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Annales de Cardiologie et d’Angéiologie 58 (2009) 20–26 Article original Réflexes autonomiques cardiovasculaires dans le syndrome de tachycardie orthostatique idiopathique Cardiovascular autonomic reflexes on the postural orthostatic tachycardia syndrome Ho. Benjelloun a,b,, Ha. Benjelloun a , S. Aboudrar a,c , L. Coghlan a,d , M. Benomar a a Service de cardiologie A, CHU Ibn-Sina, Rabat, Maroc b Km 6, 6, avenue Imam Malik, 56 rue Assahil, Lotissement Balafrej, Bellevue 2, Youssoufia Souissi, 10000 Rabat, Maroc c Département de physiologie, faculté de médecine et de pharmacie, Rabat, Maroc d School of Science and Engineering, Alakhawayn University, Ifrane, Maroc Rec ¸u le 26 mars 2007 ; accepté le 18 mai 2008 Disponible sur Internet le 10 juin 2008 Résumé Le syndrome de tachycardie orthostatique idiopathique (TOI) est une pathologie mal connue car son diagnostic ne repose pas sur les méthodes d’investigation conventionnelles. Le test orthostatique permet d’en faire aisément le diagnostic. L’objectif de cette étude est de déterminer lesréflexes cardiovasculaires de 70 patients atteints de la TOI. Les tests d’exploration du système nerveux autonome pratiqués sont en plus du test orthostatique, le test de la respiration profonde, la pression manuelle et le stress mental. L’analyse du test orthostatique a montré que l’augmentation de la fréquence cardiaque, relative à l’état d’hyperactivité sympathique « » périphérique se produisait avant la deuxième minute chez 80 % des patients. La TOI a été jugée majeure chez 43 % des patients et s’était compliquée d’une chute brutale et sévère de la pression artérielle systolique (PAS) inférieure à 70 mmHg chez quatre patients, après la cinquième minute du test. L’analyse des différents tests avait montré une hyperactivité vagale chez 63 % des malades au test de respiration profonde, chez 93 % au test de pression manuelle, et chez 100 % au test orthostatique. L’activité sympathique centrale « » était augmentée dans 76 % des cas et « » était élevée dans 83 % des cas. Une hyperactivité « » périphérique a été observée chez 63 % des malades au test de pression manuelle et chez 44 % au test orthostatique. L’analyse des réflexes autonomiques cardiovasculaires chez les patients atteints de TOI permettant la détermination de leur profil autonomique, contribuera probablement à une meilleure compréhension de cette pathologie et à une meilleure orientation de sa prise en charge. © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Abstract Postural orthostatic tachycardia syndrome (POTS) is a badly known pathology because its diagnosis is not based on the conventional methods of investigation. The orthostatic test allows to make the diagnosis easily. The objective of this study is to determine cardiovascular autonomic reflexes of 70 patients having POTS. The tests of exploration of the autonomic nervous system practised are: deep breathing, hand grip, mental stress and orthostatic test. The analysis of orthostatic test showed that the increase of the cardiac frequency, relative to the state of “” peripheral sympathetic hyperactivity occurred before the 2nd minute in 80% of patients. The POTS was considered “florid” in 43% of patients and had complicated of a rough and severe fall of systolic blood pressure inferior to 70 mmHg in four patients, after the fifth minute of the test. The analysis of the different tests had shown vagale hyperactivity in 63% of patients on deep breathing, in 93% of patients on hand grip and in 100% on orthostatic test. The “central sympathetic activity was increased in 76% of the cases and “” central sympathetic activity was high in 83% of cases. The “” peripheral hyperactivity was observed in 63% of patients on hand grip, and in 44% on orthostatic test. The analysis of cardiovascular autonomic reflexes Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (Ho. Benjelloun). 0003-3928/$ – see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.ancard.2008.05.013

Réflexes autonomiques cardiovasculaires dans le syndrome de tachycardie orthostatique idiopathique

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Annales de Cardiologie et d’Angéiologie 58 (2009) 20–26

Article original

Réflexes autonomiques cardiovasculaires dans le syndrome detachycardie orthostatique idiopathique

Cardiovascular autonomic reflexes on the postural orthostatictachycardia syndrome

Ho. Benjelloun a,b,∗, Ha. Benjelloun a, S. Aboudrar a,c,L. Coghlan a,d, M. Benomar a

a Service de cardiologie A, CHU Ibn-Sina, Rabat, Marocb Km 6, 6, avenue Imam Malik, 56 rue Assahil, Lotissement Balafrej,

Bellevue 2, Youssoufia Souissi, 10000 Rabat, Marocc Département de physiologie, faculté de médecine et de pharmacie, Rabat, Maroc

d School of Science and Engineering, Alakhawayn University, Ifrane, Maroc

Recu le 26 mars 2007 ; accepté le 18 mai 2008Disponible sur Internet le 10 juin 2008

Résumé

Le syndrome de tachycardie orthostatique idiopathique (TOI) est une pathologie mal connue car son diagnostic ne repose pas sur les méthodesd’investigation conventionnelles. Le test orthostatique permet d’en faire aisément le diagnostic. L’objectif de cette étude est de déterminer les réflexescardiovasculaires de 70 patients atteints de la TOI. Les tests d’exploration du système nerveux autonome pratiqués sont en plus du test orthostatique,le test de la respiration profonde, la pression manuelle et le stress mental. L’analyse du test orthostatique a montré que l’augmentation de la fréquencecardiaque, relative à l’état d’hyperactivité sympathique « � » périphérique se produisait avant la deuxième minute chez 80 % des patients. La TOIa été jugée majeure chez 43 % des patients et s’était compliquée d’une chute brutale et sévère de la pression artérielle systolique (PAS) inférieureà 70 mmHg chez quatre patients, après la cinquième minute du test. L’analyse des différents tests avait montré une hyperactivité vagale chez 63 %des malades au test de respiration profonde, chez 93 % au test de pression manuelle, et chez 100 % au test orthostatique. L’activité sympathiquecentrale « � » était augmentée dans 76 % des cas et « � » était élevée dans 83 % des cas. Une hyperactivité « � » périphérique a été observée chez63 % des malades au test de pression manuelle et chez 44 % au test orthostatique. L’analyse des réflexes autonomiques cardiovasculaires chez lespatients atteints de TOI permettant la détermination de leur profil autonomique, contribuera probablement à une meilleure compréhension de cettepathologie et à une meilleure orientation de sa prise en charge.© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Abstract

Postural orthostatic tachycardia syndrome (POTS) is a badly known pathology because its diagnosis is not based on the conventional methods ofinvestigation. The orthostatic test allows to make the diagnosis easily. The objective of this study is to determine cardiovascular autonomic reflexesof 70 patients having POTS. The tests of exploration of the autonomic nervous system practised are: deep breathing, hand grip, mental stress andorthostatic test. The analysis of orthostatic test showed that the increase of the cardiac frequency, relative to the state of “�” peripheral sympathetichyperactivity occurred before the 2nd minute in 80% of patients. The POTS was considered “florid” in 43% of patients and had complicated of a

rough and severe fall of systolic blood pressure inferior to 70 mmHg in four patients, after the fifth minute of the test. The analysis of the differenttests had shown vagale hyperactivity in 63% of patients on deep breathing, in 93% of patients on hand grip and in 100% on orthostatic test. The “�”central sympathetic activity was increased in 76% of the cases and “�” central sympathetic activity was high in 83% of cases. The “�” peripheralhyperactivity was observed in 63% of patients on hand grip, and in 44% on orthostatic test. The analysis of cardiovascular autonomic reflexes

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (Ho. Benjelloun).

0003-3928/$ – see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.ancard.2008.05.013

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Ho. Benjelloun et al. / Annales de Cardiologie et d’Angéiologie 58 (2009) 20–26 21

n patients affected by POTS allowing the determination of their autonomic profile, will contribute probably to a better understanding of thisathology and to a better orientation of its care.

2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

ots clés : Système nerveux autonome ; TOI ; Hyperactivité vagale ; Hyperactivité sympathique « � » et « ß » centrale et périphérique

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eywords: Autonomic nervous system; POTS; Vagal hyperactivity; “�” and “�

La position debout impose à l’organisme un important stressu’il est capable de compenser grâce à un système automa-ique de contrôle qui est le système nerveux autonome (SNA).’altération des fonctions de ce système peut conduire à unentolérance orthostatique dont la forme la plus commune est leyndrome de tachycardie orthostatique idiopathique (TOI) [1].e syndrome est le fait de symptômes divers qui s’accompagnent’une tachycardie excessive lors de la position debout. Lesestes de la vie quotidienne peuvent exacerber les symptômes.’incidence de ce trouble est inconnue et sa physiopathologieeste encore incertaine.

Actuellement, on définit la TOI par le développement deymptômes d’intolérance orthostatique (IO) associés à uneugmentation de la fréquence cardiaque (FC) de plus de 30 bat-ements par minute (bpm) par rapport à la FC de départ ou uneugmentation de la FC supérieure à une valeur de 120 bpm, lorses dix premières minutes d’orthostatisme [2].

Cette étude descriptive et prospective avait pour objec-if d’analyser les réflexes autonomiques cardiovasculaires de

alades atteints de TOI, et cela afin de contribuer à la compré-ension de cette pathologie.

. Méthode

.1. Critères de sélection

L’étude a été menée dans l’unité d’exploration du sys-ème nerveux autonome (SNA) au service de cardiologie « A »ntre janvier 2004 et décembre 2005 sur 70 patients, chezui nous avions posé le diagnostic de syndrome de tachycar-ie orthostatique idiopathique. Et celui-ci n’était retenu quei :

les patients présentaient des signes fonctionnels d’intoléranceorthostatique (IO) depuis plus de six mois ;les examens paracliniques, réalisés avant les testsd’exploration du SNA, comprenant un ECG, une écho-cardiographie transthoracique, les dosages des hormonesthyroïdiennes et de l’hémoglobine étaient normaux ;toute pathologie organique était écartée (pathologie dégéné-rative, alitement prolongé, neuropathie périphérique, prise demédicaments qui peuvent altérer les réflexes autonomes, toutemédication ayant été arrêtée 48 heures avant la réalisation destests d’exploration du système nerveux autonome) ;

la FC augmentait de plus de 30 bpm par rapport à la FC préor-thostatique ou lorsque la FC dépassait 120 bpm, sur au moins50 % des mesures pendant les dix minutes du test orthosta-tique.

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tral and peripheral sympathetic hyperactivity

.2. Déroulement des tests

Les patients étaient d’abord placés dans une ambiance calmen décubitus dorsal pendant au moins 30 minutes, un monitoragee la pression artérielle (PA) à l’aide d’un dynamap (critikon,846 SXP) et de la fréquence cardiaque (écran d’affichage LCDS 503 E, HELLIGE, EK 512 E) était installé. Nous avionsommencé évidemment par la réalisation du test orthostatique.

.2.1. Le test orthostatiqueLe test orthostatique permet l’étude des variations, qui se pro-

uisent lors du passage actif à la position debout, de la PA et dea FC par rapport aux valeurs de décubitus dorsal. Les modi-cations hémodynamiques survenant lors du passage actif enrthostatisme (test orthostatique) sont quelque peu différentese ceux qui surviennent lors du passage actif en orthostatismetilt test) [9], ce qui justifie le choix du test orthostatique dansette étude. Ce test dure cinq à 45 minutes. Le test que nousvons l’habitude de réaliser dure en moyenne dix minutes, ilst arrêté en cours de réalisation lorsque le patient présente desymptômes (vertiges, douleurs thoraciques, cyanose des extré-ités ou carrément un état présyncopal) ou lorsque l’élévation

e la FC ou la baisse de la PA sont trop importantes.Ce test permet d’abord de retenir le diagnostic de TOI et

nsuite d’analyser le temps de survenue de l’élévation de la FC ;on intensité, la durée de son maintien, nous permettant ainsi deistinguer les TOI modérées, des TOI majeures où la FC dépasse20 bpm [10].

L’étude des variations de la TA au cours du test orthostatiquepermis de déterminer les formes se compliquant d’hypotensionrtérielle sévère.

La réponse vagale est jugée en primo-orthostatisme à0 secondes en faisant le rapport suivant : (FC à la trentièmeinute − FC de base)/FC de base. Une réponse de 10 % de plus

ue la FC de base est considérée normale, au-dessus de 10 %,l s’agit d’une hyperactivité vagale, en dessous de 10 % d’uneéficience vagale.

Après la sélection des patients, nous procédions ensuite auxifférentes manœuvres entrecoupées de période de repos ayantté proposés par Ewing et al.[3,4] ; reprises par Low [5] etécrites dans les travaux réalisés par l’équipe d’exploration duNA du service de cardiologie « A » [6–8]. Tous les calculsrenaient en comptent la pression artérielle systolique.

.2.2. Le test de la respiration profonde

Le test de la respiration profonde permet de tester le vague. La

réquence respiratoire a une influence profonde sur la variatione l’espace RR (sur l’ECG). Cette variation est maximale à uneréquence respiratoire de cinq à six respirations par minute. La

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2 diologie et d’Angéiologie 58 (2009) 20–26

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d5de cette élévation surtout à la fin du test. Chez huit patients(11,4 %), il existe une fluctuation de la FC mais dans plus de50 % des mesures, l’augmentation de la FC était supérieure ouégale à 30 bpm.

Tableau 1Les signes fonctionnels observés chez les malades atteints de TOI

Signes fonctionnels + − Taux de + (%)

Sensation de tête vide 49 21 70Vertiges 58 12 83Douleurs cervicales 48 12 67Dyspnée 49 21 70Palpitations 66 4 94Douleurs thoraciques atypiques 39 31 56Fatigue excessive 58 12 83Intolérance à l’effort 58 12 83Céphalées 57 13 81Troubles visuels 47 23 67Syncope 26 44 37Tremblement 44 26 63Paresthésie 43 27 61Troubles de la cohérence 41 29 59Anxiété 61 9 87Nausée 40 30 57Vomissements 22 48 31Douleurs épigastriques 34 36 49Malaise postprandial 37 33 53Constipation 29 41 41Sueurs profuses 35 35 50Extrémités chaudes 26 44 37Moiteur des mains 31 39 44Bouffées de chaleur 39 31 56

2 Ho. Benjelloun et al. / Annales de Car

rocédure que nous avons suivie était la suivante : on demandaitu sujet de respirer profondément a une fréquence de cinq àix respirations par minute [5]. L’activité vagale est expriméen pourcentage : RR maximal − RR minimal/RR minimal Leésultat normal varie selon l’âge du sujet ; il est généralementlus élevé chez le sujet jeune [3,4]) .

.2.3. Le test de la pression manuelleLe test de la pression manuelle consiste à faire pratiquer

ar le patient une pression maximale à 1’aide d’un dynamo-ètre pendant 15 secondes. La contraction musculaire entraîne

ne élévation de la FC et de la PA. L’augmentation de 1’acti-ité sympathique au niveau musculaire est effort-dépendante etemps-dépendante. L’augmentation de la PA est secondaire à’augmentation du débit cardiaque et des résistances périphé-iques. L’augmentation de la FC est due d’abord à un retrait durein vagal puis à une activation sympathique [5].

Ce test recherche une réponse de la FC à la quinzièmeeconde, après une pression maximale réalisée à l’aide d’unynamomètre, pour la réponse vagale. Une pression de 50 % deoins par rapport à la pression maximale d’une durée de troisinutes, permet d’évaluer la réponse sympathique par la mesure

e la variation de la PA. Une réponse de 10 % est considérée nor-ale, au-dessus de 10 %, on parle d’hyperactivité, en-dessous

e 10 %, on parle de déficience vagale ou sympathique.

.2.4. Le stress mentalLe stress mental : le patient lit en écoutant sa propre voix déjà

nregistrée mais déphasée. Le résultat est l’augmentation de laA et de la FC par activation sympathique centrale [5]. Nousouvons de ce fait mesurer les activités sympathiques « � » et� » centrales selon h formule suivante en mesurant les varia-

ions de la PA (PA après stimulation − PA avant stimulation)/PAvant stimulation, de même pour la FC. Une réponse de 10 % estonsidérée normale, au-dessus de 10 %, on parle d’hyperactivité,n-dessous de 10 %, on parle de déficience sympathique cen-rale.

L’activité vagale est mesurée par le test de la respirationrofonde, le test de la pression manuelle et le test orthosta-ique. Mais, elle est difficilement mesurable en présence d’uneachycardie sinusale ou d’une tachyarythmie complète par fibril-ation auriculaire. On considère dans cette étude que deux tests’analyse de la réponse vagale sont nécessaires pour retenir leype de réponse, alors qu’un seul test de réponse sympathiquest suffisant pour l’étude de l’activité sympathique « � » péri-hérique mesurée lors du test de la pression manuelle et le testrthostatique. La réponse sympathique centrale est uniquementtudiée par le stress mental.

. Résultats

Cette série comprenait 47 femmes et 23 hommes (sex-ratio este 2). L’âge moyen était de 37,5 ans avec des âges extrêmes de 13

t 66 ans. Les patients ayant moins de 40 ans représentent 72 %vec une prédominance féminine de 76 % (Fig. 1). La sympto-atologie fonctionnelle rapportée par les patients était très riche

Tableau 1).

A

Fig. 1. La répartition des patients en fonction de l’âge et du sexe.

.1. Analyse du test orthostatique

L’étude des réflexes cardiovasculaires de réponse à’orthostatisme dans la TOI, correspondant à la réponse sym-athique « � » (FC) périphérique a montré que le début de’élévation de la FC se produisait avant la deuxième minute chez6 patients (80 %) et avant la troisième minute chez 63 patients90 %) (Fig. 2).

L’augmentation de la FC était maintenue pendant toute laurée du test chez 48 patients (68,6 %). Chez 14 patients (20 %) ;0 % des mesures étaient supérieures à 30 bpm avec un maintien

utres troubles :Sexuels 11 59 16Génito-urinaires 13 57 19Pulmonaires 3 67 4

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Tableau 2Les caractéristiques de la TOI « majeure »

Patients FC de base FC max + à quelleminute ?

Quand la FC ≥ 120 bpm ? Début de l’élévationde la FC (min)

Durée du test (min) FCmax − FC de base

1 108 140 (5e min) 1re 5e 5 322 82 120 (6e min) 6e 3e 8 383 72 120 (1re min) 1re 1re 12 484 108 150 (2e min) 1re 1re 4 425 70 127 (3e min) 3e 1re 4 576 75 127 (6e min) 4e 2e 6 527 69 121 (4e min) 4e 1re 4 528 72 127 (5e min) 2e 1re 5 559 65 120 (7e min) 7e 1re 9 5310 90 140 (6e min) 1re 1re 6 5011 66 122 (2e min) 2e 1re 6 5612 94 129 (6e min) 3e 1re 6 3513 88 127 (5e min) 3e 1re 6 3914 68 126 (5e min) 4e 1re 8 5815 75 125 (9e min) 8e 1re 9 5016 55 121 (2e min) 2e 1re 5 6617 80 129 (9e min) 5e 2e 9 4918 90 120 (2e min) 2e 2e 5 3019 63 121 (5e min) 5e 1re 5 5820 56 123 (12e min) 12e 2me 12 6721 73 122 (5e min) 6e 5e 7 4922 72 137 (7e min) 4e 4me 7 6523 58 120 (3e min) 3e 1re 10 6224 58 121 (8e min) 6e 1re 10 6325 75 120 (2e min) 2e 1re 10 4326 78 121 (7e min) 7e 1re 12 4327 73 120 (3e min) 3e 2e 7 4728 84 120 (12e min) 12e 6e 12 362 e re re

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9 96 129 (3 min) 10 61 120 (1re min) 1re

1 79 123 (8e min) 5e

La différence entre la FC de base et la FC maximale atteintee situe entre 30 et 39 bpm chez 23 patients (32,9 %), entre0 et 49 chez 26 patients (37,1 %), entre 50 et 59 chez 16atients (22,9 %) et entre 60 et 69 chez cinq patients (7,1 %)Fig. 3).

Les formes cliniques retrouvées chez nos patients :

la TOI majeure : 31 patients soit 43 % (Tableau 2, Fig. 4) ;

ig. 2. La répartition des patients en fonction de la minute où la FC augmentee plus de 30 bpm ou lorsque la FC supérieure ou égale à 120 bpm.

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1 3 331re 9 573e 9 44

la TOI survenant au-delà de la cinquième minute : cinqpatients, soit 7,1 % ;la TOI associée à une HTA : trois de nos patients sont suivispour HTA, et chez un seul patient, l’élévation de la PA adépassé 140/90 mmHg lors du test orthostatique ;la TOI compliquée d’une chute de PA (PAS ≤ 70 mmHg) :

quatre patients (Tableau 3) ;la TOI associée à une PAS de départ basse comprise entreun intervalle de 80–100 mmHg et maintenue pendant toute ladurée du test : 23 patients (32,9 %).

ig. 3. La répartition des patients en fonction de la différence entre la FC dease et la FC maximale atteinte durant le test orthostatique.

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Fig. 4. Exemple de courbe de test orthostatique chez un patient présentant une TOI « majeure ».

Tableau 3Les paramètres hémodynamiques des patients qui ont présenté une chute importante de la TA au cours du test orthostatique

Patient TA de basea (mmHg) TA la plus basse (mmHg) FCc (bpm) Minute Arrêt du test FC maxb (bpm) Minute

A 104/46 53/36 120 8e Oui 126 5e

B 107/63 54/38 108 12e Test terminé 123 12e

C 100/66 67/60 137 7e Oui 137 7e

D 102/62 65/50 110 8e Oui 120 3e

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(TA) périphérique, lors du test de la pression manuelle, a révéléque 44 patients avaient une hyperactivité « � » périphérique soit62,8 %. Cette activité était diminuée chez 20 patients (28,6 %)et normale chez six patients (8,6 %).

a TA de base = TA à la trentième minute.b FC max = la FC maximale enregistrée au cours du test orthostatique.c FC = fréquence cardiaque concomitante de la TA la plus basse enregistrée a

L’activité vagale était élevée dans 100 % des cas au cours duest orthostatique. Mais, cette hyperactivité était manifeste chez7 patients (strictement supérieure à 15 %).

.2. Analyse des autres tests

L’étude de la réponse à la stimulation vagale, lors du teste la respiration profonde, a mis en évidence une hyperactivitéagale chez 44 patients (62,8 %) ; dans deux cas, l’activité vagale’a pu être mesurée en raison d’une tachycardie sinusale. On’a retrouvé aucun cas de déficience vagale dans notre sérieors de ce test. L’activité vagale était normale chez 24 patients34,3 %).

Au test de la pression manuelle, l’activité vagale était éle-ée chez 65 patients (92,8 %), une déficience vagale a été notée

hez trois patients (4,3 %). Elle était normale chez deux patients2,9 %).

L’analyse de la réponse vagale dans les différents tests esteprésentée sur la Fig. 5.

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rs du test othostatique.

L’analyse de la réponse à la stimulation sympathique « � »

ig. 5. Analyse de la réponse vagale dans les differents tests.O : test orthostatique ; RP : test de la respiration profonde ; PM : test de laression manuelle.

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Tableau 4L’analyse de différentes activités autonomiques chez nos patients

Activités Tests Diminuée (%) Normale (%) Élevée (%)

Vagale Test de respiration profonde (n’a pas pu être mesurée dans 2 cas soit 2,9 %) 0 34,3 62,8Test de pression manuelle 4,3 2,9 92,8

Test orthostatique 0 0 100

�-centrale Stress mental 20 4,3 75,7�-périphérique Test de pression manuelle 28,6 8,6 62,8

Test orthostatique 37,1 18,6 44,3�-centrale Stress mental

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ig. 6. Réponse sympathique lors des différents tests.O : test orthostatique ; RP : test de la respiration profonde ; PM : test de pressionanuelle.

La réponse autonomique consécutive à la stimulation sym-athique « ß » (FC) centrale, évaluée par le stress mentaltait augmentée chez 58 patients (82,9 %), diminuée chez huitatients (11,4 %) et normale chez quatre patients (5,7 %).

Comme la réponse « ß » centrale, la réponse « � » a été éva-uée au stress mental. Elle était élevée chez 53 patients (75,7,iminuée chez 14 patients [20 %] et normale chez trois patients4,3 %]).

La réponse sympathique lors des tests est représentée sur laig. 6 et l’analyse des différentes activités est résumée dans leableau 4.

. Discussion

Cette étude a montré que la TOI touchait des patients dont’âge variait entre 13 et 66 ans ; 72 % avaient moins de 40 ans.a moyenne d’âge était de 37,5 ans et le sex-ratio est égal à deux

emmes pour un homme. D’après l’etude réalisée par Low et al.ortant sur 88 patients, la moyenne d’âge était de 31,5 ans, lesges extrêmes étaient 15 et 55 ans, et la prédominance fémininetait plus nette puisque le sex-ratio était de cinq femmes pourn homme[11].

La comparaison des signes fonctionnels de notre série aveceux rapportés par Low et al. (nombre de patients est égal à5) [11], Jacob (nombre de patients est égal à 18) [12], Gold-tein (nombre de patients est égal à 36) [13], a montré que les

ymptômes sont très variables. Les palpitations sont rappor-ées par pratiquement tous nos patients (94 %), alors qu’ellesont retrouvées chez seulement la moitié des malades dans leséries de Low, Jacob et Goldstein. Dans notre série, l’anxiété et

d

àd

11,4 5,7 82,9

es céphalées ont été retrouvées chez plus des trois quarts desalades.Grâce à l’évaluation des 70 patients de notre série, nous avons

u déterminer certaines caractéristiques de la TOI. En effet, ilété remarqué que 1’élévation de la FC se produisait lors deseux premières minutes du test orthostatique chez la majorité desalades (80 %). Cette même caractéristique a été retrouvée parow et al. [11]. La FC de 67,1 % de nos patients augmentait delus de 40 bpm. On ne retrouve pas dans la littérature d’analyserécise de 1’importance de 1’élévation de la FC.

Par ailleurs, quatre patients ont présentés une chute brutalee la PAS inférieure à 70 mmHg au-delà de la cinquième etn considère que ces patients ont présenté une complication dea TOI. On aurait pu penser que ce type de patients était plususceptible de développer des syncopes en orthostatisme. Orucun des quatre patients n’a présenté de syncope.

Par ailleurs, chez 11,4 % des patients, on avait remarquéne fluctuation importante de la FC pendant toute la duréeu test. Des cas similaires ont été rapportes par Low et al.11]. L’importance de la tachycardie nécessite une activationardiaque sympathique des récepteurs « � » et le retrait durein vagal seul ne peut pas générer une tachycardie d’uneelle importance [15]. L’augmentation précoce de la FC seraitue au retrait du frein vagal, puis le relais serait pris par leystème sympathique qui maintient la tachycardie [5]. Enait, il n’existe pas d’étude de 1’activite vagale dans la TOI ;lusieurs auteurs dont Low et al. [11], Stewart et Weldon [14]t Furlan et al. [16] considèrent que la tachycardie ne peuttre due qu’au retrait du frein vagal en premier (sans étudepécifique de l’activité vagale), or, nous avons mesuré avecrécision la réponse vagale sur une série de tests. Leur analyse

mis en évidence l’existence d’une hyperactivité vagaleans 62,8 % des cas au test de la respiration profonde, dans2,8 % au test de la pression manuelle et dans 100 % au testrthostatique. La tachycardie, en situation normale, est en rap-ort avec le retrait du frein vagal. Dans la TOI, l’activitéagale augmenterait probablement pour compenser’augmentation de l’activité sympathique.

L’activité sympathique « � » centrale est élevée chez plus de

es trois quarts des patients (75,7 %) de notre série.

Au test de la pression manuelle, l’élévation de la PA relativel’hyperactivité « � » périphérique était retrouvée chez 62,8 %es patients.

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[tain cardiovascular indices predict syncope in the postural tachycardiasyndrome. Clin Auton Res 1996:6225–31.

6 Ho. Benjelloun et al. / Annales de Car

Jacob avait effectué une étude comparative entre des sujetsormaux et des patients suivis pour TOI [12] ; l’augmentatione la PA lors du test de pression manuelle était plus significativeans le second groupe.

. Conclusion

La réalisation des tests d’exploration du SNA a permis’étudier les réflexes autonomiques cardiovasculaires de cesatients dont l’analyse a mis en évidence une hyperactivitéagale en plus de l’hyperactivité sympathique centrale et péri-hérique ; l’activité vagale augmenterait probablement pourompenser l’augmentation de l’activité sympathique. Ces résul-ats pourraient, en effet, nous aider à mieux comprendre cerouble afin de mieux traiter les personnes qui en souffrent.

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