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Regional Forum Dakar + 5; L'Acquisition des …unesdoc.unesco.org/images/0013/001399/139954fo.pdf · Le cas du Maroc Dakar, ... Programme des entreprises : ... Asseoir des dispositifs

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L’acquisition des compétences en alphabétisation

Le cas du Maroc

Dakar, juin 2005

Table des matières

Résumé exécutif 5

1 Etat de l’analphabétisme au Maroc : 7

2 Rappel historique : 9

3 Contraintes des programmes antérieurs : 10

3.1 Au niveau des contenus : 10

3.2 Au niveau de la gestion des prograrmes : 11

L’alphabétisation des adultes au Maroc : stratégie et programmes actuels

-

4 11

4.1

4.2

4.3

4.4

4.5

Quelques éléments qualifiant l’alphabétisation au Maroc de bonne pratique : 11

Stratégie et programmes actuels : 13 4.2.1 Objectifs stratégiques : 13

4.2.2 Axes de mise en oeuvre : 14

Modalités de mise en œuvre et intervenants dans le système : 16

4.3.1 Au niveau de l’organisation des cours (les programmes mis en place) : 16

4.3.2 Au niveau dcs contenus d’apprentissage (programmes pédagogiques) : 18 4.3.3 Au niveau du suivi et de l’évaluation : 20

4.3.4 Au niveau du financement : 22

Appréciation de l’expérience : 23

Leçons et recommandations 26

4.5.1 Leçons 26 4.5.2 Recommandations . 27

- .

Résumé exécutif

Les données’ officielles disponibles sur l’état de l’analphabétisme au Maroc affichent un taux global d’analphabétisme de 48% chez la population âgée de 10 ans et plus, 62% chez les femmes (83% en milieu rural) et 34% chez les hommes. Le milieu rural reste le plus touché avec un taux de 67% contre 34% en milieu urbain.

Cette situation est une résultante de trois facteurs essentiels : La poussée démographique que le pays a connu depuis les 4 dernières décennies ce qui a induit une augmentation sensible de la masse des personnes analphabètes malgré la baisse du taux d’analphabétisme ; La non généralisation de la scolarisation et les faibles taux de rétention scolaire, ce qui a conduit à une alimentation continue du stock des analphabètes ; L’échec des programmes et des opérations menées en matière d’alphabétisation antérieurement à cause de plusieurs contraintes cités ci-dessous.

Pour remédier à cette situation, les pouvoirs publics au Maroc ont mené en 1994 sous l’égide de la banque mondiale, une étude d’évaluation des programmes d’alphabétisation. L’évaluation a porté essentiellement sur la campagne générale d’alphabétisaiion lancée annuellement à partir de l’année mondiale d’alphabétisation (1990).

Cette étude a conclu que prés de 70 % des personnes inscrites aux cours d’alphabétisation ne poursuivaient pas leur formation jusqu’à la fin et le rendement des programmes dans son entier ne dépassait guère 2 %. Ces résultats démontrent que cette campagne souffrait de plusieurs contraintes dont notamment : - au niveau des contenus d’apprentissage : les manuels d’alphabétisation n’étaient

pas diversifiés en fonction des spécificités des populations visées et ne tenaient pas compte de leurs besoins réels en apprentissage ; l’organisation des cours d’alphabétisation était calquée sur un rythme et une pédagogie scolaires ; l’absence d’une culture d’objectifs et d’évaluation des programmes ; l’absence d’opérateurs potentiels et faible mobilisation des composantes de la société civile ; la très faible coordination entre les différents intervenants due à l’absence jusqu’en 1997, d’un organe institutionnel qui peut assurer cette fonction et jouer le rôle de donneur d’ordres à tous les acteurs concernés. la faiblesse des moyens financiers, humains ct logistiques mobilisés pour la réalisation des programes d‘alphabétisation.

- - - -

-

En novembre 2002, un secrétariat d’Etat Chargé de l’alphabétisation et de 1’Education Non Formelle a été créé. Une nouvelle stratégie s’inspirant des directives de la charte nationale d’éducation et de formation a été mise en place. Cette stratégie s’articule autour des axes suivants :

’ Enquête nationale sur ICs niveaux dc vies des ménages ; Direction de la Statistique ; 1998/1999 -

5

la mise en place d’un système d’information pour la gestion, le suivi et l’évaluation des programmes d’alphabétisation et d’éducation non formelle ; la promotion et le renforcement du partenariat notamment avec les composantes de la société civile ; l’adoption du parrainage comme un nouveau mode de prise en charge et de financement des programmes d’alphabétisation pour alléger les coûts supportés par le budget de 1’Etat ; l’adoption d’une bonne organisation institutionnelle capable de planifier, suivre et évaluer les programmes d’alphabetisation et mise en place d’organes nationale et provinciale de coordination et de concertation avec tous les intervenants ; l’amélioration des contenus des programmes pédagogiques de façon à les rcndre plus fonctionnels, répondant le mieux aux besoins du public cible ; la mobilisation de toutes les forces vives du pays autour des programmes d’alphabétisation (les secteurs public, privé et de la société civile) ; la mise en place d’un dispositif solide de suivi, d’évaluation, d’audit et de contrôle ; l’intégration des actions d’alphabétisation dans tous les programmes de lutte contre la pauvreté et de développement social.

-

Pour traduire ces axes d’intervention, quatre programmes distincts ont été mis en œuvre : - programme général : réalisé via les structures et’moyennant l’encadrement du

département de l’éducation nationale ; Programme des opérateurs publics : en partenariat avec tous les ministères et établissement publics intervenant dans le domaine ; Programme de la société civile : vaste programme de soutien aux ONG sur la base d’un partenariat conventionnel ; Programme des entreprises : étape préalable à la formation continue en entreprise, réalisé en partenariat avec les entreprises et les associations professionnelles et les syndicats.

- - -

Ces programmes ont permis d’améliorer sensiblement les rendements des actions d’alphabétisation et une augmentation sensible des inscrits aux cours d’alphabétisation.

Les principales leçons et recommandations 2 retenir de l’expérience marocaine sont les suivantes : - Adopter une approche d’intervention spécifique au contexte du public cible et à

la nature des programmes en question. La déconnexion des programmes d’alphabétisation des adultes du rythme et de la pédagogie scolaire et la diversification des programmes offerts en fonction des spécificités culturelles, linguistiques et des caractéristiques socio démographiques et socioéconomiques des populations ciblées pourraient améliorer sensiblement 1’ attraction des programmes et par conséquent diminuer les niveaux d’analphabétisme ; Sortir d’une logique de programmes à “organisation unique” (horaires, salles, durée d’apprentissage ...) en faveur d’une logique où le centre d’intérêt serait l’apprenant lui-même. Par conséquent, c’est le public cible qui devient maître de

-

6

sa décision en fonction de son vécu quotidien. Ceci renforcera la rétention des apprenants jusqu’à l’achèvement des cours ; Mobiliser toutes les composantes de la société : pouvoirs publics (infrastructures d’accueil et encadrement) ; société civile (système de partenariat conventionnel) et le tissu économique privé (accompagnement dans le processus de mise 2 niveau) ; Mettre en place un système d’information pour la gestion des programmes d’alphabétisation, défini sur la base d’indicateurs mesurables. La communication entre les intervenants revêt un caractère essentiel pour le fonctionnement de ce système. Sans ce système, aucun dispositif de suivi et d’évaluation ne peut fonctionner ; Asseoir des dispositifs de collecte de données et de mesure des niveaux d’alphabétisation, basés sur une méthodologie commune permettant la comparabilité entre pays et la production d’indicateurs plus consistants. Le Maroc s’est engagé dans cette voie en participant à la phase pilote du projet LAMPKJNESCO (Literacy Assesment and Monitoring Programme). Accorder i la formation des ressources humaines une priorité dans l’exécution des programmes. Le rôle de l’éducateur est primordial dans un cours d’alphabétisation. Lui seul est capable d’assurer la persévérance des apprenants et créer au fond d’eux une admiration des cours. Les techniques utilisées doivent permettre aux apprenants adultes de s’épanouir dans le processus d’ apprentissage. Mettre en place des structures de concertation et de partage d’expériences entre tous les intervenant. Ces structures vont assurer une parfaite coordination entre les acteurs et par conséquent, l’unification de la stratégie d’intervention. Favoriser la mobilisation des ressources locales et la formation des acteurs de la société civile en matière d’élaboration de projet pour la recherche de financements autres que le budget de 1’Etat.

-

-

-

-

-

-

Années Taux d’analphabétisme (En %)

1 ETAT DE L’ANALPHABETISME AU MAROC

1960 1971 1982 1994 1998

87 75 65 55 48

Le taux d’analphabétisme qui constitue l’indicateur central de mesure de l’analphabétisme est calculé auprès de la population âgée de 10 ans et plus à partir des recensements généraux des populations et des enquêtes menées auprès des ménages (consommation des ménages ; niveaux de vie des ménages ; Enquêtes Emploi). Le tableau ci-après dresse l’évolution de cet indicateur depuis 1960.

Population analphabète (en millions)

Tableau 1 : Evolution de du niveau d’analphabétisme de la population âgée de 10 ans et plus

626 7’7 9’3 10 11

7

- Enquête Nationale sur les Niveaux de Vie des Ménages 1998/1999; Direction de la Statistique, Rabat, Maroc

Cette situation cache d’énormes disparités entre sexes et milieux de résidence. En effet, l’analphabétisme touche les femmes dans une proportion très élevée par rapport aux hommes, notamment en milieu rural comme le démontre le tableau suivant :

Sexe

Homme Femme Total

Tableau 2 : Taux d’analphabétisme par sexe et milieu de résidence

Milieu de résidence et date Urbain Rural Ensemble

1990/91 1998/99 1990/91. 1998/99 1990/91 1998/99 23.5 2 1: 54.7 49.9 39.5 33.8 48.6 . 45.5 87.2 83 68.3 61.9 36.7 33.7 71.8 66.9 54.7 48.3

Taux d’analphabétisme en 1998 (%) Tranche d’âges

10-14 ans 25’3 15-24 ans 35.7 25-44 ans 49.5 145-59 ans 69.0

Sources : Enquêtes sur le niveau de vie des ménages 1990/91 et 1998/99, Direction de la Statistique, Rabat.

Part dans la population analphabète totale

(en %) 7.9 20.1

, 36.8 18.1

L’analyse de cette situation, selon les tranches d’âges, dégage que le niveau d’analphabétisme est une fonction croissante de l’âge. Le tableau n”3 donne le taux d’analphabétisme par tranches d’âge et la proportion de chacune d’elles dans la population analphabète totale.

Tableau 3 : Taux d’analphabétisme par tranches d’âge

60 ans et plus To tal

89.6 17.1 48.3 100’

Sources : Enquêtes sur le niveau de vie des ménages 1990/91 et 1998i99, Direction de la Statistique (Repris du document << Stratégie d’alphabétisation et d’éducation non formelle >>, Secrétariat d’Etat Chargé de I’Alphabédsation et de 1’Education Non Formelle ; Rabat ; septembre 2004)

La cartographie de la population analphabète présente une prédominance de la population âgée de moins de 44% avec une proportion de près de 65%. La concentration de l’analphabétisme au niveau des populations jeunes conduit à un taux très élevé de l’analphabétisme de la population active qui.est de 51’9 % en 1998’. L’analphabétisme s’élève à 44’6% chez les salariés, 37’7% chez les employeurs et 63’8% chez les travailleurs indépendants.

Dircction de la Statistique : Rabat

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Avec un taux de 75’4%’ le secteur d’activité agricole demeure le plus touché. Par contre les sectcurs secondaire et tertiaire atteignent respectivement 45’3% et 30’4%. O n constate chez la population active les mêmes disparités entre les deux sexes. En effet, 70’8% des femmes actives sont analphabètes dont 92’4% sont occupées dans le secteur agricole, contre 40’6% chez les hommes actifs.

La situation de l’analphabétisme au Maroc n’est pas favorable dans le contexte actuel marqué par l’ouverture des marchés après les accords de libre échange que le pays a signés. Le Maroc se trouve désormais face à des défis majeurs de compétitivité et de survie de ses entreprises. Sur le plan social, le pays souffre de déséquilibres majeurs en matière de développement humain durable, d’exclusion et d’équité. D’énormes disparités surgissent entre milieux urbain et rural, quartiers intra urbains (bidonvilles), par genre etc.

Cette situation a également un impact négatif sur le processus de développement social et la lutte contre la pauvreté. En effet, la vulnérabilité des ménages à la pauvreté est fortement liée aux niveaux éducatifs dc leurs membres. Les études réalisées en la matière3 révèlent que le taux d’analphabétisme est de 66’5% chez les chefs de ménages défavorisés, 61’1% chez les chefs de ménages moyens et seulement 16 ’6% pour les chefs de ménages aisés. D’autres résultats démontrent que 89’5% des femmes chefs de ménages sont analphabètes contre 61’5% pour les hommes.

Dans son ensemble, le taux d’analphabétisme diminue au fur et à mesure que le niveau de vie augmente. I1 est de 30% chez 20% de la population la plus favorisée et s’élève à 67’4% chez 20% de la population la plus démunie4.

2 RAPPEL HISTORIQUE

Le bilan du Maroc en matière d’alphabétisation des adultes est riche d’expériences qui datent du début des années 1960. En effet, juste après l’indépendance du pays, une première campagne d’alphabétisation de masse a vu le jour en 1956 et a touché près de 1 million de personnes. En1957, cette campagne s’est vue relancer pour l’alphabétisation de 2 millions de personnes cette fois ci. Ces deux campagnes ont été accompagnées par une expérience très importante à l’époque de post-alphabétisation ; ii savoir la publication d’un journal destiné aux néo-alphabètes sous le nom << Manar Al-Maghrib ».

Désormais, cette démarche de masse avait cédé la place à des initiatives lancées par quelques départements publics (Education Nationale, Jeunesse et Sport, Entraide Nationale.. .) ou des grandes entreprises publiques comme l’Office National des Chemins de Fer et l’Office Chérifien des Phosphates.

I1 a fallu attendre l’Année Internationale de l’Alphabétisation en 1990 pour lancer ii nouveau une nouvelle campagne générale d’alphabétisation, reposant essentiellement sur l’action des départements publics et plus particulièrement 1’Education nationale.

’ Population vulnérables : profil sociodémographique et répartition spatiale ; CERED 1997 1998/1999. Enquête Nationale sur les Niveaux de vie des Ménages ; Direction de la Statistique ; Année :

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La part de la contribution de la société civile était très limitée vu l’absence d’un système de partenariat pour développer le tissu associatif oeuvrant dans le domaine. Par conséquent, l’action des ONG était limitée en raison de la faiblesse des ressources. Cette campagne avait pour objectif l’alphabétisation de 200.000 citoyens et citoyennes par an.

- En 1997, les pouvoirs publics au Maroc ont décidé de créer une Direction centrale chargée de l’alphabétisation au sein du département chargé des affaires sociales. Cette Direction avait pour mission l’animation, la coordination, le suivi et l’évaluation des programmes d’alphabétisation des adultes. Durant la même année, une autre Direction a été créée au sein du Ministère de 1’Education Nationale pour prendre en charge les enfants âgés de 9 ii 15 ans déscolarisés ou non scolarisés. Les programmes visant cette tranche d’âge sont connus sous le nom de programmes d’éducation non formelle. Leur objectif est de réinsérer ces enfants soit dans le système éducatif formel, soit dans les cycles de la formation professionnelle.

En novembre 2002, ces deux directions ont été regroupées dans le cadre du Secrétariat d’Etat chargé de l’Alphabétisation et de 1’Education non-formelle créé au sein du gouvernement. Cette évolution sur le plan institutionnel a conduit le gouvernement ii lancer la campagne nationale d’alphabétisation en mai 2003 visant l’alphabétisation de 1 .OOO.OOO de citoyens et citoyennes annuellement. Elle s’appuie sur l’intervention de toutes les forces vives du pays : publiques, privées et de la société civile.

3 CONTRAINTES DES PROGRAMMES ANTERIEURS 7

Une étude d’évaluation a été réalisée en 1994 sous l’égide de la Banque Mondiale’. Cette étude a servi de support pour mcttre en place de nouveaux programmes d’alphabétisation des adultes qui font l’objet de bonne pratique dans le cadre de ce rapport.

L’étude a permis de dégager quelques contraintes qui se déclinent comme suit :

3.1 Au niveau des contenus

- Les manuels d’alphabétisation étaient monolithiques, véhiculant le même savoir et les mêmes informations indépendamment des spécificités, des caractéristiques du public cible. Ces manuels étaient calqués sur une pédagogie scolaire. Les contenus ne répondaient nullement aux besoins réels en apprentissage des populations visées par ces programmes. L’organisation des cours d’alphabétisation était à son tour calqué sur le rythme scolaire. La durée des programmes s’étalait sur deux années (une année de base et une autre dite complémentaire). Le fait que la campagne générale d’alphabétisation reposait essentiellement sur te personnel enseignant (les instituteurs) et le déficit énorme en matière de leur formation en andragogie et en techniques d’animation, affaiblissait l’attraction des cours d’alphabétisation et contribuait à la déperdition des apprenants avant la fin de leur formation.

-

’ DLCA (1994), Alphabétisation au Maroc : bilan d’enquêtes et d’analyse, Rapport d’6valuation, Rabat, Maroc.

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3.2 Au niveau de la gestion des programmes

- Absence d’une culture d’objectifs et d’évaluation des programmes : se basant sur une logique de campagne, les programmes menés ne se fixaient pas des objectifs à atteindre et ne mettaient pas par conséquent, les moyens nécessaires à leurs réalisations ; Absence d’opérateurs potentiels capables de fournir un encadrement et des structures d’accueils opérationnelles en rapport avec les Collectivités Locales, les partenaires au développement et quelques départements publics ; Faible coordination entre les différents intervenants. Cette situation était due essentiellement à l’inexistence d’un organe administratif et institutionnel capable d’assurer cette fonction et de jouer le rôle de catalyseur des différents acteurs concernés avant 1997 ; La faiblesse des moyens financiers, humains et logistiques mobilisés pour la réalisation des programmes d’alphabétisation.

-

-

-

Toutes ces contraintes ont conduit à des rendements très faibles des programmes antérieurs d’alphabétisation des adultes. Avant 1997, Les effectifs inscrits ne dépassaient guerre en moyenne 100.000 apprenants par an. Le taux de déperdition atteignait 70 % et son rendement était estimé à environ 2 %. Ces réalisations restaient incapables d’absorber les déficits enregistrés en matière de scolarisation des enfants. Ceci est à l’origine de la création d’un Secrétariat d’Etat chargé de l’alphabétisation des adultes et d’assurer une éducation des enfants déscolarisés ou non scolarisés. C’était ainsi l’affirmation d’une volonté politique très forte pour contribuer effectivement à la diminution du niveau actuel d’analphab6tisme. Une stratégie a vu le jour, et une nouvelle organisation a été mise en place en tirant les leçons apprises des anciennes expériences. Ces programmes mis en place depuis 1998 commencent à réaliser des performances remarquables en matière d’acquisition des compétences de base en alphabétisation. Tel est l’objet de cette bonne pratique qui sera décrite dans le deuxième chapitre.

4 L’ALPHABETISATION DES ADULTES AU MAROC :‘STRATEGIE ET PROGRAMMES ACTUELS

4.1 Quelques éléments qualifiant l’alphabétisation au Maroc de bonne pratique :

A partir de la fin des années 1990, les programmes d’alphabétisation au Maroc ont connu une nette amélioration tant au niveau des effectifs des apprenants touchés qu’au niveau du rendement des actions entreprises. En effet, le taux de déperdition des apprenants (les personnes inscrites qui quittent le cycle de formation avant son achèvement) est passé de plus que 70 % avant cette période à moins de 25 % actuellement6. Le rendement du système mis en place est passé de moins de 2 % à

Source : Secrétariat d’Etat Chargé de l’Alphabétisation et de I’Education N o n Formelle ; Bilans des réalisations des exercices 2002/2003 : 2003/2004

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plus de 60 % actuellement7. Ces résultats n’auraient pas été atteints si les programmes n’avaient pas connu une mobilisation totalc de tous les intervenants et un accompagnement en matière de suivi et d’évaluation. Le tableau ci-après donne l’évolution des effectifs des apprenants touchés par les programmes d’alphabétisation. -

Annees

Effectifs des inscrits

Tableau 5 : Evolution des inscrits aux programmes d’alphabétisation des adultes

1998-1999 1999-2000 2000-2001 2001-2002 2003-2004

181 O00 233 650 310 O00 390 O00 450 335

Source : Direction de la lutte contre l’analphabétisme, Secrétariat d’Etal, Rabat. N.B : l’année 2002/2003 était une année creuse pour préparer la campagne nationale «Massirat Announ> qui a été lancée en mai 2003.

Les leçons tirées des anciennes expériences ont permis aux différents intervenants de dégager une nouvelle stratégie d’intervention. Le point fort de cette dernière est qu’elle s’inscrit dans le cadre de la Charte Nationale d’Education et de Formation*, adoptée par consensus national en 2000. Cette charte explicite les objectifs à long terme de la politique éducative en intégrant à la fois le secteur formel et le secteur non formel ainsi que les leviers de mise en œuvre.-Elle a permis également, la synchronisation des actions des différents actcurs, notamment ceux issus des départements publics et de la société civile (voir encadrant n”1 : chartc nationale d’éducation et de formation).

L’expérience actuelle en matière d’alphabétisation des adultes au Maroc est caractérisée également par une rupture avec toutes les pratiques traditionnelles. L’alphabétisation n’est plus considérée comme unc opération simple d’apprentissage de la lecture et de l’écriture, mais plutôt, une alphabétisation fonctionnelle constituant un vecteur véhiculant un savoir et un savoir-faire permettant aux populations visées de s’insérer dans leurs environnements socio-économiques. Les programmes mis en place essentiellement par la société civile sont accompagnés par des activités génératrices de revenus permettant l’amélioration des conditions de vie et la préparation des néo-alphabètes au passage à un autre environnement où l’utilisation des compétences de base en alphabétisation revêt un caractère essentiel pour mener une vie «normale».

Cette expérience a été accompagnée également par un renforcement institutionnel (création d’un Secrétariat d’Etat) et par l’instauration d’un système efficace de suivi et d’évaluation. Ce système a pour objectifs d’assurer une qualité d’apprentissage et -

I D E M . * La Charte Nationale d’Education et de Formation a été élaborée par la a Commission Spéciale Education et Formation (COSEF) », mise en place par Feu Sa Majesté IC Roi Hassan II. Cette commission regroupait tous les acteurs intércssés par l’éducation : syndicats, entrcprises, partis politiques, Ministèrcs concernés, société civile ct chercheurs.

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de meilleures conditions d’exécution des programmes renforçant ainsi leur attractivi té.

4.2 Stratégie et programmes actuels

4.2.1 Object@ stratégiques

Les objectifs’ de la stratégie actuelle en matière d’alphabétisation s’inspirent de la Charte Nationale d’Education et de Formation. (i)A moyen et long terme, cette stratégie vise à réduire le taux d’analphabétisme chez la population âgée de 10 et plus à moins de 20% en 2010 et son éradication ii l’horizon 2015. (ii) Pour la population active, il s’agit de diminuer le niveau d’analphabétisme à moins de 10% à l’horizon 2010. (iii) Assurer l’éducation à tous les enfants déscolarisés ou non scolarisés à l’horizon 2010. -

Extrait de la Charte Nationale d’Education et de Formation

Levier 2 ; Article 31

<< Compte tenu de la pertinence de la stratégie fonctionnelle dans la lutte contre l’analphabétisme, un effort systématique sera consacré à ce domaine, sur la base de la priorité accordée aux catégories suivantes :

- Le Maroc se fixe.commc objectiî de réduire le taux global d’analphabétisme à moins de 20 %, à l‘horizon 2010, pour parvenir ii une éradication quasi totale de ce fléau ii l‘horizon 2015.

Compte tenu de pertinence de la stratégie fonctionnelle dans la lutte contre l’analphabétisme, un effort systématique sera consacré à ce domaine, sur la base de la priorité accordée aux catégories suivantes :

a.

-

la catégorie des travailleuses et travailleurs analphabètes, exerçant dans les secteur de production et pour qui la conservation de leur emploi dépend de l’amélioration de leurs compétences et donc de leur rendement et de leur productivité, (ils représentent 50 % de la main d‘œuvre marocaine dans les secteurs productifs) ;

b. la catégorie des adultes qui ne possèdent pas un travail Gable et régulier, surtout les mères, et notamment celles du milieu rural et périurbain ;

c. la catégorie des jeunes de moins de 20 ans et qui n’ont pas eu la possibilité de fréquenter l’école ou qui l’ont abandonnée à un âge précoce, ce qui a induit leur retour à l’analphabétisme. Cette catégorie a besoin d’une seconde chance dans le cadre de l’éducation non formelle B

La stratégie s’est fixée également des objectifs qualitatifs déclinés en objectifs civiques (connaissance des droits et des obligations, participation à la vie active et politique ...), des objectifs sociaux (promotion du développement rural ; diminution des disparités entre sexes ; promotion des valeurs de solidarité et de l’esprit d’appartenance à la communauté) etc.. . .

a Stratégie d’alphabétisation et d’éducation non formelle» ; Secrétariat d’Etat Chargé de l’Alphabétisation et de 1’Education Non Formelle ; Septembre 2004 ; Rabat

Extrait de la Charte Nationale d’Education et de Formation

Levier 2 ; Article 32

c< La programmation des opérations d’alphabétisation doit tenir compte des besoins propres aux catégories suscitées, en termes de pédagogie spéciale, appropriée3 leur âge et leurs situations sociales et professionnelles. En conséquence, il sera procédé à la mise en place de programmes spécifiques à chacune d’elles, conçus selon une organisation, des contenus, des méthodes d’encadrement et de communication çt des plages horaires appropriés.

Les programmes d’alphabétisation visent, dans le’ cadre d’une stratégie fonctionnelle, à permettre aux bénéficiaires b’atteindre des objectifs pédagogiques et cognitifs qui les amènent à mieux maîtriscr leur travail ; ils les préparent également 2 s’insérer danS.des programmcs de formation continue, dans le but de rehausser le niveau de leurs compétence9 et habiletés professionnelles et, de ce fait, améliorer leur productivité et leur rendement et bénéficier des retombées positives sur leur vic personnelle, leurs relations sociales, l’éducation de leurs enfants et la gestion de leur vie active ».

Cette stratégie vise, sur un autre volet, l’accompagnement des entreprises marocaines dans leurs processus de mise à niveau face aux défis de la mondialisation et de l’ouverture des marchés. Dans ce cadre, l’alphabétisation fonctionnelle des salariés en entreprise est une étape préalable à la formation continue puisqu’elle vise d’acquérir auprès des ouvriers et des ouvrières les compétences de base essentielle à leur formation.

4.2.2 Axes de mise en oeuvre :

La mise en auvre de la stratégie mise en place en matière d’alphabétisation au Maroc repose sur les axes” d’intervention suivants : - mise en place d’un système d’information : ce système doit prendre en

considération la complexité du terrain et la diversité des programmes et des agences qui interviennent. Le système permettra de maîtriser l’information statistique ; suivre périodiquement l’évolution de l’analphabétisme ; permettre aux décideurs et aux planificateurs de suivre de près les réalisations et enfin, alimenter le dispositif de suivi et d’évaluation en matière d’indicateurs permettant le réajustement et l’appréciation des réalisations. promotion et renforcement du partenariat. Ce mode d’intervention est le plus privilégié parmi les modalités mises en place. Deux types de partenariat sont envisageables : i. partenariat direct avec les partenaires publics, privés et de la société civile

qui interviennent dans l’organisation des cours d’alphabétisation ; . 11. partenariat indirect avec des agences qui apportent un soutien

complémentaire aux programmes d’alphabétisation (micro crédits ; initiation professionnclle, activités génératrices de revenus.. .) comme les organismes internationaux ; les agences de co9pérations et autres.

adoption d’autres modes de prise en charge et de financement des programmes d’alphabétisation pour alléger les coûts supportés par le budget de 1’Etat qui ne peut en aucun cas subvenir à tous les besoins de ces programmes. Dans ce cadre,

-

..

-

‘O IDEM.

14

le Secrétariat d’Etat compte lancer un nouveau système de soutien et d’appui e le parrainage ». Le parrainage peut être en faveur d’un apprenant ou en faveur d’un projet d’alphabétisation. 11 peut consister en une prise en charge directe des coûts financiers de l’opération, ou en un don en matériels ou même une action bénévole d’encadrement et d’alphabétisation d’un ou de plusieurs apprenants. asseoir une bonne organisation institutionnelle capable de planifier, suivre et évaluer les programmes d’alphabétisation. Cette organisation concerne d’une part, les sh-uctures centrales et déconcentrées du Secrétariat d’Etat Chargé de l’Alphabétisation et de I’Education Non formelle ou d’autre part, la mise en place d’organes de concertation regroupant tous les intervenants dans le domaine. En effet, des services d’alphabétisation et de l’éducation non-formelle ont été créés et mis en place au sein de chaque province du Royaume (au sein de la délégation de l’éducation nationale) et par décret du Premier Ministre, une commission nationale a été créée sous la présidence effective du premier Ministre et des commissions provinciales ont été mises en place et qui sont pr6sidées par les gouverneurs des provinces. La commission nationale regroupe les Ministères concernés par l’alphabétisation et l’éducation non-formelle ; des représentants des partenaires économiques (associations et fédérations professionnelles) et des représentants de la société civile choisis parmi les ONG qui travaillent dans le domaine de l’alphabétisation. Cette commission est chargée de la définition de la stratégie nationale d’alphabétisation, du plan d’action annuel d’intervention, du suivi et de I’évaluaiion des actions entreprises. Les commissions provinciales regroupent les représentants de tous les intervenants sur le plan local. En plus des tâches relatives au suivi et à l’évaluation des actions localement, elles ont la charge de soulever à la commission nationale des propositions de plan d’action pour validation et mobilisation des moyens nécessaires à leurs réalisations. Amélioration des contenus des programmes pédagogiques de façon à les rendre plus fonctionnelles, répondant le mieux aux besoins du public cible. D’autres programmes devraient être conçus égalemenl pour d’autres secteurs d’activités ou autres catégories de populations analphabètes. L’amélioration des rendements pédagogiques des programmes mis en place passe inéluctablement par la mise 5 niveau des éducateurs/facilitateurs d’alphabétisation par le biais de leur formation en andragogie et techniques d’animation des groupes d’adultes. Ce dernier volet constitue une composante essentielle de toute la stratégie d’intervention notamment auprès de la société civile. Mobilisation de toutes les forces vives du pays autour des programmes d’alphabétisation. Les actions de mobilisation concernent toutes les composantes de la société (publics cibles, bénéficiaires des programmes, les différents partenaires intervenant ou contribuant dans ces programmes, les ONG nationales et internationales et les organismes internationaux). Mise en place d’un dispositif solide d’évaluation, d’audit et de contrôle : partant des indicateurs renseignés par le système d’information cités en premier axe ; ce dispositif devra vérifier les réalisations sur le terrain et en même temps l’accompagnement de tous les partenaires pour le réajustement et pour les aider à dépasser les contraintes qu’ils peuvent rencontrer. Le dispositif mis en place repose sur le rôle des services centraux et déconcentrés du Secrétariat d’Etat et sur une autre composante externe via le recrutement d’agences privées

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15

spécialisées pour le suivi et l’évaluation des programmes menés par les ONC; bénéficiant d’une subvention de 1’Etat. Promotion sociale intégrée : par l’incitation des acteurs de développement qu’ils soient publics, privés ou de la société civile à intégrcr l’action d’alphabétisation dans leurs programmes de lutte contre la pauvrkté, L’alphabétisation devrait devenir ainsi, un axe essentiel de développement ; un vecteur pouvant combiner les contributions de tous ces acteurs.

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4.3 Modalités de mise en œuvre et intervenants dans le système

4.3.1 Au niveau de l’organisation des cours (les programmes mis en place)

La mise en œuvre de la stratégie d’alphabétisation repose sur quatre programmes complémentaires. Ces programmes se distinguent par la nature des agences qui y interviennent ; leurs modalités de gestion et des fois par les types de groupes cibles qu’ils touchent.

Programme général : ce programme constitue une continuité de la campagne nationale d’alphabétisation. Les cours d’alphabétisation touchent un large public de personnes analphabètes. Ils sont organisés dans des établissements scolaires (en général des écoles primaires), et animés par le personnel enseignant (les instituteurs). - Programme des opérateurs publics : ce programme regroupe toutes les actions menées par les Ministères et les Etablissements Publics au profit des populations bénéficiant de leurs services. Quelques actions sont organisées au profit du personnel par ces mêmes intervenants. Ces actions sont de nature sélective, visent différents publics pour plusieurs intervenants. Ces actions se présentent comme suit :

Département de la jeunesse : cours d’alphabétisation au profit des jeunes fréquentant les maisons de jeunes ou de femmes qui bénéficient des services des foyers féminins. Ces cours sont encadrés et animés par le personnel qui travaille dans ces centres. Département de l’Agriculture : actions d’alphabétisation au profit des agriculteurs et des membres de leurs familles dans des centres de vulgarisation agricole. Ces cours sont encadrés par les vulgarisateurs et les vulgarisatrices agricoles travaillant de ces centres. Département des pêches Maritimes : programmes menés au profit des marins pêcheurs dans des centres de formation maritime. Ce programme s’appuie sur des concepts liés à la mer, ii la pêche ... Le passage par ces cours est devenu une obligation pour les pêcheurs analphabètes qui veulcnt avoir l’autorisation de pêche artisanale. Département de la justice : cours d’alphabétisation au profit des détenus des établissements pénitentiaires. Ce programme initié depuis 1998, a pour objectif de faciliter la réinsertion sociale des détenus après la période de leur rétention dans ces établissements. Des manuels spécifiques ont été conçus pour ces actions.

16

Département de l’Entraide nationale : ce département est un des principaux acteurs de l’alphabétisation depuis l’indépendance. Les ’ cours d’alphabé- tisation ciblent les femmes et les- jeunes filles qui bénéficient également des autres activités organisées dans les centres sociaux appartenant à ce département (apprentissage de petits métiers : broderies, couture . . .) et

Autres intervenants comme les Forces Armées Royales au profit de leurs membres et de lcurs familles, l’artisanat, les collectivités locales . . .

répartis dans toutes les régions. du pays. . , .. .

- Programme de la société civile : malgré que l’action de la société civile dans le domaine de l’alphabétisation au Maroc soit ancienne, eile a toujours été peu professionalisante et se limitait aux initiatives de quelques ONG avec les moyens de bord disponibles. L’année de 1998, à l’occasion des premières assises pour l’emploi organisées à Marrakech sous la présidence effective du Feu Sa Majesté le Roi Hassan II, un système de partenariat avait été initié. Ce système est actuellement géré par le biais d’une circulaire” du Premier Ministre sous le nom de «Partenariat Etat/Associations». Cette circulaire trace le cadre législatif du partenariat et a pour rôle essentiellement l’unification et la simplification des procédures de partenariat entre les départements publics et les associations de la société civile. Les programmes d’alphabétisation menés par les ONG sont organisés dans le cadre de conventions de partenariat qui définissent la contribution de chaque partie : le Secrétariat d’Etat accorde une subvention budgétaire calculée sur la base des effectifs touchés par le programme. U n appui technique et logistique est apporté aux ONG qui contribuent par la mobilisation des apprenants et des encadreurs, la mise en place d’infrastructures d’accueil et la gestion des cours. La sélection des ONG bénéficiant de ce partenariat, se fait dans le cadre de comités d’éligibilité locaux qui regroupent les représentants du Secrétariat d’Etat, des autorités locales et des représentants de la société civile. Les critères de sélection reposent sur la capacité des ONG à réaliser les programmes, la nature des activités d’accompagnement (activités génératrices de revenus).

I I Circulaire du Premier Ministre No 7/2003 du 27 juin 2003.

17

Extraits de la Circulaire du Premier Ministre no 07/2003 du 27 juin 2003

Partenariat entre 1’Etat et les Associations

<< . . . Cette circulaire traduit la volonté du Gouvernement de faire du partenariat avec les associations l’un des instruments privilégiés permettant de concrétiser la nouvelle politique de proximité, qui vise à lutter contre la pauvreté et à améliorer les conditions de vie des citoyens en situation de précarité ou de difficulté, à travers la satisfaction de leurs besoins prioritaires moyennant un ciblage pertinent des projets et des bénéficiaires , . . D

-

<< . . . A ce titre, il s’avère nécessaire d’améliorer le cadre juridique et de simplifier les procédures, en vue de mettre à profit les synergies entre les partenaires et de susciter la libération des énergies au service de l’intérêt général. I1 s’agit en l’occurrence de : - mettre en place un nouveau cadre de partenariat plus souple et conforme aux

principes de bonne gouvemance ; améliorer la coordination et le contrôle, à travers un cadre conventionnel gouverné par une logique de résultats ; -promouvoir la territorialité des partenariats au titre du processus de consolidation de la déconcentration et de décentralisation . . . D

- -

- Programme d’alphabétisation en entreprises : i’action d’alphabétisation en entreprises revêt un caractère tout à fait spécial. Elle est considérée c o m e étant une action préalable à la formation continue. Les objectifs d’apprentissage consistent à faire acquérir aux ouvriers et ouvrières analphabètes des compétences de bases nécessaires pour accéder à la formation continue, pour accompagner le renforcement des capacités de l’entreprise. Les cours d’alphabétisation sont organisés par des établissements de formation au profit des entreprises. Le financement est assuré jusqu’à hauteur de 80% du coût dans le cadre du système des << contrats spéciaux de formation »I2, Le Secrétariat d’Etat assure la sensibilisation, 1s mobilisation, la formation des formateurs et la conception des programmes pédagogiques spécifiques.

4.3.2 Au niveau des contenus d’apprentissage (programmes pédagogiques) :

A partir de la fin des années 1990, la Direction de la Lutte Contre 1’Analphabéti~me’~ a mis en pace une nouvelle organisation pédagogique des programmes. Cette organisation s’inspire des expériences mondiales et valorise les fondements de base de l’andragogie ou éducation des adultes.

C e système est alimenté par les recettes de la taxc sur la formation professionnelle payée par les entreprises en fonction de leurs masses salariales. I1 est gtré par l’Office de la Formation Professionnelle et de la Promotion du Travail. l3 Crée au sein du MinistCre des Affaires Sociales avant qu’elle soit 6rigée en Secrétariat d’Etat auprès du département de l’éducation nationale.

18

La nouvelle architecture repose sur un package horaire de 200 heures de formation répartie en 3 niveaux : - Niveau 1 : se déroule en 60 heures et a pour objectif l’apprentissage des

connaissances de base en lecture, écriture et calcul ; Niveau 2: se déroule en 80 heures et vise à approfondir les connaissances acquises en niveau 1 afin de préparer les apprenants à une alphabétisation fonctionnelle. Ces deux niveaux forment un tronc commun à tous les programmes. Niveau 3 : constitué de 60 heures de formation. Le contenu est spécifique à chaque groupe cible ou secteur d’activités. L’objectif de ce niveau est la préparation de l’apprenant à la vie active ou à son insertion dans son environnement par l’utilisation des compétences acquises dans la vie courante.

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Tout apprenant inscrit dans un cours d’alphabétisation doit passer un test de positionnement pour identifier les compétences acquises dans sa vie courante et définir le niveau dc formation équivalent. La formation des éducateurs revêt un caractère essentiel pour le bon déroulement des cours. Cet investissement en ressources humaines est devenu une priorité du Secrétariat d’Etat et des acteurs intervenants.

Les manuels d’alphabétisation sont conçus dans le cadre de commissions mixtes regroupant les représentant du département de tutelle, les agences intervenant (ONG, ministères ou fédérations et associations professionnelles) et des experts dans le domaine. Ces manuels sont formés de séquences de formation par niveau ; chaque séquence définie les compétences à développer auprès des apprenants et une méthodologie d’apprentissage avec des exemples de cours. Ils sont par conséquent’ des référentiels d’apprentissage que l’éducateur doit adapter en fonction des besoins réels des apprenants qui appartiennent 2 son groupe ou classe d’alphabétisation.

Au jour d’aujourd’hui, les manuels d’alphabétisation conçus et mis à la disposition des apprenants gratuitement concernent : - Le programme général : des manuels d’alphabétisation touchant toutes catégories

de populations analphabètes. Ils visent essentiellement les personnes qui ne peuvent pas bénéficier de l’alphabétisation dans le cadre d’un programme

- Programme des marins pêcheurs : 3 manuels (3 niveaux) élaborés en collaboration avec le département des pêches maritimes et dont les contenus se basent sur les métiers de ce public ;

sélectif (les autres programmes) ; - .

Programmes des détenus des établissements pénitentiaires : un seul manuel (3ème niveau) spécifique.2 ce public cible. Ce manuel véhicule des concepts liés à la citoyenneté et au civisme pour faciliter l’intégration sociale des détenus 2 leur sortie de ces établissements ; Programme des agriculteurs : un seul manuel (3tme niveau) au profit des agriculteurs et les membres de leurs familles. Elaboré en partenariat avec le département de l’agriculture, ce manuel vise le renforcement des compétences de ce public dans leur domaine d’activité économique via l’utilisation des compétences acquises en alphabétisation ; Programme des coopératives laitières : manuel spécifique élaboré en partenariat avec l’Union Nationale des Coopératives Laitières pour organiser des cours d’alphabétisation à des adhérents de ces coopératives ;

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Programme des femmes : manuels élaborés en partenariat avec le Fonds des Nations Unis pour la Population (FNUAP), véhiculant les concepts de la santé de la reproduction au profit des femmes bénéficiant des programmes d’alphabétisation ; Programmes du secteurs Textile-Habillement : conçu et élaboré avec l’Association Marocaine des Industries du Textile et de l’Habillement AMITH pour l’alphabétisation fonctionnelle des salariés du secteur. Ces manuels sont élaborés en langue française vu les contraintes de l’entreprise. Deux expériences ont été réalisées : i. Adaptation des manuels d’alphabétisation fonctionnelle utilisés en France au

contexte du secteur au Maroc ; ii. Elaboration d’un référentiel d’apprentissage au niveau du sccteur définissant

les objectifs fonctionnels et notionnels à atteindre ainsi que des situations d’apprentissage des apprenants. L’approche canadienne adoptée est l’alphabétisation fonctionnelle sur mesure. Une équipe dc concepteurs de programmes a été formée dans ce cadre.

Programmes du secteur dc l’agroalimentaire : référentiel d’apprentissage sur la base d’une approche d’alphabétisation sur mesure (même approche que le secteur du textile).

-

Actuellement, et dans le cadre de la mise en œuvre de sa stratégie, le Secrétariat d’Etat a lancé un grand chantier sur les contenus d’apprentissage. Deux actions en parallèles sont en cours de réalisation : - Réalisation du projet d’amélioration des compétenccs de base des adultes

<< Alpha-Maroc >> : ce projet est financé par un prêt de la Banque Mondiale. Les principales activités programmées concernent : i. La formation des forrnateurs/éducateurs en andragogie et en techniques

d’animation des groupes d’adultes : près de 1 A00 éducateurs relevant essentiellement de la société civile bénéficieront de ces sessions de formation ; La formation des cadres du Secrétariat d’Etat et de ses services déconcentrés à la réforme pédagogique ; La réalisation d’une étude sur l’évaluation des besoins des populations analphabètes en apprentissage ; La rénovation des manuels existants et la conception de nouveaux programmes pédagogiques pour d’autres secteurs comme l’artisanat, le tourisme, les bâtiments et les travaux publics ;

v. La mise ensplace d’une stratégie de post-alphabétisation permettant de suivre les néo alphabètes et de faciliter leur insertion.

La mise en place d’une équipe d’experts au niveau du Secrétariat d’Etat en partenariat avec tous les partenaires pour la révision du package horaire des programmes et leurs organisations. Les résultats des travaux de cette équipe seront disponibles à partir du mois de juin 2005.

ii.

iii.

iv.

-

4.3.3 Au niveau du suivi et de l’évaluation :

Le maillon faible de l’exécution des programmes d’alphabétisation des adultes a toujours été le dispositif du suivi et d’évaluation. La complexité du champ

20

d’action conjuguée à la diversité des acteurs intervenant, exigent la mise en place d’un système d’évaluation performant capable de suivre de près les opérations et d’en dégager les indicateurs de performances et d’impact sur le public cible,

Partant de l’expérience du Maroc en la matière et d’une analyse critique des résultats obtenus qui restent largement en deçà des moyens qui ont été mis en place depuis l’indépendance, les pouvoirs publics ont fait du renforcement de cet aspect le principal axe d’intervention.

Dans ce cadre, le système de suivi et d’évaluation mis en place repose sur deux composantes essentielles: Le renforcement des compétences des ressources humaines de 1’Adminis tration centrale et des services déconcentrés (Académies Régionales d’Education et de Formation et Délégations de 1’Education Nationale) pour accompagner, suivre et évaluer tous les programmes d’alphabétisation menés par les intervenants qu’ils soient publics, privés ou de la société civile. Ce renforcement doit être accompagné de la mise à disposition de ces structures des moyens logistiques nécessaires à la réussite de ces missions. I1 est à noter que malgré tous ces efforts, un investissement énorme reste à faire. L’action du suivi et de l’évaluation de l’alphabétisation se heurte encore au fait qu’elle ne figure pas encore parmi les priorités sinon la culture du système éducatif formel. Le recrutement de bureaux d’études spécialisés pour accompagner le Secrétariat d’Etat dans le suivi de la réalisation de conventions de partenariat signées avec les composantes de la société civile. Ces agences privées ont pour mission d’effectuer des visites de contrôle pédagogique, d’apprécier et valider les rapports soumis par les ONG à l’Administration avant versement des contributions budgétaires et l’évaluation finale des programmes après leurs achèvements. Le travail des bureaux d’études consiste également en l’accompagnement de ces ONG afin de professionnaliser leurs actions et d’améliorer leurs performances organisationnelles et de gestion des projets d’alphabétisation des adultes.

Sur un autre volet, les pouvoirs publics ont mis en place un système d’information pour la gestion, le suivi et l’évaluation des programmes d’alphabétisation et d’kducation non formelle l’une des priorités de mise en. œuvre de la stratégie nationale en la matière. Le Maroc est en train de réaliser avec l’UNESCO (la Section de l’Alphabétisation et de 1’Education de base à Paris et le pôle de l’Institut des Statistiques de l’UNESCO à Dakar) un projet visant à développer un système qui permet le recensement de toutes les agences qui interviennent dans le domaine de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle. Ce logiciel consiste également à recenser les programmes, les cours, les éducateurs et les apprenants. Le Secrétariat d’Etat est en train de développer d’autres programmes informatiques qui permettront d’exploiter ces données dans le cadre des procédures de gestion pouvant renseigner sur les indicateurs de suivi et d’évaluation.

La définition des indicateurs clés de suivi et d’évaluation des programmes d’alphabétisation est la pièce maîtresse du dispositif de suivi. Le Secrétariat d’Etat a bénéficié de l’appui de la Banque Mondiale par la mise à sa disposition d’un expert international pour l’élaboration d’un référentiel d’indicateurs liés à l’accès aux cours d’alphabétisation, à la gestion des cours, à la qualité d’apprentissage et aux résultats obtenus. Des instruments de collecte et de pilotage à tous les niveaux hiérarchiques

21

des programmes (de l’éducateur jusqu’à l’administration centrale passant par les superviscurs, coordonnateurs . . .) ont été élaborés et sont en cours d’cxpérimentation sur des sites pilotes.

4.3.4 Au niveau du financement:

Le financement des programmes d’alphabétisation des adultes reposent sur plusieurs sources, dont principalement : - Le Budget général de 1’Etat : il s’agit des budgets annuels allouées dans le cadre

des Lois de Finances au Secrétariat d’Etat. Ces budgets regroupent une partie du fonctionnement qui concerne les structures centrales et déconcentrées du département et une autre partie << budget d’investissement B qui sert il couvrir essentiellement, les frais suivants : i. Impression des manuels d’alphabétisation : ces manuels sont mis

gratuitement à la disposition des intervenant et des apprenants ; ii. Contributions budgétaires versées aux ONG : calculée sur la base d’un coût

unitaire par personne inscrite14 ; iii. Paiement des frais de cours et de vacations : versés aux éducateurs mobilisés

dans le cadre du programme général (Education Nationale) ou dans les autres programmes des départements et ministères publics. Ces frais sont régis par un décret qui définit les taux horaires et les taches bénéficiant de cette contribution ainsi que le profil des personnes qui s’en occupent. Etudes et assistances techniques : dont notamment le recours aux bureaux d’études pour le suivi et le contrôle et la réalisation d’études spécifiques.

Une grande partie des crédits allo~és’~ dans le cadre du budget général de 1’Etat est gérée à un niveau déconcentré par les Académies régionales d’Educatioii et de Formation et les Délégations de l’éducation nationale. L’objectif est d’assurer le maximum de proximité des acteurs intervenants. - Fonds des Contrats Spéciaux de Formation : ce fonds finance les actions

d’alphabétisation fonctionnelle organisées en entreprises. Le remboursement se fait directement à l’opérateur de formation ou via l’entreprise selon les dossiers de remboursement présentés. Le financement extérieur : il s’agit de projets financés par des dons ou des prêts auprès des bailleurs de fonds comme la Banque Mondiale, la Banque Islamique de Développement ou d’actions financées ou appuyées dans le cadre de la coopération bilatérale (France, Belgique, Canada . . .) ou multilatérale (UNESCO, UNICEF, PNUD ...). Ces financements s’inscrivent dans le cadre de logique de projet. Lc financement ne concerne pas directement la prise en charge des cours d’alphabétisation mais plutôt l’appui en matière de formation, d’équipement et d’ expertise. La contribution des partenaires, essentiellement de la société civile : ces contributions concernent une mobilisation de ressources supplémentaires par les acteurs ou l’apport d’aides ou de soutien par dcs organismes nationaux et

iv.

-

-

l4 Estimée à 250 Dirhams (équivalent de presque 25 USD) par apprcnant. Source : Secrétariat d’Etal Chargé de l’Alphabétisation et de I’Education Non Formelle. l 5 Notamment, les crkdits destinés B la subvention atcordéc aux ONG ct les frais d’encadrement versés aux animateurs.

. .

22

internationaux directement aux bénéficiaires des programmes d’alphabétisation. I1 peut consister en des contributions en nature (mobilisation des salles de classes, frais de fonctionnement . . .) ou en matériels (machincs pour l’initiation professionnelle . . .) ou même financières (Micro crédits et financement de petits projets pour les néo-alphabètes). L’apport de plusieurs Fondations et Organismes pour parrainer des cours ou des programmes d’alphabétisation (Fondation Mohammed V pour la Solidarité ; Fondations bancaires . . .).

-

Rubriques

Tableau 6 : Evolution et structure du budget du Secrétariat d’Etat chargé de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle (en millions de Dhs)16

2003 2004 2005

Fonctionnement (Salaires) Matériel et dépenses diverses

6.8 6.8 6.8

22.85 23.2 22.7 - .

Investissement Total

Source : Secrétariat d’Etat chargé de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle, Rabat, 2005.

98 88.2 98 127.65 118.2 127.5

4.4 Appréciation de l’expérience :

Apprécier la pratique en matière d’alphabétisation des adultes depuis la fin des années 1990 nécessite de mener une étude approfondie se basant sur des contacts el des interviews auprès des décideurs, des planificateurs, des responsables des agences intervenant et sur une approche empirique par le biais d’enquêtes statistiques auprès d’échantillons d’apprenants pour évaluer les connaissances acquises et l’impact de ces programmes sur leurs vécus quotidiens.

Jusqu’à aujourd’hui, une seule étude d’évaluation de cette expérience a été menée en 2001 grâce à un financement de la Banque Mondiale. D’autres études pointues sont en cours de réalisation dans le cadre du projet Alpha-Maroc et concernent essentiellement les aspects de gestion (gestion de la déconcentration).

L’étude réalisée en 2001 a été pilotée par l’Institut International de Planification de 1’Education de l’UNESCO à Paris. Cette étude a relevé quelques aspects qui nécessitent un rcnforcernent pour améliorer les programmes. Ces aspects concernent le niveau institutionnel par la création d’un Secrétariat d’Etat, le renforcement de la coordination entre les différents intervenants, l’amélioration des contenus des programmes et le renforcement des compétences des ressources humaines en gestion des programmes. Une grande partie de ces recommandations fait l’objet actuellement d’axes d’intervention du projet Alpha-Maroc financé par la Banque Mondiale.

Budgets inscrits dans les Lois de Finances pour le Secrétariat d’Etat Chargé de l’Alphabétisation et de 1’Education Non formelle

23

Néanmoins, une vue d’ensemble des réalisations de cette expérience durant ces dernières années peut dégager quelques aspects d’évaluation :

- Au niveau politique : l’action d’alphabétisation bénéficie depuis les années 1990 d’un soutien politique très important. L’alphabétisation est inscrite à l’ordre du jour à l’occasion de toutes les grandes manifestations de nature sociale ou de développement durable. Des discours royaux ne cessent de répéter la nécessite d’une mobilisation de toutcs les forces vives de la Nation. Une lettre royale a été même adressée le 13 octobre 2003 à la Nation à ce sujet, dans laquelle sa Majesté a appelé à consolider et renforcer les actions de tous les acteurs et d’asseoir un système solide de suivi et d’évaluation. Depuis, le 13 octobre de chaque année est considéré comme une journée nationale d’alphabétisation inaugurant une nouvelle entrée des programmes.

- Au niveau des potentialités offertes : la fin des années 1990 a connu l’apparition de nouveaux acteurs d’alphabétisation (Ministères et départements publics ; ONG et entreprises privés). Cette tendance a permis l’augmentation sensible de l’offre d’alphabétisation, une meilleure coordination entre les intervenan ts. Malgré cette amélioration, beaucoup de choses restent encore à travailler notamment au niveau local (régions et provinces). C’est pour cette raison que les commissions de concertation nationale et provinciale - précédemment citées - ont été mises en place.

- Au niveau de la demande d’alphabétisation : ces dernières années ont connu une augmentation sensible des effectifs des apprenants (voir tableau no5). Au jour d’aujourd’hui, les femmes occupent une place très importante parmi les personnes inscrites. Leur proportion dépasse les 80%17. Même si cette amélioration des effectifs s’est accompagnée par une amélioration des performances (diminution de la déperdition et amélioration du rendement), l’absence d’études spécifiques pour l’évaluation des compétences acquises réellement rend le jugement sur la qualité très difficile.

Au niveau de l’ouverture sur la société civile: depuis 1998, la part des réalisations des ONG dans les programmes d’alphabétisation n’a pas cessé d’augmenter (tableau n”7). Le nombre’* de conventions signées avec les ONG dépasse actuellement 300 à travers le Royaume. La contribution budgétaire allouée pour l’aide au financement de ces programmes occupent une part importante dans le budget de 1’Etat (30 millions de Dirhams au titre de la l’année 2005). L’action de la société civile traduit la volonté de rendre l’alphabétisation un principal passa’ge vers le développement durable. Ces programmes ont permis de créer une dynamique locale très positive. Des coopératives de néo-alphabètes ont été créées et une prise de conscience du rôle de l’alphabétisation dans la vie cst ressentie même dans des zones lointaines. Des expériences très réussies de plusieurs ONG ont démontré que cette expérience a eu un impact très positif sur l’état de la santé des enfants, à leur scolarisation e‘t a favorisé la participation des citoyens à la vie politique et active

-

I7 Source : Dircction de la Lulle Contre l’Analphabétisme ; Rabat. Source : Direction de la lutte Contrc l’Analphabétisme ; Rabat.

24

Cette expérience souffre encore de plusieurs limites, dont notamment : i. L’hétérogénéité du tissu associatif: ce qui crée un déséquilibre au niveau

des moyens que peuvent mobiliser les ONG que ce soit au niveau de la logistique, de l’encadrement, de la capacité d’animation, etc. La lourdeur des procédures administratives conjuguée à la faiblesse du rôle d’accompagnement que doit jouer l’Administration localc faute de moyens et de ressources humaines. La faiblesse des ressources financières destinées au financement des actions des ONG : d’une part, la contribution de 1’Etat ne couvre pas tous les coûts des programmes et d’autre part, les ONG se trouvent désormais incapables d’exercer en cas de non subvention par 1’Etat (à l’exception de quelques ONG nationales ou internationales). Cette con trainte risque de transformer le partenariat Etat/Associations en une relation de dépendance totale de la société civile.

ii.

... 111.

1998-1999 89 500

69 O00 21 O00 1500

Tableau 7 : Evolution des effectifs des apprenants par programme d’alphabétisation

1999-2000 2000-2001 81 370 90 O00

66 180 95 O00 83500 120000 2 600 5 O00

Opérateur ou Programme

Programme générai (Education Nationale) Départements publics Société civile Alphabétisalion en Entreprises Total

I I

181 O00 I 233650 I 310000

2001-2002 62 O00

105 O00 217 O00 6 O00

390 O00

2003-2004 227 644

6743 1 153 218

450 335

Source : Direction de la lutte contre l’analphabétisme, Secrétariat d’Etat, Rabat.

La pérennité de ces résultats reste conditionnée par la mobilisation permanente de toutes les composantes de la société. Les programmes étatiques se sont vus restructurés autour d’une culture d’objectifs et de résultats. L’action de la société civile a permis d’asseoir une organisation des populations dans le cadre d’associations communau taires ou de développement local. Ces organisations ont pour centre d’intérêt la promotion sociale intégrée.

Sur le volet du financement, le budget de 1’Etat ne pourra en aucun cas subvenir à tous les besoins des projets en développement. Un effort considérable devra être investi pour la mutualisation des ressources et la mobilisation d’autres ressources locales. L’alphabétisation est considérée comme une << obligation sociale de 1’Etat »19. Par conséquent, le Gouvernement devra mobiliser les ressources nécessaires pour mener à bien les programmes d’alphabétisation et assurer leur continuité.

Source : Charte nationale d’éducation et de formation

25

4.5 Leçons et recommandations

4.5.1 Leçons

Le passage d’une logique de campagnes à une logique de programmes structurés et diversifiés a permis la réalisation d’importants résultats. Ces performances sont une résultante d’une conviction partagée par toutes les composantes de la société. L’alphabétisation n‘est plus uniquement une affaire des pouvoirs publics.

Durant ces dernières années,, les organisations de la société civile ont prouvé, dans l’expérience marocaine, qu’elles sont capables de réaliser ce que les programmes des départements publics n’ont pu faire durant des décennies. Elles ont pu s’implanter dans des coins très reculés du pays, marqués par l’absence de tout établissement scolaire formelle. Ces résultats reviennent A trois facteurs essentiels : - - -

la capacité de mobilisation qui caractérise l’action de la société civile ; la crédibilité dont jouissent ces organisations auprès des citoyens ; le développement de la culture du partenariat entre 1’Etat et la société civile qui a atteint des niveaux très avancés.

Evidement, ces actions nécessitent une parfaite coordination pour une meilleure utilisation des ressources disponibles et surtout pour qu’il n’y ait pas de chevauchement entre l’action de tous les intervenants. L’accompagnement des ONG par le biais de la formation, de l’encadrement, le suivi et l’évaluation est la seule issue pour professionnaliser leurs interventions. Ces chanticrs sont considérés dans le contexte marocain d’une importance primordiale.

~

Sur un autre volet, cette augmentation sensible des effectifs touchés par les programmes, telle que observée dernièrement au Maroc, nécessite une mise en place d’une organisation capable de gérer, suivre et évaluer les actions. Cette organisation concerne le niveau central par la mise en place d’organe institutionnel capable d’assurer ces fonctions et d’harmoniser toutes les actions. En créant un Secrétariat d’Etat, l’objectif des pouvoirs publics ne consistait pas à la mise en place d’un département supplémentaire d’éducation pour les adultes à l’instar de l’éducation formelle, mais d’asseoir une structure légère de pilotage qui repose dans son action sur les autres acteurs potentiels.

La maîtrise de l’information statistique sur l’état d’analphabétisme, la façon de le mesurer et comment évaluer l’impact de l’alphabétisation, permettent aux décideurs et aux planificateurs d’avoir une vision très claire sur les objectifs et les résultats obtenus. La cornmunibation entre tous les intervenants est essentielle pour I ’échange de données et l’information de tous les citoyens sur les réalisations et sur la façon dont sont gérées les ressources allouées à ces programmes.

Cette expérience mérite une attention particulière et doit être examinée de prés pour servir de leçons pour d’autres pays. La situation de l’aïialphabétisme dans les pays en développement et les efforts déployés pour son éradication, diffère d’un contexte à un autre. Les approches adoptées et les méthodologies d’intervention mises en place se distinguent par le degré de mobilisation des acteurs et des ressources mises A la disposition de ces programmes.

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4.5.2 Recommandations

Partant de cette expérience, les aspects suivants peuvent faire l’objet de recom- mandations : 1-

2-

3-

4-

5-

6-

7-

8-

Adopter une approche d’intervention spécifique au contexte du public cible et à la nature des programmes en question. La déconnection des programmes d’alphabétisation des adultes du rythme et de la pédagogie scolaire et la diversification des programmes offerts en fonction des spécificités culturelles, linguistiques et des caractéristiques sociodémographiques et socioéconomiques des populations ciblées pourraient améliorer sensiblement l’attraction des programmes et par conséquent diminuer les niveaux d’adphabétisme ; Sortir d’une logique de programme à “organisation unique” (horaires, salles, durée d’apprentissage ...) en faveur d’une logique où le centre d’intérêt serait l’apprenant lui-même. Par conséquent, c’est le public cible qui devient maître de sa décision en fonction de son vécu quotidien. Ceci renforcera la rétention des apprenants jusqu’à l’achèvement des cours ; Mobiliser toutes les composantes de la société : pouvoirs publics (infrastructures d’accueil et encadrement) ; société civile (système de partenariat conventionnel) et le tissu économique privé (accompagnement dans le processus de mise à niveau) ; Mettre en place un système d’information pour la gestion des programmes d’alphabétisation, défini sur la base d’indicateurs mesurables. La communication entre les intervenants revêt un caractère essentiel pour le fonctionnement de ce système. Sans ce système, aucun dispositif de suivi et d’évaluation ne peut fonctionner ; Asseoir des dispositifs de collecte de données et de mesure des niveaux d’alphabétisation, basés sur une méthodologie commune permettant la comparabilité entre pays et la production d’indicateurs plus consistants. Le Maroc s’est engagé dans cette voie en participant à la phase pilote du projet LAMPAJNJ3SCO (Literacy Asscsment and Monitoring Programme). Accorder à la formation des ressources humaines une priorité dans l’exécution des programmes. Le rôle de l’éducateur est primordial dans un cours d’alphabétisation. Lui seul est capable d’assurer la persévérance des apprenants et créer au fond d’eux une admiration des cours. Les techniques utilisées doivent permettre aux apprenants adultes de s’épanouir dans le processus d’apprentissage. Mettre en place des structures de concertation et de partage d’expériences entre tous les intervenants. Ces structures vont assurer une parfaite coordination entre les acteurs et par conséquent, l’unification de la stratégie d’intervention. Favoriser la mobilisation des ressources locales et la formation des acteurs de la société civile en matière d’élaboration de projet pour la recherche de financements autres que le budget de 1’Etat.

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Annexe 1 : Inscritsm aux cours d’alphabétisation au titre de l’année 2004/2005

Programmes Pronramme général

Situation à la fin du mois de mai 2005 ~ ~~

Inscrits 126 831

Programme des ONG Proeramme des entremises

I Programme des opérateurs publics I 78 995 I ~~

259 788 2 652

Répartition Femmes

I Total Général I 468 266 I

Pourcentage par rapport au Effectifs total (en %( 375572 80.2

H o m m e s Milicu urbain Milieu rural

~~

92694 19,8 206587 4 4 3 1 261679 559

Tanger - Tétouan Gueimim - Smara Chaouia - Ouardigha Tadla - Azilal

Total Général

~ ~~~

Source : Direction de la Lutte Contre l’Analphzb6tisrne ; Rabat ; Maroc

33 563 12 466 13 355 15 026 468 266

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ANNEXE 1

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1 . Commission Spéciale d’Education et de Formation (1999)’ Charte nationale d’éducation et de formation, Rabat, Maroc.

Direction de la Statistique (1996)’ Recensement général de la population et de l’habitat 1994, Rabat, Maroc.

Direction de la Statistique (1999)’ Enquête sur les niveaux de vie des ménages 1998/1999, Rabat, Maroc.

2.

3.

4. Centre d’études et de Recherches Démographiques (1997) ; Population vulnérables : profil sociodémographique et répartition spatiale ; Rabat ; Maroc DLCA (1994), Alphabétisation au Maroc : bilan d’enquêtes et d’analyse, Rapport d’évaluation, Rabat, Maroc.

Secrétariat d’Etat chargé de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle, (2004), << Document de travail sur les politiques et pratiques d’alphabétisation et d’éducation non formelle au Maroc’, document: de travail présenté au premier atelier technique international << Renforcement des politiques et des pratiques d’alphabétisation et d’éducation non formelle dans le cadre d’EPT >>, 21-24 juillet 2004, Unesco, Paris.

5.

6.

7. Secrétariat d’Etat chargé de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle (2004), Stratégie d’alphabétisation et d’éducation non formelle, Rabat, Maroc

Secrétariat d’Etat chargé de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle (2004)’ Bilan succinct 2003/2004, Rabat, Maroc

Secrétariat d’Etat chargé de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle (2004)’ Lois des Finances des années 2003 et 2004, Rabat, Maroc.

8.

9.

30