui. Et il pourrait s’attacher sans remords aux chaînes de la normalité. Il poursuivrait sa vie ainsi qu’il l’avait toujours fait, se conformant aux attentes de sa famille si aimante et de la société, toujours loyal envers le monde qui lui avait donné le jour. Et personne, jamais, ne saurait.

Rien n’aurait pu entraver cette lente ascension vers le succès et une future vie parfaite, rien n’aurait pu empêcher le triomphe du Parfait Cedric et la mort ignorée du monstre qui se tapissait au cœur de ses entrailles. Rien, pas même Viktor Krum qui semblait devenu fou dans le labyrinthe élevé pour la Troisième Tâche et qui faillit lui coûter la victoire. Et pas même Harry Potter, qui arriva en même temps que lui devant le trophée et qui, le petit idiot, voulait lui céder la victoire alors que Cedric aurait du perdre.

En vérité cela ne l’eût même pas dérangé d’offrir la Coupe à Harry Potter. En le voyant, si petit face à lui, avec ce feu étrange qui brûlait dans ses prunelles vertes, il avait ressenti un relent de culpabilité – si faible, presque une lointaine réminiscence – pour tout ce qu’il lui avait fait subir dans ses fantasmes, pour la souffrance qu’il lui avait infligée volontairement et par jalousie en s’accaparant Cho Chang. Et il avait voulu se faire pardonner, même si Harry bien sûr n’en aurait jamais rien su. Mais le garçon insistait – et son orgueil lui soufflait d’accepter son offre. Son père serait tellement fier de lui. Alors il écouta son ego plutôt que sa conscience et empoigna la Coupe en même temps que le Survivant.

Ce fut sa seule erreur – et elle lui fut fatale. Lorsque l’éclair vert de l’Avada Kedavra le percuta en pleine poitrine, Cedric regretta simplement de ne plus jamais pouvoir contempler le visage terrifié de Harry. Et il eut cette dernière pensée résignée sur le fait que l’on finissait toujours par payer ses crimes – et il eut un

Page 18: Recueil d’OS€¦  · Web viewRésumé : Le jour où Cedric est mort, sa dernière pensée fut qu’il avait été bien puni… Couple : Cedric/Harry . suggéré. Rating: R, définitivement,

petit sourire désabusé en pensant que même dans la mort, cette mort si héroïque, il resterait toujours un imposteur.

Fin.

~o0O0o~

Hum. Voilà. Euh, honnêtement j’ai préféré ne pas me relire parce que je sens que je pars dans un sujet assez casse-gueule…Et je reconnais que mon Cedric est particulièrement tordu…J’espère quand même que ça vous aura plu…Donc, cédez à l’appel du petit bouton en bas à gauche et lâchez-vous ! Je vous aime.

(oh, et comme toujours, allez faire un tour sur mon blog : myschka. mon – blog. org)