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Argumentaire thétique à propos de La résilience des exploitations agricoles (en France et entre 2000 et 2010) Une recherche indépendante de Loïc Giraud-Héraud, [email protected] diplômé de l'ISTOM et de l'Université de la Méditerranée (Aix-Marseille II), version initiale au 31/03/2015 Dépôt légal électronique en Bibliothèque Nationale de France 2 ème trimestre 2015 revue et corrigée le 06/06/2015 revue et corrigée le 24/07/2015 revue et corrigée le 16/09/2015 version définitive au 01/11/2015 Dépôt légal électronique en Bibliothèque Nationale de France 4 ème trimestre 2015 1 10

Résilience Des Exploitations Agricoles

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En deux parties et huit chapitres, cette recherche propose à l'aide d'un ensemble de données statistiques d'origine institutionnelle, la définition, l'étude et le calcul de la résilience des exploitations agricoles en France entre 2000 et 2010. La première partie expose d'une part l'histoire de l'exploitation agricole, présente un modèle structurel de sa représentation et un ensemble d'impacts économiques et naturels auxquels elle est soumise pendant cette période, d'autre part un état des lieux concernant les travaux entrepris à propos de la résilience en France et ailleurs dans le monde et construit une acception du concept proprement agronomique et économique rurale. La seconde partie, à l'aide de paramètres simples, d'une part diagnostique la résilience des exploitations, propose une première mesure de ses effets sur leurs structures constitutives et interprète l'incidence des impacts qui sont à l'origine de sa mise en œuvre, d'autre part, étudie la pérennité des systèmes productifs et quantifie leur résilience, in fine elle fait une mise en perspectives de l'ensemble des résultats relativement à des travaux récents.Dans cette recherche l'accent est mis sur l'aspect quantitatif de la résilience. Celle-ci s'attache en effet à présenter avant toute explication, une systémique, une statistique et une sémantique interprétative du phénomène. Chaque chapitre égrène ainsi de nombreux résultats chiffrés concernant l'aptitude des exploitations à négocier les aléas de conjonctures en terme de cohérence, d'artefacts significatifs de contraintes conséquence d'impact, de rémanence de leurs effets, de pérennité des systèmes productifs, de propagation de contrainte dans les systèmes etc. Le dernier chapitre compare ces résultats à une variante de calcul faisant intervenir une certaine autonomie de l'exploitant vis à vis des conditions qu'il supporte et fait le détail des apports de cette recherche.

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  • Argumentaire thtique propos de

    La rsilience des exploitations agricoles(en France et entre 2000 et 2010)

    Une recherche indpendante de

    Loc Giraud-Hraud,

    [email protected]

    diplm de l'ISTOM et de l'Universit de la Mditerrane (Aix-Marseille II),

    version initiale au 31/03/2015

    Dpt lgal lectronique en Bibliothque Nationale de France 2me trimestre 2015

    revue et corrige le 06/06/2015

    revue et corrige le 24/07/2015

    revue et corrige le 16/09/2015

    version dfinitive au 01/11/2015

    Dpt lgal lectronique en Bibliothque Nationale de France 4me trimestre 2015

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  • Remerciements

    Un remerciement en direction de ceux qui m'auront, mme si c'est modestement, encourag dans montravail. Un remerciement encore aux services de la statistique agricole pour des donnes prcieuses, etgratuites il faut le souligner ; service que je dcouvrais pendant un stage la DAAF de Marseille en 1982 propos, l'poque de l'OTEX 31, Vignes et vins. Remerciement enfin, destination de tous ceux qui ontfourni d'innombrables sources qui ont facilit ce travail.

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  • Rsum

    En deux parties et huit chapitres, cette recherche propose l'aide d'un ensemble de donnes statistiquesd'origine institutionnelle, la dfinition, l'tude et l'estimation de la rsilience des exploitations agricoles enFrance entre 2000 et 2010. La premire partie expose d'une part l'histoire de l'exploitation agricole,prsente un schma structurel de sa reprsentation et un ensemble d'impacts conomiques et naturelsauxquels elle est soumise pendant cette priode, d'autre part un tat des lieux concernant les travauxentrepris propos de la rsilience en France et ailleurs dans le monde et construit une acception duconcept proprement agronomique et conomique rurale. La seconde partie, l'aide de paramtres simples,d'une part diagnostique la rsilience des exploitations, propose une premire mesure de ses effets sur leursstructures constitutives et interprte l'incidence des impacts qui sont l'origine de sa mise en uvre,d'autre part, tudie la prennit des systmes productifs et quantifie leur rsilience, in fine elle fait unemise en perspectives de l'ensemble des rsultats relativement des travaux rcents.

    Dans cette recherche l'accent est mis sur l'aspect quantitatif de la rsilience. Celle-ci s'attache en effet prsenter avant toute explication, une systmique, une statistique et une smantique interprtative duphnomne. Chaque chapitre grne ainsi de nombreux rsultats chiffrs concernant l'aptitude desexploitations ngocier les alas de conjonctures en terme de cohrence, d'artefacts significatifs decontraintes consquence d'impact, de rmanence de leurs effets, de prennit des systmes productifs, depropagation de contrainte dans les systmes etc. Le dernier chapitre compare ces rsultats une variantede calcul faisant intervenir une certaine autonomie de l'exploitant vis vis des conditions qu'il supporte etfait le dtail des apports de cette recherche.

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  • Abstract

    In two parts and eight chapters, this research proposes by means of a set of statistical data of institutionalorigin, the definition, the study and the calculation of the resilience of farms in France between 2000 and2010. The first part exposes, on one hand, the history of the agricultural exploitation, presents a structuralmodel of its representation and a set of economic and natural impacts to which it is submitted during thisperiod, on the other hand, the current situation concerning the works undertaken on the resilience of thefarms in France and somewhere else in the world and built a ownly agronomic and economic meaning ofthe concept. The second part, by means of simple parameters, on one hand diagnoses the resilience of thefarms, proposes a first measure of its effects on their principal structures and interprets the incidence of theimpacts which are at the origin of its implementation, on the other hand, it studies the sustainability of theproductive systems and quantifies their resiliences, in the chapter eight, it creates a perspective with theresults of this research relatively to recent works.

    In this research, the accent is put on the quantitative aspect of the resilience. This one indeed, attempts topresent, before any explanation, a systematism, a statistics and one semantics interpretative of thephenomenon. Every chapter describes numerous results concerning the capacity of the farms to negotiatethe hazards in term of coherence, of significant artefacts, of constraints consequence of impact and ofpersistence of their effects, of sustainability of the productive systems, of distribution of constraint in thesystems etc. The last chapter compares these results with a variant of calculation bringing in a certainautonomy at the farmer which is submitted at conditions economic and natural and makes the detail of thecontributions of this research.

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  • Table des matires

    Introduction...............................................................................................................................10Vers une problmatique..................................................................................................................11

    Contexte et philosophie du projet....................................................................................................12

    Mthodologie..................................................................................................................................12

    Contenu et rsultats de recherche...................................................................................................14

    Quelques clefs complmentaires de lecture....................................................................................17

    Premire section: Connaissance et reconnaissance de la problmatique, ralit scientifique du concept rsilience .................................................................................................................19

    Cadres structurants de l'activit agricole en France, l'exploitation.......................................................201 Survol historique et territorial............................................................................................................20

    1.1 Les fondations de la ruralit moderne.......................................................................................20

    1.2 Priode de transition.................................................................................................................21

    1.3 La rvolution industrielle, quand l'conomie industrielle et urbaine a dpass l'conomie agricole et rurale.............................................................................................................................22

    1.4 L'conomie rurale au dbut du XXme sicle ............................................................................23

    2 La ruralit contemporaine.................................................................................................................24

    2.1 La France agricole.....................................................................................................................24

    2.1.1 Trente ans de restructuration socio-conomique du secteur agricole...............................24

    2.1.2 Aprs 1992........................................................................................................................25

    2.2 Construction et toute puissance de la politique agricole europenne.......................................26

    2.2.1 Dcisions de la PAC en quelques dates..............................................................................26

    2.2.2 Quelques traits marquants des grands thmes conomiques de la PAC............................27

    3 L'exploitation agricole.......................................................................................................................28

    3.1 Dfinition...................................................................................................................................28

    3.2 Descriptif des structures de l'exploitation, ................................................................................30

    3.3 L'exploitation, liens entre structures constitutives et cohrence stratgique ............................33

    3.4 L'exploitation dans son environnement.....................................................................................35

    4 Synthse............................................................................................................................................37

    Impacts des changements d'environnement, institutionnel, conomique et naturel sur les exploitations agricoles..........................................................................................................................40

    1 De quels impacts s'agit-il?.................................................................................................................40

    1.1 Dfinition, lgislation, auteurs..................................................................................................40

    1.2 Classification et mthodologie des tudes d'impact..................................................................41

    1.3 Sriation des impacts................................................................................................................43

    2 Consquences des impacts sur l'exploitation agricole.......................................................................46

    2.1 Intensit, occurrence ................................................................................................................46

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  • 2.2 Consquences et compensations...............................................................................................54

    3 Synthse en forme de conclusion.......................................................................................................58

    La rsilience..........................................................................................................................................60

    1 Approche bibliomtrique du concept rsilience et de ses usages en contexte de recherche........60

    1.1 Principe mthodologique...........................................................................................................60

    1.2 Rsultats bruts du moteur de recherche....................................................................................61

    1.3 Rsultats par rfrence et par anne avec une note descriptive de contexte d'utilisation.........62

    1.4 Classification.............................................................................................................................72

    1.5 Usages dans le contexte et citations d'auteurs..........................................................................73

    1.6 Synthse des rsultats...............................................................................................................75

    2 Complment de bibliographie et dfinitions du concept rsilience ..............................................76

    2.1 Gnralits................................................................................................................................76

    2.2 La rsilience en science conomique.........................................................................................76

    2.3 Aspects micro-conomiques, tude des organisations..............................................................77

    2.4 conomie et environnement......................................................................................................77

    2.5 Au del de l'conomie...............................................................................................................77

    2.6 Mesure quantitative travers trois exemples...........................................................................78

    3 Prcautions et choix d'une dfinition.................................................................................................79

    Le terme rsilience comme concept d'Agronomie et d'conomie rurale.........................................82

    1 Contexte et choix pour une dfinition................................................................................................82

    1.1 Aspects contraignants inhrents la conception de l'exploitation agricole en France..............82

    1.2 Synthse non exhaustive des acquis proprement systmiques partir de l'existant..................83

    1.3 Opportunits pour une dfinition..............................................................................................85

    2 Construction empirique d'une dfinition...........................................................................................86

    2.1 Considrations avant de transposer la systmique physique.....................................................86

    2.2 Protocole de transposition et d'observation de la rsilience......................................................87

    2.4 Observer la rsilience dans des situations agronomiques et conomiques rurales varies... Vrifier l'existence d'un phnomne unique ubiquiste.....................................................................87

    2.5 Premiers enseignements empiriques tirs des observations......................................................92

    2.6 Un mot propos des environnements des systmes impacts..................................................92

    2.7 Proposition d'une dfinition......................................................................................................92

    3 Oprationnalisation du concept rsilience.........................................................................................93

    3.1 Rendre la dfinition de la rsilience oprationnelle...................................................................93

    3.2 Interactionnisme.......................................................................................................................94

    3.3 A propos du constructivisme de la rsilience.............................................................................94

    3.4 Corpus de termes facilitant la manipulation du concept rsilience............................................95

    3.5 Dlimitations de la pertinence du concept................................................................................96

    3.6 Arguments en faveur d'une reprsentation...............................................................................97

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  • 3.7 Reprsentations schmatiques..................................................................................................97

    3.8 Application pour une mesure des effets de la rsilience des exploitations agricoles.................98

    4 Synthse des lments qui dterminent une acception agronomique et conomique rurale du concept rsilience...............................................................................................................................100

    Deuxime section : La rsilience, tudes, scnarios, mesure et synthse des rsultats.............101Diagnostiquer la rsilience de l'exploitation agricole..........................................................................102

    1 Prambule.......................................................................................................................................102

    1.1 Objectif du chapitre.................................................................................................................102

    1.2 Mthode..................................................................................................................................102

    1.3 Quelques mots propos de l'ACP............................................................................................103

    1.4 Logiciels au service de la mthode..........................................................................................103

    1.5 Rsultats..................................................................................................................................103

    2 L'chantillon des exploitations propos par le RICA et son traitement............................................104

    2.1 Caractristiques de l'chantillon..............................................................................................104

    2.2 Rduction du nombre des donnes et du nombre des exploitations........................................104

    2.3 Classement en sous-chantillons.............................................................................................106

    2.4 Dimensions spatiale, inter-temporelles et limites....................................................................106

    3 Diagnostic toutes OTEX, aptitude ractionnelle et artefacts...........................................................106

    3.1 Les caractristiques sur dix ans de statistiques........................................................................106

    3.2 Les exploitations stables , tude de leur cohrence significative de rsilience....................107

    3.3 Les exploitations en rorganisation, tude de leur cohrence significative de rsilience.........110

    3.4 Les exploitations en rupture, tude de leur cohrence significative de rsilience....................114

    3.5 tude diffrentie des artefacts induits par les dfaillances de la rsilience...........................117

    4 Remarques et conclusions...............................................................................................................121

    Le cas des exploitations de l'OTEX 1000..............................................................................................123

    1 Prambule.......................................................................................................................................123

    1.1 Objectifs du chapitre...............................................................................................................123

    1.2 Prparation de l'chantillon....................................................................................................123

    1.3 Rsultats..................................................................................................................................124

    2 Aptitude et artefacts des exploitations de l'OTEX 1000...................................................................124

    2.1 Prsentation du sous-chantillon des exploitations de l'OTEX 1000........................................124

    2.2 Les exploitations stables de l'OTEX 1000...........................................................................125

    2.3 Les exploitations en rorganisation de l'OTEX 1000................................................................128

    2.4 Les exploitations en rupture de l'OTEX 1000............................................................................132

    2.5 Synthse sur la rsilience des exploitations de l'OTEX 1000.....................................................135

    3 Impacts et hypothses explicatives de la mise en uvre de la rsilience .......................................136

    3.1 Les tendances l'uvre..........................................................................................................136

    3.2 Impacts majeurs......................................................................................................................138

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  • 3.3 Autres impacts........................................................................................................................140

    3.4 Synthse concernant tendances et ractions consquences d'impacts....................................140

    4 Conclusion.......................................................................................................................................141

    tude de la combinaison impact rsilience et de scnarios d'expression dans les exploitations agricoles de l'OTEX 1000.....................................................................................................................143

    1 Prambule.......................................................................................................................................143

    1.1 Objectif du chapitre.................................................................................................................143

    1.2 Mthode..................................................................................................................................143

    1.3 Prrequis et complments ncessaires la mise en uvre.....................................................144

    1.4 Rsultats .................................................................................................................................145

    2 Effets de la combinaison impact rsilience sur les exploitations agricoles....................................145

    2.1 Parts respectives de l'assimilation et des dfauts et reliquats, pertinence des assimilations. .145

    2.2 Rmanence des assimilations, dfauts et reliquats.................................................................147

    3 Scnarios de propagation de contrainte ou/et de raction dans les exploitations...........................151

    4 Mesure de la rsultante de la combinaison impact rsilience des exploitations...........................155

    4.1 Hypothse de la rsultante maximum admissible par les exploitations...................................155

    4.2 Profils compars des cohrences des exploitations en rupture................................................159

    5 Synthse et conclusion.....................................................................................................................160

    Mise en perspective d'une conception proprement agronomique et conomique rural de la rsilience des exploitations agricoles.................................................................................................................163

    1 Prambule.......................................................................................................................................163

    2 Comparaison entre modle dit de base et modle agent................................................................164

    2.1 Le point de vue philosophique.................................................................................................164

    2.2 Comparaison brute des rsultats.............................................................................................165

    3.3 Rcapitulatif............................................................................................................................167

    3 Examen critique des motivations pour la dfinition et les mthodes de caractrisation.................168

    3.1 Dfinition.................................................................................................................................168

    3.2 Mthodes statistiques.............................................................................................................168

    4 Apports de cette recherche..............................................................................................................171

    4.1 Rsultats..................................................................................................................................171

    4.2 Systmique..............................................................................................................................171

    4.3 Statistique...............................................................................................................................173

    4.4 Smantique.............................................................................................................................174

    4.5 Agronomie et conomie rurale................................................................................................175

    5 Contextualisation des apports.........................................................................................................176

    5.1 Gnralit................................................................................................................................176

    5.2 Physique..................................................................................................................................176

    5.3 Psychiatrie...............................................................................................................................176

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  • 5.4 cologie...................................................................................................................................177

    5.5 Autres disciplines.....................................................................................................................178

    6 Conclusion.......................................................................................................................................180

    Conclusion..........................................................................................................................................183Bibliographie......................................................................................................................................187

    Index des abrviations........................................................................................................................202

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  • Introduction

    En France, le secteur de la production agricole, intgr dans une Europe conomique au march unifi, abnfici d'une croissance continue qui a trs largement favoris son dveloppement. Mais pour la Citcomme pour le milieu rural, les progrs raliss, indniables, quoique parfois discutables par leurs impactssur la socit et l'environnement, leur fragilit par rapport la mondialisation de l'conomie ou auxcatastrophes provoqus par ce dernier, lorsqu'ils sont examins de prs, montrent que ce dveloppements'est fait au prix d'un certain nombre de concessions parfois douloureuses et au dtriment de laprservation des ressources qui le conditionnent ; au point d'altrer sensiblement en priode de crise lacroyance en une volution positive permanente et irrversible.

    Afin de promouvoir cette dynamique, de limiter ses impacts ngatifs et les risques qui y sont associs,l'Europe a trs tt labor pour son agriculture et mis en place, progressivement depuis la fin des annes1960, une stratgie de structuration de la production et de prservation des ressources originale et sansprcdent dans son histoire, la Politique Agricole Commune (PAC). De par la volont politique de sesmembres, individuellement d'abord, puis collectivement par le biais d'une rglementation commune, cettestratgie a peu peu conditionn toute l'activit du secteur, induisant une incidence sur sa croissance, maisassurant une plus grande prennit des rsultats obtenus. Avec sa rforme en 1992, et bnficiant d'unconsensus, son volet concernant l'environnement s'est particulirement toff (mesures agri-environnementales et multifonctionnalit, dveloppement rural).

    Paralllement, la prise de conscience des enjeux conomiques et environnementaux lis leur activit parcertains professionnels de l'agriculture les a conduit spontanment la repenser, modifier peu peu leursconceptions (le statut d'Exploitation Agricole Responsabilit Limite [EARL] est cr en 1985) et plusrcemment (en France, le Forum des Agriculteurs Responsables Respectueux de l'environnement [FARRE]nat en 1993), amorcer finalement un changement tendanciel de paradigme productif partir duquel lapoursuite de la qute stricte et auto-centre du rsultat maximum, a t rajuste dans un nouvel quilibreplus souple entre objectifs et contraintes, frquemment marqu par l'inflchissement relatif du niveau deperformance mais aussi par une plus grande durabilit conomique. Ce changement, appuy par la PAC, quia bnfici et bnficie d'une solide assise scientifique et technique, et par voie de consquence de ladiversification des systmes de production et de gestion, continu de se dmocratiser lentement.

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  • Dans ce contexte de rencontre entre politique et thique individuelle et offrant en cela de nouveaux outilsperformants, la croise des chemins de la normalisation environnementale et sanitaire, de ladiversification des produits et de l'engagement volontaire, sont peu peu apparus des processus complexesd'intgration des pratiques agricoles et de contractualisation dont le rfrentiel normatif, la charte, le cahierdes charges, comme autant d'aboutissements exemplaires, attnuent la puissance des freins la mutation(prsupposant un regain de rsilience conomique en terme de revenu d'abord puis en terme de prennitpour leurs activits dans l'adhsion ces initiatives prives ou publiques, les professionnels qui se lancentpeuvent y trouver le respect du caractre personnel de leur dmarche par la contractualisation, une aidetechnique par le suivi de la mise en uvre in situ, le moyen de mettre en application la rglementation dansla mesure ou le rfrentiel choisi est en avance sur celle-ci, et la reconnaissance du travail accompli parla certification ou le label)...

    Vers une problmatiqueQuoiqu'il en soit du bien-fond de cette politique et de ce changement qu'elle accompagne, force est deconstater qu'ils soumettent l'exploitant des contraintes nouvelles (diffrentes et plus ou moins fortessuivant les cultures, les rgions ou le contexte conomique de production). Celles-ci limitent l'efficacit desmesures rglementaires impratives et l'efficience des incitations qui souhaitent le renforcer, et inhibent lamotivation des acteurs de terrain qui seraient en qute d'une solution agronomique et conomiqueapparemment plus durable. En effet :

    sur le plan de son engagement, l'exploitant se doit de procder d'une nouvelle rationalit sans pourautant tre sr de maintenir ou restaurer sa capacit rsister aux alas de tous ordres,

    il doit disposer des moyens conomiques suffisants (sur des priodes parfois longues, deux ans etplus) pour compenser la perte de revenu inhrente un processus de mutation et d'adaptationncessaire pour tre compltement oprationnel avec son nouveau systme,

    il doit s'adapter aux difficults techniques croissantes inhrentes la prise en compte del'environnement dans ses pratiques professionnelles (aux connaissances techniques s'ajoutent lesconnaissances cologiques).

    il doit proposer une offre de produits et de services environnementaux qui tient compte de larglementation et d'une structuration du march dont l'aval des filires est largement responsable(conditionnalit des aides, segmentation de la demande),

    il doit composer avec les politiques de dveloppement rural dont il dpend et qui ne relaientqu'imparfaitement l'effort de maintien de services vocation sociales ou cosystmiques (disparitterritoriale des atouts gographiques et de l'quipement des campagnes),

    il doit responsabiliser enfin son activit par la capitalisation de son exprience, par l'pargne,l'investissement et l'assurance.

    Or, si l'volution du secteur semble inluctable, les outils du changement sont insuffisamment dveloppsou complexes mettre en uvre, les aides octroyes dans le cadre de la mise en application de la PAClargement responsables de l'inertie du secteur et finalement, la lutte pour une meilleure comptitivit nepeut toujours pas s'entreprendre au dpend de la matrise relative des alas conomiques et pdo-climatiques qui psent sur l'exploitation dont les seuls rsultats quantitatifs obtenus moindre cot taient,et sont encore aujourd'hui, perus par les exploitants comme une garantie pour la durabilit de l'activit etde ses objectifs.

    Prenant en compte les lignes de force de cette volution et ces rigidits, la prsente recherche s'est doncpropose de mettre en lumire et d'examiner les effets de la rsilience de l'exploitation agricole afin demieux comprendre cette constante de sa persistance malgr les changements actuels, argument central etparadoxalement mal connu du dbat sur l'opportunit de ses transformations. Pour ce faire, elle s'estinscrite dans le cadre thorique de l'analyse systmique (structurelle et structurale) de l'exploitation commeune unit de production l'activit agricole, c'est dire matrisant un cycle biologique ou un autreprocessus se plaant dans son prolongement ou qui a pour support l'exploitation. Elle s'est fix les objectifsd'une reconnaissance des contours de la rsilience, de l'laboration d'une dfinition agronomiqueoprationnelle renouvele et affine et de son approche quantitative.

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  • Contexte et philosophie du projetPar chance, s'il a pu tre question de probabilit ici, le classement de toutes les exploitations par lerglement europen n1242 datant de 2008 a de fait favoris le rinvestissement de nombreusesproccupations techniques, conomiques et sociales, environnementales, dont la comprhension dpendde cette unit, dans le champ de la recherche oprationnelle ; proccupations, telles la durabilit etl'adaptabilit, la vulnrabilit des exploitations dans leur configuration nouvelle ; proccupations autrementformules dans la question de leur rsilience. En effet, leur perception uniforme et la perceptionstandardise des structures qui les composent qui en sont rsultes, sont devenues telles qu'un modleunique dont les premires bases ont t jetes en France pour la loi d'orientation agricole de 1962 s'estdgag nettement de la diversit des hommes, des terroirs et des cultures. Ainsi, le contexte donn de lapertinence des mesures dimensionnelles, organisationnelles et de performance des exploitationsdevenues comparables ; la conditionnalit et la modification du rgime des aides, des travaux rcents tell'exercice de synthse DuaLine cosigns par l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) et leCentre de coopration Internationale en Recherche Agronomique pour le Dveloppement (CIRAD) en ontrenforc le caractre opportun.

    Cette rappropriation de la problmatique par son contexte comme une actualit, a permis l'mancipationautant que faire se pouvait des spculations erratiques de l'inconscience due l'insuffisance de praxis, de lapression de la reprsentation sociale de l'exploitation agricole et des projections politiques en proposantnon point tant une vue vraie qu'une vue rationnelle de ce que la ralit permettait de voir d'elle mme.

    Sur la forme, ce contexte a offert d'entreprendre une dmarche rsolument positive concernant la priode1993 2013, dbarrasse d'un caractre performatif excessif et qui propose en fin de compte des rsultatsen forme de compromis normatif.

    Sur le fond, la rencontre de l'conomie, soit-elle rurale, et de la Physique (qui propose la plus anciennedfinition scientifique moderne du concept rsilience ), longue histoire jalonne de dbats importantsconcernant la valeur travail par exemple, a permis, dans le fonctionnement intrinsque mme de l'objetobserv, de puiser aisment un sujet, de tenter d'en comprendre les ractions spcifiques et d'en mesurerl'expression.

    Dans les faits, les travaux se sont appuys sur les avancs conceptuelles faites en recherche agronomique etles nombreuses donnes fournies par la statistique agricole sur le secteur conomique agricole et sastructuration en France, les structures des exploitations, les impacts naturels, techniques, conomiques ouinstitutionnels qu'elles ont subis depuis une vingtaine d'annes. Il est noter ce propos quel'institutionnalisation en France toujours, de cette activit productive, levant les derniers verrouspistmologiques qui pouvaient s'opposer cette approche holistique, lui ont assur son caractre fcond.Ils se sont appuys en outre sur un ensemble de travaux scientifiques concernant la rsilience des systmesmanant de sources internationales trs diverses, indpendantes, universitaires ou fdres au sein duconsortium Rsilience Alliance .

    MthodologieDans un premier temps et dans le but de donner de l'paisseur au projet de recherche, le conceptd'exploitation ayant t largement transform en France dans la deuxime moit du XXme sicle, il estapparu ncessaire de l'apprhender dans toute sa complexit, c'est dire en ayant conscience desvnements qui ont conditionn sa prennit et qui trouvent leur origine ds la priode historique de laRenaissance. Il est vrai qu'aujourd'hui et pour le quidam, elle n'est que le fruit de ce qu'elle a t, untablissement dfinie par ses possessions foncires, ses btiments, conception encore largement vulgarisemais qui a fait montre de ses limites pour apprhender le dynamisme entrepreneurial dont elle fait l'objet.L'exploitation sous-entend en effet, une activit agricole intgre historiquement au plan local, national etparfois international, dont les oprations sur le vivant contrastent par leur dlicatesse et leur prcisionrelative avec l'ide commune que son histoire bien souvent surinterprte ou mconnue vhicule dans lasocit.

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  • La dmarche adopte a donc vis d'abord la mise plat des prsupposs historiques qui ont particip lastructuration du secteur agricole et de l'exploitation comme composante irrductible de son organisation,avant de proposer son tude.

    L'tude et l'analyse de l'exploitation moderne ensuite, a t faite en tenant compte d'une probablelibralisation plus affirme du secteur, consquence logique des nouvelles prconisations de la PAC qui esten vigueur depuis cette anne comme une nouvelle tape de dveloppement, d'un surcrot d'intrtcapitalistique l'gard de celle-ci, mais aussi, suite des crises frquentes et plus ou moins profondes,largement responsables de la prcarit conomique et environnementale (quand sa dimension purementsociale serait prserve par un consensus national et europen) d'une activit exerce dans un univers deressources finis pour une population toujours croissante. Pour ce faire, les donnes de l'valuationinstitutionnelle ont t en partie mobilises. En effet, depuis plusieurs dcennies dj, celle-ci s'estattache mesurer pas pas les consquences de l'interventionnisme de la PAC et des politiques tatiquesgrce des outils devenus consensuels ; ce titre ses rsultats sont apparus incontournables.

    A partir de ces cadres structurants, ce sont ensuite les dterminants conomiques et environnementaux dela prcarit de l'exploitation qui ont monopolis toute l'attention. Ils ont t mis en vidence traversl'analyse de nombreuses tudes qui ont t publies depuis vingt ans sur ce thme. Celles-ci ont fait l'objetd'une classification afin d'tre exploits de faon cohrente ; en effet l'ensemble des travaux existants esttrs htroclite, les approches sont estimatives, ex ante, ou relles, ex post, les variables gographiques ettemporelles sont diffrentes, l'objet mme de chaque tude est souvent unique ; enfin les biais introduitspar les prestataires et les finalits changent d'une tude une autre.

    Ces lments de bases acquis, le concept rsilience qui n'est pas un concept facile a t mis sur lasellette. En effet, plusieurs dcennies de travaux dj, effectus dans de nombreuses disciplinesscientifiques ont donn des rsultats parfois critiqus, son introduction en Gographie (entre autres scienced'appui de l'Agronomie) suscite mme de nombreuses interrogations, qui ne permettent pas son utilisationd'emble. Sans doute tait-il possible de se perdre dans le foisonnement de ses usages, la multiplicit deses reprsentations et le caractre ubiquiste de son vidence dans la ralit ; ce d'autant, qu'appliqu aumonde agricole il se prsentait presque comme une nouveaut tant l'intrt son propos tait marginal.Les contraintes lies sa mise en lumire tant nombreuses, cet examen est rest prcautionneux malgrles lourdeurs que cela a impos.

    Ainsi et un peu comme en apart, il a t dlibrment choisi, de s'appesantir sur l'origine et la dfinitiondu concept. En effet cette (ou ces) dfinition restait controverse pour rendre compte des ralitsagronomiques, et son caractre scientifique, quoique prometteur comme tel dans certains domaines dessciences conomiques et sociales, n'tait pas compltement acquis pour une mesure effective, aise etconsensuelle, sur les exploitations agricoles. Une approche bibliomtrique concernant son usage a tprivilgie pour en rendre compte. Le dbat que suggrait le concept devait en effet pouvoir se trouverrduit un argumentaire constructif s'il mritait d'tre pris en compte dans un modle de mesure.

    Une modlisation a suivi. En premire analyse, elle tait motive par trois objectifs, exposer les attendus(structure, impact, analogie avec le modle dvelopp en Physique du comportement des structuresimpactes, attribution d'units de mesure) de l'tablissement des rgles de calcul et d'observation del'expression de la rsilience, reconstruire un fait unique ubiquiste qui en soit significatif, proposer unedfinition agronomique et conomique rurale et rendre oprationnelle cette dfinition. Cette modlisationa donc pris soin de transposer la systmique du dispositif exprimental physique dit du mouton deCharpy , d'tudier un ensemble de sources scientifiques faisant tat d'observations du phnomne dersilience, de tenir compte des contraintes pistmologiques et des habitudes de travail, notammentstatistiques, dveloppes en Agronomie et en conomie rurale pour la dfinir.

    Pour finir, un long travail de diagnostic, de caractrisation et de mesure a tait entrepris. Dans un premiertemps, c'est une mise en vidence qui a t privilgie. Celle-ci par utilisation de mthodes de la statistiquedescriptive sur panel d'exploitations rparties par comportement conomique a permis d'une part uneapproche holistique, d'autre part d'apprhender la mise en uvre de la rsilience des exploitations par

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  • comparaison de chacune d'entre elles au sein d'un chantillon et reprsente par ses variablesdimensionnelles. Dans un second temps, l'tude de cette rgulation a t entreprise plus prcismentsur panel d'exploitations classes dans l'Organisation Technico-Economique (OTEX) n1000. Dans untroisime temps, l'action des impacts a t scnarise thoriquement. Cette scnarisation attache mettre en vidence la propagation de contraintes au sein mme de l'exploitation et inities par un impactsubi directement, a permis de mieux prsumer du phnomne contraire , la rsilience et d'enapprhender les consquences sur le devenir de l'activit agricole en termes agronomiques etconomiques. Au bout du compte, une mesure en tonne quivalent bl par hectare a t mise au pointdans le but de permettre une apprciation aise.

    L'ensemble des rsultats a alors t analys et synthtis dans un dernier chapitre destin mettre enperspectives les apports de cette mesure et viter les drives interprtatives que ses rsultats peuventsuggrer.

    Contenu et rsultats de rechercheLe prsent texte est divis en deux grandes sections. La premire compose de quatre chapitres, exposeclairement la problmatique par la recension dtaille d'crits essentiels pour le dveloppement de cetterecherche ; la seconde propose en quatre chapitres la mise en vidence et l'tude statistique de la rsiliencede l'exploitation agricole dans sa seule conception agronomique et conomique rurale, plus exactement deson expression et de l'amplitude quantitative de ses rsultantes.

    Le premier chapitre propose un tat des lieux travers trois parties. La premire, comme raccourcihistorique de la structuration du secteur agricole, prsente ses aspects conomiques, acquis au cours dequatre sicles d'histoire. La seconde prsente succinctement la ruralit moderne. La troisime comme uneapproche fine, prsente l'exploitation agricole et ses structures constitutives. Ce chapitre, est construit surla base d'une compilation de faits historiques conomiques et agronomiques dont le caractre normatif estrput rsulter de leur thorisation ou de leur traduction en politique. Il vise, sans nier les biais positivistesparfois paradoxaux introduits par les intuitions de l'auteur, offrir un clich global et cohrent du secteur etde ses composantes... Ce point de vue se construit en trois niveaux de grossissement de la ralit :

    Le premier trs faible permet une approche de faits trs espacs dans le temps et sur le territoireeuropen mais qui prsentent une cohrence li aux rgimes politiques et aux grandes institutionsqui fondent la socits. Il conduit du XVIme sicle jusqu'au sortir de la seconde guerre mondiale. Lesliens de causalit qui conduisent considrer des changements notables de priode sont mis enexergue quand ils sont vidents et une interprtation succincte scande les acquis faits lors dechacun d'entre ces derniers.

    Le second, plus fort, focalise l'attention sur la mise en place et le dveloppement de la PAC et sesrsultats sur le terrain de 1962 2013. Quelques grandes dates significatives sont extraites dufoisonnement des faits et sont assorties d'une premire classification conomique qui autorisel'analyse.

    Le troisime, plus fort encore, permet l'aide des rsultats statistiques proposs par le Service de laStatistique et de la Prospective (SSP) de dtailler ce qui fait l'exploitation agricole l'chelle d'uneunit (thorique) et d'en proposer une reprsentation schmatique. Un instantan statistique decelle-ci pris en 2010 offre d'en apprhender les plus rcentes caractristiques.

    Le second chapitre se focalise sur l'ensemble des alas qui altrent l'efficience de l'activit productivedepuis 1993 date de l'entre des produits agricoles sur le march unique europen qui libralise lesconditions conomiques de commercialisation... Il se prsente en deux parties qui font respectivement tatdes impacts subis par l'exploitation et des consquences qu'ils ont eu terme sur son profil. La premirepartie s'arrte sur :

    une dfinition de la notion d'impact comme un choc inhrent une variation importante etsoudaine des conditions d'exploitation,

    une classification des mthodes d'tude et des impacts, une sriation des impacts subis par l'exploitation depuis 1993.

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  • A travers quelques tableaux synthtiques et des exemples choisis pour leur caractre clairant, la secondepartie tente de faire tat de faon aussi complte que possible :

    de l'occurrence et de l'intensit de ces impacts, des consquences et des compensations qui en sont rsults pour l'exploitation.

    Le troisime propose de faire le point sur le concept rsilience . Ce chapitre justifie historiquement lapertinence scientifique du concept en Agronomie et en conomie rurale, propose un certain nombre deprcautions l'tablissement d'une dfinition oprationnelle pour cette recherche et suggre la ncessitd'intgrer un apport complmentaire des acquis. Il se compose pour l'essentiel d'une approchebibliomtrique dont le but premier est de faire tat de l'usage scientifique du concept en situation derecherche et d'une prsentation des crits rassembls par la bibliographie consacre ce chapitre. Lesrsultats obtenus mettent en exergue d'une part :

    l'apparente prdominance actuelle de l'approche dconomie cologique, anglo-saxonne, dans lesrecherches effectues en dveloppement durable et concernant les ractions des systmes socio-cologiques aux consquences du changement climatique global,

    la relative nouveaut du concept en France et les difficults de sa mise en uvre, sa marginalit en Agronomie et en conomie rurale ;

    et d'autre part : la diversit des approches conomiques selon qu'il s'agisse de macro-conomie, de gestion des

    organisations ou dconomie environnementale, la complexification grandissante des modles de mesure. l'emprise du modle dvelopp en Physique concernant l'approche et la mesure des processus de

    rupture de cohrence des systmes (soient-ils conceptuels) soumis des contraintes.

    Le dernier chapitre de cette partie propose une acception agronomique et conomique rurale du conceptpour la mesure de la rsilience des exploitations agricoles dans leur conception structurelle et structurale etqui permet son analyse. Ce chapitre, important, prsente la transposition de la systmique du dispositifexprimental dvelopp en Physique en Agronomie et en conomie rurale ; sous clairage de cettetransposition, la reconstruction d'un fait unique ubiquiste, expression de la rsilience des systmes agricoleslorsqu'ils sont impacts, la dfinition du concept, les modalits d'une oprationnalisation en situation derecherche et d'tude d'ingnierie. Ce chapitre est divis en trois. Les rsultats proposs sont les suivants :

    les contraintes de dfinition du terme lies la conception de l'exploitation agricole en France, les apports des sciences dominantes dans l'analyse des faits qui sont imputs la mise en uvre de

    la rsilience.

    Ensuite : les modalits de transposition de la systmique physique en situation agronomique et conomique

    rurale, la reconstruction d'un fait rsultant de la mise en uvre de la rsilience, unique quoiqu'ubiquiste, une dfinition substantive du concept.

    Enfin : une traduction oprationnelle de cette dfinition, un corpus de termes facilitant sa manipulation, ses limites de pertinence, les conditions de son usage pour l'exploitation agricole.

    Le chapitre suivant, le premier de la seconde partie rvle quantitativement l'expression de la rsilience desexploitations agricoles en France entre les annes 2000 et 2009 comprises. A l'aide des statistiques fourniespar le Rseau d'Information Comptable Agricole (RICA) ; il diagnostique pas pas cette mise en uvretoutes OTEX et tous impacts confondus. Il comporte quatre parties ingales, une prsentation des objectifs,une partie faisant le dtail de la prparation de l'chantillon pour le travail, une partie de restitution descalculs et une conclusion. Les rsultats proposs sont les suivants :

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  • les caractristiques de l'exploitation agricole franaise que rvlent dix ans de statistiques, la cohrence des exploitations dites stables sur cette priode, o les exploitations sont ici

    prsentent les dix annes d'observation et ne changent ni de statut juridique ni d'OTEX, la cohrence des exploitations dites en rorganisation sur cette priode, o les exploitations

    prsentent dix ans sont amenes changer d'OTEX au moins une fois, la cohrence des exploitations dites en rupture sur cette priode, o les exploitations prsentent

    dix ans sont amenes changer de statut juridique au moins un fois, les faits quantitatifs perceptibles d'une combinaison impacts rsilience diffrentie (assimilation,

    reliquats et dfauts) pour ces trois groupes d'exploitations sur cette priode.La conclusion fait tat de faon synthtique de ce qu'il faut retenir et suggre les grandes lignes du chapitresuivant.

    Le chapitre sixime et le second de cette section propose le compte rendu de trois tudes concernant lessous-chantillons des exploitations stables en rorganisation et en rupture de l'OTEX 1000 grandescultures et cultures gnrales tirs du sous-chantillon dfini au chapitre prcdent pour toutes les OTEXconfondues. De l'volution entre 2000 et 2009 comprises de ces exploitations types, d'une surface enculture plus grande de 50% en moyenne que la surface des exploitations de l'chantillon global, sont tirsdans deux grandes parties encadres d'une introduction et d'une conclusion les rsultats suivants :

    Les exploitations stables , dont le systme agronomique est arc-bout par leurs structuresconstitutives, font montre de leur rsilience moyennant croissance et amlioration de laperformance en terme de cohrence sur dix annes.

    Les exploitations en rorganisation, structures l'identique des exploitations stables serorganisent plutt par choix stratgique et de par l'impact des prix la production.

    Les exploitations en rupture tentent de rpondre leur difficults conomiques par larestructuration en socit.

    La rponse aux impacts majeurs supports prend plusieurs formes, telles, une simple rponse l'urgence, une rponse rcurrente et progressive, la spculation sur les prix des marchs.

    La conclusion fait tat des premires limites de pertinence de la mthode employe, et rcapitule en lesgnralisant les rponses qu'elle permet d'obtenir propos de la rsilience des exploitations de l'OTEX1000.

    Le chapitre septime reprend les sous-chantillons d'exploitations stables et dites en rupture afind'analyser en profondeur l'incidence du phnomne de rsilience sur leur volution et d'en estimer lesimperfections par une valeur soit-elle approche. En quatre parties, il dtaille les caractristiques de lastabilit des exploitations et les imperfections de la rsilience, prsente les rsultats et graphiques produitset rcapitule l'ensemble des rponses apportes. Plus particulirement il fait tat :

    des questions qui se posent suite l'expos du chapitre sixime, du r-chantillonnage des donnes, des capacits du logiciel d'analyse structurelle employe ;

    ensuite : de la part des imperfections de la rsilience dans les modifications des systmes productifs suite

    impact et de la pertinence de leurs assimilations, de la construction des valeurs de 2009 qui les caractrisent, de leur prennit, des contraintes qu'ils subissent en interne suite impact ;

    et : de l'artefact global, rsultant d'une combinaison impacts rsilience, reprable avant rupture, d'une estimation quantitative approche de cette rsultante, rvlatrice de l'imperfection des

    systmes productifs, en tonne quivalent bl par hectare.Enfin il rcapitule l'ensemble des rponses apportes par les calculs effectus cette occasion, notammentconcernant l'amplitude et la dure de la mise en uvre de la rsilience relativement aux caractristiquesdes structures et de la structuration organisationnelle des systmes agricoles.

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  • Le chapitre huitime replace l'ensemble des rsultats et finalement des apports de cette recherche dansson contexte scientifique et technique par une mise en perspective. Ce dernier chapitre est en quatre partieet une conclusion qui font respectivement tat :

    D'une comparaison entre modle dit de base dvelopp prfrentiellement dans cette recherche etsa variante agent, en appendice, qui accorde de l'autonomie l'exploitant pour mettre en place unestratgie de dfense l'gard des alas qu'il subit.

    D'une justification posteriori des choix de dfinition et de mthode d'analyse employes pourproduire commentaires et calculs.

    Dune liste non exhaustive, par discipline scientifique, des apports de cette recherche en appuyantsur ceux qui sont tout fait nouveaux.

    D'une contextualisation de ces apports entre autres relativement des vnements et publicationsrcents, non pris en compte jusqu'alors.

    La conclusion en forme de brve synthse reprend ces derniers lments dans une liste qui met en exerguele travail accompli.

    Quelques clefs complmentaires de lecturePartir d'une intuition construite sur une perception holistique du secteur agricole, de l'exploitation qui y estintgre et des impacts qu'elle subit et qui altrent son efficience pour mesurer sa rsilience n'est pas aussiais que la gnralisation soit-elle vrifie posteriori de quelques cas bien tudis. Des clefs de lecturede ce texte doivent donc faciliter sa comprhension.

    Premire clef : L'ide gnrale soutenu dans ce texte vient de la comparaison combien hasardeuse audpart, il faut en convenir, de l'exploitation dans son environnement avec le dispositif exprimentalphysique du mouton de Charpy. Cette comparaison fait de l'exploitation une prouvette d'acier, de sonenvironnement la cage de protection du dispositif, des conditions de production la potence contraignantedu systme et d'un ala quelconque le couteau amen impacter l'prouvette (voir photo ci-dessous).Cette ide qui ancre l'Agronomie et lconomie rurale dans le terroir a pour consquence toute laconstruction du texte qui reprend chacun des lments du dispositif physique en terme plus ou moinsdescriptifs et les nourrit des concepts, paramtres et dynamiques agronomiques et conomiques ruralesncessaires la mesure de la rsilience des exploitations agricoles.

    Mouton de Charpy 750 joules, dispositif utilis pour la mesure de la rsilience des aciers (tir du coursProduits Procds et Matriaux de X. Pessoles 2013)

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  • Deuxime clef : La mthodologie utilise dans cette recherche peut certains gards introduire uneambigut par sa dichotomie appuye entre aspects structurel et structural. En effet l'examen del'exploitation agricoles, des impacts qu'elle subit dans son environnement et de son ventuelle cessationd'activit distinguent ralits de sa situation et sens proprement agronomique et conomique rural qu'ellesprennent dans une activit productive. Il convient donc toujours pour rduire cette ambigut de garder l'esprit que les deux ralits ne sont distinctes qu'intellectuellement, puisque la seconde est construite partir de la premire et par consquent que go-physique, climat structures et activit de l'exploitation sonttroitement lies ici relativement une systmique qui leur est commune.

    Troisime clef : Chacun des chapitres de la premire section s'attache respecter des prcisions lexicales ethistoriques qui entranent des lourdeurs et des redondances pour la structure du texte. Elles sontmalheureusement ncessaires tant la vulgarisation des termes exploitation agricole, impact, ou rsilience etla prgnance de la PAC ont entran de drives plus ou moins normatives de sens et des anachronismesprjudiciables la bonne comprhension de son objet.

    Quatrime clef : Le prsent texte ne se veut pas un document interactif, nanmoins, un souhait detransparence vis vis des sources utilises pour ce travail a justifi le recours aux adresses internet de pagesqui sont systmatiquement proposes dans l'approche bibliomtrique (chapitre troisime) et dans labibliographie.

    Cinquime clef : Comme prcise en deuxime clef, des distinctions fournies par l'analyse systmique, nondbattues mais prises en compte autant que faire se pouvait dans le texte qui suit, ont mrit une attentionparticulire. Ce sont celles qui permettent de faire la diffrence entre structures, activit agricole, et modesd'action et qui sont la distinction entre perception structurelle, structurale et processuelle du mme objet(souvent associes respectivement une approche en terme d'outil industriel, agronomique sur-dterminante , et une approche conomique rurale pragmatique du mme objet).

    Sixime clef : Un prsuppos inhrent la dfinition de l'exploitation (chapitre premier) et vrifi par lasuite est garder en mmoire au cours de la lecture de ce texte ; c'est celui que les systmes examins, parleur capacit potentialiser des variantes de fonctionnement, changer en apparence sans changerd'objectif, doivent tre considrs en activit continue sur la priode de leur existence institutionnelle(statutaire), c'est dire y compris dans leur phase d'inactivit relative.

    Exploitation agricole en grandes cultures sous l'orage

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  • Premire section: Connaissance et reconnaissance de laproblmatique, ralit scientifique du concept rsilience

    Vouloir mesurer la rsilience des exploitations agricoles... A la veille de cette recherche et en premireanalyse, le concept ne connat pas en France d'acception agronomique ou conomique ruraleoprationnelle susceptible d'tre mise en uvre aisment et faisant consensus. Cette mesure dpend enoutre d'une bonne connaissance de l'exploitation agricole et de son environnement qui conditionne sonefficacit et sa prennit et des outils conventionnels de mesure de son activit. Vouloir mesurer larsilience des exploitations ncessite donc de faire un point sur l'tat de cette connaissance et d'en tirer desconclusions en forme de pralable l'laboration d'un modle. Quatre chapitres constituent cette partie, ilssont essentiels la comprhension des travaux qui suivent et de leurs rsultats.

    La rsilience propos de quoi ; depuis l'avnement des doctrines mercantilistes puis de la physiocratie,vraie rupture avec une conception morale de l'activit productive, l'exploitation agricole traverse les siclestel un pilier de la ruralit. Dans sa conception actuelle, elle est donc le fruit d'une longue maturationagronomique conomique et sociale...

    L'exploitation agricole se modifie au gr des alas naturels ou conomiques, des interventions politiques etdes progrs techniques tout en restant d'une tonnante persistance dans sa finalit, ses structures et safonction conomique dans la socit. Elle ferait montre d'une remarquable rsilience...

    La rsilience ; qu'est-ce que cela dsigne prcisment ? Le mot rsilience est r-introduit en Physique desmatriaux un peu avant le milieu du sicle dernier partir d'un usage attest depuis la fin du XIXme sicle...

    Quelle acception agronomique et conomique rurale pour une telle proprit ? De nombreusesobservations permettent d'en cerner les contours et l'expression, de reconstruire mme une ralitagronomique et conomique rurale unique...

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  • Cadres structurants de l'activit agricole en France, l'exploitation

    1 Survol historique et territorialLes objectifs de scurit alimentaire au cur de la PAC et de la politique agricole en France, fixentimplicitement les limites conomiques pour l'agriculture, plus exactement les limites de la rgulationconomique par le seul mcanisme du march.

    Le paysan ne peut tre un simple capitaliste.

    Il est vrai que depuis longtemps dj, la socit europenne et plus particulirement franaise ainstitutionnalis son action sur la nature en lui octroyant un rle de fournisseur de denres et degestionnaire de l'espace rural. Et mme si dans le monde de plus en plus systmatis qui est celuid'aujourd'hui, l'exploitation tend remplacer le paysan, l'intgration sinon l'intriorisation de cette fonctionsocitale fondamentale conduit encore les acteurs de la production agricole rester influents sur laconstruction de la ruralit par une thique de dveloppement durable qui tend nier la substituabilit desressources dans leurs formes naturelles et consacre un refus, dominant, de sparer le rel du montaire . Autrement dit, il est un personnage structurant de la vie conomique qui patrimonialise la nature, privilgie la valeur travail et le march des produits agricoles vocation alimentaire, qui rend lesecteur tendanciellement exportateur. En France, toute la ruralit est empreinte de cette ralit.

    1.1 Les fondations de la ruralit moderneEn France...

    Les ferments de cette lgitimit traversrent les sicles. Ds le XVIme, ils furent en partie codifistechniquement par Olivier de Serres (Agronome 1539 1619) puis conomiquement par les physiocrates,rputs pour avoir considrer que la richesse mane de la puissance de la nature et du travail des hommes.

    C'est l'appui de ces certitudes sous-jacentes son action, que Sully (Surintendant des finances de Henry IV1559 1641) par son interventionnisme, soutint les productions agricoles, libralisa le fonctionnement desmarchs et favorisa les exportations ; sa suite, ou presque, Colbert (Contrleur gnral des finance deLouis XIV, 1619 - 1683) par son soutien mesur de l'activit conomique, favorisa l'essor du secteurmanufacturier ; ils ont t tous deux d'minents acteurs qui ont influenc les courants mercantilistes. Enfin,

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  • F. Quesnay (mdecin et conomiste 1694-1774) en conut une conomie, rurale.

    Les physiocrates se rclamant de Quesnay, et malgr la proccupation rcurrente des grandes cits pourleur scurit alimentaire, prnrent face aux crises cralires du XVIIIme sicle un laisser faire leshommes, laissez passer les marchandises - attribu V. de Gournay qui s'en distinguait pourtant(ngociant 1712-1759) - ils se posaient un peu alors comme les libraux actuellement.

    Mais la doctrine des physiocrates ne fut pas la seule avoir de l'influence. En effet, J. J. Rousseau(philosophe 1712 1778) fit une contribution majeure en considrant que la recherche de la seule richessecorrompt l'homme. Il prna donc son retour dans de petites communauts rurales auxquelles il devait sevouer. Son analyse et ses prescriptions en ont fait un prcurseur des socialismes idalistes lacs.

    Malgr deux sicles de mutation lente, marque par l'acclration du processus daccession la propritdes roturiers, la diversification des cultures et l'amlioration des techniques favorise par la Socitd'agriculture de la gnralit de Paris et des scientifiques tel H. L. D. du Monceau (agronome 1700 1782),les institutions mises en place par le rgime fodal restrent oprantes du fait de l'absolutisme. Laproccupation chez les conomistes en resta la comprhension des mcanismes de march.

    Ailleurs en Europe...

    Au XVIme et XVIIme sicles, l'cole espagnole de Salamanque en rupture avec les thses mdivales desscolastiques justifia la proprit prive et dveloppa une premire thorie subjective de la valeur.

    Puis, en marge du mouvement des physiocrates, C. Von Linn (biologiste systmaticien 1707 1778) dansson texte intitul Principe de l'conomie parla pour sa part d'une conomie fonde sur la ScienceNaturelle et sur la Physique. Il introduisit ainsi, avec justesse, la notion (plutt que la valeur) d'utilit propos des choses naturelles .

    Enfin A. Smith (philosophe et conomiste 1723 1790) considr comme un pre du libralisme fonda sesconclusions sur La richesse des nations partir des travaux de ses contemporains. Il renfora la thoriede la valeur travail (largement dvelopp ensuite), introduisit la division et la spcialisation de celui-ci,possible grce au march et la multiplication des changes et proposa la mtaphore (controverse) de lamain invisible pour dmontrer les vertus rgulatrices de ce dernier.

    Ainsi, la fin du XVIIIme sicle, l'conomie rustique qui ne devait bientt plus tre qu'un sous-systmeconomique parmi d'autres pensait dj en partie les grands principes qui la fondent :

    la valeur travail, la rente foncire, le march des produits agricoles et manufacturs (de produits alimentaires et naturels).

    1.2 Priode de transitionEn France...

    Alors que Parmentier (pharmacien et agronome 1737 1813) faisait la promotion de la pomme de terrepour lutter contre les disettes, J. B. Say (industriel conomiste 1767 1832), hritier des physiocrates,dveloppa une thorie originale de l'offre et des dbouchs l'origine du classicisme conomique. Ilintroduisit la valeur utilit dans son analyse qui le distingua des physiocrates. Nanmoins son optimismequand au caractre inpuisable des ressources naturelles rendit terme ses conclusions discutables. Il peuttre considr encore aujourd'hui comme l'initiateur en France d'une pense renouvele qui intgre laruralit dans la thorisation d'un univers conomique qui s'est complexifi de la production industrielle.

    Charles Fourier (philosophe 1772 1837) socialiste associationniste codifia dans un discoursmoralisateur les bases dont natra le mouvement coopratif mais aussi, quoique de faon moins vidente, leprincipe des conomies d'chelle construites sur une sociologie des organisations tout fait nouvelle.

    Et en Europe...

    R. Malthus (pasteur et conomiste 1766 1834) introduisit la question de l'accroissement des populationset de la satisfaction de leurs besoins. Cette question restera ds lors sporadiquement d'actualit. Elle est

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  • encore maintenant sous-jacente de nombreuses analyses pessimistes se proccupant de la dtriorationde l'environnement naturel des socits humaines et des risques induits sur le plan alimentaire.

    J. C. L. Sismondi (historien et conomiste 1773 1842) considr comme prcurseur de la dynamique desstructures , qui a tudi l'agriculture toscane, proposa une vision de l'conomie plus pessimiste que celledite des classiques (ci-avant). Ils montra comment la substitution du capital au travail peut tre l'originede sous-consommation et par voies de consquence de surproduction.

    J. H. Von Thnen (conomiste 1783 1850) proposa le dveloppement d'un modle d'agriculture rentablequi dboucha par la suite sur une thorie de la localisation des activits conomiques.

    Pour l'avnement de la rvolution industrielle, la ruralit pouvait donc se complexifier de l'approchemalthusienne des ralits conomiques en gnral et agricoles en particulier et de :

    la valeur utilit, l'alternative associationniste, la substitution du capital au travail.

    1.3 La rvolution industrielle, quand l'conomie industrielle et urbaine a dpass l'conomieagricole et ruraleElle fut pour l'agriculture dans toute l'Europe un moteur de modernisation. Les exploitations changrent(aides en cela par une volution de la lgislation ; l'apparition des enclosures en Grande Bretagne en estun exemple) et les machines semer ou moissonner firent leur apparition. M. de Dombasle (agronome etducateur 1777 1843) r-inventa la charrue ; P. L. De Vilmorin (botaniste 1816 1860) fit progress laslection varitale. J. B. Boussingault (agronome 1802 1887) facilita l'introduction de la chimie dans lesprocds culturaux. L'enseignement agricole auquel participrent L. de Lavergne (conomiste rural 1809 -1880) et J. E. Briaune (agronome et conomiste 1798 1885) s'organisa. Ce dernier entretint la penseagrarienne en devenant le premier professeur d'conomie rurale l'cole de Grignon. L'industrialisationnaissante de l'agriculture favorisa la transition dmographique de l'Europe. Ce fut la priode pendantlaquelle s'amora un mouvement d'exode rural jamais dmenti depuis et qui grossit les villes et entranaune diminution des populations rurales. En 1881 Gambetta (homme politique 1838-1882) cra en France lepremier ministre de l'agriculture ; les disettes disparurent.

    En France, sur le plan de l'conomie gnrale qui va ds lors se distinguant de l'conomie rurale confine engrande partie au travail des spcialistes de cette disciplines, L. Walras (conomiste 1834 1910) tablit lathorie de l'quilibre gnral. Son apport, fondamental, dmontra, en concurrence parfaite , l'utilisationoptimale de tous les facteurs de production. Plus tard, et bien que critiqu par de nombreux conomistes, iln'en consacra pas moins au march son caractre rgulateur. L. Walras largira la thorie de la valeur etinitiera le marginalisme. Il sera l'origine du courant no-classique de l'conomie, courant qui influenceencore aujourd'hui les politiques publiques agricoles.

    Ailleurs en Europe, C. P. Sprengel (botaniste 1787 1859), sa suite directe J. Von Liebig (agronome 1803 1873), par l'tablissement de la loi du minimum et la loi de l'optimum , puis J. H. Gilbert (agronome1817 1901) par ses travaux sur les amendements azots, participrent significativement l'tablissementdes bases de l'industrie agro-alimentaire moderne et de l'agriculture intensive qui inspira K. Marx(philosophe et economiste 1818 1883) son tude sur l'exploitation des sols en conomie capitaliste.

    De son cote, K. Wiksel (economiste 1851 1926) elabora une theorie des taux d'interets (naturel etbancaire) qui deboucha sur une mise en evidence du cycle des affaires et de l'optimum de peuplement avecintroduction du progres technique (premisses des theories du developpement).

    L'intgration du march s'est donc poursuivi tendant inexorablement, en incorporant la subjectivit d'unepart comme lment constitutif de la valeur et lui confrant ainsi une dimension sociale, d'autre partcomme moteur de cycles conomiques (anticipation du march), devenir cette construction tentaculaireque l'on connat aujourd'hui. Dans les faits, le XIXme sicle voyait la naissance du crdit agricole et :

    triompher le capitalisme, natre l'agriculture moderne intensive

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  • et les thories du dveloppement.

    1.4 L'conomie rurale au dbut du XXme sicle Au XXme sicle les grands courants qui ont fait la modernit conomique, largement internationalise maisbien peu relaye dans le monde rural, taient, conventionnellement au nombre de quatre : les keynsiens,les smithiens, les marxiens, les hrtiques (appels ainsi parce qu'ils sont venus l'conomie par le biaisd'une autre science). Ils furent tour tour prpondrants mais ne purent empcher ni la stagnation relativejusqu'en 1950 d'un secteur agricole arc-bout par des conceptions archaques ni la rcession qui fitimmdiatement suite la crise financire de 1929.

    En France...

    Ds 1909, les socialistes posrent ou re-posrent la question de la proprit prive dans le monde rural etles thses politiques tendirent prner une forme sociale de la proprit. Un peu plus tard, lerenoncement la collectivisation devint vident chez les modrs et/ou les rformistes et ne subsista plusque l'encouragement au fonctionnement coopratif appuy par C. Gide (conomiste 1847 1932).

    D. Zolla (conomiste rural 1859 1927) fut un contradicteur zl des socialistes en mettant l'ide que laproprit collective des terres ne dboucherait en rien sur l'panouissement des ouvriers revenus la terre.En la personne de P. Caziot (agronome et ministre controvers de Vichy 1876 1953) le modle de la petiteexploitation familiale rencontra un ardent dfenseur qui se heurta au productivisme de ses successeurs.

    Les conomistes, G. Pirou (professeur, conomiste 1886 1946), C. Colson (haut fonctionnaire, economiste1853 1939) et J. Rueff (professeur, conomiste 1896 1978) marqurent la premire moiti du sicle deleur travaux sur le fonctionnement du capitalisme industriel...

    C'est une priode qui vit (comme par le pass et maintes reprises) les points de vue notamment sur lelibre change, diverger nettement d'un courant l'autre ; certains n'hsitant pas prconiser leprotectionnisme au titre de la prservation de la capacit progresser et non pas seulement s'enrichir,l'agriculture faisant partie des secteurs susceptibles de justifier cette clause de sauvegarde nationale. Ainsi,malgr la victoire politique du front populaire en 1936 et la veille de la seconde guerre mondiale, lemonde agricole faisait essentiellement un bon technique et rfutait majoritairement les ides de Marx.

    En Europe...

    De grands thoriciens dlaissant la ruralit se sont consacrs des tudes de l'conomie capitaliste. M.Weber (conomiste 1864 1920) dveloppa la sociologie, J. M. Keynes (conomiste 1883 1946) fonda lamacro-conomie, J. Schumpeter (conomiste 1883 1950) dveloppa une approche dite htrodoxe del'volutionnisme conomique, K. Polanyi (professeur et conomiste 1886 1964), institutionnaliste, crivit La grande transformation propos de l'volution conomique de l'Angleterre et proposa une dfinitionsubstantive de l'conomie d'une grande modernit : Procs institutionnalis dinteraction entre lhommeet son environnement qui se traduit par la fourniture continue des moyens matriels permettant lasatisfaction des besoins . Cette effervescence n'influena que rarement et directement le monde agricole.

    A. Howard (agronome 1873 1947) fonda par ses travaux le mouvement qui a dbouch sur l'agriculturebiologique en Angleterre et en France.

    L'conomie rurale franaise, peu touche par les thories nouvelles, a donc t tour tour influence pardes mouvements socialiste, individualiste (qui s'inscrit la suite des classiques et des no-classiques) une tradition de linterventionnisme d'tat et l'essor de l'agriculture coloniale. Les agronomes tel R. Dumontalors jeune fonctionnaire en poste en Indochine (agronome, 1904 2001) se distingurent par laprennisation des deux chantiers que sont la modernisation des techniques productives de l'agriculture etla quantification de ses rsultats. La biomtrie, ou la statistique, selon les auteurs, prit une importance aumoins aussi grande que le machinisme agricole.

    L'agriculture comme secteur de l'conomie qui semblait mconnatre la concentration qui existait dans lesecteur industriel, a vu se dvelopper l'organisation de la profession, la proprit continuer de se morceleret le faire valoir direct continu de se rpandre, finalement :

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  • le no-classicisme peu peu s'affirmer, le protectionnisme se poser en stratgie de recours, les bases, du productivisme soit-il biologique, et de l'conomtrie agricoles jetes.

    2 La ruralit contemporaine2.1 La France agricoleEn France, lorsque la politique agricole dite des structures est mise en place en 1962, la ruralit prsenteencore des traits archaques. De vastes territoires abandonns par prs d'un sicle d'exode rural sont enfriches, les ruines de fermes parses et d'amnagements agricoles sont envahies par la vgtations. Lemanque d'infrastructures y est criant, la viabilit mme de nombreuses communes est prcaire. Le secteuragricole sort peine d'une des pires crises qu'il ait connu, la proprit agricole est morcele et lestechniques de cultures ne permettent que de faibles rendements. L'exploitation familiale constitue l'unitconomique de base pour la mise en valeur du territoire national. L'exploitant reste attach sa terre, uneterre qu'il souhaite transmettre ses enfants, quand ceux-ci font montre surtout de leur volont de gagnerla ville pour une vie moins austre.

    2.1.1 Trente ans de restructuration socio-conomique du secteur agricole

    Ds 1962, linterventionnisme de ltat, qui sera bientt adoss une politique europenne spcifique, visela modernisation complte du secteur agricole. La redistribution des terres cultivables, l'aide laproduction, la rgulation du march ainsi qu'un ensemble de mesures sociales telles que laccompagnementdu dpart des agriculteurs en retraite et la formation sont mises en place. A peine plus de dix ans aprs, degrandes mutations sont perceptibles.

    Cinq grands types de paysages caractrisent alors le territoire rural, les champs ouverts, le bocage, lescultures de coteaux, les herbages et les forts ; de grands amnagements structurants ont fait leurapparition sur les cours d'eaux, des forts ont t replantes. Les villes s'tendent par dveloppementrayonnant ou par zones d'amnagement, absorbant une partie des surfaces agricoles proches. Les terressont partages suivant cinq grands types d'usage : 34% d'entre elles sont en terres laboures, 25% enherbages, 23% en forts, 4% de cultures spciales et 13% en terres non cultives. L'quipement descampagnes permet le branchement lectrique de 99% des units de productions agricoles, l'accs l'eaucourante est possible pour 76% d'entre elles, et l'accs au tlphone pour 8%.

    Lors du recensement de la population en 1968, quinze millions de personnes vivent la campagne soit 30%de la population totale. 15% des actifs travaillent dans le secteur agricole dont 63% ont plus de cinquanteans. C'est une priode pendant laquelle les territoires ne sont pas gaux devant ces chiffres, l'ouest de laFrance dans son ensemble est profondment rural et voit jusqu' 30% de sa population active dansl'agriculture ; l'exode rural est surtout sensible dans les rgions peu industrialises et peu quipes, levieillissement de la population agricole est plus net au sud de la Loire.

    Les exploitations agricoles tablies sur de petites surfaces, moins de 10 ha, reprsentent 40% de l'effectif etmettent en valeur 10% des terres. Les exploitations moyennes, de 10 50 ha, reprsentent 50% de l'effectifet mettent en valeur 57% des terres quand les grandes exploitations de plus de 50 ha et qui reprsententles 10% restant de l'effectif mettent en valeur 33% des terres. Le mode de faire valoir direct est trsrpandu, 79% des exploitations qui occupent 50% des terres y ont recours ; le fermage tend fairedisparatre le mtayage qui ne concerne plus que 2% des exploitations. Il s'applique pour 19% d'entre ellesce qui reprsente 46% des terres, plutt dans des rgions agricoles riches ; en ne mobilisant qu'une partiede la ressource financire et en librant un volume consquent de liquidit, il favorise la modernisation.

    Sur le plan technique, l'intensification des cultures et l'industrialisation des units de production dmarrepuis s'affirme comme la voie privilgie du dveloppement. Les grandes exploitations qui ont choisi lefermage ont les meilleurs atouts financiers pour cela. Le recours des matriels modernes, des pratiquesculturales qui introduisent plus d'intrants, favorisent l'augmentation de la production. Le nombre detracteurs passe de cinquante quatre mille en 1947 prs de une million trois cent mille vers le milieu desannes 1970.

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  • Sur un plan conomiques, l'heure est l'introduction du capitalisme dans la gestion de l'exploitation et parconsquent la concentration. Cette dynamique est favorise par la politique, volontariste, dites desstructures, et renforce par un fond qui en assure le financement. L'encadrement du fonctionnement desmarchs du foncier agricole permet le regroupement des terres labourables et la constitution de domaineshomognes. Les petites exploitations de polyculture et d'levage approvisionnent les marchs locaux dontla demande volue vers plus de diversit et de produits carns ; les grandes exploitations se tournent versl'industrie agro-alimentaire. De nombreuses coopratives agricoles, dix mille cinq cent l'poque,interviennent dans la transformation des produits agricoles, et concentrent l'offre aux fins de meilleuresconditions de ngociation avec l'aval des filires qui s'organisent. Nanmoins, le revenu des exploitantsreste faible trs faible, autour de 50% du revenu moyen en France. La valeur ajout du secteur agricolereprsente un peu plus de 6% du PIB. Les annes 1980 et l'effort concluant de matrise de la surproductionpass (quotas de production, jachre et gel des terres), le secteur agricole sapprte faire le grand saut dumarch libralis et de la durabilit. La longue priode de structuration et de redmarrage de l'conomiedes campagnes aborde une seconde tape importante.

    2.1.2 Aprs 1992

    Plus d'une gnration spare les ruraux de 1962 de ceux qui sont aux commandes de l'appareil productif etde dveloppement en 1992. L're moderne s'ouvre sur une occupation du territoire en France qui s'estrenouvele. En dehors de l'piphnomne de l'augmentation des surfaces forestires, elle prsente ds lorsune grande stabilit. Les sols boiss passent de quinze millions huit cent mille hectares en 1992 seizemillions trois cent mille hectares en 2004 (pour mmoire ils n'occupaient que prs de douze millionsd'hectares en 1960), et la croissance se confirme avec prs de dix-sept millions d'hectares en 2010. Les solscultivs reprsentent approximativement dix-huit millions d'hectares en 1992, cette surface reste stablejusqu'en 2010. Les surfaces consacres aux prairies et aux herbages restent aussi peu prs stables etproches de dix millions d'hectares ainsi que les surfaces consacres aux vignes et aux vergers avec plus deun million deux cent mille hectares. L'extension des espaces btis et des espaces artificialiss non btisprogressent respectivement de 20% et 13% entre 1992 et 2004 puis continuent de progresser jusqu'en20101. Le dveloppement rural se poursuit, la dcentralisation en France favorise l'intervention descollectivits locales qui choisissent de financer des services varis et plus largement des activits nonagricoles. Les quipements collectifs d'assainissement se gnralisent, touristiques et de loisirs sont toffset moderniss. Plus rcemment, le dploiement des rseaux internet et de tlphonie prennent leur essor.

    Depuis La fin des paysans prophtise par H. Mandras (sociologue 1927 2003) en 1967, la populationrurale et plus particulirement agricole a beaucoup change. Plus particulirement depuis 1992, les zonespriurbaines se sont tendues jusque profondment dans l'espace rural pour accueillir des urbains,devenus majoritaires et en qute de qualit de la vie ; la population purement agricole a continu de serduire de 52% en vingt ans. Le nombre des exploitations a diminu lui aussi, ce de faon proportionnelle la diminution du nombre d'actifs. Il est pass de prs d'un million en 1993 moins de six cent quatre-vingt-dix-neuf mille en 2000 puis un peu plus de cinq cent mille en 2010 se rpartissant alors en 56% puis 62%d'exploitations grandes ou moyennes et 44% puis 38% de petites exploitations2. La forme familiale del'activit, si frquente au dbut de la restructuration du secteur a sensiblement rgress pour laisser place la forme socitaire. Le salariat touche prs de 5% des exploitants aujourdhui. Le vieillissement de lapopulation des exploitants agricoles se poursuit, nanmoins il est devenu comparable celui de lapopulation active en France toutes activits confondues. La fminisation de la profession s'affirme avec prsde 27% d'exploitantes en 2010. Prs de 22% d'entre eux sont pluriactifs ; vingt ans de statistiques font tat ce propos d'une propension marque la diminution du temps de travail par actif agricole.

    Techniquement les pratiques ont aussi beaucoup volues. L'quipement en matriel et les performancesde ces matriels permettent des rsultats tout fait remarquables (le nombre de tracteurs rgressent mais

    1 L'estimation un peu paradoxale des sries fournies par la statistique agricole pour la priode postrieure 2004 et ncessitantune interprtation, vient du mode de calculs des agrgats un peu diffrent de celui utilis avant 2004.2 La statistique agricole classe maintenant les exploitations en fonction de leurs revenus pour une Production Brute Standard (PBS),ici > ou < 25 000/an

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  • leur puissance augmente). En grandes cultures (crales et oloprotagineux) lorsqu'un actif plein tempsmettait en valeur soixante-six hectares en 2000, il en met en valeur aujourd'hui prs de quatre-vingts.L'apport des produits chimiques dans les cultures s'est gnralis. En 2006, prs de 98% de la surfacecultive en grandes cultures recevait au moins un produit de traitement dans l'anne. Depuis 2006, lesformes de la valorisation des produits agricoles ont t diversifies et six d'entre elles sont normalises,l'Appellation d'Origine Contrle (AOC), l'Appellation d'Origine Protge (AOP), l'Indication GographiqueProtge (IGP), le Label Rouge, la Spcialit Traditionnelle Garantie (STG) et l'Agriculture Biologique (AB). Dece fait et par exemple, en 2010, la diversification des modes de production qui y sont associs, a donn lieu une nette affirmation de la mise en culture des vignobles sous cahier des charges ; en Charente, celareprsente prs de 70% des surfaces, en Provence 41% des surfaces...

    Avant 1993, le revenu conomique global du secteur a sensiblement diminu, prs de 60%, mais en mmetemps le nombre des actifs a lui aussi sensiblement diminu et au final le revenu pour chacun a tmultipli en moyenne par 1,5. Aprs 1993, ce revenu est rest trs versatile d'une anne sur l'autre ; aprsavoir sensiblement augment (ouverture du march, modification du systme des aides), les annes 2008et 2009 le ramenaient vertigineusement au niveau des annes 1970 avant qu'il ne rebondisse jusqu' sonniveau antrieur ds l'anne suivante. conomiquement le poids du produit du secteur agricole dans leProduit Intrieur Brut (PIB) a sensiblement et continment chut. Passant de 6% en 1970 un peu moins de1,8% en 2004, pourtant, pesant un peu plus de soixante-trois milliards d'euros en 2000, il est valu unpeu plus de soixante-dix milliards d'euros en 2011.

    2.2 Construction et toute puissance de la politique agricole europenneLa construction et la mise en place de la