4
16 LA CHINE DES HAN TDC N O  1083 RELIGION A u cours de la dynastie des Han se met en place une religion d’État dont les princi- paux cultes sont célébrés par l’empereur en personne ; ils perdureront jusqu’à l’aube du xx e  siècle. La vie religieuse des populations se déroule quant à elle dans le cadre des cultes locaux, adressés aux montagnes, aux héros légendaires ou aux immor- tels, et dans celui des rites individuels et fami- liaux, que les récentes découvertes archéologiques permettent de mieux connaître. Les cultes impériaux Jusqu’au milieu du i er  siècle avant notre ère, les cultes impériaux des Han étaient directement hérités de la dynastie précédente, celle des Qin. Ils célébraient des puissances protectrices conçues comme de grands ancêtres vivant dans le ciel, les Shangdi ou Empereurs d’En-Haut. Au nombre de quatre, puis de cinq, les Shangdi étaient chacun associés à une couleur (vert, rouge, blanc, jaune d’abord et, plus tard, noir), à une orientation et à un élément. Par exemple, l’Empereur Blanc régnait sur l’Ouest et par le Métal, l’Empereur Jaune, sur le Centre et par la Terre. À ces cultes s’ajoutaient ceux rendus à des centaines de dieux parmi lesquels les montagnes sacrées et les grands fleuves, le soleil et la lune, les étoiles et les constellations, les héros légendaires et certains dieux locaux renommés, y compris des divinités révérées par les populations non chinoises, mais aussi des animaux fabuleux ou des objets extraordinaires, des sources mer- veilleuses ou des puits. L’empereur leur offrait un sacrifice sur les autels aménagés à la Cour et dans une ancienne capitale des Qin, ou directement sur les lieux de leur épiphanie. La politique religieuse de l’empire était de nature inclusive, l’empereur s’appropriant et célébrant pour son compte toutes les puissances reconnues efficaces. En 31 avant notre ère, une première réforme religieuse vint mettre un coup d’arrêt au foisonne- ment des cultes. Des centaines de sacrifices furent abolis et les deux tiers des sanctuaires du pays aban- donnés tandis que leurs officiants étaient renvoyés. L’initiative émanait des lettrés confucéens, conseil- lers ou hauts fonctionnaires, qui prônaient l’adop- tion d’une religion fondée sur la simplicité des rites et la sincérité des intentions, et dénonçaient le faste excessif des cérémonies. Ils estimaient en outre que l’empereur devait sacrifier aux abords de la capitale et éviter les déplacements au loin, à la fois coûteux et dangereux. La religion d’État s’organisa peu à peu autour de quelques grands sacrifices annuels, le plus important s’adressant au Ciel et se déroulant au solstice d’hiver dans le sud de la capitale. Cette célé- bration prenait pour modèle le culte des ancêtres : l’empereur, appelé aussi « fils du Ciel », y rendait hommage à son père divin et le priait humblement d’accorder à ses sujets la paix et la prospérité. Il honorait également la Souveraine Terre et le dieu de l’Agriculture lorsque, au début de l’année, il ouvrait le premier sillon. Mais, en réalité, les destinataires des offrandes impériales étaient nombreux : quand le premier empereur des Han orientaux, Guangwu, installa les autels du Ciel et de la Terre dans le sud de Luoyang, la nouvelle capitale des Han orientaux (25-220), pas moins de 1 514 divinités y furent associées. Malgré les plaidoyers des lettrés en faveur d’un dieu sinon unique, du moins suprême, la reli- gion impériale demeura polythéiste. Les souverains Han réservaient de plus à leurs ancêtres un traitement fastueux. Le fondateur de la dynastie, autrefois modeste chef de relais, n’était pas issu d’une lignée aristocratique l’autorisant à rendre un culte à plusieurs générations d’ancêtres. Mais à la mort de son père (en 197 avant notre ère), il donna l’ordre à tous les princes du sang d’élever des temples funéraires à la mémoire du défunt. À la fin de l’année avait lieu, à la Cour, en pré- sence de l’empereur, et dans les chefs-lieux de l’Empire, un rituel pour éliminer les pestilences. Un exorciste portant un masque à quatre yeux en métal et revêtu d’une peau d’ours conduisait une troupe hurlante et dansante de cent vingt jeunes Une religiosité foisonnante Les efforts pour mettre en place une religion d’État limitant le nombre de rituels et de divinités n’empêchent pas la permanence d’une multitude de cultes locaux et de rites privés. > PAR MARIANNE BUJARD, DIRECTRICE D’ÉTUDES À L’ÉCOLE FRANÇAISE D’EXTRÊME-ORIENT Figure d’immortel, Han occidentaux, – 206 - 9. Découverte en 1964, site de Chang’an (actuelle Xi’an, province du Shaanxi). Bronze, 15,3 cm. Musée de Xi’an. © ART EXHIBITIONS CHINA/MUSÉE DE XI’AN

RELIGION Une religiosité foisonnante

  • Upload
    others

  • View
    3

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: RELIGION Une religiosité foisonnante

16

LA C

HIN

E DE

S HA

NTD

C NO  1

083

RELIGION

Au cours de la dynastie des Han se met en place une religion d’État dont les princi-paux cultes sont célébrés par l’empereur en personne ; ils perdureront jusqu’à l’aube du xxe siècle. La vie religieuse des populations se déroule quant à elle dans le cadre des cultes locaux, adressés aux

montagnes, aux héros légendaires ou aux immor-tels, et dans celui des rites individuels et fami-liaux, que les récentes découvertes archéologiques permettent de mieux connaître.

Les cultes impériauxJusqu’au milieu du ier siècle avant notre ère,

les cultes impériaux des Han étaient directement hérités de la dynastie précédente, celle des Qin. Ils célébraient des puissances protectrices conçues comme de grands ancêtres vivant dans le ciel, les Shangdi ou Empereurs d’En-Haut. Au nombre de quatre, puis de cinq, les Shangdi étaient chacun associés à une couleur (vert, rouge, blanc, jaune d’abord et, plus tard, noir), à une orientation et à un élément. Par exemple, l’Empereur Blanc régnait sur l’Ouest et par le Métal, l’Empereur Jaune, sur le Centre et par la Terre. À ces cultes s’ajoutaient ceux rendus à des centaines de dieux parmi lesquels les montagnes sacrées et les grands fl euves, le soleil et la lune, les étoiles et les constellations, les héros légendaires et certains dieux locaux renommés, y compris des divinités révérées par les populations non chinoises, mais aussi des animaux fabuleux ou des objets extraordinaires, des sources mer-veilleuses ou des puits. L’empereur leur off rait un sacrifi ce sur les autels aménagés à la Cour et dans une ancienne capitale des Qin, ou directement sur les lieux de leur épiphanie. La politique religieuse de l’empire était de nature inclusive, l’empereur s’appropriant et célébrant pour son compte toutes les puissances reconnues effi caces.

En 31 avant notre ère, une première réforme religieuse vint mettre un coup d’arrêt au foisonne-ment des cultes. Des centaines de sacrifi ces furent

abolis et les deux tiers des sanctuaires du pays aban-donnés tandis que leurs offi ciants étaient renvoyés. L’initiative émanait des lettrés confucéens, conseil-lers ou hauts fonctionnaires, qui prônaient l’adop-tion d’une religion fondée sur la simplicité des rites et la sincérité des intentions, et dénonçaient le faste excessif des cérémonies. Ils estimaient en outre que l’empereur devait sacrifi er aux abords de la capitale et éviter les déplacements au loin, à la fois coûteux et dangereux. La religion d’État s’organisa peu à peu autour de quelques grands sacrifi ces annuels, le plus important s’adressant au Ciel et se déroulant au solstice d’hiver dans le sud de la capitale. Cette célé-bration prenait pour modèle le culte des ancêtres : l’empereur, appelé aussi « fils du Ciel », y rendait hommage à son père divin et le priait humblement d’accorder à ses sujets la paix et la prospérité. Il honorait également la Souveraine Terre et le dieu de l’Agriculture lorsque, au début de l’année, il ouvrait le premier sillon. Mais, en réalité, les destinataires des off randes impériales étaient nombreux : quand le premier empereur des Han orientaux, Guangwu, installa les autels du Ciel et de la Terre dans le sud de Luoyang, la nouvelle capitale des Han orientaux (25-220), pas moins de 1 514 divinités y furent associées. Malgré les plaidoyers des lettrés en faveur d’un dieu sinon unique, du moins suprême, la reli-gion impériale demeura polythéiste.

Les souverains Han réservaient de plus à leurs ancêtres un traitement fastueux. Le fondateur dela dynastie, autrefois modeste chef de relais, n’était pas issu d’une lignée aristocratique l’autorisant à rendre un culte à plusieurs générations d’ancêtres. Mais à la mort de son père (en 197 avant notre ère), il donna l’ordre à tous les princes du sang d’élever des temples funéraires à la mémoire du défunt.

À la fi n de l’année avait lieu, à la Cour, en pré-sence de l’empereur, et dans les chefs-lieux de l’Empire, un rituel pour éliminer les pestilences. Un exorciste portant un masque à quatre yeux en métal et revêtu d’une peau d’ours conduisait une troupe hurlante et dansante de cent vingt jeunes

Une religiosité foisonnanteLes efforts pour mettre en place une religion d’État limitantle nombre de rituels et de divinités n’empêchent pas la permanence d’une multitude de cultes locaux et de rites privés.> PAR MARIANNE BUJARD, DIRECTRICE D’ÉTUDES À L’ÉCOLE FRANÇAISE D’EXTRÊME-ORIENT

❯ Figure d’immortel, Han occidentaux,– 206 - 9. Découverte en 1964, site de Chang’an(actuelle Xi’an, province du Shaanxi). Bronze, 15,3 cm. Musée de Xi’an.

© A

RT

EXH

IBIT

ION

S C

HIN

A/M

USÉ

E D

E X

I’A

N

Page 2: RELIGION Une religiosité foisonnante

17

TDC NO 1083

LA CHINE DES HAN

eunuques qui parcourait les appartements impé-riaux en tous sens afin d’en chasser les esprits maléfi ques et de les précipiter dans la rivière Luo. Dans un but prophylactique, on accrochait ensuite aux portes des fi gurines en bois de pêcher, un bois réputé pour ses vertus démonifuges.

Célébrations locales et cultes d’immortalitéSur le territoire de l’Empire, les populations

vouaient des cultes aux dieux des montagnes, des sources ou des grottes, ou à toute autre puissance susceptible de favoriser la venue des enfants, d’augmenter les récoltes, d’apporter la richesse ou de guérir les maladies.

Il pouvait arriver qu’un fonctionnaire en poste veuille promouvoir un culte dépendant de sa juri-diction. Il engageait alors une procédure qui n’est pas sans rappeler les procès en canonisation de la religion chrétienne. Le représentant de l’État adressait à sa hiérarchie un rapport en faveur du culte en question. L’administration en charge des célébrations ordonnait à son tour une enquête pour vérifi er les informations fournies et collecter des preuves de l’effi cacité de la divinité. Un nouveau rapport était rédigé sur la foi duquel le culte était éventuellement homologué et pourvu d’off randes

financées par le Trésor public ; parfois, un offi cier de l’administration était même

spécialement aff ecté à l’exercice des cérémonies. Le culte local acquérait ainsi un statut offi ciel, mais celui-ci

ne durait souvent qu’un temps, et la continuité des célébrations reposait en

défi nitive sur les fi dèles ordinaires. Grâce aux inscriptions portées sur des stèles

érigées sur place, quelques-uns de ces cultes nous sont mieux connus. Certains s’adressaient à des êtres réputés immortels et rassemblaient les can-didats à la vie éternelle. Une stèle découverte en 1991 près de Luoyang rapporte qu’un magicien nommé Fei Zhi demeurait ordinairement dans un jujubier mais qu’il pouvait se transporter en un instant à des dizaines de milliers de lieues et rejoindre le séjour des immortels. Mandé à la Cour, il procura au souverain des plantes médi-cinales qu’il s’en alla quérir en un clin d’œil dans un royaume éloigné de la capitale. De son vivant, Fei Zhi attira de nombreux adeptes dont plusieurs obtinrent la vie éternelle. Sur son lieu de culte comme en d’autres lieux semblables, les adeptes venaient se recueillir et adresser des prières.

La quête de l’immortalité était bien anté-rieure à l’empire, mais l’iconographie des Han fut la première à off rir des représentations fi gu-rées des bienheureux. On les imaginait alors ailés, parfois recouverts de poils, vivant dans les îles au large des côtes du Shandong ou, plus tard, aux côtés de la Mère Reine d’Occi-dent qui trônait sur le mont Kunlun, dans les marges de l’Ouest. Les méthodes destinées à prolonger la vie étaient professées à la ●●●

Page 3: RELIGION Une religiosité foisonnante

18

LA C

HIN

E DE

S HA

NTD

C NO  1

083

RELIGION

●●● Des représentations figurées des bienheureuxCour par des magiciens ou « savants initiés » qui se réclamaient de l’Empereur Jaune, le maître des arts alchimiques. Le Premier empereur des Qin et, après lui, plusieurs empereurs des Han tentèrent d’approcher les immortels soit en envoyant des expéditions en mer soit en construisant de hautes tours destinées à les accueillir.

Formation du taoïsmeet du bouddhisme chinoisVers la fin de la dynastie des Han commen-

cèrent à s’organiser les deux grandes religions de la Chine, le taoïsme et le bouddhisme. Le premier prit naissance dans les mouvements millénaristes qui agitèrent l’est du pays, berceau ancien des arts de longue vie, tandis qu’à l’ouest de l’Empire les popu-lations s’émancipaient de l’administration impé-riale sous l’égide des Maîtres Célestes. Selon une reconstruction a posteriori, ce mouvement débuta en 142 avant notre ère, lorsque Laozi apparut à un ermite du nom de Zhang Daoling. Il lui annonça la destruction prochaine du monde en même temps qu’il promit le salut à une minorité d’élus. Le mouve-ment prit rapidement de l’ampleur, et ses fi dèles en vinrent à former un État indépendant, qui parvint à

se maintenir jusqu’en 215, lorsque son chef, Zhang Lu, fut anobli en échange de sa soumission. La pos-térité des Maîtres Célestes n’est autre que la religion taoïste, avec ses communautés de fidèles organi-sées autour des prêtres et de leur temple. La lignée des Maîtres Célestes a d’ailleurs survécu jusqu’à aujourd’hui, et le soixante-quatrième descendant de Zhang Daoling vit sur la montagne du Dragon et du Tigre (Longhushan), au Jiangxi.

Certains savants ont reconnu l’influence du bouddhisme dans l’organisation des mouvements messianiques, mais cette religion, venue de l’Inde par la route de la Soie et les voies maritimes du Sud, était alors peu répandue en Chine où elle ne se distinguait pas nettement des pratiques reli-gieuses autochtones. Longtemps Bouddha fut confondu avec Laozi. La légende veut que l’empe-reur Ming (57-75) soit le fondateur du premier monastère de Chine, celui du Cheval Blanc à Luoyang, après que Bouddha lui apparut en rêve. C’est dans ce monastère que les premières traduc-tions en chinois des textes bouddhiques furent entreprises, sous la direction d’un moine parthe. Les traducteurs étaient souvent des descendants de marchands et d’immigrés scythes, sogdiens ou

Xiwangmu, Han orientaux, IIe siècle de notre ère. Xiwangmu, la Mère Reine d’Occident, entourée de ses acolytes (de gaucheà droite) : un magicien,le corbeau à trois pattes, le crapaud dansant,le renard à neuf queues, le lièvre ; trois orantsau premier plan. Brique moulée, 41 × 47 cm. Chengdu, musée provincial du Sichuan.

❯ Shennong, Han orientaux, IIe siècle de notre ère. Shennong, le dieu de l’Agriculture, représenté dans le décor sculpté de la chambre d’offrandes du cimetière de la famille Wu au Shandong.

Plusieurs empereurs tentèrent

d’approcher les immortels

© D

R/M

USÉ

E P

RO

VIN

CIA

L D

U S

ICH

UA

N

Page 4: RELIGION Une religiosité foisonnante

19

TDC NO 1083

LA CHINE DES HAN

● LAGERWEY John (dir.). Religion et société en Chine ancienne et médiévale. Paris : Cerf/Institut Ricci, 2009.● NGO Van Xuyet. Divination, magie et politique dans la Chine ancienne. Paris : PUF, 1976.● PIRAZZOLI-T’SERSTEVENS Michèle. La Chine des Han : histoire et civilisation. Paris : PUF, 1982.

SAVOIR

Dans ces courtes déclarations, une divinité stellaire ordonne que le mort soit exempté des châtiments, que ses fautes éventuelles soient effacées afin que ses descendants n’aient pas à en pâtir et vivent en paix. On y insiste particulièrement sur la barrière infranchissable qui sépare le monde des vivants de celui des morts. Le caractère officiel du docu-ment est renforcé par la formule finale empruntée au vocabulaire administratif courant : que ces dis-positions soient prises « avec célérité et selon les règlements et les ordonnances ». Certaines jarres contenaient des graines servant à s’acquitter des taxes auxquelles le défunt risquait d’être soumis dans l’au-delà, d’autres de minces figurines de plomb censées effectuer les corvées ou subir les châtiments à sa place.

On a également retrouvé le « journal » des prières et des sacrifices qu’une défunte et ses proches avaient offerts pour obtenir des dieux la guérison de celle-ci. Sur ces fiches en bois datées de 79 sont écrites à l’encre les prières et les offrandes de viande sèche et de vin, présen-tées par l’intermédiaire d’un prêtre aux mânes des ancêtres et à tout un panthéon de divinités domestiques et villageoises vers lesquelles se tournaient les individus de cette époque pour résoudre les difficultés de l’existence.

D’autres documents nous montrent que non seulement les activités rituelles, mais toutes sortes d’activités de la vie quotidienne étaient soumises à des prescriptions calendaires qui fixaient les jours propices ou néfastes à telle ou telle action. Ces almanachs ou « livres des jours », rédigés sur des fiches de bambou ou des planchettes de bois, étaient en usage entre le iiie siècle avant notre ère et le iie siècle de notre ère. On y découvre le car-can d’interdits auxquels étaient soumis les indivi-dus dans toutes les circonstances de la vie, telles que les naissances, les mariages, les maladies, mais aussi dans leurs activités quotidiennes, par exemple les travaux agricoles, la chasse, la pêche, les affaires militaires ou commerciales, les cultes, les tâches administratives, ainsi que pendant les voyages, lors des réjouissances, etc. Ces recueils de prescriptions et de pronostics étaient destinés à garantir à ceux qui les consultaient le succès de leurs entreprises pour autant qu’ils aient pris soin d’agir au moment favorable. Plusieurs manuscrits contiennent en outre des recettes pour guérir les maladies, souvent causées par des démons. La thérapie reposait autant sur une pharmacopée d’origine végétale, minérale ou animale que sur des procédés magiques destinés à chasser les esprits malfaisants.

Le paysage religieux de l’homme Han était saturé de divinités, grandes et petites, polyvalentes ou fonctionnelles, qu’il fallait à chaque instant et en toutes circonstances se concilier par des cultes et des offrandes appropriés, tandis que des puissances nuisibles devaient être sans relâche chassées ou tenues à distance grâce à des rituels apotropaïques, conduits le plus souvent par des exorcistes. ●

indiens. En réalité, l’introduction et la diffusion du bouddhisme en Chine ne s’est pas faite « par le haut » comme le voudrait la légende, mais de proche en proche, dans le sillage des caravanes de marchands qui parcouraient l’Asie centrale.

Cultes domestiques et rites privésAu cours des dernières décennies, la découverte

d’une dizaine de milliers de sépultures de l’époque Han a permis d’éclairer certaines des croyances et des pratiques religieuses qui modelaient la vie des individus au quotidien. D’une part, la sépulture elle-même, dans son aménagement, son mobilier et son décor, révèle la façon dont les vivants envi-sageaient leur existence post mortem ; d’autre part, des documents emportés par le défunt témoignent directement des activités rituelles ordinaires. Les tombes des élites Han ont livré un matériel varié, comprenant des meubles, de la vaisselle de luxe, des effets personnels, qui en faisait une véritable demeure pour l’au-delà.

Dans un nombre limité de tombes plus modestes, entre la fin du ier et la fin du iie siècle, on a trouvé plusieurs dizaines de jarres portant des inscrip-tions destinées à l’administration souterraine.

Le paysage religieux de

l’homme Han était saturé de divinités

© D

R