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Annls Limnol. 17 (1) 1981 : 1-24. REGIMES ALIMENTAIRES ET PIECES BUCCALES DE QUELQUES PERLODIDAE ET PERLIDAE DES PYRENEES [PLECOPTERA] par C. BERTHELEMY 1 et M. LAHOUD-' La part prise par les aliments végétaux décroît dans la série Arcynopteryx - Isoperla - Périodes - Perla et Dinocras. Des différences morphologiques sont liées à cette évolution. Les régimes alimentaires des Isoperla, Perla et Dinocras varient au cours de la vie larvaire. Les relations entre la taille du prédateur et celle des proies sont plus nettes pour les Baetis que pour les Chironomides. Pour les Chironomides, elles sont de plus en plus marquées dans la série Arcynopteryx - Isoperla - Perlidae. Food and mouthparts of several pyrenean perlodids and perlids (Plecoptera). The part played by plant food in the diet decreases in the séries : Arcynopteryx - Isoperla - Périodes - Perla and Dinocras. Morphological différences are linked to this évolution. The food of Isoperla, Perla and Dinocras changes during larval development. The relationship between the size of the predator and that of its prey is more marked when the prey is Baetis than when it is chironomids. Chez les Plécoptères, les espèces apparentées ont souvent des répar- titions écologiques bien distinctes alors que les habitats des espèces plus éloignées au point de vue phylogénique se chevauchent largement. Cette relation entre phylogénie et distribution suggère que les niches écologiques ont divergé sous l'action de la compétition interspécifique et que celle-ci réduit peut-être encore aujourd'hui l'habitat de certai- nes espèces. La nourriture peut faire l'objet de cette compétition et nous avons recherché si des différences opposaient les régimes alimen- taires de sept espèces de Perlodidae et Perlidae pyrénéens. Les 1 850 larves étudiées proviennent de cours d'eau des Pyrénées centra- les et des Prépyrénées décrits par l'un de nous (Berthélemy 1966). 1. Laboratoire d'Hydrobiologie (ERA 702), Université Paul-Sabatier, 118, route de Narbonne, F-31062 Toulouse Cedex, France. 2. C.N.R.S. du Liban. Article available at http://www.limnology-journal.org or http://dx.doi.org/10.1051/limn/1981014

Régimes alimentaires et pièces buccales de quelques ... · A. compacta vit dans la zone littorale de certains lacs, dans les ruis seaux et torrents de haute altitude et, plus bas,

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Annls Limnol. 17 (1) 1981 : 1-24.

REGIMES ALIMENTAIRES ET PIECES BUCCALES DE QUELQUES PERLODIDAE ET PERLIDAE DES PYRENEES

[PLECOPTERA]

par C. B E R T H E L E M Y 1 et M . L A H O U D - '

La part prise par les a l iments végé taux décroî t dans la série Arcynopteryx -Isoperla - Périodes - Perla et Dinocras. Des différences m o r p h o l o g i q u e s sont l i ées à ce t te évo lut ion . Les r é g i m e s a l imenta ires des Isoperla, Perla et Dinocras var ient au cours de la vie larvaire. Les re la t ions entre la tail le du prédateur e t ce l le des pro ies sont p lus ne t t e s p o u r les Baetis q u e pour les Ch ironomides . Pour les Ch ironomides , e l l es son t de plus en p lus m a r q u é e s dans la sér ie Arcynopteryx -Isoperla - Perl idae.

Food and mouthparts of several py renean

perlodids and perlids (Plecoptera) .

T h e part p layed b y p lant food in the diet decrease s in the sér ies : Arcynopteryx - Isoperla - Périodes - Perla and Dinocras. Morpholog ica l différences are l inked to this évo lut ion . The food of Isoperla, Perla a n d Dinocras changes dur ing larval d e v e l o p m e n t . T h e re la t ionsh ip b e t w e e n t h e s ize of the predator and that of i t s prey is m o r e m a r k e d w h e n the prey is Baetis than w h e n it is c h i r o n o m i d s .

Chez les Plécoptères, les espèces apparen tées ont souvent des répar­t i t ions écologiques bien dist inctes alors que les hab i ta t s des espèces plus éloignées au point de vue phylogénique se chevauchent largement . Cette relat ion en t re phylogénie et d is t r ibut ion suggère que les niches écologiques ont divergé sous l 'action de la compét i t ion interspécifique et que celle-ci rédui t peut-être encore au jourd 'hu i l 'habitat de certai­nes espèces. La nour r i t u re peut faire l 'objet de cet te compét i t ion et nous avons recherché si des différences opposaient les régimes alimen­taires de sept espèces de Per lodidae et Perlidae pyrénéens . Les 1 850 larves étudiées proviennent de cours d 'eau des Pyrénées centra­les et des Prépyrénées décr i ts pa r l 'un de nous (Ber thélemy 1966).

1. Laborato ire d 'Hydrobio logie (ERA 702), Univers i té Paul-Sabatier , 118, route de N a r b o n n e , F-31062 T o u l o u s e Cedex, France.

2. C.N.R.S. d u Liban.

Article available at http://www.limnology-journal.org or http://dx.doi.org/10.1051/limn/1981014

2 C. B E R T H É L E M Y E T M . L A H O U D (2)

1. — REGIMES ALIMENTAIRES

1.1. Mé thodes et modes d'expression des résultats

Selon l 'état de conservat ion des animaux, l ' intestin an té r ieur es t soit a r raché avec la tête (Hynes 1941), soit extrai t pa r une fente dor­sale du thorax incisé à l 'aide de l 'extrémité coupan te d 'une aiguille à injection (voir Brown 1979). Son contenu est étalé dans une gout te de glycérine et examiné à gross issement moyen ( X 25 à 50) puis fort ( X 250, en cont ras te interférentiel) .

Nous avons calculé pour chaque type de proie

a) la fréquence relative : r appo r t du n o m b r e des intest ins con tenan t la proie au n o m b r e total des intest ins contenant de la nour r i t u re ; les intest ins vides ne sont pas pr is en compte ;

b ) l'abondance relative : r appor t du n o m b r e d ' individus de la proie considérée au n o m b r e total des proies capturées pa r le p réda teur .

Les largeurs des capsules céphal iques ( c e ) , yeux compris , sont regroupées en classes de 0,5 m m p o u r les p r éda t eu r s et de 0,03 m m pour les Chironomides ingérés. Pour les Baetis, nous avons mesuré la largeur de la mandibule droite, moins fragile. La croissance de cet te pièce est i sométr ique pa r r appor t à celle de la largeur de la tê te .

Les corré la t ions en t r e la taille des p r éda t eu r s et celle des proies abondantes (Chironomides et Baetis) ont été calculées à pa r t i r des mesures précédentes et sont présentées sur les figures 1 à 4. La largeur de la capsule céphal ique du p réda teu r est por tée en abscisse. La lar­geur de la capsule céphal ique des Chironomides (fig. 1 et d iagrammes du haut des fig. 2 à 4) et celle de la mandibu le des Baetis (diagram­mes du bas des fig. 2 à 4) sont por tées en ordonnée . Chaque car ré cor respond à un couple (taille du préda teur , taille de la proie) . La sur­face du car ré est propor t ionnel le au n o m b r e des proies (limites des classes pour les nombres de proies : 1-2, 3-6, 7-12, 13-20, etc., voir fig. 1 à 4). Les moyennes des tailles des proies pour chaque classe de taille du p r éda t eu r sont jo intes pa r une ligne. Le n o m b r e des conte­nus intest inaux étudiés pour chaque classe de taille du p réda t eu r (intestins vides non compr i s ) est indiqué pa r un h i s togramme. Pour la figure 1, p a r exemple, nous avons étudié les contenus intes t inaux de 55 Arcynopteryx compacta dont la capsule céphal ique mesure 1 m m de large. Nous y avons t rouvé 9 Chironomides de c e 0,04 m m , 14 Chiro­nomides de c e 0,075 m m , 16 Chironomides de c e 0,11 m m , etc. Sur les figures 2 à 4, la superposi t ion des d iagrammes relatifs aux Chiro­nomides (en h a u t ) et aux Baetis (en bas ) pe rme t de compare r les dis­pers ions des mesures .

Certaines proies sont capturées isolément et d 'autres en masse . Pour les proies abondantes , la d is t r ibut ion des nombres d ' individus

(3) R É G I M E S A L I M E N T A I R E S E T P I È C E S B U C C A L E S 3

présents dans chaque intest in a été comparée à une dis t r ibut ion selon la loi de Poisson (seuils de référence, P = 0,05 et P = 0,01). Compte tenu de no t re matér ie l , les valeurs absolues des écar ts p a r r appo r t à la loi de Poisson n 'ont pas de signification simple mais les différences ent re les espèces consommées peuvent avoir une por tée générale.

Pour les insectes, les noms de taxon util isés désignent des larves. Le te rme de contenu intest inal se réfère à l ' intestin antér ieur , à l 'exclusion des par t ies moyenne et pos tér ieure .

1.2. Arcynopteryx compacta ( M c L a c h l a n , 1872)

A. compacta vit dans la zone l i t torale de cer ta ins lacs, dans les ruis­seaux et to r ren ts de hau te a l t i tude et, plus bas , au voisinage immédia t des sources (Ber t rand et Aubert 1952, 1955, Ber thé lemy 1966 et récoltes ul tér ieures) . Ce s t éno therme d'eau froide est peu exigeant vis-à-vis du couran t et ne présente pas les caractères des Plécoptères adaptés à ce facteur : le corps est cyl indrique, les pa t tes sont allongées et les soies dressées sont abondantes .

Son régime a l imenta i re a été étudié pa r Br inck (1949) et Lavandier 11979 a, b) . Not re matér ie l comprend une centaine de larves de la Vallée d'Aure (1 100-2 300 m) et 119 larves de la source de la Plagne (1 000 m, Couserans) .

Les individus dont l ' intestin an té r ieur est vide forment moins du t iers du total. Beaucoup sont en cours de mue , ent re l 'apolyse et l'exu-viation. Chez Dinocras cephalotes, ce jeûne est compensé pa r un ry thme de cap ture plus élevé aussi tôt après la mue (Malmqvist et S jôs t rom 1980).

Les intest ins an té r ieurs renferment , p o u r la p lupar t , à la fois des mat iè res végétales et des débris animaux. Les végétaux sont seuls pré­sents chez quelques jeunes larves. Ils const i tuent aussi la quasi-totali té du volume des a l iments de cer ta ines larves âgées mais sont alors accompagnés de quelques pet i ts Chironomides . A l 'opposé, d 'aut res individus ne cont iennent que des proies animales . La pa r t pr ise pa r l 'un ou l 'autre de ces deux types d 'a l iments varie selon le lieu ou la date (Lavandier 1979 a, b) . Dans un même prélèvement , il n'y a pas de corréla t ion ne t te en t re la taille des Arcynopteryx et les quant i tés rela­tives des mat ières végétales et animales absorbées .

Les Arcynopteryx consomment des Hydrurus, beaucoup de Diato­mées, des filaments mycéliens et des f ragments de Mousses, d 'Hépati­ques, de Fougères et d 'Angiospermes. Les Diatomées se rencont ren t dans 75 % (La Plagne) et 55 % (Vallée d'Aure) des contenus intest inaux. Elles sont accompagnées de par t icules minérales et de Thécamoebiens (Centropyxis, Difflugia). Le tout a été raclé su r le subs t ra t . Les fila­ments d'Hydrurus, peu morcelés , témoignent d 'un second mode

4 C. B E R T H É L E M Y E T M . L A H O U D (4)

d 'absorpt ion. Aucun intest in ne renferme en grand n o m b r e des frag­m e n t s d 'une m ê m e plante supér ieure . Rien n ' indique que les Arcynop­teryx découpent les feuilles mor tes c o m m e le font les Leuctr idae et les Nemour idae .

Les proies sont variées : Hydracar iens , Harpact ic ides , Ephémérop-tères (Baetis et Rhitrogena), Plécoptères (Protonemura, Capnioneura, Leuctra, Arcynopteryx, Isoperla), Tr ichoptères (Rhyacophila, Aga-petus), Coléoptères ( larves de Limnius), Simulies et su r tou t Chirono­mides . Ces derniers sont p résen t s dans 88 % (La Plagne) et 70 °/o (Vallée d'Aure) des intes t ins con tenan t des débr is animaux. Ils consti­tuen t 73 % (La Plagne) et 86 % (Vallée d'Aure) des proies. La distri­bu t ion des Chi ronomides dans les in tes t ins est contagieuse. Une grande Arcynopteryx en avait ingéré plus d 'une centaine.

Les Ephémérop tè r e s et Plécoptères sont soit ent iers , soit, dans les intest ins des pet i tes larves, représentés pa r des appendices a r rachés . A. compacta peut s ' emparer de proies agiles et des réflexes de cap tu re ont été observés sur le vivant.

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F'IG. 1. — A gauche , re lat ion entre la tail le à'Arcynopteryx compacta (AR) et cel le des Chironomides (C) ingérés ; h i s t o g r a m m e e n bas à droite , n o m b r e s d e s c o n t e n u s in tes t inaux é tud iés p o u r chaque c la s se de tai l le du prédateur (voir texte 1.1., m o d e s d 'express ion des résu l ta ts ) .

La largeur de la capsule céphal ique des Chironomides présente une dis t r ibut ion bimodale , avec u n p remie r m a x i m u m vers 0,1 m m et un second vers 0,25 m m (fig. 1). Ce fait a aussi été observé pa r Lavandier (op. cit.). Comme le suggère Sheldon (1972) p o u r Frisonia picticeps (Hanson, 1942), A. compacta cap ture sélectivement les plus grandes larves et absorbe les plus pet i tes avec le pér iphyton. Beaucoup de Chi-

(5) R É G I M E S A L I M E N T A I R E S E T P I È C E S B U C C A L E S 5

ronomides sont effet t rop pet i ts pour avoir été saisis et ma in tenus par les maxilles et mandibules des grosses Arcynopteryx.

Les Arcynopteryx de la source de la Plagne avaient consommé des adul tes de Tr ichoptères et de Diptères, des Hé té rop tè res te r res t res et des pontes d ' Insectes . En élevage, les larves à'Arcynopteryx se dépla­cent parfois hors de l 'eau pa rmi les mousses humides . Les proies pré­citées mon t r en t qu'il en est de même dans l 'habitat na ture l .

La densi té des Arcynopteryx dans la source est élevée et le canniba­lisme est plus f réquent que chez les au t res p réda teu r s é tudiés ci-dessous. Par contre , les Ephémérop tè re s et les Leuctra, t rès abondan t s d a n s le cours du Lez qui coule à quelques mè t res de la source, sont r a remen t capturés . Au moins en été, les Arcynopteryx, t rès s ténother-mes, ne qui t ten t pas la source pour chasser dans le cours d 'eau princi­pal où elle se je t te .

A. compacta es t donc un omnivore capable de racler le subs t ra t , d'avaler des filaments d'Hydrurus et de cap tu re r des proies . Son régime a l imenta i re est p roche de ceux de Perlinodes aureus (Smith, 1917), Skawala curvata (Hanson, 1942) et Frisonia picticeps. Skwala parallela ( F r i s o n , 1936) para î t plus C a r n i v o r e (Richardson et Gaufin 1971) mais il peut s'agir de différences a l t i tudinales (Knight et Gaufin 1966) ou s a i s o n n i è r e s (Fuller et S tewar t 1977). Megarcys signata (Hagen, 1874) est tan tô t C a r n i v o r e (Knight et Gaufin op. cit.), t an tô t herbivore (Moore 1977). D'une façon générale, les Perlodidae pr imit i fs , les « Arcynopte­ryx » sensu Ricker (1952), consomment à la fois des a l iments végétaux et des proies animales .

1.3. Isoperla acicularis (Despax , 1936)

On trouve dans les Pyrénées une dizaine d'espèces d'isoperla. Cer­taines d 'entre elles ont été dist inguées r écemmen t grâce à l 'é tude des appels sexuels (Berthélemy 1979). Cette révision n 'est pas achevée et nous avons étudié les régimes a l imentai res de deux espèces bien défi­nies, / . acicularis et I. moselyi.

L'aire d'I. acicularis s 'étend à la Péninsule Ibér ique , aux Pyrénées et au Massif Central . Elle est remplacée en I tal ie p a r I. carbonaria Aubert , 1953. Dans les Pyrénées, elle vit dans des cours d 'eau si tués en t re 430 et 2 300 m. E n t r e 800 et 1 500 m, elle cons t i tue une p a r t impor­tante du peuplement en Plécoptères .

Son cycle est annuel . Les pet i tes larves appara i ssen t en au tomne et les derniers s tades se rencont ren t au p r in t emps . Sa pér iode de vol débute plus tôt que celles des au t res Isoperla avec lesquelles elle coha­bi te (/. moselyi, Isoperla sp. d sensu Ber thé lemy 1979 et une ou deux espèces du complexe viridinervis).

Nous avons étudié plus de 300 larves de l 'Orle (700-860 m ) et une

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quaran ta ine de larves récoltées vers 1 200 m dans la Vallée d'Aure. Il n'y a pas de différences significatives ent re les deux échanti l lons.

Le pourcentage des intest ins pleins est supér ieur à 90 % en au tomne et en hiver et s 'abaisse à 75 % au p r in t emps . La p ropor t ion des matiè­res végétales pa r r appor t au volume total du contenu intest inal dimi­nue au cours de la croissance. Elle passe de 0,45 (capsules céphal iques

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FIG 2 — Rela t ion entre la tai l le d'isoperla acicularis (A, à gauche) et d'I. mose­lyi (M, à droite) et cel le des Ch ironomides (C, e n haut) e t des Baetis (B, en bas) ingérés (voir texte 1.1., m o d e s d 'express ion des résu l ta ts ) .

(7) R É G I M E S A L I M E N T A I R E S E T P I È C E S B U C C A L E S 7

larges de 0,5 et 1 m m ) à 0,37 ( c e . 1,5 m m ) puis 0,3 ( c e 2 m m ) et enfin 0,2 ( c e 2,5 m m ) . Cette tendance avait déjà été observée pa r Jones (1950) pour une espèce du complexe grammatica. Les valeurs ci-dessus sont des moyennes. Certains grands individus ont l ' intestin an té r ieur en t iè rement empli d'Hydrurus. Les au t res a l iments d'origine végétale sont des Diatomées, su r tou t chez les j eunes larves ( c e inférieure à 2 m m ) , des filaments mycéliens et des débris isolés de Bryophytes et de p lantes supér ieures .

Les Chironomides const i tuent 60 % des proies capturées . Ils figurent dans 46 % des contenus intes t inaux des larves dont la capsule céphali­que mesure 0,5 et 1 m m et dans 70 % des contenus intes t inaux des larves plus âgées. La dis t r ibut ion des Chironomides dans les in tes t ins est contagieuse et l 'écart pa r r appor t à la loi de Poisson d 'au tan t plus grand que les larves sont plus âgées. Les Chironomides forment des amas sur le subs t ra t et les Isoperla âgées qui rencont ren t de tels amas peuvent consommer une quinzaine d' individus. La taille maximale des Chironomides cap turés augmente avec celle du p réda teu r (fig. 2, en hau t à gauche) . Mais les grandes Isoperla cont inuent à absorbe r beau­coup de pet i ts Chironomides et il n'y a plus de corréla t ion en t re la taille du p réda t eu r e t la taille moyenne des proies p o u r les Isoperla âgées (voir aussi Fahy 1972 pour une Isoperla du complexe gramma­tica).

Les Baetis, Rhitrogena, Leuctra et Nemour idae cons t i tuent respecti­vement 14 %, 10 °/o, 7 % et 3 % des proies . Ils sont déjà cap turés pa r les jeunes Isoperla ( c e 0,5 m m ) mais leur fréquence augmente nette­men t avec l'âge du p réda teur . Chez les grandes Isoperla ( c e 2 m m et plus) , on t rouve des Baetis dans 45 % des contenus intest inaux, des Rhitrogena dans 30 %, des Leuctra dans 20 % et des Nemour idae dans 10 %. Chaque intest in ne renferme en général qu 'une de ces proies , r a remen t deux. Comme chez une Isoperla du complexe viridinervis (Lavandier 1979 a), il y a une corré la t ion en t re la taille du p réda t eu r et celle des Baetis cap turés (fig. 2, en bas à gauche).

Les proies occasionnelles sont des Brachyptera seticornis, Trichop-tères, Dicranota, Simulies, Bléphar icer ides , des nymphes de Diptères ainsi que quelques Harpact ic ides et Oligochètes.

1.4. Isoperla moselyi (Despax , 1936)

I. moselyi est u n endémique pyrénéen. Sa répar t i t ion écologique est proche de celle d'7. acicularis. Sa densi té maximale se si tue à une alti­tude un peu plus élevée. Ces deux Isoperla diffèrent su r tou t pa r leurs cycles. La pér iode de vol d'I. moselyi est plus tardive. La présence de jeunes larves dès le début de cet te pér iode de vol m o n t r e que le dévelop­pement larvaire doit s 'é tendre su r un peu plus d 'une année. L'incuba­tion des œufs de trois au t res espèces d'isoperla du m ê m e groupe dure

8 C. B E R T H É L E M Y E T M . L A H O U D (8)

plus de six mois . La durée d ' incubat ion d'I. moselyi n 'a pas été obser­vée d i rec tement mais la date d 'appar i t ion des jeunes larves m o n t r e qu'il doit en ê t re de m ê m e chez cette espèce.

Nous avons é tudié 143 larves de la Vallée d'Aure (860-2 000 m) et une t ren ta ine de larves de l 'Orle à 860 m.

Le régime a l imenta i re d'I. moselyi est voisin de celui d'I. acicularis. Les mat ières végétales y jouen t le m ê m e rôle. Les Chironomides cons­t i tuent 67 % des proies capturées et leurs tailles p résen ten t la même relat ion avec la taille du p r éda t eu r (fig. 2, en hau t à droi te) . Puis vien­nent les Baetis (fig. 2, en bas à droi te) , les Nemour idae , les Rhitro­gena et les Leuctra.

Les deux Isoperla consomment les mêmes organismes. Mais le déca­lage en t re les cycles se t radu i t pa r une différence des régimes à un m o m e n t donné. Au p r in t emps , les larves âgées d'I. acicularis ingèrent les Chironomides et les Ephémérop tè r e s les plus gros. Au m ê m e moment , les I. moselyi, p lus jeunes , absorbent encore beaucoup d'ali­men t s végétaux et des Chironomides et Ephémérop tè r e s de plus pet i te taille. Au début de l 'été, I. moselyi exerce une pression maximale sur la densi té de ses proies alors qu'7. acicularis est à l 'état d 'adul te ou d'œuf.

Les résul ta ts ob tenus p o u r I. acicularis et I. moselyi s 'appl iquent aux Isoperla du groupe grammatica (Hynes 1941, Jones 1950, Fahy 1972) e t du groupe rivulorum (Kuht re iber 1934, Di t tmar 1955), ainsi qu ' à quelques Isoperla amér ica ines c o m m e I. fulva Claassen, 1937 (Richardson et Gaufin 1971, Fuller et S tewar t 1977). Mais les Isoperla américaines forment un groupe hétérogène dont les régimes alimen­taires sont variés (Shapas et Hilsenhoff 1976) et les pièces buccales beaucoup plus diverses que celles des espèces européennes (Frison 1935).

1.5. Périodes microcephalus (P ic te t , 1842)

Pd. microcephalus vit dans des cours d 'eau variés, depuis la plaine ju squ ' à plus de 2 000 m . Il p rédomine à moyenne al t i tude, en t re les zones habi tées p a r Pd. intricatus (Pictet , 1841), en amont , et Pd. dispar (Rambur , 1842), en aval.

Sa larve peut se développer en moins d 'un an (Hynes 1941, Eliott 1967, Schwarz 1970), ce qui est exceptionnel pour un Plécoptère d'aussi g rande taille. Le cycle total du re un ou deux ans , selon l 'absence ou la présence d 'une d iapause embryonna i re (Berthélemy 1980). A la fin de l 'été, Pd. microcephalus se t rouve à l 'état d'œuf ou de jeune larve, ce qui lui pe rme t de vivre à basse a l t i tude malgré les forts besoins des larves âgées en oxygène dissous (Benedet to 1970).

(9) RÉGIMES ALIMENTAIRES ET PIÈCES BUCCALES 9

Nous avons é tud ié 43 larves de la Vallée d'Aure (460-1 650 m ) et 46 larves du Couserans (430-860 m) .

Les t ro is qua r t s des intest ins an té r i eurs contenaient des a l iments . Cette propor t ion , sans a t te indre la valeur de 94 % indiquée par Jones (1950, sub nom. Pd. mortoni), est supér ieure à celle des Perlidae.

Les mat ières végétales jouen t ici u n rôle moins impor t an t que chez les Arcynopteryx et les Isoperla. Chez un individu, toutefois, elles cons­t i tuent la total i té du contenu intest inal , fait déjà observé par Hynes (1941) chez des exemplaires de Grande Bretagne. Dans plusieurs intes­tins, les Hydrurus, les Ulothricales et su r tou t les Diatomées sont abon­dants . Le raclage du subs t ra t doit ê t re un é lément cons tan t du compor­tement a l imentai re de Pd. microcephalus.

Mais Pd. microcephalus est avant tout un p réda t eu r vorace. Une larve au dernier s tade, pa r exemple , avait absorbé 52 Chironomides , deux Rhitrogena, un Agapetus et une Simulie.

Les Chironomides sont les proies les plus f réquentes (60 à 85 °/o) et les plus abondantes (60 à 75 % ) . Puis viennent les Baetis, p résen ts dans 30 % des contenus intes t inaux et r eprésen tan t 7 % du total des proies , les Rhitrogena, les Leuctra, les Simulies, les Tr ichoptères et les Limoniides. La d is t r ibut ion des Chironomides dans les intest ins est for tement contagieuse ; les au t res proies ne sont présentes qu 'à un ou deux exemplaires dans chaque contenu intest inal .

Comme pour les Isoperla, une corré la t ion en t re la taille des Périodes et celle des Chironomides s 'observe pour les jeunes larves (fig. 3, en hau t à gauche). Compte tenu du faible n o m b r e des mesures , la corré­lation est peu ne t te p o u r les Baetis (id., d i ag ramme du bas ) .

Le régime des Pd. microcephalus pyrénéens est voisin de celui des exemplaires de la m ê m e espèce étudiés pa r Hynes (1941), Jones (1950), Di t tmar (1955) et Mackere th (1957). Dans no t re matér ie l , qui com­prend beaucoup de jeunes larves (fig. 3, h i s togramme en bas à gau­che), les Chironomides sont plus abondan t s et les Ephémérop tè res plus ra res que dans celui des au teu r s b r i t ann iques .

REMARQUE

Le contenu intest inal d 'une dizaine de Pd. intricatus cap turés ent re 1 700 et 2 100 m dans la Vallée d'Aure ent re dans le cadre des var ia t ions observées chez Pd. microcephalus. Il en est de m ê m e des Périodes étudiés p a r Grau (1926), qui no te aussi que les Diatomées sont plus abondantes dans les intest ins des Périodes que dans ceux des Perl idae.

10 C. B E R T H É L E M Y E T M . L A H O U D (10)

1.6. Perla marginata (Panzer, 1799)

P. marginata vit dans les mêmes l imites al t i tudinales que Périodes microcephalus. E n hau te montagne , elle est absente des cours d 'eau

(11) R É G I M E S A L I M E N T A I R E S E T P I È C E S B U C C A L E S 11

les plus froids. Dans la par t ie aval des rivières, elle est progress ivement remplacée par P. burmeisteriana Claassen, 1936.

Le cycle des Perla et Dinocras s 'étend sur trois ans . Le développe­men t embryonna i re s'effectue sans diapause et dure deux à trois mois . Pendant les trois qua r t s de l 'année environ, des larves appa r t enan t à t rois cohor tes successives se t rouvent ensemble . Les changements de régime a l imenta i re a u cours de la croissance pe rme t t en t ici une meil­leure uti l isat ion des ressources .

Nous avons étudié une dizaine de larves de la Vallée d'Aure ( 1 000-1 500 m) , une quaran ta ine du Couserans (460-860 m ) e t une cinquan­taine de larves cap turées en m a r s dans le Volp à 460 m.

L' intest in de p r è s de la moit ié des individus était vide. Aucune larve n'avait absorbé que des mat ières végétales. Les quelques fragments d'algues et de mousses présents avaient pu ê t re avalés lors de la cap­tu r e des proies . D'après Schwermer (1914) et Di t tmar (1955), les lar-vules de P. marginata sont herbivores . Il en est de m ê m e chez P. burmeisteriana, d 'après s â m a l (1923) et de Perl idae non identifiés spécifiquement d 'après Schoenemund (1912). Les plus pet i tes larves de no t re matér ie l ( c e . 1 m m ) étaient déjà carnivores .

Chez les jeunes larves ( c e . 1 à 2 m m ) , les Chironomides sont pré­sents dans 80 % des contenus intest inaux et const i tuent 60 % du total des proies . Ces deux pourcentages d iminuent de moit ié chez les Perla âgées qui consomment aussi beaucoup de Baetis et de Simulies. Dans l 'échantil lon du Volp, les Brachyptera risi (Morton, 1896) ingé­rées sont p resque aussi nombreuses que les Chironomides . Ces Bra­chyptera sont des « pha ra t e adul ts », en t re l 'apolyse et l 'exuviation (Hinton 1946), ce qui les rend t rès vulnérables . Pa r tou t ail leurs, le nombre des Brachyptera cap turées pa r les Perlodidae et Perl idae est bien inférieur à celui des Chironomides et des Baetis, et cet te diffé­rence reflète l 'abondance relative de ces t rois taxons dans le milieu.

La dis t r ibut ion des Baetis, des Chironomides et des Simulies dans les in tes t ins est contagieuse. L'écart pa r r a p p o r t à la loi de Poisson est minimal pour les Baetis et maximal pour les Simulies, qui vivent en amas et sont « broutées » pa r les Perla. Les Simulies sont su r tou t consommées par les larves âgées et il n 'y a pas de corréla t ion en t re la taille du p réda t eu r et celle des proies . Cette corrélat ion, pa r contre , est significative pour les Chironomides et hau temen t significative pour les Baetis {fig. 3, à droi te) .

1.7. Perla grandis Rambur , 1842

P. grandis est abondan te dans les cours d 'eau froids, jus te au-dessous de la zone habi tée p a r Arcynopteryx compacta. Elle coexiste plus b a s avec P. marginata puis d isparaî t plus tôt que cet te dernière vers la

12 C. B E R T H É L E M Y E T M . L A H O U D (12)

plaine. P. bipunctata Pictet, 1833 remplace P. grandis dans les grandes rivières.

Nous avons étudié 77 larves du Couserans (700-1 000 m) , 200 de l 'Espiaube (815-1 480 m) et une quaran ta ine de larves p rovenan t d 'au t res cours d 'eau de la Vallée d'Aure. Lavandier (1979 a) a examiné le contenu intest inal d 'une centa ine de larves récoltées dans u n tor­ren t de haute a l t i tude.

L' intestin des deux t iers des individus contenai t des a l iments . Les mat ières végétales sont présentes chez 10 % d 'entre eux, à tous les âges. Ce sont des Hydrurus, des Diatomées, des filaments mycéliens et des débris de mousses et de végétaux supér ieurs , c o m m e chez les Perlodidae mais en moins grande abondance . Ces mat ières végétales sont parfois seules présentes chez les jeunes larves ( c e . 1 m m ) mais chez les larves âgées il s'agit su r tou t d 'absorpt ion accidentelle, avec des proies. En l 'absence de ces dernières , les grands Perl idae ne con­somment pas d e plantes (Mertens 1923). Les Perla bipunctata exami­nées pa r Hynes (1941 sub nom. P. carlukiana) const i tuent une excep­tion non confirmée pa r Jones (1949), pour la m ê m e espèce.

Chez les pet i tes P. grandis ( c e inférieure à 3 m m ) , les Chirono­mides sont p résen ts dans 50 % des contenus intes t inaux et forment un peu plus de 50 % du total des proies ingérées. Chez les P. grandis de taille supér ieure , leur fréquence n 'est plus que de 30 à 45 % et leur abondance de 20 à 30 %. Ils sont alors dépassés pa r les Baetis (fréquence 60 à 80 °/o, abondance 30 à 50 %) et, p o u r les P. grandis p rovenant de l 'Espiaube, pa r les Simulies.

Un m ê m e intest in peut renfermer une vingtaine de Chironomides ou une dizaine de Simulies ou de Baetis. La d is t r ibut ion de ces proies dans les in tes t ins est contagieuse et, c o m m e chez P. marginata, l 'écart pa r r appor t à la loi de Poisson est maximal pour les Simulies.

La corréla t ion ent re la taille du p réda t eu r et celle de ses proies est p lus marquée pour les Baetis (fig. 4, en bas à gauche) que pour les Chironomides (id., en hau t à gauche).

Des Heptageni idae, Nemour idae et Leuctr idae sont régul ièrement ingérées tout au long de la croissance larvaire et chacune de ces t rois familles représen te de 5 à 15 % du total des proies .

Les au t res cap tures sont occasionnelles : Thécamoebiens , Oligochè-tes, Brachyptera seticornis, Isoperla, Chloroperla breviata, Siphono-perla torrentium, Rhyacophila, Philopotamus, Elmis, Liponeura, Dicra-nota, Hexatoma, nymphes de Tr ichoptères et de Diptères .

(13) R É G I M E S A L I M E N T A I R E S E T P I È C E S B U C C A L E S 13

• 7 - 1 2

O 0,3

• 1 3 - 2 0 • 2 1 - 3 0

C

5 mm 0 • mm

5 mm 0 5 mm

|"40 L.

ÎG. 4. — Rela t ion en tre la tail le de Perla grandis (G, à gauche) et de Dinocras cephalotes (D, à droite) et cel le des Ch ironomides (C, en haut) et des baetis (B, e n bas) ingérés (voir texte 1.1., m o d e s d 'express ion des résu l ta ts ) .

1.8. Dinocras cephalotes (Cur t is , 1827)

L'habi ta t de D. cephalotes cor respond à peu près à la somme de ceux de Perla marginata et de P. grandis. D. cephalotes, toutefois, est

14 C. B E R T H É L E M Y E T M . L A H O U D (14)

moins fréquente que cette dernière dans les ruisseaux froids et elle est absente des cours d 'eau dont le fond n'est pas assez stable pour p e r m e t t r e l ' installation des mousses .

Nous avons é tudié 200 individus du Couserans (430-1 080 m ) et 400 de la Vallée d'Aure (800-2 300 m). Les deux t iers des intes t ins conte­naient de la nour r i tu re .

Les mat ières végétales sont présentes dans 10 à 15 % des con tenus intest inaux et ne forment la total i té de ce contenu que chez 3 % des jeunes larves ( ce . 0,5 et 1 m m ) . Cette présence des végétaux avait été signalée pa r Grau (1926), Percival e t Whi tehead (1929), Hynes (1941), Br inck (1949) et Chisholm (1962) et, p o u r Dinocras megacephala (Kla-pâlek, 1907) par Mouthon et Verneaux (1979). Les végétaux ingérés sont les mêmes que chez P. grandis, avec une plus grande abondance d'Ulo-thricales et de débris de Bryophytes liée au carac tère plus muscicole des Dinocras.

Les débr is an imaux prédominen t toutefois dans les contenus intes­t inaux dès les s tades jeunes . En élevage, les larvules de s tade I I s'atta­quent les unes les au t res et les an tennes de beaucoup d' individus sont sectionnées. Nous n 'avons pas observé de telles t races de cannibal isme chez des P. marginata du même s tade placées dans les mêmes condi­t ions.

Les Chironomides sont présents dans 70 % des contenus intest inaux des jeunes larves ( c e 0,5 et 1 m m ) et ils forment alors 70 % des proies ingérées. Ces deux pourcentages s 'abaissent régul ièrement au cours de la croissance ju squ ' à 30 % (fréquence) et 17 % (abondance) chez les larves dont la capsule céphal ique dépasse 4 m m de large. La fré­quence et l 'abondance des Baetis var ient en sens inverse. La p remiè re passe de 28 à 64 % et la seconde de 22 à 40 % p o u r les catégories de tailles préci tées . Comme l 'avaient noté Schoenemund (1912, 1924 et 1925) et Grau (1926), les Perl idae âgés consomment sur tou t des Ephé­mérop tè res .

Les Simulies e t les Leuctra sont moins f réquemment capturées pa r les Dinocras que par les Perla. Il en est de m ê m e des Heptageni idae ( su r tou t Rhitrogena), ra res dans les contenus in tes t inaux des j eunes Dinocras. A l 'opposé, les Dinocras consomment plus d 'Hydracanens , de Rotifères e t de larves â'Elmis et, p o u r les larves âgées, de Trichop-tères . Ces différences en t re les régimes des Perla et des Dinocras sont liées, là encore, au fait que les secondes vivent plus volontiers dans les mousses .

Comme chez les Perla et chez D. megacephala, la corréla t ion en t re la taille du p réda teu r et celle des proies est plus m a r q u é e pour les Baetis que p o u r les Chironomides (fig. 4, à droi te) . Enfin, la distribu­t ion de ces proies dans les in tes t ins est contagieuse, avec u n plus fort

(15) R É G I M E S A L I M E N T A I R E S E T P I È C E S B U C C A L E S 15

écart pa r r appor t à la loi de Poisson pour les Chironomides que pour

les Baetis.

1.9. Discussion

La pa r t pr ise p a r les mat ières végétales dans les régimes alimen­taires décroî t dans la série Arcynopteryx - Isoperla - Périodes - Perla e t Dinocras. Elle d iminue au cours de la vie larvaire des Isoperla et, d 'après les données bibl iographiques , au cours de la p remiè re année du cycle des Perla et des Dinocras.

Les jeunes larves cap tu ren t sur tout de pet i ts Chironomides . Au cours de la croissance des p réda t eu r s , la taille maximale des Chirono­mides ingérés augmente chez toutes les espèces. Leur taille moyenne, p a r cont re , ne var ie pas chez les Arcynopteryx, elle augmen te puis a t te int un palier chez les Isoperla e t enfin croît pendan t toute la vie larvaire des Perla et Dinocras. Chez ces derniers , les individus âgés délaissent les pet i ts Chironomides au profit de proies plus grosses (Simulies, Baetis, Rhitrogena, Tr ichoptères , etc.). Malgré des fluctua­t ions saisonnières, le pourcentage des Chironomides diminue aussi au cours de la croissance de deux Perlidae américains , Claasenia sabu-losa (Banks , 1900) et Hesperoperla pacifica (Banks, 1900), d 'après les graphiques de Fuller et S tewar t (1977). Calineuria californica (Banks , 1905), de même , sélectionne les proies les plus grosses (Siegfried et Knight 1976).

Pour les Baetis, la corréla t ion en t re la taille des pro ies et celle des p réda teu r s est toujours plus net te que pour les Chironomides (fig. 2 à 4, voir aussi Mouthon et Verneaux 1979). Une même oppo­sition s 'observe en t re les Ephémérop tè res et les Diptères cap turés pa r Calineuria californica d 'après Sheldon (1969), ainsi que pour u n Plécoptère néo-zélandais (Winte rbourn 1974). Cette relat ion est accen­tuée su r les d iagrammes basés sur les mesures des pièces buccales ou des griffes ca r les j eunes p r éda t eu r s n ' ingèrent pas tou jours le thorax et la tête de leurs proies (Malmqvist et S jos t rôm 1980). Mais les gros abdomens de Baetis t rouvés seuls dans les con tenus intesti­naux ne sont pas assez nombreux pour infirmer nos résul ta ts . Les j eunes Baetis échappent aux grosses larves carnivores, ce que ne peu­vent faire des Chironomides pr is au sein du pér iphyton.

Rien n ' indique que les Plécoptères carnivores se spécialisent dans la cap tu re d 'une proie privilégiée (Schoenemund 1924, 1925, Hynes 1941, Sheldon 1972) mais la diversi té de leurs cycles et de leur localisation dans les cours d 'eau en t ra îne des différences dans leurs régimes ali­menta i res . Presque tous les an imaux benth iques sont consommés . Les Planaires sont les seules formes abondantes dans les cours d 'eau que nous n 'avons pas p u identifier avec cer t i tude dans les contenus intes­t inaux mais elles peuvent aussi servir de proies aux Plécoptères (Min-

16 C. BERTHÉLEMY ET M. LAHOUD (16)

shall et Minshall 1966). Les formes les plus sous-représentées sont les Coléoptères (Elmidae et Hydraenidae) et les Tr ichoptères à fourreau. Dans les eaux courantes , leur cuirasse et leur ferme accrochage au subs t ra t const i tuent un mode de défense plus efficace que l'agilité des Baetis. Ce phénomène , t rès général , a aussi é té observé en Nouvelle-Zélande (Devonport et Win te rbourn 1976).

REMARQUE

Nous avons t rouvé des Grégarines dans les intest ins de toutes les espèces à l 'exception de Perla marginata qui, d 'après Schwermer (1914), peut aussi en héberger . Out re Schwermer , de nombreux au teurs ont signalé la présence de Grégarines chez les Per lodidae et Perl idae (Schoenemund 1924, Grau 1926, Kùht re ibe r 1934, Baudouin et Mouthon 1976 qui ci tent en ou t re Desportes 1963 et Geus 1969).

2. — C O M P A R A I S O N DES PIECES BUCCALES

Les pièces buccales des Perlodidae e t Perlidae européens ont été figurées avec plus ou moins de précision pa r p lus ieurs au teu r s (Neeracher 1910, Kiihtreiber 1934, Hynes 1941, Br inck 1949, 1952, etc.). Br inck (1949) a comparé l 'appareil buccal d 'un Plécoptère Carnivore à celui d 'un herbivore et Chisholm (1962) a précisé le fonct ionnement de cet apparei l chez Dinocras cephalotes. Pour no t re par t , nous avons recherché si les espèces étudiées ici p résenta ien t des différences liées aux régimes a l imentai res .

2 .1 . Labre et hypopharynx

Le bo rd an té r ieur du labre présente une saillie médiane peu scléri-fiée (pre-labrum de Chisholm 1962) qui est couverte de micro t r iches et, chez les Arcynopteryx, de format ions cut iculaires en forme de peignes à dents allongées. La taille de cet te saillie es t maximale chez les Arcy­nopteryx et minimale chez les Perl idae (fig. 5).

Chez toutes les espèces, la face in te rne du labre est garnie de soies latérales. Chez les Arcynopteryx, l 'aire médiane compr ise en t r e ces soies est tou t ent ière couverte de micro t r iches , à l 'exception de deux paires de pet i ts cercles où sont insérées quelques sensilles. L 'ensemble se poursu i t au plafond de la cavité buccale.

Chez les Isoperla e t les Périodes, les micro t r iches ne forment plus que deux plages latérales parfois soudées en avant . Chez les Perla et Dinocras. les p remie r s micro t r iches n 'appara issent qu'au-delà du labre . L'aire médiane est a lors par t ie l lement envahie pa r les soies latérales dont les pointes , or ientées vers l 'arr ière, empêchen t les par t icules

(17) RÉGIMES ALIMENTAIRES ET PIÈCES BUCCALES 17

FIG. 5. — Face interne d u labre de larves au dernier s tade (exempla ires pyré­néens ) . — a : Arcynopteryx compacta (cf). — b : Isoperla acicularis ( î ) . — c : Périodes microcephalus (tf). — d : Perla grandis (d). A droi te e n point i l l é , l imite des aires d' insert ion des microtr i ches . Le trait hor izonta l c o r r e s p o n d à 2 m m .

al imentai res d 'ê t re re je tées à l 'extérieur p a r les mouvements des pièces buccales .

Le lobe médian de l 'hypopharynx est couvert de micro t r iches . Comme la saillie an tér ieure du labre, ce lobe est t rès développé chez

18 C. BERTHÉLEMY ET M. LAHOUD (18)

les Arcynopteryx et rédui t chez les Perl idae (fig. 6). Chez ces derniers , II est é troi t et dépassé vers l 'avant pa r les paraglosses, ce qui peu t faciliter le maint ien des proies .

F?c. 6. — Face externe de l 'extrémité du l a b i u m et de l 'hypopharynx de larves au dernier s tade (exemplaires pyrénéens ) . — a : Arcynopteryx compacta (à). — b : Périodes microcephalus (d). — c : Perla grandis (cf) . — d : Isoperla acicu­laris ( ? ) . — 1. : l imite prox imale de la surface externe de l 'hypopharynx cou­verte de microtr i ches . Le trait hor izontal c o r r e s p o n d à 1 m m .

Les surfaces couvertes de microt r iches régressent donc dans la série Arcynopteryx - Isoperla et Périodes - Perl idae. Cette régression est en relat ion avec la pa r t de plus en plus rédui te prise pa r les ali­ments raclés sur le subs t ra t .

2.2. Mandibules

Les dents de chaque mandibu le forment un groupe apical et un groupe subapical (fig. 7). Chez les Isoperla, chaque groupe compor te t ro is dents , une ventrale, une moyenne et une dorsale . Sur la man­dibule droi te à'Arcynopteryx compacta, la dent dorsale du groupe apical ne const i tue qu 'une saillie de la dent moyenne. Il en est de même chez Isogenoides zionensis Hanson, 1949 ( B a u m a n n 1973). Chez les Périodes et les Perl idae, cet te dent est absente et le groupe apical de la mandibu le droi te ne comprend que deux dents , et non trois c o m m e l ' indique Chisholm (1962).

(19) RÉGIMES ALIMENTAIRES ET PIÈCES BUCCALES 19

FIG. 7. — Mandibules de larves au dernier s tade (exempla ires pyrénéens ) . — a, b, c, d : Arcynopteryx compacta (d). — e, f, g : Isoperla acicularis ( ¥ ) . — h, i, j : Périodes microcephalus (rf). — k, 1, m, n : Perla grandis (d). — a, e, h, k : face ventra le de la m a n d i b u l e droi te . — b , f, i, 1 : face dorsa le de la m a n d i b u l e gauche. — c, g, j , m : face méd ia l e de la m a n d i b u l e gauche (en t irets , l imite de l'aire d' insert ion des so ies méd ia l e s ) . — d, n : dents de la m a n d i b u l e gauche v u e s par la po inte . Le trait vert ical c o r r e s p o n d à 2 m m .

20 C. BERTHÉLEMY ET M. LAHOUD (20)

Chez les Arcynopteryx et les Isoperla, les pointes des dents sont disposées dans plus ieurs plans et doivent s 'enfoncer dans les proies lorsque l 'animal r approche l 'une de l 'autre les ext rémités de ses deux mandibules . Chez les Périodes et su r tou t les Perl idae, les dents sont p re sque alignées les unes der r iè re les au t res en une crête aiguë et le m ê m e mouvement en t ra îne un cisail lement des a l iments (Br inck 1949, Chisholm 1962). Cette évolution rappel le celle des molaires des Mam­mifères Carnivores.

REMARQUES

Du côté ventral , on t rouve à la base des dents subapicales un fais­ceau de microt r iches ou un amas de tubercules (fig. 7 et fig. 14 in B a u m a n n 1973). D'après leur posi t ion pa r r appo r t aux dents et aux soies, ces format ions sont des vestiges de la région molaire des Plé­coptères herbivores . C'est à leur niveau que les mandibules des Pér­iodes se sont allongées pa r r appor t à celles des au t res genres .

D'autre par t , Neeracher (1910) et Hynes (1941) figurent deux ran­gées de soies sur la face ventrale de la mandibule de Dinocras cepha­lotes, en plus de la rangée médiale. E n réali té, les Dinocras ne diffè­ren t pas des Perla à cet égard (Brinck 1952). Chaque mandibule por t e

— une rangée de longues soies insérées près du bord médial , légère­m e n t du côté ventral ,

— une rangée ventrale al lant de la base des dents apicales à l 'angle in terne de la mandibule ,

•— une rangée dorsale à peu près parallèle aux deux précédentes mais si tuée au niveau des dents subapicales.

2.3. Maxi l les ( f i g . 8)

Les proies sont saisies grâce aux maxilles (Schoenemund 1924, Chisholm 1962 et observat ions personnel les) et non p a r les mandibu­les comme l ' indiquent Claire et Phillips (1968).

Les lacinias des Arcynopteryx et des Isoperla ont des p ropor t ions voisines. Chez les Périodes, la butée anguleuse in terne située à la base des dents a d i sparu et tou te la lacinia peu t s 'enfoncer dans les proies . Chez les Perl idae, les dents sont t rès incurvées vers l ' intérieur et leur longueur représente à peu près la moit ié du bord externe, au lieu du t iers chez les Isoperla. Pour les maxilles, l 'adaptat ion à un régime plus s t r ic tement C a r n i v o r e s'est donc effectuée de façon différente dans l a lignée des Périodes et dans celle des Perlidae.

REMARQUE

La dent subapicale est ar t iculée non seulement chez les Perl idae (Hynes 1941) mais aussi chez Arcynopteryx compacta.

(21) RÉGIMES ALIMENTAIRES ET PIÈCES BUCCALES 21

FIG. 8. — Lacinias de larves au dernier s tade (exempla ires pyrénéens ) . — a b : Arcynopteryx compacta (d). — c, d : Isoperla acicularis ( ¥ ) . — e, f : Périodes microcephalus (d). — g, h : Perla grandis (d). — a, c, e, g : face ventra le de la lacinia droite . — b , d, f, h : face dorsa le de la lacinia gauche . Sauf sur les f igures e et f, l es so ies insérées sur la face non figurée ne sont p a s représentées , m ê m e si leur ex trémi té d é p a s s e le contour . Le trait vert ical c o r r e s p o n d à 1 m m .

22 C. BERTHÉLEMY ET M. LAHOUD (22)

2.4. Conclusion

Les larves et adul tes des Plécoptères sont pr imi t ivement phytopha­ges. La s t ruc tu re des pièces buccales et le compor t emen t sont peu modifiés pa r la mue imaginale. L'adulte prélève des Protococcales ou des débris d'écorce ou de lichens en milieu t e r res t re comme la larve ingérait le pér iphyton ou des f ragments de feuilles mor tes en milieu aqua t ique .

La nut r i t ion d'un p réda t eu r ne pour ra i t ê t re la m ê m e dans ces deux milieux et bien peu de proies seraient à la por tée d 'un Plécoptère adul te C a r n i v o r e . Le besoin de s 'a l imenter dans l 'eau et dans l'air l imite ainsi les possibili tés évolutives. D'après le schéma phylogéni-que de Zwick (1973), cette cont ra in te a d isparu chez les Arctoperiar ia avant que les larves ne s 'adaptent à la prédat ion .

Les Pteronarcyidae et les Pel toperl idae n 'ont franchi qu 'une pre­mière é tape. L'adulte n 'absorbe plus d 'a l iments solides et ses pièces buccales sont peu sclérifiées. Chez la larve, ces pièces ont conservé une s t ruc tu re pr imit ive et le régime est res té sur tou t phytophage (Mut-towski et Smi th 1929, Fr ison 1935, Elwood et Cushman 1975, Shapas et Hilsenhoff 1976, Fuller et S tewar t 1977, etc.), malgré des cap tures occasionnelles de proies pa r Pteronarcella badia (Hagen, 1874) d 'après Richardson et Gaufin (1971) et Peckarsky (1980).

Les larves des Perloidea primit ifs , comme les Arcynopteryx, ont fait un pas de plus et se sont adaptées à u n régime plus C a r n i v o r e . La tête est devenue progna the , les dents des mandibules et su r tou t des maxilles se sont allongées. Les microt r iches , encore nombreux , facili­tent l 'absorpt ion du pér iphyton mais aux pet i ts an imaux ingérés avec celui-ci se joignent des proies plus grandes capturées act ivement . Cette tendance évolutive s'est accentuée chez les Périodes qui satisfont la p lus grande par t i e de leurs besoins nutr i t i fs grâce à la prédat ion . Dans une au t re lignée, les Perla et Dinocras sont, sauf aux tou t pre­miers s tades, des carnivores str icts avec des maxilles en croc et des mandibules coupantes .

TRAVAUX C I T E S

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