René Lew, 'Théorie Du Signifiant'(출력)

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René Lew, 'Théorie du signifiant'

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  • 1

    Ren Lew

    15-16 janvier 2011,

    Lysimaque

    Thorie du signifiant

    (thorie lacanienne logifie)

    1. La chaine signifiante

    1.1. Dimension de la chane

    Partons de la concatnation signifiante la plus simple.

    La chane signifiante linaire (de dimension 1) est en fait une rduction simplificatrice des

    liens signifiants qui sont multilinaires, ou plus exactement en rseau, en treillis... Cette

    rduction ramne la dimension infinie (et au-del : transfinie) des articulations signifiantes

    concourant en un site signifiant une seule dimension (ddouble en avant et en aprs).

    Mais ces liens sorganisent de toute faon en rseau transfini ; quelle quen soit la figure simplificatrice, il faut lavoir en mmoire. Maintenons cependant le schma linaire de dimension 1 plus facile figurer.

    1.2.Constitution locale de lenchanement

    Voyons maintenant ce qui constitue lenchanement signifiant. Quand Lacan donne une (pseudo) dfinition du signifiant sous la forme : Un

    signifiant reprsente un sujet pour un autre signifiant , une telle dfinition appelle plusieurs

    remarques.

    (1) Ce nest pas une stricte dfinition, puisque, dans cet aphorisme, le definiendum (ce qui est dfinir) est inclus dans le definiens (dans la formule dfinitoire).

    S S S

    S S

    S :

    1/

  • 2

    (2) Le sujet en question nest pas ncessit tre ontologiquement donn davance, comme pralable cette articulation signifiante. Le sujet merge, de cette articulation

    signifiante, de faon concomitante avec le signifiant.

    (3) Le verbe reprsenter est de lordre de la reprsentance intervenant dans la mtapsychologie freudienne (articles sur Linconscient et Le refoulement , en particulier). En allemand ce reprsenter est reprsentieren (do Reprsentanz) et non vorstellen ( Vorstellung, reprsentation psychologique). (4) Jentends ainsi cette dfinition : un signifiant ne se dfinit que depuis son articulation avec un autre signifiant, laquelle articulation dtermine le sujet qui de l savre porter en retour cette articulation et donc les signifiants qui sarticulent. (5) Cette articulation (en tant que reprsentance dun signifiant auprs dun autre) dtermine, dans le mme temps que le sujet, chacun des signifiants en question.

    (6) Il nest pas non plus ncessaire quun signifiant soit donn par avance. Ainsi un premier signifiant S se dtermine dun second signifiant S qui dpend pour sa propre existence et dun troisime signifiant S et de ce premier signifiant. Mais celui-ci na dexistence lui-mme qu la mesure de ce quil a dj produit de signifiant second. Il en dpend (apparemment rtroactivement, mais en fait de faon anticipatoire), tre entirement

    produit de fait par le consquent dont il est lantcdent et qui lappelle lexistence pour sen soutenir lui-mme. De la mme faon que S dpend de S, S dpend de S. Une interdpendance (une interaction) opre ici, puisque S dpend de S et S de S. (7) Cest dire que ce qui est actif de ce premier ce second signifiant (actif en tant que reprsentance) est strictement opratoire comme hypothse luvre : cest sur la supposition que le premier signifiant existerait dj que le second se constitue, en quelque sorte comme

    prise en compte (bien plus que concrtion) de la supposition comme opratoire (en uvre, dirait-on). Par contrecoup lantcdent est ncessit pour que le consquent en dpende, quand de fait il en dpend lui-mme par rtrogrdience (lantcdent est ncessit par le consquent) : sans le consquent pas dantcdent (cest une anticipation), autrement dit (cette fois de faon progrdiente et dans le mme temps) : sans lantcdent, pas de consquent (de faon aussi rtroactive ; cest un chiasme : lanticipation est tributaire de la rtrogrdience et la rtroaction lest de la progrdience, puisque le consquent sappuie rtroactivement sur lantcdent). Lanticipation assure la rtrogrdience et la rtroaction fonde la progrdience.

    (8) Cest dire que ni le premier ni le second signifiant, et a fortiori toute la chane signifiante, quel que soit son dveloppement, nexistent sans leur articulation qui les

    S

    progrdience

    rtroactive

    S S S S

    rtrogrdience

    anticipatoire

    + S S

    pro et rtrogrdience

    associes de faon mbienne

    abrviation

    S S S

  • 3

    dtermine. Cette articulation, comme flche horizontale, est labrviation de ces deux mouvements anticipatoire et rtroactif qui sassocient mbiennement. Aucun signifiant nexiste donc en soi, en dehors de la chane qui larticule : on ne peut donc jamais citer un signifiant, mais uniquement le mettre en jeu dans la chane, par la parole (avec ds lors son

    support dcriture dfinie comme cette prise dans la chane). ne pouvoir citer de signifiant, on ne cite jamais que des mots. Un mot est ce qui met un terme la signifiance, ce nest quun mode de reprsentation du dit signifiant en jeu. (9) Chaque signifiant (ou dit tel) nest en fait quune fonction et non un lment distinguable, cernable, quon pourrait extraire de la chane. Cette ide dextraction hors de la chane nest quune illusion psychologique. La fonction signifiante reste quoi quil en soit insature.

    Parler de signifiant de faon ontologique nest quun cart de langage, puisquil ny a pas de signifiant en soi, mais uniquement pris en chane, avec dautres. Jappelle signifiance cette organisation concatne des sites signifiants. De fait un signifiant nexiste qu tre supplment dun autre signifiant, autrement dit il nexiste pas en soi, mais uniquement articul. Cest affaire de parole et de discours ni de langue ni de langage. Cependant il ny a pas de parole ni de discours sans langue ni langage.

    (10) Pour chapper cette psychologie ou cette linguistique du repliement sur soi du

    signifiant, la figuration mbienne, pour faire chane, demande souvrir,

    dterminant par l un cart (un dcalage : Entstellung, une Autre-position) entre larticulation et chaque site (comme jai tendance le dire) signifiant.

    parole

    langage

    langue

    discours

    S S S

    S S S S

  • 4

    Ferme cette bande de Mbius nest pas ncessairement organise sur lesdits signifiants, mais aussi sur leur articulation constituante. Cet cart, dans le schma, entre

    objet (ledit signifiant) et fonction est prcisment lui-mme constitutif de cette ouverture

    de la bande de Moebius en hlice plus ou moins serre.

    Retenons ds lors cet cart ainsi constitutif dune figure de came bien tudie par Antoine Culioli dans La formalisation en linguistique , in Cahiers pour lAnalyse n9,

    et qui est dcalage. Tout signifiant est ainsi dcal de son apprhension (rduite au signifi

    quest sa signification, paralllement son support matriel, mot, ponctuation, ton, style, lapsus, nologisme, etc.) dans le dictionnaire lequel ne saurait englober tous les possibles. (11) Lon peut donc distinguer la concatnation elle-mme (la reprsentance) maintenant rduite la flche horizontale () et son rsultat (en quelque sorte) qui linclut de faon progrdiente : (S) ou de faon rtrogrdiente :(S). Ce rsultat est double car il fait tat (au sens propre : il stablit, alors de faon statique) de la reprsentance en ce site signifiant, point dimpact de la fonction portant le site antcdent et le reprsentant ainsi. Il y a plusieurs faons de pointer ce site signifiant (ce sera expos plus

    bas), mais Freud utilise essentiellement le concept de reprsentation (Vorstellung). Ainsi

    lensemble [S] associe la reprsentance [] et la reprsentation [S], Reprsentanz et Vorstellung. On peut adjoindre la lettre, aussi comme mode de reprsentation (comme

    caractre valant phonme, par exemple), dautant quen tant que littorale elle articule aussi deux sites signifiants (en reprsentant lun auprs de lautre), soulignant ds lors par elle-mme la fonction de reprsentance en lui portant un coup darrt (enstasis). (11a) Cette Vorstellungsreprsentanz souligne le caractre binaire du signifiant

    associant une fonction symbolique de reprsentance et sa transcription extensionnelle

    imaginaire quest la reprsentation. Cest pourquoi Freud insiste pour dire que reprsentance et reprsentation sont identiques, ce ne sont que deux abords (que je dirai donc respectivement

    symbolique et imaginaire) de la mme fonction, en intension (reprsentance) ou en extension

    (reprsentation). Ainsi peut-on parler de reprsentance en terme de reprsentation (en abrg :

    reprsentance de reprsentation) ou de reprsentation faisant reprsentance (en abrg :

    reprsentation de reprsentance). cette dfinition binaire du signifiant (point ainsi comme

    binaire lui-mme) Lacan adjoint de la mme faon le Wahrnehmungszeichen, le signe de

    S : S S S S S S : S

    /1

  • 5

    perception, signe symbolique et perception imaginaire associs. Pour ma part, jajouterai la trace faisant souvenir, Erinnerungsspur.

    Cela souligne, sous langle de leur valeur signifiante, le ct la fois symbolique et imaginaire de chacune des catgories noues de faon borromenne (et homognes pour ce

    double aspect imaginaire et symbolique) que sont le rel, limaginaire et le symbolique, tous trois symboliques et imaginaires en plus dtre rels. (11b) Une autre entre de la binarit du signifiant est quil ne peut valoir ni oprer en soi, mais toujours attach un autre signifiant (un au minimum, cela sentend). Ainsi la chane signifiante est-elle constitue de sites tous binaires.

    Chaque site est bilatre par le change de reprsentation (S) quil implique et unilatre quant ce change lui-mme en tant que reprsentance. De l le signifiant est asphrique, selon

    une structure moebienne, mais ouverte.

    Au total, je transformerai ainsi la dfinition lacanienne du signifiant : un signifiant ne

    tire son existence que de son articulation (reprsentance) avec un autre qui nexiste pas plus.

    2. La constitution extensionnelle de la chane signifiante par drivation

    (Entstellung)

    Si lon entend bien que la flche [] inscrit en abrg la structure a priori mbienne du signifiant (plus exactement : de la fonction signifiante), elle apparat tre le constituant du

    signifiant comme fonction et ce de faon indfinie (un signifiant pour exister renvoie un

    autre signifiant quil est cens constituer, lequel pour exister renvoie un autre signifiant encore quil est cens constituer, etc. ad infinitum). Jappelle ce constituant la signifiance. Elle correspond, selon moi, la firstness de Peirce, cest--dire, pour le moins : considrer, dans une relation aRb, la relation R en propre en dehors de ce quelle relie, cest--dire en dehors de ses coordonnes sans lesquelles elle nest pas, mais relation quon peut nanmoins pointer comme telle ; ainsi la flche [] prise isolment na-t-elle aucune valeur ni mme intention (intension), quoique quand mme..., insistons : elle a quand mme une valeur dinterface. Cette primit (comme dit la traduction franaise de firstness) ouvre la secondit

    (secondness :[S]) et la tiercit (thirdness : [SS]). La signifiance ( mon sens) est la reprsentance de Freud : seule constituer la pulsion afin de lui donner accs, comme la

    pulsion est le reprsentant (au masculin cette fois dans Freud : der Reprsentant) du

    somatique dans le psychique, selon Freud : reprsentance, renvoi, articulation, relation,

    fonction pour tout dire. Jy reconnais le signifiant unaire de Lacan : S1 a fonction dEinzigkeit

    nouage

    S

    Vr

    Es

    Wz

    R

    I

    S2 S2 S2

  • 6

    (unarit) et non dEinheit (unit, dans tous les sens de ce mot). Par comparaison, le nouage borromen unarise en les trinitarisant les trois registres (cercles) qui en constituent au

    minimum le schmatisme.

    En rsum :

    ou

    soit en paire ordonne :

    ( reprsentance(reprsentance de reprsentance de reprsentation)), (S1(S1S2)), (Repr (ReprVRepr)). Il ny a pas dorigine ni daboutissement de la chane : elle est infinie (indfinie, transfinie). Il ny a donc pas de tout de la chane : inaccessible dans sa totalit, pas finie, sans terme .

    Comme la fonction (toute fonction) est inaccessible en intension, elle apparat de

    mme tre inaccessible en extension. LAutre qui se dfinit de cette totalisation de lextension de la chane signifiante (Lacan : lieu de recel des signifiants et autres acceptions de la mme

    veine) nexiste pas de ce fait : A/ . Cette extension inatteignable in toto attient ncessairement linsaisissable de la fonction en intension, ainsi marque comme le signifiant de cet inatteignable extensionnel (pas dorigine, ni de point final) : S(A/ ).

    ... reprsentance de reprsentation,

    reprsentance

    ... S2

    S1

    ...

    S2 S2

    S1

    S S S

    S2 S2

    S1

    S2

    S1 S1

    S2 S2 S2

    S2 S2

    S1

    S2

    S1 S1 ... ...

  • 7

    Ainsi :

    Il apparat bien que lunarit propre la signifiance S1 est le signifiant (de fait, la signifiance) absent de la chaine signifiante parce quil la constitue en sy incorporant (cest le terme de Freud relatif au Pre, non pas originaire, mais basal, primordial, fondateur, selon

    Totem et tabou). La signifiance, tant entendu que cest lincorporation qui fait la chane (ou le corps, y compris le corps de langage) est donc le signifiant phallus (ou phallique) : , grand symbolique, comme prcise Lacan.

    De l lorganisation libidinale de la pulsion avec sa valeur phallique et son dploiement dipien (voir plus loin) en lien avec le complexe de castration (le S1 est la fonction de la castration comme phallus absent de la chane signifiante, mais que le sujet reprsente ici dans lquivalence de la reprsentance avec la reprsentation). Cependant, se passer dorigine (en particulier) doit passer (reprsentieren encore) dans lorganisation signifiante elle-mme. Comme Lacan ( propos de lalination et de la sparation) rcuse juste titre les liens de rciprocit et de mutualisation, entre autres, entre

    signifiants, nous navons pas affaire une organisation sphrique de la signifiance,

    incorporation

    corps S corps I

    corps R

    S S

    S1 S(A/ )

    P

    ... ...

    S S

    A/

    S(A/ )

    ...

    S S(A/ ) S(A/ )

    ...

    S(A/ )

    S S

    ... ...

  • 8

    mais une organisation asphrique

    qui prsente cependant encore linconvnient dimpliquer de lorigine ou lon voudrait sen passer. Ds lors il nous faut assurment ouvrir la bande de Mbius pour en faire une hlice en la prolongeant.

    (dessin en immersion par facilit)

    ou mieux S S S S

    S S

  • 9

    Etc. (en resserrant les longueurs donde jusqu un cheveau). Cest le dbut dun maillage (tricot), pour moi entre, au minimum, trois niveaux (Freud : strates).

    Cette structure ouverte (comme la fonction [S] est insature, et comme cela ouvre la topologie en termes douverts) sinclut donc dans la chane et la constitue tous les niveaux de cet videment ou de ce clivage (Spaltung pour Freud) faisant passage (comme la

    barrire de contact et donc le littoral, frontire faisant jonction, voir plus loin). De l la

    fonction phallique (en abrg, le phallus) est immdiatement opratoire comme clivage

    pulsionnel entre ncessit (de se rendre la pulsion) et interdit (de sen satisfaire), puisque le phallus nest rien sinon cet videment. De l encore ce qui simaginarise comme complexe de castration.

    3. Les valeurs du signifiant

    La signifiance implique le signifiant et le signifiant implique le signifi.

    S

    I

    R

  • 10

    Cela signifie que les liens entre les signifis ne passent que par les liens signifiants.

    Ainsi sorganise, ce niveau de schmatisme signifiant, un pas-de-rapport (pas de rapport direct entre effets de signifi).

    (signifiance (signifiancesignifiant)), (S1(S1S2)) et, selon la mme structure asphrique,

    (S2(S2S2)) et (S2(S2s)), ou plus exactement (S2 S2s)). Le signifi est lextension (donc objectale) du signifiant proprement dit. Ce signifiant S2 (distinct de la signifiance), je le dis linguistique ou, peut-tre par approximation, saussurien

    (au moins au sens des crits de linguistique gnrale, Gallimard, et moins du Cours rdig

    par les lves de Saussure).

    Le signifiant est lextension de la signifiance et le signifi est celle du signifiant.

    S2 S2

    s s

    S2 S2

    s s

    S2

    s

    S2 S2

    S1 S2

  • 11

    Lextension dune fonction, au-del de Frege, est un objet : un objet rel ou imaginaire ou symbolique, pour utiliser les trois registres lacaniens.

    Comme Frege donne lobjet la fois comme signifi (et, selon moi, pas comme rfrent quoique..., cest--dire : pas immdiatement comme rfrent) en terme de signification et comme valeur (et, plus exactement, parcours des valeurs de la fonction), il y a moyen de

    reprendre cette question de la valeur selon les trois axes lacaniens : parcours rel, forme ou

    modle imaginaire, lien ou rapport symbolique (rapport second, car une fonction est dj une

    relation).

    Encore faut-il se souvenir quune extension est quand mme une fonction, mais apprhende cette fois (quand en elle-mme , faon primit, en intension, cette fonction est

    insaisissable).

    fonction

    rapport (2nd

    ) S

    objets

    parcours R

    forme I

    modle

    fonction phallique

    objet S

    objet R

    objet I

    nouage

    ( 3)

    S

    R

    I

    S2 s

  • 12

    Ainsi, sur chaque axe, trouve-t-on une extension diffrencie, et, en termes de signifi,

    il est question de signification (plus directement relative lobjet), de sens relatif, via le sujet, au signifiant, et de position subjective.

    Les extensions se dveloppent dans lAutre, ainsi variabilis , par les catgories du rel, de limaginaire, du symbolique.

    Lensemble des objets ( la fois constitutifs du sujet et extrieurs lui) est lui-mme constitutif du monde, selon Freud.

    f en intension

    f en extension S

    f en extension R

    f en extension I

    f

    f

    f

    f

    A/ I

    objet R

    objet I

    objet S

    A/ R

    A/ S

    sens

    (au sens frgen)

    signification (objet)

    position du sujet

  • 13

    La fonction, quelle quelle soit, est relation. Je dirai quelle se donne en tant que relation, impliquant continuit, dans le rseau signifiant, comme mtonymie ; et en tant que

    rapport, impliquant substitution, comme mtaphore. Relation : [] et rapport : [ / ]. La relation est mtonymique et le rapport est mtaphorique. Ces liens impliquent donc deux

    rfrents : la relation est mtonymique et lobjet mtonymique a glisse le long de la chane signifiante (comme continuit de la chane prise cependant en extension) ; le rapport

    est mtaphorique et le sujet, mtaphore de larticul signifiant, saute dun site signifiant lautre en dpendant de la signifiance. Nous retrouvons l quelque chose de comparable au trajet axonique de linflux nerveux, sautant qui plus est dun nud de Ranvier lautre. Quand Lacan dfinit le sujet comme le signifi de la pure relation signifiante , cest la signifiance S1, unaire, que jentends derrire cette puret. Il parle par ailleurs de la mtaphore du sujet. Le sujet est bien ainsi la mtaphore du S1.

    Ainsi le lien (prsent comme direct, sans quil le soit, bien entendu) entre S/ et a.

    est-il, via la signifiance S1, le poinon identifiant et distinguant (de faon mbienne) sujet et objet :

    (S/ a) o est , , , , soit et, ou, implication ( _~ ou ) et issue ( ~ ou ). La

    flche [], je le rappelle, est la fois et , soit .

    a

    S/

    S2 S2

    a

    S/

    S2

    monde S

    monde R

    monde I

  • 14

    4. Consquences de lorganisation signifiante (ou plus exactement de son schmatisme)

    4.1. Discours

    Ainsi le sujet est-il le signifi de la pure relation signifiante : S1/ S/ , quand lobjet est le signifi du signifiant proprement dit : S2/a. Larticulation S1 S2, implique donc

    qui vaut comme paradigme du schmatisme du discours pour Lacan, en ce que le langage est

    le matre (de cette structure) du sujet.

    Cette relation est ttradrique

    o S1, S2, a, S/ occupent nimporte quel sommet (car ce nest alors quune question de prsentation : cela reste toujours le mme ttradre). Cet ensemble est variablement mis plat

    par Lacan :

    S1 S2

    S/ a

    S/

    S1

    S2 a

    S1

    a S1 S/

    a

    discours de luniversitaire discours du matre

    S2

    S/

    S2

    a S/

    S2 S1

    S1

    S2

    S/

    a

    discours de lhystrique discours de lanalyste

  • 15

    Ce qui compte est le maintien de la squence (S1S2) objectalise comme a [(S1S2)a] et subjective comme S/ : {[(S1S2)a] S/ }. Cependant afin de faire correspondre ces lments des discours au carr modal (ontique) et dipien, je prfre une autre mise plat que celles que Lacan choisit, sans incidence sur la composition des discours.

    En effet, le S1, quivalent au phallus, correspond au Pre primordial dtenteur de ce

    phallus ; le S2, dans la gnralit du langage correspond au tout possible ; lobjet a comme rel est impossible (selon le Witz lobjet est impossible daccs) ; et le sujet est contingent dans son oprativit.

    4.2. Le narcissisme

    De toute faon cela correspond au carr subjectif de Freud relatif d abord au narcissisme (cest le sujet proprement dit, non confondu avec le suppos moi ), narcissisme dit primordial, distinct du narcissisme secondaire et spculaire,

    narcissisme proprement dit dans ce dernier cas, plutt concevoir comme sujet idal (ou moi

    idal). En rsum :

    Le narcissisme fondamental, et fondateur du sujet, est la signifiance ou le Pre ; cest un narcissisme type (cest ce qui fonde lespce humaine), quand la logique de lidal implique le sujet au niveau symbolique comme au niveau imaginaire.

    narcissisme 1

    Je

    H

    P M

    F

    S1

    S2

    a

    S/

    ncessaire impossible

    possible contingent

    narcissisme 1

    sujet

    idal du sujet

    (ou du moi)

    objet

    sujet (ou moi) idal

    narcissisme 2

  • 16

    4.3. La jouissance

    Les rapports du sujet la chane signifiante, dont il dpend pour sa propre existence de

    sujet, se nomment jouissance : le sujet jouit de ce qui lui donne existence, les signifiants

    (i.e. le rseau signifiant) en particulier. Comme signifi du S1 (ou du phallus), il est tributaire

    de la jouissance phallique, toujours locale (mme si elle est la condition de la globalit

    mtonymique).

    Cette jouissance est locale (comme le S1) quand lAutre est global. De l le concept de jouissance de lAutre, une jouissance de la globalit comme rattache lAutre (de faon impossible, car toute, toute la chane, toute la jouissance, on ny arrive pas cest le transfini de la jouissance) lequel Autre, pour cette raison, nexiste pas. Pas plus de JA/ que de J, car le manque dans/ la chane. Ainsi le sujet nexiste-t-il pas plus, non plus le phallus, pas plus que comme mtaphore. Et de mme lobjet a qui objectalise lvidement phallique en manque rel.

    J J J

    S2

    S1

    S2 S2

    S1 S1 S1

    J

    J A/

    ... ...

    S/

    S2 ... ... S2 S2

    J

    narcissisme

    idal S

    objet R

    idal I (S/ )

  • 17

    Cette jouissance impossible la fois locale et globale constitue le schmatisme

    mbien du signifiant, lequel articule sujet et Autre, la fois identiques et diffrents. Cela se joue soit au travers de la demande de lAutre (S/ D), soit au travers de lobjet (du dsir, du dsir du sujet). (S/ D) souvre ainsi en paire ordonne (S/ (S/ a) : la pulsion ouvre au fantasme. Lobjet du dsir implique assurment le sujet dans la fantasme.

    4.4. Le dsir

    Le dsir fait la coupure du sujet dans le lien de celui-ci lobjet a qui condense lextensivit de lAutre dans le dplacement mtonymique constitutif de la chane signifiante. Ainsi le dsir est-il la fonction la plus mme de rendre compte de larticulation signifiante. Dans ce rapport dinexistence lAutre ainsi barr bien quil reprsente la totalit inatteignable du rseau langagier, la mtonymie qui y tend est en mme temps ce qui barre

    lAutre dans son existence. Aussi lobjet a, comme mtonymique, est-il cette barre, porte tant sur lAutre que sur le sujet, et les reliant ainsi. En sens inverse de ce qui prcde, ce rapport mtonymico-mtaphorique ( A/ / S/ ) est moebiennement constitutif de la chane

    signifiante. La pulsion, pour Lacan, est ce mme rapport (not celle fois ) du S/ lAutre en sa demande : ( S/ D), dont la coupure mdiane se donne comme (S/ a), fantasme et vice-versa : (S/ a)( S/ (S/ D)). Cela implique encore le schma de la mtaphore du Nom-du-Pre chez Lacan.

    Je transcris ainsi ce schma :

    o le S2 est quivalent au S/ qui sen trouve reprsent dans la chane des S2., constitutive de lAutre, et o le S1 phallique se transcrit en a.

    S1 S2

    S/ a

    S S

    S/

    ... ...

    A/

    Nom-du-Pre

    Dsir de la Mre

    Dsir de la Mre . Nom-du-Pre

    Nom-du-Pre A

    Phallus

  • 18

    Dans ce mathme de Lacan,

    et ce rapport est tel que le est lUn-en-moins dans lAutre qui sen trouve barr comme totalit. Mais prcisment cette barre sur lAutre quest lUn ainsi transcrit en objet a

    sert de rfrence au sujet afin quil sappuie grce elle sur la jouissance de lAutre dans son rapport la jouissance phallique, lune et lautre inexistantes :

    .

    S2 a

    S/

    JA/

    J

    a

    S/

    , comme

    S1 .

    S2

    a

    S/

    S1 : Un

    A vaut pour S2 S2

    A

    ... ...

    S1

    S2

    a

    S/

  • 19

    Aussi le dsir fait-il le rapport des jouissances (mme si elles ne sont pas congruentes).

    5. Consquences du schmatisme signifiant

    Pour tre bref, je dirai que le schmatisme signifiant est asphrique (je mexplique plus amplement tout de suite) et littoral (de mme).

    5.1. Structure asphrique simplifie du signifiant

    La structure du signifiant, si on la simplifie, est modale, nodale, et mbienne. (1) Mbienne, elle lest dans la continuit entre le local (diffrenciable) et le global (identificatoire).

    Ce deux en un permet dopposer localement (paradigme et synchronie, substitution) deux signifiants ncessairement lis globalement de faon littorale (cest une autre faon pour moi de parler du 2 en 1), cest--dire identifis par leur mise en continuit qui les suscite tous deux dans le mme temps. Cest donc un effet de condensation qui les rapproche selon le voisinage qui fait correspondre chacun de ces sites signifiants un point de la topologie gnrale. Ces

    points sont lis par leur voisinage mtonymique qui dplace chaque signifiant vers un autre.

    J A/

    a

    S/

    dsir

    global local

  • 20

    Cest dire quon peut lier et opposer tout la fois le caractre discret de cette opposition locale, lequel savre continu globalement. Cela explique limportance de la mtaphore comme mode dapprhension du signifiant. Globalement, cest de syntagme et de diachronie quil sagit dans la mise en continuit par contigut. Le caractre continu de cette globalit spcifie tous les passages, y compris

    mtaphoriques (cest alors un passage par saut et non plus de plain-pied), passages valant dplacement. Chaque tape de cette mbianit (chaque boucle de lhlice quimplique louverture de la bande de Mbius) fonde un effet de signifi tenant de lcart, du dcalage oprant dun signifiant lautre et pris en compte, mis en forme, mis en rapport avec sa saisie en tant que lien signifiant-signifi, valant Entstellung (Autre-position, transposition, etc.) pour

    Lacan.

    (2) La nodalit signifiante est tributaire de cette organisation mbienne, surtout utiliser une bande de Mbius trois demi-torsions permettant dimpliquer une torsion (valant signifiance) chaque changement de registre R, S, I.

    (3) La modalit signifiante dpend des faons de rendre praticable la fonction

    (modalits ontiques ou althiques, dontiques, temporelles, pistmiques,...), selon le choix du

    registre des modalits retenu.

    5.2. Effets de supposition

    Lhypothtique implique non seulement le sujet et le savoir inconscient (point comme signifiant S2 par Lacan) dans le transfert ; mais aussi lobjet a. Car la reprsentance, la supposition, la fonction,... ne sont rien, uniquement des solutions de continuit produisant des

    effets (effets de signifiant, effets de signifi). De l leur abord comme vide ou videment

    opratoire, trou rorganisant ou non la structure du signifiant (inorientable a priori), coupure

    venant sparer ce qui se trouve li en continu, etc.

    R

    S

    I

    3 torsions de

    signifiance

    hypothtique

    S2

    a

    S/

  • 21

    Ainsi lhypothtique joue-t-il de ralit, entre le rel, la ralit psychique et loprativit ou effectivit.

    Entendons que cest cet hypothtique qui fait lien et induit du signifiant, cest--dire fait chane et rseau. De cette chane se rorganise tout bout de champ le signifiant. Il ne

    sagit que de la fonction pousse dans la rorganisation constante. Une telle rorganisation est constructive des extensions, rendant par elles-mmes

    praticable la structure, autrement dit devenues ses ralisations, ses mises en scnes ou en

    formes, ses objets, etc. Mais la fonction en soi reste impraticable. Du moins elle nest pas saisissable, mme si elle opre, cest pourquoi elle demande tre pointe extrinsquement mme si elle se prsente en intension. Elle peut tre ainsi dsigne par son nom. Do la paire ordonne :

    (f. en intension extrinsquement situe (f. en intension oprant intrinsquement f. en extension ncessairement extrinsque)), soit

    (nom(oprationobjet)) : (f. int(f. int f. ext)).

    5.3. Littoralit

    Lidentit persistante entre fonction en intension et fonction en extension (cest la mme fonction) rend compte des passages littoraux (sans interposition tierce) de la position

    intensionnelle au poste (ou la position) extensionnel(le).

    Cette littoralit implique linsistance de Freud identifier reprsentance et reprsentation. Jajouterai que pour la mme raison la motion pulsionnelle est identifiable elle-mme la reprsentance et la reprsentation.

    Pour cette raison, mon avis, Lacan en vient parler de lhomognit des composants du nud borromen. Cela correspond aux choix signifiants de Freud.

    pulsion

    reprsentance

    motion

    = reprsentation

    hypothtique

    ralit psychique

    rel

    effectivit

  • 22

    La part imaginaire ou bien relle de lhomognit nodale qui rend signifiant lensemble ncessite quun coup darrt soit port la fluence du signifiant, ne serait-ce que pour la pointer. Ainsi la lettre, oppose au signifiant, ou la reprsentation jouent-elles ce rle,

    au mme titre que la perception ou le souvenir.

    Autrement situes, ces praticables de la parole (fonction en intension) la rorganisent

    de faon diversement saisissable

    pour prciser la valeur signifiante comme parcours, forme ou rapport.

    afin dexpliciter la pulsion.

    Aussi le temps de lhypothtique et de laprs-coup est-il de cette faon spatialis.

    but

    sign

    ifia

    nt

    - trajet

    - objet

    force

    incorporation

    source

    reprsentance

    signifiance

    reprsentance de reprsentation

    trace du souvenir

    signe de perception

    rapports de valeurs

    signifiant

    parcours de la valeur

    formes de la valeur

    rapport signifiant

    signifiant

    lettre (littorale)

    reprsentation

  • 23

    Cette littoralit est dialectique, cest une dialectique de chaque instant (en chaque point du rseau signifiant schmatis en surface close sans bord, inorientable) entre construction

    (allant de lintension vers chaque extension) et dconstruction (dune extension lintension). Les extensions sont dites falsidiques, non pas dimpliquer du faux, mais dinflchir les liens avec lintension (proprement vridique) vers les objets. Le passage de la signifiance comme reprsentance lobjectalit spatiale est lui-mme reprsentance. Cette reprsentance est Vertretung pour Frege. Je traduis communment

    Vertretung par transcription : transcription de la fonction en intension en fonction en

    extension. De la mme faon, lon peut parler de translittrature et traduction : transcription en objet, translittration du caractre, traduction du signifiant.

    Cette transcription est littorale et, comme dj vu, se donne en paire ordonne : (f. en

    intension extrinsquement pointable (f en intension intrinsquement opratoire f. en extension extrinsque)). En cela la lettre comme littorale se prsente en drivation sur le

    signifiant. Il ny a pas que le rapport signifiant/signifi qui est Entstellung, mais aussi cette drivation du signifiant la lettre.

    Le complexe de castration de Freud reprend la question de la signifiance et celle-ci est

    littoralise en complexe ddipe.

    signifiance lettre littorale

    lettre caractre signifiant

    traduction

    transcription

    translittration

    I

    temps matire spatiale

    R

    S

  • 24

    Il y apparat que le Pre nest pas origine, mais dconstruction des choses .

    P

    P

    H

    M

    F