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Repérage de la dépression et de la crise suicidaire chez la personne âgée
Colloque Psychiatrie et sujet âgé
27 Avril 2017PLOZEVET
MAIA Ouest Cornouailles
Dr BOULDOIRES TiphaineEPSM Gourmelen
la souffrance psychique� Le vieillissement est une période de vie exposée à
de multiples pertes sur tous les plans de la vie (santé, social, familial, amical, environnemental, financière…)
L’adaptation à ces multiples pertes peut être difficile et aboutir à une souffrance psychique.
les pertes s’intègrent par un processus psychique de deuil .
il y a d’abord la stupeur puis la fuite de la douleur et la recherche de la personne disparue puis la tristesse avec une désorganisation du fait de la prise de conscience de cette perte, pour ensuite aller vers l’intégrationde cette perte et la possibilité d’un réinvestissement différent.
mais en fonction de la personnalité, des types de pertes et de la répétition des pertes, le deuil est plus ou moins difficile.
dans une période d’adaptation, il peut y avoir de la tristesse mais qui n’entrave pas les activités du quotidien. Il existe un minimum de goût, d’élan vital.
« c’est pas facile mais on continue ».
Du normal au pathologique
• se plaindre, être triste, anxieux voire délirant face unévénement douloureux c’est « normal »si ce n’est pas trop intense ni trop long et que ça nemet pas le sujet ou autrui en danger.
• C’est pathologique quand le symptôme prend toutela place, pendant plus de 15j-1mois, que ça gêne lavie quotidienne du sujet
• question de temps, d’intensité, d’envahissement desdomaines de la vie de la personne.
particularité du deuil du conjoint ou enfant: deuil compliqué
Si lien était fusionnel, intense, que le décès est brutal, le deuil est plus compliqué
Pathologique quand tout tourne autour du défunt sans capacité à réinvestir la vie après un temps assez long.
persistance au delà de 6 mois après la perte :
1) Refus d’accepter le décès
2) Recherche active de la personne disparue
3) Langueur, désir ardent de l’autre
4) Préoccupations constantes au sujet de la personne disparue
5) Incapacité à croire vraiment à la disparition
6) Sentiment d’être toujours assommé, frappé de stupeur par le décès
7) Pleurs incoercibles
Dépression - épidémiologieLa dépression est très fréquente chez la personne âgée, mais négligée, méconnue ou mal traitée
– 15% à 30% des sujets âgés ont des symptômes dépressifs significatifs
– 1/3 des décès par suicide surviennent chez les plus de 65 ans– Le suicide est une des 3 principales causes de décès de la
personne âgée avec le cancer et les maladies cardio-vasculaires– 70% des suicides ont lieu à domicile
Non traitée, la dépression a des conséquences grave s
– Elle diminue la durée de vie et augmente le risque de suicide
– Elle augmente le risque somatique et le recours aux soins (dénutrition, aggravation des maladies, etc.)
– Elle aggrave l’isolement, le pronostic fonctionnel et la perte d’autonomie
– Elle augmente le risque d’institutionnalisation
Qu’est ce qu’une dépression?
dépression: pendant >15 jours, tous les jours, la personne ressent:
de la tristesse, une douleur morale intense jusqu’aux idées suicidaires
perte de plaisir,
perte de l’élan vital,
ralentissement psycho-moteur où
tout devient pénible, fatiguant
trouble du sommeil et de l’appétit
les dépressions du sujet âgéChez la personne âgée, la tristesse est souvent moins marquée, le ralentissement est physiologique, et l’expression de la souffrance se fait sur d’autres modes:
délirante
pseudo démentielle
à masque confusionnel ou somatique (douleurs)
hostile ou agressive
Anxieuse
Le suicide en France• 9715 décès par suicide en France en 2012 (1 décès toutes les 50mn)
• 822 en Bretagne en 2012 soit 1 décès toutes les 11 heures(surtout les 40-45 ans = 103 pers.)
1ère cause de mortalité chez les 25-35 ans
5,5% des français réalisent une TS au cours de leur vie. 30% des suicides concernent des personnes de >65 ans.
Modes de suicide :En 2012, pendaison (54% surtout dans le nord)
armes à feu (15%-surtout dans le sud)
prises de médicaments (11 % ; mais 25% pour les femmes)sauts d’un lieu élevé (7%).
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La Crise Suicidaire: La personne ne veut pas mourir, elle
veut arrêter de souffrir.
La progression de la crise :
État de crise
État devulnérabilité
État D’équilibre
Désorganisation Récupération
Phase aiguë - Passage à l’acte
Temps
Modèle de la crise suicidaire
Solutions inefficaces
ou inadéquates
Solution
SolutionSolution
Solution
Solution
SolutionSolution
Suicide
Suicide
Suicide SuicidePassage à l’acte
???
Recherches actives de solutions
Idées fréquentesbaisse estimede soi
RuminationsMessagesverbaux
CristallisationPlan suicidaireRecherche demoyens
FlashMessagesIndirects
•.
Équivalents Suicidaires
Syndrome de glissement:– >85 ans – régression majeure avec opposition
active (agressivité) ou passive. les fonctionsvitales se dégradent très vite et aboutissent enquelques jours au décès.
Chutes et automutilationsÉtats régressifs (sans refus de soins)Non observance thérapeutiqueRefus volontaire d’alimentation (en particulierlors d’incapacités physiques)Démence ou suicide cognitif
Évaluer Le Potentiel Suicidaire
IL FAUT POSER LA QUESTION !Face à une personne que vous sentez en souffrance psychique ou qui vous le dit, même si ça vous paraît effrayant, à un moment de la conversation, il faut savoir si la personne a des idées suicidaires; cela soulage les personnes de pouvoir en parler et vous permet à vous soit d’être rassuré, soit de pouvoir agir!
L’expression d’une plainte suicidaire doit toujours être prise en compte, jamais banalisée
Si les idées suicidaires ne sont pas exprimées spon tanément, il faut les rechercher systématiquement
S'il existe un risque suicidaire, il est important d'en évaluer rapidement l’urgence et la dangerosité
Des pièges à éviter Il est faux de penser que parler du suicide à quelqu’un peut l’inciter à le faire Il est faux de penser que les personnes qui veulent se suicider ne donnent pas d’indication
à leur entourage sur leur intention avant de le faire Il est faux de penser que les personnes qui expriment un désir de se suicider ne le font que
pour attirer l’attention. Huit personnes sur 10 en parlent avant de passer à l'acte !
Questions progressives:
- « J’entends que vous souffrez beaucoup. Souffrez-vous au point d’avoir envie de mourir pour ne plus souffrir ? »
- « Avez-vous même pensé à vous donner la mort? » - «Qu’est ce qui vous rattache encore à la vie? » (pensées Velcro)
-Si oui, COMMENT, OÙ, QUAND? (Le COQ)
Évaluer Le Potentiel Suicidaire
Moyen mnémotechnique: DUR
Dangerosité : moyen prévu de suicide. Est il accessible et/ou létal?
Urgence : scénario plus ou moins élaboré: COQ(comment , où, quand?)
Risque : pathologie psychiatrique (dépression, délire), suicide - tentative de suicide.
Facteur De Risque De Suicide Chez Le Sujet Âgé
L’âge et la proximité de la mort
Le sexe (homme > femme)
La perte du conjoint, le veuvage
La perte de l’intégrité physique, la poly pathologie somatique
La pathologie psychiatrique : dépression (83%à 87% ) - Proximité d’une date anniversaire
Proximité d’une échéance: l’entrée en maison de retraite
Perte des rôles, du sens de la vie, famille et lieu de vie : milieu rural+++( x 6)
Stress anciens
Perte de la sécurité en station debout
Perte de sa dignité. Maltraitances psychologiques
Saison: sans effet (sauf l’écart important à la température attendue pour la période de l’année en cours )
Facteurs protecteurschez le sujet âgé
Démence évoluée
Personnalité paranoïaque
Pas de lien retrouvé avec l’impulsivité
Pas de contagion suicidaire
Que Faire?faire exprimer les émotions et les valider: parler, être entendu fait du bien, aide à diminuer l la tension interne, la douleur.
expliquer la crise psychique qu’il est train de vivre: comprendre ce qui se passe en soi aide à mieux le vivre.
aider à trouver des solutions (qui doivent venir au mieux de la personne)
déminage de l’agenda personnel pour les heures, jours à venir.
rompre l’isolement - passer un contrat
prévenir les IDE, médecin, 15 si nécessaire.
103
Comment aider ?Ce que l’on peut faire :Lui permettre de s’exprimer, de pleurer.Le laisser parler, lui laisser du temps.L’écouter sans juger.Lui montrer que vous tenez à lui.Chercher avec lui des solutions qui pourraient l’aider à surmonter ce mauvais passage, le raccrocher à des activités qu’il aimait avant la crise.L’encourager à rencontrer des gens mais à son rythme.Accueillir sans panique les idées suicidaires qu’il exprime.Ne pas couper le lien établi. Garder un lien après l’entretien.
102
Comment aider ?Ce qu’il ne faut pas faire :Banaliser ou ne pas écouter l’expression de sa souffrance Lui faire la morale, lui dire de se secouer.Lui dire de ne plus penser à la mort, à ses idées noires.Donner des recettes de bonheur (chacun à sa manière d’être heureux).Tout faire à la place de l’autre (il se sentirait être devenu inutile).Lui dicter sa conduite.Avoir réponse à tout.
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après repérage d’une crise suicidaire
Rester en lien avec la personne (selon vos possibilités)
Passer la main et ne pas rester seul avec ça: si le risque se précise, l’inviter à consulter son médecin traitant ou le service médical qui le suit (lui téléphoner??)
En parler avec son entourage familial, amical, professionnel ?
Le mal-être psychique n’est pas qu’un ressenti. Comme pour toutes pathologies, il existe des signes repérables amenant à un diagnostic et une prise en charge adéquate.
Ce sont les professionnels au plus près de la personne qui peuvent repérer ces symptômes et alerter le médecin.
NE PAS HESITER A EVOQUER LES PENSEES SUICIDAIRES
ECOUTER l’AUTRE EN SOUFFRANCE EST DEJA UN SOIN.