64
Opération Pilote Réhabilitation et action sociale à Marrakech, Maroc L’amélioration du cadre de vie traditionnel CENTRE MéDITERRANéEN DE L’ENVIRONNEMENT MARRAKECH (CMEM) MAROC

Rehabilitation Et Action Sociale a Marrakech%2C Maroc

Embed Size (px)

DESCRIPTION

livre de réhabilitation des mosquées à lmarakech

Citation preview

  • Opration Pilote

    Rhabilitation et action sociale

    Marrakech, Maroc

    Lamlioration du cadre de vie

    traditionnel

    Centre mditerranende lenvironnement marrakeCh (Cmem)maroC

  • Opration Pilote

  • Rhabilitation et action sociale

    Marrakech, Maroc

    Lamlioration du cadre de vie

    traditionnel

    le prsent programmeest finanC par lunion europenne

    euromed

    euromed heritage

    Collegi daparelladorsi arquiteCtes tCniCs de barCelona

    agenCia espaolade CooperaCin internaCional

    Centre mditerranende lenvironnement marrakeCh (Cmem)maroC

  • Consortium Rehabimed

    Responsable du Projet :Xavier CASANOVAS

    Membres :Ministry of Communications and Works Department of Antiquities of CyprusResponsable : Evi FIOURI

    Bureau Culturel de lAmbassade de la Rpublique Arabe dEgypte en FranceSupreme Council of Antiquities, Egypte Responsables : Mahmoud ISMAL et Wahid Mohamed EL-BARBARY

    Collegi dAparelladors i Arquitectes Tcnics de Barcelona, Espagne Responsable : Xavier CASANOVAS

    Ecole dAvignon, France Responsable : Patrice MOROT-SIR

    Centre Mditerranen de lEnvironnement Marrakech, Maroc Responsable : Moulay Abdeslam SAMRAKANDI

    Institut National du Patrimoine, Tunisie Responsable : Mourad RAMMAH

    Directeur :Xavier CASANOVAS

    Textes :Abdellatif MAROU, Quentin WILBAUX, Faissal CHERRADI

    Comit scientifique du projet Rehabimed :Brigitte COLIN (UNESCO)Josep GIRALT (IEMed)Paul OLIVER (Oxford Brookes University)

    Photographies :quipe RehabiMed

    Traduction anglaise:Elaine FRADLEY

    Traduction espagnole:Anna CAMPENY

    Traduction arabe:Moualy-Abdeslam SAMRAKANDI et Mohamed CHNAQ

    Conception graphique :AD Llus MESTRES. Graphic Design: Marta VILCHES, Jordi RUIz

    Site web :www.rehabimed.net

    2008 Collegi dAparelladors i Arquitectes Tcnics de Barcelona pour le consortium RehabiMedBon Pastor, 5 08021 Barcelona, [email protected]

    ISBN84-87104-84-3

    DLB-11330/2008

    RehabiMed incite la reproduction de cet ouvrage ainsi qu la diffusion de son contenu, en citant sa source.

    Le projet a t financ par le programme Euromed Heritage de lUnion europenne et lAgencia Espaola de Cooperacin Internacional (AECI).

    Les opinions exposes dans le prsent document ne refltent pas ncessairement la position de lUnion europenne ni celle de ses tats membres.

  • 3Sommaire

    1. Architecture traditionnelle et rhabilitation au Maroc1.1. Larchitecture traditionnelle au Maroc 5

    1.2. Le problme social dans les mdinas 7

    1.3. La rhabilitation de larchitecture traditionnelle au Maroc 8

    1.4. La rhabilitation dans la mdina de Marrakech 9

    2. Le projet RehabiMed au Maroc2.1. Les objectifs de RehabiMed 11

    2.2. Rhabilitation et action sociale : opration de Marrakech 12

    2.3. Le choix des maisons 13

    2.4. Les principes dintervention 15

    3. Lopration pilote Marrakech. Rhabilitation et action sociale3.1. Maison Sidi Bel Abbes 17

    3.2. Maison Hart Soura 24

    3.3. Maison du Mellah 30

    4. Rsultats de lopration pilote4.1. Journe de sensibilisation Marrakech. 36

    4.2. Impressions des habitants des maisons rhabilites 38

    4.3. Inauguration des maisons 42

    Manuel dentretien et de rhabilitation pour la Mdina de Marrakech structure et toitureRenforcement structurelle des murs 45

    Reprise des planchers 46

    Reprise de ltanchit 47

    Reprise des parapets et acrotres 48

  • 4Sommaire

    equipementsTravaux dassainissement 49

    Travaux de plomberie 50

    Travaux dlectricit 51

    revtementsRfection des sols 52

    Restauration des enduits intrieurs 53

    Restauration des faades 54

    Construction de faux plafonds 55

    menuiserieRestauration des lments en menuiserie 56

    rcupration des lments patrimoniauxRestauration des auvents 57

    Rcupration des arcs et inscriptions 58

  • 51.1 Larchitecture traditionnelle au Maroc

    Au Maroc, on peut subdiviser larchitecture traditionnelle en deux grands groupes : larchitecture rurale et larchitecture urbaine.

    Dans le cadre de larchitecture traditionnelle rurale, on rencontre diffrents types dimplantations : les douars de montagne, les ksours et les casbahs. Les douars de montagne, constitus par le regroupement de maisons dun seul tage, se trouvent dans les valles de toute la zone gographique du nord, du centre et des chanes montagneuses marocaines. Les ksours, sont des implantations collectives

    fortifies. Ils sont entours dune muraille perce dune unique porte daccs et comportent un systme de voirie trs rgulier de rues troites. Les maisons patio central y sont habituellement construites sur deux niveaux. On les rencontre dans les valles prsahariennes de mme que dans les oasis du sud. Quant aux casbahs, ce sont des difications unifamiliales fortifies de plusieurs tages habites par les chefs de tribu. Elles se trouvent dans les valles prsahariennes ainsi que dans les oasis du sud.

    En ce qui concerne les matriaux et les techniques de construction utiliss, on trouve la terre crue, pis et adobe, et

    1. Architecture traditionnelle

    et rhabilitation au Maroc

    Village berbre dans le Haut Atlas Central

    Kasbah au village dAit Ben Haddou, province de Ouarzazate

  • 61. Architecture traditionnelle et rhabilitation au Maroc

    la maonnerie de pierre pour les murs de charge ; alors que pour la ralisation des planchers, on utilise le bois et les roseaux avec de la terre tasse. En ce qui concerne les lments de dcoration, on les rencontre seulement dans la partie suprieure des casbahs ainsi que dans certaines portes des ksours. Ces types de concentration et dimplantation humaines sont bien adapts leur milieu physique et humain. La population qui habite cette architecture traditionnelle du monde rural est constitue majoritairement dagriculteurs et dleveurs semi-nomades.

    Larchitecture traditionnelle urbaine au Maroc se trouve pour lessentiel dans les

    mdinas des villes historiques. Les formes de mme que les organisations spatiales que lon y rencontre sont le rsultat du croisement dinfluences venant dOrient et dAfrique subsaharienne. Ce mtissage a donn lieu un urbanisme sculaire dans lequel la superficie est rpartie entre lhabitat, les quipements collectifs et la structure de voirie. La mdina est habituellement entoure dune muraille, lintrieur de laquelle se dveloppe un urbanisme particulier et hirarchis situ autour dun noyau urbain. Dans ce noyau, on rencontre les tablissements religieux avec leurs places, contigus aux quartiers destins au commerce et lartisanat. Ensuite, viennent les quartiers rsidentiels,

    puis, entre ceux-ci et la muraille, les zones amnages en espaces verts. Dans ces quartiers, les ruelles troites et sinueuses convergent vers dautres voies, plus importantes et principales, qui se dirigent vers les portes daccs la mdina situes dans la muraille.

    Les maisons sont fermes sur la rue et ouvertes sur leurs jardins ou cours intrieures, garantissant le respect intgral de lintimit de la vie familiale. Laccs des terrasses tait traditionnellement rserv aux femmes. Les riyads et les maisons traditionnelles sont constitues de pices organises symtriquement autour du wast ed dar. Dans les axes des faades :

    Plan de la mdina de Fs (Source : sauvegarde de la ville de Fs, rapport de synthse, GROUPE HUIT URBAPLAN- SIDES, 1992)

    Dar Adiyel dans la mdina de Fs

  • 71. Architecture traditionnelle et rhabilitation au Maroc

    galeries de colonnes ou darcades, portes, bhou ou sekaa. Dans les pices : fentres encadrant les portes et alcves latrales. Les espaces de service (cuisine, salles deau, circulations) occupent de prfrence les angles. Un certain nomadisme existait dans lusage traditionnel des maisons en fonction des saisons Les escaliers tournent sur eux-mmes en sappuyant sur des maonneries. Habituellement, les constructions ne dpassent pas le niveau R+1.

    1.2 Le problme social dans les mdinas

    Avec lindpendance du Maroc, en 1956, a commenc un mouvement de migration de la population riche. Celle-ci, qui habitait la mdina, sest dirige vers la nouvelle ville construite par et pour les Europens, qui venaient de la quitter. Ceci a donn lieu labandon simultan des grandes demeures de la mdina qui, ntant plus entretenues, se sont petit petit dgrades. Dans les annes 60 et 70, les bouleversements acclrs de lordre social et conomique ont eux aussi progressivement cr de nouvelles conditions. Celles-ci ont modifi la socit traditionnelle, les systmes conomique et de production ainsi que leurs valeurs, et elles ont entran un exode rural vers

    les villes. Cette migration a entran, son tour, labandon du monde rural et, par consquent, de son habitat. Or, du fait de sa fragilit et de son manque dentretien, cet habitat se dgrade avec une grande facilit et une non moins grande rapidit.

    Labandon progressif et la marginalisation des mdinas en ont fait le rceptacle du sous-habitat urbain. Cest en effet dans les mdinas que se sont retrouvs les nouveaux habitants des villes y occupant les logements laisss vacants par leurs propritaires qui se sont dplacs vers les nouveaux quartiers des villes. Ceci a provoqu une sur-densification des mdinas dans lesquelles les habitants se

    retrouvent dans des conditions dplorables dentassement et de dgradation des btiments, devenus dangereux cause de leur mauvais tat de conservation. Ce phnomne que lon observe dans la majorit des mdinas du Maghreb depuis une trentaine dannes est le rsultat dun processus qui prsente trois phases principales : la rapide augmentation de la population ; la densification de lhabitat ; et la pauprisation de la population.

    Ce phnomne de sur-occupation sest aggrav ces dernires annes, avec larrive massive de migrants du monde rural du fait de la scheresse quils ont subie. Or, les structures de lhabitat

    Les maisons de la Medina de Marrakech souffrent de la dgradation et la densification de lhabitat

  • 8traditionnel qui navaient pas t conues pour un tel usage ne peuvent pas subir cette densification et cela entrane la dgradation ainsi que la dvalorisation des modles anciens. Paralllement, on peut observer une dissolution du tissu social qui donnait lespace de la mdina sa cohrence interne.

    Par ailleurs, ds la fin du XXe sicle, un nouveau phnomne a commenc avoir une incidence et provoquer des changements structurels quant la situation des mdinas. Il sagit de lachat de btiments, tout particulirement les ryads, par des trangers, Europens dans la plupart des cas. Ceux-ci les rhabilitent pour les transformer et les utiliser comme maisons dhtes. Ce phnomne, que lon pourrait tout dabord considrer comme trs positif, car il constitue aujourdhui une voie pour la rgnration et la revitalisation dune architecture traditionnelle abandonne et dgrade, sest malheureusement gnralis et dvelopp sans planification ni contrle publics. Cette absence de contrle et de suivi de la part des autorits publiques a permis une volution sauvage ; ainsi, on assiste aujourdhui lapparition de nouvelles tensions dues au choc social entre, dune part, les nouveaux rsidents et la pression touristique et, dautre part, la population locale prexistante, qui a

    des attitudes culturelles et traditionnelles radicalement opposes. Ce qui aurait d tre renforc comme facteur-cl de cohsion sociale sest transform en une nouvelle source de tensions.

    1.3 La rhabilitation de larchitecture traditionnelle au Maroc

    Le Maroc a dvelopp au cours des dernires dcennies une grande exprience dans le domaine de la rhabilitation de larchitecture traditionnelle. Ses expriences ont t, dans la plupart des cas, inities par le ministre de la culture dans le cadre de projets portants sur les sites du patrimoine

    mondial, et les monuments ou difices classs au niveau national. En gnral, il sagit plus dune approche patrimoniale de restauration monumentale que dune vraie revitalisation de cette architecture avec sa rhabilitation. Les initiatives prives, inscrites dans le cadre de projets culturels ou dinvestissements touristiques, sont venues aprs et participent amplement dans la dynamique de rhabilitation et de mise en valeur des architectures traditionnelles.

    On peut dire que la rhabilitation ou la rutilisation des btiments des prdcesseurs est un fait humain trs ancien et dont les exemples au Maroc sont

    Lentretien et la rhabilitation des maisons des Mdinas prennent un rle de plus en plus important

    1. Architecture traditionnelle et rhabilitation au Maroc

  • 9nombreux et varis. Parlant des exemples rcents, la priode du protectorat franais a vu la rhabilitation de plusieurs demeures ou fortifications en muses archologiques ou ethnographiques. Cette tradition se poursuit toujours et senrichie par la multiplication des expriences dans dautres secteurs de lactivit culturelle. Dautres projets de coopration entre le gouvernement marocain et ses partenaires, surtout europens ou mditerranens, ont choisis larchitecture traditionnelle et les tissus urbains anciens pour ancrer leurs projets culturels. Le secteur du tourisme est aussi devenu, au cours de ces dernires annes, le promoteur principal de laction ou la dynamique de rhabilitation dans les diffrentes rgions du pays, en particulier Marrakech et dans les zones prsahariennes.

    La rhabilitation des maisons traditionnelles habites par des populations dmunies est loin dtre une proccupation des autorits publiques, des actions de coopration internationale et, bien sur, de linitiative prive ; mme si certaines demeures reclent des valeurs architectoniques et dcoratives inestimables et constituent des pans incontournables de lhistoire de larchitecture et de lart marocain.

    Par ailleurs, une nouvelle initiative nationale qui vise le dveloppement dans toutes ses dimensions conomiques, sociales et humaines, a t lance. Il sagit du programme INDH (Initiative Nationale de Dveloppement Humain), lance par le roi du Maroc en mai 2005. Elle consiste monter des projets de dveloppement dans tout le territoire du Maroc en intgrant tous les acteurs institutionnels, territoriaux et de la socit civile. La cration des structures daccompagnement social, et surtout de proximit, constitue une nouveaut dans la dmarche de lEtat et des collectivits locales auprs des citoyens. Ce type de structure devrait jouer un rle trs important dans la vie des quartiers. Lexistence de telle structure est considre comme une prise de conscience du rle de laccompagnement des habitants en milieu urbain dans la gestion des affaires des citoyens lchelle du quartier, la rhabilitation de larchitecture traditionnelle en fait partie. Dans le cadre de l action sociale, le Ministre de lHabitat et lUrbanisme a galement lanc le Programme VSB ; Ville Sans Bidonvilles qui travaille au ramnagement dhabitats et de btiments darchitecture traditionnelle en mauvais tat ; Ce programme prvoit le transfert des rsidents vers des sites daccueil, aprs concertation avec les Wilaya (prfecture de rgion) et les mairies.

    1.4 Marrakech et la rhabilitation de sa mdina

    Marrakech, la rouge, ville dartisanat et de commerce, au riche patrimoine bti est une destination touristique et culturelle en pleine expansion. Les russites apparentes de ce dveloppement rapide cachent malheureusement une ralit sociale proccupante. Dans les anciens quartiers de la mdina se ctoient de plus en plus lextrme luxe et lextrme pauvret. Entre dun ct, des maisons traditionnelles rnoves par de riches propritaires (souvent trangers) et des logements dgrads et surpeupls, la mixit sociale semble malheureusement devoir rester, et pour longtemps encore, un rve lointain. Les lites locales et les classes moyennes mergentes nont pas entam le moindre mouvement de retour sur les espaces traditionnels de la mdina.

    Par essence cosmopolite, la ville de Marrakech a su crer au fil du temps une cohsion sociale dans des espaces trs denses par des rgles de voisinage, de respect et de tolrance, issues de la religion musulmane. Larchitecture des maisons et des riyads (les maisons-jardins) de Marrakech, nest pas un simple collage de formes, elle est la parfaite rponse dune population urbaine ses besoins dhabitat, en rpondant aux exigences

    1. Architecture traditionnelle et rhabilitation au Maroc

  • 10

    dun site, dun climat, avec des matriaux et des savoir-faire traditionnels. La mdina de Marrakech est classe sur la liste du Patrimoine mondial de lUNESCO depuis 1985. Outre les grandes mosques et les monuments, cest la structure urbaine si particulire de Marrakech et la faon dont les maisons colles les unes aux autres forment les derbs et les quartiers qui a ainsi t reconnue comme indispensable tmoignage pour les gnrations futures de la faon dont les hommes ont parfois su organiser lespace pour vivre ensemble.

    Bien quelle ait fait lobjet dinvestissements importants qui ont contribu la mise en valeur ( vocation essentiellement touristique) des quartiers anciens et de larchitecture de certaines grandes demeures, la mdina de Marrakech vit encore aujourdhui de graves problmes

    sociaux. Danciennes maisons sont morceles, partages, squattes parfois par des familles dont les faibles moyens interdisent laccs des logements dcents. Ce phnomne, loin de rgresser aurait mme tendance sintensifier dans certains quartiers dfavoriss de la mdina.

    Dun cot, le Conseil de la ville de Marrakech a initi un programme daccompagnement social dans un quartier dfavoris de Marrakech. Ce qui a t lorigine de la mise en place dune structure locale de proximit, la CASU : Coordination pour laction sociale et durbanisme . Ce projet est en cours de lancement ; et lquipe dencadrement est mise en place depuis la fin de 2006. Dun autre cot, prs de 1.568 mnages rsident dans des fondouks et des btiments mal entretenus, voire vtustes, prsentant des caractristiques particulires de lhabitat traditionnel, font lobjet dun programme en charge par le Ministre de lHabitat et lUrbanisme, la Mairie et la Wilaya dans le cadre du contrat VSB ; Ville Sans Bidonvilles . Le programme propose le transfert des rsidents vers des sites daccueil amnags aprs concertation avec lensemble des partenaires, et ce jusqu lhorizon 2007. Les oprations mises en place par les diffrents acteurs intervenants dans le secteur de lhabitat et leurs partenaires ne sont pas encore tendues aux btiments traditionnels en

    mdina de Marrakech. Des rflexions sont en cours, et permettront probablement, dintgrer les problmes dhabitat poss en mdina dans le programme VSB.

    Lopration pilote RehabiMed, avec la mthode utilise et les rsultats obtenus aprs les travaux, servira donc comme modle dintervention aux diffrents acteurs du dveloppement locaux, quils soient institutionnels et/ou territoriaux.

    Fondouk sarsar dans la mdina de Marrakech rhabilit en 2007

    1. Architecture traditionnelle et rhabilitation au Maroc

  • 11

    2.1- Les objectifs de RehabiMed

    Le projet RehabiMed fait partie du programme Euromed Heritage de la Commission europenne. Il sagit dun programme culturel, n suite la Confrence Euromditerranenne de Barcelone au 1995 avec le but de crer un espace de collaboration et de paix dans le bassin mditerranen. Dans ce cadre international et trs ambitieux, lobjectif que RehabiMed a vis comme objectif pour ses actions le renforcement de lactivit de rhabilitation comme facteur de dveloppement durable, dans tous les pays de la Mditerrane. Le point de dpart tait une bonne connaissance de

    la valeur du patrimoine darchitecture traditionnelle et aussi de sa problmatique. Connaissance acquise grce au projet prcdent CORPUS.

    Renforcer lactivit de rhabilitation a un sens particulier autant quil sagit dun subsecteur avec un grand potentiel conomique et dun clair indicateur du dveloppement. Nous ne pouvons pas oublier quen Europe, linvestissement en rhabilitation et entretien des btiments prend le 50% de lactivit du secteur de la construction, autant que dans les pays du Sud et de lEst mditerranens cette activit narrive pas mme au 10%.

    La valeur de ces actions un double sens, dun cot on contribue amliorer le cadre de vie des habitants et de lautre prserver lidentit historique et culturelle du patrimoine darchitecture traditionnelle qui prend de la valeur de jour en jour. Il sagit dun patrimoine vivant, autant quil abrite des millions de familles et il se trouve au milieu et au cur de la ville actuelle. Aussi, il est sous une forte pression conomique et sociale, au mme temps quil prsente des difficults pour rpondre aux besoins de lhabitat moderne.

    Lobjectif de RehabiMed est donc, de trouver un chemin et dtablir une Mthode qui rend plus facile lquilibre entre amliorer le

    2. Le projet RhabiMed au Maroc

    Place Jamaa el-Fna classe patrimoine immatriel de lhumanit

  • 12

    2. Le projet RhabiMed au Maroc

    cadre de vie des habitants et la prservation du patrimoine en tenant compte des 3 piliers de la durabilit (conomique, social et environnementale). Dans cette dmarche il faudra toujours penser tous les agents de la rhabilitation et leur participation (les lus- dcideurs ; le grand ventail de professionnels concerns et les habitants).

    La Mthode propose par RehabiMed considre la rhabilitation de larchitecture traditionnelle dans le cadre dun processus de revitalisation et de rgnration du territoire. Une intervention aussi bien sur lenvironnement physique que sur la population quil hberge, en garantissant son adaptation cohrente aux ncessits de la vie contemporaine. La rhabilitation doit tre un processus de transformation lent et programm, avec des objectifs moyen et long terme. Dun point de vue plus technique, la Mthode RehabiMed propose dordonner et de systmatiser les tapes du processus de rhabilitation (orientation, diagnostic, stratgie, action et suivi) avec lidentification des outils et des instruments considrer (techniques, administratifs et lgaux) pour leur gestion et leur dveloppement et en mme temps donne des critres pour aider la rflexion sur les problmes et les stratgies mettre en place pour garantir le succs du processus.

    2.2 Rhabilitation et action sociale : opration de Marrakech

    Au moment de rdiger le contenu du projet RehabiMed, en 2001, quatre vecteurs de rhabilitation ont t choisis et traits : Rhabilitation et paysage urbain (Lefkara, Chypre) ; Rhabilitation et artisans (Le Caire, Egypte) ; Rhabilitation et tourisme durable (Kairouan, Tunisie) et, Rhabilitation et action sociale.

    Pourquoi le choix de Marrakech pour la rhabilitation qui concerne les aspects sociaux ? Notre connaissance de la Mdina de Marrakech et la complexe problmatique prsente dans cette ville est la rponse cette question. Une puissante pression lie au foncier avec une spculation immobilire exceptionnelle dans les pays du Maghreb lui donnent une valeur singulire avec plusieurs situations sociales et avec des grands contrastes entre des ryads pris en charge par des agences de tourisme en tant que maisons dhtes dun cot et de lautre cot, des maisons rsidence des habitants locaux, dune grande valeur patrimoniale et dans des conditions constructives et dhabitabilit trs dgrades.

    Bien sr, il y a dautres endroits en Mditerrane ou laction sociale aurait eu le mme sens qu Marrakech, mais

    maintenant, aprs plusieurs mois de travail et aprs la finalisation des travaux de lOpration pilote, nous pouvons constater que le choix tait excellent et lexprience est unique au niveau technique, mais surtout au niveau social comme vous pouvez le constater dans les rsultats de cette opration. Sans doute, la capacit et lexprience dans lorganisation de projets internationaux du Centre Mditerranen de lEnvironnement de Marrakech, qui a pris en charge le partenariat marocain et lengagement de lInspection des Monuments Historiques de Marrakech, du Ministre de la Culture, qui a pris en charge tous les travaux techniques de RehabiMed au Maroc ont garanti la qualit et les excellents rsultats pour les actions menes et rassurent la continuit de laction pour le futur. La participation et le compromis que nous avons eu de la part des habitants et des autorits locales et nationales font de cette exprience un exemple suivre.

    La mise en scne de la dmarche RehabiMed a pris plusieurs tapes dans lesquelles ce quon vient de dire a pris corps. Tout dabord, a t organis le sminaire Rhabilitation et action sociale qui sest tenu dans la salle du Conseil de Ville de Marrakech du 26 mars au 3 avril 2006 avec la participation de plus de 50 experts de 15 nationalits diffrentes.

  • 13

    2. Le projet RhabiMed au Maroc

    Mme. Khadija El Feddy, en tant qulue, a reprsent la Municipalit de Marrakech la sance douverture et de M. Omar El Jazuly, Maire de Marrakech, a particip la sance de clture. Les travaux pratiques faisant partie du sminaire ont port sur les maisons objet de lOpration pilote. Ces exercices pratiques ont permis de dmarrer la rflexion sur les aspects sociaux et patrimoniaux de chaque maison. Les travaux de ce sminaire ont permis de prparer dexcellents matriaux de travail pour lquipe locale. Les participants ont manifest une grande sensibilisation la problmatique trs particulire des maisons surdensifies. Sur cette base documentaire, les travaux de diagnostic des btiments ont t dmarrs, et les ateliers de participation organiss avec les habitants des trois maisons pendant ltape de diagnostic et au long de toute la ralisation des travaux, nous ont permis de bien connatre et dajuster les projets et les travaux aux besoins rels de chacun deux et de contribuer amliorer la cohsion sociale par la rhabilitation.

    2.3 Choix des maisons slectionnes pour le projet pilote.

    Pour le cas de la Mdina de Marrakech, nous avons cherch trois maisons modle, cest a dire qui permettent laction entreprise

    avec lOpration pilote, de devenir un exemple facile rpter dans dautres maisons et dans des situations similaires. Le choix de trois quartiers diffrents nous a permis dtablir trois modles singuliers et complmentaires. Aussi, les maisons slectionnes et qui ont fait lobjet du chantier pilote de Marrakech lont t en suivant des critres patrimoniaux et sociaux. Il sagissait galement de slectionner des proprits inalinables dans le but dempcher toute utilisation usage spculatif des travaux effectus dans le cadre du projet Rehabimed.

    Les maisons Sidi Bel Abbes et Hart Soura sont des proprits du Ministre des

    Habous ; elles sont donc inalinables, ce qui garantit la durabilit de la destination sociale des fonds investis. Ces deux maisons (comme de nombreuses proprits des Habous) prsentent de plus un rel intrt patrimonial. Leur structure et leur dcor tant rest sans transformation depuis leur cession par les anciens propritaires qui souhaitaient ainsi, en empchant toute revente, prserver lintgrit de leur bien. La maison du Mellah, comme toutes les maisons de ce quartier, ne bnficie pas de titre de pleine proprit. Il sagit de ce que lon appelle au Maroc le droit de zina , cest--dire que la proprit se limite ce qui est construit, le sol restant la proprit du Domaine de lEtat.

    Exercices pratiques dans les maisons au cours du sminaire

  • 14

    La maison situe dans le quartier Sidi Bel Abbes, plus rcente et plus simple dans ses lments architectoniques est exemplaire par ses dimensions, sa structure, et par sa situation proximit dun des sanctuaires principaux de la ville. Elle est particulirement intressante galement par le morcellement dont elle a fait lobjet.

    On retrouve la mme problmatique dans la maison situe dans le quartier Hart Soura qui prsente elle aussi une situation critique dans une demeure patrimoniale plus ancienne. Lusage des votes de briques pour couvrir les espaces (le grand salon par exemple) est certainement la marque

    dune architecture ancienne utilisant des techniques de construction traditionnelles adaptes une rgion qui ne produisait pas de bois de construction. Le dveloppement des moyens de transport au sicle dernier a permis dimporter Marrakech le cdre du Moyen-Atlas alors que se dveloppait galement limportation de bois blanc tranger. Ce qui provoqua labandon progressif des techniques traditionnelles de votes de briques au profit de structures de bois :rondins et roseaux ou baguettes (ikki) ou chevrons et planches (warka ou geizat).

    La maison situe dans le quartier du Mellah complte le tableau en ce sens quelle se situe dans un des quartiers les plus

    2. Le projet RhabiMed au Maroc

    Maison de Hart Soura, mdina de Marrakech

    maison zaoua Abbassia

    Mellah, mdina de Marrakech

  • 15

    dgrads de la ville (lancien quartier des juifs), quelle est la plus densifie des maisons slectionnes et que son architecture, plus fragile, nous a oblig trouver des solutions plus innovantes quailleurs.

    2.4 Les principes dintervention

    Dans le souci de prserver les caractristiques de larchitecture traditionnelle caractre mditerranen qui fait la richesse des maisons slectionnes, les oprations ralises dans le cadre du projet pilote ont respect certaines rgles de base tant au niveau de larchitecture que des matriaux utiliss. Larchitecture des maisons traditionnelles de la mdina de Marrakech est base sur lespace intrieur, le wast ed-dar , espace priv, intime, souvent marqu symboliquement par la prsence dun point deau central et de jardins plants. La surexploitation des espaces disponibles et le morcellement de nombreuses maisons de la mdina (dont celles qui ont t slectionnes dans le cadre du projet pilote) met souvent en pril lintgrit de cet lment essentiel, cest pourquoi, un des principes de lintervention a t de rtablir au maximum des possibilits lintgrit de cet espace central et son unit formelle.

    Restauration des rangs de tuiles priphriques en haut des murs priphriques ou en couronnement des linteaux des galeries entourant le wast ed-dar , uniformisation des baies (arcs ou linteaux droits), des balustrades, des enduits et des plafonds, restauration dun traitement de sol unitaire par un calepinage adapt, mais surtout rtablissement des espaces communs qui ont t progressivement privatiss.

    Dans lesprit de rtablir lidentit et lintgrit de chaque maison en tant quentit architecturale spcifique, bien que fondue dans un tissu urbain dense et cohrent, un souci tout particulier a t apport aux murs

    priphriques des toitures terrasses, autant pour garantir lintimit des terrasses que par respect pour le voisinage. Linterdiction faite traditionnellement aux hommes quant laccs aux terrasses tant partout transgresse, il est aujourdhui impratif dessayer dadapter partout o cela semble possible, la solution anciennement rserve aux seules demeures bourgeoises : la construction dun mur priphrique au niveau des mitoyens.

    La construction traditionnelle et la rhabilitation des constructions avec les techniques et les matriaux traditionnels demande beaucoup de soins et le respect de temps de schage entre les diffrentes

    Situation des maisons du projet dans la Medina de Marrakech

    2. Le projet RhabiMed au Maroc

  • 16

    interventions. On rutilise de prfrence les matriaux (briques, rondins, poutre de bois, linteaux, menuiseries) et la terre issue des dmontages, dcapages et dmolitions partielles (des dalles des toitures terrasses par exemple). La chaux a partout t prfre au ciment. Elle est utilise comme liant pour les mortiers, les enduits, ainsi que pour ltanchit des toitures. Dune faon gnrale on vite lusage des techniques de bton arm qui dnaturent gravement le caractre traditionnel dans la mdina. Les travaux effectus dans le cadre du chantier pilote de Marrakech se doivent dtre exemplaires cet gard.

    Les interventions spcifiques au projet pilote de Marrakech qui ont pour but damliorer les conditions de vie des habitants, ont-elles aussi suivi certains principes. Il sagit tout dabord de scurit. Que les murs et les toits ne leur tombent pas sur la tte. Il faut ainsi veiller rtablir ou consolider les structures portantes de la maison : murs, colonnes, linteaux, dalles traditionnelles. Il sagit ensuite de restaurer ltanchit des terrasses, et on veillera respecter ici les mthodes dtanchit traditionnelles. Au niveau des quipements de base par logement, doffrir au minimum un point deau et un point dalimentation lectrique par logement. Etant donn le caractre

    dextrme densit des maisons choisies, la question des sanitaires ne peut qutre traite de faon communautaire. On a partout essay dintgrer ces lments indispensables sans abmer la structure des maisons (rseaux apparents, tranches limites au maximum, identification claire des interventions par lusage de matriaux spcifiques). Le souci tant de permettre une sauvegarde ultrieure des constructions en esprant quun jour le problme social pourra tre rsolu dune autre faon que par le morcellement et que ces maisons pourront un jour retrouver un usage leur mesure.

    2. Le projet RhabiMed au Maroc

  • 17

    3.1 Maison Sidi Bel Abbes

    N 13, derb Taht Khachba, quartier de la zaouia Abassia

    situation

    Situe dans le nord de la mdina, la maison fait partie dun ensemble de proprits qui jouxtent la zaouia de Sidi Bel Abbes. Au Nord de la maison, lesplanade de la zaoua, le tombeau du saint et le cimetire de Sidi Bel Abbes, qui occupe le centre du quartier. Au Sud, un quartier dhabitations coll lancien rempart almoravide qui a t englob dans la ville mais dont la trace reste encore bien visible dans le parcellaire. Le souk des passementiers est le passage oblig entre la zaoua et les quartiers de la mdina ; cest une rue ferme par des arcs et borde de chaque ct de galeries darcades qui protgent les boutiques des artisans.

    historique

    Le quartier de sidi Bel Abbes reprsente un cas unique dextension de la ville lextrieur de ses remparts almoravides. Cest le sultan alaouite Sidi Muhammad Ben Abdallah (1757-1790) qui aurait entour de remparts ce quartier extra-muros qui stait notamment dvelopp

    lpoque des sultans saadiens (notamment Abou Faris). Sur la vue panoramique de Marrakech propose par le consul danois Host en 1768, le quartier est dj reprsent entour de remparts. La notice de Paul Lambert confirme galement que les travaux ont t raliss par ce sultan. Il est donc possible de dater cette ralisation des dbuts de son rgne soit vers 1760. Le quartier de belles demeures qui jouxte la zaoua de Sidi Bel Abbes et dont la maison dont nous allons nous occuper dans le cadre du projet Rehabimed fait partie, pourrait avoir fait partie du mme projet de revalorisation de la zaoua et de son intgration lintrieur du primtre urbain protg

    3. Lopration pilote Marrakech.

    Rhabilitation et action sociale

  • 18

    3. Lopration pilote Marrakech.Rhabilitation et action sociale

    par des remparts. Lensemble des difices qui constituent aujourdhui la zaoua de sidi Bel Abbes (mausole, mosque, medersa, hammam, etc..) sont galement des constructions mettre au crdit du sultan Sidi Muhammad Ben Abdallah. Il est donc vraisemblable de dater la maison dont il est ici question de la fin du XVIIIme sicle.

    analyse socio-conomique

    Propritaire : HabousHabitants : 7 logements et 37 personnesTypologie: Maison traditionnelle patio non plant (Dar)Particularit : Douirya indpendante Date de construction (estimation): 18 ime sicleM habitable : 162 m Nombre de niveaux : Rdc+ Etage+ Toiture-terrasse Systme porteur : Poteaux - poutres sur le patio et mur porteur sur lextrieurMatriaux dorigine : Terre, brique, bois, tuile vernisse et mortier de terre et de chauxMatriaux rajouts : Bton, parpaing et enduit cimentEquipements : Un seul sanitaire, pas deau (coupe suite des factures impayes) et existence dun rseau lectricit (installation vtuste) / 2 compteurs.

    analyse architecturale et architectonique

    Lensemble est constitu dune maison wast ed-dar et dune douiria (petite maison) situe ltage. Cette configuration est classique Marrakech. La maison, centre sur sa cour intrieure ntait accessible quaux seuls membres de la famille ; le matre de maison disposait quant lui de la douiria, sorte dappartement indpendant pour recevoir et accueillir ses htes pour des visites professionnelles ou prives. La douiria possdait un escalier indpendant dont laccs se trouvait dans le couloir en chicane qui protge la maison des regards trangers. Aujourdhui, louverture dun nouvel accs cet escalier directement sur la rue principale a permis de transformer lancienne douiria en appartement compltement indpendant de la maison. Seules les toitures terrasses restent communes. Laccs le plus ais est celui de la douiria (une chelle de meunier) ; deux autres accs du ct de la maison sont faits de simples morceaux de bois ancrs dans un angle de murs qui donne accs une trappe sommaire. La douiria surplombe le hall dentre en chicane (o se trouve le seul WC de la maison) ainsi quun large tronon de rue. Pour couvrir la voirie et servir ainsi de socle lappartement, cinq arcs de briques cuites

    ont t lancs ; ils sont lis aux extrmits par deux votes dartes qui supportent les salles de ltage, alors quau centre ce sont des votes en berceau qui relient les arcs qui supportent le wast ed-dar de la douiria.

    La maison proprement dite est constitue de deux niveaux. Ltage qui couvre en partie des boutiques ouvertes sur la rue principale dispose de plus de surface habitable que le rez-de-chausse. Un escalier dans langle du patio permet daccder la galerie qui ltage donne accs aux pices dhabitation. La galerie qui nest btie que sur trois cts du wast ed-dar est complte en trompe lil sur le mur mitoyen qui ferme la cour sur le quatrime ct. Larchitecture de ces galeries, faites de piliers carrs qui supportent de larges linteaux de bois sur les deux niveaux, est typique de lhritage arabo-andalou. On peut ici voir un exemple typique (et tardif ) de lvolution du modle architectural qui sest dvelopp dans loccident mditerranen.

    analyse des lments constructifs et structurels

    La construction, bien quassez ancienne (prs de 250 ans) est de bonne tenue. Les murs sont faits de briques cuites maonnes larges joints de mortier

  • 19

    3. Lopration pilote Marrakech.Rhabilitation et action sociale

    btard. Les plafonds sont pour la plupart de ceux qui sont visibles (notamment dans les galeries) constitus de chevrons et de planchers de cdre (warka ou geiza). Le cdre tant assez rare et cher dans la rgion de Marrakech surtout lpoque de la construction de la maison, on peut supposer quelle a t btie par une famille aise, qui avait du moins les moyens financiers pour se faire livrer du bois de cdre en provenance du Moyen-Atlas. Les structures portantes horizontales sont faites de dalles de terre stabilises la chaux. Ltanchit des terrasses est ralise par compactage de chaux dans la dalle de terre en respectant des pentes pour lcoulement des eaux pluviales vers les voiries publiques. A ltage la galerie tait entoure de garde-corps en bois travaill (moucharabieh) dont il reste quelques lments. Les linteaux taient protgs par un dbordement de tuiles (trois rangs) qui encadre le patio.

    pathologie

    Il est difficile de vrifier la structure et ltat de conservation des fondations dans une maison ancienne habite. Mais, ltat des murs porteurs ne semblait rvler aucune dgradation majeure de lordre de tassement diffrentiel ou de fissurations importantes.

    Systme de construction

  • 20

    Plusieurs fissurations apparaissaient au niveau des faades donnant sur la rue et le derb. Ces fissures, superficielles naffectaient que les enduits. Dautres fissures, apparues aux angles, tmoignaient dune mauvaise cohsion des matriaux de construction.

    Le sol du vestibule dentre tait en terre battue ; celui du patio avait t refait, par endroits, en ciment. Les murs et les piliers taient affects par des remontes capillaires qui dsagrgeaient les briques et les mortiers de liaison. Les enduits se dtachaient de la maonnerie et ne protgeaient plus les murs. Certaines mauvaises restaurations au niveau de la maonnerie et des enduits affaiblissaient la structure des murs en particulier dans le couloir dentre et le mur ouest au dessous de la galerie.

    Les murs des chambres avaient t, maintes reprises, recouverts denduits de matriaux et de textures diverses. Mais les anomalies restaient superficielles et se limitaient des fissurations secondaires affectant les enduits de pltre sauf le mur porteur sud accol la maison voisine en ruine et dont les dcombres entasss poussaient sur celui-ci, tout en provoquant des infiltrations capillaires.

    Les planchers en solives et voliges du hall dentre et de toute la galerie ouest

    Etudes damnagement

    3. Lopration pilote Marrakech.Rhabilitation et action sociale

  • 21

    avaient t en grande partie attaqus par un incendie et les lments en bois avaient perdu de leur solidit.

    Les encorbellements de cdre supportant les planchers du premier tage prsentaient des dcollements par endroits et des fissurations dues aux effets de lensoleillement et des prcipitations.

    Les espaces ouverts entre les piliers des deux galeries nord et sud avaient t condamns et bouchs par des pseudos cloisons base de roseaux et de pltre empchant laration des espaces internes, ce qui favorise la condensation dhumidit trs nuisible au bois des planchers et aux enduits.

    Au niveau de ltage, les murs et piliers des galeries prsentaient des fissurations denduits. Certaines balustrades menaaient de tomber ; leur bois est aussi dgrad. Lauvent qui couronne louverture du patio tait trs dgrad et une grande partie des tuiles descelles.

    Au niveau des terrasses, la couche dtanchit prsentait partout des craquelures. Les parties restaures en ciment, non jointes avec les parties anciennes tanches la chaux, ont favoris les infiltrations au niveau du plancher haut de ltage.

    travaux de rhabilitation

    Les travaux ont t tout dabord de consolider les structures porteuses du btiment et de restaurer ltanchit des toitures terrasses. Il a fallu dcharger les structures portantes des dalles de terre, remplacer certains rondins porteurs, puis recommencer les dalles traditionnelles (roseaux, terre et compactage la chaux). Pour les plafonds anciens en systme de Warka ou geizat , il a fallu remplacer les planchers souvent pourris sous les couches de peintures et les suies accumules, puis reprendre entirement le systme de dalle traditionnelle (terre et compactage de chaux).

    Un mur de parapet de scurit a t construit sur le mur qui surplombe la rue. Il a t enduit et peint de la mme couleur que le mur existant. Le mur de parapet du patio a t entirement restaur et lgrement surlev par mesure de scurit. Le rang de tuiles qui protge les linteaux de bois a t rtabli.

    Le rseau dalimentation en eau a t entirement remplac ainsi que le rseau dassainissement. Deux toilettes ont t installes dans le hall dentre. Lensemble de ces locaux sanitaires a t carrel de faences blanches. Le rseau dassainissement a galement

    t entirement refait. Le rseau dalimentation lectrique de la maison a t entirement refait pour fournir au moins un point lumineux et une prise de courant par logement mme petit.

    La balustrade de ltage a t entirement restaure. Des mamounis de bois ont t proposs aux habitants pour rtablir un peu dintimit entre les logements au niveau des galeries, en remplacement des structures de fortune quils y avaient tablies.

    Partout lintrieur des pices habites, les enduits ont t refaits et les sols des parties communes ont t raliss en carreaux de ciment.

    3. Lopration pilote Marrakech.Rhabilitation et action sociale

  • 22

    3. Lopration pilote Marrakech.Rhabilitation et action sociale

  • 23

    Pendant les travaux

    Avant travaux

    Aprs travaux

    3. Lopration pilote Marrakech.Rhabilitation et action sociale

  • 24

    3.2 Maison Hart Soura

    N 5 et 6, derb Darqaoua, quartier Hart Soura

    situation :

    Situe dans le quartier le plus central de la mdina, la maison dont il est ici question est implante au fond dune courte impasse (derb) qui porte le nom dune confrrie religieuse importante. La maison se trouve dans la proximit immdiate de la mdersa Ben Youssef et de la mosque centrale, la mosque Ben Youssef, plusieurs fois modifie et reconstruite elle porte galement le nom du sultan almoravide. Laccs du derb se fait dans une voie principale qui relie la placette de la mosque Hart Soura la rue Ahl Fs et larrire de la mdersa.

    historique

    Le quartier de Hart Soura est certainement un des plus anciens de la mdina. Le quartier porte ici comme souvent le mme nom que la mosque. Soura aurait t le nom de la sur du sultan Ali Ben Youssef, lui-mme, fils de Youssef ben Tachefine qui est attribue la fondation de Marrakech. Aujourdhui encore, la moque ben Youssef, comme la clbre mdersa saadienne qui la jouxte ont gard

    le nom du constructeur de la mosque qui a durablement marqu le tissu urbain du quartier. Il est quasiment certain que le premier centre urbain se trouvait ici. Cest au pied de la mosque de Ali Ben Youssef que la premire fontaine publique et les premires latrines alimentes par la premire khettaras (drain souterrain) ont t construites.

    La maison dont il est ici question se situe en bout dimpasse dun derb qui porte le nom de Derkaoua une clbre confrrie du Maroc et de lAfrique du Nord. Servait-elle de zaoua, comme le prtendent les habitants actuels et les personnes interroges dans le quartier ? Aucun document nest l pour le prouver mais nous suivrons lavis des habitants en la considrant donc comme telle.

    analyse socio-conomique

    Propritaire : Habous / Hritiers/ PropritaireHabitants : 11 logements, 49 personnesTypologie : Maison traditionnelle patio (Riyad)Particularits : Prsence de deux coupoles et darcades en pierre.Extensions contemporainesDate de construction (estimation) : entre le 16 et 17 ime sicle M habitable : 428 mNombre de niveau : Rdc + Entre-Sol +

    Etage + Toiture-terrasseSystme porteur : Murs porteursMatriaux dorigine : Brique, bois, tuile vernisse et mortier de terre et de chauxMatriaux rajouts : Parpaing et enduit cimentEquipements : il y a 6 sanitaires (dont 5 privs) ; trois points deau (dont un priv) et un rseau dlectricit.

    analyse architecturale et architectonique

    Lensemble est constitu dune maison wast ed-dar , entoure de pices sur trois cts, et de douirias (petite maison) situes aux tages. Lensemble ayant t dgrad par de rcents morcellements mais sans doute aussi fort remani au cours des sicles, il est aujourdhui difficile de reconstituer la structure de la maison dorigine. Avait-elle la forme dun ryad (maison entourant un jardin) ou dun dar (maison entourant un patio non plant) ? La taille du wast ed-dar ferait plutt pencher pour la premire solution. Il tait dautre part traditionnel de planter lintrieur des maisons Marrakech et lon a recens un grand nombre de ryads dans des patios beaucoup plus petits que celui de cette maison.

    Ct sud et ct nord, deux galeries se faisaient face et prcdaient les grandes

    3. Lopration pilote Marrakech.Rhabilitation et action sociale

  • 25

    Analyse des espaces et des lments patrimoniaux

    3. Lopration pilote Marrakech.Rhabilitation et action sociale

  • 26

    pices de la maison. La pice principale occupe le ct nord. Aujourdhui morcele, on en devine les hautes proportions. Elle souvrait sur la galerie par une large baie protge par une porte rtaj (gonds extrieurs). La pice est couverte dune large coupole en briques cuites, enduite et dcore de lignes de couleur et de mdaillons de pltre sculpt rehauss de couleurs vives. Lignes et facettes qui structurent cette coupole, en accentuent la gomtrie de carne renverse. Ce type de dcor, que lon retrouve encore aujourdhui dans de nombreuses maisons de la ville et dans les constructions des berbres des montagnes semble une caractristique de larchitecture traditionnelle du sud du Maroc. Mais ce genre de dcor qui nest souvent quune construction de pltre sur une structure de roseaux, sert ici mettre en valeur une vritable coupole. Il est probable que lusage de la brique en votes et en coupoles pour couvrir les espaces tait plus courant lpoque o la rgion de Marrakech ne disposait pas de vritables bois de construction et o le transport des bois de cdre tait difficile et prilleux.

    Ct Sud, les restes dun antique dcor de bois sculpts couronnent larc central de la galerie. Bien que lensemble soit fort dgrad, il est vident quil sagit dun

    dcor dinspiration arabo-anadalouse. Les cts latraux du wast ed-dar sont plus difficiles analyser. Une galerie semble avoir t mure. Une construction voisine occupe le centre du ct ouest jusquau niveau des terrasses.

    analyse des lments constructifs et structurels

    Les lments constructifs dnotent un style trs ancien et tmoignent de lge de ldifice. Nous pensons tout particulirement aux votes de briques cuites qui constituent la coupole de la grande salle (ct oppos lentre). Ltanchit suprieure de la coupole est ralise en dess . La qualit de cette tanchit qui na visiblement pas t entretenue depuis des dcennies dnote de la qualit de la mise en uvre et du souci des constructeurs de ldifice.

    On retrouve des niveaux de finitions quivalents aux niveaux des arcs des galeries. Souci de qualit galement dans le choix des rondins de bois qui couvrent ltage, les anciens greniers de la maison.

    Malgr laspect dsol de lensemble, aujourdhui morcel et dfigur par des constructions parasites, on peut dire que les lments constructifs et structurels anciens ont gard leurs qualits portantes,

    bien quelles ncessitent de srieux travaux dentretien.

    pathologie

    Lanciennet de la maison et la qualit des matriaux mis en uvre tmoignent de la qualit de la construction.

    La seule faade extrieure de la maison, se situant dans le derb Derqawa, avait t refaite en enduit de ciment et ne laissait entrevoir aucun dsordre structurel. Par contre, les arcs enjambant lalle de la ruelle menacent de tomber.

    A lintrieur de la maison, certaines zones des murs et des piliers laissaient apparatre, prs du sol, des traces de remontes capillaires affectant la cohsion de la maonnerie.

    Les quatre faades du patio ne reprsentaient pas de dsordres majeurs sauf au niveau des enduits .

    Des tches blanchtres apparentes sur la vote de lancienne pice principale semblaient dues aux infiltrations de leau de pluie.

    Les murs des entresols 3 et 6 taient les plus atteints par les remontes capillaires. Les enduits se dcollaient et les mortiers de liaison ne tenaient plus leurs maonneries.

    3. Lopration pilote Marrakech.Rhabilitation et action sociale

  • 27

    Certains plafonds avaient t remplacs par des bches en plastique.

    Au niveau des terrasses, la dgradation des couches dtanchit avait caus des infiltrations.

    La structure des escaliers tait partout affaiblie (bois soutenant la structure et maonnerie). Les revtements en dess prsentaient des craquelures. Les nez de marches avaient en partie disparu.

    travaux de rhabilitation

    Les travaux ont t tout dabord de ngocier, famille par famille, et logement par logement la restructuration et la redistribution des espaces disponibles pour pouvoir dgager le patio central ( wast ed-dar ) des constructions parasites qui y avaient t difies. Il a ainsi fallu faire des choix douloureux quant au respect du patrimoine pour amliorer les conditions de vie de chacun sans rduire aucunement leurs espaces privatiss dj trs rduits.

    zone aprs zone, il a fallu consolider les structures porteuses du btiment et restaurer ltanchit des toitures terrasses.

    Il a fallu dcharger les structures portantes des dalles de terre, remplacer certains

    rondins porteurs, puis recommencer les dalles traditionnelles (roseaux, terre et compactage la chaux).

    Des mezzanines ont t ramnages ou agrandies. Un escalier a t reconstruit pour offrir un accs plus ais des pices abandonnes au niveau des terrasses en compensation de la perte despaces habitables dans le patio.

    Le rseau dalimentation en eau a t entirement remplac ainsi que le rseau dassainissement.

    Le problme majeur de la rhabilitation de cette maison a t de trouver un moyen pour vacuer vers le rseau dassainissent public les rseaux dassainissement. Le niveau du patio tant 80 cm en dessous du niveau de branchement possible dans le derb Derqaoua. Plusieurs solutions ont t envisages : soit dinstaller les sanitaires aux tages, prs de la porte dentre, soit de raccorder la maison vers des rseaux publics dautres rues. Des sondages ont t raliss dans ce sens partir de plusieurs proprits voisines. Finalement la solution retenue a t de surlever le niveau du patio denviron 1 mtre et dy construire un bloc sanitaire collectif indpendant des structures traditionnelles.

    Le rseau dalimentation lectrique de la maison a t entirement refait pour fournir au moins un point lumineux et une prise de courant par logement mme petit.

    Partout lintrieur des pices habites, les enduits ont t refaits.

    Les sols des parties communes ont t raliss en carreaux de ciment.

    Un jardin en creux a t amnag au milieu du patio pour maintenir un peu de vgtation au milieu de la maison et sauvegarder larbre existant.

    3. Lopration pilote Marrakech.Rhabilitation et action sociale

  • 28

    3. Lopration pilote Marrakech.Rhabilitation et action sociale

  • 29

    Pendant les travaux

    Avant travaux

    Aprs travaux

    3. Lopration pilote Marrakech.Rhabilitation et action sociale

  • 30

    3.3 Maison du Mellah

    N 21 et 22, derb zamrane, quartier du Mellah

    situation

    Situe dans lancien quartier des juifs de Marrakech, la maison dont il est ici question prsente des caractristiques encore bien diffrentes des maisons prcdentes. Comme la rue et le quartier o elle est situe, elle est aussi beaucoup plus rcente que les maisons 1 et 2.

    Une des premires interventions des sultans saadiens dans la ville de Marrakech, fut la cration dun quartier juif, isol du reste de la mdina. Ce quartier, qui prit plus tard le nom de Mellah, est situ au sud de la mdina, et lest de la qasba, prs de Bab Agmet (Aghmat), crit Marmol, afin que les juifs fussent spars des Maures( Marmol, Descripcion general de Africa, Grenade, 1573, p.59). La maison est situe lest du quartier juif et fait probablement partie des extensions ralises la fin du XIXme sicle. Elle est implante sur une voie rectiligne nord-sud, qui reprsente la sparation traditionnelle entre le quartier dhabitations situ lEst, le cimetire (mihara) et les jardins attenant au quartier (jnane el Afia) situs du ct Ouest.

    Au nord, stend la partie principale du quartier avec son plan caractristique en swastika et ses rues parfaitement droites et dessines.

    Au Sud, le quartier de Berrima construit autour de la mosque du mme nom (1852).

    historique

    Si lattribution aux juifs dun vaste terrain lest de la qasba est bien mettre au crdit du sultan saadien Moulay Abd-Allh, le lotissement du quartier du Mellah, tel quil apparat encore aujourdhui, date probablement du milieu du XIXme sicle pour sa partie centrale, avec des agrandissements lest et louest raliss une quarantaine dannes plus tard.

    Cest vers 1557-58 que, selon une tradition juive, le rabbin Mardoche b. Attar aurait t charg par le nouveau sultan de diriger les travaux. La date de 1562-63, donne par Ifrn, correspondrait la fin des travaux.

    Le Mellah disposait de deux accs : La juiverie toute entoure de murailles aux deux portes : lune qui sert sur leurs terrains, et lautre par laquelle ils communiquent avec la ville et qui est flanque de gardes. Il y avait comme

    population 6.000 personnes et beaucoup de synagogues.

    Adriaen Matham, dans la notice qui accompagne son estampe, parle lui aussi du Mellah : Les juifs y ont dans la ville une place, o ils ont leur demeure par ensemble, tant pourvue de muraille, tout autour, laquelle ils referment, notamment les nuits ; et est cette place si grande en son circuit quelle seule bon droit pourrait passer pour une ville assez considrable... (Adriaen Matham, Platium magni regis maroci in barbaria, Estampe, 1646, Riyksmusum, Amsterdam.)

    La population du Mellah a suivi une lente progression depuis la priode saadienne. De 500 habitants en 1666, elle serait passe 2000 en 1804, 6000 en 1867, pour arriver 14000 au dbut du XX sicle. On apprend dautre part quen 1890 le sultan donna la communaut juive un terrain pour agrandir le quartier o les habitants se trouvaient trop ltroit. 300 maisons nouvelles y seront difies : Moulay Hassan (.) agrandit les limites de leur Mellah, dont il dplaa aux deux extrmits les murailles. Celles-ci englobrent dsormais vers louest un ancien terrain vague qui, rparti entre diffrents notables se couvrit de hautes maisons et forma le quartier Mellah Jedid ; vers lest le jardin potager de jnan el Afia, encore appel maintenant La Bira

    3. Lopration pilote Marrakech.Rhabilitation et action sociale

  • 31

    et qui fut occup par la population pauvre. Ces agrandissements sont identifiables dans le parcellaire du quartier, sur le relev photogrammtrique de 1987.

    Dans les annes 1960 et 1970, les juifs ont massivement quitt les anciens mellahs du Maroc pour migrer en Isral. Il ne reste aujourdhui quenviron 300 juifs Marrakech alors que lancien mellah en comptait prs de 15.000 il y a cent ans. La plupart des maisons abandonnes ont t rcupres et (ou) squattes par des familles musulmanes dfavorises, ce qui a transform le quartier en un des plus pauvres de la mdina. Aujourdhui des projets de revalorisation du quartier rebaptis Hay Salam sont ltude.

    analyse socio-conomique

    Adresse : Derb zamrane, n 21/22, Hay Essalam (Mellah), BahiaPropritaire : Priv (zina) Habitants : 13 logements ; 62 personnesTypologie : Maison traditionnelle juive patio non plant (Dar) avec une douiryaParticularit : Statut foncier su sol particulier (zina)Date de construction (estimation) :fin 19 ime sicleM habitable : 490 m Nombre de niveaux : Rdc+ Etage+ Toiture-terrasse

    Systme porteur : Poteaux poutres pour le patio et murs porteurs vers lextrieurMatriaux dorigine : Brique, bois, tuile vernisse et mortier de terre et de chauxMatriaux rajouts : Enduit ciment.Equipements : deux sanitaires, pas deau (coupe suite une facture impaye) et il existe un rseau lectrique vtuste avec un compteur

    analyse architecturale et architectonique

    Lensemble est constitu dune maison wast ed-dar et dun petit logement annexe en fond de cour. Lentre se fait dans langle conformment la distribution classique des maisons au Maroc, tant dans le contexte des mdinas que dans le monde rural. Toutes les pices souvrent sur le patio tant au rez-de-chausse qu ltage. Des cloisons trs rcentes ont t ralises au niveau des galeries pour privatiser certains espaces extrieurs devant les nombreux logements crs par morcellement de cette ancienne maison patricienne.

    Ltat actuel de cette maison reprsente lexemple parfait du phnomne de transformation par divisions successives des anciennes demeures et ryads de la mdina. Phnomne de densification et de pauprisation des espaces patrimoniaux

    traditionnels qui se retrouve partout dans la mdina.

    On ne trouve pas de diffrences majeures entre les maisons traditionnelles juives ou musulmanes de la mdina. Mme structure en rez-de-chausse et tage entours de galeries qui prcdent les pices de vie. Mmes matriaux utiliss : mme type de dcors pour les chapiteaux des colonnes ou les linteaux et faux linteaux (lizar). On dnote peut-tre un motif de garde-corps pour la galerie dtage qui sinspire plus de modles europens (balustres tournes /symbolises en plans) que des traditionnels panneaux de moucharabieh.

    La spcificit du Mellah au niveau architectural se retrouve plutt dans la forme des rues et ruelles et dans lusage de fentres et de balcons sur rue, ce qui tait totalement absent dans les quartiers musulmans.

    analyse des lments constructifs et structurels

    Le systme constructif est classique des constructions de la fin du XIXme sicle. Les murs sont pour la plupart faits de maonnerie de briques cuites poses gros joints de mortier btard. Les galeries sont portes par des colonnes

    3. Lopration pilote Marrakech.Rhabilitation et action sociale

  • 32

    de maonnerie de sections rondes. Ces colonnes graciles reprsentent une simplification du modle traditionnel de piliers octogonaux. Il sagissait sans doute de faire rfrence aux colonnes de marbre des constructions arabo-andalouses classiques. La relative fragilit de ces colonnes a visiblement pos des problmes et impos la construction de piliers de stabilisation en maonnerie de blocs pleins sur une partie de la galerie.

    Certains plafonds sont raliss en rondins et roseaux et pltrs ; dautres sont faits de warka ou geizat peints (ils sont sans doute en cdre) bien que limportation de sapin ait commenc dans la deuxime moiti du XIXme sicle.

    Les tanchits des terrasses sont faites de dalles de terre stabilises la chaux. Les pentes actuelles sont exagres et dnote une superposition de couches successives dont le poids risque de prsenter un danger pour des structures peu (ou pas du tout entretenues) et qui navaient pas t prvue pour ces charges

    Globalement on peut affirmer que la maison ne menace pas de seffondrer, mais que de srieux travaux de remplacement et de consolidation des structures horizontales sont ncessaires.

    pathologie

    Limportance des remontes capillaires au niveau des murs du rez-de-chausses, caus par labsence de rseau dassainissement laissait planer des doutes sur ltat des fondations, bien que les fissures apparentes ne semblaient concerner que les seuls enduits et que ltat gnral des structures portantes paraissait assez satisfaisant.

    La partie de la faade dans laquelle sinscrit la porte dentre prsentait des dcollements denduit de chaux, du crpi des lambris et des traces de capillarits. Lautre partie avait t refaite en ciment mais le problme de lhumidit capillaire persiste toujours et attaque le mur.

    Le problme majeur du rez-de-chausse tait lhumidit des murs laissant derrire elle des dgradations importantes au niveau des enduits, qui sont tous dcolls ou effrits, et de la maonnerie. Les sols taient partout dgrads et htrognes.

    A ltage, les sols taient galement dgrads. Les murs et piliers des galeries prsentaient des fissurations au niveau des enduits. Les plafonds en pltre taient en grande partie tombs et laissaient apparatre des structures trs affaiblies.

    Analyse spatiale de la maison

    3. Lopration pilote Marrakech.Rhabilitation et action sociale

  • 33

    Les balustrades en fer forg et bois, dplaces, en particulier dans langle nord-est, menaaient de tomber.

    Au niveau des terrasses, un affaissement important de la forme dtanchit se marquait par des fissurations profondes. Ltanchit tait partout dgrade et les pentes dformes par des affaissements qui provoquaient des retenues deau.

    Les escaliers menant ltage avaient t refais en ciment. Les marches et contre marches se dsagrgaient ainsi que les nez de marche en bois.

    travaux de rhabilitation

    Les travaux ont t tout dabord de restaurer ltanchit des toitures terrasses. Il a fallu dcharger les structures portantes des dalles de terre, remplacer certains rondins porteurs, puis recommencer les dalles traditionnelles (roseaux, terre et compactage la chaux) tout en rtablissant les pentes dvacuation vers la rue. Un mur de parapet de scurit a t construit sur le mur qui surplombe la rue, la proprit voisine ct sud et la ruine du ct ouest. Il a t enduit et peint de la mme couleur que le mur existant. Le mur de parapet du patio ( wast ed-dar ) a t entirement restaur et lgrement surlev par mesure de scurit. Le rang

    de tuiles qui protge les linteaux de bois a t rtabli suivant le style traditionnel des maisons de la mdina de Marrakech.

    Au niveau de ltage, certaines pices ont t entirement restaures, les faux plafonds de pltre entirement refaits.

    Au niveau du rez-de-chausse, il a fallu consolider les structures porteuses et rtablir lhomognit des supports (colonnes supportant la galerie du patio) dont certains avaient t remplacs par des maonneries de blocs pleins.

    Le rseau dalimentation en eau a t entirement remplac ainsi que le rseau dassainissement. Des toilettes ont t installes au rez-de-chausse et au niveau des terrasses. Lensemble de ces locaux sanitaires a t carrel de faences blanches.

    Le rseau dalimentation lectrique de la maison a t entirement refait pour fournir au moins un point lumineux et une prise de courant par logement mme petit.

    Partout lintrieur des pices habites, les enduits ont t refaits.

    Les sols des parties communes ont t raliss en carreaux de ciment. ( wast ed-dar ).

    La balustrade de ltage a t restaure ainsi que certaines menuiseries particulirement dgrades. Des mamounis de bois ont t proposs aux habitants pour rtablir un peu dintimit entre les logements au niveau des galeries, en remplacement des structures de fortune quils y avaient tablies. Au rez-de chausse galement, des mamounis ont t installs pour rtablir un minimum dintimit entre les espaces communs et les diffrents logements.

    3. Lopration pilote Marrakech.Rhabilitation et action sociale

  • 34

    3. Lopration pilote Marrakech.Rhabilitation et action sociale

  • 35

    Pendant les travaux

    Avant travaux

    Aprs travaux

    3. Lopration pilote Marrakech.Rhabilitation et action sociale

  • 36

    4.1 Journe de sensibilisation Marrakech. Ma maison aussi peut tre un petit paradis.

    Cest dans la maison du quartier du Mellah que lon a ralis lactivit de sensibilisation destine aux plus petits, dans le but de rapprocher les nouvelles gnrations du patrimoine traditionnel et de la rhabilitation ralise. On a organis pour ce faire un concours de peinture comme activit ludico-pdagogique, au cours duquel les enfants ont dessin et peint les changements quils percevaient aprs la rhabilitation. Pour les organisateurs

    et les parents, la transformation la plus importante a t la possibilit de programmer cette activit dans la cour intrieure de la maison, avec la tranquillit dtre dans un espace sr, sans craindre la chute dune tuile ou leffondrement dun plancher. Pour les enfants, cet espace gris et abandonn avait t converti en un espace plein de vie et, surtout, de couleurs.

    Un total de vingt enfants, entre 5 et 12 ans, ont peint diffrents dtails du patio de la maison. Il sagit de lespace central de la maison qui fonctionne comme un distributeur des pices qui lentourent, qui sont elles-mmes habites actuellement par diffrentes familles. La cour intrieure est utilise de manire communautaire pour les activits qui ne peuvent pas tre ralises lintrieur de chaque logement. Pour les enfants, cest lespace qui leur permet dtre en rapport avec les autres, cest--dire un espace social lintrieur de la grande demeure, et qui symbolise un contrepoint parfait lintimit des logements.

    Lactivit a t davantage une fte quun concours de peinture, et les enfants ont dcid de peindre et de se peindre, de profiter de la couleur et de laisser derrire eux, dans ce cas, le regard objectif vis--vis du patrimoine. Les balustrades bleues sont

    4. Rsultats de lopration pilote

  • 37

    4. Rsultats de lopration pilote

    devenues oranges, jaunes ou vertes, et les murs blancs ont t peints de toutes les couleurs. Il sagit dune vision intressante qui nous rapproche davantage dun sentiment et dun tat dme que de la volont de saisir les choses telles quelles sont vritablement, en montrant pour la premire fois que leur maison pouvait aussi devenir un petit paradis, dans lequel la scurit, le confort et la beaut taient prsents. Les commentaires effectus par les parents ainsi que par certains voisins qui se sont approchs diffrents moments de lactivit taient tout fait loquents. Ils faisaient constamment rfrence, en effet, la tranquillit que supposait le fait de disposer dun espace

    propre, priv et comportant les mesures de scurit adquates. Ils remarquaient aussi la nouvelle beaut dun btiment qui leur tait toujours apparu comme vieux et dglingu, sans aucune valeur remarquer et encore moins prserver.

    Les rsultats de cette activit nous raffirment dans la ncessit de raliser davantage dinterventions de sensibilisation destines aux plus petits. En effet, tant donn leur ge, ils demeurent exclus de tout le processus de la rhabilitation et, bien que les changements leur soient chaque jour plus vidents, il est indispensable quils apprennent aussi apprcier le patrimoine traditionnel. Pour

    nombre dentre eux, vivre dans la mdina, dans une maison traditionnelle, cest un problme quils aimeraient bien rsoudre. Apprendre apprcier le patrimoine et le conserver est une tche quil faut inclure dans lenseignement primaire, afin quils apprennent apprcier lhritage de leur propre culture. Vivre dans la mdina dans une maison traditionnelle doit cesser dtre stigmatis, et toutes les maisons peuvent devenir des petits paradis.

    Les enfants en pleine activit La satisfaction finale pour leffort effectu

  • 38

    4. Rsultats de lopration pilote

    4.2 Impressions des habitants des maisons rhabilites

    Avertissement : Les propos suivants sont les sentiments des habitants interviews au fur et mesure que les travaux avancent jusquau achvement. Les impressions sont placer par rapport la situation davant travaux.

    abdelaziz Chakroun, 46 ansNos enfants sont heureux de retrouver un espace de jeux intime.

    mina alwane, 46 ansOn pense plus marcher pied nu ou mettre des chaussures.

    driss balafdil, 34 ansNos nuits dt taient formidables car depuis on ne craint plus ni scorpions, ni lzard ni souris qui taient locataires.

    raji abdellatif, 48 ansJai pu me doucher cette t chez moi et pouvoir laver mes enfants qui sont plus propres quavant.

  • 39

    4. Rsultats de lopration pilote

    acha, 40 ansOn naura plus besoin de nous mettre en chane pour vacuer les eaux de pluie.

    saadia, 32 ansJe pourrai avoir la possibilit dinviter quelquun chez moi.

    habiba, 64 ansOn peut penser organiser des ftes chez nous aussi comme la fte de circoncision pour mes petits fils.

    ba-ali siabdallah, 54 ansCe sera la premire fte du mouton quon va pouvoir clbrer dans un cadre normal et pour accrocher notre bte. Les enfants vont sentir la fte comme les autres dans un cadre propre et faire le barbecue dans le patio.

    halima, 38 ansOn a plus de voisins qui rentrent chez nous pour visiter notre chez nous. Cest une joie immense, on se sent plus valoriser.

    azzrabi said, 44 ansOn peut mettre des pots de plantes, le dcor maintenant sy prte mieux. Jai plus de lumire dans ma chambre, je nai plus de cafard. Je sens lair pur..

  • 40

    halima, 38 ansJe peux remettre mes tissus de couverture que jai achets la dernire fois sans me soucier de la poussire ni de la salet que les enfants font rentrer du patio avant. Maintenant tout est propre.

    milouda at bach, 52 ansJe passe plus de temps maintenant chez moi et jai plus de plaisir de prparer de th. Je ne sens plus le moisie. Javais peur que mes petits enfants soient atteins dasthme cause de lhumidit et de la poussire. Je nai plus peur maintenant. Dieu vous rcompense.

    fatima miaad, 40 ansAvant personne ni sintressait nous ni rentre chez nous. Aprs la rfection et la restauration de la faade, on a plus de visite et tous les voisins sont rentrs pour nous fliciter, et nous demande comment on a fait. On a le sentiment quon est considr et respect car la propret donne de la valeur.

    eddahbi my driss, 46 ansJe nai plus honte maintenant de rentrer chez moi. Mes enfants sont fiers de leur maison. Ils invitent leurs copains jouer ensemble dans le patio, cest plus scurisant et on nest plus inquiets. On les voit devant nous.

    rabia, 78 ansLa pluie sera maintenant la bien venue.

    fatima, 50 ansJe nai plus besoin de changer souvent mes petits enfants plusieurs fois dans la journe. Ils peuvent jouer sans je me soucier de mon paquet de lessive. Et je peux travailler tranquillement mes tissages.

    4. Rsultats de lopration pilote

  • 41

    rafiqa, 30 ansOn na plus besoin de faire la queue pour aller au WC.Je passe la serpillire et le ballet une fois sur deux au lieu de 2 3 fois par jours. Jai plus de plaisir de rester chez moi.

    bousalem mohamed, 70 ans, aveugleMalheureusement je ne peux pas voir les ralisations, mais mes enfants et petits enfants vont se rgaler. Jimagine les transformations, il parait quil ny a plus de trous dans le patio. Par contre, les wc sont plus grandes, je ne crains plus maintenant de tomber et il ny a plus de mauvaises odeurs.

    latifa bijanti, 42 ansIl suffit maintenant que je ferme la porte pour ne plus avoir du froid, car les portes et les fentres sont hermtiques.

    asbiyaa rakoch, 42 ansJe peux accrocher quelque chose sur mes murs pour embellir ma chambre. Les murs sont plus clairs et il ny a plus dhumidit.

    4. Rsultats de lopration pilote

  • 42

    4.3 Inauguration des maisons

    Le 11 septembre, une petite crmonie dinauguration a eu lieu pour les uvres de rhabilitation, afin de marquer un point culminant dans les travaux qui se sont drouls tout au long de lOpration Pilote. Lvnement a t organis par le Centre Mditerranen de lEnvironnement de Marrakech (CMEM) avec la collaboration des habitents. Il sagissait de runir les habitants des trois immeubles rhabilits et de compter sur la prsence des autorits locales ainsi que sur les reprsentants des ministres impliqus dans la rcupration du patrimoine et du logement du gouvernement marocain.

    Lvnement, illustr laide dun grand panneau informatif, a permis de montrer comment RehabiMed sest donn comme objectif de changer la dynamique actuelle, concernant les interventions au sein de la Mdina de Marrakech, aujourdhui destines la rhabilitation de maisons traditionnelles pour les reconvertir en logement touristiques : riads luxueux et htels de charme. Dans le cas de RehabiMed, les autorits ont compris comment cette intervention a permis de rendre digne lespace habit en dotant de ventilations et dinstallations les petites pices o vivent les familles. Ces pices sont le rsultat de la fragmentation de maisons originairement importantes. Bien

    quil sagisse dune petite intervention, un exemple rel et inovateur a t montr comme une alternative la politique de logement qui expulse les habitants et qui laisse les btiments tomber en ruine ou aux mains des entreprises touristiques. Continuer cette politique conduirait ce centre historique sa mort.

    Comme on peut le voir dans les commentaires ci-joints, une grande satisfaction de la part des habitants est perceptible. Au dbut, ceux-ci ne pouvaient pas croire que les btiments puissent tre amliors ni quune fois rhabilits, ils puissent continuer y vivre. Ainsi, les autorits locales comme le Ministre du logement ont dcouvert un nouveau chemin suivre dont les aspects sociaux ont t considrs comme prioritaires. Ils ont aussi compris quil ny a pas besoin dinvestissements millionnaires pour rcuprer la Mdina : des modestes ressources conomiques peuvent inverser la tendance actuelle qui tend la dgradation et la gentrification. Cette inversion favoriserait de manire importante lquilibre et la cohsion sociale.

    Le maire de la Mdina parlant avec les voisins

    4. Rsultats de lopration pilote

  • 43

    Manuel dentretien et de rhabilitation

    pour la Mdina de Marrakech

  • 44

  • 45

    Dcapage et examen direct de la structure des murs.

    Dcapage et prservation des lments patrimoniaux.

    Consolidation des murs en pis dune paroi en brique pleine.

    Rcupration des fissures laide de la maonnerie traditionnelle.

    Effritement du mortier et effondrement en partie du mur.

    Renforcement de la structure du mur et enduit traditionnel.

    Dcapage et examen des fissures au niveau des angles des murs.

    Colmatage avec de la brique.

    Dcapage et examen des fissures dues la concentration des charges.

    Les murs reprsentants des fissures importantes ou affaiblis structurellement cause de lusure du temps ont t renforcs et rcuprs avec des lments en bois ou en maonnerie de brique.

    Structure et toiture

    Renforcement structurel des murs

  • 46

    Structure et toiture

    Ralisation de la chape du mortier de chaux, 2/3 de sable et 1/3 de chaux.

    Chape de lissage du mortier de chaux, 1/2 de sable et 1/2 de chaux.

    Couche dtanchit de chaux.

    Pose des poutrelles.

    Mise en uvre des lits de roseaux.

    Pose de couche de tout venant.

    tat initial du plancher.

    Dpose du plafond et allgement de la couche de tout venant.

    Reprise en sous uvre dans les mrs de lappui des poutrelles.

    Aprs dcapage de la couche et de la forme dtanchit dfaillante, lartisan maon tche la substitution des poutres abmes tout en consolidant la maonnerie qui sert dappui au plancher. Cette ossature horizontale reoit un voligeage en roseaux au dessus duquel se superpose une forme constitue de terre, sable et une petite portion de chaux ; vient ensuite une chape faite dun bton de sable argileux et de chaux. Enfin la couche de chaux lisse.

    Reprise des planchers

  • 47

    Nivellement, prparation des niveaux de pente et de la premire couche de chaux.

    Ponage et lissage de la surface de la couche.

    Aspect final.

    Dcapage de ltanchit dfaillante.

    Redressage de la forme dtanchit.

    Prparation de la premire couche de chaux.

    Tamisage de la chaux.

    Arrosement de la chaux.

    Fermentation de la chaux dans des sacs en plastique.

    On excute ltanchit laide de la chaux quon tamise bien avant de la laisser fermenter pendant un certain temps. Le maon procde ensuite au dcapage de ltanchit existante qui doit tre remplac aprs avoir refait la chape infrieure. Enfin, et une fois la chaux bien malaxe, elle est tale laide dune truelle sur tout le toit avant de procder son lissage.

    Structure et toiture

    Reprise de ltanchit

  • 48

    Chape de lissage de chaux.

    Aspect final acrotre.

    Aspect final parapets et acrotre.

    tat initial dun acrotre endommag.

    Reprise des acrotres avec des briques et mortier terre chaux.

    Lissage de la surface.

    Reprise des parapets en maonnerie de brique traditionnelle.

    Revtement laide de mortier de chaux liss.

    Couche dtanchit de chaux.

    Le procd est simple. Il consiste dcaper les anciens parapets et murets et refaire leur maonnerie dans les endroits qui reprsentent des dfaillances. On a applique dessus un enduit de dressage base de sable et de chaux, puis vient la couche dtanchit base de chaux.

    Structure et toiture

    Reprise des parapets et acrotre

  • 49

    Ancienne et nouvelle tuyauterie avant installation finale.

    Installation de nouvelle tuyauterie dvacuation

    Nouveau systme dvacuation deaux

    Pose de canalisations en PVC.

    Reprise de la pente des gouts Regard central au niveau du patio

    Ancien systme de gouttires

    Sondage du raccordement de la maison lgout principal

    Fouille de tranchs pour examen des

    canalisations.

    Il a fallu doter les maisons dassainissement au cas dabsence et assainir les anciens rseaux en amliorant le pendage de lcoulement. Pour se faire, un haussement du niveau des sols tait ncessaire afin de gagner le regard collectif au niveau de la rue par une meilleure pente.

    Equipements

    Travaux dassainissement

  • 50

    Ancien systme dusage deau.

    Pose de lavabos collectifs. Pose de lavabos dans les nouvelles

    toilettes.

    Installation de la tuyauterie des nouvelles toilettes.

    Raccord et alimentation dun lavabo collectif.

    Rfection de lalimentation partir du compteur.

    Tuyauterie arienne, avant travaux. Tuyauterie pour alimenter ltage.

    Nouvelle tuyauterie.

    Tous les points deau ont t aliments avec une nouvelle tuyauterie en PVC surtout les toilettes et les lavabos collectifs.

    Equipements

    Travaux de plomberie

  • 51

    Mise en place de lquipement lectrique. Installation de boite lectrique

    indpendante par pice.

    Intrieur dune chambre aprs la nouvelle installation.

    Installation des tuyaux.

    Remplacement dancien cblage.

    Mise en place de tableau de protection.

    Alimentation gnrale.

    Substitution des anciens fils.

    Ouverture des tranches dans les mrs.

    Nous avons procd au remplacement total de lancienne installation tout en dotant chaque mnage dune bote de protection afin de minimiser les dgts lors dventuelles coupures dlectricit.

    Equipements

    Travaux dlectricit

  • 52

    Sol des pices avant travaux. Rfection du sol des pices en dess base

    de chaux et colorant.

    Sol des pices aprs restauration.

    Remplissage des joints entre carreaux.

    Sol du patio avant travaux. Pavage du sol du patio en carreaux de

    ciment.

    Sol du patio avant travaux. Pose de carreaux au niveau du patio. Pavage du sol des galeries.

    Les sols des patios ont reus un pavage en carreaux de ciment, les toilettes en faence et les pices en dess. Chaque sol doit tre prcd dune forme de bton appropri.

    Revtements

    Rfection des sols

  • 53

    Lissage la truelle du revtement final. Aspect final. Enduit en pltre des intrieurs.

    Dressage au bton. Arrosage du mortier.

    Premire phase du lissage.

    Dcapage et nettoyage des murs. Dressage au mortier de chaux, 2/3 de

    sable crible et 1/3 de chaux teinte.

    Dressage la truelle.

    Les enduits ont t refaits en utilisant des matriaux traditionnels : terre, sable, chaux et pltre. Aprs dcapage des anciens enduits trs abms par les humidits capillaires et de condensation, le maon procde larrosage du mur nu avant lapplication, aprs schage, dune couche de dressage et par la suite dun enduit base de sable et chaux ou de pltre.

    Revtements

    Rfection des enduits intrieurs

  • 54

    Traage du dessin et dlimitation des diffrentes zones de lenduit

    Aspect final des travaux

    Faade extrieure en partie restaure.

    Application du nouveau enduit.

    Dressage la truelle.

    Lissage de lenduit.

    Faade avant travaux.

    Dcapage des enduits endommags.

    Arrosage des zones dcapes.

    La restauration des faades ncessite une attention particulire afin de prserver les lments patrimoniaux y figurant. On procde la consolidation des parties denduit fragiles avant dcapage des enduits dfaillants, puis on refait lidentique lenduit tout en reproduisant les motifs originaux. Nous avons galement reconstruit les auvents en bois et en tuiles qui protgent les fentres et la porte dentre.

    Restauration des faades extrieures

    Revtements

  • 55

    Systeme de faux plafond avec une base de roseau fixe sur les poutres

    Le faux plafond fini

    Murs et plafond termins

    Planches prtes lemploi Mise en place des plaques, pendues au

    plafond

    Enduit en pltre pour uniformiser la surface

    Mise du pltre liquide sur le coffrage en plastique

    Renforcement du ptre avec des fibres vgtales

    Lissage de la planche

    La propret des espaces dhabitation, le confort et la qualit visuelle de ces espaces demandent souvent de cacher les poutres structurelles du plafond. Les faux plafonds en pltre, sont donc des lments frquents dans les btiments darchitecture traditionnelle.

    Construction de faux plafonds

    Revtements

  • 56

    Restauration du dcor en bois sculpt de la faade.

    Rfection des auvents des fentres sur la rue.

    Mise en place dun system de claustras en bois dit mamouni pour garantir laration et prserver lintimit des mnages.

    Restauration des lments en bois dune balustrade en fer forg.

    lment de balustrade en bois roul.

    Rcupration du dcor original des balustrades et substitution des mauvaises restaurations, en plus de la gnralisation des claustras en bois ajour.

    Restauration des montants de la porte dentre

    Porte dentre aprs restauration Restauration et consolidation dans la

    maonnerie dune balustrade.

    Les lments en bois ayant un intrt patrimonial indniable ont t restaurs afin de prserver leur intgrit ; de mauvaises restaurations ont t soignes et le recours au bois au lieu du mtal tait la rgle pour les portes, les fentres, les linteaux et les claustras.

    Restauration des lments en menuiserie

    Menuiserie

  • 57

    Remplissage en mortier de chaux des joints entre tuiles.

    Aspect final.

    Aspect final de lauvent, vu du patio.

    Pose des tuiles.

    Rfection de la forme incline support des tuiles.

    Restauration des bandes infrieures.

    Approvisionnement en matriaux. tat de lauvent avant travaux. Reconstruction du parapet.

    Les auvents en tuiles et bois sont des lments importants de la maison traditionnelle. Ils tmoignent de lanciennet et lintrt patrimonial de la btisse, ainsi il faut rcupr tous les lments susceptibles dtre rutiliss.

    Restauration des auvents

    Rcupration des lments patrimoniaux

  • 58

    Rcupration des lments patrimoniaux

    Consolidation et restauration des inscriptions.

    Les lments rcuprs. Un nouvel et riche espace de vie.

    Rfection en pltre lidentique. Sculpture des lobes et des festons. Rcupration danciennes inscriptions.

    Arc dentre en origine. Dcapage des montants de porte et de

    larc. Dcapage et rcupration du dessin

    original.

    Il faut prter une grande attention lors du dcapage des encadrements des portes en arcature des grandes pices et leur intrieur. Ils sont souvent parsems de bandes dcoratives et pigraphiques caches au fil du temps par les diffrentes couches denduit ou de peinture. Un dcapage minutieux et attentif permettra sans doute de rcuprer des lments patrimoniaux dune grande importance.

    Rcupration des arcs et inscriptions

  • 59

  • 60

  • 3

  • 4Opration Pilote

    le prsent programmeest finanC par lunion europenne

    euromed

    euromed heritage

    Collegi daparelladorsi arquiteCtes tCniCs de barCelona

    agenCia espaolade CooperaCin internaCional

    Centre mditerranende lenvironnement marrakeCh (Cmem)maroC

    www.rehabimed.net