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www.union-sainte-cecile.org Caecilia 3/1998 : A la rencontre de © Union Sainte Cécile – Strasbourg A LA RENCONTRE DE ... Ernest BOHN Monsieur et Madame Ernest Bohn se sont mariés le 18 avril 1938, le Lundi de Pâques, en l'église Saint Louis de Strasbourg-Robertsau. Ils ont eu le bonheur de pouvoir célébrer le 60 e anniversaire de leur vie commune dans la même église paroissiale le samedi 18 avril 1998 en présence de leur grande famille et de leurs nombreux amis. L'Union Sainte Cécile était présente à cette fête et a chaleureusement félicité son précieux collaborateur ainsi que son épouse. Caecilia : M. Bohn, nos lecteurs connaissent bien vos oeuvres publiées dans la revue mais ils ne savent pas grand chose de vous. E. Bohn : Croyez-vous que cela les intéresse ? L'essentiel, pour eux, c'est de trouver la musique qui leur plaise. Caec. : Précisément, parlons-en de votre musique. Comment y êtes-vous venu ? E.B. : A six ans j'ai joué de la flûte et à neuf ans je me suis mis au violon que j'ai travaillé jusqu'à 15 ans. Plus tard, à l'Ecole Normale (1930-1933) j'ai découvert le piano et l'orgue. Notre professeur de musique, M. Louis, membre du Comité de l'USC, nous a inculqué l'harmonie et nous a fait aimé la musique sacrée à travers les motets de la collection "Caecilia". A cette époque je fis également la connaissance de Joseph Kuntz, organiste à Obernai. J'en suis devenu le jeune ami; il a tenu les orgues lors de mon mariage. C'est également par lui que j'ai pris connaissance des derniers manuscrits de M.-J. Erb alors retiré à Andlau (1940-1944). Caec. : Sorti de l'Ecole Normale d'Obernai, il ne vous restait plus qu'à pratiquer votre art. E.B. : Comme c'était la coutume à l'époque, je pratiquais mon métier d'instituteur-organiste et directeur de chorale, au gré de mes affectations successives, à Hersbach, à Walbourg puis à Schirmeck de 1938 à 1954. Caec. : C'est à Schirmeck que votre promesse nocturne faite pendant une semaine d'adoration au Mont Ste-Odile prit corps ? E.B. : Effectivement ! J'ai participé au concours de composition d'une messe à 3 trois voix d'hommes et une voix d'enfants lancé par l'U.S.C. Mgr Hoch et les autres membres du jury furent frappés par Messe dans les tons qui sortait de l'ordinaire "cécilien". Je fus encouragé à composer et invité à devenir membre du Comité de l'Union Ste-Cécile dès la prochaine Assemblée Générale. Caec. : C'est surtout après la guerre que vous avez pu donner la pleine mesure de vos talents ? E.B. : Bien entendu ! Auparavant je dois vous rappeler le sort des instituteurs alsaciens au moment de l'occupation allemande. Nous avons tous été mutés en Allemagne pour la "Umschulung". N'étant pas revenu en Alsace après ce "recyclage", j'ai échappé au service militaire allemand, car les officiers de réserve français ne pouvaient pas être enrôlés. Cela m'a permis d'être tous les dimanches à Schirmeck pour assurer mon service liturgique. En 1954 j'ai été nommé à l'école Ste Madeleine de Strasbourg et je fus organiste à l'église St-Louis au Finkwiller. C'est à partir de ce moment que les liens avec Mgr Hoch se resserrèrent. Il me demanda des articles de réflexion pour Caecilia, de le représenter aux réunions de l'U.F.F.M.S. à Paris, de composer chaque fois que la muse m'inspira. C'est en ce temps-là que j'ai fait la connaissance de Mgr Beilliard (Lille), Mgr J. Besnier (Nantes), des Pères Gelineau et Hum (Paris-CNPL), des chanoines H. Carol (Monaco) et J. Roucairol (Montpellier) ainsi que l'abbé J. Bihan (Institut grégorien puis I.M.L. à Paris). L'Union Ste Cécile commençait à être connue en France par les maîtres de chapelles et les compositeurs de musique liturgique. Caec. : Vous ne vous êtes pas fait prié deux fois, si j'en juge d'après notre banque de données : 60 articles et 69 compo-sitions musicales ? E.B. : Oh, ce n'est de loin pas tout ! Pour la maîtrise que j'avais fondée à Schirmeck, pour la chorale des Maîtres Boulangers de Strasbourg que j'ai dirigée pendant de longues années et le Centre d'Education Musicale de la Robertsau que j'ai fondé en 1972 j'ai composé un abondant répertoire de musique profane, vocale et instrumentale y compris pour l'instrumentarium Orff. Que de bons moments ces concerts de gala avec les Boulangers et les auditions avec les 150 élèves de la Robertsau ! Cela ne m'a pas empêché de m'engager dans les travaux postconciliaires en recherchant des musiques nouvelles en langue populaire et de contribuer à l'élaboration du nouveau recueil de cantiques diocésain "Louange à Dieu". C'est d'ailleurs à la rencontre du chanoine Timmer que je dois mon intérêt pour la liturgie renouvelée et son impact pastoral. Caec. : Vous avez également occupé des fonctions administratives à l'U.S.C. ? E.B. : Oui. A la mort de Mgr Hoch en 1967, le nouveau président, le chanoine Kirchhoffer me demanda d'être son Vice-Président et secrétaire général. Mlle Myriam Schies, ayant succédé à son père dans la fonction de trésorier, arrivée à l'âge de la retraite, m'a demandé de bien vouloir la décharger. Ce que je fis également. Mais avec le développement que connut l'USC, je ne pouvais plus tout

Rencontre avec Ernest Bohn

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Monsieur et Madame Ernest Bohn se sont mariés le 18 avril 1938, le Lundi de Pâques, en l'église Saint Louis de eStrasbourg-Robertsau. Ils ont eu le bonheur de pouvoir célébrer le 60 anniversaire de leur vie commune dans la même église paroissiale le samedi 18 avril 1998 en présence de leur grande famille et de leurs nombreux amis. L'Union Sainte Cécile était présente à cette fête et a chaleureusement félicité son précieux collaborateur ainsi que son épouse.

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www.union-sainte-cecile.org Caecilia 3/1998 : A la rencontre de © Union Sainte Cécile – Strasbourg

A LA RENCONTRE DE ... Ernest BOHN Monsieur et Madame Ernest Bohn se sont mariés le 18 avril 1938, le Lundi de Pâques, en l'église Saint Louis de Strasbourg-Robertsau. Ils ont eu le bonheur de pouvoir célébrer le 60e anniversaire de leur vie commune dans la même église paroissiale le samedi 18 avril 1998 en présence de leur grande famille et de leurs nombreux amis. L'Union Sainte Cécile était présente à cette fête et a chaleureusement félicité son précieux collaborateur ainsi que son épouse. Caecilia : M. Bohn, nos lecteurs connaissent bien vos oeuvres publiées dans la revue mais ils ne savent pas grand chose de vous. E. Bohn : Croyez-vous que cela les intéresse ? L'essentiel, pour eux, c'est de trouver la musique qui leur plaise. Caec. : Précisément, parlons-en de votre musique. Comment y êtes-vous venu ? E.B. : A six ans j'ai joué de la flûte et à neuf ans je me suis mis au violon que j'ai travaillé jusqu'à 15 ans. Plus tard, à l'Ecole Normale (1930-1933) j'ai découvert le piano et l'orgue. Notre professeur de musique, M. Louis, membre du Comité de l'USC, nous a inculqué l'harmonie et nous a fait aimé la musique sacrée à travers les motets de la collection "Caecilia". A cette époque je fis également la connaissance de Joseph Kuntz, organiste à Obernai. J'en suis devenu le jeune ami; il a tenu les orgues lors de mon mariage. C'est également par lui que j'ai pris connaissance des derniers manuscrits de M.-J. Erb alors retiré à Andlau (1940-1944). Caec. : Sorti de l'Ecole Normale d'Obernai, il ne vous restait plus qu'à pratiquer votre art. E.B. : Comme c'était la coutume à l'époque, je pratiquais mon métier d'instituteur-organiste et directeur de chorale, au gré de mes affectations successives, à Hersbach, à Walbourg puis à Schirmeck de 1938 à 1954. Caec. : C'est à Schirmeck que votre promesse nocturne faite pendant une semaine d'adoration au Mont Ste-Odile prit corps ? E.B. : Effectivement ! J'ai participé au concours de composition d'une messe à 3 trois voix d'hommes et une voix d'enfants lancé par l'U.S.C. Mgr Hoch et les autres membres du jury furent frappés par Messe dans les tons qui sortait de l'ordinaire "cécilien". Je fus encouragé à composer et invité à devenir membre du Comité de l'Union Ste-Cécile dès la prochaine Assemblée Générale. Caec. : C'est surtout après la guerre que vous avez pu donner la pleine mesure de vos talents ? E.B. : Bien entendu ! Auparavant je dois vous rappeler le sort des instituteurs alsaciens au moment de l'occupation allemande. Nous avons tous été mutés en Allemagne pour la "Umschulung". N'étant pas revenu en Alsace après ce "recyclage", j'ai échappé au service militaire allemand, car les officiers de réserve français ne pouvaient pas être

enrôlés. Cela m'a permis d'être tous les dimanches à Schirmeck pour assurer mon service liturgique. En 1954 j'ai été nommé à l'école Ste Madeleine de Strasbourg et je fus organiste à l'église St-Louis au Finkwiller. C'est à partir de ce moment que les liens avec Mgr Hoch se resserrèrent. Il me demanda des articles de réflexion pour Caecilia, de le représenter aux réunions de l'U.F.F.M.S. à Paris, de composer chaque fois que la muse m'inspira. C'est en ce temps-là que j'ai fait la connaissance de Mgr Beilliard (Lille), Mgr J. Besnier (Nantes), des Pères Gelineau et Hum (Paris-CNPL), des chanoines H. Carol (Monaco) et J. Roucairol (Montpellier) ainsi que l'abbé J. Bihan (Institut grégorien puis I.M.L. à Paris). L'Union Ste Cécile commençait à être connue en France par les maîtres de chapelles et les compositeurs de musique liturgique. Caec. : Vous ne vous êtes pas fait prié deux fois, si j'en juge d'après notre banque de données : 60 articles et 69 compo-sitions musicales ? E.B. : Oh, ce n'est de loin pas tout ! Pour la maîtrise que j'avais fondée à Schirmeck, pour la chorale des Maîtres Boulangers de Strasbourg que j'ai dirigée pendant de longues années et le Centre d'Education Musicale de la Robertsau que j'ai fondé en 1972 j'ai composé un abondant répertoire de musique profane, vocale et instrumentale y compris pour l'instrumentarium Orff. Que de bons moments ces concerts de gala avec les Boulangers et les auditions avec les 150 élèves de la Robertsau ! Cela ne m'a pas empêché de m'engager dans les travaux postconciliaires en recherchant des musiques nouvelles en langue populaire et de contribuer à l'élaboration du nouveau recueil de cantiques diocésain "Louange à Dieu". C'est d'ailleurs à la rencontre du chanoine Timmer que je dois mon intérêt pour la liturgie renouvelée et son impact pastoral. Caec. : Vous avez également occupé des fonctions administratives à l'U.S.C. ? E.B. : Oui. A la mort de Mgr Hoch en 1967, le nouveau président, le chanoine Kirchhoffer me demanda d'être son Vice-Président et secrétaire général. Mlle Myriam Schies, ayant succédé à son père dans la fonction de trésorier, arrivée à l'âge de la retraite, m'a demandé de bien vouloir la décharger. Ce que je fis également. Mais avec le développement que connut l'USC, je ne pouvais plus tout

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assurer. Jean-Paul Krantz secondé bientôt par Augustin Marlier me déchargèrent de la comptabilité et de la trésorerie. Ceci me permit de consacrer à la rédaction de "Cent ans de Musique Sacrée en Alsace" pour le Centenaire de l'USC en 1982. A partir de cette date je fus totalement déchargé de mes fonctions et je pus revenir entièrement à la composition musicale. Caec. : Dans quelle direction avez-vous alors progressé ? E.B. : Vous savez, la Messe communautaire solennelle pour soliste, choeur, assemblée, orgue et cuivres donnée à la cathédrale à l'occasion de la Journée Nationale de Musique Sacrée, le 25 novembre 1962 sous la direction de J.-P. Baumgartner avec R. Pfrimmer à l'orgue, et enregistrée par la suite par Decca, est pour moi un excellent souvenir mais était surtout un formidable encouragement. Elle est mon œuvre préférée. Auparavant j'avais déjà écrit la Messe des Pèlerinages. Elle fut créée par la chorale paroissiale de Schirmeck en excursion-pèlerinage sur la colline de Sion en 1954. Aussi ai-je composé d'autres messes depuis (qui ne sont pas éditées) : la Messe du Vitrail, la Messe en l'honneur de Saint-Honoré, la Messe MI-RE-MI , par exemple. J'ai même composé des cantates profanes : "L'aventure est au bout du chemin" et "Le bonheur est dans le Pré" pour piano, chant et percussions et deux cantates alsaciennes : "De mon Pays natal" et "Cantate alsacienne".

Caec. : Vous êtes toujours membre de la Commission Musicale de l'USC, avez-vous encore des projets ? E.B. : Oui, j'en ai un qui me tient très à cœur , mais il est secret (au moins jusqu'à ce jour !) : j'ai en chantier mon Livre d'orgue. Il comprendra sept suites (les degrés de la gamme) de quatre pièces (entrée, offertoire, communion, sortie). Car après tout, je suis toujours organiste à la Robertsau, d'autant plus disponible que j'ai quitté mes fonctions de directeur de l'école de l'Académie à Strasbourg depuis un bon moment pour goûter ma retraite. L'enseignement est derrière moi, bientôt aussi ma fonction d'organiste. Caec. : Il vous restera votre famille et les bons souvenirs ... E.B. : Oui, et quels souvenirs ! Je suis né pendant la première guerre mondiale, le 25 novembre 1914. J'ai vécu la seconde guerre mondiale. Mais mes meilleurs souvenirs sont ceux de la grande famille "cécilienne" : 1982 le Pèlerinage du Centenaire à Rome avec l'audience papale et la découverte de la Ville éternelle, puis en 1992 le 110e anniversaire en trois temps : le Tyrol (amitié), Salzbourg (musique) et Altötting (prière). Ma plus grande joie a toujours été la rencontre avec le simple choriste.

G. Grasser