Repenser l'éducation: repères et perspectives philosophiquesReview by: Michael SchleiferCanadian Journal of Education / Revue canadienne de l'éducation, Vol. 24, No. 1 (Winter,1999), pp. 109-111Published by: Canadian Society for the Study of EducationStable URL: http://www.jstor.org/stable/1585782 .

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BOOK REVIEWS / RECENSIONS 109

Le sixieme texte, << La connaissance des operations mentales de l'adulte comme moyen d'etudier ses acquisitions >, signs Dufresne-Tasse, Sauve et Banna, presente une demarche et un outil pour observer et decrire le fonction- nement psychologique in situ d'un adulte qui se livre a une tache d'apprentissage en situation de visite mus ale. Chaque decision quant aux choix m thodologiques faits par les chercheuses est document e et justifi e. L'outil permet d' tudier le fonctionnement de l'apprentissage selon quatre dimensions : sa forme, son objet, son type et le degre de certitude qui l'accompagne. Les qualites metrologiques de l'outil sont presentees ainsi que ses conditions d'utilisation. Bien que ce chapitre ne traite pas directement du problme du developpement de l'adulte, il constitue toutefois une contribution significative • l'atude empirique du fonction- nement de l'apprentissage chez l'adulte.

Cet ouvrage s'est donne des objectifs ambitieux et il ne decevra pas ses lecteurs. Les questions de depart ont ete clairement analysees et de nombreux rapports dynamiques entre 1'apprentissage et le d veloppement chez 1'adulte ont ete explores. Ce livre a le grand merite de constituer une mine de ref6rences et de rassembler des r6sultats de recherches encore spars sur le sujet. En somme, il propose des syntheses conceptuelles claires ainsi que des cadres m6thodolo- giques indispensables a la recherche dans le domaine de l'andragogie.

Repenser l'dducation : reperes et perspectives philosophiques

Sous la direction de Aline Giroux

Ottawa: Presses de l'Universit6 d'Ottawa, 1998. 251 pages. ISBN 2-7603-0463-9

RECENSE PAR MICHAEL SCHLEIFER, UNIVERSITE DU QUEBEC A MONTREAL

Cet ouvrage est divis6 en deux parties et comporte 12 chapitres. La premiere partie, <<tEducation et philosophie >, est compos6e de deux chapitres 6crits par Giroux et Letocha. La deuxieme partie, << Questions intemporelles, pens6e con- temporaine >>, est compos6e de 10 chapitres regroup6s en cinq sections. Tous les textes sont nouveaux . l'exception d'un, celui sur la cr6ativit6, de Comeau, qui a paru dans le McGill Journal of Education/Revue des sciences de 1l' ducation de McGill (1995). Dans son chapitre intitul6 < Pour une philosophie 6ducatrice >>, Giroux affirme que << les questions li6es a la tache d'6duquer les etres humains doivent se trouver au centre et jusqu'aux confins de la philosophie >. Cette affirmation constitue en quelque sorte le theme central de l'ouvrage. Ceux et celles qui oeuvrent en fondements de l'6ducation seront d'accord avec elle, particulierement les philosophes de l'6ducation. Heureusement, ce volume fait plus que r6p6ter un point de vue d6j. adopt6 par ces derniers : il propose de

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nouvelles armes a ceux et celles qui sont appeles . d fendre la pertinence des fondements et de la philosophie dans les universites canadiennes. Les arguments sont amends a la lumiere des experiences vecues en classe en cette fin de siecle. Meme si on peut &tre en disaccord avec certains points de vue, le volume r ussit tout de meme a provoquer et a faire r fl chir; en ce sens, il est tout a fait per- tinent.

Parmi les sujets abordes, on retrouve celui sur la culture classique de Letocha. Celle-ci montre les enjeux en France et aux Etats-Unis a cet egard et elle sou- ligne la difficulte de s'entendre sur ce qui est essentiel en education. L'auteure conclut qu'il faut concevoir un nouveau paradigme de la culture et de l'essentiel a saveur canadienne. L'auteure ne dit pas si cette conception s'inspirera in vita- blement de la culture classique americaine et franqaise. La question meriterait d'etre consider6e.

Un autre sujet aborde est le professionnalisme de l'enseignant, de Gohier

(chapitre 10). Celle-ci affirme que l'identite professionnelle est un element de l'identite globale, c'est-.-dire personnelle et sociale. Elle recommande que les programmes de formation des maitres prennent en compte le developpement de l'identite. Dans un autre chapitre sur le meme sujet (chapitre 11), Legault pose une s~rie de questions concernant cette identit' professionnelle. Il sugg1re que cet accent sur le professionnalisme est precoce puisqu'il faut d'abord definir la fonction de l'cole.

Le chapitre de Stanley (chapitre 9) sur le pluralisme et le multiculturalisme introduit une nouvelle faqon de voir. L'auteur preconise ce qu'il appelle un < multiculturalisme critique ? qui se distinguera des autres formes d'education multiculturelle courantes. Son exemple de l'enseignement de l'histoire est rev la- teur et interessant. Dans l'histoire du Canada, il propose qu'on introduise, par exemple, la version des Sino-Canadiens, des Irlandais et des autochtones, c6te . c6te avec la version officielle et eurocentrique de certains ̂ v^nements histo- riques (p. 178-180). Cette modification aurait pour consequence de mod rer ce que Stanley qualifie de < tendance trop nationaliste >> du Canada anglais. Il ne parle pas du nationalisme qu b cois mais il y a 1a matiere . reflexion. Une autre application de ce multiculturalisme critique peut s'appliquer en education anti- raciste. Stanley propose des programmes qui mettent davantage en evidence les facteurs culturels et historiques. Il s'oppose sciemment aux approches individua- listes qui traitent des pr juges par le biais d'? inaptitudes morales individuelles >>

(p. 175). Meme s'il pref6re une approche sociologique et historique, a mon avis, c'est une erreur de n gliger les approches antiracistes qui visent a changer l'indi- vidu par des moyens psychologiques. Il existe des strategies pour changer les prejuges et les stereotypes (Aboud et Doyle, 1996; Schleifer et Poirier, 1996) qui meritent d'etre retenues dans des programmes antiracistes.

Dans son chapitre < Experience morale et caractere >, Giroux nous propose de reconsiderer la pertinence de ? former le caractere >> en education. Elle fait l'analyse de la notion de caractbre, n~glig~e depuis un certain temps, en s'inspi-

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rant des 6crits d'Aristote et en tragant l'6volution du concept jusqu'au contexte contemporain en education morale (Kohlberg, McIntyre, Rorty). De plus, elle analyse les concepts d'< 6motion >, de << sentiment >> et de << passion > en s'inspirant de Polanyi qu'elle applique a des chercheurs scientifiques tels que Einstein et Kepler (p. 160-161). Le sujet est complexe et il est difficile de le commenter dans ce court r6sum6. Je vais simplement me limiter a soulever deux points controvers6s. Le premier concerne son interpretation du point de vue d'Aristote concernant le concept de logos. Cette interpretation souligne l'aspect << dialogue entre passionnalit6 et rationalit >> (p. 159) : l'auteure affirme que le logos << n'est pas raisonnement > (p. 159). Il existe n6anmoins d'autres interpr6- tations qui insistent sur le fait que le logos dans le contexte moral est surtout un type de raisonnement pratique. De plus, il est li6 aux habilet6s intellectuelles

retrouv6es, selon Aristote, avec la maturit6 et la sagesse. L'autre point est plus fondamental : il concerne la r6introduction de la formation du caractere . l'6cole. Je considere que les dangers de l'endoctrinement sont plus importants que l'au- teure ne le reconnait (p. 156) : si Kohlberg 6tait contre la formation du caractere et que la Cour supreme des Etats-Unis l'a abolie dans le systeme public, il y avait de bonnes raisons. En 1958, on voyait des enseignants 6valuer leurs e61ves non seulement en math6matiques, ce qui se conqoit bien, mais aussi au niveau du caractere (ob6issant, pas ob6issant, etc.), ce qui se conqoit moins bien pour qui s'oppose a l'endoctrinement . l'6cole. A mon avis, en 1998, qa reste toujours ind6fendable de demander aux enseignants d'6valuer les comportements (le caractere) de leurs e61ves.

Un mot sur un dernier chapitre intitul6 ' La seduction p6dagogique > (chapi-

tre 5) de Desaulniers. Ce chapitre est a la fois stimulant et courageux. On y retrouve une discussion ignor6e pudiquement en education concernant le d6sir a l'6cole, la pertinence et l'acceptabilit6 de l'affection manifest6e par l'ensei- gnant(e), les dangers des abus et du harcelement, etc. Pour tous ceux et celles en fondements qui s'inspirent des 6crits de Olivier Reboul, il est rafraichissant de voir Desaulniers oser adopter un point de vue carr6ment oppose au sien. Reboul (1971) affirme avec insistance qu'un enseignant ne devrait jamais aimer ses

61'ves. Desaulniers se demande: <<Faut-il aimer les e61ves pour leur ensei- gner? >> Et elle r6pond : << Assur6ment! >> (p. 97). Autre matiere a d6bat!

REFERENCES

Aboud, F et Doyle, A. (1996). Does talk of race foster prejudice or tolerance in children? Canadian Journal of Behavioural Science, 28, 161-170.

Comeau, G. (1995). Le cr6ativite en education : importance de la competence disciplinaire. McGill Journal of Education/Revue des sciences de l'?ducation de McGill, 30, 273-290.

Reboul, O. (1971). La philosophie de l'9ducation. Paris : Presses universitaires de France.

Schleifer, M. et Poirier, G. (1996). The effect of philosophical discussions in the classroom on respect for others and non-stereotypic attitudes. Thinking, 12(4), 32-34.

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