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Septentrion FORÊT et SOCIÉTÉ en MAURICIE RENÉ HARDY et NORMAND SÉGUIN La formation d’une région NOUVELLE ÉDITION Extrait de la publication

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Septentrion

FORÊTet

SOCIÉTÉen

MAURICIE

RENÉ HARDY et NORMAND SÉGUIN

La formation d’une régionN O U V E L L E É D I T I O N

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forêt et société en mauricie

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René Hardy et Normand Séguin

forêt et société en mauricieLa formation d’une région

septentrion

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Pour effectuer une recherche libre par mot-clé à l’intérieur de cet ouvrage, rendez-vous sur notre site Internet au www.septentrion.qc.ca

Les éditions du Septentrion remercient le Conseil des Arts du Canada et la Société de dévelop pement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) pour le soutien accordé à leur programme d’édition, ainsi que le gouvernement du Québec pour son Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres. Nous reconnaissons éga lement l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.

Illustration de la couverture : Éva Jacob, épouse de « Pitou » Veillette, et leurs cinq premiers enfants, dont Prima, Jean-Baptiste et Paul qui l’assisteront. Windigo, vers 1915. CIEQ, Collection René-Hardy, Fonds Groupe de recherche sur la Mauricie, N60-196, N60-201, N60-198 et collection personnelle.

Chargée de projet : Sophie Imbeault

Révision : Solange Deschênes

Mise en pages : Folio infographie

Maquette de couverture : Pierre-Louis Cauchon

Si vous désirez être tenu au courant des publicationsdes ÉDItIONS Du SEPtENtRIONvous pouvez nous écrire par courrier,par courriel à [email protected],par télécopieur au 418 527-4978ou consulter notre catalogue sur Internet :www.septentrion.qc.ca

Première édition : René Hardy et Normand Séguin, Forêt et société en Mauricie : la formation de la région de Trois-Rivières 1830-1930, Montréal, Boréal Express, 1984.

© Les éditions du Septentrion Diffusion au Canada :1300, av. Maguire Diffusion DimediaQuébec (Québec) 539, boul. LebeauG1t 1Z3 Saint-Laurent (Québec) H4N 1S2Dépôt légal :Bibliothèque et Archives Ventes en Europe :nationales du Québec, 2011 Distribution du Nouveau MondeISBN papier : 978-2-89448-655-9 30, rue Gay-LussacISBN PDF : 978-2-89664-629-6 75005 Paris

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Avant-propos

D epuis le début du XiXe siècle, l’exploitation marchande des forêts est un caractère dominant de l’économie québécoise. Dans Forêt

et société en Mauricie, un ouvrage pionnier en la matière, paru en 1984, nous analysions le démarrage et la montée en puissance de cette nouvelle économie en contexte régional, jusqu’aux premières décen-nies du XXe siècle où triomphe l’industrie des pâtes et papiers.

Paru il y a un quart de siècle, mais épuisé depuis plusieurs années, Forêt et société en Mauricie reste d’une étonnante actualité alors que la question environnementale résonne dans tout le discours social et que sévit au Québec une grave crise du monde forestier, jusqu’à ce jour l’un des piliers de son économie. Aussi sommes-nous très heu-reux de présenter une nouvelle édition de cette histoire sociale de la montée de l’exploitation forestière dans le vaste bassin du Saint-Maurice, jusqu’aux années 1950 où émerge la Mauricie contempo-raine. une édition revue et enrichie de nombreuses illustrations, précisions et commentaires, qui éclaire mieux encore que l’édition précédente le savoir-faire des milliers de travailleurs forestiers d’une époque révolue.

Il nous importait d’exposer ce phénomène dans toutes ses dimen-sions : les marchés (du bois de sciage au papier), la gestion des forêts par l’État, les stratégies entrepreneuriales, l’aménagement d’infra-structures dans le vaste système hydrographique du Saint-Maurice, la mobilisation de la main-d’œuvre dans les chantiers, l’organisation et les techniques du travail, les conditions de vie des forestiers, le transport du bois et sa transformation en scierie et en usine. Plus globalement, au-delà des conditions de l’expansion de la filière du bois, notre ouvrage invite à découvrir les rapports complexes entre la société régionale et cette activité de premier plan qui bouleversa le milieu rural, stimula la croissance de la ville, puis donna un élan

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à l’industrialisation et participa à la structuration d’un réseau urbain régional. Ainsi, nous reconstituons la marche de l’occupation du ter-ritoire et décortiquons les liens entre le milieu agricole et les activités forestières, levant le voile sur la culture matérielle de générations de paysans-bûcherons. Puis, nous observons les mutations des mondes villageois et urbain induites par l’exploitation forestière. Et nous pre-nons acte des conséquences énormes des incessants prélèvements de bois sur le couvert forestier lui-même.

En somme, nous présentons les activités forestières comme le moteur principal du façonnement, au gré des décennies, d’un nouvel espace régional de part et d’autre du Saint-Maurice, d’abord à domi-nante rurale encore à la fin du XiXe siècle, puis devenu massivement industriel au cours des premières décennies du siècle suivant, grâce notamment à l’industrie des pâtes et papiers. Cet espace économique, arcbouté sur sa grande rivière, a inspiré une forte symbolique du ter-ritoire vécu, celle d’un espace mental inscrit dans l’imaginaire col-lectif de ses habitants, expression d’un héritage particulier, à la fois matériel et culturel. Ce qui, parmi les autres grandes unités admi-nistratives du Québec d’aujourd’hui, confère à la Mauricie une dimension de région historique, longuement élaborée depuis le Régime français.

Forêt et société en Mauricie, que nous rééditons aujourd’hui, était en quelque sorte une réflexion sur l’ensemble des dynamismes (éco-nomiques, démographiques, sociaux et culturels) d’une collectivité en pleine évolution. En ce sens, l’ouvrage de 1984 posait les ferments de la synthèse régionale, Histoire de la Mauricie, que nous avons publiée vingt ans plus tard.

Remerciements

À Gilles de La Fontaine, notre ami récemment décédé, dont la lecture critique du manuscrit a inspiré remaniements et commentaires.À nos éditeurs Denis Vaugeois et Gilles Herman pour leur accueil.À tous ceux qui nous ont fourni des photographies, dans les années 1980 et tout dernièrement : Charles Charest, Philibert Moreau, Philippe et Roland Bureau, Alain Blais, Noé Veillette, son épouse, Denise trottier, ses sœurs Thérèse Veillette-Carpentier et Pauline Brouillette-Veillette.

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Extrait de la présentation de l’édition de 1984

Forêt et société, ces mots sont-ils suffisamment explicites pour rendre compte de l’intention de ce livre ? La Mauricie est née au

XiXe siècle avec l’exploitation commerciale de la forêt et l’économie du bois a été le principal moteur de son développement. Cela étant, il nous a semblé que s’imposait une étude de l’exploitation forestière appréhendée comme une dimension essentielle de l’expérience his-torique de toute une population. Retracer les bases de la mise en valeur de la forêt mauricienne et saisir la complexité de ses liens avec la société régionale, voilà qui résume bien notre propos. Des débuts vers 1825-1830 jusqu’aux années 1950, plus d’un siècle s’écoula au terme duquel la région, métamorphosée, rompait de plus en plus avec un monde ancien. C’est donc aux prémices de la Mauricie contem-poraine que s’attache ce livre. Certes, une histoire sociale de la forêt ne saurait tenir lieu d’une histoire générale de la région. En effet, si par ce biais nous disposons d’un angle de vue exceptionnel pour mener une première grande investigation dans la période de forma-tion de la société régionale, nous manquons de prise sur nombre de ses aspects.

Faut-il insister, le cas mauricien n’est qu’un volet de l’histoire de l’exploitation forestière au Québec dont il répercute plus ou moins parfaitement les grandes étapes.

L’exploitation commerciale de la forêt québécoise connut un démarrage brusque lors des guerres napoléoniennes qui forcèrent la Grande-Bretagne à renoncer à sa traditionnelle source d’approvision-nement en bois de la Baltique pour se tourner vers ses colonies d’Amérique du Nord. Jusqu’au milieu du siècle, le marché britannique demeura la grande destination du bois exporté. toutefois, au cours

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de la seconde moitié du siècle, le Québec dut s’adapter à de nouvelles orientations de la demande. L’importance du marché britannique régressait progressivement pendant que le marché états-unien acca-parait bientôt la plus grande partie de la matière ligneuse exportée.

À la fin du siècle, l’exploitation forestière québécoise était devenue étroitement intégrée à l’économie nord-américaine et amorçait une mutation profonde. Jusque-là, l’économie forestière avait reposé exclusivement sur des activités de collecte (la coupe des arbres, le flottage…) et de transformation primaire (le sciage). Avec l’émergence du secteur industriel des pâtes et papiers, les activités de collecte furent subordonnées à des activités de transformation secondaire de la matière ligneuse (d’abord la fabrication de la pâte à papiers et ensuite la fabrication des papiers comme produits finis). Dans l’espace de quelques décennies, le commerce d’exportation du bois scié ne fut plus qu’une activité marginale devant la montée de l’in-dustrie des pâtes et papiers. Le progrès spectaculaire de la presse à grand tirage aux États-unis est le grand moteur de cette croissance dans l’économie québécoise. Et, vue sous cet angle, l’implanta-tion du secteur des pâtes et papiers dans les régions forestières du Québec apparaît comme un phénomène d’industrialisation dérivée où interviennent explicitement des stratégies gouvernementales de développement axées sur l’exploitation des ressources. En effet, à la fin du XiXe siècle, sous la forte poussée de l’urbanisation, les réserves forestières aux États-unis étaient déjà considérablement entamées. Les Américains se tournèrent donc vers le Canada et y exercèrent de formidables ponctions en bois à pâte. Pour mettre fin à ce transfert de la matière brute et en accélérer la transformation sur place, l’On-tario décréta en 1900 l’interdiction d’exporter le bois à pâte. Soumis à de fortes pressions internes, l’État québécois, après avoir adopté quelques mesures transitoires, finit lui aussi par interdire en 1910 l’exploitation du bois à pâte. Les Américains, soucieux de maintenir au meilleur coût leurs approvisionnements en papiers, se rendirent à ces exigences. Dès 1913, le papier journal canadien était admis en franchise aux États-unis. L’industrie québécoise des pâtes et papiers en fut puissamment stimulée.

L’expansion rapide du secteur des pâtes et papiers survint après que le grand commerce d’exportation du bois, axé principalement sur le bois d’œuvre, eut amorcé un net déclin. En fait, il fut frappé

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durement au cours de la seconde moitié du XiXe siècle par des chan-gements techniques qui modifièrent la demande. D’un côté la Grande-Bretagne remplaça graduellement ses navires de bois par des navires de fer, et cessa d’acheter les navires construits dans la colonie, ce qui devait entraîner l’affaissement de la construction navale à Québec. Par ailleurs, l’usage plus répandu du fer dans le bâtiment restreignit l’emploi du bois.

Certes le marché local de la construction connut un certain essor consécutivement à la croissance démographique et surtout à l’expan-sion de la zone urbaine de Montréal, mais il s’agit là d’un phénomène bien marginal encore, à l’échelle des grands marchés, l’états-unien surtout, sur lequel se fondait le grand commerce québécois d’expor-tation du bois.

Invitant à une pénétration profonde du pays, l’exploitation fores-tière favorisa en dehors de l’aire seigneuriale une occupation exten-sive du domaine agricole vers le repli appalachien et le socle laurentien. Sur la rive nord du Saint-Laurent, de nouvelles régions se formèrent ainsi dans le sillage de la coupe forestière : l’Outaouais, la Mauricie et le Saguenay pour ne citer que les plus importantes.

C’est dans l’Outaouais que la grande exploitation forestière débuta au Québec, grâce à ses importantes réserves de grands pins, la prin-cipale essence commerciale recherchée au XiXe siècle. Jusqu’à l’arrivée de l’industrie des pâtes et papiers à la fin du siècle, l’Outaouais demeura la première région forestière. Son volume d’activité était tel – elle générait la moitié plus ou moins de la valeur marchande du bois coupé dans l’ensemble du territoire québécois – que toutes les autres régions en étaient reléguées au second plan.

La zone de trois-Rivières dut attendre le milieu des années 1820 avant de s’ouvrir à la grande exploitation forestière sous la poussée de la demande soutenue du marché britannique. Comme l’immense territoire drainé par le Saint-Maurice demeura difficilement acces-sible jusqu’au milieu du siècle, les entrepreneurs se fixèrent d’abord sur le cours des rivières du Loup et Batiscan. Au début des années 1850, le régime de l’union, dans le but d’accélérer l’exploitation fores-tière dans la zone de trois-Rivières, décidait d’aménager la rivière Saint-Maurice pour le flottage des billes en provenance de l’arrière-pays. Avec ces importants travaux d’aménagement, la Mauricie fores-tière émergeait enfin comme une nouvelle région.

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Vers 1850, l’agglomération trifluvienne comptait environ 4 000 habitants, dix fois moins que Montréal et Québec qui dominaient l’espace québécois. Ce petit monde citadin regroupé à la jonction du Saint-Maurice et du Saint-Laurent conservait des allures de gros bourg, même si des bâtiments hérités du Régime français et l’empreinte d’un siège social épiscopal lui conféraient une certaine urbanité. Mais, ce qui distinguait surtout trois-Rivières des noyaux villageois avoisinants en ce milieu de siècle, c’était l’éventail plus large de ses services et de son commerce. Le trafic portuaire y était aussi plus considérable en raison de la présence des Forges du Saint-Maurice en amont. Comme les villages riverains, trois-Rivières vivait tourné vers le fleuve, véritable artère de vie où la société québécoise s’arrimait à l’économie atlantique. Chef-lieu d’un monde rural encore faiblement déployé vers l’intérieur, ville-relais aussi dans les échanges canalisés par Montréal et Québec, telles étaient les deux grandes vocations de l’agglomération trifluvienne à l’aube de l’expansion rapide de l’exploi-tation forestière dans l’axe de la rivière Saint-Maurice.

Déjà sous le Régime français, la zone trifluvienne apparaissait comme une entité distincte, perçue avant tout comme un espace mitoyen entre Québec et Montréal. Le gouvernement de trois-Rivières circonscrivait alors un vaste périmètre de part et d’autre du Saint-Laurent : de Maskinongé à La Pérade sur la rive nord, de Yamaska aux Becquets sur la rive sud. Vision administrative certes, mais qui prenait en compte une certaine particularité de la zone tri-fluvienne. Jusque vers le milieu du XiXe siècle, le Saint-Laurent ne cessa d’être le principe intégrateur de cette entité historique. Puis, avec l’expansion de l’exploitation forestière dans l’arrière-pays et la consti-tution d’un front pionnier de plus en plus déployé vers l’intérieur, le Saint-Maurice s’imposa à son tour comme l’axe autour duquel s’or-ganisait un nouvel espace. Ainsi prenait forme la Mauricie, à cheval sur la grande rivière et aboutée à la vieille zone historique des bords du Saint-Laurent. tout au long de la seconde moitié du XiXe siècle, l’économie forestière et l’agriculture, principalement, y tissèrent la trame d’un espace vécu dont trois-Rivières était le centre principal.

À la fin du XiXe siècle et au début du XXe, l’irruption de la grande entreprise transformait la Mauricie rurale en une région industrielle et urbaine. Son potentiel hydroélectrique et ses réserves de matière ligneuse furent les clés d’une telle mutation. Cette Mauricie était en

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quelque sorte le résultat concret des rapports entretenus par des géné-rations d’hommes et de femmes avec leur milieu. Elle offrait l’exemple d’une société régionale mûrie et imbue de son héritage culturel.

La vue d’ensemble que nous présentons des multiples dimensions de l’histoire sociale de la forêt mauricienne met en lumière certains des principaux ressorts de ce cheminement.

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La préparation de cet ouvrage a bénéficié de l’appui de plusieurs orga-nismes et de nombreuses personnes. Nous tenons à exprimer notre gratitude au Musée national de l’homme (aujourd’hui le Musée cana-dien des civilisations), au fonds Formation des chercheurs et actions concertées (FCAC) du gouvernement du Québec, au Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, à l’université du Québec à trois-Rivières et au Comité des fêtes du 350e anniversaire de trois-Rivières pour leur soutien financier à diverses phases de notre démarche. Nous tenons aussi à exprimer notre gratitude à nos étu-diants Alain Ledoux, Alain Gamelin, André Miville, Guy trépanier et Benoît Gauthier, qui ont été associés à ces recherches et en parti-culier à Claire-Andrée Fortin dont les services nous ont été précieux lors de la préparation du manuscrit. Nous sommes particulièrement heureux de signaler l’apport de recherches personnelles des étudiants dont les mémoires de maîtrise ont alimenté notre réflexion sur le monde rural mauricien. Nos remerciements vont aussi à Gary Myles du Service de l’audiovisuel de l’université du Québec à trois-Rivières, qui nous a aidés dans notre quête de photographies, à Louise Verreault-Roy pour sa participation à certains travaux préliminaires, à Pierre Lanthier et Guy Gaudreau pour leurs conseils, à Jean-Pierre Hardy, qui a bien voulu intégrer cette recherche au programme qu’il anime au Musée national de l’homme et qui l’a soutenu de diverses façons jusqu’à la publication, à nos collègues Georges Massé qui a participé aux travaux de collecte des informations, et Jean Roy, qui a lu et enrichi le manuscrit de ses commentaires. Enfin, nous remer-cions Pauline tremblay, qui a dactylographié les différentes versions de nos textes, et Suzanne Marchand, qui a exécuté les cartes.

R. H.N. S.

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Abréviations et sigles

AEtR Archives de l’évêché de trois-RivièresANC Archives nationales du CanadaANQ Archives nationales du QuébecANQtR Archives nationales du Québec à trois-RivièresAStR Archives du Séminaire de trois-RivièresCIEQ Centre interuniversitaire d’études québécoisesDS Documents de la sessionJALC Journal de l’Assemblée législative des CanadasMtF Ministère des terres et ForêtsODL&F Ontario Department of Lands and ForestsRCtP Rapport du commissaire des travaux publicsRHAF Revue d’histoire de l’Amérique françaiseRMtP Rapport du ministre des travaux publicsuQtR université du Québec à trois-Rivières

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chapitre i

L’appropriation de l’espace forestier

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Imposant, l’espace mauricien est orienté nord-sud entre le ver-sant des eaux de la baie James et le Saint-Laurent. Du côté ouest,

il englobe le bassin de la rivière du Loup qui prend sa source bien à l’intérieur du Bouclier laurentien à une trentaine de milles au nord de Saint-Alexis-des-Monts. Du côté est, la rivière Batiscan et ses affluents drainent un espace forestier encore plus considérable remontant jusqu’au lac Édouard, à la hauteur de La tuque. Entre ces deux bassins coule le tumultueux Saint-Maurice entrecoupé de chutes et de rapides sur un parcours de 300 milles1. À la fin du XiXe siècle, compte tenu du type d’exploitation forestière, il comprenait 24 tri-butaires utilisables pour le flottage du bois entre Weymontachingue et trois-Rivières2. La longueur de ses affluents qui varie de 20 à 100 milles3 permettait d’exploiter sans trop d’obstacles les parties les plus difficilement accessibles du territoire, pénétrant à l’ouest jusqu’au nord de Montréal, à la tête des eaux des rivières L’Assomption, Rouge, du Lièvre et Gatineau ; à l’est, jusqu’aux affluents du lac Saint-Jean. Les explorateurs et les arpenteurs qui eurent pour mission, vers 1850, de subdiviser l’espace forestier québécois en zones administratives esti-mèrent la superficie de ce territoire, désigné agence du Saint-Maurice, à 24 000 milles carrés4.

1. Canada, Département de l’Agriculture, La vallée du Saint-Maurice et les avan-tages qu’elle offre à l’industrie, au commerce et à la colonisation, Ottawa, 1887, p. 3.2. Rapport d’Oliver Wells, 12 août 1852, JALC, 1852-53, vol. 11, app. 7 (J.J.J.).3. Paul Dufresne, « La situation forestière dans le Saint-Maurice et la possibilité de développement », dans La Forêt québécoise, juillet-août 1944, vol. VIII, no 1, p. 47.4. Canada (prov.), Rapport du comité spécial chargé de s’enquérir de la condition du commerce du bois au Canada au point de vue de la colonisation du pays et de l’action du gouvernement à cet égard, JALC, 1863, vol. 21, app. (no 8).

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Sur ce territoire s’étendant du 49e degré de latitude au 46e, la variété des climats et des sols impose à la végétation de solides contraintes. Dans l’extrême nord de la région, la pessière noire, appelée aussi zone de transition, s’étend sur une largeur d’environ 80 milles entre le bassin des eaux de la baie James et Weymontachingue. L’épinette noire et le pin gris y dominent ; le bouleau et le tremble constituent les principales espèces de feuillus. Là, la pauvreté des sols et les rigueurs du climat favorisent peu la croissance des arbres qui sont en général de petite dimension. Plus au sud, en aval de la Manouane, de nouvelles espèces apparaissent : le pin blanc, le pin rouge, le thuya (cèdre), l’épinette blanche, avec abondance de sapins. C’est la zone de la forêt mixte dans laquelle prédominent les conifères jusqu’à la hauteur de La tuque, approximativement. Le bouleau jaune (merisier) et l’érable qui commencent à croître vers le confluent de la trenche sont de plus en plus nombreux au sud de La tuque. Mêlés au frêne, au hêtre, au bouleau, au tremble et à d’autres espèces mineures, ces feuillus forment les peuplements dominants, quoique de vastes espaces de cette zone jusqu’au contrefort des Laurentides soient entiè-rement peuplées de conifères, épinettes et sapins surtout.

Cette brève description du couvert végétal5 ne tient pas compte des bouleversements écologiques survenus depuis le milieu du XiXe siècle. Elle indique les possibilités de croissance des diverses espèces à l’intérieur des deux grandes zones et se limite à constater grossiè-rement, aujourd’hui, les peuplements dominants. Or l’action des hommes et les fléaux naturels souvent indirectement provoqués par l’intervention humaine ont favorisé la nette dominance des feuillus dans le sud de la zone de la forêt mixte. Les feux de forêt, les épidé-mies d’insectes et les déprédations du pin et de la pruche ont boule-versé l’équilibre des espèces, à telle enseigne que les descriptions du couvert végétal mauricien laissées par les premiers explorateurs nous font voir une réalité fort différente. Nous reviendrons sur le sujet. Ce qu’il importe de montrer ici, c’est le potentiel forestier tel qu’il appa-raissait aux observateurs du milieu du XiXe siècle.

5. Nous avons emprunté à Paul Dufresne, op. cit. ; Raoul Blanchard, Le centre du Canada français : province de Québec, Montréal, Beauchemin, 1947 ; Marcel Lortie, Arbres, forêts et perturbations naturelles, Québec, Les Presses de l’université Laval, 1979 ; P.-E. Roberge, Comment aménager nos forêts, Les Presses de l’uni-versité Laval, 1981.

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cet ouvrage est composé en warnock corps 11.2selon une maquette de josée lalancetteet achevé d’imprimer en septembre 2011

sur les presses de l’imprimerie hln à sherbrooke

pour le compte de gilles hermanéditeur à l’enseigne du septentrion

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