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Rente différentielle

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Sur le fil du tempsRente diffrentielle= apptit integralHors d'oeuvre[top][content][next]Nous en sommes arrivs au point que je t'ai dit... nous en sommes au chapitre terrible, celui qui, habituellement, dans l'engrenage pitoyable de l'cole bourgeoise de tout degr, reprsente la terreur du pauvre lve, ce classique pont aux nes, ce pril qui fera peut-tre vaciller son idal radieux: sortir rayonnant de la salle d'examen en adressant l'enseignant le plus obscne des gestes (toute rfrence des salutspolitiquesn'est que fortuite).Lascolastiquefut la gloire du Moyen Age, mais elle reprsente la honte de l'poque capitaliste; c'est l'un, mais non le seul, des domaines o l'on atteint les plus hauts sommets du contraste entre la cuite de rhtorique clbrant le triomphe de la culture, et la pratique impudente de la diffusion et de l'accrditation du mensonge de classe, de la servilit, de l'utilisation d'expdients, du carririsme, dans lesquels ceux qui l'emportent sont ceux qui sentent le mieux la grande ambition de la vie bourgeoise contemporaine: la vnalit et la fainantise.Ce n'est pas par hasard que nous avons dit que les matres du communisme consacrrent plus de pages la question agraire, que nous sommes en train de rexposer, qu' la question industrielle. Aussi bien dans les exposs organiques que dans les analyses historiques, si l'on suit la naissance de la socit bourgeoise et la formation de la science conomique, ce qui est exig essentiellement dans la question pose ne concerne pas le bilan du producteur immdiat qui travaille et consomme; ni celui de l'entreprise capitaliste qui produit et vend; mais cela concerne le cadre immense de la population vivante et de son alimentation, l'tude de la machinerie complexe au travers de laquelle les aliments parviennent aux hommes, machinerie de moins en moins simple depuis qu'Eve tendit la main vers la pomme sans avoir excut, au pralable, la moindre opration arithmtique.C'est cette mme question que tous se sont pose: et Quesnay, et Ricardo, et Malthus, particulirement battu en brche par Marx propos de l'inadquation entre quantit d'aliments et nombre de bouches: les premiers croissent selon une progression arithmtique (un, deux, trois, quatre...), et les secondes selon une progression gomtrique (un, deux, quatre, huit..); d'o la faim. Puisque vous ne pouvez pas augmenter suffisamment la quantit de nourriture, diminuez le nombre de bouches nourrir en faisant moins d'enfants! C'est un prtre qui parlait, alors que son Dieu a dit qu'il fallait crotre et multiplier; l'vque anglican ne proposait pas d'aimer sans procrer, mais il tournait la question grce lamorale restreinte, savoir la renonciation l'amour: vieille recette du haut Moyen Age et d'une conomie laquelle rvaient Saint Benot et Charlemagne et o les communauts travaillaient pour manger et non pour prolifrer. Mais, comme d'habitude, nous tirons notre chapeau Benot et Charles, qui, avec leurs entreprises conventuelles, anticipaient un avenir form de l'oppression sauvage que le capital exercerait sur les armes de travailleurs, et de l'conomie associe qui s'ensuivrait; tandis que Malthus regardait vers un pass impossible et inhumain. Et Marx, qui consacre des chapitres entiers analyser, par exemple, les quations de Ricardo et les efforts des conomistes anglais pour expliquer les vagues de hausse et d'effondrement du prix du bl, Marx ddaigne derefaire les calculsde Malthus, mme pour en dmontrer l'absurdit, mais il s'en dbarrasse coups de pied peu mathmatiques. Voici donc une citation qui sera un excellent apritif au repas consistant qui va tre servi:Ce qui caractrise Malthus, c'est la vulgarit de ses sentiments, vulgarit que seul peut se permettre un cur qui voit dans la misre humaine la punition du pch originel et qui a besoin de cette valle de larmes, mais qui, pour payer en retour ses gras revenus, tablit l'aide du dogme de la prdestination qu'il faut savoir adoucir aux classes dirigeantes le sjour dans ladite valle de larmes.Sympathie envers le stocisme[prev.][content][next]On ne peut s'empcher de faire une digression utile, avant d'aborder la thorie de Ricardo sur la rente, lorsqu'on tombe sur une de ces synthses dcisives de Marx, qui est dicte par la comparaison entre Ricardo et Malthus, et qui contient une magnifique invitation s'abreuver de dialectique.Malgr la tempte de paroles acrimonieuses que Marx dchane contre Malthus, il lui reconnat cependant un mrite: Bien que ce ne soit pas lui qui ait dcouvert les discordances qui s'opposent la misrable thorie del'harmonieprconise par l'conomie bourgeoise, il les met en vidence avec une complaisance particulire, il les dcrit et les fait connatre partout. Ainsi donc la critique du capitalisme, mme celui de 1815, est possible et juste, mais la position historique et politique qui consiste s'opposer lui doit tre combattue. Nous, les marxistes, nous ne faisons pas de la science pour la science, mais nous faisons sans arrt de la lutte politique (que les camarades d'Outre-Alpes ne s'en fassent donc pas, eux qui se proccupent que ces exposs soient relis de manire certaine l'actualit, Vnus souvent... francise). Malthus n'avait pas d'autre objectif, pour lequel il faisait une grande consommation de plagiats et de fausse science, que celui de dfendre la proprit foncire ractionnaire contre le capitalisme rationaliste, libral et progressiste. Une bonne vole donc pour Malthus! Mais, d'autre part, une approbation dans la mesure o il sait que le rationalisme, le libralisme et le progressisme, ne sont que de pures et simples blagues proposes par la bourgeoisie. Pourtant, le proltariat anglais fit bien de lui vouer une haine inextinguible.L'opposition entre Malthus et Ricardo est la suivante: le second exprime la pression des forces productives imptueuses et il exalte la production pour la production, laquelle il sacrifie tout intrt particulier, y compris celui du proltariat, et il le lui dit ouvertement; le premier, tel un rat jouant le double jeu, sacrifie hypocritement la production, lorsqu'elle entre en contradiction avec l'intrt de classe des propritaires et desrentiers, et, cette fin, il commet des faux scientifiques: pour Marx, c'est cela qui signifie tre malhonnte. Et y a-t-il une diffrence entre eux dans leur position vis--vis de la classe ouvrire?Ricardo n'est pas malhonnte quand il met les proltaires au mme rang que les machines ou que les btes de somme; de son point de vue, la production exige qu'il en soit ainsi, les salaris n'tant pas autre chose que de simples machines dans la production capitaliste. Voil qui eststoque, objectifetscientifique. (Vieuxbguinpour la philosophie stoque grecque, n'est-ce pas Karl? Donne-moi la main!).Lui aussi, Malthus (qui, lorsque la rente des nababs est en jeu, crase la production et limine les producteurs) pourvoit aux besoins de la production et ravale le travailleur au niveau de la bte de somme; il le condamne non seulement crever de faim mais aussi vivre dans le clibat.La production comme fin en soi? Est-ce donc l un mythe immanent que nous, les stociens et les matrialistes, assumons toutes les poques? C'est ici qu'intervient la synthse de Marx laquelle nous avons fait allusion:C'est juste titreque Ricardo considre,du moins pour son poque, la production capitaliste comme la plus avantageuse pour la production de richesses. Il veut la production pour la production,et en cela il a raison. Si on voulait prtendre, comme le font certains adversaires sentimentaux de Ricardo, que la production en tant que telle ne peut pas tre le but, cela reviendrait oublier que la formule: la production pour la production, signifie tout simplement le dveloppement de toutes les forces productives humaines, et doncle dveloppement de la richesse de la nature humaine, pose comme son propre but. Si l'on oppose un tel butle bien-tre de l'individu, comme l'a fait Sismondi, on prtend que le dveloppement del'espcedoit tre arrt pour assurer le bien-tre del'individu;que, par exemple, il ne faut jamaisfaire la guerre(ttez, pacifistes, les cornes de votre crne!)pour la raisonque des individus seraient tus. On ne comprend pas que le dveloppement descapacits de l'espce humaine, bien qu'il se fasse d'abord au dtriment dela majorit des individus, et aussi de certaines classes, brise finalement cet antagonisme (entre le bien de l'espce et celui de ses membres) et se confond avec le dveloppement de l'individu; qu'en consquence, le dveloppement suprieur des individus ne se conquiert qu'au travers d'un processus historiquedans lequel les individus sont continuellement sacrifis. Il va sans dire que ces considrations s'avrent superflues si on se rappelle que, dans le rgne animal, comme dans le rgne vgtal,les avantages de l'espce triomphent toujours sur ceux des individus.Si donc la brutalit de Ricardo ne recule pas devant la mort de proltaires ou de la proprit foncire, et si, en dfinitive, sa conception sert les intrts de la bourgeoisie industrielle, cela est d uniquement au fait que, dans cette phase historique, les intrts de celle-ci se confondent avec ceux de la production ou dudveloppement productif du travail humain.L'instauration du mode de production capitaliste, qui ne peut avoir lieu sans l'extermination froce de personnes humaines, est la voie oblige qu'il faut suivre afin d'lever lacapacit productive de l'espcejusqu' un degr qui seul permettra de dpasser l'antagonisme qui, sous la forme de la lutte de classe, sacrifie sans cesse l'individu la palingnsie sociale. Historiquement, le cri la production pour la production!, ne signifie pas que la masse de plus en plus grande de production soit une fin en soi, mais qu'il s'agit de faire un grand saut qualitatif dans laproductivitdu travail, grce l'association et l'utilisation des forces mcaniques, en posant les conditions de l'conomie associe, o l'on pourra produire avecmoins de travail, avec la proportionnalit aux besoins qu'invoquait Sismondi, et mme d'liminer d'normes secteurs inutiles de la production: c'est alors seulement que l'antagonisme entre le bien de chacun et celui de tous commencera cder, mais cette perspective tait, pour Ricardo, trop loigne.Si la Russie de 1953 quivaut l'Angleterre de 1815, qu'on permette alors Staline de calculer comme Ricardo, et qu'on fonde la lutte contre le stalinisme sur la mise nu de sa prtention, bassement contre-rvolutionnaire, construire le socialisme; et non pas sur les larmes hypocrites verses pour les hcatombes d'hommes destines l'europanisation de l'Asie, ou sur un sentimentalisme dplorant le retour de rsidus d'armes mises en mouvement par l'imprialisme bouillonnant, et lances dans la fournaise de l'histoire capitaliste. Est-ce de la philosophie sur les catgoriesd'espceetd'individu, ou bien un trait de lumire clairant les polmiques actuelles entre les anti-staliniens eux-mmes, ou bien, amis, del'actualit politique en crever les yeux?Les mystres du calcul sublime[prev.][content][next]Mais revenons donc l'effroi qu'inspire la fameuse formule de la rentediffrentielle, et disons de quoi il s'agit: rien de mphistophlique. Le profane qui entend parler de calcul diffrentiel, blmit; tout au plus, il sait par ou-dire que ce dernier forme, avec le calcul intgral, le calcul infinitsimal, et, si l'on s'lve encore plus, des hauteurs stratosphriques, le calcul sublime, lequel en fait ne signifie rien, de mme qu'un crtin sublime n'est quand mme qu'un crtin. La mathmatique pure est une science qui rpte toujours la mme chose avec de nouveaux termes et symboles. Qu'est-ce que l'lvation la puissance? Une multiplication. Et la multiplication? Une addition. Et l'addition? Une numration, comme lorsqu'on compte avec les doigts sur le bout du nez. Logarithme, racine, division, soustraction, ne sont que les mmes choses faites l'envers, comme la numration l'envers: le nez sur le bout des doigts. Eh bien, l'intgration est encore plus simple: c'est une trs longue addition. Et la diffrenciation? Une soustraction ennuyeuse. Pour ces deux oprations, il faudrait une bte qui n'aurait pas une main de cinq doigts: par exemple, le mille-pattes. Donc, tout se ramne la numration, et vous savez alors parfaitement de quoi il s'agt.En fait, je vous ai bien eus. Car, justement, ce que vous ne savez pas, et que je ne sais pas moi-mme, pas plus d'ailleurs que ceux qui, contrairement nous, dpassent le calibre de l'idiot ordinaire, c'est la dfinition de la numration. Pensez l'espace, au temps, aux enfants qui se suivent et aux cerises dans un panier, et dtes-moi comment vous tes tellement srs que l'on passe de un deux et de neuf dix avec le mme incrment, ou indiquez-moi la date de publication de cetteloiau Journal Officiel.En tout cas, en conomie, la chose se comprendra tout de suite. La culture universitaire veut rsoudre l'nigme conomique en lui appliquant la mathmatique. Nous savons, au contraire, qu'en lui appliquant la seule mathmatique, on n'a jamais abouti rien, et, l'inverse, nous nous servons des notions conomiques immdiates, que nous possdons tous, pour comprendre la mathmatique. Celle-ci, en effet, est ne aprs l'conomie, plus encore qu'aprs la physique: il y a eu tout d'abord l'arpentage, et ensuite la gomtrie; tout d'abord la comptabilit, et ensuite l'algbre et le calcul. Nous avons cit dans un article prcdent, propos de l'intrt perptuel, qui est une abstraction difficile, mais intuitivement la porte de tout un chacun, l'anecdote de la petite bonne qui connaissait le calcul intgral.Nous allons facilementmettre en quationtoute l'conomie de classe. Ceux qui vivent avec un faible salaire doivent le rpartir entre une centaine d'achats: la fin de la quinzaine ou du mois, le compte n'est jamais bon. Enlve, dduis le loyer, les chaussures, le pain, le vin, etc., la somme diminue de manire affreuse, mme si l'on rduit les soustracteurs presque rien. Si nous dsignons parvaleurla grandeur dont nous nous occupons (nous pourrions aussi bien l'appeler Thrse, en priant la facult de philosophie d'introduire lacatgorieThrse), le proltariat se dbat en faisant des soustractions de valeur continuelles de plus en plus petites endiffrenciantdonc la valeur. Cette opration, les mathmaticiens l'appellentdelta, la lettre d grecque:. Et alors, s'ils dsignent la valeur par V (ou T comme Thrse, ou mme si vous voulez V pour la mme Thrse, cela n'a aucune importance), delta V sera la diffrentielle de la valeur, une valeur toute petite, infrieure par exemple un centime de notre lire inflationniste. Et voici notre premire quation:V = misre = proltariat (lire diffrentielle de la valeur gale misre, gale proltariat).Un signe curieux (), qui est mi-chemin entre le s majuscule italique (S) et l'oue d'un violon, dsignel'intgrale: il signifie l'addition d'un trs grand nombre de ces toutes petites choses appeles delta, qui sont des parties infinitsimales, les diffrentielles.Eh bien, il y a un truc qui a t dcouvert dans la thorie depuis les Grecs, et il est le suivant: une grande quantit de toutes petites choses, mais une trs trs grande quantit, si grande qu'il est impossible de la nommer par un nombre, constitue un total qui, lui, est gros, palpable, et que les mathmaticiens appellentfini. Des valeurs infiniment petites, mme infrieures un centime de lire, mises ensemble, font un milliard, de dollars si cela vous chante. Mais tous les membres de la socit mercantile ne le savent-ils peut-tre pas?Et alors, l'intgrale de toutes ces valeurs minuscules constitue la richesse. Donc, seconde quation d'une grande simplicit:V = richesse = capitalisme (lire intgrale des diffrentielles de la valeur gale richesse, gale capitalisme).Nous avons donc tabli que les grands mots,intgraleetdiffrentielle, n'ont pas faire peur. Nous avons tabli qu'il est banal de dire: je veux m'occuper d'conomie (sans quoi, je reconnais que je ne peux pas m'occuper de politique, et mme m'occuper de rien du tout), mais je ne veux rien savoir de la mathmatique en conomie: c'est banal parce que c'est Maman Economie qui a enfant la Mathmatique, suprieure et lmentaire.Nous sommes alls au-del du ncessaire. La rente foncire dont s'occupe Ricardo, et Marx, est diffrentielle parce qu'elle dcoule d'une opration de soustraction, d'une marge, d'une prime. C'est ce titre que la majoration(1)que peut obtenir notre petite bonne encyclopdique sur les dpenses du mnage, est diffrentiel. Pour Ricardo, la rente ne peut pas treabsolue, mais seulementdiffrentielle. Pour Marx, dans un certain sens, il existe une rente absolue. Absolue veut dire qu'elle se produit toujours; diffrentielle, qu'elle rsulte d'une marge, laquelle peut disparatre. La majoration sur les dpenses du mnage n'est que diffrentiel: si la matresse de maison connat tous les prix des fournisseurs, et si ces derniers ne font pas de rabais, la majoration en question tombe zro (nous parlons comme des mathmaticiens, sapristi de nom de Dieu!).Brillante introduction[prev.][content][next]La Section VI du Livre III du Capital traite de la Conversion du surprofit en rente foncire. C'est dans ces pages que Marx expose la thorie de Ricardo (largement traite dans les tomes III et IV de l'Histoire des doctrines conomiques), et par consquent la sienne, qui ne rfute pas celle de Ricardo, mais qui l'inclut commel'undes nombreux cas possibles tudis par lui. Une telle dmarche est classique dans l'histoire de la science ainsi, par exemple, la thorie d'Einstein ne rfute pas celle de Galile, mais elle l'inclut comme un de ses cas: celui o la vitesse du mobile considre est beaucoup plus petite que celle (norme) de la lumire. Et donc Einstein et Galile disent la mme chose sur la thorie du train de 8h. 47 (qui est des millions de fois plus lent que la lumire). Marx fait son expos avec un grand nombre de tableaux numriques, et enfin avec quelques quations simples. Mais ce qui vous plat vous, c'est le baratin, et celui-l aussi, ne vous en fates pas, il est trs costaud. Nous prvoyons que, d'ici quelque temps, des marxistes anonymes publieront un texte en 3D: baratin, dveloppements numriques, formules algbriques, en parallle mais indpendants.Glanons donc tout d'abord, dansl'introductionde cette Section, quelques pages l'vidence organiques et dfinitives, alors que ce n est pas toujours le cas dans ce Livre III qui est complexe, parce qu'dit de faon posthume et donc mis en pages par une main, tout fait qualifie, mais qui n'est pas celle de Marx. Peut-tre allons-nous nous rpter, mais il n'est pas mauvais de reprendre son souffle avant de s'engager sur letobogganinfra-mathmatique.L'analyse des diverses formes historiques de la proprit foncire sort du cadre de cet ouvrage. Cette proprit ne nous intresse ici que dans la mesure o une partie de la plus-value produite par le capital revient au propritaire foncier. Nous partirons donc de l'hypothse que l'agriculture, tout comme l'industrie manufacturire, est soumise au mode capitaliste de production, c'est--dire qu'elle est pratique par des capitalistes qui ne se distinguent tout d'abord des autres capitalistes que par le secteur o est investi leur capital, et o s'exerce le travail salari que ce capital met en uvre.Excusez notre insistance mais, encore une fois ici, ni lebaronfodal, ni le serf, ni le paysan petit propritaire, n'entrent en scne:L'objection qu'il a exist galement ou qu'il existe encore d'autres formes de proprit foncire et d'agriculture ne prsente donc aucun intrt pour notre dveloppement. Elle ne peut intresser que les conomistes qui ne traitent pas le mode capitaliste de production dans l'agriculture et la forme de proprit foncire correspondantecomme des catgories historiques, mais en font des catgories ternelles.Marx rappelle que, pour le petit paysan autonome, qui est un producteur direct, la proprit lgale de la terre est l'une des conditions de production. Or, si le mode capitaliste de production, en gnral, dpossde les ouvriers de leurs moyens de travail, dans l'agriculture, il suppose que les ouvriers agricoles sont expropris du sol et assujettis un capitaliste qui pratique l'agriculture pour en retirer un profit.Par consquent, dans notre tude, nous n'aurons donc faire qu' des ouvriers agricoles; et non des paysans propritaires, des mtayers, des fermiers travailleurs (quelle aubaine!).Nous avons donc trois personnages: le propritaire foncier - le capitaliste fermier - l'ouvrier salari. En thoricien sr, Marx simplifie ensuite:Nous nous limiterons donc exclusivement l'investissement du capital dans l'agriculture proprement dite, c'est--dire dans la production d'un produit vgtal essentiel, qui fait vivre toute la population. Et plus encore: Nous parlerons de froment, parce qu'il est le principal aliment des peuples modernes systme capitaliste dvelopp.Vous qui tes parfaitement informs, vous pouvez froncer le nez: et les boites de conserve amricaines, o les met-on?Et quand vous aurez pig, voil qu'il vous faut faire un autre effort: Au lieu d'agriculture, on pourrait parler de mines, les lois tant les mmes. Et donc, les rnovateurs de Marx, on peut mme les envoyer manger du savon, car c'est un produit industriel!Adam Smith a le grand mrite d'avoir expliqu comment la rente foncire d'un capital utilis produire d'autres produits agricoles: par exemple le lin, les plantes tinctoriales, l'levage indpendant, etc., est dtermine par la rente que rapporte le capital investi dans la production de l'aliment de base.Effectivement, depuis Smith, on n'a pas progress sur ce point.Smith est n en 1723 et est mort en 1790. Marx transforme en tabac pour pipe quatre-vingt ans de progrs scientifique. Mme si nous ne sommes pas fumeurs, nous en rajoutons volontiers quatre-vingt de plus. Ainsi, on ne pourra plus nous dire: vous ne lisez rien, alors que Marx lisait tout. Nous, nous lisons Marx.Et lui aussi, du reste, il se rattache ici l'unit indissoluble de la thorie. La rdaction de ces pages-l date de ses dernires annes, peut-tre de 1882.Du capital peut tre fix dans le sol, lui tre incorpor, plus ou moins passagrement, dans le cas d'amliorations de nature chimique, l'engrais par exemple, ou de faon plus durable, s'il s'agit de canaux de dranage, de systmes d'irrigation, de nivellements, de btiments d'exploitation, etc. J'ai appel ailleurs le capital ainsi incorpor au sol laterre-capital.Et Marx renvoie, en note, la Misre de la Philosophie de 1847, largement expose dans le prcdent de ces articles.La rente de Ricardo[prev.][content][next]L'ouvrage d'Adam Smith sur la Richesse des Nations date de 1776; un an plus tard, un fermier conomiste, Anderson, nonait cette formule sans quivoque: Ce n'est pas la rente du sol qui dtermine le prix de ses produits, mais c'est le prix de ces produits qui permettent de dterminer la rente. C'est ainsi - note Marx - qu'tait donn le coup de grce la thorie physiocratique, et donc l'ide que la rente tait due la productivit exceptionnelle de l'agriculture, cette productivit tant la consquence de la fertilit particulire du sol. Une fois carte cette opinion physiocratique, il ne reste que quatre faons d'expliquer l'origine de la rente.Premirement. Etant donn que les propritaires fonciers dtiennent le monopole de la terre, c'est--dire la facult lgale d'interdire l'accs de la terre ceux qui leur dplaisent, il s'ensuit qu'ils dtiennent galement le monopole des denres alimentaires, lesquelles sont, par consquent, vendues audessus de leurvaleur. Il apparat donc une marge constante, ou prime, qui constitue la rente.Deuximement(et c'est la thorie de Ricardo). Il n'existe pas de rente foncire absolue mais uniquement une rente diffrentielle. Autrement dit, le fait que le prix de vente des denres soit suprieur au prix de production n'est pas vrifi pour tous les terrains mais seulement pour ceux qui sont plus fertiles, en prenant pour rfrence une certaine chelle de fertilit, que la terre la moins bonne. Cette dernire rmunre le travail, ainsi que le capital investi accompagn de son profit, l'aide de la vente de son produit, et pas plus: il n'y a pas de marge pour le propritaire foncier. Dans ce cas-l, l'exploitation de la terre n'est possible que si le fermier et le propritaire sont une seule et mme personne, puisqu'aucun loyer ne pourrait tre pay pour cette terre. Si le degr de fertilit de la terre s'lve, cela ne modifie pas le prix de vente du produit, mais les frais de production diminuent; la marge reprsente le loyer pay au propritaire.Troisimement. La rente est l'intrt du capital qui a servi acqurir la terre. Cette thorie propose par certains dfenseurs de la proprit foncire l'encontre de Ricardo est, aux yeux de Marx, insoutenable, dans la mesure o elle est dans l'incapacit d'expliquer la rente qui ne dcoule pas de capitaux investis, comme celle des mines et des chutes d'eau (point important: l'Etat italien, par exemple, a dj confisqucetteforme de rente, puisque aussi bien les ressources du sous-sol que les ressources hydrauliques ne sont pas attribues dans le cadre de la proprit mais seulement dans celui de concessions des exploitants privs qui payent une redevance l'Etat).Quatrimement. C'est la thorie de Marx. On admet une rente mme pour le terrain le moins: bon c'est la rente absolue, laquelle on ajoute la rente diffrentielle si l'on passe des terrains qui possdent une plus grande fertilit. Il n'est pas alors ncessaire, comme dans la premire des quatre solutions, de dtruire la loi de la valeur.La difficult est leve si l'on remarque que la valeur, mesure par le temps de travail moyen et ralisable sur le march, est suprieure au prix de production. L'erreur de Ricardo tait d'identifier systmatiquement prix de production et valeur, c'est--dire prix de march. Or il existe certaines catgories, parmi lesquelles on trouve les produits agricoles, mme issus de la terre la moins fertile, qui autorisent un prix de productioninfrieur leur valeur, et donc leur prix de march: c'est cette diffrence systmatique qui reprsente la rente absolue.Celle-ci n'en fait pas moins partie de la plus-value et du profit: elle correspond unsurprofit- d'o le titre de l'expos de Marx - qui se convertit en rente, et qui devrait tre appel, si l'on voulait faire un jeu de mots, super-plus-value.Naturellement, pour expliciter la dmonstration de Marx, il est absolument ncessaire de bien fixer les concepts suivants: prix de production - valeur d'change - prix de march; et, ce faisant, de ne pas se laisser dvier par les concepts courants de l'conomie bourgeoise.Leprix de productionde Marx n'est pas lecot de production... du Dr Costa. Pour le capitaliste, le cot de production comprend toutes les dpenses et les charges matires premires, travail et frais gnraux. La diffrence entre le produit des ventes, le fameux chiffre d'affaires, et le dbit du compte d'exploitation ainsi tabli, constitue le bnfice de l'entreprise, ou, en d'autres termes, le profit capitaliste. Laissons de ct pour l'instant le fait que, dans le jargon comptable capitaliste, cette marge n'est pas rapporte au montant des charges du cycle considr mais aucapital socialde l'entreprise qui est avanc par les actionnaires, et qui devrait - il faut appuyer sur cedevrait, surtout dans cette poque d'oscillations montaires - correspondre la valeur patrimoniale de l'entreprise, la somme qui permettrait de l'acqurir avec tous ses immeubles, son outillage etsa mise en route(2).Marx inclut dans leprix de production, outre les dpenses en matires premires et en salaires,dj aussi, si l'on peut le dire ainsi, leprofitdu capital.Pour que tout cela soit clair, nous devons abandonner l'altitude peu leve de la dynamique conomiqued'entreprise, et passer une dynamiquesociale, traiter le profit non pas du capitaliste individuel ou celui de telle ou telle entreprise, mais le profit de laclassecapitaliste (comme Quesnay traitait la rente comme attribue laclassedes propritaires fonciers), ou mieux encore, le profit ducapital social, non pas dans le sens de la comptabilit bourgeoise, mais dans celui qui s'exprime dj, mais seulement en partie, dans le terme decapital national, celui qui existe dans la nation capitaliste; et dans toutes celles qui dversent les produits sur un march des changes intrieurs et extrieurs.La position du problme par Marx[prev.][content][next]Il est naturel qu'on ne puisse difier la thorie de la rente foncire sans avoir auparavant tabli la thorie du taux moyen de profit du capital nous en avons trait dans ces colonnes avec Dialogue avec les morts.Marx retient le postulat ricardien selon lequel le prix d'une marchandise est donn par la quantit, et donc par le temps, de travail qui a t ncessaire pour la produire. Il s'agit, bien entendu, du prix moyen, tabli sur une vaste tendue et pour une certaine priode, et ce n'est qu' ces conditions que nous pouvons prendre le montant de ce prix comme mesure de la valeur d'change. Cette dfinition, si elle est applique une seule entreprise ou une quantit particulire de produits, ne fonctionne pas il ne faut pas en effet se proccuper de la somme contingente d'heures de travail qu'ila falludpenser, mais de celle qu'ilfaudraitdpenser en moyenne, dans certaines conditions sociales, pour reproduire la marchandise en question.Voulons-nous faire dire Marx les termes exacts de ce concept que nous rappelons sans cesse? Il suffit de recourir l'expos qu'il donne du point de vue de Ricardo: En effet, la valeur de la marchandise, dans une sphre particulire et dtermine de la production, ne dpend pas de la quantit de travailqu'exige chacune des marchandises prises part, mais de la quantit de travail qu'exige la marchandise produitedans les conditions moyennes de cette branche de production.Ds lors, si, partir de la grande masse des prix de march de la branche, par exemple le coton, nous dduisons le chiffre moyen, nous ngligeons de la sorte tous les carts en plus ou en moins qui sont dus des circonstances occasionnelles de lieu et de temps, de raret ou d'abondance, et qui sont l'origine, de mille faons, de sous ou surprofits accidentels qui ne nous intressent pas.Une fois dtermin ce chiffre de la valeur d'change sociale, nous effectuons sa dcomposition en ses diffrents termes, et nous en dduisons ce que le bourgeois appelle ses dpenses: on a deux catgories: le capital constant, c'est--dire les matires premires, l'usure des machines et autres frais - le capital-salaires ou variable. Il reste toujours un troisime lment qui permet de solder le compte de la valeur d'change: c'est la plus-value, qui est gale, pour son montant brut, au profit, lequel comprend le bnfice d'entreprise et l'intrt du capital, si le fabricant a emprunt le capital. Le taux de profit est le rapport entre ce bnfice tir du prix moyen du march et les dpenses avances. Ayant fait ce calcul sur la base de donnes gnrales, sociales, Marx appelleprix de productionla somme destroislments qui sont englobs dans la marchandise: capital constant, capital variable, plus-value ou profit moyen. Une entreprise particulire qui aurait ralis des contrats plus favorables, ou qui, d'aventure, aurait pay moins que le salaire moyen et achet meilleur compte ses matires premires, fera une diffrence plus grande que Marx appelle leSurprofit.Il est invitable qu'une telle survaleur soit compense par un montant quivalent de moins-values et de sous-profits. En effet, si, dans une entreprise donne, le bnfice se transforme en perte, en conclura-t-on pour autant qu'il n'y a ni plus-value ni exploitation? C'est pourtant la conclusion laquelle arriveraient les diffrents Chaulieu qui tudient la dynamique interne l'entreprise et qui se situent au niveau de Proudhon lorsqu'ils intitulent Dynamique du capitalisme l'une de leur banale Mtaphysique de l'exploitation. En franais, le mot exploitation signifie en mme temps le phnomne par lequel la plus-value est extorque l'ouvrier, et l'entreprise dans laquelle ce phnomne a lieu, Ils sont quelque peu brouillons,chez eux!Une fois limins tous ces carts qui se compensent, il n'y a plus, face face, le patron et ses ouvriers, mais le capital national (ou mondial) et le proltariat, le travail humain et social.La production capitaliste dans toute sa puret, avec le jeu de la concurrence parfaite et de la loi de la valeur (chre Staline), devrait conduire la fameuseharmonieentre travail et consommation (ettant mieuxsi la concurrence n'est pas si libre que a; la porte contre laquelle nous luttons se dfonce d'elle-mme, et nous serions bien btes si nous lui tournions le dos comme la classe ouvrire europenne de l'entre-deux-guerres; quand tout le profit deviendra une rente industrielle, il ne nous faudra pas tant de mathmatique pour dbusquer et flanquer dehors la bande de brigands de classe); or l'tude de cette production capitaliste aboutit mettre face face, dans son bilan social, deuxclassesantagonistes, et si nous connaissions le montant total du capital constant dans la socit et le nombre total de proltaires dans la population, le taux moyen de plus-value et celui du profit nous permettraient de calculer la quantit de richesse qui passe, dans le Tableau de Karl Marx, de la classe ouvrire la classe capitaliste.Ce rsultat ne pourra jamais tre atteint par toute la philosophie de l'exploitation, car ce qu'il faut tablir historiquement c'est jusqu' quand un tel flux correspond non seulement la croissance des forces productives mais aussi celle de la part de revenus destine des services sociaux presque totalement inconnus dans les socits pr-capitalistes; et partir de quand, au contraire, il correspond un gaspillage fou des forces productives qui ont t dveloppes, au krach et la catastrophe dans le mcanisme gigantesque des services gnraux.La solution de Marx[prev.][content][next]Les secteurs industriels normaux prsentent, on peut le constater, des surprofits, mais uniquement contingents et accidentels. En fait, l'analyse de Marx a conduit aux lois sur le profit suivantes: il tend s'uniformiser entre les diffrents secteurs de la production un taux identique; ce taux tend baisser au cours du dveloppement capitaliste, tandis qu'on assiste une augmentation norme de la masse de capital investi, du nombre de travailleurs salaris, de la productivit du travail, savoir du rapport entre les matires transformes et le temps employ (concept de la composition organique du capital), et donc de la masse sociale du profit: que cela soit clair ou non pour feu Staline, pour Bria expdi ad patres, ou pour Malenkov rgnant avec succs.En consquence - si ce que vous, les thoriciens capitalistes, dites sur les joies de la libre concurrence est vrai - il ne peut y avoir de surprofits systmatiques dans les diffrentes branches de la production des objets manufacturs. Mais, naturellement, si une organisation possdait, par exemple, tout le caoutchouc du monde, elle pourrait dicter son prix au march, et il serait systmatiquement suprieur sa valeur et au prix de production correspondant: cette organisation, ayant encaiss son taux moyen de profit comme tout capitaliste libre, raflerait galement pour toujours un surprofit, instantanment et facilement transform enrente caoutchoutire. N'est-ce pas prcisment le parasitisme capitaliste que Lnine dcrit comme tant issu des trusts et des monopoles? Le capitaliste et les complices du capitalisme jouiront de ces rentes puisque un des grands rsultats du mode capitaliste de production... a t d'instaurer un tat de choses o ... le propritaire foncier peut passer toute sa vie Constantinople alors que sa proprit se trouve en Ecosse (Introduction prcdemment cite). Cela, le baron ne pouvait pas le faire, bon sang de Dieu; il devait, en armes, surveiller son fief depuis son chteau, et si par hasard il se trouvait Constantinople, il n'y tait pas en croisire mais en Croisade.Comment donc, l'poque de Marx, et de Ricardo avant lui, ce surprofit se transformait-ilen gnral, dans tout le secteur agricole, en rente foncire, aprs que le fermier entrepreneur a touch son bnficeau taux moyen de profit de l'industrie dans son ensemble?Ricardo supposait que, dans l'industrie comme dans l'agriculture sur le terrain le moins fertile, le prix de production tait identique au prix de vente, compte tenu que l'on parle toujours de moyennes gnrales. Dans ce cas, ce terrain ne fournit pas de rente mais il permet seulement de couvrir, ainsi que nous l'avons dj dit, les dpenses et le profit d'entreprise. Ricardo considre que lavaleurde tout produit correspond sonprix moyende vente sur le march, et cela est vrai, sans quoi sa thorie de la valeur, que Marx partage avec lui, serait mise en chec. Mais Ricardo rattache aussi leprix de production lavaleurdu produit. Si Marx admet que cela est vrai pour tous les produits de l'industrie, il observe en revanche que si l'on dduit de cette dernire le profit moyen, partie du prix de production, rien n'empche que, dans le cas particulier de la production agricole, les denres tant toujours vendues leur valeur et le profit du fermier tant gal celui du fabricant, le prix de production y soit plus faible. Pour que cela soit le cas, il suffit que, galit de produit, il y ait moins d'emploi aussi bien de capital que de travail que dans la moyenne sociale: cela revient dire que le travail appliqu la terre estplus productifque celui appliqu l'industrie. Et alors la diffrence entre prix de production et valeur vnale encaisse sur le march, le profit restant constant, doit tre verse au propritaire foncier, dans la mesure o les lois et la force de l'Etat lui en donnent la facult.Est-ce une chose invitable, mme pour le terrain le plus mauvais? Bien sr que non, et de fait il existe des terres sans rente. Cela signifie seulement qu'elles ne trouvent pas de fermiers disposs y investir leur capital. En effet, si la terre ne donne qu'une marge bnficiaire gale au profit d'entreprise, le fermier ne pouvant y accder sans payer quelque chose au propritaire, il devrait investir son capital un tauxinfrieur celui du profit moyen: dans ces conditions, il cherche un autre terrain, fait l'industriel ou garde ses sous la banque.Mais Marx a dmontr que, dans des conditions diffrentes de celles de l'Irlande du XVIIImesicle par exemple, c'est une rgle gnrale que, sur n'importe quel terrain, le capital qui y est amen sous forme de matires et de travail rapporte plus que le profit moyen de l'industrie: ce minimum reprsente donc la rente foncireabsolue, c'est--dire une rente de base, minimale, que retire tout propritaire de terres, mme de simples bruyres.Maintenant, si un terrain de mme superficie possde, au contraire, un humus fertile, il est probable que, pour fixer les ides, avec la mme quantit d'engrais achets et avec le mme nombre de journes de piochage, on y obtienne du bl en plus grande quantit, et donc un produit plus lev. Dans ces conditions, le propritaire trouvera un fermier qui, en gagnant le mme profit que dans le cas prcdent, pourra payer un loyer beaucoup plus lev, la diffrence tant gale au prix de vente sur le march de la quantit de bl excdentaire. Cette augmentation du loyer reprsentela rente diffrentielle.Pour Ricardo: la terre la plus strile donne zro de rente et le profit normal d'entreprise; au fur et mesure que les terres s'amliorent, elles donnent progressivement des rentes diffrentielles.Pour Marx: la terre la plus strile donne malgr tout suffisamment de bl pour fournir un supplment par rapport au profit d'entreprise au taux moyen: c'est la rente absolue. Si l'on passe des terrains de plus en plus fertiles, des quantits variables de rente diffrentielle s'ajouteront cette rente absolue.On comprend que nous n'ayons fait, ici et pour l'instant, que prsenter les deux doctrines, car ce serait un gros travail que de mener terme leur confrontation complte, afin de dmontrer la validit de la seconde; cela ne pourrait avoir lieu que dans une exposition totale de l'conomie marxiste. Mais cela ne nous empchera pas de revenir l'occasion sur des confrontations au sujet de points particuliers.Nous ne passerons pas non plus cette fois aux chiffres, qui permettent pourtant Marx d'tre plus explicite: c'est le cas lorsqu'il prend l'exemple trs parlant de l'industriel qui tire sa force motrice d'une chute d'eau plutt que, comme ses collgues, de machines thermiques. Etant donn qu'il verra diminuer son prix de production, la valeur moyenne de ses produits et le prix de vente sur le march restant constants, il pourra parfaitement supporter un loyer sans lequel le propritaire de la chute ne lui donnerait pas la permission d'y appliquer un moteur hydraulique: ce loyer-l constitue une vritable rente absolue.Pour faire la distinction entre la rente absolue et les rentes diffrentielles, alors que la premire est intgre aux secondes, Marx nous donne l'exemple, non moins lgant, de la mine, dans l'hypothse o le rendement de l'extraction, a galit de capital pour l'entreprise exploitante, serait augmente par des moyens techniques dans le travail d'excavation.La rforme foncire italienne[prev.][content][next]L'Etat fasciste en Italie, ainsi que nous l'avons dit, a confisqu, peut-tre parce qu'il avait lu Marx, les eaux et les mines - contre indemnisation cependant. Nous pouvons dire que, par un tel acte, il a confisqu toutela rente absolue non agricole. Mais, avec cette confiscation, il ne s'appropriait certes pas le montant bien plus lev des profits des industries extractives et des industries hydrolectriques, dont les apptits considrables sont bien connus.Il semble qu' l'heure actuelle, en matire agricole, on veuille se mettre l'cole du fascisme (nous vous rappelons, ordinovistes, qu'il ne s'agit pas d'un fascisme qui exprimerait les intrts des propritaires fonciers contre les intrts des industriels manufacturiers!), et exproprier - en payant correctement, bien que ce soit de manire cervele -la rente agraire absolue italienne. En ralit, la rgle qui consiste prendre les terrains les moins imposables fiscalement et laisser tranquilles ceux qui le sont le plus, revient prendre les plus striles. Si la thorie de Ricardo, selon laquelle la rente est nulle sur le terrain le moins bon, tait vraie, on prserverait toute la rente diffrentielle, et Pantalon(3)... serait un idiot intgral.Ricardo, en tant que ministre d'un pays bourgeois, n'aurait pas t aussi couillon. Sans tre subversif, et encore moins communiste, c'est toute la rente qu'il voulait confisquer, toute sa rente diffrentielle; c'est dire qu'il se serait jet, au nom du Roi, sur les terres les meilleures. Il aurait laiss subsister les grandes entreprises capitalistes, qui auraient touch leurs profits comme celles de l'industrie, et la rente, elle, aurait fini dans les caisses de l'Etat.Si, comme cela est vrai et ainsi que Marx le dmontre, une certaine rente, trs faible, existe galement sur les terres des latifundia, l'Etat rformateur attraperait toujours quelque chose (une misre, comme nous l'avons dmontr ailleurs avec les chiffres de l'agriculture nationale) mais condition de se mettre faire le rentier, en maintenant en place les capitalistes agricoles dj existants, c'est--dire les locataires et les fermiers bien de chez nous, lesfittatoride Campanie, lesgabellotide Sicile, lesindustrianti di campagna(les industriels agricoles: terme thoriquement impeccable) de Calabre, qui pourraient payer leur redevance foncire en la tirant du surtravail de leurs journaliers agricoles. Ricardo tant un stocien, et non un cynique (comme les flibustiers qui sont en circulation l'heure actuelle), aurait fait ainsi.En lanant au contraire aux paysans la formule malheureuse de la parcellisation, la connerie hyperbolique d'une agriculture fodale qui ne serait pas passe, parmi les premires au monde, au mode de gestion pleinement capitaliste, on n'a fait que dtruire la maigre rente absolue, laquelle ne rpartit entre les paysans propritaires que la condamnation fournir le double d'heures de travail pour le bl qui les fait vivre et les versements qu'ils ont effectuer, tant qu'ils ne fuient pas leurlopin de terre. Quant aux grasses rentes diffrentielles, elles demeurent, elles, sacro-saintes, et donc la disposition des capitaux de la spculation italienne qui, puisqu'elle dteste par principe l'investissement agricole, ne les aurait jamais a fortiori investis sur la terre la moins bonne, l o au contraire il faudrait investir, si ce n'est la corde au cou et coups de pied au cul.Par consquent, si l'on ne savait pas ce qu'tait l'Etat italien, savoir cette dition mprisable des Etats de classe du capital, et quelle fonction ventuelle de mystificateur des masses laborieuses il s'abaisserait s'il passait aux mains des partis de l'opposition anti-fodale, la formule: Qu'on sauve la rente diffrentielle, avec les honneurs dus au capital des socits anonymes, et que prisse la rente absolue!, pourrait bien se rsumer par cette apostrophe concise: Etat, que tu es bte!.Notes:[prev.][content][end]1. La cresta: la crte, dans l'expression fare la cresta, signifie acheter une marchandise pour un autre et la facturer plus cher quelle ne lui a cot pour empocher la diffrence, en franais on disait: faire danser l'anse du panier (ndt).[back]2. Le terme, dans le texte italien, ici en gras, accorsamento, nous a pos beaucoup de difficults, il s'agit en fait du substantif forg sur le verbe accorsare qui est un mot de dialecte du sud de l'italie, maintenant totalement inusit. Le verbe signifie entreprendre, commencer une activit particulirement commerciale ou industrielle. Accorsamento voudrait-il dire l'achalandage, les clients potentiels, la clientle? Nous proposons une traduction sans bien savoir exactement, nous l'avouons, ce qu'il en est... (ndt).[back]3. Terme de drision employ pour dsigner le Trsor Public (NdT).[back]