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LE QUEMENER François décembre 2008 L'INGENIEUR FACE A L'ENVIRONNEMENT Réflexion sur la crise environnementale Mémoire de Formation Humaine Tuteur : Laurent Challet

Réflexion sur la crise environnementale - frinux.fr · de cette révolution industrielle, mais la compréhension des conséquences de nos actes passés et présents est d'après

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LE QUEMENER François décembre 2008

L'INGENIEUR FACE A L'ENVIRONNEMENT

Réflexion sur la crise environnementale

Mémoire de Formation HumaineTuteur : Laurent Challet

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Table des matières

I.Introduction..............................................................................................................p. 3

II.Historique................................................................................................................p. 4

Civilisations passées...............................................................................................p. 4

La révolution industrielle........................................................................................p. 4

III.L'écologisme et la société.......................................................................................p. 6

Définition................................................................................................................p. 6

Le capitalisme : l'épuisement des ressources.........................................................p. 6

La décroissance : alternative radicale....................................................................p. 6

Le rôle de la technologie........................................................................................p. 7

La dimension sociale..............................................................................................p. 8

Le point de vue de Lester R. Brown........................................................................p. 9

Bilan.....................................................................................................................p. 10

IV.Pourquoi et comment agir ?..................................................................................p. 11

Des signes évidents de malaise...........................................................................p. 11

Les petits gestes...................................................................................................p. 11

Le piège du développement durable....................................................................p. 13

Le piège marketing...............................................................................................p. 13

Bilan.....................................................................................................................p. 14

V.L'ingénieur.............................................................................................................p. 15

Le problème éthique.............................................................................................p. 15

Les responsabilités et libertés d'un ingénieur.......................................................p. 15

Une charte officielle non engageante...................................................................p. 16

L'ingénieur ICAM...................................................................................................p. 16

Le domaine de l'IT................................................................................................p. 17

Mon bilan carbone................................................................................................p. 19

Mon avenir en tant qu'ingénieur...........................................................................p. 21

VI.Conclusion............................................................................................................p. 22

VII.Remerciements et notes......................................................................................p. 22

VIII.Bibliographie.......................................................................................................p. 23

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I. Introduction

Développement durable. Le terme est présent partout : TV, radio, sites web, discours politiques, publicités, films. L'écologie nous est servie à toutes les sauces, nous sommes inondés de vérités, de mensonges, si bien qu'il devient difficile de se forger une opinion.

C'est en partant de ce constat que m'est venue l'idée du sujet de ce mémoire, avec un but final : faire un point sur mes valeurs et me fixer une ligne de conduite. Alors que le sujet initial ne concernait que l'ingénieur et sa place dans l'environnement, l'approfondissement a révélé que celui-ci s'inscrivait dans un système politique, économique et social complexe.

L'objectif de ce mémoire n'est pas de convertir son lecteur à l'écologie, ni même de répondre à la question " que faut-il faire ? ". Il est plutôt un moyen d'ouvrir le débat et de se poser la question : " ai-je envie d'agir, et comment ? "

Pour remplir cet objectif, je propose dans un premier temps d'aborder les notions plus théoriques après un bref historique. Ensuite, j'expliquerai les difficultés de l'action, pour finir sur une prise de position personnelle.

" La société dans laquelle on est, ressemble à une espèce d'avion de ligne où tous les voyants seraient au rouge dans le cockpit et qu'à l'arrière on continue soit à boire le champagne soit éventuellement à se quereller. "

Nicolas Hulot

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II. Historique

Civilisations passées

L'étude des civilisations passées, éteintes ou non, nous donne des leçons. Grâce à elles, nous pouvons constater les conséquences à long terme des systèmes politiques appliqués, des choix sociaux, environnementaux. La civilisation de l'île de Pâques, par exemple, est riche en enseignement. Elle s'est développée entre 400 av. JC et maintenant. Elle se nourrissait principalement de produits de la mer. Son apogée fut atteinte lorsqu'elle atteint 20 000 habitants (pour 166 km²). L'augmentation de la population a mené à une surexploitation forestière, détruisant la totalité des grands arbres, lesquels servaient à la construction de leur canoës de pêche. Cette disparition entraîna la réduction dramatique de leurs ressources alimentaires, conduisant à leur déclin. Des fouilles ont même montré le recours à une solution extrême : le cannibalisme. L'île héberge actuellement 2 000 habitants.

De même, les Islandais ont eux aussi connu une période noire, il y a seulement 600 ans. La surexploitation des pâturages par les troupeaux a conduit à une perte de terre végétale. Constatant cette réduction, les fermiers ont mis en place des quotas permettant l'exploitation durable des sols.

On peut citer d'autres exemples du même registre : les Mayas, les Vikings, les Indiens Anasazis. Alors que certaines civilisations ont consommé leurs ressources jusqu'à épuisement, conduisant à leur déclin, d'autres ont su réagir à temps. La problématique actuelle s'en approche par la qualité : nos ressources s'épuisent, la pêche est moins productive, les déserts grandissent. Cependant, elle s'en éloigne par la quantité. Ce ne sont pas quelques animaux qui disparaissent, ce sont des espèces entières. Ce n'est plus un espace restreint qui est en péril, c'est la planète. Ce ne sont plus quelques milliers de personnes qui sont concernées, ce sont plus de 6 milliards.

Les habitants de l'île de Tikopia vivent depuis 3000 ans sur une île de 5 km²

L'homme fait face aujourd'hui à un challenge sans précédent. Il est important de connaître l'origine du problème, quels ont été les signes précurseurs avant de se lancer dans une analyse des faits actuels et la recherche de solutions.

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La révolution industrielle

Beaucoup de scientifiques, écologistes et économistes s'accordent sur le point de départ du problème : la révolution industrielle. Avant cette époque, l'homme avait une notion restreinte de la responsabilité. Restreinte dans les actes : ils avaient une portée très locale. Les choix faits ne pouvaient mettre en péril que l'environnement direct ou proche. Restreinte dans le temps : une décision engendrant un certain mal était réversible.

Le début de l'ère industrielle a déclenché une série d'innovations technologiques qui ont fait basculer cet état de fait. Les choix ont eu à partir de ce moment le pouvoir d'une portée globale et irréversible. Une technologie développée peut s'appliquer désormais à toute une population potentiellement mondiale. De plus, une fois appliquée, elle permet tout aussi bien d'être bénéfique pour certains (ce qui est son but premier), mais elle peut aussi avoir des effets de bords indésirables et plus ou moins bien maitrisés. Ainsi, toute possibilité d'évolution technologique doit peser le pour et le contre, et en aucun cas ne doit pouvoir remettre en cause l'existence de l'homme sur la Terre ni son environnement.

Une usine en activité

La complexité de la situation réside dans le fait que lors de la création d'une technologie, nous ne possédons pas les outils nécessaires pour prévoir les effets à long terme. Qui aurait pu anticiper,, lors de la conception du premier moteur à explosion, les dégâts causés et les enjeux environnementaux, sociaux, politiques et économiques en découlant ?

En plus de l'industrialisation des pays occidentaux s'est ajouté un autre phénomène : la mondialisation. La portée déjà importante des technologies s'est multipliée. Maintenant, nos actes peuvent avoir une portée globale.

Le but de ce mémoire n'est bien sûr pas de remettre en cause l'existence même de cette révolution industrielle, mais la compréhension des conséquences de nos actes passés et présents est d'après moi une grande aide pour d'une part mieux comprendre le monde de demain, et d'autre part me fixer une ligne de conduite qui correspond le mieux à ma morale personnelle.

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III. L'écologisme et la société

Définition

L'écologisme est un mouvement de pensée qui s'appuie sur une science, l'écologie, et qui vise la protection de l'environnement. On trouve de nombreux mouvements écologistes, politiques ou non : le parti des Verts, WWF, Greenpeace, Les Amis de la Terre... Le mouvement écologiste est de plus un point de départ pour d'autres courants plus spécialisés : protection des animaux, lutte contre le nucléaire...

Le capitalisme : l'épuisement des ressources

Selon la définition présente sur Wikipédia, le capitalisme est un système économique et social, qui est caractérisé par la propriété privée des moyens de production et la recherche du profit. Pour beaucoup, le capitalisme est la source de nos problèmes environnementaux. Hans Jonas, un philosophe allemand ayant approfondi la question de la responsabilité de l'homme, montre le lien entre une société libérale et les risques liés à cette liberté. EN parallèle, Hans Jonas considère aussi le régime marxiste, et conclue qu'un état libéral vaut toujours mieux qu'un état totalitaire, quelque soient les risques encourus.

Une société capitaliste repose sur le principe de la croissance économique. Celle-ci désigne l'accroissement de la seule production économique sur le long terme (le terme d'expansion est utilisé pour le court terme). L'indicateur le plus utilisé pour la mesure de la croissance est le PIB (Produit Intérieur Brut). Cette notion est aussi souvent rattachée au progrès technique, couramment admis comme le moteur de la croissance.

Pourquoi en vient-on à parler du capitalisme alors que la problématique initiale concerne l'environnement ? Tout simplement à cause du progrès technologique, qui est à la fois un moteur de la croissance économique et une menace pour l'environnement.

La remise en cause du capitalisme provient de la prise de conscience que les ressources naturelles ne sont pas infinies. Or, la croissance, elle, est supposée infinie. Ces remises en causes, bien que scientifiquement fondées, sont à relativiser. En effet, la croissance économique n'est pas à restreindre à la pure production des biens matériels, elle concerne tout aussi bien les services et autres biens immatériels.

Dans une position plus extrême, le capitalisme est vu comme une recherche perpétuelle du bonheur dans la satisfaction matérielle (base de la société de consommation). Ainsi, certaines personnes prônent un système radical : la décroissance.

La décroissance : alternative radicale

Lorsque l'on effectue des recherches concernant l'écologie, nous tombons assez vite sur des idéologies politiques considérées comme marginales. La décroissance est une théorie qui n'est pas si récente (début des années 1970). Elle part du postulat qu'une croissance infinie n'est pas possible dans un monde fini.

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Scientifiquement, on peut expliquer ce fait par l'entropie. Celle-ci mesure le degré de désordre d'un système. Le deuxième principe de la thermodynamique énonce que l'entropie dans un système fermé croît toujours. Appliqué au domaine de l'écologie, cette loi dit que la transformation de la matière (consommation de pétrole par exemple) est irréversible : l'énergie fossile, une fois consommée, est perdue à jamais.

Mis à part ce côté technique, la décroissance prône une diminution de la croissance, un retour à la vie simple. De fait, la consommation dans ce système est limitée. La décroissance est une solution extrême, et son émergence ces dernières années traduit le fait que le productivisme (la production est l'objectif premier) soit remise en cause.

Le rôle de la technologie

" Un bon écologiste, c'est un type qui voit loin et qui a peu de foi dans le progrès, la science et la technique "

Jacques-Yves Cousteau, 1989

La technologie joue un rôle crucial dans la problématique de l'environnement, car elle est à la fois une menace directe et peut-être aussi une partie de la solution. Ce rôle central a été détecté depuis longtemps : Hans Jonas a rédigé son " Principe Responsabilité " en 1979. Le manque de visibilité à moyen et long terme a amené l'homme à adopter la technologie comme moteur de la société. Les progrès qui en découlent sont nombreux, la qualité de vie actuelle (dans les pays qui ont pu effectuer leur révolution industrielle) s'est considérablement accrue. Pourtant, a chaque évolution technologique, on a pu en tirer des bonnes comme des mauvaises utilisations. Les exemples sont nombreux :

• le nucléaire : source d'énergie, de pollution et création d'armements

• la génétique : avancée médicale, risques éthiques du clonage

• hautes fréquences : communications sans fil, effets sur le corps inconnus

Heureusement, la loi prévoit, dans son principe de précaution, une certaine protection de la population. L'idée a émergé en Allemagne dans les années 1970 (Vorsorgeprinzip), mais n'a été adopté internationalement qu'à l'occasion de la Déclaration de Rio de 1992 :

Pour protéger l'environnement, des mesures de précaution doivent être largement appliquées par les États selon leurs capacités. En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l'adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de l'environnement.

Principe n°15 de la déclaration de Rio

En conclusion, il ne faut pas considérer la technologie comme le diable, mais rester conscient des risques possibles afin de ne pas causer de dommages irréversibles, que ce soit à l'environnement ou aux hommes. Il est d'ailleurs amusant de mettre ce principe de précaution en comparaison avec les trois lois de la robotique qu'a imaginé l'écrivain Isaac Asimov :

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Première Loi : " Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger " ;

Deuxième Loi : " Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi " ;

Troisième Loi : " un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'entre pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi ".

Les Robots, Isaac Asimov, 1967

La dimension sociale

Dans tout ce chaos politique, économique et technologique se place l'homme. Il est à la fois extrêmement sollicité par toutes les campagnes marketing, partagé entre les différents courants politiques, limité par son porte monnaie et inondé de messages de par les médias.

Difficile de se placer dans ce monde complexe. Pourtant, des mouvements émergent ici et là. Des citoyens se regroupent : associations (SoliCités, COCIPE), blogs, forums. Le but : réduire son empreinte écologie, partager ses connaissances et son matériel, diffuser l'initiative. Ces groupements sont importants, car ils permettent d'une part de conforter leurs membres dans le fait qu'ils ne sont pas seuls, et d'autre part cela leur donne plus de poids, de crédibilité.

Plus engagés, certains ont choisi la voie de l'action : partis politiques ou associations luttant activement. C'est le cas par exemple pour les militants de Greenpeace, qui organisent régulièrement des actions de grande envergure et largement médiatisées. Ils ont aussi montré leur sens de l'humour et de l'ironie en organisant des manifestations anti-écolos, scandant des slogans originaux : " CO2, j'en veux ", " L'effet de serre, c'est bon pour les affaires ".

A l'appel de Greenpeace, 600 volontaires posent nus sur un glacier pour lutter contre le réchauffement climatique

La dimension sociale dans l'écologie, c'est aussi et malheureusement de plus en plus de foyers en précarité énergétique. La société a tendance actuellement à creuser l'écart entre les plus riches et les plus démunis, et ces derniers ont de plus en plus de mal à assumer leur dépense énergétique (et je ne pense pas prendre une quelconque

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position politique en citant ce fait). Il suffit de constater l'évolution du nombre d'inscrits aux restos du coeur pour se faire une idée.

Il est bien beau de parler d'écologie, mais lorsque l'on a à peine assez de moyens pour survivre, lorsque l'on n'a pas accès à l'eau potable, ou encore que l'on ne mange pas à sa faim, il y a d'autres préoccupations. C'est pourquoi je pense qu'une politique écologique va de pair avec une politique sociale qui permettrait aux plus pauvres d'accéder à un niveau de vie acceptable, que ce soit à l'échelle nationale ou mondiale (rapports Nord/Sud).

Le point de vue de Lester R. Brown

Lester Russel Brown est un analyste environnemental américain. Il a depuis longtemps plaidé en faveur de la protection de l'environnement, de par ses nombreuses publications et sa participation active (il a fondé l'institut Worldwatch, organisme indépendant de recherche environnementale (www.worldwatch.org). Dans son dernier ouvrage, Le Plan B Pour un pacte écologique mondial, il met en évidence les dangers de la planète, avant d'aborder une partie que je trouve très intéressante : Les mesures à prendre – Le Plan B -. Il propose en 5 points des idées d'améliorations concrètes et applicables :

● Éradiquer la pauvreté et stabiliser la population

Réduire la pauvreté et la croissance démographique, améliorer le système de santé sont des mesures qui peuvent permettre aux pays émergents de se développer et de réduire les effets négatifs de la pauvreté (violence, instabilité politique, maladies, démographie en forte croissance). Il est intéressant de noter que les pays riches possèdent les moyens économiques d'éradiquer la pauvreté (mais qu'ils préfèrent sauver les industries automobiles en ce temps de crise).

● Remettre la planète en état

Les dégâts environnementaux sont énormes. Si l'homme ne réagit pas en restaurant les forêts, sols, pêcheries et espèces animales en péril, nous ne possèderons plus les moyens de subvenir à nos besoins en eau et en alimentation.

● Nourrir correctement 7 milliards d'individus

L'augmentation de la population mondiale pose un défi : celui de produire toujours plus et à un meilleur rendement. De plus, les populations des pays en développement sont de plus en plus demandeurs de produits d'origine animale. La perspective d'utiliser des produits végétaux en tant que carburant n'est pas non plus réjouissante, car à grande échelle cela peut mettre en péril l'alimentation de milliards de personnes.

● Stabiliser le climat

Les énergies actuellement utilisées sont inadaptées à un usage durable. Les émissions de CO2 sont trop élevées, et les sources se tarissent. Il ne reste en effet que 42 ans de réserve de pétrole, 64 ans de gaz, 150 ans de charbon et 32 ans d'uranium, estimés sur les stocks actuellement connus, et en se basant sur la consommation actuelle. Or, des sources d'énergies inépuisables sont maintenant

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connues, comme l'éolien, l'énergie solaire ou encore la géothermie. Il est primordial d'axer les recherches sur ces nouvelles sources pour garantir une transition sans danger pour l'économie.

● Concevoir des cités pérennes

Selon les Nations Unies, le cap a été franchi en 2007 : plus de 50% de la population mondiale vis dans des villes. Cette urbanisation doit être accompagnée d'une transformation : la réduction de la circulation des voitures dans les agglomérations. Ce moyen de transport n'est en effet pas adapté à ce terrain, et on observe déjà un engorgement de tous les axes routiers qui prouve que le réseau n'est pas adapté au nombre de véhicules. Plusieurs mesures peuvent résoudre ce problème, dont le développement des transports en commun. D'autres problèmes apparaissent avec l'urbanisation de la population : manque d'espaces verts, développement des bidonvilles, gaspillage de l'eau...

Masdar, un projet à 15 milliards d'euros de cité écologique aux Émirats Arabes Unis

L'étude de Lester Brown est intéressante car elle apporte des solution concrètes, que ce soient des technologies que nous maitrisons déjà ou des évolutions sur le plan social, nous montrant que le changement est à notre portée.

Bilan

Avant de vouloir revenir 50 ans en arrière et refuser tout le confort de vie que nous avons acquis, et avant d'interdire toutes les nouvelles technologies au nom du principe de précaution, je pense que nous devons trouver un équilibre entre la croissance économique et le respect de l'environnement. Or, cet équilibre n'existera que si le coût environnemental est répercuté sur les produits, sans quoi il sera toujours plus viable de produire sans se soucier de la pollution.

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IV. Pourquoi et comment agir ?

Des signes évidents de malaise

Mise en relation de la concentration de CO2 et la température moyenne mondiale sur le dernier millénaire (taux de CO2 en bleu, température en rouge). Source : Wikipédia

Il y a quelques années encore, l'avis des scientifiques n'avait que peu de valeur, car leurs prévisions reposaient sur des suppositions. Désormais, les preuves que l'homme agit de façon profonde sur l'environnement s'accumulent. La plus évidente est la mise en relation de la concentration en CO2 dans l'atmosphère et le réchauffement climatique, donnant le célèbre graphique en crosse de hockey. Le réchauffement climatique entraîne l'augmentation du niveau de la mer, la fonte de portions de banquise et le recul des glaciers de montagnes.

La prise de conscience publique des conséquences de la vie moderne sur l'environnement n'est que récente, bien que des scientifiques, philosophes et hommes politiques aient pris conscience du problème et tenté d'alerter ces 40 dernières années.

Alors pourquoi agir ? Parce que la situation est urgente. Parce que l'inertie de la planète est très grande, et qu'il faudra beaucoup de temps rien que pour stopper la progression du taux de CO2. Parce que nous mettons en danger les générations futures. Parce que l'homme en est techniquement capable. Autant de bonnes raisons pour s'y mettre.

Les petits gestes

Actuellement, nous sommes envahis par des émissions de télévision, des sites Internet, des articles qui détaillent des attitudes à adopter, des petits gestes en faveur de l'environnement. Le site http://www.ecoblog.fr/Petits-gestes-ecolos en est un bon exemple. Ce phénomène vise à sensibiliser la population, afin que chacun de nous devienne un éco-citoyen.

Sur un raisonnement purement technique, l'adoption par toute la population de ce comportement ne pourrait évidemment pas sauver la planète. L'impact de la réduction des émissions de gaz à effet de serre en appliquant cette démarche est ridicule, même lorsqu'il est appliquée à toute la population française par exemple.

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Mon avis est fondé sur deux points. Premièrement, les émissions à effet de serre ne sont pas directement produits par les particuliers.

Émissions de gaz à effet de serre en France en 2004 par secteur (entre parenthèses, l'évolution depuis 1990). Source : CITEPA/Inventaire SECTEN/Format PNLCC, février 2006)

Deuxièmement, les petits gestes sont, comme leur nom l'indique, petits. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'ils sont négligeables, mais leur application, toujours dans l'exemple des gaz à effet de serre, ne réduirait leur production que de quelques pour cents. En effet, très souvent, ce qu'on appelle les éco-gestes sont des actes qui suppriment le recours à des ressources lorsqu'on peut éviter leur gaspillage : fermer le robinet pendant le brossage des dents, aller chercher le pain à pied, utiliser le verso des feuilles... Oui, ces gestes permettent de réduire nos émissions, mais ils ne remettent pas en cause le principe même de la voiture individuelle à essence.

Bien que, selon moi, cette nouvelle attitude émergente ne soit pas si bénéfique que les médias l'annoncent, il s'agit d'une étape indispensable avant de pouvoir envisager des changements plus drastiques. La population pose un problème de taille à toute modification importante de la société, et les français en sont un bon exemple : c'est la résistance au changement (ou conservatisme). La population possède une grande capacité à considérer les changements comme mauvais. Les sources sont multiples, on peut citer l'effet de groupe, la peur de l'inconnu et l'incompréhension. Les managers et hommes politiques connaissent particulièrement bien ce phénomène. Or, comme je l'ai montré dans le chapitre précédent, la mise en œuvre d'une politique écologique drastique est indispensable. Si la population ne s'empare pas d'elle-même de la problématique, alors l'application d'une politique écologique pourrait échouer.

Il reste un point qui ne trouvera une réponse que dans l'opinion politique de chacun : l'appropriation du domaine écologique actuel par la population résulte-t-il de l'application d'une politique et d'un marketing en vue de basculer dans des changements constructifs vers une vie plus respectueuse de l'environnement, ou alors s'agit-il d'une prise de conscience collective dont les industries et les politiques tentent de s'emparer afin de récolter des parts de marché ou des voix ? A titre personnel, je penche pour la deuxième hypothèse, même si la généralisation à toutes les entreprises et gouvernements est impossible.

De toute façon, la machine est lancée. On ne peut que se réjouir lorsque l'on

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apprend que la mairie de New York a choisi de migrer tous ses taxis à des modèles hybrides d'ici 2012. Ou encore lorsque le rapport de la commission Attali, rendu en janvier 2008 au président Nicolas Sarkozy, préconise dans sa 92ème décision de "orienter la fiscalité vers la protection de l'environnement".

Le piège du développement durable

Le terme à la mode, le développement durable, serait-il une énorme supercherie ? Cela dépend du point de vue. Pour rappel, le développement durable possède trois piliers (écologique, économique et social), et constitue " Un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. " (Rapport Brundtland, 1987).

" Le développement durable est en soi une contradiction, car on ne peut pas développer sans consommer davantage de biens et d'énergie. "

René Dumont, ingénieur en agronomie et sociologue français

La réflexion de René Dumont rejoint les partisans de la décroissance : le développement durable est avant tout un développement, donc une croissance. Ainsi, pour ces personnes, le développement durable n'est qu'un moyen de piller la planète plus longtemps. Le terme de développement soutenable est alors plus adapté.

Par contre, pour ceux qui croient qu'un équilibre est possible entre croissance et écologie, le développement durable est un phénomène bénéfique. Cependant, je suis d'accord avec Luc Ferry qui annonçait en 2007 dans La Revue des Deux Mondes : " Je sais que l'expression est de rigueur, mais je la trouve aussi absurde, ou plutôt si floue qu'elle ne dit rien de déterminé. ".

Le concept de développement durable a un inconvénient : il ne sait pas répondre aux paradoxes révélés. Est-il préférable de chauffer sa maison au fuel (bon rendement, mais dégagement de CO2) ou à l'électrique (mauvais rendement, énergie nucléaire ou propre) ? L'énergie solaire est propre, mais l'industrie qui fabrique les capteurs solaires est polluante (et les capteurs mal recyclés) : les panneaux sont fabriqués à base de silicium, qui nécessite un chauffage à très haute température et l'utilisation de produits chimiques toxiques).

Le piège marketing

Certaines entreprises ne voient dans le phénomène écologiste actuel qu'un moyen de gagner des parts de marché. Cela a un nom : le green washing. Bien sûr, cela n'est jamais avoué, mais il est relativement facile de mettre en évidence ces pratiques en analysant les publicité pour leurs produits. Le but est de montrer une image verte, propre de l'entreprise et/ou des produits présentés en les mettant en situation dans un univers souvent idyllique. Le greenwashing est flagrant pour les entreprises automobiles et énergétiques :

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Publicité de Peugeot pour la 206 HDI

L'ARPP (Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité) est pourtant claire à ce sujet :

"Aucune publicité ne peut représenter des comportements contraires à la protection de l'environnement sans correctif positif, non plus qu'inciter à des comportements contraires à la protection de l'environnement"

(Article 2-14 des recommandations écologiques de l'ARPP)

L'écologie est donc utilisée comme argument de vente. Les publicitaires arrivent même à nous faire croire que leur produit est bénéfique pour l'environnement ! Comment est-ce qu'un moyen de transport consommant de l'énergie fossile non renouvelable, ayant un rendement au mieux de 30% et rejetant en moyenne 150 grammes de CO2 par kilomètre puisse être considéré comme bénéfique ?

Logo de Renault pour sa campagne ECO²

Bilan

Par ces différents exemples, j'ai voulu vous montrer la nécessité de changer les choses, mais aussi les dangers soit d'un vocabulaire sans vrai sens, ou d'une communication mensongère. Il serait évidemment dangereux que nous tombions dans le piège du green marketing, en pensant bien faire pour l'environnement.

Nous pouvons prendre un dernier exemple, celui de la voiture électrique. Elle est désignée comme l'avenir de l'automobile, car elle ne produit aucune émission de CO2. Enfin, c'est ce que l'utilisateur final voit. Car pour produire l'électricité que la voiture va consommer, il aura fallu émettre autant de CO2 que la voiture au diesel n'en émettra (n'oublions pas que 88% de l'énergie électrique produite dans le monde provient du gaz, du pétrole ou du charbon). En raisonnant donc sur une moyenne, il est plus écologique de garder sa voiture diesel...

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V. L'ingénieur

Le problème éthique

Étant donné que le terme " éthique " est employé à tort et à travers, il peut être utile de rappeler son sens premier. L'éthique est à rattacher à un problème qui oppose deux morales dans une situation donnée. L'éthique n'est donc pas un synonyme de la morale. La résolution d'un problème éthique se trouve dans un compromis entre notre morale, la morale de l'objet en opposition, et les droits et devoirs (lois, règlements...).

L'éthique s'applique à différents domaines, dont l'informatique (utilisation des données personnelles, confidentielles) et l'environnement (utilisation ou conception de technologies polluantes par exemple).

Le problème éthique de l'ingénieur appliqué au domaine de l'environnement intervient sur deux niveaux. Le premier est l'entreprise. Celle-ci a un impératif de profit, qui peut aller à l'encontre du respect de l'environnement. Le deuxième est l'ingénieur lui-même. Il constitue un chaînon important dans l'entreprise car, par définition, il maitrise les outils techniques et est à même d'utiliser et concevoir des technologies. Le problème éthique ne se pose que si l'ingénieur est sensibilisé aux problèmes environnementaux, et si il est amené à prendre des décisions qui ont une influence négative immédiate ou à long terme sur l'environnement. Apparaît alors un dilemme : dois-je agir aveuglément selon les valeurs de la société de consommation (le profit, le marché), ou dois-je faire prévaloir mes valeurs écologiques, dans le respect du règlement de l'entreprise et des lois ?

Ce problème éthique apparaît car il y a une marge de manœuvre, un choix à effectuer. La solution sera, comme toujours lorsque la notion d'éthique apparaît, un compromis. Nous ne pouvons pas nous permettre de remettre en cause le principe de profit d'une entreprise mais la liberté de décision nous autorise à donner une place à nos opinions et à nos convictions qui peuvent nuancer le but purement capitaliste de celle-ci.

Le problème éthique peut aussi se poser dans l'autre sens. Un ingénieur peut choisir une entreprise qui ne respecte pas sa morale écologique pour justement la changer de l'intérieur. Certains y trouveront une forme de courage, d'autres une trahison... Je trouve personnellement que cette attitude va à l'encontre de ma conception du travail. Je pense que l'on doit être à l'aise dans son environnement de travail (ce qui passe par une adoption des valeurs de l'entreprise) pour pouvoir s'épanouir.

Les responsabilités et libertés d'un ingénieur

Même si il est difficile de définir ce qu'est un ingénieur, de par la diversité des formations qui conduisent à ce statut et le grand panel de métiers associés, je pense que la notion de responsabilité est un élément commun à tous les ingénieurs. Un ingénieur doit être responsable car il est censé être conscient des risques, et parce qu'il possède un pouvoir décisionnel. Les responsabilités d'un ingénieur sont avant tout définies par lui-même. C'est par choix qu'il aura ou pas la responsabilité d'une équipe, de locaux, de matériel.

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Par contre, les libertés, elles, sont définies par son environnement extérieur : lois, code du travail, charte de confidentialité, règlement intérieur... A moins de choisir d'être dans l'illégalité, ces limites sont infranchissables.

Un ingénieur sensibilisé au problème écologique pourra être amené à faire un choix difficile : faut il que je développe ou mette en place telle technologie, dans l'intérêt de l'entreprise (générer du profit), quitte à mettre de côté mon opinion écologique ? Ce problème apparaît car l'ingénieur détient la responsabilité et doit prendre une décision. Dès lors que le conflit est identifié, il faut ensuite lister les différentes voies possibles, puis par un système de notation, trier ces alternatives en pondérant chacun des critères. Cette méthode parmi tant d'autres permet de résoudre des problèmes d'ordre éthique. Elle a l'avantage de prendre en compte tous les critères et toutes les alternatives. Comme toute question éthique, la résolution n'est jamais qu'un compromis, ainsi un des deux partis en sortira forcément gagnant, et l'autre perdant.

Une charte officielle non engageante

Il existe un document dénommé La charte d'éthique de l'ingénieur, rédigé par le CNISF (Conseil National des Ingénieurs et Scientifiques de France) et approuvé le 12 mai 2001. Cette charte n'est pas un serment, mais à considérer comme un code de conduite. Voici un extrait de cette charte :

L'ingénieur a conscience et fait prendre conscience de l'impact des réalisations techniques sur l'environnement. L'ingénieur inscrit ses actes dans une démarche de " développement durable ".[...] L'ingénieur prend en compte toutes les contraintes que lui imposent ses missions, et respecte particulièrement celles qui relèvent de la santé, de la sécurité et de l'environnement.

On retrouve bien ici la notion de responsabilité que possède l'ingénieur face à aux hommes et à l'environnement. Je pense personnellement que bien que partant d'une bonne initiative, et bien que regroupant des valeurs auxquelles la plupart des ingénieurs adhèrent, cette charte a l'inconvénient d'être trop générale. Elle ne permet pas de différencier le rôle d'un ingénieur et ses spécificités dans la vie personnelle et professionnelle.

L'ingénieur ICAM

L'ICAM, école d'ingénieur généraliste, se distingue des autres écoles par sa formation qu'elle veut plus humaine. Ainsi, elle porte des valeurs en conséquence : confiance, liberté solidarité, responsabilité.

Ouvert au monde, l'ingénieur ICAM est aussi conscient des risques, notamment ceux relatifs à l'environnement. Même s'il ne s'agit pas de la spécificité de la formation ICAM, nous avons été amené pendant ces 5 années d'études à considérer des technologies naissantes sur les énergies renouvelables par exemple, ou à nous exprimer sur de tels sujets. Chaque étudiant ICAM, même si il possède son avis propre sur le sujet, a été sensibilisé et est conscient de la problématique environnementale.

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Le domaine de l'IT

Je suis un passionné des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC). Elles ont toujours pris une place importante dans ma vie, que ce soit dans les études (laboratoire informatique à l'ICAM, stage de programmation) ou dans les activités extra scolaires (diverses associations, petits boulots...). Je voudrais orienter ma vie professionnelle après mes études à l'ICAM dans ce domaine.

Le secteur des nouvelles technologies est assez paradoxal quant à son rapport à l'environnement. D'une part, il donne des solutions techniques afin de moins polluer, et d'autre part il pose de nouveaux problèmes.

Les exemples de l'utilisation des nouvelles technologies en faveur de l'environnement sont nombreux. On peut citer la dématérialisation des documents, le télétravail ou encore les vidéo conférences. Les économies de transport et de matière première sont phénoménales, et l'adoption par le grand public de ces nouveaux moyens de communication permet de les appliquer à grande échelle.

Pourtant, tout n'est pas si vert dans l'IT. En effet, les composants électroniques consomment de l'électricité. Le journaliste économique américain Nicolas Carr a même démontré qu'un personnage virtuel de Second Life (un monde virtuel sur Internet) consommait autant d'énergie qu'un brésilien. Ce monde virtuel a besoin de serveurs pour tourner; comme n'importe quel service Internet. Or, ces serveurs sont très gourmands en électricité et en air conditionné. On peut alors remettre en cause la pertinence de la présence d'une île dénommée "Ecologica" dans Second Life...

De plus, la fabrication des ordinateurs nécessite beaucoup de matières premières (acier, pétrole, eau...) et leur destruction cause des pollutions au mercure et au plomb. Les premiers à souffrir de cette pollution sont les pays en voie de développement ou en transition, comme la Chine ou l'Inde, qui ont vu des tas de composants électroniques s'édifier à même le sol, près des cours d'eau, causant ainsi des dégâts sanitaires considérables. La France est en retard sur ce sujet, il lui faut adapter ou créer ses centres de traitement des déchets. J'ai été très déçu lorsque, devant jeter quelques carcasses de vieux ordinateurs, je n'ai pas réussi à trouver d'endroit où il auraient été traités et recyclés près de mon logement.

Démantèlement d'ordinateurs en Inde

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Greenpeace publie depuis août 2006 sur son site www.greenpeace.org.electronics un classement des entreprises les plus vertes en prenant en considération le recyclage des appareils en fin de vie. Y sont présents les plus grands du marché : DELL, PHILIPS, NOKIA etc... Cette cause est importante, quand on sait que la durée de vie d'un ordinateur dans les pays développé est passé de 6 ans en 1997 à 2 ans en 2005, ou quand sait qu'un téléphone portable dure en moyenne moins de 2 ans.

Guide to greener electronics version 10

Le phénomène de prise en compte de l'environnement dans les nouvelles technologies est assez récent, et il a un nom : Green IT. Un site du même nom, www.greenit.fr, référence ainsi les bonnes et mauvaises actions des industriels et particuliers concernant l'environnement et les NTIC.

L'entreprise américaine de recherche Gartner publie chaque année une courbe décrivant l'évolution des technologies actuelles. Elle permet ainsi de voir quelles technologies sont naissantes jusqu'à leur plateau de productivité (adoptées par le grand public). Sur sa courbe de 2008, on peut y voir le phénomène de Green IT.

Courbe Gartner 2008

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Alors que le phénomène était inconnu en 2007 (absent de la courbe), on l'aperçoit en 2008 en haut du pic d'inflation, ce qui prouve que cette innovation est très récente. On peut s'attendre, en suivant la courbe, à voir le Green IT passer rapidement dans la phase de désillusion avant d'être définitivement adoptée par le grand public.

Dans tous les cas, les entreprises le prennent déjà en compte et on voit émerger des produits plus respectueux de l'environnement, de l'onduleur à l'ordinateur portable, en passant par les logiciels.

Mon bilan carbone

Personnellement, en tant qu'ingénieur, ingénieur ICAM et futur ingénieur IT, je tiens à respecter les valeurs qui m'ont formé et que je porte. Je pense que l'appartenance à la famille des ingénieurs m'oblige à être responsable vis à vis des hommes et de l'environnement.

Mon engagement se porte tout d'abord sur mon comportement. Il est facile d'évaluer ses émissions de CO2 et de déchets grâce à tous les outils existants, mais il est beaucoup moins facile de passer à l'acte. La sensibilisation est une étape, mais ne résout rien. J'ai tout d'abord identifié mes principales sources de pollution grâce à l'outil " Bilan Carbone Personnel " de l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) : www.bilancarbonepersonnel.org.

● déplacements en voiture (environ 20km par jour avec une voiture citadine)

● chauffage du logement

● consommation de viandes et poisson

● déchets de la vie quotidienne et déchets électroniques

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Synthèse de mon bilan carbone (les barres en pourcentages correspondent aux incertitudes, la barre rouge est la limite de la durabilité)

La synthèse est hélas sans appel : je consomme environ 1500 kg de CO2 par an... Il y a un point positif : je ne suis pas un très gros consommateur, puisque la moyenne nationale est de 2800 kg de CO2.

En tant qu'étudiant, mon budget mensuel est très limité. Le but est donc de trouver des solutions abordables et qui réduisent de façon importante mon impact sur l'environnement.

Concernant le transport, j'ai tenté de comparer les deux moyens à ma disposition : voiture et bus. Or, concernant mon utilisation (j'ai pris l'exemple de mon logement et de mon futur lieu de stage) et en considérant les critères temps, argent et émission de CO2, la solution du transport en commun n'est pas si intéressante. En effet, pour un trajet de 5 km en milieu mixte (urbain et extra urbain) :

Voiture Bus

0,76 kg de CO2 0,54 kg de CO2

8 min 11 min

0,90 € 0,93 €

Les valeurs viennent de moyennes sur de grandes distances ramenées à 5 km de trajet. La différence entre les deux moyens de transport n'est pas flagrante. Cependant, dès que les trajets sont urbains, et que la distance s'allonge alors le temps passé dans une voiture - et parallèlement le coût - montent très vite. Je garde donc mon utilisation actuelle des transports, en favorisant les transports en commun pour me déplacer en ville (comme je le fait actuellement).

Concernant les autres sources de pollution, je m'engage à être plus vigilant sur ma consommation de chauffage, de viande, de légumes de saison, et bien sûr sur ma production des déchets.

Mon bilan carbone n'est pas désastreux, mais il est au dessus de la limite de durabilité. Une chose me frappe : bien que j'aie la volonté de changer mes habitudes afin d'être plus responsable du point de vue environnemental, je n'ai que très peu de libertés (si je veux rester dans mon budget). Ceci est la preuve que pour passer en dessous de la limite de la durabilité, les moyens actuels ne sont pas suffisants.

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Mon avenir en tant qu'ingénieur

Mon actuel statut d'étudiant ne me donne pas assez de liberté pour modifier de façon très significative mon bilan carbone : j'ai toujours besoin de me déplacer pour aller travailler... Alors que faire ? J'ai décidé de m'engager sur le futur, que ce soit dans ma vie personnelle ou professionnelle.

Le respect de mes valeurs appliquées en entreprise commence par le choix de l'entreprise elle-même. Il est important de connaître ses valeurs afin de vérifier qu'elles sont en accord avec les miennes. Ensuite, dès qu'un choix d'ordre éthique environnemental se posera, je considérerai le problème, toutes les alternatives et leurs conséquences avant de prendre un choix en adéquation avec mes valeurs et respectant les limites qui me sont imposées.

Avec la rédaction de ce mémoire, je me suis aussi découvert un intérêt prononcé pour les projets en faveur de l'environnement (ce qui était auparavant une simple curiosité). Je suis donc en train de me renseigner sur les voies professionnelles possibles alliant à la fois les nouvelles technologie et l'environnement.

Concernant ma vie personnelle, je serai très attentif aux possibilités offertes aux particuliers dans les domaines du logement, du transport et de l'alimentation. Pour le logement, j'espère un jour construire ma maison écologique, qui soit énergiquement autonome. Pour le transport, je veillerai à utiliser les transports en communs dès que possible, et je considèrerai les solutions alternatives à la possession d'une voiture (location, co-voiturage...).

Enfin, et de façon plus active, je me renseignerai sur les mouvements et associations existantes. Je suis même prêt à créer une association si aucune structure locale n'existe. J'estime par contre qu'avant de se lancer à plus ou moins long terme dans cet engagement, il faut attendre que mon rythme de vie se soit stabilisé.

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VI. Conclusion

D'après les scientifiques, la situation actuelle est alarmante. Le taux de CO2 ne cesse de grimper, les icebergs fondent. Les faits sont désormais connus et vérifiés, il n'y a aucune incertitude à avoir.

Le futur n'a pas l'air non plus encourageant. Les chinois et indiens se développent fortement, engendrant une demande de plus en plus forte d'un niveau de vie comparable aux occidentaux. Ce mode de vie, on le sait, n'est absolument pas durable d'un point de vue environnemental. En continuant sur sa lancée, l'homme est susceptible de détruire son propre environnement.

Pourtant, tout n'est pas perdu. La récente prise de conscience générale montre que les décisions nationales, européennes et mondiales iront dans le sens d'une société plus responsable.

La récente conférence de l'ONU sur le climat à Poznan révèle que la communauté internationale s'est engagée sur la voie d'un nouveau traité contre le changement climatique. De plus, l'élection de Barack Obama en tant que président des États Unis est une excellente nouvelle. Ce pays qui a depuis toujours refusé de ratifier le protocole de Kyoto, et qui est aussi le plus pollueur, aura à sa tête un homme favorable a une réduction drastique des émissions en CO2.

VII. Remerciements et notes

Ce mémoire m'aura permis d'éclaircir le sujet mais aussi de définir mes valeurs et ce que je veux en faire. Je tiens à remercier mon tuteur, Laurent Challet qui m'a suivi pendant toute la rédaction de ce mémoire et m'a donné d'excellents conseils. Un merci aussi à Gwenola Kerglonou, responsable du laboratoire informatique, pour ses pistes de recherche.

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VIII. Bibliographie

● Hans Jonas : Le principe responsabilité (1979)

● Lester R. Brown : Le Plan B Pour un pacte écologique mondial - Traduction française de Plan B 2.0, préface de Nicolas Hulot (2007)

● Science et Vie Hors Série N°243 : Construire un monde durable

● Charte d'éthique de l'ingénieur :

http://cnisf.org/biblioth_cnisf/documents_cnisf/charte_ethique.pdf

● Rapport de la Commission pour la libération de la croissance française, de la commission Attali (janvier 2008) :

www.liberationdelacroissance.fr

Ressources :

http://fr.ekopedia.org : site collaboratif, à la manière de Wikipédia

http://the-coat.net : une mini série française sur le thème du déclin écologique

www.ademe.fr : Agence de l'environnement et de Maîtrise de l'énergie

www.greenit.fr : actualité sur le phénomène du Green IT

www.developpement-durable.gouv.fr : site gouvernemental du ministère de l'écologie, de l'énergie, du Développement durable et de l'aménagement du territoire

www.lalliance.fr : ONG regroupant des associations à caractère écologique

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