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Responsabilité citoyenne du « chercheur spirituel »

En préambule à ce texte, je souhaiterais parler de la paresse générale affublant un grand nombre de mes contemporains, une inertie intellectuelle1 conduisant à la banalisation d’un monde atone, éteint par une re-cherche de facilité, menant bien souvent à la futilité. La consommation effrénée, voire boulimique, d’in-

formations conduit à la désinformation par voie de conséquence . Cette paresse du : « sans effort » est couplée avec la « dispersion » , fléau qui enferme les chercheurs dans un cercle vicieux sans issue. Les êtres humains basculent dans le divertissement à ou-trance, passant d’une chose à l’autre sans aller au bout de quoi que ce soit, cela est pour eux une nouvelle philosophie de vie. Ils prennent un chemin et quand l’enthou-siasme de départ s’estompe, ils se dirigent sur une autre route ; Il est impossible au randonneur d’arriver au sommet de la montagne s’il prend constamment des sentiers différents. Tous cela est accompagné d’un appauvrissement du langage vertigineux, il est difficile d’exposer des sujets subtils et délicats si nous n’avons pas le matériel linguistique approprié . N’oublions pas que l’état de conscience est proportionnel à la richesse du langage , le pouvoir de la pensée et des mots sont un gage de liberté. Pour contrôler efficacement la pensée, le pouvoir totalitaire a compris qu’il fallait appauvrir et reformer le langage, c’est Orwell dans son ouvrage « 1984 » qui met le doigt sur ce processus. Beaucoup de personnes entrent dans un processus de dévalorisation en disant : « c’est trop compliqué pour moi, je n’y comprends rien », cela est bien souvent plus une justification à la paresse qu’un fait avéré, lorsque qu’on veut, on peut ! La grande difficulté vient souvent d’un espace émotionnel disproportionné qui empêche tout discernement et lucidité, entrainant une apathie consternante. L’émotionnel abusif entraine un manque de concentration et prédispose à la dispersion, se traduisant par une hyper activité. Le corps émotionnel est dans une recherche de jouissance perpétuelle des sensations, comblant ainsi un vide existentiel.

1 Le terme intellectuel n’est pas employé ici dans le sens strict d’intellectualisme, mais bien plus dans l’utilisation des facultés mentales comme organe de discernement, de réflexion, de sagesse. L’équilibre entre la pensée constructive, l’ouverture du cœur et l’action est primordial dans l’évolution humaine .

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C’est l’hyper stimulation sensorielle des plaisirs qui comble momentanément l’état de frustration existentielle due à notre mode de société du 90% d’esclavage pour 10% de liberté . Ne sommes-nous pas comme la samaritaine à laquelle Jésus répondit : « Quiconque boit de cette eau aura soif à nouveau ; mais qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source d'eau jaillissant en vie éternelle. » ( jean IV -13.14). L’eau est le symbole du corps astral ou émotionnel, je vous laisse faire les déductions qui s’imposent d’elle-même . Séparativité :

Il est important d’évoquer, me semble-t-il, d’après des observations précises, le fait qu’une grande majorité d’êtres humains engagés sur un chemin spirituel se trouvent affublés d’une maladie tenace , celle de la séparativité . Le maître tibétain DK disait que le seul véritable péché est celui de la séparativité. Le terme « péché » prenant ici sa véritable signification étymologique, en grec, le mot « hamartia » signifie : l’objectif manqué, l’égarement, l’erreur ; être en état de péché, c’est être à côté de son axe, viser à côté de la cible, avoir perdu l’orientation du sentier conduisant vers la lumière. Il est nécessaire également de se rappeler que péché vient du latin « peccatum » qui veut dire « chute pendant une marche », en hébreu le nom usuel hatta' t provient d'un mot qui signifie « manquer le but ou la cible » . Le péché devrait être compris en tant « qu’erreur » et non comme l’endoctrinement religieux le définit : comme une « faute ». L’erreur lorsque nous en prenons conscience est une source de progression et de connaissance , la faute quant à elle, entraîne une culpabilité ne conduisant nulle part, si ce n’est vers une dépendance dogmatique exigeant punition. La séparativité conduit à cette dualité « esprit /matière » trouvant son incarnation dans le monde par une tendance à opérer un clivage entre spirituel et matériel. En d’autres termes, souvent le « chercheur spirituel » dénigre la matière qu’il considère comme inférieure et limitative, entravant son ascension vers la lumière. L’humanité souffre d’un conditionnement social et éducatif dans cette habitude de regarder les choses comme vraies ou fausses, bien ou mal, justes ou injustes, etc. …

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En philosophie cela se nomme le principe du « tiers exclu » qui provient d'Aristote et est la base de la logique formelle. Mais cette logique n’est formelle que pour notre humanité, pour d’autres formes de vie bien plus évoluée de na-ture extraterrestre ou pour les « maîtres ascen-sionnés » une chose peut être vraie et fausse, ou être ou ne pas être en même temps. Là, il me semble que dans vos esprits vous vous demandez qu’est ce qu’il nous ra-conte ce type ? Alors, prenons un exemple : Imaginez un groupe d’enfants vivant au Moyen-Orient au quatrième siècle en plein désert à plus de 40 degrés à l’ombre. Leur professeur leur explique que l’eau est liquide et qu’elle n’est pas comme une pierre solide, il est impossible que l’eau passe de l’état liquide à l’état solide affirme-t-il. Un extraterrestre en mission d’observation de l’espèce humaine passant dans le coin en-tend la leçon du professeur. Il décide de leur donner un autre enseignement. Il rentre donc sous la tente du professeur et invite les élèves à le suivre. Arrivé à son immense OVNI, il fait entrer les enfants et prend le verre d’eau, le met dans un congélateur hyper-puissant ; quelques minutes après, l’eau s’est solidifiée, surprise et étonnement. Le résultat de cette histoire, c’est que le professeur disait vrai dans son contexte, mais que dans un autre espace de réalité, l’extraterrestre prouvait que cela est faux. Nous pouvons donc en déduire qu’un fait peut être vrai et faux à la fois, ou le contraire, en fonction du degré de conscience et d’évolution. Ceci dit ! Revenons à notre sujet, cette maladie à tout comparer et séparer nous conduit dans un conflit sans fin où l’ego livre la bataille du : « j’ai raison et toi tu as tort ». Le « chercheur spirituel » en arrive à dissocier la matière et l’esprit, en privilégiant l’un par rapport à l’autre, de plus il juge ce qui est à l’extérieur de lui comme licite ou illicite. Ce genre de comportement est un processus duel alors que le chercheur désire ardemment trouver l’unité en toute chose, n’est-ce pas un paradoxe ? J’entends sou-vent dans ce milieu de spirituel rêveur : « moi je ne regarde plus les infos, je ne m’occupe pas de la politique, ni de comment va le monde, cela pourrait entraver mon parcours spiri-tuel. ». Tous parlent de fraternité , de partage, d’amour, mais dans certaines conditions idéales et choisies, ils se construisent un espace de sécurité doux et moelleux loin de la réalité , avec des amis choisis répondant à leurs nombreuses attentes. Chaque milieu social, cercle d’amis, association, institution, ont un espace préétabli avec des règles et des codes particuliers , il est obligatoire de respecter ces codes autrement c’est le rejet et l’exclusion du groupe.

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Chaque ensemble d’individus réunis en groupe particulier génère un système immu-nitaire excluant tout virus pouvant menacer la cohésion de leur groupe, donc pas le droit à la différence. Nous pouvons constater que Jésus n’avait pas constitué un groupe avec un système de défense particulier excluant tous ceux qui ne partageaient pas son enseignement. Je vous invite à la méditation sur ce sujet que je ne développe-rais pas, car il est primordial que chacun approfondisse par lui-même au fond de son cœur la connaissance cachée. Il est important, me semble-t-il, que chaque être en développement spirituel remette un peu les mains « dans le cambouis » et prenne le risque de l’inconnu qui est cet « autre », étranger à moi-même . Pour la majorité, la spiritualité est une fuite et non un sentier d’évolution, si nous prenions exemple sur le Christ instructeur de la race humaine . Chaque jour, à chaque instant, quand je sens en moi cette énergie Christique je me rends compte que le sentier du retour vers la lumière est un combat contre l’égoïsme, l’orgueil, la vanité et toutes ces négativités qui privent nos cœurs de liberté. C’est bien beau de rêver que ce cœur tel un aiglon grandisse et prenne son envol vers l’âme, mais à un moment donné il faudra se lancer dans le vide …qu’il est doux ce nid ou j’ai grandi, aurais-je un jour la force de voler de mes propres ailes ? Un grand nombre de candidats à l’éveil, à la libération, sont encore dans le nid en croyant qu’ils volent, c’est seulement un rêve qu’ils prennent pour la réalité. Lorsque encore dans la relativité du monde matériel, même si nous sommes en quête d’absolu, n’est-il pas plus sage de revenir à l’essentiel et vivre pleinement les tourments de nos existences sans s’échapper dans des élucubrations spirituelles ? Conscience citoyenne :

Sans être d’un pessimiste endurci, il est utile de voir le monde tel qu’il progresse non pas dans l’exception, mais dans la masse humaine qui fait loi. Aujourd’hui le populisme prend une dimension inquiétante sur cette terre et son incidence met à la tête de certains états des repré-

sentants de partis politiques extrémistes conduisant doucement mais sûrement vers des dictatures et la fin des démocraties. Ce populisme est le résultat du dysfonction-nement démocratique, il se bâtit sur une opposition et un désintéressement du « peuple » envers le gouvernement élitiste et sa politique.

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Les leaders populistes connaissent les besoins du peuple et ils s’identifient à la volonté populaire pour en devenir les représentants exclusifs . Il rejettent alors le pouvoir lé-gislatif fondement démocratique pour laisser place au referendum, soi-disant pour redonner au peuple sa légitimité. Lorsque ces partis extrêmes confisquent l’État, comme ils sont l’expression du peuple, l’État doit les servir, comprendre servir le lea-der et le parti populiste au pouvoir. Dès lors, l’État devient anti libéral : il restreint les libertés et empêche les discussions démocratique. Même si la démocratie n’a jamais vraiment existé dès le départ dans la Grèce antique, elle demeure un espace de liberté relative qui est mieux qu’une dictature absolue. C’est pour cela que tout chercheur spirituel devrait comprendre les mécanismes de la société dans laquelle il vit, afin de développer sa lucidité et ainsi de rétablir une vision plus juste au sein de son entourage, sans que celle-ci soit dogmatique. S’opposer à un système, quel qu’il soit est une mauvaise solution, car cela ne fait que renforcer ce système , il est plus judicieux de militer pour la paix que manifester contre la violence. Jésus Christ ne dit pas pour rien à un de ses apôtres « Rengaine ton glaive ; car tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive.” Être en recherche spirituelle n’exclut pas une responsabilité citoyenne et une action juste au sein de notre société, qui ne l’oublions pas est notre terrain d’expérimentation et d’évolution. Prendre conscience que le collectif prime sur l’individualité égoïste est un moteur de libération de l’humanité, la dissociation et le retour aux identités parti-culières, voire nationalistes, conduiront au chaos c’est indéniable. Devant ce monde de plus en plus inégal et injuste, il est inutile de réagir par une violence révolution-naire , ou d’éprouver colère, rancœur, ou tout autre sentiment négatif, cela ne servirait à rien ne faisant que renforcer les inégalités et les injustices. La violence est actuelle-ment comme un raz de marée, elle se répand à une vitesse vertigineuse, symptôme de l’inégalité, elle ne rétablira pas en s’exprimant : la paix. Nous sommes tous confrontés à notre propre violence en ces jours sombres, le seul moyen de l’éradiquer c’est de la comprendre, de la maîtriser, dans nos cœurs pour qu’elle s’éteigne dans l’Amour. Le seul combat que nous avons à mener c’est celui contre nous-même, le champ de ba-taille se situe dans les eaux tumultueuses de l’émotionnel et dans le manque de dis-cernement, de lucidité.2 Ne projetons pas ce champ de bataille à l’extérieur de nous en

2 Lire ou relire à ce sujet la Bagavad Gita, « celui qui peut comprendre la complexité́ de la Gîtâ peut de même comprendre la complexité́ du monde. ».Un très bon livre de commentaire sur ce traité, de Swami Chinmaya-nanda est vivement conseillé pour ceux que cela intéresse.

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incriminant l’étranger d’être la cause de tous nos malheurs, le monde dans lequel nous vivons n’est que le résultat du niveau global de la conscience humaine . Alors si chacun d’entre nous dans l’entourage social, professionnel, familial, amical, nous donnions l’exemple de la paix en toute chose avec une lucidité affirmée et un discernement affûté, plutôt que l’image d’une bataille sans fin des egos en quête d’identité, déployant nos négativités en un vol macabre. Le grand chêne majestueux est issu de ce minuscule gland, c’est dans les petites choses que tout commence…

En ces jours sombres qui s’annoncent comme un nuage épais de ténèbres, s’avançant doucement mais sûrement sur le peuple et la terre des hommes, prenons-nous la main, formons une ronde comme celle des enfants de Dieu chantant sa louange, ai-mons-nous les uns les autres comme notre grand frère et ami le Christ nous a aimé .

Que la grâce du St Esprit vous accompagne sur le sentier du retour …..