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  • RENNES-LE-CHTEAUUne histoire dApocalypse

    Paul ROUELLE

  • Prface

    Avez-vous jamais t prisonnier dun cyclone, ptrifi dans lhu-meur vitre de son oeil ? Immobile et tout de mme emport par la tourmente. sa faon, le livre Rennes-le-Chteau, une histoire dApocalypse ? de Paul Rouelle est un cyclone fascinant parce quil bouscule la plupart des certitudes tablies sans abuser de la force de ses dcouvertes en rafales. Je nexagre pas. Pour assez bien connatre les broussailles qui protgent les derniers grands mys-tres pyrnens, je sais les difficults que rencontrent les vritables explorateurs ne serait-ce que pour sparer le bon grain de livraie dans des bibliographies de plus en plus dmesures, monstrueuses. Combien de fausses rvlations toujours puises aux griffons de sources indites ? Plus dune vingtaine par an, tous trsors, bchers, Graals confondus.

    Paul Rouelle nest pas un homme press. Il y a plus de trente ans quil sest laiss prendre au pige de Rennes-le-Chteau. Pour sen vader mais comment et surtout pourquoi briser une pas-sion ? il a chemin, noubliant aucun sentier, aucun labyrinthe. Le bilan du pas pas est poustouflant mme si, comme moi, on ne se laisse pas ingnument prendre par la main en faisant semblant dou-blier les impasses, les raccourcis, les traces en pointill. Limportant est davoir, l, sous les yeux la nouvelle carte des nouvelles pistes et cesser une fois pour toutes de clamer La Vrit est Ailleurs .

    La vrit vraie, comme on dit aujourdhui, est que quelque chose dimpor- tant, peut-tre dinou, sest pass dans le minuscule triangle Montsgur, Ussat-les-Bains, Rennes-le-Chteau, pendant les dix douze ans qui ont prcd la Seconde Guerre Mondiale. Comme sils staient donn rendez- vous, se sont rencontrs sur ce terroir rptons-le : troit des reprsentants de Socits plus ou moins secrtes, loges, sectes, dau moins quatre nationalits : Polaires italiens et franais conduits semble-t-il par un vnrable Bari ; Britanniques dune confrrie mystique fonde mais oui ! par Sir Arthur Conan-Doyle, pre de Sherlock Holmes, et dont lenvoy spcial Walter Birks devint le secrtaire intendant dAntonin Gadal. Cest Birks qui lui offrit la statuette gyptienne que le gardien des ca-

  • vernes initiatiques dUssat prtendit avoir trouve dans une grotte qui domine lArige, aujourdhui pice matresse du trsor initiatique des Rose Croix nerlandais (Haarlem) ; Allemands dont le plus clbre des reprsentants reste Otto Rahn ; Espagnols ils ne sjournrent quune quinzaine de jours prospectant, pioche en main, le secteur Luzenac-Lordat.

    Les initis je lai appris de la bouche de Birks rompus aux arcanes des gnoses tnbreuses couraient aprs un vangile per-du de Saint-Jean et non, comme lcrivent les exploiteurs du filon Cathare qui ne semblent connatre (mal) quOtto Rahn, dun Graal devenu la demande sacr pour avoir recueilli le sang du Christ, ou mieux encore pierre pr- cieuse dtache de la couronne de Satan.

    Pourquoi Saint Jean ? Pourquoi Monsgur, Ussat, Tarascon-sur-Arige, Lordat, Rennes-le-Chteau ? Parce que Christian Rosen-kreuz, qui aurait fond lOrdre des Rose Croix, au cours dun voyage dans le sud de la France aurait t linvit en son chteau du Sei-gneur de Lordat. Christian Rosenkreuz dtenteur de tous les secrets de lgypte, de lOrient et du fameux manuscrit de Saint-Jean. Notez les conditionnels que se gardent dutiliser les auteurs de livres sot-riques.

    Saint Jean ! Lisez Paul Rouelle. Ce nest pas moi de dvoiler ses conclusions. Lisez et relisez.

    Bonne route !

    C. BERNADAC.

  • Mon histoire

    Cest en 1969 que je me suis rendu Rennes-le-Chteau pour la premire fois. Par hasard.

    Mon pouse et moi prenions nos toutes premires vacances aux Saintes-Marie, qui resteront un de mes meilleurs souvenirs. Or, pour ma part, jai une horreur viscrale de leau, laquelle comme disait Verlaine est un liquide tellement sale que, quand on la verse dans le Pernod, elle le trouble. Donc, nous avions conclu une sorte de pacte : le matin, pendant que ma sirne prfre profitait de la Mdi-terrane, je lisais sur la plage ; laprs-midi, nous visitions la rgion. Cest ainsi que jai lu pour la premire fois Le Trsor Maudit de Rennes-le-Chteau , de Grard de Sde. Quand je dis que je lai lu

    En fait, je lai dvor tellement goulment que le seul moyen rai-sonnable de le digrer fut daller voir sur place ce quil en tait des affirmations et hypothses de lauteur. Ce que nous fmes.

    lpoque, cette histoire tait encore assez neuve et Rennes tait encore authentique , comme il convient de dire aujourdhui quand on est cultiv. En tout cas, elle navait pas encore subi les ravalements et restaurations (!) qui la dfigurent dornavant tout en assurant sa rentabilit commerciale. Le cimetire navait pas t boulevers, Branger Saunire et Marie Denarnaud taient encore leur place, Paul-Urbain de Fleury avait toujours deux tombes diff-rentes, les autres spultures curieuses pouvaient encore tre photo-graphies. Lglise tait toujours libre daccs et le chemin de croix navait pas t remis en ordre . Bref, il rgnait encore sur les lieux un parfum mystrieux, mais non frelat, qui en faisait le charme.

    Et, tout compte fait, on ne mangeait pas tellement mal chez Henri Buthion. Or, ce quil nous fut donn de voir conforta notre impression initiale : Grard de Sde tait loin de dire tout. Il nen fallait pas plus pour allumer notre curiosit ! Donc, quelques mois plus tard, je redes-cendais avec un ami tout aussi intrigu que moi. Ctait aux congs de Toussaint 1970 Notre aventure commenait.

    La raconter ici in extenso napporterait pas grand-chose, sinon une collection danecdotes rassemble pendant plus de 33 ans de recherches, danecdotes amusantes la plupart du temps, mais aussi

  • nettement dplaisantes, parfois. Que lon sache seulement que les quelques mises en garde contenues dans le Trsor Maudit ne sont pas sans objet, et que les documents dont je dispose mont valu pas mal dennuis, depuis les visites domiciliaires discrtes , mani-festement effectues par des gens comptents , jusquaux cam-briolages par effraction avec destruction mobilire par des vandales et menaces peintes sur mes murs. En passant par le 9 mm para.

    Et pourtant, ce serait refaire, je recommencerais !Car cette aventure ma permis de rencontrer pas mal de monde :

    des fous mystiques, des dtenteurs de la vrit authentique, des hal-lucins sectaires et, parfois mme, de vritables gangsters. Elle ma heureusement permis de ctoyer aussi des gens intressants : cer-tains, dont le rle dans cette histoire restera probablement toujours la vritable nigme, comme Grard de Sde ou Pierre Plantard ; cer-tains de grande valeur, dont lrudition vous tient en haleine, comme A.D. Grad ; et enfin des personnages exceptionnels, dont limmense culture navait dgale que lhumour, comme Philippe de Chrisey, avec lequel jai eu la chance de nouer une amiti trs profonde et extrieure tout ceci.

    Elle ma galement amen mintresser des tas de choses qui, jusque-l, me laissaient parfaitement froid, comme lhistoire, la mythologie, lhraldique, et mmes les langues : lhbreu et loccitan. Que ne ferait-on pas quand on est passionn ?

    Elle ma mme contraint tudier ce qui tait le cauchemar de mes tudes secondaires, la littrature potique romantique. On nimagine pas ce que lon peut trouver par une lecture attentive des sonnets de Grard de Nerval ! Ah, ce fameux Desdichado , qui me valut tant de maux de tte sous la frule de professeurs dont jadmire encore la patience ! Si javais su la merveille que ce texte recelait au-del de sa perfection potique

    Tiens, au fait ! Tout le monde sait, bien entendu, que Nerval sest suicid par pendaison. Encore que suicid soit un terme bien trange quand on lit dans le rapport de police que, lorsquon la trouv, le malheureux avait toujours son gibus sur la tte et que les pointes de ses pieds touchaient le sol. Beaucoup savent aussi que lendroit exact de lvnement est devenu aujourdhui le trou du souffleur dun grand thtre parisien.

  • Mais y en a-t-il qui savent en face de quel immeuble Grard de Nerval a trouv la mort ? En face dun commerce de serrurier, un bonhomme qui vendait des clefs

    Et la boutique se signalait par une enseigne : Chez Boudet . Mais, me direz-vous, est-ce bien raisonnable, dans une aimable

    histoire comme celle-ci, de venir parler de cambriolages, de menaces, de coups de feu, et mme de services Comment dites-vous ? De services secrets !?

    Autrement dit : tes-vous bien raisonnable ? a, ma bonne dame, mon bon monsieur, cest une longue histoire,

    dont jimagine que vous la verrez dun tout autre il si vous avez la patience de lire ce qui suit.

    Paul Rouelle

  • Table des matiresPrface .....................................................................................3Mon histoire ..........................................................................5EN GUISE DAVERTISSEMENT ..............................................9LA RGION DE LAUDE........................................................11LES LIEUX CONCERNS .......................................................26LE CHEMIN DE CROIX ............................................................47DUNE RENNES LAUTRE ...................................................62LES FAITS ................................................................................77LE CUR AUX MILLIARDS ......................................................84QUELQUES NOTES EN PASSANT .........................................87LES HYPOTHSES : UN TRSOR ? .......................................99LES HYPOTHSES : UN DOCUMENT ? .................................103QUELQUES NOUVELLES NOTES..........................................108HENRI BOUDET ......................................................................112NICOLAS POUSSIN.................................................................118BERTHOLET FLMALLE .........................................................127EUGNE DELACROIX.............................................................135GRARD DE NERVAL .............................................................137PIERRE, GILBERT, MICHEL ET LES AUTRES .......................158LES HYPOTHSES : LA MIENNE .......................................161UNE AUTRE HISTOIRE ? .........................................................167UN RAHN PEUT EN CACHER UN AUTRE... ..........................171 OUI, MAIS QUEL AUTRE ? ..................................................185DIS-MOI QUI TU HANTES. JE TE DIRAI QUI TU ES... ...........190LISONS UN BRIN.....................................................................200

  • EN GUISE DAVERTISSEMENT

    Il nentre pas du tout dans mes intentions dassner une vrit historique, irrfragable et intangible. Jestime simplement que lana-lyse de certains faits, de leur concordance dans le temps, de leurs relations plausibles sinon possibles, le tout saupoudr dune solide rasade desprit critique et dune bonne pince de logique, que tout cela peut amener des hypothses curieuses, voire intressantes, que ma connaissance rien na encore contredites aujourdhui.

    Je nai pas la prtention davoir rsolu LAffaire de Rennes-le-Chteau : je nai pas les moyens de moffrir ce ridicule. Je crois cependant avoir eu la chance de disposer de certains lments sus-ceptibles dclairer diffremment cette nigme, ou tout au moins, dy apporter quelques complments curieux.

    Dans le cadre de cette affaire, je nai pas eu vent, en effet, que quiconque se soit jamais pench sur les agissements dun obscur crivaillon allemand dans la rgion dUssat, ni sur les raisons vri-tables qui les ont motivs, et moins encore sur les dveloppements bizarres quimpliquent alors les remarquables tudes consacres ce personnage par Christian Bernadac.

    Dans le cadre de cette mme affaire, je ne crois pas non plus que lon ait jamais tent une tude conjointe des mmoires dun autre personnage insolite, galement trait avec maestria par le mme Bernadac.

    Je ne pense pas, enfin, que quelquun, se mfiant des traduttore-traditore, se soit impos ltude de loccitan afin de se documenter in texto non suspecto et non pas seulement via ce que rapportent les autres dans leurs ouvrages. Je nai pas connaissance, enfin, que qui-conque tudiant ce sujet, avant mme la moindre publication et aprs en avoir fort peu parl aux diverses personnes rencontres pour la recherche documentaire, se soit fait contacter depuis lAustralie et lEstonie par des gens trangement vanescents ds le moment o lon a la curiosit de sintresser leur identit physique. Ni que qui-conque se soit fait cambrioler, menacer et finalement tirer dessus trois reprises. Il y a des gens, au BND et dans quelques services du mme acabit, qui manquent drlement dhumour !

    Un dernier mot.

  • Je nai pas lintention non plus de dlivrer un quelconque mes-sage, si ce nest celui-ci : cherchez passionnment, mais toujours sincrement et honntement. Vous nimaginez pas le plaisir que vous trouverez progresser dans votre qute.

    Et cest l, probablement, le seul trsor de Rennes-le-Chteau qui soit encore vraiment accessible.

  • LA RGION DE LAUDE

    Himmler, le bras droit dHitler, sous couvert denquter propos du Catha-risme, a envoy Otto Rahn la dcouverte de lnigme de Rennes-le-Chteau.

    Relater lhistoire du village de Rennes-le-Chteau consisterait

    un peu rinventer la roue. Ceux qui par extraordinaire nen connatraient rien trouveront les meilleures informations

    (et quelques autres) dans une masse toujours croissante de livres et darticles dont on trouvera facilement la liste sur le web.

    Il tait une fois... Cest une caractristique constante des contes de fes que de

    commencer par ces quelques mots : ils sont tellement associs limaginaire quil est pratiquement impensable de voir une histoire authentique commencer par eux. Et pourtant !

    Comment sparer limaginaire du rel dans une aventure dont les hros parfaitement authentiques ont tout fait pour concrtiser leurs rves ? Sur quoi se baser pour faire le dpart entre le mythe et lhistoire alors que tant dauteurs et de journalistes plient les vne-ments dans le sens de lHistoire, alors que tant dhistoriens modifient lHistoire au gr de leur sens de lvnement ? La dmarche est infi-niment plus saine, qui tente de donner un sens au phnomne en se pliant ses caprices plutt quen le distordant jusqu le faire conci-der avec lune ou lautre conviction.

    Langage bien obscur que celui-l, nest-ce pas ?Et pourtant, langage auquel il faudra bien shabituer pour plonger

    dans lunivers que les Abbs Henri Boudet et Branger Saunire ont forg, et dont les marques, hier encore bien vivantes, stiolent et se perdent peu peu au gr du temps, des amnagements et des ten-tatives de restauration.

    Langage qui devra devenir familier pour tenter dapprocher le mes-sage que nous ont laiss les deux Abbs, et que certains voudraient tre aujourdhui les seuls comprendre, quitte en dgrader les supports pour les rendre inaccessibles aprs eux.

    Langage discret et pudique quoique grandiose et qui sac-commode mal du romanesque pour quais de gare ou des affabula-tions pour midinettes en mal de sensationnel.

    Langage, en fait, de lhermtisme, du symbolisme, de largot, du

  • calembour et de la posie... Langage des oiseaux, peut-tre ?

  • En tout cas, message fabuleux, dans tous les sens du terme, que nous ont laiss les deux prtres au travers de leurs oeuvres et de leurs glises. Message propos dun trsor, car Branger Saunire fut incontestablement riche, et Henri Boudet, quoique plus discret, ne le fut probablement pas moins.

    Message aux connotations dynastiques, car si les gnalogies sont parfois curieuses, certains noms rencontrs dans cette af-faire ne permettent aucun doute : Chambord, Habsbourg, Orlans, Bourbon, Plantagent, Dagobert II, Sigebert IV et Plantard de Saint-Clair... Et ce nest pas Monsieur le Prsident Franois Mitterrand qui me contredira, en visite sur les lieux le 2 mars 1981, quelques semaines des prsidentielles ; pas plus que Monsieur Valry Giscard dEstaing, qui, la mme poque, dnait un soir Sion-Vaudmont.

    chacun sa colline inspireCe nest pas non plus et cest infiniment plus grave lattitude

    de Himmler qui dniera lintrt des grands de ce monde pour ce coin perdu des Corbires, alors que sous couvert denquter propos du Catharisme, le bras droit dHitler avait envoy Otto Rahn la dcou-verte de lnigme de Rennes-le-Chteau.

    Rennes-le-Chteau, Saunire, Boudet, lor de Salomon, les Wisi-goths, les Mrovingiens, le Roi Perdu...

    Que de noms propices au rve, aujourdhui que les mdias se sont empars de cette affaire, depuis les opuscules discrets dposs la Bibliothque Nationale jusqu la tlsuite grand spectacle, en passant par quelques tudes srieuses, quelques brillantes interpr-tations, et quelques remarquables pantalonnades, aussi !

    Il nentre pas dans mes intentions dattaquer qui que ce soit ni de polmiquer avec quiconque. Tout compte fait, Lisez-les tous, le Roi reconnatra les siens ! , comme disait peu prs Foulques de Toulouse...

    Il se trouve seulement que je dispose dune srie de documents antrieurs pas mal dadaptations ; jaimerais simplement vous les soumettre : il est parfois bon de faire le point sur les certitudes avant de se plonger dans les hypothses.

    Et cela ne nuit pas au mcanisme de remettre parfois les pendules lheure. Je vais donc tenter de montrer ce jai vu de Rennes-le-Ch-teau et de son contexte, il y a trente-trois ans. Dj

  • Tout en haut des Pyrnes, pas loin de Plans et de sa Mesquit, pas loin non plus de Font-Rome, o se pratique une moderne alchi-mie solaire, prs du lac des Bouillouses et de ses eaux glaces, il est un petit ruisseau courant sur le plateau du Capir, t comme hiver, qui deviendra bien vite lAude, et donnera son nom un dparte-ment.

    Il y a lAude touristique, des lacs de Matemale et des Angles, lAude des sommets aigus et des pentes abruptes, lAude paisible et champtre, o, parfois, lheure dite, les vaches, guident les brebis pour rentrer au mas...

  • Mais lAude voque plus souvent Carcassonne et sa Cit ici la Porte de Narbonne, dont lembrasement annuel le 14 juillet comm-more surtout la prise de la ville par Simon de Montfort lors de la Croi-sade Albigeoise.

    Et puis, il y a lAude insolite, et il ne faut pas stonner de voir une pniche croiser une voiture... sur un pont qui enjambe le fleuve ; lAude trange, aux croix curieuses perdues dans les champs, dont certaines portent le Cervus Fugitivus, cher aux Alchimistes.

    Enfin, le nom de lAude est indissociable du Catharisme qui im-

  • prgne encore la rgion et ses environs. Sur les traces des Parfaits, on dcouvre des sites curieux, notamment Saint Flix de Caraman, qui abrita un concile manichen, et la Fontaine de Fontestorbes, qui dbite de faon intermittente des eaux particulirement pures. Fons ex Orbe, Fontaine issue de lUnivers ?...

    Mais on trouve aussi et surtout les Citadelles du Vertige : Mont-sgur, dont Grard de Sde disait : Au dtour dun chemin, Mont-sgur se reoit comme un coup de poing en pleine poitrine... .

    Montsgur, dont on na pas encore lucid le symbolisme penta-

  • gonal, prsent jusque dans les pierres constituant les cabanes des Bonshommes rfugis au chteau .

    On visite Mirepoix et ses couverts , architecture typique des bastides, aux poutres richement dcores, et dont le nom invite examiner les poissons.

    Salsignes, dont tout paysage, cultures, habitat, belle-fleur , et jusquau nom mme dont tout voque les corons du Borinage. ceci prs que, dans cette mine de sel de feu, on extrait de lor...

    Les chteaux de Lastours : Cabaret, Tour Rgine, Fleur-Espine et Quertinheux. La lgende veut que les Carcassonnais, assigs dans la Cit, sen soient enfuis par un souterrain de plus de 30 km aboutissant ici. Le nom de Cabaret provient non pas dun quelconque estaminet, mais bien de Caput Arietis , la tte du Blier...

    Minerve, et ses ponts naturels creuss par le Cesse ; Minerve, et les restes mouvants de son chteau, lombre de lAcacia ; Mi-nerve, et ses ruelles crases de soleil... Termes, et la curieuse fe-ntre de sa chapelle, la fois religieuse et meurtrire.

  • Et aussi Peyrepertuse ; imprenable crte fortifie qui tomba en quelques jours, les dfenseurs nayant pas eu le temps de sy rfu-gier.

    Quribus, nid daigle sur son peron rocheux, surveillant avec Peyrepertuse les passages vers la mer et lEspagne. Quribus et son extraordinaire donjon, inond de lumire, vibrant, vivant encore.

    Puylaurens, autre nid daigle inaccessible, semble toujours prot-ger un paysage qui lenvahit peu peu ; par endroits, ses murs vigou-reux semblent encore vivre au soleil ; ailleurs, ses ruines se dressent comme un remords vers un ciel lourd de souvenirs.

    Le Col de Saint Louis enroule sa route en spirale sur les flancs de la montagne.

    Les superbes gorges de Galamus abritent un ermitage ddi Saint Antoine Ermite, ermitage nagure encore habit.

    On trouve aussi les non moins impressionnantes gorges de Saint Georges qui livrent passage lAude, lentre dAxat. Le dfil de

  • Pierre-Lys, dont le passage fut perc par Monseigneur Lacropte de Chantrac, dernier vque dAlet, et qui pour cela sappelle encore le Trou du Cur .

    Et le donjon dArques... Contrairement Gisors, la butte de terre rapporte initialement prvue ne fut jamais ralise, faisant de ce chteau le seul, probablement, avoir son entre au premier tage.

    Il y a encore le Tombeau des Pontils, ou Tombeau dArques, cest selon... Si le site vous dit quelque chose, examinez donc le tableau de Nicolas Poussin, les Bergers dArcadie .

    Vous pouvez vrifier, cest bien le Tombeau de Poussin , celui sur lequel les Bergers dchiffrent la devise Et in Arcadia Ego . Mal-heureusement, lpoque de Poussin, il nexistait pas. Et aujourdhui, il nexiste plus, son propritaire layant ras, lass des dprdations occasionnes par des chercheurs ...

    Et puis Coustaussa, dont le nom vient du latin custodia, et qui voque la sentinelle, ou lcrin... Les hautes flammches de Cous-taussa ... disait Grard de Sde.

  • Il y a ces quelques rocailles, ruines de Montferrand. Ltrange est prsent l aussi, car si cette cabane na encore jamais t celle dun Alchimiste, comme certains lont affirm, elle nen est pas moins au pied dune roche qui voque irrsistiblement la salamandre...

    Que serait une histoire mystrieuse sans un chteau des Tem-pliers, bien rel, celui-ci, accroch sur son piton rocheux au sommet de la falaise ? Et que serait un chteau templier sans nigme ? Au chteau des Tiplis, les moines-soldats battirent monnaie avec de lor qui ne provenait pas de mineurs. Et ils firent appel des fondeurs trangers qui avaient pour principale vertu de ne pas parler la langue locale...

    Terminons cette visite bien trop superficielle de lAude et de ses environs par Alet-les-Bains et lancienne Sancta Maria Electensis, o vit encore le lumineux souvenir de Nicolas Pavillon. Lange du bizarre

  • ne nous abandonnera pas pour autant, et, au travers des ruines de lancien difice, lglise moderne nous prsente un vitrail en forme dtoile de David.

    Daprs un de ses romans, Roger Peyrefitte doit reposer dans le cimetire attenant lglise, dans une tombe qui abrite dj ses pa-

  • rents.Alet est belle, simplement belle, de ses maisons merveilleusement

    restaures ; mais Alet intrigue toujours, et les poutres des encorbelle-ments portent parfois des sculptures intressantes. Parfois, les fa-

    ades voquent mots couverts lAlchimie Lgende, bien sr, comme celle qui dit que Saint Vincent de Paul sest rfugi chez Ni-colas Pavillon en lieu et place de se faire capturer par des Barba-resques en poursuivant une certaine cavale.

    Monsieur Vincent na jamais mis le pied Alet, tous les gens srieux vous le diront. Dailleurs, que serait-il all faire dans cette galre ?...

    Est-ce dire que les documents dtat civil concernant Matre Fro-milhague, Notaire Alet, et scrupuleusement recopis en 1880, ne seraient pas srieux ?

    (...) il fut encore choisi aux fins dtre secrtaire dans lenqute qui fut faite dans la chapelle de lvch dAlet pour la canonisation

  • de Saint Vincent de Paul. Documents M. E. Larade.

    Quelle fconde imagination que celle de nos anctres !

  • Arrtons-nous dans lancien vch, aujourdhui trs agrable hostellerie, et si nous avons la patience dattendre le soir, peut-tre bien qu la veille, on nous racontera de bien belles histoires.

  • LES LIEUX CONCERNS

    Vous ne passerez pas dans la rgion sans quon ne vous parle de Rennes-le-Chteau, un petit village de quelques dizaines dhabitants [064], comme gar au milieu dun paysage aride, le Razs, et de son cur, labb Saunire, le Cur aux Milliards .

    Labb repose ct de Marie Denarnaud, qui fut sa fidle servante, avec qui il partagea ses secrets, et peut-tre mme un peu plus...

    Saunire y mourra le 22 janvier 1917, officiellement des suites dune attaque dapoplexie survenue le 17... Sa spulture, maintes fois viole, est aujourdhui couverte dune dalle qui passe pour avoir t celle de Marie de Ngri dAbls, celle-l mme qui aurait port les inscriptions Reddis Regis Cellis Arcis et Et in Arcadia Ego . Si ce nest pas certain, cest en tout cas plausible.

    Labb repose ct de Marie Denarnaud, qui fut sa fidle ser-

  • LES LIEUX CONCERNS

    Vous ne passerez pas dans la rgion sans quon ne vous parle de Rennes-le-Chteau, un petit village de quelques dizaines dhabitants [064], comme gar au milieu dun paysage aride, le Razs, et de son cur, labb Saunire, le Cur aux Milliards .

    Labb repose ct de Marie Denarnaud, qui fut sa fidle servante, avec qui il partagea ses secrets, et peut-tre mme un peu plus...

    Saunire y mourra le 22 janvier 1917, officiellement des suites dune attaque dapoplexie survenue le 17... Sa spulture, maintes fois viole, est aujourdhui couverte dune dalle qui passe pour avoir t celle de Marie de Ngri dAbls, celle-l mme qui aurait port les inscriptions Reddis Regis Cellis Arcis et Et in Arcadia Ego . Si ce nest pas certain, cest en tout cas plausible.

    Labb repose ct de Marie Denarnaud, qui fut sa fidle ser-

  • vante, avec qui il partagea ses secrets, et peut-tre mme un peu plus, parmi des tombes aux symboles parfois ambigus pour le Catho-

    lique de stricte obdience. On dit mme quune dalle abriterait la fille naturelle de Wagner, de passage dans la rgion pour aller Montsgur chercher linspiration de son Parzifal. Lgende, ou commrage ?

    Nomm Cur desservant de Rennes-le-Chteau en 1885, Saunire eut vite fait le tour de sa paroisse : quelques constructions sans luxe, une glise alors quasi-ment en ruines, qui avait t consacre Marie-Made-leine en 1059, et dont on aperoit encore certains d-tails dans ldifice actuel, un

  • chteau peine en meilleur tat quaujourdhui...

    Le tout dans un paysage clabouss de lumire et rong par les vents, avec, face face dans le lointain, le Bugarach et le chteau

  • des Templiers, au-del du plateau dcharn du Lauzet.Mais bientt, laspect du

    village changea radicale-ment. Aprs avoir restaur son glise, lAbb se mit construire. Dabord une villa, appele Bthania, o il tiendra table ouverte et o se rencon-treront quelques personnages du sicle, depuis la canta-trice Emma Calv jusqu un authentique Archiduc de Habsbourg, en passant par le Secrtaire dtat Dujardin-Beaumetz.

    Et puis il fit btir des rem-parts. Saunire stait en effet mis en tte, entre autres, de relever les remparts de lan-tique cit wisigothique de Rhe-dae, dont on aperoit quelques

    vestiges au pied de la construction moderne.Ses remparts, il les garnira dune tour dallure gothique , dont il

    fera son bureau et sa bibliothque.Cette tour, quil appellera Magdala, il la reliera par un chemin de

    ronde au-dessus des remparts une orangeraie o spanouiront les fleurs rares et mriront les fruits exotiques. Rennes avait repris fire allure, elle pouvait nouveau rgner sur le Razs.

    De tels travaux ne pouvaient videmment laisser indiffrent et les folles du logis locales sen donnrent coeur joie. Durant la premire guerre mondiale, on alla mme jusqu prtendre que la tour servait abriter un canon allemand. Au vu de la tour dangle, sans doute ? Et pour chasser la bartavelle, probablement !

    En fin de compte, la bonne question est videmment : comment Saunire, dans un tel endroit, sans ressources connues, a-t-il pu di-fier des btiments aussi coteux ? Encore ceux-ci ne constituent-ils quun aspect seulement de sa fortune...

  • Et la rponse vient quasi automatiquement : Il avait trouv un trsor .

    Il est un fait que, dans une pice arrondie et garnie dun oeil-de-boeuf, accole lglise et relie la sacristie par un passage dissi-mul au fond dune armoire, on retrouvera une statuette dor partiel-lement fondue et un creuset.

    Mais bien dautres hypothses coexistent, qui nont pas toutes lin-consistance du trafic de messes dont on accusa le Cur.

    Mon propos -pour linstant- nest pas danalyser, ni seulement dexposer ces thories, mais de prsenter les documents et de visiter les lieux en partant du principe gnralement admis que le fastueux abb aurait laiss une srie dindications, de signes de piste, dans les transformations quil fit effectuer dans son glise.

    La premire chose que nous verrons sera la ruine de la grotte d-die Notre-Dame de Lourdes, et que Saunire amnagea laide des hottes de pierres ramenes en compagnie de Marie Denarnaud lors de leurs longues prgrinations sur le Lauzet.

    Puis le calvaire que Saunire fit plusieurs fois remanier, insatisfait de linclinaison de la tte du Christ, selon Grard de Sde. Un cal-vaire dont le socle porte des sentences banales ou intrigantes :

    CHRISTUS A.O.M.P.S. DEFENDITCette inscription est-elle antrieure ou contemporaine de lAbb,

    nous ne savons. Certains y voient une allusion la socit secrte qui serait derrire toute cette affaire : le Prieur de Sion, que le Christ dfendit contre tout mal .

    Nous verrons ensuite la statue de Notre-Dame de Lourdes, pose sur le pilier carolingien qui soutenait lautel de lglise dans lequel, au cours de ses transformations, lAbb aurait trouv la piste du tr-sor. Sachant que les anomalies sont souvent signifiantes, signalons tout hasard que le pilier est lenvers, et que les mots Pnitence ! Pnitence ! sont attribus la Vierge de Fatima...

    Il y a aussi le porche de lglise, tel que le composa Saunire. Entoure de roses symboliques et de croix, Marie-Madeleine y tient la croix horizontale, comme on porterait une arme la hanche.

    Ltrange et criarde dcoration de lauvent est cense faire allu-sion aux tuiles dor qui couvraient le temple de Salomon. Lhypothse est bien moins farfelue quil ny parat de prime abord, et il nest pas

  • impossible du tout quune bonne part des richesses pilles par Titus en 70 Jrusalem, ait transit par ici... On cite mme la Menorah le Chandelier Sept Branches et cela na historiquement rien dindfendable.

    Quoi quil en soit, la gargouille et la croix, parallles entre elles, ne sont pas perpendiculaires au mur. Dans le mme axe que le chemin menant lglise, elles dsignent le point de lhorizon o se lve le soleil le 17 janvier. Une date que nous allons retrouver plusieurs reprises.

    Quant aux mdaillons, fort effacs aujourdhui, ils reprsentent larrive de Joseph dArimathie portant le Graal, et de Marie-Made-leine, aux Saintes-Marie-de-la-Mer.

  • Au vu de tout cet ensemble, peut-on encore vraiment stonner des inscriptions voulues par le matre doeuvre : Terribilis est locus iste (Ce lieu est terrible), et Domus mea domus orationis voca-bitur (Ma maison sera appele maison de prire), paroles pronon-ces par le Christ quand Il chassa les marchands du Temple. Et qui se poursuivent par ces mots : Vous en avez fait une caverne de voleurs ...

    Sans doute est-il bon, ds lentre, de rappeler le visiteur un minimum de convenances ? Il est vrai que Rennes-le-Chteau en a vu de toutes les couleurs.

    Ce nest pas Asmode qui me contredira, en dessous de son bni-tier.

    Il y a moyen, sans aucun effort, dcrire un ou deux cha-pitres bien denses sur cette statue et ce quelle repr-sente ou signifie. En quelques mots, et pour mmoire, disons seulement quAsmode est le prince des Dmons qui Salomon confia la garde de son trsor, et quil faisait obir laide dune bague selon la position de la pierre et du cha-ton. Un jour, Salomon perdit sa bague dans un cours deau, et ce fut un poisson qui la lui rap-

    porta... Asmode est aussi le Diable boiteux, lIniti claudiquant, vtu et agenouill selon certain rituel maonnique, et dont les diffrentes anomalies anatomiques quil prsente sur cette statue constituent un ensemble de rbus dsignant autant de lieux des environs.

    Par ailleurs, on stonnera peut-tre de voir un Diable porter un bnitier sur ses paules. Jen connais bien un, pas tellement tranger cette histoire, qui porte carrment la chaire de vrit...

    Lui faisant face au-del dun carrelage noir et blanc, un groupe reprsente le Christ baptis par Saint Jean. nouveau, la position de lIniti, un genou en terre, lautre dcouvert, ainsi que lpaule.

  • Le centre vital de toute glise : lautel, photographi ici avec une trs faible lumire arti-ficielle et une trs longue pause.

    Spectateurs infini-ment patients et atten-tifs, des saints de pltre entourent la nef. Dans le sens antihoraire, et dans lordre :

    Saint Roch, et sa cuisse blesse, indice ventuel dun roc suin-tant ?

  • Marie-Madeleine, et ses attributs traditionnels : la croix, le vase de nard et le crne, presque ricanant, ici.

    Sous lautel, Marie-Madeleine en prire dans la Sainte-Baume.

    Fin des annes 60, une inscription se trouvait encore sous len-semble, libelle comme suit :

  • JESU. MEDELA. VULNERUM + SPES . UNA. POENITENTIUMPER . MAGDALENAE. LACRYMAS + PECCATA .NOSTRA . DI-

    LUASTraduction approximative : Jsus, remde des blessures +seul espoir des pnitentsPar les larmes de Madeleine + dilue nos pchs. Rien nest innocent dans ce tableau de Marie-Madeleine : ni le

    crne au pied dune croix de bois mort qui porte quand mme un rameau fleuri (fan pour certains), ni le paysage au-dehors... Et sur-tout pas les doigts entortills sous un tablier en forme de coeur, hauteur du sexe.

    Au fait, savez-vous comment on appelle dans la rgion certaines grottes troites au creux de failles verticales ? Des catins...

    Saint Antoine de Padoue, Docteur de lglise, Arche du Testa-

  • ment , que lon invoque pour retrouver ce que lon a perdu ; entour de deux troncs tarifant loffre et la demande.

    Licne de Notre-Dame du Perptuel Secours, sur la porte gauche de la photo, nest pas sans intrt. Certains parlent de Notre-Dame du P.S. Un P.S. qui na rien voir avec celui de Monsieur Mitterrand. Pour lobservateur attentif, les dtails de cette photo constituent un remarquable condens des lments essentiels de laventure de Saunire. Il faut seulement des yeux pour voir et des oreilles pour entendre.

    ce propos, la tombe de Marie de Ngri dAbls aurait pu attirer notre attention dans le cimetire. Elle a hlas disparu et nous nen possdons plus que des gravures.

    Il est vrai que cette graphie curieuse nest pas unique.

  • Nous ne sommes cependant jamais bien loin de Rennes et de son Chteau.

    Au-dessus de lautel, Marie-Madeleine essuyant avec ses che-veux les pieds de Jsus, quelle vient de oindre dun nard de grand prix .

  • Saint Antoine. Lautre. Lermite au cochon, objet de clbres ten-tations immortalises par Flaubert et Tniers, celui que lon fte le 17 janvier.

  • Sainte Germaine de Pibrac, parente dOlier, fondateur des Prtres de Saint-Sulpice, ami de Vincent de Paul et de Nicolas Pavil-lon, au sein de la Compagnie du Saint-Sacrement, quils avaient fon-de.

    Le plat de rsistanceAbordons prsent cette fameuse fresque en relief dont la livrai-

  • son, dj, dfraya la chronique. Elle est situe au fond de lglise, au-dessus du confessionnal, lendroit o se confient les secrets ; ce confessionnal qui spare Asmode de Jsus au baptme, en face du carrelage blanc et noir comme un jeu dchecs... sa limite inf-rieure, une inscription : Venez moi, vous tous qui souffrez, qui tes accabls, et je vous soulagerai .

  • Ici encore, on pourrait gloser abondamment. Disons schmatique-ment que ceux qui attendent tout du bon pasteur se rassembleront au sommet dun terrain fleuri. Ce qui nempche aucune interprta-tion au dpart du passage vanglique des Batitudes .

    Avant de passer aux dtails, examinons la sculpture ornant le confessionnal : quelle que soit linterprtation quon lui donne, au pre-mier comme au second degr, si on la retourne, il faut bien remar-quer que le mouton a une tte plutt curieuse...

  • Et pour finir, au centre de la fresque, ce sac sac bl ? dans lequel on a puis sans louvrir... Comme chacun sait, le bl, cest de loseille, mais avec une connotation discrte, sinon ce ne serait sim-plement que du fric.

    Venez moi, vous qui tes sac bl, et je vous soulagerai .Tout un programme !

  • Quelques pices dun rbus ? Le plus gros des rochers rappelle bien quelque peu la salamandre de Montferrand, mais inverse. Notons aussi le profil du roc, en haut et gauche. On ne sait jamais...

    De toute faon, rien de ceci ne doit tre pris au pied de la lettre, et linterprtation propose nest quune facette dun cristal ferique o chacun trouvera lclat qui lui convient.

  • Gros plan sur le chteau, qui pourrait bien figurer Coustaussa avant quun entrepreneur ne le transforme en carrire coups dexplosifs.

  • LE CHEMIN DE CROIX

    Il y a bien deux reprsentations de Jsus montrant la voie. Y aurait-il deux voies ?

    linstar de lAcadmie dont Platon interdisait lentre qui ntait pas gomtre, Rennes-le-Chteau nest accessible qu ceux qui, avant tout, sont pourvus de beaucoup dhumilit et dnormment dhumour, lments qui forment, cest vident, la syntaxe du langage des oiseaux.

    Rennes, rien nest parole dvangile. Pas mme le chemin de croix.

    Quelques indications gnrales sont donc ncessaires avant den-treprendre le parcours du plerin.

    En effet, ce chemin de croix dont nous allons suivre les quatorze stations alternativement en lumire normale et en infrarouge, ce che-min peut tre compris comme un itinraire parcouru par un plerin identifi Jsus ; un chemin dans lequel la croix reprsente la plu-part du temps un carrefour, un croisement de chemins o il faudra savoir sorienter.

    Sorienter. Comment ?En tenant compte de tous les dtails, des lments figurs ou sym-

    boliques constituant le paysage, en suivant la direction des regards, en reprant les passages suggrs et les voies sans issues, comme les bras de la croix barrs par lun ou lautre dtail.

    En relevant toutes les anomalies, en comprenant le sens des gestes, en comptant les lments de dcoration des cadres dlimits par les dpassements, l dun bras ou dune main, ailleurs dun objet ou dun vtement.

    En comparant avec les vangiles canoniques, aussi. Et en ne re-culant devant aucun calembour !

    En fait, ces photos se succderont par groupes de trois.Premirement, et titre de rfrence, un chemin de croix similaire,

    mais rput normal, datant de la premire moiti du XIXe : celui de lglise de Couiza, petit bourg situ au pied de la colline qui porte Rennes-le-Chteau. Ensuite, celui de Rennes-le-Chteau, en cou-leurs naturelles, pris en 1969. On dit que, depuis lors, certaines re-

  • LE CHEMIN DE CROIX

    Il y a bien deux reprsentations de Jsus montrant la voie. Y aurait-il deux voies ?

    linstar de lAcadmie dont Platon interdisait lentre qui ntait pas gomtre, Rennes-le-Chteau nest accessible qu ceux qui, avant tout, sont pourvus de beaucoup dhumilit et dnormment dhumour, lments qui forment, cest vident, la syntaxe du langage des oiseaux.

    Rennes, rien nest parole dvangile. Pas mme le chemin de croix.

    Quelques indications gnrales sont donc ncessaires avant den-treprendre le parcours du plerin.

    En effet, ce chemin de croix dont nous allons suivre les quatorze stations alternativement en lumire normale et en infrarouge, ce che-min peut tre compris comme un itinraire parcouru par un plerin identifi Jsus ; un chemin dans lequel la croix reprsente la plu-part du temps un carrefour, un croisement de chemins o il faudra savoir sorienter.

    Sorienter. Comment ?En tenant compte de tous les dtails, des lments figurs ou sym-

    boliques constituant le paysage, en suivant la direction des regards, en reprant les passages suggrs et les voies sans issues, comme les bras de la croix barrs par lun ou lautre dtail.

    En relevant toutes les anomalies, en comprenant le sens des gestes, en comptant les lments de dcoration des cadres dlimits par les dpassements, l dun bras ou dune main, ailleurs dun objet ou dun vtement.

    En comparant avec les vangiles canoniques, aussi. Et en ne re-culant devant aucun calembour !

    En fait, ces photos se succderont par groupes de trois.Premirement, et titre de rfrence, un chemin de croix similaire,

    mais rput normal, datant de la premire moiti du XIXe : celui de lglise de Couiza, petit bourg situ au pied de la colline qui porte Rennes-le-Chteau. Ensuite, celui de Rennes-le-Chteau, en cou-leurs naturelles, pris en 1969. On dit que, depuis lors, certaines re-

  • touches auraient eu lieu... Enfin, le mme, la mme poque, mais en infrarouge, technique qui a le mrite de confirmer ou dinfirmer certaines hypothses. Nous ne donnerons quun minimum dindica-tions, non pas tant que nous ayons quoi que ce soit prserver, mais surtout pour ne fausser aucun jugement et permettre chacun de dcouvrir cet ensemble avec des yeux candides. En vrit, nous partirons de la chaire et nous suivrons le Guide. Lequel, au fait ? Car il y a bien deux reprsentations de Jsus montrant la voie. Y aurait-il deux voies ? Les dtails ne sont pas anodins.

    LES DEUX PHOTOS DROITE : CHEMIN DE CROIX DE RENNES-LE-CHTEAU (couleurs relles et infrarouge) Pilate est

    couvert dun voile ; lenfant pose le pied sur un tabouret distinct de lestrade ; le personnage du fond qui pourrait bien sappeler Abra-racourcix semble rgler la crmonie en dchiffrant un document. Allusions Blanchefort et Rocco Negro ; prsence dune tour lhori-zon. Pilate est assis sur un trne soutenu par un lion ail tte de livre.

  • LES DEUX PHOTOS DROITE : RENNES-LE-CHTEAU.

    Lindividu qui, Couiza, ramasse une chose difficilement identi-fiable, enjambe ici un objet sphrique et dor. Gestes bizarres des personnages et attitudes compliques. Il semble que trois directions soffrent au plerin, mais que par rapport laxe principal, entre le sein et le bouclier, il faille faire un quart de tour gauche. Voil donc un exemple concret dune des manires danalyser le chemin de croix : vues de la terrasse de Rennes-le-Chteau, on distingue bien dans le paysage, dune part une colline dont le profil ressemble un bouclier, et dautre part, un ancien repre gographique appel le seing, du latin signum, reprsent ici par un dme en forme de sein. Enfin, le bras suprieur de la croix ne laisse apparatre que la moiti dune des deux faces visibles de la tour. Cest donc bien un quart de tour, alors que le regard du Christ se dirige gauche.

  • LES DEUX PHOTOS DROITE : RENNES-LE-CHTEAU.

    De notables diffrences apparaissent sur cette station du chemin de croix de Rennes-Le-Chteau par rapport celle de Couiza, et notamment labsence de cavalier. Outre lanalyse possible telle que propose pour la station prcdente, un fait se dgage qui a donn lieu une jolie polmique entre spcialistes. Nombreux sont ceux qui, au vu de leurs propres documents, nient laspect particulier de lextrmit infrieure du bras de la croix. Il est de bon ton aujourdhui de vilipender Grard de Sde, qui donnait comme analyse : Jsus, genoux, dplace des deux mains une lourde pierre . Il devient mme courant de laccuser davoir lui-mme truqu ses photos, par exemple en recouvrant le roc de papier mtallis...

    On pourrait peut-tre utilement sinterroger sur cette attitude, cette obstination nier, cet acharnement accuser ? En fait, il est exact quil y a moyen de prendre cette photo de manire telle que la croix paraisse homogne, comme on la voit dans la pnombre de lglise. Mais cette pnombre amnera tout naturellement le visiteur candide employer un flash (ou tout btement allumer lclairage et faire une pause suffisante !) qui donnera le rsultat visible ici sans lombre dun truquage. Dailleurs, cette poque, nous dbarquions dans cette histoire et nous ignorions mme lexistence dune polmique

  • LES DEUX PHOTOS DROITE : RENNES-LE-CHTEAU.

    De notables diffrences apparaissent sur cette station du chemin de croix de Rennes-Le-Chteau par rapport celle de Couiza, et notamment labsence de cavalier. Outre lanalyse possible telle que propose pour la station prcdente, un fait se dgage qui a donn lieu une jolie polmique entre spcialistes. Nombreux sont ceux qui, au vu de leurs propres documents, nient laspect particulier de lextrmit infrieure du bras de la croix. Il est de bon ton aujourdhui de vilipender Grard de Sde, qui donnait comme analyse : Jsus, genoux, dplace des deux mains une lourde pierre . Il devient mme courant de laccuser davoir lui-mme truqu ses photos, par exemple en recouvrant le roc de papier mtallis...

    On pourrait peut-tre utilement sinterroger sur cette attitude, cette obstination nier, cet acharnement accuser ? En fait, il est exact quil y a moyen de prendre cette photo de manire telle que la croix paraisse homogne, comme on la voit dans la pnombre de lglise. Mais cette pnombre amnera tout naturellement le visiteur candide employer un flash (ou tout btement allumer lclairage et faire une pause suffisante !) qui donnera le rsultat visible ici sans lombre dun truquage. Dailleurs, cette poque, nous dbarquions dans cette histoire et nous ignorions mme lexistence dune polmique

    ce sujet.Quant linfrarouge, il lve dfinitivement le doute : lextrmit

    de la croix prsente, non pas une peinture diffrente, qui pourrait trahir un truquage moderne, mais bien une texture diffrente, qui d-montre un truquage ncessairement dorigine. Que chacun en tire ses propres conclusions.

    LES DEUX PHOTOS DROITE : RENNES-LE-CHTEAU.

    Les points de repre et les indications gnrales donnes pr-cdemment restent videmment valables : il convient donc de se demander dans quel passage de quel vangile Jsus rencontra Ma-rie durant la monte au Golgotha. Il faut peut-tre aussi remarquer les couleurs des vtements, et noter la poigne de mains gauches change par Marie, veuve de Joseph, et son Fils

    COUIZA : Lege, lege, relege, ora, et invenies , Lis, lis, relis, prie, et tu trouveras , comme disaient les alchimistes. Relisez donc bien, relisez linscription sur la photo, jusqu ce que vous dcou-vriez cette norme faute dorthographe que, ma connaissance, aucun auteur na jamais signale, et fortiori analyse : JESUS RECONTRE SA SAINTE MRE !... Nous verrons bientt quil faut aussi savoir carder la trame de laine. De laine, ou de lN ?

  • LES DEUX PHOTOS DROITE : RENNES-LE-CHTEAU.

    Station malheureusement fort abme, mais dont lanalyse fera apparatre que les dpassements sur le cadre du tableau ne sont pas fortuits.

    LES DEUX PHOTOS DROITE : RENNES-LE-CHTEAU.

  • Il est utile de se souvenir que Vronique, de mme que Brnice dailleurs, sont des variations sur le thme de la vraie image (vera ikn), et que le Mandylion a une histoire fort proche de celle du Saint Suaire.

    Mais il faut surtout garder lesprit lexistence dans la rgion de mines de kaolin, dun hameau appel Lavaldieu, et de six som-mets rocheux intressants : Vronica au lin lava le Dieu. Simon regarde ... ( Six monts regardent , ou encore cime on regarde , au choix)

    LES DEUX PHOTOS DROITE : RENNES-LE-CHTEAU.

    COUIZA : Surprise ! Lattitude du Christ et les dimensions relatives de la croix correspondent la troisime station de Rennes-le-Ch-teau. Y aurait-il vraiment deux voies, ou deux moyens den parcourir une seule, ou encore deux extrmits de la mme voie pouvant cha-cune servir de point de dpart ?

    Surprise complmentaire : cette station correspond la troisime de Couiza. Les esprits forts diront immdiatement quil sagit dune simple substitution. Bien sr. Cest videmment plus simple. Mais est-ce seulement plausible ?

  • LE CHEMIN DE CROIX DE LGLISE DE COUIZA :Ailleurs, il est parfois dit les Filles de Sion . Mme Couiza,

    dans ce chemin de croix rput normal, une anomalie doit sauter aux yeux : cet enfant tenu par une Fille de Sion, et dont aucun vangile ne fait mention. Remarquons la personne agenouille, et celle, der-rire, qui se tient la tte.

    LES DEUX PHOTOS DROITE : RENNES-LE-CHTEAU.En lumire normale comme en infrarouge, lanomalie approche

    Couiza prend ici toute son ampleur : lenfant est galement prsent, mais il est quasiment nu, seulement couvert dune sorte dcharpe de tissu carreaux colors, ct dune personne vtue de noir.

    Lcharpe : un tartan ? La femme en noir : une veuve ?Il y aurait comme une fine allusion au Fils de la Veuve selon le

    Rite cossais que cela ne nous tonnerait pas outre mesure.En tout cas lorsque mon ami Georges et moi avons comment

    cette dia Grard de Sde vers 1970, pass le premier moment de surprise manifeste, il nous avait dclar en se rongeant les ongles savoir tout cela depuis longtemps. Avait-il aussi remarqu, cette poque, que la Veuve baise le vtement du Christ au niveau du genou, l o telle autre statue porte un curieux pi de bl ? Il y a gros parier quil aurait dit oui ...

  • LES DEUX PHOTOS DROITE : RENNES-LE-CHTEAU.

    Ici, comme la deuxime station de Couiza, il faut remarquer le soldat romain qui accompagne la monte au Golgotha, juch sur un cheval. Or, le seul soldat romain clairement cit dans lvangile est un centurion, que la tradition nous a conserv sous le nom de Longin.

    Et les centurions taient des fantassins... Il ny a plus ici aucune indication topographique, et le plerin ne tient plus la croix, dont les quatre bras sont barrs . Aurait-il perdu son chemin ? Et pour continuer, doit-il sallonger aux pieds de celui qui interroge le matre de la cavale ? Tant de langues prononcent le b comme un v ...

  • LES DEUX PHOTOS DROITE : RENNES-LE-CHTEAU.

    Nous approchons de la solution et, pour continuer notre progres-sion, il faudra nous dvtir. Il est exact que le systme karstique de la rgion doit bien former quelque part lun ou lautre siphon.

    ceux qui voudront en savoir plus, signalons que la croix na plus dimportance, quun des personnages pose un pied sur un bouclier, que les ds sont parfaitement identifiables, et que la silhouette des-sine par la tunique sans couture nest pas due au hasard. Nous la retrouverons.

    LES DEUX PHOTOS DROITE : RENNES-LE-CHTEAU.

    Diffre assez fortement de Couiza et met en vidence un fait curieux : tous les personnages ont un coude lev. Par ailleurs, le paysage est pratiquement invisible, et la croix devient un endroit de souffrance et de mort.

    Y aurait-il un pige dont on peut schapper par une chelle, une paroi gravir pour ne pas se perdre dans un lieu mortellement dan-gereux ? Rflchissez quand mme avant daller voir...

    LES DEUX PHOTOS DROITE : RENNES-LE-CHTEAU.

    Il est des centaines, des milliers de crucifixions qui reprsentent tout autant de Saint Jean tenant un livre au pied de la croix : le ph-nomne nest pas propre Rennes-le-Chteau. Et il est des millions de gens qui regardent cela sans mme se demander de quel livre il peut bien sagir ! Quel livre peut bien avoir une importance telle quil soit toujours hier comme aujourdhui encore montr, port par Saint Jean, dans toutes les reprsentations de la mort du Christ ? Je serais prt parier que Saunire, lui, savait, tout comme il savait que, selon le dogme, il ny a pas de prophte dans le Nouveau Tes-tament, sauf le Christ. propos du personnage entre le Christ et la Vierge, rappelons-nous que Sainte Germaine de Pibrac avait un bras dessch et rabougri.

  • Diffre assez fortement de Couiza et met en vidence un fait curieux : tous les personnages ont un coude lev. Par ailleurs, le paysage est pratiquement invisible, et la croix devient un endroit de souffrance et de mort.

    Y aurait-il un pige dont on peut schapper par une chelle, une paroi gravir pour ne pas se perdre dans un lieu mortellement dan-gereux ? Rflchissez quand mme avant daller voir...

    LES DEUX PHOTOS DROITE : RENNES-LE-CHTEAU.

    Il est des centaines, des milliers de crucifixions qui reprsentent tout autant de Saint Jean tenant un livre au pied de la croix : le ph-nomne nest pas propre Rennes-le-Chteau. Et il est des millions de gens qui regardent cela sans mme se demander de quel livre il peut bien sagir ! Quel livre peut bien avoir une importance telle quil soit toujours hier comme aujourdhui encore montr, port par Saint Jean, dans toutes les reprsentations de la mort du Christ ? Je serais prt parier que Saunire, lui, savait, tout comme il savait que, selon le dogme, il ny a pas de prophte dans le Nouveau Tes-tament, sauf le Christ. propos du personnage entre le Christ et la Vierge, rappelons-nous que Sainte Germaine de Pibrac avait un bras dessch et rabougri.

  • Tout compte fait, je vous en ai dit bien assez, et je men voudrais

    de vous ter le plaisir de dcouvrir lnigme par vous-mme.Notez seulement lendroit o sappuie lchelle.

    Je reviendrai trs prochainement sur cette station, la dernire du chemin de croix, donc celle qui devrait logiquement donner la solu-tion.

  • Dici l, examinez bien les dtails, les anomalies, les similitudes et les diffrences... Et exercez votre perspicacit.

    En marge du chemin de croixBeaucoup dallusions ont t faites, durant tout cet itinraire, une

    grotte, une caverne. Sous lautel, Marie-Madeleine attirait dj notre attention par le lieu de ses prires la Sainte Baume et par le jeu de ses mains croises. Aprs stre attard sur les dtails significatifs de ce tableau, le visiteur curieux se mettra normalement en qute danfractuosits rocheuses.

    Et la premire quil pourrait bien trouver se situe quelques mtres en contrebas des remparts de Saunire. Une D.S. pourrait-elle ca-cher une catin ? Manifestement oui. Encore que la bonne question pourrait bien tre : Qui, lpoque, avait pouss les dbris de ce vhicule cet endroit ? Et pourquoi ce trou plutt quun autre ?

    Les souterrains et les entres de mine abondent dans la rgion.

  • DUNE RENNES LAUTRE

    Rennes-le-Chteau nest quun aspect de lnigme, et se limi-ter elle seule reviendrait tenter de lire une phrase laide des seules consonnes, en ngligeant les voyelles. Or, il faut savoir vocaliser lhbreu, quand on veut approcher la Kabbale.

    Ainsi Rennes-les-Bains porte galement sa part du mystre, et son Cur, lAbb Henri Boudet, navait pas grand-chose envier Saunire, par ailleurs son ami daucuns diront son complice.

    Nous aborderons donc ltude de ce village par les points remar-quables de ses environs. Que lon se souvienne de la sixime station du chemin de croix, celle o six monts regardent.

    Dabord, dominant le carrefour des routes de Couiza et de Rennes-les-Bains, il y a le massif de Blanchefort, qui porte encore les ruines de constructions mdivales ; ensuite, quelques centaines de mtres, un piton rocheux, dit Roc Pointu ; et, plus loin encore, un amas de roches sombres sappelle Rocco Negro.

    Juste en face, on trouve le Cardou, dont le nom est celui du char-don en occitan. Le Chardon Ecossais des Loges Bleues de Saint-An-

  • dr ou celui qui permet de carder la trame de laine ?...Derrire le flanc du Cardou, le massif du Serbarou le Cerbre,

    encore un gardien puis au fond, le Bugarach, le plus haut point des Corbires, visible de Montsgur malgr une cinquantaine de kilo-mtres de montagnes, et la mme hauteur que lui, plein Est. Nous aurons longuement loccasion dy revenir. Enfin, nous voici pr-sent devant le village de Rennes-les-Bains, et la Sals, qui le traverse. Rennes-les-Bains est une station thermale o se trouve notamment, parmi dautres, la source de La Madeleine.

    Mon front est rouge encor du baiser de la reine,Jai rv dans la Grotte o nage la Syrne. Grard de Nerval El Desdichado

    Cette source est parfois appele source de la Gode . Ce nom naurait pas dimportance si un rudit de lenvergure de lAbb Bou-det navait su quil est lquivalent de celui de Gudule, et que Sainte Gudule tout comme dailleurs Sainte Genevive Paris portait une lanterne, enjeu dune lutte entre lange et le dmon.

    Sainte Napolitaine aux mains pleines de feuxRose au coeur violet, fleur de Sainte Gudule :As-tu trouv ta Croix dans le dsert des Cieux ? Grard de Nerval Artmis

    Pour mmoire, Artmis tait la desse de lArcadie.Puisque la recette tait bonne Rennes-le-Chteau, visitons donc

    le cimetire. Bien plus que dans les archives, cest souvent l que se dcouvre lme dun village.

    Ds lentre, voici la tombe de Paul Urbain de Fleury, connu pour ses attaches maonniques, et qui, ayant connu deux naissances et donc deux morts eut le privilge de deux tombes. Il est vrai que, comme lexige la devise de tout Maon Chevalier Bienfaisant de la Cit Sainte et Prince de Merci, il tait pass en faisant le bien.

    Nagure, il y avait encore un arbre au fond du cimetire. Si lon se poste lemplacement de larbre disparu, on voit saligner dans lordre : la tombe de la mre et de la soeur de lAbb Boudet ; une

  • fentre grillage clairant une chapelle latrale de lglise, et que

    nous visiterons bientt ; un support, sur le porche de lglise, portant une boule de pierre ; un roc, bien en vidence, au lieu-dit le Cap de lHom , lextrmit du Pla de las Brugos , le Plateau des Bruyres ; et, invisible au-del de la crte, environ deux mille huit cents mtres, dans un alignement rigoureux, lglise de Rennes-le-

  • Chteau.Le souvenir de lAbb Boudet est toujours prsent, et important au

    point davoir mis des accents graves sur les lettres majuscules de la pierre qui honore sa mmoire et celle de lAbb Rescanires dans le porche de lglise...

    Si lAbb Saunire truqua son chemin de croix afin dy laisser des indications pour le voyageur curieux, lAbb Boudet, lui, fabriqua un bien bel itinraire quil dissimula dans un livre clefs intitul La Vraie Langue Celtique et le Cromleck de Rennes-les-Bains .

    Au premier degr, lauteur y explique calmement que, contraire-ment ce quun vain peuple scientifique prtend, la langue primor-diale, celle dont drivent toutes les autres, y compris lhbreu et le basque, cette vraie langue mre nest pas un quelconque idiome indo-europen, mais tout simplement langlais moderne.

  • Au premier degr seulement... Bien dautres ont rempli de nom-breuses pages sur ce sujet, et ce nest pas le lieu ici den rajouter. Jy reviendrai probablement un jour ainsi que sur lautre ouvrage de lrudit Cur, qui, sil nexiste pas, a quand mme le mrite de fort belles allusions qui pourraient bien trouver un sens prcis dans un curieux petit patelin du Hainaut.

    Quant au cromleck...Peut-tre, sur cette immense crte use par les intempries, d-

    coupe par les vents, quelques pierres ont-elles t effectivement faonnes ou remanies par lhomme ?

    Si le fait nest pas historiquement certain, lallusion topographique du livre, elle, est parfaitement limpide.

    Revenons-en lglise. Si nous avons espr y trouver un autre chemin de croix intressant, il nous faudra hlas rester sur notre faim. Le chemin de croix de Rennes-Les-Bains fut retir lors de la restauration de lglise. Prudence des autorits, ou suppression dun chemin dsormais dpourvu de sens ?

    Il reste toutefois un tableau, droite de la nef. Il est difficile de nier quil sagit dune copie inverse dune piet dAntoine Van Dijck. Cha-cun pourra le vrifier dans le Van Dijck de Lo Van Puyvelde, publi chez Meddens. Regardez bien les dtails. Tous les dtails. Y

  • compris le profil du genou droit du Christ.

    On pourra, comme Grard de Sde, y trouver un rbus : A Rgnes (araigne), prs du bras de lHomme Mort qui se dirige vers le

  • plateau, gt le livre . (Le Trsor Maudit, page 121).On pourra aussi, comme Pierre Jarnac, crire des pages fort rai-

    sonnables pour dmontrer quil sagit l dune forgerie de Grard de Sde ou de Philippe de Chrisey -je cite textuellement : ... qui attribue la paternit de la trouvaille un docteur Rouelle, dentiste Lige, en Belgique. Bah ! On a les hros quon peut... (Histoire du Trsor de Rennes-le-Chteau, page 232).

    Cependant, il est galement loisible de saventurer sans a priori sur le terrain, au prix il est vrai de quelques efforts autres quintel-lectuels, de se laisser guider par des rocs curieux, aux allures de grenouille, de crapaud, de dj vu . Il ne faut pas craindre de fr-

    quenter les petits trous perdus, ni de payer de sa personne, [le Doc-teur Hrion visitant une catin. 213], et peut-tre bien quau dtour dun antique muret, lcart des chemins Il faudra se rendre lvidence et admettre que le livre existe bel et bien. Et quil est ef-fectivement dans le genou de lHomme.

    Les gens raisonnables diront et criront certainement que jai rv, et que le genou droit du Christ ne contient aucune silhouette de tte de livre ailleurs que dans mon imagination. Cest videmment

  • plus simple.Nanmoins, il faudra ds lors parler dhallucination collective de-

    vant cet autre genou, pareillement dguis dans cette autre piet, galement inspire de Van Dijck, mais lendroit , et situe quelque part dans un mme contexte.

    Dans le Hainaut, dans un patelin o lon ne peut pntrer ni sortir sans passer le Petit et le Grand Rosne, pas trs loin de Roulers...

    Reprenons plutt les lments de lalignement examin dans le cimetire, et notamment lamas rocheux dsign par le Cap de lHom , la Tte de lHomme , en occitan. Cest de l quaurait t dtache la sculpture bizarre, hideuse ou superbe selon les auteurs, qui garnit -ou hante- actuellement le mur du presbytre.

  • On a dit quil sagissait dune tte de femme issue dun monument funraire dpoque romaine.

    Ange ou dmon, quimporte :Au-devant de la porte,Il y a toiJacques Brel - La Mort mattend

    On a surtout glos sur le trou trange, au sommet du crne.

    Le parallle avec la coutume mrovingienne et le crne de Saint Dagobert fut vite tabli, et lon vit dans le Cap de lHom une allu-sion son fils Sigebert IV. Celui-ci, non seulement ne serait pas mort assassin en mme temps que son pre, mais se serait rfugi Rennes-le-Chteau sous le nom de Bra, Duc du Razs. Un autre Roi Perdu , concurrent de Louis XVII ?

    Le trou du diableUn pays o, pour un rien, la moindre roche se travestit en gruyre,

    ne pouvait manquer de mines. Mines de jais, de kaolin, et mme dor... Sur le ton de liniti, on nous en conseilla une superbe, au flanc de Blanchefort, lourde dhistoire et de signification. Fabuleuse, mme, car situe quasiment au sommet. Dans le bel enthousiasme de notre folle jeunesse, mon ami et moi repartmes donc lassaut

  • des catinsCe que jai fait, aucune bte ne laurait fait.Guillaumet En fait de mine, ce fut la ntre qui sallongea : six heures de grim-

    pe et de fouilles dans les ronces, sous un soleil de plomb, pour quelques ruines en contrebas, peut-tre celles dune bergerie.

    moins que... moins que le souvenir de la bague confie par Salomon Asmode, quil avait institu gardien de son trsor... moins que lanneau de salle au mont...

    moins que larc dun pont, au pied de Blanchefort, surplombant les eaux bucoliques de la Sals, laplomb du Roc Pointu et qui forme, avec Rocco Negro et Blanchefort un triangle de terrains que dautres, avant nous, ont trouv intressant...

    moins que...

  • Nayant pas pu acheter les terrains comme le fit Pierre Plantard, nous les avons soigneusement examins, passs au peigne fin de linfrarouge. Cards, en quelque sorte. Nous navons probablement rien laiss au hasard, mais le Trou du Diable ne nous a laiss que ses reflets...

    Alors, voies sans issues, qute sans espoir ?

    Petit retour au chemin de croixVoie sans issue, certainement pas, et pour tenter de sen

    convaincre, rexaminons avec un soin tout particulier la quatorzime station du chemin de croix de Rennes-le-Chteau, sur laquelle jai dj attir lattention.

    Il ne faut pas tre bien grand clerc pour reconnatre sous les traits de Joseph dArimathie le Saint Antoine Ermite des statues voisines, ni pour remarquer la forme anormale donne au bras de la Vierge.

    Il conviendra aussi de se souvenir que la mise au tombeau eut lieu avant la tombe de la nuit, dbut du shabbat, et de remarquer lastre en haut gauche, dans un ciel noir qui est ncessairement celui du 17 janvier, cause de Saint Antoine.

    Coucher ou lever ? Lune ou soleil ? Diable ou Dieu ?...Rappelons-nous que, face face autour dun carrelage de

    soixante-quatre cases noires et blanches, Jsus et Asmode pour-raient bien se livrer une partie dchecs. Rappelons-nous aussi que la quatorzime station de Couiza montre les trois croix au sommet du Golgotha, et que ce nom signifie Mont du Crne .

    Alors, regarder cette quatorzime station dun peu plus prs, on remarque sur le flanc de la montagne au fond du tableau, quelques traits qui semblent esquisser une tte cornue et barbue.

    Bien sr, il est connu que, selon son imagination du moment, on peut voir peu prs nimporte quoi dans un ensemble de lignes ala-toires : nous avons tous, un jour ou lautre, pratiqu le jeu des lignes dans le marbre .

    Il nous parat quand mme quavec un peu de recul, certains traits du Bugarach ne sont pas totalement innocents, en ce soir du 17 jan-vier, juste ct dun massif rocheux o certains voient encore la silhouette du fauteuil oreilles de Saint Pierre. Non pas celui de

  • Rome, mais bien celui de Saint-Sulpice, do part le mridien 0 -rival de celui de lObservatoire qui passe par le Tombeau dArques...

    Le mridien, larc du jour, arca dies... Arcadie... Et in Arcadia Ego. Il ne faut vraiment reculer devant aucun calembour. Mais il y a encore bien dautres aspects ce problme, et bien dautres pistes.

  • Le hameau Saint-SalveyreIl existe pas loin dAlet, un hameau perdu dans le creux dun pla-

    teau, que lon appelle Saint-Salveyre et qui abrite une chapelle du douzime sicle.

    Probablement rige par les Templiers [elle avertit le souffleur davoir prendre garde] la fois simple et magnifique, elle renferme

    quelques gravures sans prtention. Ce qui ne veut pas dire tota-lement naves.

    Lune delles reprsente un prtre consolant une mourante toute de blanc vtue, entre un guridon portant un vase garni de fleurs et un personnage en bleu, assis sur un tabouret et appuy sur un tissu sombre en amas conique, prs dune sorte damphore accompagne dun linge

    Faut-il tre vraiment fou pour se reprsenter Rocco Negro ct de Blanchefort, entre un plateau fleuri et un ensemble qui voque la fois la tunique du Christ dpouill de ses vtements et le Cardou, ou encore le Chardon symbolique des Loges de Saint-Andr ?

    Alors, que dire de ceux qui verront dans le vase et le linge une

  • allusion Marie-Madeleine, dans la trane plus claire sur le sol une route sinueuse, et dans le lointain, lombre du Bugarach ? En ra-lit, on pouvait, il y a quelques annes encore (1985), rver de tout cela devant le tableau. Mais nous avons eu la langue trop longue, et depuis lors, Monsieur le Cur dAlet restaure opinitrement la toile. Que Dieu et sa Providence veillent sur ce brave homme et sa sainte patience !

    Quimporte que lon y croie, si cest vrai, et que cela soit vrai, si lon y croit ?

    Marquis Jacques de B.

  • LES FAITS

    Lors des restaurations de 1891, Saunire dcouvre des parchemins an-ciens dans son glise.

    Les faits incontestablesIl est assez facile de vrifier que :- Franois Branger Saunire est n le 11 avril 1852 Montazels.

    - Il tait lan de sept enfants.- Il avait trois frres : Alfred, Martial etJoseph.- Il avait trois soeurs : Mathilde, Adeline et Marie-Louise.- Il entre au Grand Sminaire en 1870.- Il est ordonn prtre le 7 juin 1879.

  • - Il est nomm vicaire dAlet le 16 juillet 1879.- Il est nomm cur du Clat le 16 juin 1882.- Il devient cur de Rennes-le-Chteau le 1er juin 1885. Il avait 33

    ans, ge hautement symbolique selon certaines traditions.- Malgr un certain dnuement, il prend son service une jeune

    chapelire de dix-huit ans, Marie Denarnaud.

    - la suite dun prche connotation politique sanctionn par le Ministre des Cultes (suspension de traitement), son Evque, Mon-seigneur Flix-Arsne Billard, le nomme professeur au Petit Smi-naire de Narbonne en janvier 1886. Il le rintgre dans ses fonctions -et son traitement- Rennes le 1er juillet 1886.

    - En 1888, il effectue quelques restaurations urgentes son glise, passablement dlabre, avec les fonds lgus par un de ses prd-cesseurs, lAbb Pons (600 francs de lpoque, somme plutt impor-tante puisque, le 9 novembre 1853, linspecteur diocsain Guiraud Cals propose la construction dune nouvelle glise pour la somme de

  • 4.500 francs environ).

    - Fin 1891, il reprend les restaurations avec de largent prt par la municipalit, soit 1400 francs.

    - En 1896, il commence le remaniement de lglise.- En 1897, Mgr. Billard inaugure lglise remanie.- En 1900, il achte les terrains qui portent encore aujourdhui la

    Tour Magdala et la Villa Bthanie, dont il entame la construction.- En 1902, Mgr. De Beausjour succde Mgr. Billard, et Pie X

    Lon XIII.- En 1910, Saunire est suspens a divinis, cest--dire priv de

    ses fonctions sacerdotales, mais pas de son tat de prtre.- En 1911, il emprunte auprs du Crdit Foncier.- Il fait une attaque dapoplexie le 17 janvier 1917.- Il dcde le 22 janvier.

    Les faits incontournables

  • Ou plutt, les faits qui peuvent tre reconstitus avec un coefficient raisonnable dexactitude. Encore une fois, quils soient modernes ou contemporains de Saunire, trop dauteurs ont -par navet dans le meilleur des cas- arrang les faits dans le sens de leur histoire. Ce qui suit est donc moins prcis, parfois moins facile situer dans les-pace ou le temps, mais nen reste pas moins indubitable.

    Lors des restaurations de 1891, Saunire dcouvre des parche-mins anciens dans son glise. Il propose au maire de les vendre des collectionneurs afin de rcuprer la somme prte par la com-mune. Celui-ci accepte condition quil en fasse des calques qui existeraient toujours aujourdhui, mais dont je doute que lon sache jamais sils sont bien la copie exacte des originaux.

    Dbut 1893, aprs avoir tent de dchiffrer les documents lui-mme, sur les conseils de son Evque, Mgr. Billard, et sur les fonds de lvch, le cur se rend Paris pour consulter un jeune Oblat spcialiste en palographie et cryptographie, lAbb Emile Hoffet, avec lequel il a t mis en rapport par lAbb Bieil, directeur de Saint-Sulpice. Pour mmoire, lAbb Hoffet a fait une partie de ses tudes au couvent de Xhovmont, prs de Lige. Ses archives sont conser-ves Saint-Maur-des-Fosss, o lon ne peut les consulter quaprs avoir montr une patte particulirement blanche.

    Saunire profite de son sjour dans la capitale pour visiter le Louvre et y acqurir les reproductions de trois tableaux : Les Bergers dArcadie (Nicolas Poussin), Saint Antoine Ermite (David Tniers) et un portrait de Saint Clestin V.

    Il en profite galement dune tout autre manire : mis en contact -trs probablement par lAbb Hoffet- avec certains milieux intellec-tuels symbolistes et spiritualistes, il frquente du beau monde, no-tamment la diva en vogue de lpoque -la plus merveilleuse Carmen que lart lyrique ait connue, dit-on- Emma Calv. Il en deviendra no-toirement lamant.

    Il semblerait que, son retour, tous les manuscrits ne lui aient pas t restitus. Mgr. Billard aurait mme fait le voyage de Saint-Sul-pice, en 1901, pour tenter de savoir le fin mot de la chose. Grard de Sde mexpliqua un jour que la date de 1901 pour le voyage de Mgr. Billard Saint-Sulpice tait errone suite une lecture difficile de certains manuscrits.

  • Une autre version dit quil naurait reu que des copies, et que les originaux seraient actuellement entre les mains dun Cercle des Libraires Anglais, Londres. Ce qui est encore consultable au-jourdhui est quelque peu sujet caution. Toujours est-il que lEvch lui donna deux mille francs, somme amplement suffisante pour rem-bourser le prt consenti par le maire de Rennes, auquel il prtendit avoir vendu le tout.

    Il reprend donc ses travaux de restauration dans lglise et d-couvre, au pied du matre-autel, une dalle mrovingienne ou carolin-gienne, appele aujourdhui Dalle du Chevalier, et que Grard de Sde dcrit ainsi :

    Elle comporte deux panneaux ; lun est trs abm ; sur lautre, on distingue deux cavaliers sur un mme cheval, ou peut-tre, un cava-lier au galop tenant dune main un sceptre et maintenant de lautre un enfant sur lencolure de lanimal.

    Pour tre franc, cette dalle ne me parat pas avoir la signification quon lui prte aujourdhui : la scne voque tout autant un cavalier arm donnant un coup dpe un individu sur sa gauche.

    Et, pour tordre le cou certain canard boiteux nourri par dautres auteurs, la dalle est largement antrieure lOrdre du Temple et son sceau. Je pense plutt quelle commmore les exploits du per-sonnage enterr dessous. En effet, on retrouva deux squelette dans la fosse creuse cet endroit, et, plus tard, un crne entaill son

  • sommet. Rien nempche donc ce personnage davoir t mrovin-gien, mais cela nindique gure coup sr son identit.

    Quoi quil en soit, de ses diverses fouilles, Saunire ne retira pas dobjets de grande valeur, tout au plus un magot selon Ren Desca-deillas.

    Il y a plus intressant. En effet, trs rgulirement, accompagn de son agapte, Marie Denarnaud, le cur sillonne la rgion, notam-ment le plateau du Lauzet, pour y recueillir des pierres qui serviront ldification dune grotte de Notre-Dame de Lourdes. Bien que fortement endommage par des chercheurs au comportement de vandales, cette grotte existe toujours. Elle se trouve lentre du chemin menant lglise, en face de la Vierge de Lourdes cite plus haut.

    Erreur ou astuce ? Les paroles graves sur le pilier qui porte la statue, Pnitence Pnitence, sont celles de la Vierge de Fatima, dont les apparitions eurent lieu partir du 13 mai 1917. Or, Saunire mourut le 22 janvier 1917 Il nest donc pas sans intrt de se de-mander qui a fait graver cette sentence. On peut aussi utilement se souvenir de la rumeur qui fait dune des petites voyantes de Fatima, Mlanie Calvet, une parente dEmma Calv, la clbre chanteuse lyrique.

    Une conduite trangeSaunire passe plusieurs nuits enferm dans le cimetire, au

    cours desquelles il efface soigneusement les inscriptions portes par les dalles de la tombe de Marie de Negri dAbles de Hautpoul-Blan-chefort, pouse du dernier seigneur de Rennes, sous prtexte den couvrir un ossuaire (Elle passait, en 1970, pour couvrir la tombe de lAbb. Jai un gros doute).

    Sa conduite scandalise, bien videmment, et lui vaut quelques rappels lordre officiels.

    Heureusement, des relevs en avaient t faits, le premier dans un fascicule tout fait authentique, le second dans un livre mythique dont certaines planches auraient t publies par lAbb Joseph Courtauly en 1962.

  • LE CUR AUX MILLIARDS

    Il peint lui-mme la reprsentation de Marie-Madeleine en prires dans la Sainte Baume que lon peut encore voir aujourdhui sous le matre-autel.

    Par la suite, Saunire entreprend de nombreux voyages, parfois lourdement charg, qui le mnent vers les frontires du pays : Perpi-gnan, Nice, Lons-le-Saunier, Valenciennes. Il entre en rapports sui-vis avec la banque Petitjean, de Paris, ainsi quavec un joaillier de Mazamet.

    Concidence ? Largent commence garnir la bourse de Marie De-narnaud, bnficiaire de mandats importants mis depuis les pays voisins.

    Du coup, Saunire se lance dans des dpenses surprenantes et dans une vritable recomposition de son glise, dont il modifie car-rment le btiment et la dcoration. Autoritaire et tatillon, il surveille personnellement les transformations et amnagements quil fait ex-cuter par des quipes dartisans et dartistes nourris et logs sur place de ses propres deniers. Il fait notamment construire une trs discrte annexe la sacristie, laquelle on accde en dplaant la paroi du fond dune armoire de rangement pour vtements sacerdotaux, et

  • dans laquelle on dcouvrira aprs sa mort un matriel de trai-tement des mtaux prcieux (Conversation avec M. Henri Buthion, alors propritaire des btiments rigs par Saunire)

    Cest de cette poque que date la surprenante dcoration dont il est le concepteur et parfois mme le ralisateur : il peint lui-mme la reprsentation de Marie-Madeleine en prires dans la Sainte Baume que lon peut encore voir aujourdhui sous le matre-autel.

    Cest galement lui qui choisit les citations bibliques sculptes dans le tympan du porche dentre : Terribilis est locus iste (Ce lieu est terrible) et Domus mea domus orationis vocabitur ( Ma maison sera appele maison de prire . La suite sous-entendue ne manque pas de sel : vous en avez fait une caverne de voleurs )

    Non content de cela, le cur se lance dans des constructions fas-tueuses pour lpoque sur les terrains quil vient dacheter au bord du plateau de Rennes, ainsi que dans une vritable vie de sybarite, recevant sa table des personnalits importantes de la rgion et de Paris, voire de ltranger : Emma Calv, le Secrtaire dtat Dujardin-Baumetz, la vicomtesse dArtois, la marquise de Bozas, larchiduc Jean-Salvator de Habsbourg, etc. Mais sa gnrosit aussi se fait jour : il cre une rente annuelle de cinq mille francs au bnfice de la commune et dote les familles les plus pauvres de sommes allant jusqu quinze mille francs. Autant dire que, mme si lon en parle avec un certain sourire la fois ironique et admiratif en vo-quant ses frasques, le cur garde encore aujourdhui une relle sym-pathie de la part des habitants de Rennes.

    Jusquen 1902, la hirarchie ecclsiastique semble fermer les yeux sur le comportement de lAbb. Tout change avec le dcs de Mgr. Billard, auquel succde Mgr. De Beausjour. Le nouvel vque sintresse de trs prs lorigine de la fortune de Saunire

    De drobades en atermoiements, celui-ci finit par tre dclar sus-pens a divinis sous prtexte de trafic de messes. Il va en appel de-vant les plus hautes instances ecclsiastiques, envoie pendant deux ans et ses frais, un avocat religieux plaider sa cause Rome, et gagne face son vque. Il faut dire que laccusation ne tenait gure debout, dailleurs lvque dira lui-mme un ami quil lui fallait un prtexte, mais quil ny croyait pas. Cet ami tait Mgr. De Cabrires.

    Malgr tout, son adversaire ne se dclare pas battu : au bout dune

  • nouvelle procdure et avec la bndiction de Rome, Saunire est interdit de ministre ; il doit faire place un autre prtre et lui cder les lieux. Qu cela ne tienne, lAbb se fait construire une chapelle prive pour y officier !

    Mais, en 1911, les temps changent et le cur semble priv de res-sources au point de recourir lemprunt et denvisager de vendre ses collections et ses meubles. Sans tre la misre totale, cest la dconfiture.

    Heureusement pour lui, cela ne dure gure et, malgr la guerre, il conoit des projets assez ahurissants : trac dune route carros-sable entre Rennes et Couiza, relvement des remparts antiques, adduction deau courante dans tous les foyers Et surtout, construc-tion dune tour de soixante-dix mtres pour en faire une gigantesque bibliothque !

    En 1917, il accepte le devis tabli pour le btiment par lentrepre-neur Elie Bot, pour huit millions de lpoque.

    Mais laventure se termine pour lui. Il est victime dune attaque dapoplexie le 17 janvier 1917 et dcde le 22 (de bien belles dates ! Dautant plus quen Kabbale, 22 signifie que loeuvre est acheve) aprs stre entretenu avec lAbb Rivire, cur dEspraza, qui en sera totalement boulevers.

    Stupfaction : Saunire ne possdait rien en propre, tout apparte-nait Marie Denarnaud

  • QUELQUES NOTES EN PASSANT

    Tout ceci amne quelques considrations qui, si elles sont parfois moins documentes que ce qui prcde, nen ont pas moins le mrite dtre intressantes.

    propos des parcheminsDes documents dcouverts par Saunire, on ne peut plus voir au-

    jourdhui que deux copies dont lauthenticit est sujette caution. Le premier est un passage de lvangile selon Saint Jean (XII, 1-12) rapportant la Visite Bthanie , chez Marthe et Marie, au cours de laquelle Jsus ressuscita son ami Lazare.

  • Le second est un amalgame de trois textes canoniques concer-nant la Parabole des pis froisss , celui de Saint Luc (VI, 1-5), celui de Matthieu (XII, 1-8) et celui de Marc (II, 23-28).

    Il ne faut pas tre trs fut pour se rendre compte que ces deux manuscrits sont cods.

    Au premier, on a ajout 128 lettres qui ne figurent pas dans le texte vanglique. Dans le second, on a mis un certain nombre de lettres en vidence en les dcalant ou en les soulignant de diverses faons.

    On a publi de trop nombreuses pages, sur le Net ou ailleurs, propos de ces textes et de leur analyse pour que je ressasse nou-veau leur dcryptage. Que lon retienne seulement leur solution.

    Pour le premier. Le codage consiste en une disposition des 128 lettres excdentaires sur deux grilles dchiquier selon le Parcours du Cavalier de Vigenre, aprs double substitution via une clef is-sue de la graphie de la tombe de Marie de Negri dAbles qui se lit MORTEPEE .

    Cela donne :BERGERE PAS DE TENTATION QUE POUSSIN TENIERS

    GARDENT LA CLEF PAX DCLXXXI PAR LA CROIX ET LE CHEVAL DE DIEU JACHVE CE DAEMON DE GARDIEN A MIDI POMMES

  • BLEUESPour le second, le dcodage donne : Dagobert II roi et Sion est ce trsor et il est la mort.On peut lire ce texte de deux faons selon la manire dy introduire

    une virgule, soit une mise en garde : Dagobert II roi et Sion est ce trsor, et il est la mort. soit une indication : Dagobert II roi et Sion est ce trsor et il est l, mort. et pourquoi pas les deux ?Je crois cependant que lon est loin davoir tout dit propos du

    premier manuscrit.Il convient entre autres de sattarder quelque peu sur uneparticularit du texte, qui peut se lire :tant entre alpha et omga pris lenvers.

    Lomga se trouve quelque part dans la rgion des deux Rennes. Pour tre prcis, il est dessin par le relief du pavement du choeur de lautel de la chapelle de Saint-Salveyre. Quant lalpha

    Cherchez-le vous-mme ! La carte publie par Boudet en ap-pendice de sa Vraie langue celtique nest pas innocente, mes photos le montrent et ce nest finalement pas bien sorcier, condition de se souvenir quil existe plusieurs fausses pistes dans les deux cryptogrammes.

    Rien ne prouve dailleurs que les copies soient celles doriginaux authentiques attribuables lAbb Antoine Bigou, cur de Rennes-le-Chteau et confesseur de Marie de Negri dAbles. Un soir, tout au dbut de notre amiti, Philippe de Chrisey mexpliqua comment il avait truqu les textes. Et bien, pour une fois, je ne lai pas cru

  • propos de Monseigneur BillardFlix Arsne Billard est n le 23 octobre 1829 Saint-Valry-en-

    Caux, en Normandie, de parents artisans. Ordonn prtre le 17 d-cembre 1853, aprs tre pass comme vicaire par Dieppe et Rouen, il est nomm vque de Carcassonne le 17 fvrier 1881. Il mourut le 3 dcembre 1901 des suites dune attaque crbrale de 1898 qui lavait laiss impotent au monastre de Prouille.

    Lhonntet de gestionnaire de Mgr. Billard fut parfois mise en cause et lui valut mme un procs en 1901 sous laccusation de cap-tation dhritage pour un montant de 1.200.000 francs-or. Ses agis-sements firent lobjet dun pamphlet particulirement vigoureux de la part de lAbb Simon Laborde, cur de Paziols.

    Je nai pas lintention de polmiquer ce sujet : il est des faits incontestables comme la protection dont bnficia lAbb Saunire jusqu laccession de Mgr. de Beausjour lpiscopat de Carcas-sonne. ce sujet, je ne saurais trop recommander la lecture de Ar-sne Lupin suprieur inconnu , de Patrick Fert.

    Quelques petites notes simposent ici concernant le monastre de Prouille. Fond en 1206 par Saint Dominique pour accueillir les Par-

  • faites cathares repenties, dtruit lors de la Rvolution, le monastre fut restaur par les soins de Mgr. Billard. Grard de Sde me confirma quune partie des fonds provenaient de Saunire, mais il me confia aussi un jour que lAbb Boudet avait galement particip au finan-cement des travaux. remarquer que, durant le Premire Guerre, la Mre Suprieure de Prouille tait la propre soeur du Kaiser.

    propos dEmma CalvNe en 1858, dcde en 1942, cette charmante et talentueuse

    personne a fait ses dbuts dj triomphaux en 1884 Bruxelles dans le Faust de Gounod, lge de vingt-quatre ans. Au fate de sa

    gloire et de sa fortune, elle achtera le chteau de Cabrires, prs de Millau, quelle fera plus transformer que restaurer. Outre sa rputa-tion davoir abrit un exemplaire du Livre dAbraham, cher aux sot-ristes de tout poil et ayant appartenu Richelieu selon Pierre Sorel

  • dans son Trsor de recherches et antiquits gauloises, ce chteau de Cabrires a une curieuse histoire, lie quelques personnages tonnants, Marie de Blamont et lAbb Bernard Percin de Montgail-lard, que je nai encore rencontrs nulle part dans les tudes concer-nant Rennes.

    La premire est originaire de la proche rgion de labbaye dOrval, en Belgique. Cousine du Duc de Guise qui mena la Ligue contre Henri IV, elle se mit en valeur au sige de Paris, o elle rencontra le second personnage, lAbb Bernard Percin de Montgaillard. Aprs avoir refus les mitres piscopales quon lui proposait, celui-ci, Moine feuillant issu du Sud-Ouest de la France et rput notamment pour son loquence, participa lui aussi trs activement la lutte contre Henri de Navarre. Paris prise, il jugea utile de se mettre hors de por-te du nouveau monarque et, aprs diverses pripties, fut impos comme Abb labbaye dOrval, dont il fera le grand sicle . En revanche, Marie de Blamont se rconcilia avec Henri IV qui, pour len rcompenser, lui fera pouser un gentilhomme provenal, un certain Gabriel de Ruymolin, par lequel elle entrera en possession du ch-teau de Cabrires. Curieux croisement des routes liant le Sud-Ouest et le Nord, dautant plus que le nom mme de Blamont doit attirer lattention. En effet, on peut le dcomposer en Blame et Mont . Or, en wallon, une blame est une escarbille, une flammche, ce qui fait de Blamont une montagne de feu . Quelque chose que lon re-trouve dans le nom mme de Pyrnes, Monts Embrass , selon Posidonius.

    propos de Marie DenarnaudOn sait finalement fort peu de choses sur elle. Ne le 12 aot

    1868 Espraza, chapelire de son tat, elle devint la servante de Saunire lge de 18 ans et trs vraisemblablement un peu plus que sa confidente. En tout cas, elle partagea son secret. Lgalement propritaire de tous les biens de lAbb, elle en fut galement la lga-taire universelle, ce qui pourtant ne semble pas lavoir totalement mise labri du besoin : peu peu, elle se dfit des collections et valeurs accumules par le cur afin dit-on de subsister. Elle dis-posait cependant de pas mal de numraires, comme en tmoignent les liasses de billets quelle brla dans son jardin lorsque, la sortie

  • de la dernire guerre, le gouvernement Ramadier ordonna lchange des billets de banque. Ayant cd ses domaines en viager un hte-lier, Nol Corbu, qui prit soin de ses vieux jours, elle lui fit un jour une promesse, atteste par plusieurs tmoins dignes de foi : Avant de mourir, je vous livrerai un secret qui fera de vous un homme puis-sant

    Elle mourut, frappe de congestion crbrale, le 29 janvier 1953, ge de 85 ans, sans avoir dit-on russi confier son secret.

    99 fois sur 100, quand le nombre 17 apparat de faon curieuse dans un texte ou un monument, il y a quelque chose dcouvrir dans ses parages

    propos du 17 janvierLe nombre 17 est un nombre insolite qui nobit pas aux rgles

    courantes de larithmtique et, pour lui trouver un sens, il faut sin-tresser la Kabbale. En hbreu comme dans tous les alphabets anciens, chaque lettre a une valeur numrique. a (aleph) = 1, b (beith) = 2, g (ghimel) = 3, etc. Nous employons dailleurs encore aujourdhui les chiffres romains.

    Ceci permet de lire les mots qui constituent la Torah autrement quau premier degr. Par toute une panoplie doprations et de concordances arithmtiques, on peut dcouvrir un sens cach au texte, sens parfois drlement surprenant.

    En outre, lassociation lettre/chiffre comporte un sens symbolique. Par exemple, la lettre h (heth) de valeur 8 et qui se pr